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LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD
se trouve dans la page: La Seybouse,
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Écusson de Bône généreusement offert au site de Bône par M. Bonemaint
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LE TEMPS AU TEMPS…
Chers Amies, Chers Amis,
Le printemps maussade touche à sa fin, le mois de juin va vous redonner le sourire. Faites des balades champêtres et emportez de douces gourmandises. L’été est à nos portes, dans 21 jours exactement, on pense déjà, « terrasse », « vacances », « dolce vita ». L’été nous invite à sa fête avec « Le Temps au Temps » car il est grand temps… de le prendre, justement ce temps.
Les fleurs de l’été commencent à éclore. Les premiers fruits apparaissent sur les branches. Pour certains d’entre-vous, c’est le moment de mettre ses bottes, son tablier et ses gants, et de partir travailler au jardin !
Pour d’autres, Le mois de juin nous est offert pour que nous puissions contempler ces cœurs brûlant d’amour, qui sont à nos cotés et profiter de la vie qui nous est offerte par la nature.
Mais ce mois de mai finissant mal, car cette loi sur la fin de vie est un véritable blasphème contre la nature et l’humanité. La notion même d’amour est dévoyée et le mot de fraternité détourné au profit d’une idéologie de mort qui se répand comme un poison dans le cœur des hommes, L’amour c’est la vie. La fraternité consiste à être avec la personne âgée, souffrante, en fin de vie avec des vrais soins palliatifs contre la souffrance de la personne concernée et de son entourage. A chacun son vrai choix de choisir sa fin de vie sans contrainte….
Dans le mois de mai écoulé, le « Brisident de ce pays » est allé commémorer, au Vietnam, un tortionnaire de soldats français. « Merci macrout » lui disent tous les morts et les vivants torturés.
C’est aussi, le mois de juin, avec sa fin d’année scolaire et ses examens stressants pour les jeunes.
Alors, chers amis et amies, bien chers compatriotes, que puis-je, avec un bouquet d’hortensias, vous souhaiter d’autre qu’un excellent mois de juin, rempli de joie et de bonheur.
" Bône " lecture
A tchao, Diobône,
Jean Pierre Bartolini
L'AVENEMENT DU NOUVEAU PAPE
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Celui qui écoutait et parlait au Vent et la Mer.
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"Alors tes paroles s'envolent en chansons,
de tous les nids de mes oiseaux
et tes mélodies,
s'épanouiront en fleurs
dans tous les bosquets de ma forêt."
Radindranath TAGORE, Poèmes.
C'était un jeune garçon qui avait, un comportement quelque peu curieux pour son âge. Il vivait avec ses parents, dans un petit village des bords de mer et fréquentait très régulièrement l'école, mais, bizarrement, il ne se mêlait jamais aux jeux de ses camarades. A la récréation, il s'asseyait tranquillement, dans un coin de la cour de l'école et il restait là immobile plongé dans ses réflexions. Cette bizarre attitude, ne manquait jamais d'attirer sur lui des quolibets, venant de la part de ses petits camarades élèves de cette école, puis, comme il ne réagissait jamais aux moqueries, en fin de compte, ses camarades de classe, finirent par le laisser en paix et ignorer sa présence.
Le temps passa et pourtant ce garçon, adoptait toujours cette curieuse attitude. On le voyait parfois traîner sur les rochers de la côte où, souvent, il restait debout face à la mer, qu'il regardait durant de longs moments. Qu'il fasse beau où, que la mer fut démontée, il demeurait toujours le même, planté comme une statue antique, le regard fixe à observer la mer et ses vagues, qui venaient s'écraser presque à ses pieds. Mais, ce qu'il y avait de particulier, c'est que ce jeune-homme semblait parler avec lui-même ou, comme s'il s'adressait directement à la mer et il restait là immobile de long moment, à tenir des discours que l'on devinait, mais, qu'on ne pouvait entendre. Cependant, ce n'est pas tout, car, il fréquentait aussi régulièrement, toutes les collines et les champs de blé des alentours où, assis confortablement dans les hautes herbes, il semblait écouter la chanson du vent et de la brise marine venue du large. Ainsi, il passait toujours, de longues heures immobile et plongé dans ses pensées.
Nous étions en automne et l'air était devenu un peu plus frais. Notre garçon comme de coutume, revenait d'une de ses balades habituelles et il semblait ce jour-là un peu bouleversé. Alors qu'il s'enfermait comme toujours dans le silence, tous ces copains d'école l'entourèrent pour lui demander, ce qui n'allait pas et qu'est-ce qui le rendait si morose ? Il demeurait alors toujours silencieux et s'enfermait sur lui-même. Mais, à un moment donné, ses copains devenant insistants, il fit entendre enfin sa voix, en s'exclamant vivement et disant à plusieurs reprises : "Nous allons bientôt être frappés par un ouragan violent !" Ce fut alors, un énorme éclat de rire de tous les élèves présents et au beau milieu des quolibets, l'un d'eux, plus curieux et inquisiteur que les autres, lui a demandé, comment il avait pu apprendre cela, à une époque où, les services de la météo n'existaient pas encore ? Le garçon demeurait toujours silencieux et replié sur lui-même, les yeux perdus dans le lointain. Puis, il se leva lentement en disant : "C'est le vent qui me l'a dit !" Nouveaux éclats de rire de ses copains de classe, qui préférèrent s'en aller jouer ailleurs et le laisser seul avec ses illuminations.
Cependant, quelques jours avant, alors qu'il se tenait sur une colline qui dominait la mer, il devait écouter le vent qui s'était levé et il lui sembla alors entendre distinctement, la voix du vent venir lui parler dans le creux de son oreille : " Attention mon garçon, disait-elle ! dans les jours qui viennent, un violent ouragan s'abattra sur la contrée et fera bien des dégâts matériels et humains. C'est à toi qu'il appartient, de t'empresser de prévenir les habitants de ton village, du grand péril qu'ils vont bientôt courir." Le soir au souper, à la lueur d'une lampe à pétrole, le garçon devait s'adresser à ses parents, pour les mettre en garde de ce qui les attendait. Il est bien certain, que ses propos furent accueillis avec des sourires, en pensant que leur enfant avait peut-être rêvé ? Mais, comme dans tous les petits villages, des bruits ont fini par courir, pour répéter à la ronde les mots du garçon. Bien-sûr, tous ses propos, ne furent que faire rire le petit peuple du village et bientôt, on ne parla plus de l'ouragan, qui devait s'abattre sur le village.
Pourtant, par une nuit sans lune et vers trois heures du matin, de violents coups de tonnerre devaient retentir, réveillant toute la population, puis, la pluie se mit à tomber en abondance et sans arrêt. C'était un orage comme un autre pensèrent-ils, mais, le vent qui jusqu'alors était modéré, se mit à souffler très fort, emportant les toits des maisons et renversant, tout ce qui se trouvait sur son passage dans les rues du village. Ce n'était plus une banale tempête, mais, quelque chose de plus puissant et effrayant, qui balayait sans pitié toute la région. C'était bel et bien un ouragan, tel que l'avait averti le vent, en soufflant dans les oreilles du jeune-homme. Il faut dire aussi que de son côté, les vagues de la mer en furie, l'avait également mis en garde contre cette calamité, venue nous ne savons pas d'où ! Dans son petit lit, notre garçon écoutait la violence des éléments déchaînés, nullement étonné par ce qui se passait dehors. Dans sa tête, il devait remercier le vent et la mer, de l'avoir prévenu en daignant s'adresser à lui, mais, hélas ! il est bien regrettable qu'il ne fut pas cru, ce qui aurait pu permettre aux gens, de se prémunir contre ces calamités de la nature. La violente tempête dura plusieurs jours où, chacun resta prudemment renfermé chez-soi, en se disant que notre jeune-homme avait eu peut-être, raison de prévoir et prévenir les habitants de cet ouragan.
Le temps passa, mais, notre garçon, adoptait toujours la même attitude et continuait régulièrement, à fréquenter les collines et les bords de mer où, il restait souvent de long moment, en tenant des discours silencieux, qui, avaient l'air, de s'adresser à quelque personnage inconnu. Dans son école, il continuait à avoir cette curieuse attitude, car, il restait toujours et régulièrement isolé et renfermé sur lui-même, dans un coin de la cour lors de la récréation. Ces copains de classe le chahutaient, mais, sans trop, car, ils se souvenaient toujours, de cette annonce d'un ouragan qu'il avait un jour fait et qui s'était révélée exacte à la grande surprise de tous.
Alors, lui disaient-ils quelque peu moqueurs, que t'ont dit le vent et la mer aujourd’hui ? Il feignait alors d'ignorer les dires de ses camarades et s'en allait tranquillement rêver ailleurs, surtout, sur ses chères collines et ses champs de blé d'où, l'on apercevait la mer dans le lointain. C'est ainsi, que ce jeune-homme, passait le plus clair de son temps, durant tous ses moments de liberté et de loisir. Il devait continuer sans se lasser, à fréquenter ces lieux favoris et à y rester là comme figé, à regarder fixement devant lui.
Un jour, alors qu'il rentrait chez-lui, au retour d'une de ses balades particulières, il semblait bien retourné, ce qui devait attirer l'attention de ses parents. Comme il demeurait silencieux dans son coin, son père devait l'interroger pour lui demander, ce qui pouvait ainsi le rendre aussi mélancolique. Le garçon répondit du tac au tac =" La mer m'a dit, que nous allions essuyer une terrible tempête, prévenez les marins pêcheurs de ne pas sortir en mer et de bien amarrer leurs bateaux !" Le père conseilla à son fils d'aller au lit et d'oublier ces sornettes, mais, cependant, il se souvint de l'ouragan, qui avait autrefois été annoncée par son fils et qui s'était abattu sur la région. Le soir, dans le bistrot voisin, alors qu'il avait été faire sa partie de cartes, il en parla autour de lui, mais, il ne reçu que des quolibets et de gros rires de toute l'assemblée des consommateurs. Alors, il se tut et continua à jouer aux cartes, en ayant tout même à l'idée, ce que son fils lui avait révélé.
Peu de temps après, un beau jour la mer se fit, démontée, comme jamais on ne l'avait vu si houleuse. Les vagues sautaient sur les terres et inondaient les champs et les chaumières. Dans le petit port, des bateaux rompaient leurs amarres et étaient entraînés par le fond, sous la puissance des vagues et du vent violent qui accompagnait la tempête. Il fut impossible durant plusieurs jours de sortir des maisons, car, le vent balayait tout sur son passage, y compris ceux qui avaient voulu affronter les éléments. Dans un coin de sa chaumière, notre garçon écoutait pensif, tous les bruits affreux qui venaient du dehors. A quoi pensait-il ? Peut-être, à la mise en garde, que la mer avait bien voulu lui confier, mais, pourquoi, rien qu'à lui et pas à d'autres ? Cette réflexion devait le poursuivre, tant que dura la violente tempête. Puis, enfin le calme revint, mais, le village avait été durement touché. Beaucoup de gens avait perdu leur logis et leurs bateaux pêche, la misère devait s'installer et dura longtemps, car, la tempête avait crée de gros dégâts, qui furent bien difficiles à remettre en ordre. A partir de ce jour, la population resta pendue à ce jeune-homme et personne n'osa plus se moquer de lui. Quant à lui, il continua à fréquenter les collines, les champs de blé et à courir sur les rochers des bords de mer.
Quelques mois ont passé et notre garçon adoptait toujours la même attitude et restait fermé sur lui-même. Il continuait à visiter les collines et ses champs de blé et souvent il s'en allait en bord de mer où, assis sur un rocher, il semblait discuter avec quelque chose d'invisible, avec laquelle, on avait comme l'impression, qu'il tenait de bien mystérieux conciliabules. Un beau jour, un petit groupe d'élèves décida d'aller l'espionner et ils furent ébahis de faire le constat, que leur camarade parlait tout seul, en faisant de grands gestes. Mais, connaissant le personnage, ils ont préféré le laisser parler avec lui-même ou, avec quelque chose d'inconnu et de mystérieux...
Le temps passa et puis un beau jour, le jeune-homme rentra à la maison particulièrement bouleversé avec un visage très pâle. Ces parents le voyant ainsi devaient l'interroger, mais, ce jour-là il resta silencieux et s'enferma dans sa chambre. Inquiet, son père s'en alla le rejoindre, pour savoir ce qui le tourmentait. Le garçon se mit à pleurer, en disant, que tout le village se moquait de lui et des prédictions, que lui avaient apporté dans ses oreilles le vent et la mer. En bon père de famille, il tenta de rassurer son enfant qui fut très long à consoler. Cependant, à un moment donné, il consentit à se confesser à son père : " le vent et la mer m'ont dit, qu'une grande sécheresse allait s'abattre sur la région et qu'elle réduira beaucoup de gens dans la misère." D'accord, j'ai bien entendu mon fils, maintenant tu vas te mettre gentiment au lit, oublier tout ça et essayer de bien dormir.
Mais, soucieux, le père du garçon qui se souvenait, des prédictions antérieures de son fils, demeurait bien rêveur. Ce qui ne l'empêcha pas, d'aller rapporter les propos de son fils, le soir, dans le bistrot du coin où, il avait coutume d'aller faire sa partie de carte. Cette fois, tous ceux qui étaient présents ont souri, mais, sans plus, car, aller savoir, si ce que le garçon avait révélé à son père, une fois de plus pourrait se révéler exact : " Pensez ! une sécheresse." Quelques mois plus tard, les pluies se firent rares et devaient cesser de tomber. La terre était devenue sèche et se craquelait de tous côtés. La chaleur avait envahi la contrée et toutes les plantes mouraient une à une. Les récoltes se comptaient sur les doigts d'une main et on ne trouvait plus de légumes frais sur les étals. De leur côté, les arbres fruitiers périclitaient et ne donnaient plus de beaux fruits... En somme, c'était bien une sécheresse qui sévissait dans toute la région. La population se voyait affamée et ne vivait plus, que, par les quelques provisions, que leur apportaient chichement les autorités. Bien heureusement, cette sécheresse ne dura que quelques mois, puis, la pluie est revenue en abondance, arrosant copieusement les sols et permettant à nouveau aux paysans, de cultiver leurs lopins de terre et d'alimenter le petit peuple.
A partir de ce jour, le jeune-homme fut regardé comme le messie et personne, y compris les élèves de l'école, ne pensèrent plus à se moquer de lui. Puis, le temps a passé et notre garçon avait depuis bien grandi, cependant, il restait toujours le même, s'en allant sur les collines parmi les champs de blé ou, sur les rochers en bords de mer. Cependant, à un moment donné, il sembla déserter ces lieux, sans que l'on sache le pourquoi. Bien-sûr, son père, qui était très proche de lui devait l'interroger et lui demander, les raisons pour lesquelles il ne se rendait plus dans ces coins favoris. Il répondit : "ils sont devenues muets et m'ont conseillé de ne plus me souvenir d'eux et de les oublier.", c'est la seule réponse qu'il fit à son père, qui encore aujourd'hui se demande, si c'est bien le vent et la mer, qui sont venus parler à l'oreille de son fils.
Le temps a passé et le jeune-homme avait bien grandi, puisque, maintenant il était devenu un bel adulte. Comme il avait bien travaillé à l'école, il devait poursuivre ses études, au sein d'une grande école d'une ville voisine. En quelques années, il devait obtenir un diplôme d'ingénieur, ce qui lui permis de se faire une belle place au soleil. Depuis longtemps il ne pensait plus à cette histoire de vent et de la mer, qui venaient autrefois souffler à ses oreilles. Cependant, il n'oublia pas sa famille et son village d'où, il venait quelque fois pour passer des vacances. Pour tuer le temps, il s'aventurait parfois sur les lieux de son enfance, pour tenter de revivre un moment, ces temps où le vent et la mer lui parlaient.
Par une belle après-midi, il partit en balade, pour se réfugier pensif dans un pré où, les épis de blé dorés se balançaient sous la brise du large. Mais, soudain, le vent se fit plus frais et le ciel se chargea de gros nuages menaçants et quelques gouttes de pluie commencèrent à tomber. Notre homme avait repéré à proximité, une vaste cabane où, étaient rangées des meules de foin. Comme il s'était mis à pleuvoir, il alla se mettre à l'abri, sous le toit de la cabane qui lui tendait les bras. Mais, la pluie ne cessait de tomber à verse et l'orage n'avait pas l'intention de s'arrêter. Alors, il s'assied entre deux meules de foin et au bout d'un moment il fut gagné par le sommeil. Combien de temps a-t-il dormi ? Sûrement assez longtemps, puisque, la nuit était tombée lorsqu'il s'éveilla. Le vent s'était levé, la mer se faisait entendre et la pluie avait cessé. Il prit le chemin du retour, en se remémorant un curieux rêve qu'il avait fait. Durant son sommeil, il lui a semblé, que le vent qui soufflait fort, lui avait donné un message où, il était question, d'un drame qui allait frapper le village et sa contrée = des nuages noirs mouvants, devaient s'abattre sur les lieux et détruire toute la végétation sur leur passage. Mais, dans ce message, rien n'était indiqué par le vent, sur les causes de ce nuage noir.
Bien entendu, ce rêve ne fut pas pris au sérieux, mais, continua à lui troubler l'esprit. Cependant, il n'en parla pas à son entourage familial et termina ses vacances, sans pour cela oublier son rêve. Il devait alors regagner la ville où, il résidait et le temps s'est vite enfui, ainsi que le souvenir de ce curieux rêve. Mais quelques mois plus tard, il apprit par son père, qu'un nuage de sauterelles, s'était abattu sur le cité et ses alentours, causant des ravages dans toutes les cultures. Après quoi, les criquets s'envolèrent, pour s'en aller dévaster partout où, ils passaient, ne laissant derrière eux que ruine et désolation.
C'est alors, que notre homme se demanda, si le rêve prémonitoire qu'il avait fait, n'était pas un message du vent et de la mer, qui autrefois l'avait déjà mis en garde, sur ce qui attendait leur village.
Que penser de cette drôle d'histoire ? Ce garçon a-t-il vraiment entendu, le vent et la mer, le mettre en garde contre les intempéries ? Rien n'est moins sûr, car, si la chanson du vent et le bruit de la mer, sont perçus par tout le monde, alors pourquoi, ce garçon a-t-il un jour dit qu'il parlait avec eux ?
Pourquoi ? Ce rêve, qui annonçait la venue des sauterelles
Mais, il existe de par le monde, des faits inexplicables qui interpellent, mais, qu'on ne peut jamais expliquer, ce fut le cas de ce jeune garçon, qui parlait au vent et à la mer.
Jean-Claude PUGLISI
- de La Calle Bastion de France.
Paroisse de Saint Cyprien de Carthage.
Giens en presqu’île - HYERES ( Var ) ( le 09 Avril 2025.)
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PAROLES de M. Roger BRASIER
Echo de l'ORANIE N°246, septembre/octobre 1996
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Cela reste d’actualité.
«J'entends souvent dire : "Après nous, on ne parlera plus de l'Algérie française, nos enfants et nos petits enfants ne s'intéressent pas à notre Algérie, etc... :"
C'est vrai, mais je pense que la remarque devrait être posée différemment. Nous devrions nous demander "Qu'est-ce que nos enfants et nos petits enfants, tout comme les enfants et petits enfants des Métropolitains, connaissent de l'Algérie française, de cette histoire que la France a écrite en Algérie pendant 132 ans".
Ils n'en connaissent que les souvenirs, plus ou moins enjolivés, tenus dans nos réunions de famille.
Ils en connaissent nos démarches et récriminations pour obtenir une indemnisation ridicule. Ils en connaissent surtout ce qu'en disent les Médias qui se font un devoir constant de désinformer leurs auditeurs. Pour elles, l'histoire de I'Algérie se limite aux huit dernières années qui virent naître et s'épanouir une guerre civile qui devait mener à une véritable épuration ethnique, qui ne disait pas son nom, et à des lunettes sélectives qui ne leur permettaient de voir qu'une partie de l'horreur engendrée par la guerre civile, guerre civile qui, après quelques années de trêve, reprend plus implacable en ce moment.
C'est comme si on se bornait à relater les trois ou quatre années de la vie d'un Centenaire, en ne décrivant que ses délires et sanies, oubliant tout ce qu'il a pu accomplir de remarquable auparavant.
Met-on en valeur et même connaît-on :
- Le laboureur, défrichant un terrain, creusant des canaux de drainages, récupérant de grosses pierres pour construire sa propre maison;
- L'ingénieur, construisant des barrages, pour atténuer les méfaits de la sécheresse ;
- L'artisan, le sportif, dont l'un d’eux obtiendra une médaille d'Argent aux J.O. d'Helsinki et d'Or à ceux de Melbourne ;
- Le médecin, luttant contre les maladies endémiques du pays : choléra, peste, typhus, trachôme et paludisme qui permettre à l'un d'eux d'obtenir un Prix Nobel de Médecine en 1902 ;
- L'instituteur qui, a son rôle pédagogique adjoindra un travail bénévole d'infirmier, d'assistant social, d'écrivain public, de conseiller agricole ou artisanal ;
- L'écrivain, qui décrira la vie des petites gens de cette province perdue et recevra le Prix Nobel de Littérature ;
- L'Universitaire créant de toute pièce le dictionnaire " Paul Robert".
Mais qui étaient ces petites gens ? D'où sortaient-ils ? C'était un ensemble de communautés autochtones (Berbères, Juives, Arabes) auxquelles s'étaient ajoutées d'autres communautés (Français, Alsaciens, Espagnols, Italiens, Siciliens, Maltais, Bavarois, Suisses,...) qui vont cohabiter pendant 132 ans, se heurtant parfois, mais qui, sur les lieux de travail et dans la vie courante, s'estimeront et même parfois s'aimeront. Côte à côte elles travaillèrent et enrichirent le pays.
C'est cette Algérie que le Musée de l'Algérie Française et le Centre de Documentation et de Culture Algérianiste s'efforcent de mettre en valeur.
A la demande de la Municipalité de Perpignan des "JOURNÉES PORTES OUVERTES" ont été organisées les 8. 9. 10 octobre à l'intention des jeunes.
Faites-vous nos propagandistes auprès de vos enfants, de leurs instituteurs et Professeurs. Revenez très nombreux pour constater ce qu'était réellement l'Algérie française. D'anciens enseignants d'Algérie les accueilleront.
Tous unis pour lutter contre la désinformation. D'avance je vous en remercie.»
Cordialement votre
Roger BRASIER.
Ex Président du Cercle Algérianiste de Perpignan
et fondateur (avec son épouse)
du Musée de l’Algérie Française de Perpignan
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LE CHEMIN DES ECOLIERS
Echo de l'ORANIE N° 248, janvier/février 1997
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En descendant la rue de Mostaganem pour me rendre à I'école LAMORICIERE du quartier Saint-Charles à Oran, je trottinais par temps de pluie mon imper noir et luisant sur le dos. La pluie arrosait mon visage et mes jambettes. Je marchais à une allure de croisière en croisant les passants pressés et quelques véhicules qui remontaient la grand'rue. A un certain moment j'entendis des voix derrière moi. C'était deux jeunes filles modernes et coquettes comme l'étaient les Oranaises de cette époque. Je compris aussitôt leur conversation
- C'est un garçon je te le dis.
- Non c'est une fille.
- Regarde sa démarche.
Elles ne voyaient par derrière que mes petites jambes sous mon imper sobre et unisexe. Je restais de glace et piqué au vif me mis à siffler et à marcher plus rapidement à cloche-pied sous les rires des deux libellules qui avaient enfin satisfait leur curiosité. Je tournais la rue montant vers l'école sans me retourner vexé de cette aventure soudaine. Quelquefois sur le chemin de l'école je rencontrais des petits vendeurs de l'Echo d'Oran qui criaient à perdre haleine :
- l'Echo d'Oran, achetez I'Echo d'Oran, demandez l'Echo d'Oran, Echo d'Oran, ou encore je croisais des montreurs de singes qui travaillaient sur le trottoir en amusant les voisins du quartier. Les propriétaires de ces animaux attiraient une clientèle de jeunes enfants qui regardaient ces scènes animées et burlesques. Chaque propriétaire donnait ses ordres :
- Couche comme la vieille, le singe se couchait par terre, une patte sous la tête.
- Fait le berger qui garde les moutons, le bâton derrière la tête la bête tournait en rond, l'œil vif et la démarche de guingois, I'animal faisait le vigile, la main devant les yeux pour se protéger du soleil et voir au lointain. En plus des cabrioles il sautait et se roulait sur le sol à la grande joie des gamins du quartier. Le plus étonnant était quand le maître se trompait volontairement et inversait les ordres :
- Saute comme la vieille
- ou couche comme le mouton.
A ce moment là l'animal n'obéissait pas aux ordres et se positionnait ventre à terre en attendant la rectification de la demande dans le bon sens. Des fenêtres les gens jetaient des pièces de monnaie, sous troués des temps anciens que le montreur animateur se pressait de mettre dans un béret posé à terre. Je ressens encore cette atmosphère du temps passé, je revois ces rues aux trottoirs carrelés, j'admire toujours ces façades colorées aux larges balcons, le ciel bleu et le soleil qui réchauffe encore tout mon être.
Il y avait trois parcours pour se rendre à l'école LAMORICIERE ; L'on pouvait s'y rendre en longeant le mur de la gare Saint-Charles. Par temps chaud ce chemin était ombragé par la haute muraille qui nous protégeait du soleil, soit par la rue Marguerite et la pissotière providentielle que le couloir d'Albert nous offrait, ce chemin était surtout emprunté par Christiane et René ou encore la rue de Mostaganem animée et distrayante.
Comme le petit Poucet nous connaissions par cœur ces rues menant à l'école et aucun détail ne nous échappait. C'était notre quartier, notre existence.
Il y avait un autre chemin, c'était mon chemin secret.
Il était presque parallèle aux autres. Quand j'étais en avance sur I'horaire, mon cartable jaune en cuir sur le dos, je montais par le petit chemin du Pont Saint-Charles.
Je longeais les rails du chemin de fer en chantant. La nature y était merveilleuse. J'avais les mollets enflés par les piqûres des orties et mouillés par la douce rosée matinale. En marchant j'apercevais un chat sauvage sur un figuier ou un lézard entre deux cailloux. A un moment donné à la croisée des chemins, un partait vers les aires d'attente I'autre vers la gare Saint-Charles, toujours mon cartable sur le dos je prenais le chemin dans la direction de l'école. Cet itinéraire occasionnel et distrayant me sortait de la ville. Aucune âme qui vive ne venait perturber ma liberté de comportement, j'avais un sentiment d'isolement et de sérénité.
Quelquefois j'entendais au loin le tintement cristallin d'une clochette qu'un marchand d'eau douce secouait afin de signaler la présence de son commerce ambulant ou le flûtiau strident et mélodieux en celluloïd d'un aiguiseur de couteaux.
Bientôt apparaissait la gare Saint-Charles et son esplanade où quelquefois étaient entreposés des troncs d'arbres et autres marchandises en instance d'embarquement. Je traversais ensuite la rue en attendant la rentrée dans les classes.
Je revois par la pensée le chemin des écoliers. Je me souviens et tous ces souvenirs merveilleux qui imprègnent ma tête s'en cesse, tout le temps, m'emplissent d'une joie sans pareille, d'un bonheur sans égal.
Enriquito HERTZLER
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PAPE LEON XIV
Envoyé par Mme Marquet et d'autres
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Une version recadrée du portrait officiel du pape Léon XIV, publié par le Vatican le 10 mai 2025. | Vatican Media
Salle de presse de Rome, 10 mai 2025
Le Vatican a dévoilé samedi le portrait officiel et la signature du pape Léon XIV, révélant l'adhésion du pontife américain aux éléments papaux traditionnels, deux jours seulement après son élection historique.
Le portrait officiel montre le pape de 69 ans portant la mozzetta rouge (cape courte), l'étole brodée, le rochet blanc et la croix pectorale dorée - vêtement papal traditionnel qui présente un contraste visuel avec le style plus simple préféré par son prédécesseur.
Les médias du Vatican ont publié le portrait accompagné de la signature personnelle du pape, qui comporte la mention « PP » — une abréviation traditionnellement utilisée dans les signatures papales et qui signifie « Pastor Pastorum » (« Pasteur des bergers »). Le pape François avait dérogé à cette convention, signant simplement « Franciscus ».
Signature du pape Léon XIV, publiée le 10 mai 2025. Bureau des célébrations liturgiques du Souverain Pontife (UCEPO) / X
Ce retour aux éléments traditionnels accompagne les armoiries papales de Léon. Le motif héraldique présente une fleur de lys sur fond bleu, symbolisant la Vierge Marie, tandis que le côté droit représente le Sacré-Cœur de Jésus reposant sur un livre sur un fond crème.
Ceci est basé sur le symbole traditionnel de l'Ordre des Augustins.
La fleur de lys a une signification particulière dans l'iconographie catholique en tant que symbole de pureté et de la Vierge Marie.
Le motif du lys à trois pétales a également été associé à la Sainte Trinité. Il figure en bonne place dans l'héraldique française, ce qui pourrait revêtir une signification personnelle pour le pape, dont les ancêtres sont français par la lignée de son père.
Les armoiries officielles du pape Léon XIV. Médias du Vatican
Sous le bouclier se trouve un parchemin affichant la devise épiscopale du pape : « In illo uno unum » (« Dans l'unique Christ nous sommes un »), une phrase tirée du commentaire de saint Augustin sur le Psaume 127. La devise reflète les racines de Léon dans l'ordre augustinien et son engagement en faveur de l'unité dans l'Église.
Ces présentations profondes des symboles papaux — le portrait, la signature et les armoiries — se produisent traditionnellement au début d’un nouveau pontificat et donnent un aperçu des priorités théologiques et du style pastoral que le nouveau pape entend mettre en valeur.
Léon XIV, né Robert Francis Prevost à Chicago, est entré dans l'histoire le 8 mai en devenant le premier pape né aux États-Unis.
Les liens du nouveau pape Léon XIV avec l’Algérie révélés
Publié le 12 mai 2025 à 17 h 49 à 17 h 49. Écrit par Damy Rahman
Le pape Léon XIV, élu le 8 mai dernier à la tête de l’Église catholique, entretient des liens directs et documentés avec l’Algérie. Né Robert Francis Prevost, cet ancien supérieur général de l’ordre des augustiniens a visité le pays avant son pontificat, dans le cadre d’un colloque international à Souk-Ahras consacré à Saint-Augustin; comme le souligne le quotidien algérien El Watan. Son attachement à cette figure majeure du christianisme, originaire de l’actuelle Algérie, place le pays au cœur de son référentiel spirituel.
Saint-Augustin, né à Taghaste (Souk-Ahras) en 354 et mort à Hippone (Annaba) en 430, est une figure fondatrice de la théologie chrétienne. Léon XIV s’y réfère dès son premier discours place Saint-Pierre, se définissant comme « fils de Saint-Augustin ». Cette formule exprime une filiation intellectuelle revendiquée avec le père de l’Église, dont l’origine géographique est algérienne. Ce positionnement n’est pas anodin : le pape est membre de l’ordre de Saint-Augustin, un fait inédit depuis le XVe siècle.
Ce lien avec Augustin dépasse le simple hommage liturgique. Il s’inscrit dans une continuité doctrinale : Léon XIV a construit son parcours ecclésiastique dans une tradition augustinienne qui valorise la rigueur morale, la centralité de la grâce et une forte articulation entre foi et raison. En se revendiquant de cette école de pensée, il réinscrit de facto l’Algérie dans le périmètre historique de l’Église universelle.
Une visite officielle en Algérie avant son élection
Robert Francis Prevost a visité l’Algérie en qualité de supérieur général des augustiniens lors d’un colloque organisé à Souk-Ahras, ville natale de Saint-Augustin. Il figure également sur la plaque commémorative de la restauration de la basilique Saint-Augustin d’Annaba, inaugurée en 2013. Son nom y apparaît aux côtés de représentants locaux et du nonce apostolique, preuve formelle de sa participation à cet événement.
Ces éléments confirment que ses liens avec l’Algérie ne se limitent pas à une proximité symbolique. Ils s’ancrent dans des engagements concrets, enregistrés dans les archives ecclésiastiques et les structures patrimoniales du pays.
Des déclarations publiques valorisant Souk-Ahras
En 2023, lors de son élévation au rang de cardinal-diacre de Santa Monica, Prevost a prononcé un discours rendant hommage à Souk-Ahras. Il qualifie la ville de « matrice spirituelle » et rappelle qu’elle a vu naître deux figures majeures du christianisme : Sainte Monique et Saint-Augustin. Ce discours s’inscrit dans une stratégie de réintégration de l’Afrique du Nord dans l’héritage vivant de l’Église.
En valorisant ce territoire, Léon XIV adresse un message clair à la communauté chrétienne algérienne et au clergé local. Il réaffirme que l’Algérie n’est pas en périphérie de l’histoire de l’Église, mais au contraire au centre de sa mémoire fondatrice.
Premier pape originaire des États-Unis
Léon XIV est le premier pape originaire des États-Unis. Missionnaire au Pérou pendant plus d’une décennie, il a acquis la nationalité péruvienne en 2015. Ce profil multiculturel reflète l’orientation diplomatique actuelle du Vatican : ouverture aux régions historiquement sous-représentées dans les sphères dirigeantes de l’Église et reconnaissance du rôle de l’hémisphère sud dans la vitalité religieuse contemporaine.
Dans ce contexte, l’Algérie apparaît comme un point d’ancrage stratégique. Au-delà du souvenir de Saint-Augustin, elle incarne un espace de dialogue entre traditions, religions et cultures. Une visite papale renforcerait cette dimension.
Une éventuelle visite en préparation ?
L’hypothèse d’un déplacement de Léon XIV en Algérie est aujourd’hui crédible. Aucune annonce officielle n’a encore été faite par le Vatican, mais les signaux sont convergents. Son attachement à l’héritage augustinien, ses visites antérieures, ses déclarations publiques et la charge symbolique de Souk-Ahras renforcent cette perspective.
Dans un contexte géopolitique où le dialogue interreligieux et la mémoire partagée prennent une place croissante dans les relations entre l’Europe et le Maghreb, une visite papale en Algérie constituerait un acte diplomatique fort. Elle confirmerait la place historique de l’Algérie dans la genèse du christianisme et affirmerait son rôle dans les orientations spirituelles contemporaines de l’Église catholique.
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A ce propos, on peut aussi noter que dans la plaque commémorative de la restauration de la basilique Saint-Augustin d'Annaba, apposée le 19 octobre 2013 et consultable jusqu’à ce jour, le nom du pape Léon XIV, s’appelant encore à l’époque Robert Francis Prevost, y figure aux côtés de celui des autorités locales et Mgr Thomas Yeh, nonce apostolique. En 2023, lorsqu’il avait été ordonné cardinal-diacre de Santa-Monica, il a de nouveau rendu hommage à la ville de Souk-Ahras, qui fut le berceau de Saint-Augustin.
«Taghaste, aujourd’hui Souk-Ahras, cité des hauteurs numides, tu n’es pas une ville comme les autres : tu es une matrice spirituelle, une source d’éternité. De tes ruelles antiques sont sortis deux astres de la foi : Sainte-Monique, mère de prière et d’espérance, et Saint-Augustin, géant de l’esprit, père de l’âme chrétienne.
Tu as donné à l’humanité ce que l’Afrique a de plus pur : un cœur fidèle, une intelligence brûlante, une foi forgée dans les larmes (…) Taghaste, mémoire vive, racine profonde, le monde chrétien te doit une part de son âme. Gloire à toi ville algérienne qui a donné aux cieux deux de ses plus belles étoiles.» Né le 14 septembre 1955 à Chicago, il est le premier pape américain et de surcroît premier également à être élu de l’ordre de Saint-Augustin, et ce, depuis le XVe siècle.
Le pape Léon XIV et saint Augustin l'Algérien amazigh
«Je suis le fils d'Annaba. Je suis le fils de saint Augustin.»
C'est par ces mots, forts et symboliques, que le nouveau pape Léon XIV s'est adressé au monde, du haut de la plus prestigieuse tribune du Vatican, lors de sa première déclaration après son élection.
Annaba et saint Augustin : un lieu et un nom de chez nous! Une ville magique. Un symbole éternel.
En entendant ces paroles, j'ai mesuré l'ampleur de notre rupture tragique avec notre propre Histoire. Oui, l'Algérie est une terre de symboles universels, depuis la nuit des temps.
Mais, tant que nous ne construirons pas de pont solide entre la jeunesse et son passé glorieux dans sa totalité, nous ne parviendrons jamais à la réconciliation: ni avec notre mémoire, ni avec nous-mêmes. Ainsi, à chaque occasion douloureuse, nous déterrons le même cadavre: le problème de l'identité.
Tant que nos élèves, nos étudiants, nos décideurs ignorent ou nient l'héritage de leurs ancêtres - tous leurs ancêtres, sans exception - ceux-là mêmes qui ont bâti cette terre féconde qu'est l'Algérie, la blessure de l'identité restera ouverte, béante.
Instruire notre Histoire dans son intégralité, sans exclusion, c'est soigner la violence, c'est vacciner contre la haine, c'est désarmer l'extrémisme.
Il faut le reconnaître : l'Algérien est otage d'un enchaînement d'idées rigides qui le poussent à renier une partie essentielle de sa mémoire.
Dire que saint Augustin est algérien, qu'il est un Amazigh de Souk-Ahras, reste une vérité difficile à accepter pour celui à qui on a amputé sa mémoire. Pour lui, Augustin serait européen: français, italien, grec ou allemand. Un gawri !
Et voilà qu'après seize siècles, saint Augustin ressurgit. Éveillé par les mots du pape Léon XIV. Aussitôt, les réseaux sociaux s'enflamment: débats passionnés, réactions fébriles, étonnement.
Ce nouveau pape, en se réclamant fils de saint Augustin - l'Amazigh algérien - nous a rappelé une évidence oubliée: nous sommes les enfants d'une figure universelle, enterrée vive dans sa propre terre natale. Né à Thagaste, l'actuelle Souk-Ahras, en 354 - soit deux siècles avant la révélation du Coran - saint Augustin ne meurt pas, malgré l'oubli.
Cette déclaration papale a secoué la conscience historique de l'Algérien ordinaire.
Mais, nous, Algériens, qu'avons-nous fait pour honorer le génie de Souk-Ahras, cet homme qui a bouleversé l'Église de Rome, ce penseur universel ?
Est-il enseigné à l'école ? Étudié à l'université Présent sur la scène culturelle ?
Non. Il est absent. Il est gommé.
En 2001, le Haut Conseil islamique organisa un colloque international sur saint Augustin et l'africanité, entre Alger et Annaba. Visites, conférences, mémoire vivante...
Puis, rideau! Silence! Oubli!
On évoqua même un grand film sur sa vie. Projet enterré!
Aujourd'hui, à travers les mots du pape, on rêve : et si l'Algérie devenait, grâce à saint Augustin, une destination religieuse unique en Afrique? Un rêve réalisable!
Âgé de seize siècles, un peu plus, l'olivier de Thagaste est toujours debout à Souk-Ahras ! Avec un minimum de volonté locale, il pourrait devenir un lieu de pèlerinage chrétien universel. Et la basilique Saint-Augustin d'Annaba? Pourquoi ne serait-elle pas l'équivalent de Notre-Dame de Paris ou de la basilique de Lourdes? Un espace spirituel, culturel, touristique, attirant des foules venues des quatre coins du monde. La déclaration du nouveau pape Léon XIV, est un appel pour tous les Algériens d'œuvrer pour des initiatives capables de créer des milliers d'emploi dans le tourisme, l'artisanat, la restauration, le livre, le transport, l'hôtellerie...
L'Algérie nouvelle doit bouger, sortir de l'enfermement imposé par ses ennemis des deux rives.
Saint Augustin n'est pas seulement un religieux. Il est philosophe, écrivain, rhétoricien, un esprit lumineux.
Certes, on aurait aimé que ses oeuvres - La Cité de Dieu, Les Confessions - soient écrites en tamazight, la langue qu'il parlait, celle de la Numidie.
Aujourd'hui, la réconciliation de notre jeunesse avec son Histoire, sans amputation ni falsification, c'est enterrer définitivement le mal identitaire.
Sans réticence, avec audace, il faut enseigner nos symboles fondateurs de la Numidie aujourd'hui l'Algérie: saint Augustin, saint Donat, Apulée de Madaure, Juba II, Jugurtha, Massinissa et tant d'autres.
D'autres nations l'ont compris, l'Arabie saoudite, par exemple, redonne vie à ses poètes préislamiques, chrétiens et juifs, sans complexe. C'est un honneur pour elle et pour son peuple.
Et nous, en Algérie, face à cette hémorragie mémorielle, à cette mutilation de l'âme, je propose d'organiser une année consacrée à la culture amazighe, avec la participation de tous les peuples d'Afrique du Nord.
«Se tromper est humain. Persister dans l'erreur est diabolique.», écrivait saint Augustin.
Amin Zaoui
La croix pectorale de Léon XIV
Par Michel Janva le 10 mai 2025
Le père Josef Sciberras, membre de la province de Malte des Augustiniens, avait offert une croix pectorale ornée de reliques de saints à Mgr Robert Prevost, lorsque ce dernier a été nommé cardinal par le pape François.
La croix intérieure est décorée d’une double croix en tissu moiré, de décorations et des reliques de saint Augustin, de sainte Monique et de quelques bienheureux de l’ordre augustinien.
C’est la croix pectorale que Léon XIV portait à la loggia jeudi.
L’une des reliques encastrées dans la croix pectorale du pape Léon XIV est celle du bienheureux Anselmo Polanco Fontecha (1881-1939), évêque augustin espagnol et martyr de la guerre civile espagnole. Né le 16 avril 1881 à Buenavista de Valdavia, Palencia, en Espagne, de parents modestes agriculteurs, il entra dans l’Ordre des Augustins à Valladolid à l’âge de 15 ans, en 1896. Il étudia la philosophie et la théologie, fut ordonné prêtre en 1904 et servit comme professeur, prieur et supérieur provincial de la province augustinienne des Philippines, effectuant des missions en Chine, en Colombie, au Pérou et aux États-Unis.
En 1935, il fut nommé évêque de Teruel et administrateur apostolique d’Albarracín. Pendant la guerre civile espagnole (1936-1939), Polanco resta à Teruel malgré les persécutions anticatholiques, refusant d’abandonner ses fidèles. Capturé par les forces républicaines en janvier 1938, il fut emprisonné pendant 13 mois et soumis à des pressions pour qu’il renonce à signer la Lettre collective des évêques espagnols condamnant la persécution de l’Église. Il refusa. Le 7 février 1939, près de Pont de Molins, à Gérone, lui et son vicaire général, le bienheureux Felipe Ripoll Morata, furent fusillés et leurs corps brûlés. Polanco fut l’une des dernières victimes de la guerre et l’un des 13 évêques tués en zone républicaine. Connu pour sa foi profonde, sa vie de prière et son dévouement pastoral, Polanco a été béatifié par le pape Jean-Paul II le 1er octobre 1995, en tant que martyr. Ses restes sont conservés dans la cathédrale de Teruel.
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ECOLE VACCARO 1941
COURS COMPLEMENTAIRE
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LE MUTILE du N° 162 à 176
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SOUVENIRS
DE MA CAPTIVITÉ EN ALLEMAGNE
(12 OCTOBRE 1914-17 JUIN 1917)
PRÉFACE
M. Touati Ben Yahia est l'un de ces jeunes indigènes, algériens qui aime la France et qui, comprenant que les destinées de son pays natal sont indissolublement et pour jamais liés à elle, la considère comme leur véritable et seule Patrie.
Quand notre cher pays fut odieusement attaqué par l'Allemagne, M. Touati ben Yahia n'écoutait que l'élan de son cœur et, voulu, comme tant de ses coreligionnaires consacrer à la France tout son courage et toute sa force.
Il contracta un engagement, volontaire aux spahis et s'embarqua presque immédiatement pour le front. Son intrépidité et sa vaillance furent aussitôt mises à l'épreuve. Il combattit et fut blessé. Il allait verser son sang pour son cher pays d'adoption, il scellait ainsi de sa vie meurtrie le tact éternel de rapprochement, d'amour et de félicité qu'il avait volontairement contracté envers la France, et si la douleur, parfois, l’emportait sur son énergique volonté, elle ne réussissait pas la moindre plainte : le jeune soldat musulman souffrait, dans la patriotique joie du devoir accompli.
Ce sentiment ne l'abandonna pas comme il était fait prisonnier le 12 octobre 1914 ; et c'est lui qui maintint durant sa captivité toute sa fierté vraiment «française »
L'Empereur Guillaume II avait compté que notre cher Islam Nord-Africain ferait défection dès le premier jour de la guerre ; il avait cru à une formidable insurrection en Algérie, en Tunisie et au Maroc. De même qu’il s'était trompé sur l'état d'âme de la France, il se trompait grossièrement sur la mentalité indigène.
Guillaume II fait bon marché de son honneur et de sa foi jurée ; le martyre de la Belgique en est la preuve. Les indigènes algériens ne sont pas taillés à son aune et c'est ce qu'il ne pardonne pas à ceux qu'il tient momentanément sous sa dépendance de par un hasard malheureux de la guerre. Il fait donc spécialement surveiller les prisonniers musulmans, les isole de leurs compagnons d'armes, les fait transporter d'un camp à l'autre, il s'acharne et il met tout en œuvre pour que ces prisonniers faisant enfin leur âme parallèle à la sienne, abjurent qu'ils se sont fait à eux-même d'être toujours d'excellents et vaillants français.
Soit par les promesses, soit par les attentions les plus subtiles, soit par les menaces, soit par quelques carcero diro de colère et de dépit, il s'efforce de leur faire accepter cette monstrueuse trahison de se retourner contre leur patrie adoptive et de porter les armes contre les pays de l'Entente.
Quelques-uns de ces prisonniers ont faibli, mais la presque unanimité a tout subi plutôt que de se ranger du côté de l’Allemagne et de la Turquie.
Il n'est pas besoin de dire que M. Touati ben Yahia est de ceux qui sont d'autant plus fidèles à la France qu'ils soufrent matériellement et moralement pour elle.
Il a été comme tous ces coreligionnaires, interné dans les camps de concentration prussiens, aux pires épreuves. Et si, aujourd'hui encore, après avoir été transféré en Suisse où il demeura treize mois, pour cause de maladie, après avoir été évacué le 15 juin 1917, et après avoir été réformé N°1 le 10 août, de la même année il en conserve le souvenir, c'est pour nous le raconter en des lignes qui puisent la force dans leur vérité vécue, et nous faire ainsi participer à la vie misérable et si digne des soldats musulmans captifs en Allemagne.
Les pages qui suivent sont du plus haut intérêt car elles sont, en même temps, qu'une nouvelle et réconfortante preuve de patriotisme, le témoignage vivant et renouvelé de l'abjection allemande sans respect pour ceux qu’elle a vaincus et qu'elle détient, en soit pouvoir.
On les lira donc avec fruit et l'on saura gré à M. Touati ben Yahia d'avoir su si bien les écrire en sa langue adoptive.
Ne nous étonnons d'ailleurs pas de l'inspiration qui l’anime si noblement. M. Touati ben Yahia appartient à une vieille, grande, et célèbre famille ; il est l'arrière-petit-fils d’Ahmed ben Salem qui était maître de Laghouat; avant la conquête de cette ville par les Français, le 4 décembre 1852.
Ahmed ben Salem présentait le destin réservé à sa ville et il s'inclina devant lui : il accepta la domination française dans la certitude que sa religion y trouverait une éternelle tranquillité et, un plus grand bien être.
Ahmed ben Salem, dernier khalifa de Laghouat, logeait au Dar Sfah, c'est-à-dire la maison du rocher, appelée ainsi : ralte. Eugène Fromentin, « à cause, de l'énorme piédestal de rochers bruts sur lequel ce palais forteresse est planté avec assez d'audace. »
Depuis, le Dar Sfah a fait place au fort Bouscaren où flotte le drapeau français que l'on peut voir de très loin, se dressant comme un symbole de réconciliation et de fraternité, sur l'immense plaine du désert.
Son grand-père Si EL Hadj Touati, exerçai sur ses contemporains une influence spirituelle qui justifiait toute son existence sainte et fonda à Laghouat une mosquée aux besoins de laquelle subviennent ses ascendants.
Son père Yahia ben Touati, sert la France avec fidélité et est caïd de Tadjemout. Tadjemout s'élevait sur un monticule brûlé, sous la protection de Sidi Attalah dont le marabout blanc égaie la désolation environnante et que charment les jardins fruitiers des alentours.
Là ne vit aucun Français. La souveraineté de notre Patrie ne rayonne que par le libre et loyal consentement des Indigènes.
Toute cette région du territoire militaire de Ghardaïa, en ce sud extrême, du département d'Alger, semble continuellement incendié par le soleil.
Il y a là une flamme inextinguible. Cette flamme est passée dans tous les cœurs et elle brûle aussi pour l'amour de la France.
Le chef d'un des grands, fils de cette contrée saharienne porteur d'un nom, illustre et vénéré vient de nous en donner la preuve. Après être accouru en nos départements envahis pour prendre part à la grande bataille de la liberté humaine, de la justice et du droit, après avoir vu l'égoïsme, la fourberie et l'âpreté de nos ennemis en vivant parmi eux en sa triste captivité. M. Touati ben Yahia, qui n'est pas encore remis de ses fatigues, s'est retiré au pays de ses ancêtres.
Mais cette France à laquelle toute sa famille s'est si généreusement et magnifiquement ralliée, il l'a enfin connue ; Il a senti son grand cœur de loyauté et de tendresse battre à l'unisson du sien.
Il dira à tous ses coreligionnaires sédentaires priant dans l'ombre maternelle des mosquées ou devisant amicalement aux heures fraîches dans les cafés maures, nomades qui s'en vont avec leur troupeau à la recherche de L’eau miroitante et propice que tout l'Islam peut se lier à la France respectueuse de la religion de Mahomet, à la France qui considère à jamais comme ses fils bien aimés tous les indigènes de notre Nord Africain.
Tous ceux-Ià croiront le fils du caïd de Tadjemout, parce qu’ils n'ignorent pas qu'il s'est conduit en excellent soldat, en héros courageux et aussi pour eux, afin qu'ils apprennent davantage et qu'ils méditent dans la clairvoyance de leur esprit, et la sincérité de leur cœur tout rempli de noblesse, qu'il a écrit ces pages
Ainsi, M. Touati ben Yahia, blessé et réformé lutte encore pour la France en mettant à son service son intelligence et son savoir. Il donne un grand exemple qui lui vaudra.. l'approbation de tous. A l’épée, il joint la plume …!
Ce, sont là, qualité à la fois musulmanes françaises. Aussi notre patrie heureuse le reconnaissant et reconnaissant tous les siens comme ses propres enfants, comment, après avoir lu les lignes qui suivent, ne reconnaîtrions-nous pas, à notre tour, tous les indigènes musulmans comme nos amis et comme nos frères !
Jean MELIA
Ancien chef de cabinet
Du Gouverneur de l’Algérie
II
A Monsieur Abel, Gouverneur
général de l’Algérie,
Monsieur le Gouverneur général,
C'est un fils des Territoires du Sud de l'Algérie qui a l'honneur de vous faire l'hommage, du récit de ses impressions de captivité en Allemagne.
Mes coreligionnaires et moi, nous nous sommes rendus à l'appel de la France dès qu'il s'est agi de sa défense et nous lui avons consacré, tant qu'il a été possible, notre courage et notre force, de même que nous lui consacrerons tout l'amour de notre cœur, et tout notre dévouement.
Nous comprenons, en effet que notre terre natale ne peut avoir un complet développement et une glorieuse page d'histoire qu'en se fondant entièrement dans la Patrie française. A celle-ci nous apportons de plus en plus toutes les qualités de notre race, notre caractère, notre originalité même et nous le faisons sans crainte et sans arrière pensée car nous savons que la France ne poursuit aucune suppression de groupement social ou d'individualité, de religion ou de traditions.
Nous espérons donc ainsi que nous serons, de plus en plus, pour elle, une nouvelle force en faveur de la restauration de ses départements envahis et de toute sa reconstitution nationale. Elle a, d'ores et déjà, pour garantie de notre bonne volonté le souvenir de tout ce que nous avons souffert en Allemagne.
Notre fidélité patriotique a été là-bas soumise à toutes les épreuves et à toutes les plus perfides tentations. J'ose vous le dire avec fierté, Monsieur le Gouverneur général, nous avons subi toutes les privations et même les duretés de la prison plutôt que de nous laisser embrigader dans les rangs ennemis. Nous avions juré fidélité à la France, nous avons, intégralement maintenu notre serment.
Tous mes coreligionnaires qui n'ont pu, comme moi, pour cause, de blessures ou de maladies, être évacués en Suisse, puis rapatriés chez eux, s'appliquent encore à l'heure, présente et s'appliqueront toujours à maintenir leur serment sans tâche et sans compromission.
J'estime qu'il est bon qu'elle sache aussi qu'elles eut été notre vie et notre misère dès l'heure où le sort malheureux, des armes nous fit tomber entre les mains de l'ennemi. C'est pourquoi rendu à l'affection des miens, je considère comme un devoir patriotique, de rassembler ici mes souvenirs et mes impressions.
Tout ce que j'ai souffert, tout ce que j'ai regretté, tout, ce que j'ai espéré, tout, a été partagé par mes coreligionnaires d'Algérie prisonniers comme moi, et c'est, par conséquent, moins une narration personnelle qu'un récit collectif que je transcris en ces pages.
Ce récit, dans lequel tous mes compagnons d'armes, musulmans du Tell, des Hauts Plateaux et du Sahara' reverront tout ce qu'ils ont éprouvé, quel meilleur et plus respectueux emploi en ferais-je si ce n'est, Monsieur le Gouverneur général, en vous en faisant l'hommage.
Vous êtes parmi nous, le représentant de notre Patrie adoptive. Vous seul avez donc la plus haute autorité morale pour dire à la France qu'elle est notre ardeur pour elle et quel est notre dévouement jusqu'aux pires souffrances et jusqu'à la mort même.
La captivité en Allemagne des soldats musulmans qui ont combattu pour la France est, par excellence, la plus sûre pierre de touche, ces soldats n'ont pas faibli malgré leur dépression physique et morale, ils ont d'autant plus aimé leur Patrie adoptive qu'ils ont été humiliés, maltraités, privés de tout, à cause d'elle.
Mais nous avons, pour très haute récompense, la satisfaction du devoir accompli et la magnifique certitude que notre exemple, d'un côté servira à combattre la propagande allemande dans le monde musulman et, de l'autre, contribuera à dissiper les erreurs qui ont pu être inculquées à certains de nos frères, s'il en est encore, par hasard, dont l'excuse est d'être ignorants.
Il contribuera aussi à les convaincre pour toujours et de tout cœur que la France étant le pays du droit, de la justice et de la liberté, doit être notre pays et que son drapeau doit flotter non seulement sur toutes nos villes algériennes, mais aussi sur toutes nos oasis les plus lointaines parce qu'il est à la fois le plus beau drapeau du monde et surtout le symbole éclatant de toutes les réconciliations fraternelles, de toutes les émancipations humaines, de toutes les garanties et de tous les bonheurs.
Veuillez agréer, Monsieur le Gouverneur général, l'hommage de mes sentiments les plus respectueux et l'assurance de mon plus sincère et profond dévouement.
TOUATI BEN YAHIA.
J'ai toujours vécu, non loin de Laghouat, en ce ksar de Tadjemout qui dresse ses maisons sur un rocher brûlé par le soleil, mais qu'entoure une couronne parfumée de jardins et qu'arrose l'Oued-M'zi. Mon père est caïd de Tadjemout ; nous vivons donc en ces steppes perdues bien loin de la France, mais je ne puis oublier que toute ma famille s'est, dès la première heure ralliée à elle.
Quand mon arrière-grand-père Ben Salem, maître de Laghouat et des environ, dut, en décembre 1852, devant le maréchal Randon, gouverneur général de l'Algérie, opposer la plus vive résistance, il comprit que Dieu dictait à tous les siens un nouveau destin, et s'inclina devant l'arrêt du ciel.
Le grand mérite de la France est de nous avoir aussitôt considérés comme ses enfants. Toujours nous avons ressenti le prix de cette maternelle affection et notre dévouement lui était acquis tout entier. Quand donc le 2 août 1914 la guerre éclata entre la France et l'Allemagne nous comprimes que notre devoir n'allait pas être de demeurer simples spectateurs ; qu'il était au contraire, de mettre tous nos services à la disposition de notre Patrie adoptive.
Justement le général de division Moinier, commandant en chef les armées de terre et de mer de l'Afrique du Nord ; prescrivait la levée pour la durée de la guerre, des spahis auxiliaires. Ma conduite de ce fait était toute tracée ; j'allais m'engager dans ce goum militarisé.
Mon père m'approuva de tout cœur et me fit don d'un superbe cheval blanc que je préférais entre tous, j'embrassais ma petite fille et consolait ma jeune femme lui communiquant toute mon enthousiasme et toute ma confiance en la victoire de la France. En partant à la défense de la France, je suivais l'exemple de plusieurs membres de ma famille, dont mes cousins Bachir et Allal, fils de feu l'agha Bennaceur, déjà engagés dans les spahis, et j'allais avoir la fierté de le montrer à d'autres parents dont mon cousin Cheikh Ali, fils de l'agha et caïd de Laghouat et aussi un grand nombre d'amis.
Je fus affecté, au 4ème escadron, qui fut formé à Boghari le 29 août 1914, sous, les ordres du capitaine Reynaud et avec mon coreligionnaire Ben Chérif, caïd des Oulad Si Ahmed, cercle de Djelfa pour chef de peloton. Quelques notions d'équitation militaire nous furent ensuite données à Blida où je passais un examen qui me valut le grade de maréchal des logis.
Nous ne tardons à quitter Blida pour Alger où nous campons au champ de manœuvres dès le matin du 6 septembre et où, aux acclamations de toute la population, le Préfet du département d'Alger, M. Lefébure, remet solennellement un drapeau à notre corps.
Mais les événements pressent l'ordre d'embarquement arrive et c'est sous les yeux du général Moinier, commandant en chef les armées de terre et de nier de l'Afrique du Nord et aux applaudissements de milliers de spectateurs qui sont sur les quais et sur les rampes du boulevard de la République que nous montons à bord.
Après trente-six heures de traversée, nous arrivons à Marseille où toute une foule grouillante et enthousiaste nous attend. On nous acclame, on nous jette des fleurs, on nous fête sans réserve et c'est à la file indienne que nous gagnons notre camp installé au Prado.
Nous n'étions là que depuis deux jours, l'ordre de départ pour le front survient. Le sort en est jeté. Notre grand devoir patriotique va commencer. Nous nous jurons de l'accomplir de toute l'ardeur de notre cœur et de toute la force de nos muscles, et c'est ainsi que nous mettons une hâte fébrile, à préparer nos chevaux et tout notre matériel. Tout est prêt le 9 septembre à minuit. Deux heures après, le train nous emporte vers le champ de bataille.
Le 13 vers minuit, bivouac sous Amiens sous le commandement du lieutenant-colonel du Jonchay. Le 14 au point du jour, nous prenions la route d'Amiens et, après avoir traversé cette ville au galop, nous nous dirigeons sur Arras à la rescousse d'un régiment d'infanterie. Chemin faisant, c'est une véritable cueillette de prisonniers.
Nous conduisons ces derniers jusqu'à Arras, puis, pendant trois on quatre jours, comme la cavalerie allemande sillonne tous les parages, nous ne faisions que des reconnaissances où nous avions l'honneur et la fierté de voir que, toujours nous l'emportions sur nos adversaires.
Nous voici ensuite à Douai. Mais l'artillerie ennemie a pris cette ville pour objectif et nous devons l'évacuer pour gagner Lille où nous passons quelques jours avant de fouler le sol belge et d'atteindre, Tournai. Mais les événements se précipitent, il y avait à peine quatre jours que nous étions à Tournai, que nous recevons l'ordre de nous replier sur Lille...
III
Nous campons en cette dernière ville jusqu'au 9 octobre. Mais de nouveaux ordres arrivent ; nous devons évacuer, Lille. Or, le lendemain même survint un contre ordre on nous renvoie occuper Lille avec quatre mille hommes. Sans doute ces allées et venues nous déconcertent quelque peu et pourquoi avons-nous tout d’abord reculé au lieu de marcher plus en avant ?
Mais nous n'avons pas à discuter les ordres de nos chefs, nous n'avons qu'à nous montrer fidèles et dévoués.
Or, voici qu'il nous est donné l'occasion d'en fournir la preuve. Notre escadron, qu'un autre, seconde, a maintenant reçu la mission de contenir l'armée allemande qui avance.
Nous allons montrer aux boches quels hommes nous sommes, car nous sommes résolus à tenir coûte que coûte, au prix de notre existence même et nous avons, beau, pendant trois jours être encerclés par trente mille hommes et être soumis à un bombardement intense, nous renvoyons dédaigneusement les parlementaires ennemis qui, déjà espèrent en leur Victoire et nous ferions quand même.
Mais le sort des armes trahit notre ardeur ; Lille, malheureusement ne peut plus résister ; Lille tombe le 12 octobre au soir et avec cette reddition ; c'est, toute sa garnison prisonnière.
Ainsi, en quelques semaines, nous avons vécu les plus formidables faits qui, longtemps encore, bouleverseront le monde, mais une tristesse est en notre cœur. Nous voulions donner toute notre force à la France et voici que nous allions nous sentir inutiles et désarmés aux mains de l’ennemi. Dieu a voulu que notre rôle soit déjà terminé.
Nous ne savons pas quel est le sort qui nous attend en captivité, mais ce que nous savons bien, c'est que, malgré tout, nous demeurerons plus que jamais fidèles à la France et que, ne pouvant plus lui consacrer nos personnes, nous lui vouerons le culte vde notre cœur d'ans l'ardente espérance que la victoire que nous n'avons pu lui faire obtenir, nos camarades plus, heureux la lui procureront tôt ou tard, car nous savons bien aussi que la France ne peut être vaincue.
Cette espérance est désormais notre seul soutien, notre unique réconfort, tandis que l'on nous fait faire immédiatement 45 kilomètres de marche pour être ensuite dirigés sur l'Allemagne, à destination de Merseburg, en Saxe.
Qu'importe ce que nous avons personnellement en Allemagne, Nos misères et nos privations ne comptent pas, alors que la France est aux prises avec l'ennemi pour la défense du territoire et pour la liberté du monde entier. Nous ne nous faisons en effet aucune illusion sur le sort qui nous est réservé si l'Allemagne était finalement victorieuse.
Non, nous ne pourrons jamais rien avoir de commun avec nos ennemis et Dieu sait cependant, tout ce qu'ils nous ont fait pour nous engager mes coreligionnaires et moi à trahir le serment de fidélité et d'amour que nous avions fait à la France, dès le premier instant de la déclaration de guerre.
Pour cela ils ne nous ont rien Epargné, ni les promesses ni les menaces, ni les excellents et si hypocrites traitements ni devant le néant de leurs perfides agissements et le dépit qui en résultait, les restrictions, les haines, les coups et la prison.
Il faut que la France et que l'Algérie connaissent tous les perfides agissements et, par un effet opposé, quel fut notre inébranlable conduite.
L'exposé des faits qui suivent la preuve irréfutable que notre patrie adoptive peut toujours compter sur notre affection et sur notre dévouement.
Nous étions donc au camp de Merseburg. Faut-il rappeler que lorsque nous y arrivâmes rien, n'était préparé et que, malgré le froid qui sévissait, nous fûmes obligés de passer quinze jours à la belle étoile. Nous couchions sur la paille sans couverture. Beaucoup d'entre nous tombèrent malades mais le service de l'infanterie était mal organisé, manquant de lits, de médicaments et de propreté. Heureusement que nous étions réconfortés et encouragés par le dévouement de huit médecins français.
Au camp de Merseburg nous n'étions astreints à aucune corvée ; celle-ci était malgré son caractère pénible, et par ordre, seulement accomplie par les Anglais. Quant à la nourriture elle était bonne au début mais avec la triste obligation de violer toutes nos prescriptions, religieuses car elle était faite au lard, aussi ceux d'entre nous qui en avait par hasard les moyens étaient-ils obligés, de s'acheter du fromage, du chocolat ou toute autre chose qu'ils mangeaient avec leur pain.
(A suivre au prochain N°).
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Algérie catholique N° 5, mai 1937
Bibliothéque Gallica
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L'inauguration de la nouvelle Eglise
d'Aïn-Témouchent (Oran)
Ce fut une magnifique journée, celle que nous avons vécue le 11 avril dernier.
De tous les points du département des visiteurs étaient venus et nos rues, nos boulevards, nos places présentaient, dès le matin, une animation jamais connue.
A 8 heures, avec le cérémonial accoutumé, M. Pérelle, président du Comité remettait à Mgr l'Evêque d'Oran les clefs du monument. Mgr Durand procède aussitôt à la bénédiction extérieure, puis il pénètre dans la nef, suivi par une foule immense qui ne parvient pas entièrement à s'y loger malgré l'ampleur de l'édifice (1.600 places assises).
La cérémonie terminée, Mgr Durand dit une messe solennelle, assisté de M. le Vicaire général Merens, de M. le Chanoine Houart, ancien curé de Témouchent et de M. l'Abbé Héder, Professeur au Petit Séminaire.
Parmi les assistants, nous notons la présence de M. le Maire Danthon, de M. Enjalbert, député, du Conseil municipal de la ville au complet, de M. Ed. Kruger, délégué financier, de très nombreuses notabilités aussi bien catholiques que protestantes, musulmanes et israélites.
La Lyre témouchentoise prêtait son concours. La sortie eut lieu aux accents de la marche religieuse de Gounod merveilleusement exécutée.
Après la messe, notre jeune et ardent curé, M. l'abbé Lecat, monta en chaire et, d'une voie émue adressa à Mgr Durand, à la Municipalité, au Comité, à la généreuse population témouchentoise ses vifs remerciements pour la belle œuvre si rapidement menée à bien. Le beau monument qui se dresse aujourd'hui au-dessus de la cité et de sa région, est une affirmation de la foi qui se développe de plus en plus dans le cœur des populations algériennes, de la noblesse persistante de leurs pensées malgré les malheurs du temps, de la hauteur d'un idéal que rien ne saurait abaisser.
Excellentissime Seigneur,
Messieurs, Mes très chefs frères.
Lorsque j'ai voulu rechercher dans le Livre Saint un texte sacré qui traduise exactement les sentiments que mon cœur éprouve aujourd'hui je n'aurais jamais cru qu'il y en eut tant à reproduire exactement les compliments que je désire adresser à tous ceux qui se sont intéressé à la construction de cette Nouvelle Eglise.
A vous d'abord, Monseigneur, qui venez de bénir cette église, la 38, que votre zèle a fait surgir dans ce diocèse, s'applique tout naturellement le passage des Psaumes : « Zelus domus tuae comedit me ! »
Le zèle de votre maison me dévore, ô mon Dieu ! pouvez-vous répéter puisque l'itinéraire de votre tournée pastorale, après le beau début d'aujourd'hui, sera encore marqué de la bénédiction d'un clocher (avec cloches !) et de trois autres églises. La nôtre offre ceci de particulier, ce qui est nouveau dans le diocèse, qu'elle vous fournit l'occasion de bénir à la fois une église et deux clochers, et, chose absolument nouvelle et inédite, deux clochers surmontés de flèches portant la Croix de notre Sauveur à 56 mètres de hauteur dans notre Ciel Africain.
A vous, Excellence, tout l'honneur et toute la gloire d'avoir voulu l'édification de cette église, joyau de votre Diocèse dont vous avez bien voulu vous déclarer justement fier, et que nous remercions d'avoir voulu placer dans notre ville trop longtemps humiliée d'être si mal pourvue en fait d'édifice religieux chrétien.
Laissez-moi vous raconter brièvement l'histoire du Diacre Saint-Laurent, le patron vénéré de notre Nouvelle Eglise, dont la souriante image préside à notre fête.
Le jeune Laurent naquit en Espagne exactement à Huesca d'Aragon vers le milieu du IIIème siècle et cette ville célèbre encore sa fête le 1er mai de chaque année.
Emigré à Rome, nous savons qu'il était archidiacre du Pape Sixte II, c'est-à-dire que les trésors de l'Eglise lui étaient confiés, trésors destinés à secourir les pauvres. L'Empereur Valérian déchaîna contre les chrétiens une persécution d'une violence extrême et le Pape Saint Sixte en particulier fut cruellement poursuivi et attaqué parce que chef suprême des fidèles.
Le Diacre Laurent connu pour être le dépositaire et le gardien des trésors de l'Eglise supposés immenses à en juger par l'activité charitable déployée par ce jeune chrétien dans les visites des pauvres qui abondaient dans cette opulente Rome païenne, ne tarda pas à être lui-même arrêté dans l'espoir cupide de lui faire livrer ces richesses cachées. Conduit devant l'Empereur, Laurent fut sommé de livrer séance tenante les trésors de l'Eglise. Le jeune diacre avisé demanda un délai de trois jours pour les rassembler, ce qui lui fut accordé.
Durant ces trois jours Laurent s'empressa de rassembler les aveugles, les boiteux et toute la foule immense des pauvres secourus par l'Eglise, nourris et entretenus par elle. Finalement il les conduisit tous, délégation d'un nouveau genre, jusqu'au Palais de l'Empereur : « Auguste Prince, dit-il. voilà les trésors de l'Eglise : je vous les amène : trésors éternels qui augmentent toujours et ne diminuent jamais, qui se répandent partout et que chacun peut posséder».
Faut-il s'étonner, Monseigneur, que la Charité du diacre Saint-Laurent ait inspiré aux catholiques témouchentois de faire en période de crise économique le geste de charité accompli autrefois par leur céleste patron envers les pauvres de Rome. Ils ont voulu faire mieux que de répandre des charités humiliantes pour ceux qui en sont l'objet. Sur votre conseil ils n'ont pas hésité à entreprendre sans retard malgré la crise économique qui s'annonçait redoutable, à cause même de cette crise la mise en chantier de leur église en projet.
Des sommes conséquentes m'ont été confiées, j'en ai partagé la responsabilité avec un comité dévoué et généreux.
Avec vos encouragements, nous n'avons pas hésité à doubler l'importance du projet prévu au début : aujourd'hui c'est treize cent mille francs que la Charité des seuls témouchentois nous a permis de verser entre les mains de nos accommodants entrepreneurs et architectes sur les dix-huit cent mille que nous leur devons. Le reste viendra, nous en sommes bien sûrs. En tout cas aujourd'hui à tous ceux qui auraient le droit de nous demander : « Catholiques de Témouchent, qu'avez-vous fait pour soulager la misère conséquente au chômage, pour résoudre la question sociale, pour « faire marcher le commerce » embouteillé, oui, qu'avez-vous fait ?
Nous leur montrerions cette belle église groupant dans son enceinte tous ceux qui pendant 14 mois ont travaillé à élever ses murs, ont fourni des matériaux, apporté le travail de leur bras ou de leur cerveau, et nous leur dirions : « Voici les trésors de l'Eglise : les pauvres, les petits, les ouvriers, les chômeurs, les pères de famille courageux et malheureux que nous avons aidés pendant deux hivers et tout un long été à gagner honnêtement leur pain et celui de leur famille.»
Oui, vraiment. Catholiques témouchentois pendant cette crise qui s'atténue heureusement, vous avez fait largement votre devoir et vous l'avez fait utilement puisque vous avez du même coup enrichi votre ville et votre paroisse d'un monument justement admiré.
Dans sa réponse, Monseigneur laissa éclater tout ce que son cœur ressentait de reconnaissance pour Dieu qui avait si bien dirigé les choses et inspiré les décisions depuis le début de i'œuvre. Il montra ensuite comment l'Eglise est inspiratrice de charité sociale et rappela avec à l'appui des exemples illustrés, que seule l'union des cœurs et l'entente mutuelle procure le bonheur et la prospérité des nations et des cités.
A onze heures, dans la salle des œuvres paroissiales, un apéritif d'honneur réunissait autour de Mgr Durand, le clergé, les autorités, les architectes, les membres du Comité, les entrepreneurs, les ouvriers. Des allocutions charmantes de M. l'Abbé Lecat, de M. Danthon, maire, et de Mgr Durand, furent chaleureusement applaudies.
Dans l'après-midi, une manifestation inoubliable s'est déroulée. Un cortège, évalué à plus de douze mille personnes, s'est rendu à l'ancienne église, (Située au bout de la vieille ville.) pour y prendre le Saint-Sacrement le transporter dans le nouvel édifice.
En tête venaient les scouts, puis les petits croisés, les enfants de Marie, les congrégations, de nombreux enfants costumés, représentant des saints et des saintes ; le petit Saint Jean-Baptiste, Jeanne d'Arc, Bernadette Soubirous, Saint-Antoine, une N.-D. d'Afrique très « couleur locale », etc, etc...
Cette multitude ne put, naturellement trouver place dans la nouvelle église pour assister à la consécration de la Paroisse du Sacré-Cœur.
Aucun incident ne dépara cette grande fête. Elle se déroula eu milieu d'une foule recueillie ; en ville toutes les habitations étaient richement pavoisées.
Nous manquerions à notre devoir si nous n'adressions nos félicitations au trop moderne abbé Lecat, dont le zèle, qui rendit possible la construction de l'église, s'exerce si heureusement dans toutes les fonctions de son ministère de paix.
Remerciements du Comité Témouchentois,
Avec quelle magnifique unanimité vous avez tous répondu à notre appel.
Quel bel exemple d'union, d'entente fraternelle vous avez donné à la foule des étrangers accourus de partout pour assister à nos fêtes. Quelle forte impression ils ont tous emportée de ce qu'ils ont vu dimanche dernier. Nous ne saurions trop vous féliciter de votre discipline, de votre calme, de votre bon esprit respectueux, et surtout de votre piété.
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Encore une humiliation
Envoyé par M. Jean Louis Ventura
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Monsieur Macron vient de commettre une faute lourde lors de sa visite au Viêt-Nam. En rendant hommage au dirigeant communiste Ho Chi Minh, le président Emmanuel Macron a franchi une ligne rouge de l'Histoire. Car ce nom, Ho Chi Minh, n'est pas celui d'un artisan de Paix, mais d'un chef de guerre communiste, allié du totalitarisme soviétique et responsable de la mort de milliers de jeunes Français tombés en Indochine pour défendre le drapeau tricolore.
Nos soldats, nos officiers, nos légionnaires, venus des campagnes de France et des rives du Danube, de l'Atlas et du Mekong, ne sont pas morts pour qu'un chef d'État français s'incline devant le buste de leur bourreau. Ils sont morts pour une certaine idée de la France. Une France fidèle à sa mission, une France debout, une France qui respecte ses morts.
Rendre hommage à Ho Chi Minh, c'est renier Dien Bien Phu, c'est oublier les camps communistes, c'est trahir les anciens du Corps expéditionnaire français. C'est, en définitive, piétiner la mémoire de ceux qui, dans la jungle et les rizières, ont combattu pour la France avec courage, loyauté et foi.
Le sang versé commande le respect. L'Histoire commande la mémoire.
Les Français ne doivent pas oublier. Ceux qui ont aimé la France au point de donner leur vie pour elle ont droit à la reconnaissance éternelle de la Nation.
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Splendeurs et Parfums Culinaires de Tunisie
La Cuisine Juive de Gustave.
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Recettes
De Gustave Meinier-Nahum
(recueillies et rapportées par Mme Lyne Sardain-Mennella +)
et de Mme Josiane Rachel Guez-Sultan
( Recueillies et rapportées par M. J-C Puglisi )
Quelques recettes tunisiennes typiques.
- Tagine au poulet.
- Pain maison Gustave ( Khobz el dar ).
- Poule farcie.
- Épaule d’agneau farcie.
Tajine au Poulet :
2 oignons.
2 à 3 belles tomates mûres.
1 à 2 citrons confits.
Pruneaux ( de 2 à 4 par personne ).
100 à 150 gr d'amandes effilées.
1 bouquet de coriandre ( kosbor ).
1 dose de safran. Sel et poivre.
Découper le poulet en morceaux et le faire revenir à l'huile d'arachide.
Retirer et réserver au chaud les morceaux de poulet.
Faire revenir dans la même huile : les oignons finement ciselés + les tomates pelées, épépinées, et coupées en cubes.
Ajouter : les morceaux de poulet + 2 à 3 verres d'eau (pas trop) + la coriandre ciselée + 1 dose de safran + Sel et poivre.
Laisser mijoter de 10 à 15'.
Ajouter : les citrons confits débités en morceaux + les pruneaux, préalablement mis à gonfler dans de l'eau.
Laisser encore mijoter 10 à 15' environ.
Faire griller légèrement les amandes effilées au four et les verser dans la préparation.
Bien mélanger délicatement tous les ingrédients.
Verser dans un plat réfractaire couvrir de papier aluminium et poursuivre la cuisson de 30 à 40' au four thermostat 180°.
Servir accompagné d'un riz nature.
N.B : la sauce doit rester courte en fin de cuisson.
Pain Maison de Gustave
( Khobz el Dar ) :
Ingrédients
1 kg de farine.
60 g de levure de boulanger (1 ½ cubes de levure).
2 + 1 jaune d’œuf frais.
1 tasse à café d'huile d'arachide.
2 cuillérées à soupe de sucre fin + 2 cuillérées à café de sel.
Faire un levain : 250 g de farine + la levure diluée dans de l'eau tiède.
Pétrir une pâte très souple et la garder 2 heures à couvert dans un lieu tiède.
Faire un puits de farine.
Ajouter : le levain + les 2 jaunes d’œufs + le sucre + le sel + l'huile.
Pétrir pour obtenir une pâte souple et élastique : rajouter un peu d'eau tiède si la pâte reste dure.
Laisser monter la pâte 2 heures dans un endroit tiédeur.
Façonner les pains : tresses, petits pains simples ou décorés d'une petite tresse le long de la partie supérieure, galettes...
Les disposer sur une plaque huilée et laisser reposer 1 heure au tiède.
Faire pour décorer, des entailles au couteau et dorer au jaune d’œuf.
Cuire au four 20 à 25' à 180°- thermostat 8.
N.B :
Des petits grains d'anis noirs (Anouch en Arabe ? ) : ou grains de pavot, sont parfois disposés sur la partie supérieure du pain.
Si le pain est réservé au Shabbat on supprime les anouchs et on dispose des grains de sésame qui sont blancs.
La Poule farcie :
Ingrédients
1 belle poule de 1,500 à 2 kg
400 g de blancs de poulet crus.
1 verre à eau de pistaches décortiquées.
8 oeufs frais entiers.
Sel et poivre.
1 Cuillérée à soupe de pétales de roses.
Court-bouillon : les abats et abatis + 1 carotte + 1 à 2 oignons piqués de clous de girofle + sel et poivre.
Petites pâtes : langues d'oiseaux ou autres.
1 jaune d’œuf. Le jus d'½ citron.
Préparation de la poule :
Désosser la poule sans déchirer la peau.
Hacher les blancs de poulets.
Hacher grossièrement les pistaches décortiquées.
Mélanger intimement et faire une farce avec : les blancs de poulets hachés + les pistaches hachées + 4 oeufs entiers crus + 1 cuillérée à soupe de pétales de roses + sel et poivre.
Faire durcir 4 oeufs, les écaler et laisser refroidir.
Étaler bien à plat la poule sur un plan de travail.
Disposer sur la volaille, une première couche de farce.
Aligner les oeufs durs entiers sur la farce.
Couvrir avec le reste de la farce.
Rabattre les côtés et reconstituer la poule.
Enrouler serrée la préparation dans un grand carré de gaze que l'on ficellera.
Préparation du court-bouillon et cuisson de la poule :
Dans une quantité d'eau suffisante mettre : les abats / abatis de la volaille + 1 carotte + 1 à 2 oignons piqués de clous de girofle + sel et poivre.
Porter à ébullition, puis plonger la poule enroulée dans la gaze.
Ajouter de l'eau si nécessaire pour couvrir la volaille.
Laisser cuire à feu doux - environ 1 ½ heures.
Retirer la poule de son bouillon et ôter la gaze.
Enduire d'huile d'arachides ou de tournesol.
Mettre à four chaud 180°- th.7, 30' environ : la volaille doit être bien dorée.
Préparation de la soupe :
Passer le Court-bouillon au chinois.
Dans un bol, battre : le jaune d’œuf + ½ Citron.
Rajouter très progressivement dans le mélange : 1 louche du court-bouillon + oeuf et le citron battus.
Incorporer cette préparation au reste du court-bouillon.
Remettre à feu très doux jusqu'à ébullition.
Ajouter 1 verre à boire de petites pâtes.
Servir la soupe nature.
Découper la poule en tranche et servir à part.
N.B :
- La découpe de la Poule, doit laisser apparaître les tranches d’œufs durs.
- Les tranches ainsi obtenues se consomment chaudes ou froides.
- Pour éviter la coagulation du mélange jaune d’œuf / citron :
1°/ Introduire la louche de bouillon très progressivement.
2°/ Mélanger le contenu du bol au bouillon, en remuant à la cuillère de bois.
3°/ Remettre à feu très doux en continuant à remuer à la cuillère.
Épaule d'agneau farcie :
Ingrédients :
1 Épaule d'agneau ½ désossée de 1,200 à 1,500 kg
La farce :
Mélanger : 3 à 4 oeufs durs hachés + 1 poignée de riz précuit à l'eau salée + 1 hachis d'ail et persil + 1 petite poignée de pistaches grossièrement hachées + pétales de roses en poudre + 2 jaunes d’œuf + sel et poivre.
La sauce :
Mélanger : huile d'olive + eau + 1 cuillérée à café de poivre rouge doux + 1 cuillérée à café de kamoun + 1 cuillérée à café de karouya ( carvi de Hollande ) + le jus de 2 à 3 citrons.
Préparation et cuisson de l'épaule d'agneau :
Farcir l'épaule d'agneau et bien la ficeler.
L'enduire abondamment de sauce.
Disposer la préparation dans un plat réfractaire.
Mettre à four chaud 180 ° C / th. 8 - 45 à 50' environ.
Arroser régulièrement l'épaule de la sauce restante au cours de la cuisson.
En fin de cuisson déglacer si besoin est, avec très peu d'eau.
N.B :
- L'épaule doit être désossée en conservant juste un morceau de l'os du pilon.
- La sauce préparée doit uniquement être utilisée, pour badigeonner l'épaule et l'arroser régulièrement au cours de la cuisson.
- L'épaule se sert découpée en tranches régulières, accompagnée d'un légume au choix ou d'une bonne salade.
Jean-Claude PUGLISI.
de La Calle de France
83400 - HYERES.
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INSANITES
Bonjour, 110 du 1er avril 1934 journal satyrique bônois.
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On aurait pu penser que devant les scandales qui alimentent les chroniques du monde entier, devant ce magma de crimes, d'assassinats et d'escroqueries concertées, il y aurait eu une sorte de vague de pudeur, que les cyniques se seraient terrés un certain temps et on devait espérer un retour de la conscience publique vers les choses saines. Il n'en est rien, du moins dans certains milieux.
La lecture des journaux de Paris nous édifie. Presque tous les organes de la Capitale commentent, sans amabilité d'ailleurs, quelle a été l'attitude, après l'énoncé de sa condamnation, de Germaine Huot, dite d'Anglemont, noblesse de salon particulier.
Cette femme dont la listé des entreteneurs a épuisé la patience du Président des Assises, cette meurtrière au cœur gelé qui n'avait pu trouver une émotion devant M. Causeret, père de celui qu'elle avait assassiné, reprit brusquement son masque de courtisane lorsqu'elle se vit condamnée, en tout et pour tout, à deux ans de prison. On parle déjà, pour elle, de la libération conditionnelle. Dans quelques jours, elle sera rendue à son luxe et à ses amants.
On peut lire dans les journaux parisiens : « Son visage était radieux, ses yeux s'étaient avivés, elle était redevenue jolie ! On lit aussi: « Des messieurs et des dames fort élégants se sont précipités vers elle, l'ont congratulée, félicitée, embrassée au point dit « Le Journal » que le garde municipal de service dut intervenir et on met dans la bouche de ce brave militaire une phrase magnifique: -En voilà assez, c'est dégoûtant et puis c'est pas régulier !. ».
On se demande en quel siècle d'immoralité on vit.
Paris, disons-le, n'a pas le monopole des cyniques, des marlous, des prostituées, des inconscients et des jeunes vieux qui se vautrent dans tout ce qui est malsain. Nous avons ça ici.
Lorsque- Cottenseau réintégrera, entre deux gendarmes, sa bonne ville, en admettant que ce miracle se produise; lorsqu'un jury complaisant ou indulgent lui aura octroyé quelque six mois de prison, à moins que ce ne soit trois, nous espérons bien que ses anciennes relations se précipiteront dans le prétoire pour le congratuler, le féliciter, l'embrasser. Voir plus haut. On aura retrouvé le boute-en-train, le bon rigolo. L'eau de la Seybouse continuera à passer sous le pont et quelques insolents qui baissent tout de même le nez en ce moment, redresseront la crête.
On demanda du phénol pour nettoyer tout çà !.
Pierre MARODON.
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ALGER ETUDIANT
N°24, 1er mars 1924 Source Gallica
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Le Jardin de Shéhérazade
L'Arabie exhale une odeur divine.
HÉRODOTE.
Le jardin délaissé semble empli de mystères.
Dans la vasque de marbre, et comme d'un collier
Tout est calme, et un rêve émane de la terre.
Une fontaine égrène en diamants, un jet.
Un reflet incertain, qui s'étend et ondule,
Irise par instants la surface de Veau.
Dans les arbres l'air chante, accompagnant l'oiseau
Qui dans le ciel nocturne improvise et module...
La nuit vient... et la vie effarée et bruyante
Semble craindre toujours de venir jusqu'ici.
Dans le calme du soir, c'est l'instant indécis
D'un rêve où passerait une amour souriante.
Je m'abandonne au gré du songe nostalgique,
Dans le jardin hanté de spectres d'Orient ;
Tout s'apaise. Et soudain en mon esprit dément,
L'ombre d'une sultane a passé, poétique.
Elle a passé divine et songeuse ce soir,
Ses grands yeux, plus brillants encor que de coutume,
Ravivés par le khôl scintillaient dans le noir,
Sa lèvre se crispait d'un long pli d'amertume.
Distraite, elle est venue auprès du vieux bassin
A la pâle lueur qui filtrait de la lune.
Sur la moire des eaux a flotté le dessin
D'un visage encadré de chevelure brune.
Et son chagrin alors s'est enfui par degrés
Contemplant la beauté de son être de femme.
Le vent sifflait, berceur, balançant les cyprès,
Et grave du parfum qu'ont les roses qui fanent,
Et, l'air était si doux, si prenante la nuit
Que bientôt la Sultane a oublié sa peine ;
Sur les eaux du bassin un sourire réjoui
Ne dit que son bonheur, et sa gaieté sereine.
Un fruit, tombant, brisa le miroir irisé ;
Shéhérazade alors se réveillant du rêve,
Se souvint que ce soir il fallait terminer.
Le Conte que son Maître attendait qu'elle achève,
Et dans l'ombre bleutée où d'étranges dessins
Se formaient imprécis, craintive, diaphane,
Elle fuit apeurée en la nuit où ses seins
Tremblants ont laissé comme une senteur profane,
Le Khalife est couché, sur le divan de soie
Dans la mollesse ardente et fauve des tapis
Où du mauve se meurt, où du rouge chatoie ;
Comme sur un velours des gemmes de rubis.
L'encens monte bleui en de longues spirales,
Où le souffle du vent ligure des dessins,
Des ombres de damnés se tordant en des râles
Ou fuyant poursuivis par des démons malsains.
Tout auprès de son maître, attirante, et câline
Shéhérazade dit le conte merveilleux
Erotique et subtile. Sa bouche incarnadine
Sourit, et l'amour chante en l'éclat de ses yeux.
Quand enfin elle dit la dernière parole,
Elle sent une joie, un étrange bonheur
D'ajouter une nuit à la suite frivole.
Un doucereux plaisir pénètre dans son cœur.
Et tandis que le Chef lui saisissant la taille
Se réveille du rêve et cherche le frisson
Qu'elle mit en son conte. Elle, soudain, défaille,
Pour revivre avec lui, la nouvelle chanson.
Mais c'est le jour suivant, le triste lendemain
Des fêtes de l'amour, du bonheur où l'on sombre
Quand la nuit est passée, et l'encens est éteint
Et quand les yeux pervers ne brillent plus dans l'ombre.
Shéhérazade alors, en songeant au récit
Au conte que le soir il attend toujours d'elle
Sent l'inutilité, le regret infini
De tous les jours enfuis et leur langueur mortelle.
Et dans le vieux palais où la lumière rit,
S'accrochant au hasard des dentelles des marbres
Elle s'en va songeuse et le cœur tout flétri
Vers le jardin muet pour rêver sous les arbres....
C'est là que par un soir, alors que je songeais
Triste et défait aussi dans une rêverie
Je l'avais rencontrée.
Et je garde en mon cœur les étranges clartés
De ses grands yeux brillants. Mais mon âme meurtrie
Ce que serait dans l'ombre, en la lueur bleutée,
En vain cherche à savoir,
Son baiser dans le soir....
HAFIZ EL-KATEB.
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L’ACHABA
ACEP-ENSEMBLE N° 288
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OU DROIT D’ESTIVAGE DES NOMADES
Depuis les temps les plus reculés, les populations sahariennes émigrent chaque année dans le Tell.
Les causes de ces immigrations périodiques ont de multiples raisons et exigences
- Les chaleurs excessives.
- Le manque d'eau pour abreuver leurs troupeaux.
- L’absence de pâturage
- Se rapprocher des marchés afin d'écouler les produits de leurs troupeaux.
Mais aussi, pour certains, un avantage pécuniaire en s'employant aux travaux des moissons.
C'est aussi pour eux l'opportunité de l'achat de céréales, à un prix intéressant, nécessaires à leur alimentation annuelle.
L'achaba est librement consentie, mais leur présence envahissante et souvent dévastatrice rencontre parfois des difficultés du fait de l'extension des surfaces emblavées. Souvent ce sont des sources de conflit avec les propriétaires locaux et même quelquefois entre les différentes tribus. Leurs caÏds respectifs devant montrer toute leur autorité pour calmer les plus vindicatifs. Quelquefois cela ne se règle que par les armes.
Mais l'estivage dans le Tell est une question vitale pour les nomades du Sud et de leurs troupeaux.
L'Administration a eu l'obligation impérieuse d'assumer les moyens d'existence de populations entières. Elle avait aussi le devoir de ne pas tarir la source de richesse que constitue l'élevage des moutons qui représente des sommes considérables pour les exportations de laine, de viande et de bétail sur pied. Elle fut donc amenée à prendre en compte ces mouvements migratoires, les organiser, Ies diriger vers les différentes régions du Tell suivant les conditions climatiques.
D'autre part un mouvement inverse avait lieu régulièrement en hiver, les propriétaires du Tell, envoyaient leurs troupeaux hiverner dans le Sud. Cela ne posait aucun problème majeur vu l’immensité de ces régions du Hodna. Il suffisait simplement de s'entendre avec les tribus locales, payer « le droit de pâturage ».
Le souci des Autorités de régler la transhumance.
Document du 18 mars 1861 - « Mon Général, j'ai l'honneur de vous adresser ci-joint l'état des tentes des nomades qui, selon toute probabilité voudront émigrer vers le Tell, l’état de sécheresse qui règne dans tout le Sahara ne nous permet pas d'espérer pouvoir retenir une seule fraction des nomades du Sud. Les Lakdar, les Ouled Saoula, les Ouled Amor et ouled Bouhadija étaient tous disposés, il y a un mois encore, à passer l'été dans le Sahara parce qu'ils avaient acquis l'expérience l'été dernier que le Tell n'offrait plus assez de ressources pour subvenir aux besoins de leurs troupeaux.. Ces tribus sont maintenant dans I'obligation comme toutes les autres d'abandonner les terres entièrement brûlées par le dernier siroco.
Ce qui presse le plus, c'est l'émigration des nomades Cheraga et Réraba, leurs troupeaux ne trouvent plus rien à manger, tandis que ceux des tribus du Zab Chergui ont encore des moyens de subsistance. Les Ouled Zian et les autres montagnards n'ont pas été compris sur l'état car leur émigration n'a jamais suscité de difficultés à cause de leur grand éparpillement, du manque de troupeaux de chameaux et des relations amicales avec les tribus du Tell où ils sont toujours sûrs de trouver l'asile habituel. »
Témoignages
« Le 19 juin 1861 - M. le Commandant supérieur de Biskra me rend compte que les Ouled Dekri au nombre de 790 tentes, demandent d'émigrer dans la subdivision de Sétif à Ksar-Tir commune mixte des Rhlras, que 300 tentes des Ouled Sassy voudraient aller passer l'été dans le cercle d'Aumale, que le reste de cette fraction environ 100 tentes désire se diriger sur le cercle de Constantine.
J'ai l'honneur, mon Général, de vous demander d'accorder toutes ces demandes, c'est une autorisation de vie que vous donnerez à cette tribu car si elle restait encore quelque temps dans le Sahara, elle perdrait tous ses troupeaux. La sécheresse est devenue telle que leur émigration vers des régions plus tempérées est devenue nécessaire.
L'an dernier, déjà cette tribu a été obligée d'émigrer dans le Tell. »
« Le 17 juin 1862 - M. le Général, j'al demandé à M. le Sous-Préfet de Sétif et aux Caïds de l'arrondissement de Constantine, de recevoir les troupeaux des nomades portés sur l'état ci-joint, qui représente un total de 1.116 tentes. »
« Le 6 avril 1877 - Mon Général, j'ai l'honneur de vous adresser ci-joint, les états d'émigration des nomades du cercle de Biskra pour l'année 1877. Il est nécessaire de mettre ces tribus en mouvement le plus tôt possible. La mortalité est grande dans les moutons, tel indigène qui en possédait encore 2OO, il y a quelques jours, n'en a plus que 100, ceux qui restent se vendent 2 francs. »
« Le 12 avril 1877 - M. le Général, M. le Sous Préfet de Sétif, concernant la demande formée par les Ouled Zekri en vue d'être autorisés à se rendre en estivage aux Eulma de Saint Arnaud m'adresse le télégramme suivant : Après concertation avec M. l'Administrateur des Eulma, le Caïd Ahmed Bey répondant de la tranquillité des nomades, devant prendre les arrangements nécessaires avec les colons et les tribus indigènes locales, je suis d'avis que les Ouled Zekri peuvent venir en estivage, mais en raison de l'état des récoltes et de la pénurie des pâturages, je pense qu'il y aurait un gros inconvénient à autoriser toutes les tentes à arriver en même temps.
Un premier tiers, soit environ 500 tentes viendrait d'abord, le 2ème tiers pourrait arriver dès que le premier serait casé et ainsi de suite. Il serait nécessaire que le Caïd devance I'arrivée des tentes pour les placer lui-même.
Je partage entièrement l'avis du Sous-Préfet et demande donc d'inviter le Caïd Ahmed Bey à se rendre aux Eulma avant le départ des tentes afin de pouvoir procéder à leurs installations au fur et à mesure de leur arrivée. Je donnerai des instructions à M. le Sous-Préfet de Sétif pour que l'Administrateur des Eulma soit présent à cette installation et la facilite, le cas échéant par tous les moyens possibles. ».
Maurice Villard
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LE TEMPS PASSE VITE
Envoyé Par Eliane
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A peine arrivé le lundi et c'est déjà vendredi. …
et le mois est déjà fini…
Et l'année est presque écoulée…
et déjà 40, 50, 60, 80 ans de nos vies sont passés…
Et on se rend compte qu’on a perdu nos parents, des amis,
et on se rend compte qu'il est trop tard pour revenir en arrière …
Alors…
Essayons malgré tout, de profiter à fond du temps qui nous reste…
N'arrêtons pas de chercher à avoir des activités qui nous plaisent…
Mettons de la couleur dans notre grisaille…
Sourions aux petites choses de la vie qui mettent du baume dans nos cœurs.
Et malgré tout, il nous faut continuer de profiter avec sérénité de ce temps qui nous reste.
Essayons d'éliminer les "après" …
Je le fais après …
Je dirai après …
J'y penserai après …
On laisse tout pour plus tard comme si "après" était à nous.
Car ce qu'on ne comprend pas, c'est que :
Après, le café se refroidit … après, les priorités changent …
Après, le charme est rompu …
Après, la santé passe …
Après, les enfants grandissent …
Après, les parents vieillissent …
Après, les promesses sont oubliées …
Après, le jour devient la nuit … après, la vie se termine …
Et après, c’est souvent trop tard…. Alors…
Ne laissons rien pour plus tard…
Car en attendant toujours à plus tard, nous pouvons perdre les meilleurs moments, …
Les meilleures expériences,
Les meilleurs amis,
La meilleure famille…
Le jour est aujourd'hui... L'instant est maintenant…
Nous ne sommes plus à l'âge où nous pouvons nous permettre de reporter à demain ce qui doit être fait tout de suite.
Alors, voyons si vous aurez le temps de lire ce message et ensuite de le partager.
Ou alors, vous le laisserez peut-être pour… “plus tard”...
Et vous ne le partagerez “jamais” …??
BOUCAR DIOUF
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PHOTOS BÔNE
Envoi d'un PPS de 2010
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HIPPISME A ORAN
Pieds -Noirs d'Hier et d'Aujourd'hui - N°198 Juillet-Août 2011
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Deux associations, la Société des courses hippiques d'Oran et I'Etrier oranais, se partageaient pratiquement l'exercice du sport équestre en Oranie.
Cette dernière n'organisait généralement qu'une manifestation annuelle, très suivie (exhibitions et jumping notamment) avec la présence de spécialistes algérois et métropolitains. Se mirent surtout en relief parmi les compétiteurs oranais Mlle Dubus et président Jean Sola. À ces noms il convient d'ajouter ceux des "Amazones" qui firent des débuts prometteurs en avril 1961 lors du jumping d'inauguration du palais des sports d'Oran Mlles J. et N. Aubaniac, E. Diaz, M.T. Puget.
Le mérite du développement de I'hippisme revint principalement à la société des courses hippiques présidée successivement par Grosjean et le docteur Parrès, maire de La Sénia, commune où était situé I'hippodrome du Figuier, propriété de cette association.
Les dirigeants de celle-ci manifestèrent beaucoup de dévouement et de compétence réussissant, jusqu'aux approches de I'exode, à faire de leur hippodrome le rendez-vous dominical de nombreux turfistes oranais et de leur famille dans un cadre coquet, ombragé et fleuri.
Après des débuts très laborieux ils eurent I'habileté d'organiser soit régulièrement des dessertes hebdomadaires soit en train soit en car depuis les villes d'Oran, St-Denis-du-Sig, Ain-Témouchent, Sidi-Bel-Abbès, Mostaganem. En février 1948 ils mirent sportivement leurs installations à la disposition de la ligue d'Oranie d'athlétisme à l'occasion du championnat nord-africain de cross country. Les succès d'affluence ne tardèrent pas. Ainsi au pari mutuel du 21 mars 1948 furent battus les records de mise (196 000 Francs prix Net Wurth, 197 000 Francs prix Sam Williams).
La Société des courses hippiques d'Oran eut I'avantage de disposer d'une large ouverture des colonnes de la presse locale à l'occasion de ses organisations dans les divers hippodromes, d'écuries cotées, (Gaston Mercadier de Valmy - Jacquot Deromy de Mostaganem - Decrion de Sidi-bel-Abbès, Gailing de Saïda, Esclapez Tovar, Jimenez, Bethenod, Chouraqui, Mme Maccio, etc...) de jockeys de valeur : Reviennent le plus souvent en mémoire les noms de Pecqueux, Sahraoui, Mille pour le plat, Hernandez fils, Socias, les frères Jérôme (qui drivait la vedette Frédy Boy) et Marcel Ballesta, pour le trot, du docteur Parrès, en tant que personnalité participant à des courses attelées.
À plusieurs reprises des représentants de I'Algérois et de la Métropole se mêlèrent d'ailleurs aux concurrents oraniens en raison de la considération dont jouissaient les compétitions organisées sur I'hippodrome du Figuier.
Car l'équipement sportif de celui-ci était unique en Afrique du Nord. Il comportait en effet un ensemble de 3 pistes dont 2 très souples et très légères d'où excessivement rapides, à savoir :
1° celle de plat, datant de 1947, mais complètement, refaite en 1951, d'une longueur de 1700 mètres et d'une largeur de 20 mètres avec une ligne droite de 425 mètres, c'est à dire supérieure à celle de la plus grande piste de Longchamp.
2° celle de trot, créée et homologuée à l'automne 1951, développée à I'intérieur de la piste de plat, mesurant 1450 mètres de long sur 20 mètres de large avec une ligne droite de 375 mètres.
3° la 3ème piste, courant à I'intérieur de celle de trot et au centre de la pelouse était prévue pour des parcours de I'ordre de 3500 mètres. Entièrement refaite en 1952, elle comportait 13 obstacles fixes.
Ces installations sportives étaient complétées par 2 tribunes (pavillon et pesage) d'une capacité de plusieurs milliers de places assises et ayant toutes accès sur le paddock, d'une part, et par un parc à voitures pouvant recevoir plus de 500 automobiles, d'autre part.
En 1960, témoignage d'optimisme, des améliorations furent apportées : réfection à neuf des tribunes, dressage d'un immense portique signalant I'emplacement, installation d'une caméra automatique au-dessus du local des juges afin de filmer les arrivées (cas de dead-heat).
Mais ce que méconnaissaient la majorité des Oranais, ne fréquentant I'hippodrome que le week-end, c'était le véritable petit village ainsi créé avec plus de 100 boxes dont les 213 occupés en permanence et où vivaient 7 familles et où une cinquantaine de jockeys et de lads occupaient des chambres contiguës aux écuries.
Outre l'épanouissement apporté à I'hippisme sur le plan algérien, la Société des courses hippiques d'Oran avait la fierté d'avoir intégré une note verte dans une plaine aride. Elle avait ainsi joué un rôle de pionnier moderne.
Paul Oliva
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TRIBUNE LIBRE
L'Effort Algérien N° 347, 8 février 1935
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LE CHEVAL CAMOUFLE
Combien pittoresque l'ingéniosité de ce contrebandier belge qui, pour passer sa marchandise, camoufla un jour le cheval de sa voiture avec la peau d'un cheval de pointure supérieure. Dans l'intervalle de la peau vivante et la pelure d'emprunt, il avait glissé un épais matelas de tabac.
A la frontière, un douanier fait arrêter la voilure, demande au conducteur s'il n'a rien à déclarer, se penche: pour jeter un coup d'œil à l’intérieur en s'appuyant de la main sur la croupe du cheval. Etonné de la sensation qu'il éprouve, il se redresse.
- Mais il est tout froid, votre cheval.
- Qu'est-ce que c'est que cela ?
- Il fait froid aussi, Monsieur le douanier.
- Cela n'est pas naturel.
Le douanier donne quelques coups de canif dans la peau du cheval indifférent à tout ce manège et en fait sortir du tabac.
Le contrebandier fut salé !
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MINISTERE de l’ALGERIE 1987
Envoyé Par M. C. Fretat, pages 19 à 42
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NATIONALISME ET SÉPARATISME
DANS LA REBELLION
Premières réactions.
Nouveaux groupements nationalistes.
Résistances du M.N.A. aux pressions du F.L.N.
Entrée du M.N.A. dans la rébellion.
Antagonisme entre le F.L.N. et le M.N.A.
Adhésion au F.L.N. de l'U.D.M.A. et des Oulama.
Efforts de redressement du M.N.A.
La propagande du M.N.A.
Position prépondérante du F.L.N.
Propagande du F.L.N.
Organisation centrale du F.L.N.
Organisation locale du F.L.N.
Le F.L.N. et l'opinion.
Premières réactions.
Les événements du 1er novembre 1954 donnèrent lieu à une réaction immédiate dirigée contre les auteurs même des attentats et contre ceux qui en furent alors considérés comme les instigateurs, c'est-à-dire les dirigeants nationalistes du M.T.L.D., de la tendance Messali ou de la tendance Lahouel.
Le M.T.L.D. fit l'objet d'une décision de dissolution ainsi que ses organisations satellites, dès la première semaine de novembre.
En fait, la plupart des militants du M.T.L.D.-P.P.A. qui n'avaient pas été intégrés aux groupes d'action du C.R.U.A., furent eux-mêmes surpris par ces événements. Ils adoptèrent dès lors une attitude de totale réserve, voire d'indifférence affectée.
Quant à l'U.D.M.A. et l'Association des Oulama, qui n'avaient jamais envisagé l'éventualité d'une telle situation et qui étaient demeurées absolument étrangères à la préparation et au déclenchement de l'action violente, elles observèrent une position d'extrême prudence, tout en réaffirmant leurs sentiments nationalistes et leurs positions doctrinales antérieures.
Aussi l'activité proprement politique des « nationalistes traditionnels » fut-elle considérablement ralentie, alors que l'insurrection armée se développait, désormais soutenue, sur le plan politique, par l'action du Front de Libération Nationale (F.L.N.).
Nouveaux Groupements Nationalistes
En effet, l'une des conséquences essentielles de l'insurrection réside dans l'apparition de nouveaux groupements nationalistes extrémistes.
Dès le 1er novembre 1954, en même temps qu'était diffusé par les auteurs des troubles un tract de l'« Armée de Libération Nationale », un texte politique fut distribué, signé du « Front de Libération Nationale », qui s'affirmait étranger à toutes les organisations politiques existant en Algérie et prétendait ne se réclamer d'aucune personnalité politique algérienne.
Les instigateurs de la rébellion armée, menée au nom de l'« Armée de Libération Nationale » (A.L.N.) avaient conçu la nécessité de fournir à celle-ci un soutien politique, d'où la création du « Front de Libération Nationale » (F.L.N.). Ce dernier devait être l'expression politique dans laquelle étaient appelés à se fondre les partis nationalistes pour soutenir l'Armée de Libération Nationale, force armée contre la France.
Les responsables de l'insurrection espéraient que tous les nationalistes n'auraient d'autre solution que de faire cause commune avec eux.
Cependant, Messali et ses anciens partisans de l'ex-M.T.L.D.-P.P.A. n'étaient pas disposés à se laisser intégrer et à entériner une action dont l'initiative leur avait échappé.
Aussi, en France comme en Algérie, le conflit se poursuivit et les messalistes regroupés au sein d'une organisation intitulée « Mouvement National Algérien » (M.N.A.) tentèrent de reprendre leurs troupes en main.
Résistances du M.N.A. aux pressions du F.L.N.
Les réticences des messalistes à l'égard des dirigeants du F.L.N. gênaient les projets de Ben Bella et de ses amis ainsi que de l'Egypte. Aussi cette dernière multiplia-t-elle les pressions sur les représentants des partis nationalistes au Caire jusqu'à ce qu'elle obtînt, le 10 février 1955, l'adhésion de tous au Front de Libération Nationale, y compris l'U.D.M.A. et l'Association des Oulama.
Mais en Algérie, les mesures de sécurité atteignaient sévèrement les membres de l'ancien C.R.U.A. qui agissaient maintenant sous l'étiquette du F.L.N. avec l'appui de tous les militants qui les avaient rejoints par attrait de l'action directe.
De ce fait, la position du M.N.A. et de Messali s'affermit. Et au Caire, Mezerna et Chadli Mekki, qui représentaient le M.N.A., retrouvèrent une position assez forte pour quitter le Front de Libération Nationale, le 13 mai 1955, suivis par les représentants de l'U.D.M.A. et de l'Association des Oulama, et constituer un nouveau bureau indépendant.
En fait, si le M.N.A. était largement et solidement implanté en Métropole, dans les cadres organiques de l'ancienne fédération de France de l'ex-M.T.L.D., son influence en Algérie était beaucoup plus faible.
Le F.L.N., par contre, dont la position était faible en Métropole, dominait le séparatisme en Algérie ; il était surtout le seul à mener et contrôler l'action armée, tant dans les villes que dans les campagnes.
Entrée du M. N. A. dans la rébellion :
Aussi, le M.N.A., afin de conserver ses troupes qui voulaient se lancer dans l'action violente et, de ce fait, menaçaient de glisser peu à peu vers le F.L.N., jugea opportun de passer à son tour à la lutte armée.
Cette étape fut franchie. En juillet 1955, ou des attentats terroristes commencèrent à être organisés par le M.N.A. dans quelques villes.
Depuis, de nombreuses cellules terroristes M.N.A. ont été constituées
— et souvent découvertes et anéanties — dans différents centres urbains.
Le M.N.A., qui avait ainsi mis fin au monopole du F.L.N. en matière de terrorisme urbain, voulut également concurrencer son rival dans le domaine de l’«action militaire » menée par les groupes armés, et chercha à mettre sur pied des maquis de son obédience. Les résultats obtenus jusqu'ici ne sont pas très importants : quelques bandes dépendant du M.N.A. existent dans les départements de Médéa et d'Orléansville, une partie des Territoires du Sud ainsi que dans certaines régions du Constantinois.
Antagonisme entre le F.L.N. et le M. N. A. :
L'hostilité entre le F.L.N. et le M.N.A. devint donc irréductible et s'est traduite sous des formes multiples tant en Métropole qu'en Algérie : guerre de tracts injurieux et pamphlets, agressions et assassinats d'éléments adverses, combats meurtriers entre bandes rivales dans les djebels, etc...
Au Caire, à l'instigation des responsables du F.L.N., Mezerna et Chedli Mekki, représentants du M.N.A., furent appréhendés et incarcérés par les autorités égyptiennes en juin 1955. Cette décision intervint probablement lorsque les gouvernants égyptiens comprirent que l'opposition des messalistes, obstacle majeur à leur projet, ne pouvait ètre réduite.
Adhésion au F.L.N. de l'U.D.M.A. et des OULAMA :
Face à cette situation, l’U.D.M.A. et l'Association des Oulama, au lendemain du 1er novembre 1954, avaient commencé par observer une attitude d'expectative prudente. Si leurs représentants au Caire avaient adhéré, le 10 février 1955, au Front de Libération Nationale, en Algérie, l'action de ces groupements était restée des plus réservées.
Néanmoins, cette attitude se modifia peu à peu devant l'extension progressive de la rébellion, en raison de la poussée des éléments de base que le spectacle de l'action violente exaltait et aussi des multiples pressions du F.L.N.
C'est ainsi que les cheikhs affiliés à l'Association des Oulama magnifièrent publiquement l'action des hors-la-loi, tandis que Ferhat Abbas prit contact avec certains chefs du F.L.N. et que quelques dirigeants Oulama envisagèrent de prendre directement part, désormais, à la lutte armée au côté des rebelles. Lorsque le F.L.N., en décembre 1955, entreprit une campagne de démission de tous les élus musulmans, l'U.D.M.A. donna son accord et s'efforça d'aider par tous les moyens au succès de cette campagne.
Au cours du mois de janvier 1956, le Front de Libération Nationale au Caire recevait l'adhésion totale de l'U.D.M.A. et de l'Association des Oulama d'Algérie. Ainsi Ferhat Abbas opta définitivement pour le séparatisme et l'emploi de la force dans la lutte contre le « colonialisme français » Dans l'Association des Oulama, la prépondérance de la tendance extrémiste, favorable à l'action violente et à un appui total aux rebelles, s'affirmait.
Enfin, Ferhat Abbas rejoignit, le 7 avril 1956, les leaders séparatistes du F.L.N. au Caire, où, au cours d'une conférence de presse spectaculaire, il proclama son adhésion totale et sans réserve au Front de Libération Nationale et annonça la disparition de l'U.D.M.A. Depuis lors, il a déployé une activité particulièrement intense, se déplaçant sans cesse dans tous les pays du inonde (ainsi que les autres dirigeants de l'U.D.M.A. partis à l'étranger) pour soutenir la cause du F.L.N. et organiser les moyens propres à assurer son succès. De même, des dirigeants importants de l'Association des Oulama d'Algérie, comme Toufik El Madani ou Bencheikh Hocine, s'installèrent définitivement au Caire.
Dès lors, l'U.D.M.A. et l'Association des Oulama d'Algérie ont modelé leur comportement sur celui du F.L.N. et se sont assimilés en tous points à ce dernier mouvement, non seulement sur le plan doctrinal, mais aussi dans le domaine de l'action directe à laquelle participent effectivement les membres de ces groupements (complicité avec les éléments des bandes armées, diffusion de consignes, organisation de grèves et manifestations de masses, etc...).
Ces éléments nouveaux ne pouvaient que renforcer la position du F.L.N. qui bénéficiait, en outre, de l'aide de l'Egypte et de tous les autres pays arabes, alors que le M.N.A. se trouvait désormais isolé et privé de tout appui étranger.
Efforts de redressement du M.N.A
C'est sans doute cette disparité des forces qui poussa le M.N.A. à formuler, dès février 19à6, par voie de tracts, un appel à l'union qui constituait une offre de réconciliation avec le F.L.N., que ce dernier rejeta d'ailleurs aussitôt de façon catégorique et méprisante, par la voie d'un autre tract. Malgré ce refus, le M.N.A. diffusait de nouveaux textes, reprenant ses propositions et présentant « l'union » comme « un impératif auquel personne ne saurait se soustraire... ». Mais toutes ces tentatives échouèrent totalement et l'antagonisme aigu entre les deux organisations subsista.
Le M.N.A., qui s'est installé dans les anciennes structures qu'avait mises en place l'ex-M.T.L.D.-P.P.A., redoubla alors d'effort dans le domaine de la propagande. Celle-ci est menée essentiellement à l'aide de son organe de presse clandestin « la Voix du Peuple », de son « bulletin intérieur » et de tracts abondamment diffusés en Métropole, mais de façon plus restreinte en Algérie. Le M.N.A. publie aussi souvent des communiqués dans l'hebdomadaire du parti communiste internationaliste (trotskistes) « La Vérité » et bénéficie enfin du soutien de l'hebdomadaire « Demain ».
Afin de tenter d'étendre son influence, le M.N.A. a créé l'Union Syndicale des Travailleurs Algériens (U.S.T.A.), destinée à regrouper les travailleurs musulmans dans une organisation légale qui soit en mesure de les contrôler étroitement et d'en faire des troupes au service du mouvement clandestin. Cependant, si en Métropole l'U.S.T.A. bénéficie encore d'une influence certaine, en Algérie elle est pratique-ment inexistante. Dans l'un et l'autre territoires, elle subit, en effet, la concurrence vigoureuse de la centrale ouvrière rivale créée par le F.L.N., l'Union Générale des Travailleurs Algériens (U.G.T.A.), qui a réussi à l'éliminer sur le plan du syndicalisme international en se faisant seule agréer au sein de la Confédération Internationale des Syndicats Libres (C.I.S.L.).
En fait, le M.N.A. ne constitue une véritable force politique qu'en Métropole et dans certains pays étrangers où vivent d'importantes colonies nord-africaines (Belgique notamment). En Algérie, son audience est faible et ne subsiste que dans quelques régions et dans certains milieux des grands centres urbains.
Le deuxième semestre de l'année 1956 a été marqué par un déclin sensible du M.N.A., même en Métropole. Désireux d'être rangés parmi les « interlocuteurs valables » ses dirigeants furent amenés à consentir des concessions doctrinales, ce qui permit au F.L.N., qui raidissait au contraire son attitude, d'amener à lui de nombreux messalistes.
La propagande du M. N. A.
A l'approche du débat sur la question algérienne lors de la dernière session de l'Assemblée générale de l'O.N.U., le M.N.A. entreprit un vaste effort de redressement. Il organisa à cette occasion une campagne de presse de grande ampleur pour préciser son programme. Moulay Merbah, son secrétaire général, et Abed Bouhafa, son « représentant » à New York, déployèrent une intense activité avant et pendant la session. La motion votée par l'Assemblée générale permit au M.N.A. de publier un communiqué de victoire et d'affirmer une nouvelle fois son désir de voir s'ouvrir des conversations avec le gouvernement français. Estimant que des possibilités de négociations et d'élections apparaissent, il a encore accentué ses efforts. Il diffuse largement, en Métropole comme en Algérie, depuis quelques semaines, journaux et tracts, développant son programme et attaquant les « pseudo-patriotes du F.L.N. ». En même temps, il intensifie la lutte violente contre les membres de l'organisation adverse, tandis que les quelques bandes armées qu'il contrôle en Algérie se manifestent également de façon plus sensible.
Position Prépondérante du F.L.N.
Toutefois, malgré cette activité, l'emprise du complexe F.L.N.-A.L.N., reste prépondérante.
C'est qu'au cours de l'année 1956 et du premier semestre de l'année 1957 le F.L.N. n'a cessé de développer son activité en Algérie, utilisant la violence pour s'imposer aux populations musulmanes.
Son appareil terroriste, malgré les coups sévères que lui portent sans cesse les forces de l'ordre, a continué sa besogne criminelle dans tous les centres urbains, en particulier les grandes villes comme Alger, Oran, Constantine, Bône, etc... Dans les campagnes, l'Armée de Libération Nationale a entretenu un climat d'insécurité et de terreur destiné à entraîner la soumission totale des Musulmans.
Afin de mettre en évidence cette docilité de la population et d'habituer celle-ci à obéir aveuglément à leurs directives, les responsables da F.L.N. ont multiplié les mots d'ordre et consignes divers : boycottages, non-fréquentation des établissements scolaires, interdiction de tous rapports avec l'administration française, etc...
En Métropole, le F.L.N. décida d'éliminer le M.N.A. par la force. Il a constitué des « groupes de choc » chargés de rallier à sa cause les militants adverses, sous la contrainte. De là, des heurts sanglants entre commandos rivaux. Manifestant en outre un extrémisme intransigeant, il a su s'assurer, au détriment du M.N.A., une influence croissante parmi les Musulmans résidant en France ainsi que dans les pays voisins.
Désireux de marquer par un véritable coup d'éclat l'ouverture de la discussion du problème algérien devant la dernière Assemblée générale de l'O.N.U. et d'effacer l'impression profonde qu'avait provoqué, quelques mois auparavant, la capture de Ben Bella et de quatre de ses complices, le F.L.N. décida d'organiser à cette occasions une grève générale de huit jours qui devait, dans l'esprit de ses promoteurs, prendre un caractère insurrectionnel sur l'ensemble du territoire algérien et se terminer par la défaite définitive de la France. Mais cet espoir fut déçu et l'action préparée par le F.L.N. connut un échec total, auquel vint s'ajouter l'échec subi également par les séparatistes devant l'O.N.U.
Ces graves revers provoquèrent un découragement profond parmi les militants et les rebelles, ce qui amena toi ralentissement notable de l'activité du F.L.N. à partir du mois de février 1957. Cependant, grâce aux encouragements et aux puissants moyens matériels reçus de l'étranger, le F.L.N. paraît actuellement retrouver une nouvelle vigueur, et dans l'immédiat, une de ses préoccupations majeures est d'empêcher le succès de la réforme entreprise par les pouvoirs publics en interdisant la participation des Musulmans au fonctionnement de tous les organismes mis en place (délégations spéciales, commissions administratives provisoires des départements, assemblées régionales) et en assassinant les personnalités qui passent outre à cette défense. L'autre souci du F.L.N. est d'« internationaliser » le problème algérien pour amener l'Organisation des Nations Unies à imposer à la France une solution conforme aux vœux des séparatistes : à cet effet, ses leaders réfugiés à l'étranger multiplient les interventions et démarches de toutes natures auprès des gouvernements des autres pays et des organisations internationales.
Propagande du F.L.N.
Sur le plan de la propagande, le F.L.N. ne le cède en rien au M.N.A. Il possède un organe de presse clandestin, « Résistance Algérienne », qui est publié en deux éditions de langue française (« édition A » pour la fédération de France du F.L.N. et « édition B » pour l'Afrique du Nord) et une édition en langue arabe. Par ailleurs, une brochure ronéotypée intitulée E1-Moudjahid » est diffusée périodiquement : cette dernière traite autant des problèmes politiques que des «exploits de l'A.L.N. », tandis que le journal précité s'attache moins à l'aspect utilitaire de la rébellion et se consacre davantage aux questions politiques qu'il développe sur un ton de vive polémique.
Le F.L.N. diffuse enfin très fréquemment en Métropole et surtout en Algérie des tracts nombreux et dont le contenu est très varié : justification de l'action des rebelles, exposé de la doctrine du F.L.N., condamnation du « colonialisme français », dénonciation des « atrocités » des forces de l'ordre, « faits d'armes » des hors-la-loi, appels divers aux Européens d'Algérie, incitation à la désertion des membres des forces de l'ordre, critiques acerbes contre le M.N.A., émission de mots d'ordre et consignes, etc...
Pour soutenir son action et quelquefois lui servir de couverture légale, le F.L.N. a créé plusieurs organisations : l'Union Générale des Travailleurs Algériens (U.G.T.A.), rivale victorieuse de l'U.S.T.A. des messalistes, l'Union Générale du Commerce Algérien (U.G.C.A.), syndicat patronal groupant les commerçants et artisans musulmans, l'Union Générale des Etudiants Musulmans d'Algérie (U.G.E.M.A.).
Toutes ces Unions constituent autant d'instruments efficaces dont le F.L.N. use largement pour diffuser ses mots d'ordre, imposer le respect de ses consignes, organiser les manifestations de masse et grèves par lesquelles il entend démontrer que la masse musulmane lui apporte un appui unanime. En fait, bien souvent les membres de ces organisations n'y ont adhéré que sous la contrainte et par peur des représailles violentes et le nombre de civils musulmans exécutés par le F.L.N. prouve que les masses ne le suivent pas dans leur totalité.
Organisation centrale du F.L.N
Dans le domaine de l'organisation, la structure du complexe F.L.N.-A.L.N. A subi d'importantes modifications au cours du second semestre de l'année 1956. A la suite de désaccords entre les dirigeants politiques du F.L.N. réfugiés au Caire et les responsables militaires de l'A.L.N. en Algérie, divergences aggravées par l'intégration l'équipe du Caire de transfuges de toutes origines (U.D.M.A., Association des Oulama, anciens «indépendants»), la conduite de la rébellion risquait d'être compromise par des oppositions doctrinales.
Pour éviter ce grave danger, la délégation du F.L.N. au Caire proposa une réunion de tous les chefs politiques et militaires, d'où émanerait une codirection fondée sur le principe d'une direction collective avec égalité de droits entre les leaders repliés à l'étranger et les chefs conduisant le combat en Algérie (c'est-à-dire, en fait, entre le F.L.N. et l'A.L.N.) .
Mais les chefs de l'A.L.N., notamment les dirigeants kabyles, opposèrent à cette initiative un contre-projet dont Krim Belkacem semble avoir été l'instigateur. Ce contre-projet prévoyait la création d'un organisme dépositaire de l'autorité suprême et rejetait formellement la coopération entre deux comités parallèles. Cet organisme dépositaire de l'autorité suprême ou Conseil National de la Révolution Algérienne (C.N.R.A.) disposerait d'un commandement politique et d'un commandement militaire.
C'est sur les bases de ce programme que fut préparée la réunion tenue le 20 août 1956 dans la région de Palestro et à laquelle assistèrent tous les grands chefs de zone de l'A.L.N. La nouvelle organisation de la direction de la rébellion fut instituée par la création du Conseil de Coordination et d'Exécution (C.C.E.).
Le C.N.R.A. est l'organe de direction suprême de la rébellion : il comprend trente-quatre membres dont dix-sept titulaires et dix-sept suppléants, ces derniers étant renouvelés semestriellement. Les dix-sept titulaires comprennent, de droits, les membres du C.C.E., certains chefs de l'A.L.N. et des membres de la « délégation extérieure » du F.L.N.
Le C.C.E. détient les pouvoirs du C.N.R.A. pendant les intersessions de celui-ci. En fait, il est le véritable organisme de direction de la rébellion puisqu'il assume le commandement militaire unifié de et veille à l'unité d'action politique grâce à un « commissaire politique national ».
Organisation locale.
Parallèlement, la direction territoriale a subi d'importantes modifications. L'Algérie est divisée en six « wilayas » (Aurès-Nementcha, Nord et Centre constantinois, Kabylie, Algérois, Oranie, région d'Aumale et Sud).
Chaque wilaya comporte un certain nombre de « zones » ou « mintakas » elles-mêmes divisées en « régions » ou « nahias », lesquelles comportent plusieurs secteurs. A chaque échelon, le commandement est exercé par un responsable politico-militaire disposant d'adjoints respectivement chargés des questions militaires et de l'action politique. Celle-ci incombe plus spécialement aux « commissaires politiques ». Les unités combattantes de l'A.L.N. sont organisées en groupes, section, compagnies et bataillons.
Enfin, dans certaines régions les chefs rebelles s'emploient à implanter une organisation politico-administrative qui est placée sous le contrôle des commissaires politiques et qu'ils s'efforcent de substituer aux services administratifs français. Jusqu'ici leurs tentatives sont restées pratiquement sans effets.
En métropole, au contraire, le F.L.N. ne parait pas posséder une structure parfaitement élaborée.
La « délégation extérieure » du F.L.N. installée à l'étranger ne désigne en réalité que le rassemblement de tous les dirigeants politiques qui se sont enfuis au Caire dès le début de l'insurrection et auxquels sont venus se joindre par la suite divers autres leaders séparatistes. Ce sont ces individus qui mènent, sur le plan international, l'intense campagne de propagande qui tend à établir aux yeux de l'opinion mondiale le bien-fondé des prétentions du F.L.N., à obtenir le soutien moral et matériel du plus grand nombre possible de pays et à amener l'Organisation des Nations Unies à intervenir pour résoudre le problème algérien.
Quant à l'état-major de l'Armée de Libération Nationale, il se trouve installé, depuis novembre 1956, à Tunis, d'où il contrôle et coordonne l'ensemble des opérations rebelles en Algérie.
Le vaste appareil dont dispose ainsi le F.L.N., les appuis nombreux dont il bénéficie, le soutien matériel important qu'il reçoit de l'étranger expliquent la position prépondérante qu'il occupe par rapport au M.N.A., réduit à ses seuls moyens propres et privé d'aide extérieure.
Malgré les coups sévères qui lui sont portés chaque jour par les forces de pacification, le F.L.N. s'efforce de développer son action jusqu'à la réunion de la nouvelle assemblée générale de l'O.N.U., car il espère que celle-ci finira par condamner la France et reconnaître la légitimité des buts qu'il poursuit.
Le F.L.N. et l'opinion.
Le développement de la rébellion d'une part, l'évolution accélérée de la situation au Maroc et en Tunisie, d'autre part, provoquèrent une dégradation de l'état d'esprit des populations musulmanes qui, maintenues par la terreur sous la dépendance totale des bandes arisées, et soumises à une très intense pression psychologique, se laissèrent parfois abuser par la propagande séparatiste.
Dans le but de désorganiser le système administratif français et d'implanter leur propre organisation, les rebelles s'efforcèrent d'éliminer les agents locaux de l'autorité (amine, garde-champêtre, khodja, chef de fraction, caïds, etc...) et en général tous les fonctionnaires musulmans, soit en tes assassinant, soit en tes contraignant à abandonner leurs fonctions sous menace de mort.
Les assemblées élues ne tardèrent pas à être soumises à des pressions analogues, car les séparatistes cherchaient à interdire toute participation des Musulmans à l'administration du pays, afin de prouver l'unanimité des Musulmans dans la lutte contre la France.
Ces faits expliquent l'attitude d'une partie des élus du deuxième collège, qui prit position, dès la fin du mois de septembre 1955, en faveur du nationalisme algérien avec la proclamation, par le groupe dit des « 61 », de l'existence d'une « idée nationale algérienne » au sein des masses musulmanes.
Le revirement de ces élus, jusque-là fidèles à notre pays, ne leur permit pas pour autant d'être accueillis avec faveur par les rebelles, qui continuent toujours de les considérer comme les « valets du colonialisme ». Mais leurs activités et leurs initiatives désordonnés contribuèrent à alourdir davantage le climat politique.
Cependant, dans la seconde partie de l'année 1956, la plupart d'entre eux cessèrent toute activité, d'autant que de nombreuses assemblées élues furent dissoutes pour permettre la mise en place des nouvelles structures administratives envisagées par les pouvoirs publics.
Quelques autres exprimèrent par contre de façon tapageuse leur ralliement au F.L.N., tandis que certains poursuivent encore une action équivoque et obscure.
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POSITION DOCTRINALE
DES GROUPEMENTS SÉPARATISTES
Union Démocratique du Manifeste Algérien
Evolution (1911-1955).
Fusion avec le F.L.N.
Association des Oulama d'Algérie :
Un programme d'ordre religieux.
Adhésion au F.L.N.
Front de Libération Nationale
Doctrine.
Les exigences du F.L.N.
Un avenir imprécis.
Intransigeance du F.L.N.
Mouvement National Algérie :
Programme.
Doctrine.
Attitude vis-à-vis de la France.
Formules de conciliation.
UNION DÉMOCRATIQUE DU MANIFESTE ALGÉRIEN
Évolution (1944 - 1955)
Au début de son activité politique, Ferhat Abbas s'était fait le défenseur des thèses d'assimilation de l'Algérie à la Métropole et d'égalité des droits entre Musulmans et non-Musulmans.
Mais en février 1943, son « manifeste » définissait un programme nationaliste : constitution d'un Etat algérien avec une assemblée élue au suffrage universel, un gouvernement et un drapeau propres, dans le cadre d'une union de caractère fédéral avec la France, la gestion de la Défense nationale et des Affaires étrangères restant confiée à la Métropole.
Le Congrès national de l'U.D.M.A. de septembre 1951 permit l'élaboration d'un programme d'ensemble, fondé sur l'institution d'une « république algérienne démocratique et sociale », avec son gouvernement, son parlement et ses couleurs, niais où la subsistance d'un lien fédéral étroit avec la France n'était plus évoquée. 11 était seulement question d'une « république algérienne associée à la grande démocratie française », étant entendu que les Algériens d'origine européenne auraient leur place au sein du nouvel Etat algérien, au même titre que les Algériens musulmans.
Les réformes immédiates proposées par l'U.D.M.A. devaient réaliser les « étapes indispensables à toute évolution des peuples et des nations ». Des réformes politiques (création d'un gouvernement algérien, égalité de représentation des collèges électoraux, suppression des communes mixtes, séparation du culte et de l'Etat...) étaient associées à des réformes sociales (accession de la jeunesse musulmane à la fonction publique, lutte contre le chômage, scolarisation, enseignement de la langue arabe...) et économiques (industrialisation, réforme agraire, etc..)
II importe de souligner que les dirigeants de l'U.D.M.A., pour la plupart des intellectuels formés à l'école française, n'ont jamais affirmé une intransigeance sectaire et se sont toujours montrés résolument hostiles aux méthodes de violence puni' réaliser leur programme, préférant au contraire les procédés de conciliation basés sur la confrontation pacifique des idées.
L'U.D.M.A. conserva cette même attitude après le déclenchement de l'action violente le 1er novembre 1954.
Mais cette position risquait de compromettre définitivement la situation de l'U.D.M.A. au regard des milieux séparatistes extrémistes, alors que Ferhat Abbas caressait l'espoir de devenir un jour « l'interlocuteur valable » que recherchait le gouvernement français.
Fusion avec le F. L. N.
Aussi celui-ci se rapprocha-t-il progressivement du F.L.N., comme cela a déjà été exposé dans l'étude précédente (nationalisme et séparatisme dans la rébellion), et finit par opérer la fusion U.D.M.A.-F.L.N. en janvier 1956.
Au cours de déclarations faites peu après à des quotidiens métropolitains, Ferhat Abbas évoquait « la puissance du maquis... qui est devenu aux yeux de la population musulmane tout entière l'unique source d'espérance ». Il affirmait que « l'U.D.M.A. avait épuisé tous les moyens pacifiques de règlement du conflit par le dialogue et n'était plus en mesure de contribuer à une solution sans l'accord du maquis... aucune issue n'étant possible sans l'adhésion de l'Armée de Libération Nationale ».
Et après son départ pour Le Caire, en avril suivant, Ferhat Abbas annonçait la disparition de l'U.D.M.A. et son adhésion totale au F.L.N.
ASSOCIATION DES OULAMA D'ALGÉRIE
Un programme d'ordre religieux.
Les buts officiels de l'Association des Oulama d'Algérie sont d'ordre essentiellement religieux et se résument dans les trois points suivants :
- réformer la religion musulmane en la rétablissant dans sa pureté primitive, notamment par la suppression des hérésies et des innovations blâmables qui l'ont altérée ;
- conseiller le bien aux fidèles et les détourner du mal ;
- lutter contre tout ce qui est proscrit par la religion musulmane et raffermir les vertus islamiques.
Sur cette base, les Oulama condamnent les marabouts et les agents officiels du culte, qu'ils taxent d'ignorance et d'incapacité. Ils s'attaquent également au zaouïas, aux confréries et au culte des saints.
Leur doctrine religieuse est celle d'un puritanisme rigoriste et intolérant. Ils prêchent le retour à la foi primitive, exaltant l'orgueil islamique et arabe par le récit complaisant des splendeurs du passé musulman opposé à la situation misérable actuelle des Algériens.
Ils célèbrent le réveil des peuples musulmans, en particulier celui de l'Egypte.
Ils dénoncent les dangers qui, selon eux, menacent la foi islamique et la langue arabe.
A ce propos, ils réclament l'indépendance totale du culte musulman et le droit, pour la communauté musulmane, qu'ils prétendent représenter, de gérer seule les affaires religieuses.
Mais les Oulama conçoivent la religion dans un sens très large. Elle englobe pour eux, non seulement le culte proprement dit, mais aussi l'enseignement de la langue arabe et la justice musulmane.
Dans cet esprit, ils demandent l'autonomie de la justice musulmane, l'officialisation de la langue arabe et le développement de son enseignement ainsi qu'une large diffusion de la culture islamique.
Ce programme religieux et culturel a conduit rapidement les Oulama vers un nationalisme pan-islamique de plus en plus ardent, qui, sur le plan doctrinal, ne les distinguait plus des séparatistes. A leurs yeux, en effet, seule l'indépendance totale de l'Algérie permettrait la réalisation parfaite de leurs objectifs.
Cependant, les Oulama s'efforçaient seulement de procéder par paliers successifs en tentant d'abord de faire aboutir par des voies légales leurs revendications religieuses et culturelles.
Adhésion au F.L.N.
Mais au lendemain des événements du 1er novembre 1951, après avoir hésité quelques semaines, ils ne tardèrent pas à prêcher ouvertement la lutte contre la France, lui conférant le prestige de la « guerre sainte » menée par tous les Musulmans contre l'infidèle.
Et, en janvier 1956, l'Association des Oulama d'Algérie, par la voix de certains de ses dirigeants présents au Caire (Brahimi Bachir et Ben-cheikh Hocine) a apporté son adhésion au Front de Libération Nationale.
La résolution adoptée à Alger, le 7 janvier 1956, par l'Assemblée générale de l'Association traduit bien l'engagement définitif de celle-ci dans la voie du séparatisme extrémiste et la lutte armée contre la France.
Après avoir salué les « Peuples Frères de Tunisie et du Maroc », proclamé la « responsabilité de l'ordre colonialiste devant les malheurs dévorant l'Algérie depuis 1830 » et protesté contre les « ignobles atrocités et actes de barbarie qui sévissent sous prétexte de réprimer la révolte », ainsi que contre les brimades dont serait victime l'Association, la résolution magnifie « les âmes valeureuses tombées dans le martyre de la répression et félicite les « Algériens libres sur lesquels se sont refermées les lourdes portes des prisons ».
Puis le document affirme que toute politique construite sur le rafistolage » du passé réalisé par des « réformes » ne peut ètre qu'une cynique dérision susceptible d'amener le désespoir du peuple algérien à son paroxysme le plus terrible ». La seule solution possible est de reconnaître « la libre existence de la nation algérienne, ainsi que sa personnalité spécifique, son gouvernement national, son assemblée législative souveraine », la guerre ne pouvant par ailleurs prendre fin que par des négociations avec les « représentants authentiques du peuple algérien, légitimement investis dans l'effort de la lutte ».
Tous ces thèmes ont été depuis repris et commentés par les dirigeants Oulama au cours de diverses déclarations publiques, interviews on publications de presse.
FRONT DE LIBÉRATION NATIONALE
Doctrine.
Au moment même du déclenchement des troubles en Algérie, le novembre 1954, un tract signé du F.L.N. était diffusé, précisant les objectifs de cette organisation et son programme politique.
Cette doctrine, simplement complétée par la suite par quelques éléments nouveaux, n'a pas varié depuis et toutes les déclarations, conférences de presse et interviews des leaders du F.L.N., ainsi que les tracts, mémoires et documents diffusés n'ont fait que confirmer ces principes, dont les grandes lignes peuvent se résumer ainsi :
- indépendance totale de l'Algérie par l'institution d'une « république algérienne, souveraine, démocratique et sociale, sur la hase des principes islamiques » ;
- réalisation de l'unité des trois territoires de l'Afrique du Nord, Tunisie, Algérie, Maroc « dans un cadre arabo-musulman ».
Lorsque les richesses minières et pétrolières du Sahara ont été découvertes, le F.L.N. s'est empressé d'affirmer que le Sahara est « partie intégrante de la nation algérienne » et que la mise en valeur de ce. territoire s'effectuera « au sein d'une union maghrébine groupant le Maroc, l'Algérie et la Tunisie pour le meilleur profit des Africains du Nord et du Centre... ».
Les exigences du F. L . N .
Le F.L.N. propose de plus la « plateforme de discussion » suivante au gouvernement français
- « reconnaissance préalable par la France de la Nation algérienne une et indivisible et de son unité territoriale, y compris le Sahara ;
- « reconnaissance par la France de l'indépendance de l'Algérie, sans conditions ni réserves, par une déclaration officielle...
- « libération de tous les Algériens et Algériennes emprisonnés, internés ou exilés en raison de leur activité patriotique, avant et après l'insurrection nationale du 1er novembre 1954 (en particulier de Ben Bella et des quatre autres leaders séparatistes capturés en octobre 1956) ;
- « arrêts des opérations contre les forces combattantes et cessation des poursuites contre les patriotes algériens ;
- « reconnaissance par la France d'un gouvernement algérien provisoire chargé de négocier les conditions du rétablissement de la paix entre l'Algérie et la France et d'organiser des élections dont il fixera la date et les modalités. »
Telles sont les conditions auxquelles le F.L.N. subordonne son acceptation d'un cessez-le-feu en Algérie. Quant aux points de négociation, ils porteraient principalement sur le transfert des compétences et sur les formes d'assistance et de coopération française dans les domaines économiques, monétaire, social et culturel.
En contre-partie, le F.L.N. donne les assurances ci-après :
- « les intérêts français culturels et économiques honnêtement acquis seront respectés ainsi que les personnes et les familles
- tous les Français désirant rester en Algérie auront le choix entre leur nationalité d'origine (dans ce cas ils seront considérés comme des étrangers), et la nationalité algérienne (dans ce cas ils seront soumis aux droits et devoirs de tous les Algériens) ;
- les liens entre la France et l'Algérie seront définis sur la base de l'égalité et du respect de chacun.
Un avenir imprécis.
En ce qui concerne le régime futur de l'Etat algérien indépendant, le F.L.N. ne possède pas de programme véritable. Id précise toutefois que « cette question relevant exclusivement du peuple algérien, l'Algérie sera une république démocratique et sociale, fondée sur la liberté individuelle et sur l'égalité de tous les citoyens ».
Certains chefs rebelles tels que Ouamrane et Abane Ramdane estiment que l'Algérie devra être soumise, au moment de la proclamation de l'indépendance, pendant trois ou quatre ans, à une dictature militaire exercée par les dirigeants actuels de l'Armée de Libération Nationale. La brochure « El-Moudjahid » du mois de septembre 1956 notait, de son côté : « La démocratie en Algérie... doit revêtir un caractère social, avec un pouvoir exécutif fort et présentant toute garantie contre tout pouvoir personnel... La justice sociale, qui est le fondement des institutions, est étroitement liée au développement du pays dont la reconversion est basée sur le caractère national... Aussi seront mises en oeuvre des réformes agraires dans le domaine agricole, et l'utilisation maximum, en matière industrielle, des possibilités de l'Algérie et du Sahara. A cet effet, l'indépendance politique devra ouvrir la voie à un plan économique qui exigera la discipline des citoyens et un exécutif renforcé...
Le programme exposé par M. Guy Mollet lors de son investiture en qualité de président du Conseil des ministres au mois de février 1956, fut aussitôt condamné par les chefs du F.L.N. au Caire.
Intransigeance dU F.L.N. :
Dans un tract diffusé peu de temps après, le F.L.N. critiqua violemment la politique algérienne définie par le président du Conseil français, refusant toute idée de compromis et engageant les Algériens à se préparer à une lutte longue et dure, car « tous les Français, à de rares exceptions près, sont peu ou prou colonialistes et aucun gouvernement français, qu'il soit de droite, du centre, de gauche ou d'extrême gauche, n'accordera à l'Algérie l'indépendance tant que l'Armée française n'aura pas subi un nouveau Dien Bien Phû ».
La « déclaration d'intentions » sur l'Algérie faite par M. Guy Mollet en janvier 1957 s'est heurtée à la même intransigeance et a été immédiatement et formellement rejetée.
Yazid M'hamed, parlant au nom du F.L.N., affirma que cette déclaration n'apportait rien de nouveau et ne comportait aucune ouverture pour un éventuel règlement du problème algérien. D'ailleurs, ajouta-t-il, le nouvel état-major de l'A.L.N. a pris la résolution de s'abstenir d'entamer tous pourparlers avec la France avant la proclamation solennelle par celle-ci du droit de l'Algérie à l'indépendance.
Le docteur Lamine-Debaghine, au cours d'une conférence de presse tenue à Tunis le 23 mars dernier, réaffirmait une nouvelle fois cette position. En particulier, il a déclaré que le F.L.N. repoussait le projet d'organisation d'élections en Algérie pour la désignation des « interlocuteurs » du gouvernement français, ces derniers ne pouvant être, à ses yeux, que les chefs du F.L.N. eux-mêmes.
Dans une émission de la Radio du Caire (La Voix des Arabes), le 5 juin 1957, le porte-parole du F.L.N. a déclaré :
- On ne doit fonder aucun espoir sur les gouvernements et les partis en France. Bien que leurs opinions soient partagées sur le plan intérieur, ils sont solidaires lorsqu'il s'agit du problème algérien. Notre seule chance est l'issue heureuse des combats meurtriers ».
M. Abdelamid Mahri, représentant du Front de Libération Nationale à Damas, a déclaré à la presse syrienne, le 17 juin 1957 :
« Nous n'attendons pas du Gouvernement Bourges-Maunoury qu'il suive une politique susceptible de mettre fin à la guerre d'Algérie. Cette guerre ne cessera que si les droits de l'Algérie à la liberté et à t'indépendance sont reconnus ».
- M. Ferhat Abbas, délégué à l'extérieur du F.L.N., a déclaré au journal « La Hoja del lunes », fin juin 1957 : l'Algérie n'acceptera pas de statut français pour les pays de l'A.F.N.
Mohamed Yazid, délégué du F.L.N. à New York, dans une interview accordée le 10 juillet 1957 à la radiodiffusion tunisienne en ce qui concerne d'éventuelles négociations déclare :
« Notre position n'a pas varié et ne variera pas.
Nous n'engagerons pas de négociations avec la France tant qu'elle n'aura pas reconnu l'indépendance de l'Algérie.
En date du 23 juillet 1957, la Délégation du « Front de Libération Nationale » à l'extérieur a fait parvenir aux responsables algérois une note relative aux récents bruits de négociations et au travail effectué par certains délégués du F.L.N. dans les pays étrangers.
Cette correspondance relate en outre :
Seuls les membres du C.C.E. sont habilités, en accord avec ceux du C.N.R.A. pour entamer toutes discussions relatives au règlement du problème algérien.
« De ce fait, vous ne devez en aucun cas prendre au sérieux les informations fantaisistes diffusées par la presse colonialiste. Une active propagande doit être effectuée dans tous les milieux musulmans afin de leur faire comprendre que les dirigeants F.L.N,, conscients de leurs responsabilités n'agissent nullement à la légère ».
«Notre programme est toujours le même et nos précédentes propositions en vue du règlement du problème algérien sont toujours valables pour toutes discussions avec le Gouvernement français ».
M. Ferhat Abbas, dans une interview recueillie par M. Ch. H. Favrod le 26 juillet 1957, pour la Gazette de Lausanne, déclare :
— Je ne suis pas venu au F.L.N. par les mêmes voies que Krim Belkacem, par exemple, qui compte douze années de vie dans le maquis. Mais Krim et moi-même, nous sommes désormais solidaires pour lutter jusqu'à la reconnaissance sans ambiguïté de l'indépendance de notre pays.
— Je viens de vous expliquer que nous nous battons pour être indépendants. Nous ne voulons plus de concessions sur ce principe.
« Nous voulons l'indépendance. Non comme une fin en soi, mais comme le prélude à une entente ultérieure. Chaque jour de cette guerre atroce retarde l'échéance du travail constructif et l'hypothèque. Mais, cotre détermination est plus solide que jamais».
Ahmed Francis et Abderhaman Kiouane sont arrivés le 28 juillet 1957 à Stockholm venant d'Helsinki. Ils étaient accompagnés par M. Abdour Rahman Haleyi, délégué du F.L.N. pour la Scandinavie.
M. Kiouane a réservé pour ses conférences, toutes les déclarations politiques qu'il souhaite faire sur le problème algérien.
A une question d'un journal suédois sur la portée, selon lui, du voyage du Président du Conseil français en Algérie, M. Kiouane a cependant répondu sur-le-champ : « Bourgès échouera aussi totalement que Mollet » (il ne s'agit pas de véritables pourparlers mais d'une tournée coloniale, et, commue Mollet, Bourgès ne verra que ceux qu'il désire rencontrer).
Ainsi voit-on que l'intransigeance du F.L.N. demeure entière et que toutes les solutions proposées pur la France, si libérales soient-elles, ont toujours rencontré la même hostilité systématique.
MOUVEMENT NATIONAL ALGÉRIEN
Programme.
Héritier direct de l'ex-M.T.L.D.-P.P.A., le M.N.A. ne pouvait posséder qu'un programme fondé sur un séparatisme agissant.
Ce programme se révèle cependant moins extrémiste que celui du F.L.N.
Le M.N.A. accepte, en effet, de tenir compte de la présence des Français d'origine européenne en Algérie, et affirme qu'il veut sauvegarder l'égalité des droits et des devoirs de tous, au sein d'un Etat algérien souverain et démocratique. Il assure que son patriotisme est « dépourvu de tout chauvinisme » et qu'il a conscience que l'Algérie s'est enrichie d'éléments nouveaux dont personne ne songe à contester les droits légitimes.
D'ailleurs, dans un tract déplorant l'intransigeance du F.L.N. à son égard, le M.N.A. a déclaré : « Leur ingratitude s'étend, hélas, aux amis du peuple algérien que sont les démocrates français, qui, fidèles aux plus nobles traditions du peuple français, nous ont, avec désintéressement, dévouement et abnégation, toujours apporté leur soutien dans la lutte anticolonialiste. »
Doctrine.
La doctrine du M.N.A. se résume dans les éléments suivants :
- reconnaissance de l'existence de la nation algérienne et de son droit à « l'autodétermination» (ce mot est employé, depuis le mois de janvier 1957, concurremment avec le mot « indépendance» auparavant seul utilisé) ;
- cessation des opérations militaires en Algérie ;
- libération de Messali hadj et de tous les détenus politiques et condamnés emprisonnés ;
- rétablissement de toutes les libertés démocratiques ;
- convocation d'un « Aix-les-Bains algérien » ou d'une « Conférence de la table ronde », où siégeraient les représentants de l'ensemble des groupements nationalistes de toutes tendances et où seraient librement débattues avec le gouvernement français les conditions d'un cessez-le-feu et élaborée une solution du problème algérien, conforme aux principes des Nations Unies ;
- élection par le peuple algérien, sans distinction de race, de sexe ou de religion, d'une « assemblée constituante souveraine », sous le contrôle d'une « commission de bons offices » de l'O.N.U. ; cette assemblée déterminerait le statut de l'Algérie et les relations de celle-ci avec la France.
Attitude vis à vis de la France.
Le M.N.A. estime qu'alors « rien ne s'opposera à l'installation... d'une sorte de république algérienne dans laquelle, tout en tenant compte du fait national algérien, les intérêts français seront sauvegardés ».
Par ailleurs, il affirme lui aussi que « le Sahara est partie intégrante de l'Algérie et le restera ». Mais il propose que, la paix une fois revenue, une coopération économique franco-algérienne s'établisse pour la mise en valeur des richesses du territoire algérien. Le M.N.A. proclame à l'adresse du peuple français : « Notre pétrole, nous ne te le refusons pas, entendons-nous pacifiquement et honnêtement pour l'exploiter. »
Formules de conciliation
Le M.N.A., désireux d'être le principal instigateur de la solution du problème algérien, saisit toutes les occasions pour proposer des « formules de conciliation ». C'est ainsi notamment qu'il a successivement suggéré une médiation de la Yougoslavie et de l'Italie, puis de la ligue arabe, puis du pandit Nehru, puis de l'O.N.U., puis d'une « personnalité étrangère » telle que le docteur Ralph Bunche.
Le M.N.A. n'avait d'autre part pas catégoriquement rejeté les principes énoncés en février 1956 par M. Guy Mollet lors de sa désignation en qualité de président du Conseil des ministres, et avait même déclaré que les propositions de l'homme d'Etat français avaient « fait naître des espoirs ».
De même, il a accueilli avec intérêt certains passages de la motion votée au congrès du parti socialiste S.F.I.O. qui s'est tenu à Lille en 1956 et a commenté favorablement les points de vue exprimés par quelques politiciens français au sujet de l'Algérie.
Cependant, le M.N.A., en janvier 1957, a condamné la « déclaration d'intentions » de M. Guy Mollet, estimant que celle-ci ne répond pas aux « aspirations du peuple algérien », car le règlement du problème algérien ne peut résulter d'une « décision unilatérale du gouvernement français ». Il considère d'ailleurs que la politique suivie en Algérie par le gouvernement de M. Guy Mollet n'a pas correspondu au programme que celui-ci avait primitivement annoncé.
Après le vote intervenu sur l'Algérie à l'Assemblée générale de L'O.N.U. en février 1957, le M.N.A. semble décidé à exploiter les possibilités de négociations qui lui paraissent en découler. Il se déclare prêt à coopérer à la recherche de la « solution pacifique, démocratique et juste » souhaitée par l'O.N.U. à cette fin, il rappelle sa proposition de réunion d'une « Conférence de la table ronde ».
Dans un communiqué publié à Londres, le M.N.A., faisant écho à une mise au point du Quai d'Orsay, déclare notamment : « La France cherche à accréditer la version d'une intransigeance des rebelles en s'appuyant sur des déclarations stupides émanant d'éléments irresponsables qui ne dirigent pas la révolution algérienne, ni du point de vue idéologique, ni du point de vue technique ».
Enfin le 16 août 1957, Mohamed Sadoun, chef du bureau de presse du M.N.A. à Londres, a fait publier dans un journal de Stockholm une lettre de réponse aux interview accordées à ce journal par les émissaires du F.L.N., Kiouane et Francis. Il insiste sur la volonté de négocier du M.N.A. et présente Messali comme le seul interlocuteur valable dans les négociations avec la France.
Ainsi les messalistes essayent à la fois de discréditer le F.L.N. et de montrer leur relative tolérance.
Algérie 1957, ministre de l’Algérie
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HAUT-DAHRA (II)
Pieds -Noirs d'Hier et d'Aujourd'hui - N°199 septembre 2011
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Ses hommes (certains), ses villages, ses vins.
Renault
Renault, Sidi M'Hamed ben Ali, avant et après, créé en 1874, donc le plus ancien des trois villages, nous sommes déjà en Oranie. C'est le général Renault, qui s'illustra dans la pacification de la Kabylie, qui lui a donné son nom. On va mettre en place, ici, les bases d'un important centre de colonisation ; dès le départ, on compte 80 concessions agricoles et 10 lots industriels !
Curieusement, I'emplacement est déjà doté en établissements communaux conséquents. st-ce dû à la proximité ( 5 km ) de Mazouna, ancienne capitale culturo-religieuse du Dahra ?
Les premiers colons arrivent d'Alsace, de Lorraine, du Centre-Ouest, Auvergne, Ariège, Aveyron. On note aussi la présence de quelques familles de notables musulmans. Toujours I'influence de Mazouna ? C'est possible.
Ces pionniers sont donc les tout premiers à devoir mettre en valeur ce coin du Dahra. Ils ne pourront bénéficier d'aucune expérience, et devront découvrir seuls, et à quel prix ! I'orientation à donner à leurs exploitations. Ils auront probablement avec leurs "anciens" les mêmes problèmes déjà évoqués.
C'est pourtant vers la vigne qu'ils vont se tourner" mais, curieusement, avec un certain individualisme puisque I'on va compter 8 à 10 caves particulières dont la capacité variait de 5 à 10.000 hectos. Ce qui n'empêchera d'ailleurs pas la construction de la Coopérative, mais en 1930 seulement : 40.000 hectos.
Indispensable pour un vignoble qui couvre 1.000 hectares dans les années 50. Quelques noms à la base de cette évolution : Messieurs Carrière, Boulenc, Tourrenc, Brochier. Particuliers et coopérateurs entretiennent, nous dit-on, les meilleures relations possibles.
Le Bordj de Renault mérite que I'on s'y intéresse.
Contrairement à celui de Rabelais, lui, totalement excentré par rapport au village - il n'y en a pas à Paul-Robert - celui de Renault se fond dans I'ensemble du bourg.
L'enceinte fortifiée, percée d'une seule porte de pénétration, abritera jusqu'en 1962, l'église, les écoles, la gendarmerie et servira même de logements, certes vétustes, les dernières années, aux employés communaux. L'ensemble du site remarquablement boisé, conserve ce cachet particulier des forts de la colonisation. Renault, avec son Administrateur Principal, était le siège de plusieurs communes mixtes de la région (côté Oranie).
On pourra regretter, à ce sujet, que Rabelais et Paul-Robert, situés, eux, dans le département d'Alger, (devenu d'Orléansville), aient de ce fait, été rattachés administrativement à Ténès, (80 km), alors que tant de liens (intérêts et amitiés) les attiraient à Renault (14 km) – limite départementale oblige.
Le village sera électrifié en 1931, alors que ses deux voisins ne le seront qu'après 1945. D'ailleurs, la supériorité de Renault se traduit dans d'autres domaines, notamment par un tissu fort appréciable de commerçants très diversifiés et d'artisans auxquels on fait appel dans les environs.
Son marché hebdomadaire est également important : EI-Sebt (samedi). En plus des fruits et des légumes, viande de mouton, de chèvre, d'épices, que I'on trouve à Paul-Robert, EI-Had (dimanche), et à Rabelais, EI-Tnine (lundi), on commerce ici, de la bête vivante (chevaux, mulets, ânes). Ne m'a-t-on pas dit, concernant précisément ces derniers, qu'ils étaient acheminés vivants, via Oran, sur Marseille, puis Lyon pour être transformés...en saucissons... d'Arles probablement !
Plus sérieusement, notons que ces trois marchés, intelligemment étalés en fin semaine, non seulement ne se faisaient pas concurrence, mais au contraire trouvaient là un lien supplémentaire, car ils étaient fréquentés et animés par les mêmes commerçants indigènes.
Par ailleurs, sauf retard dans les travaux agricoles, les ouvriers étaient au repos .. el Sebt à Renault, el Had à Paul-Robert, et el-Tnine à Rabelais. C'était.. "n'har el khlass ou souk". « c'étaient les jours de paie et de marché »
Ici, pas de "pétroliers" (Rabelais), pas de " pipiers " (Paul-Robert), mais des religieuses, des Trinitaires arrivées pratiquement avec la colonisation. Elles assureront, les premières années, la scolarisation des enfants, deviendront ensuite assistantes du (des) médecins de colonisation et tiendront, les dernières années, un ouvroir surtout destiné à l'éducation es jeunes musulmanes.
A défaut d'un apport économique, la présence permanente des "sœurs" constituera pour beaucoup, un réconfort appréciable.
A ma connaissance, il n'y a pas de Foyer Rural à Renault, ce fut peut-être dommage, quand on a constaté ce que ces organismes, bien animés, avaient apporté, les dernières années, à ses voisins. Par contre, il y avait une équipe de football qui disputait le championnat d'Oranie, certes en catégorie très inférieure, mais tout de même!
Sachez, pour terminer, que la cloche de l'église de Renault rythme désormais I'horaire monastique des sœurs Bénédictines, au monastère de Font-de-Pertus, au Barroux, dans le nord Vaucluse.
Ils avaient un prénom, ils vont se donner un nom de famille
Dans les années 40, les trois villages obtiennent le label fort convoité de V.D.Q.S. Ils vont désormais jouer dans la cour des grands.
Certes, la nature leur a confié un terroir privilégié, mais cette distinction est une consécration, une récompense logique à de gros efforts, entrepris depuis de nombreuses années.
Choix des cépages, moins productifs, plus sensibles...mais dont la complémentarité a largement fait ses preuves : Carignan 75%, Alicante-Bouschet 10%, Cinsault 15%.
Mais aussi respect des règles propres à la coopération, et désormais de celles qui leur sont fixées par la nouvelle appellation.. depuis la vendange. choix du matériel et méthode de vinification, jusqu'à la conservation. Tout un ensemble de détails que je retrouve dans mes rapports.
(En effet, dans le cadre de mon enseignement agricole, je fais deux stages de vinification : Rabelais 1953, Paul-Robert 1955 )
Ces bases solidement établies chez chacun, on va, faisant abstraction de quelques petites rivalités inévitablement nées au fil des ans, conjuguer sans arrière pensée, ses efforts et tout en conservant sa propre identité, on va créer et lancer : LES VINS DU HAUT-DAHRA.
Un ensemble de plus de 2.300 hectares, susceptibles de Produire 100.000 hectos. En rouge et rosé essentiellement on trouve un homme exceptionnel en la Personne de Marcel Florenchie. Ingénieur des T.P. à la retraite, issu d'une vieille famille de Renaut, resté viscéralement attaché à la glèbe. Au terme d'une carrière bien remplie dans I'administration, il rentre au village et là, va se consacrer désormais à la vie associative agricole. Ses qualités humaines, sa capacité à monter et à présenter les dossiers, son sens de la médiation, vont lui gagner I'adhésion et la considération de tous, sans réserve.
"Oncques n'en avait bu comme y celui". Etant petit, cette devise tirée de qui vous imaginez et qui agrémentait nos bouteilles de Rabelais, m'intriguait. Car j'ai toujours vu de la bouteille chez nous. Certes, on ne la sortait que pour les grands jours, ou l'offrir à quelques amis connaisseurs. D'ailleurs elle était tirée en quantité limitée et essentiellement réservée aux coopérateurs, s'agissait d'un flacon type "Bordelaise" dont le goulot avait été trempé dans la cire qu'il fallait casser à petits coups, délicatement, avant de retirer doucement le bouchon.
Déjà tout un rituel auquel je revois mon grand-père Octave, sacrifier avec un certain respect. J'ignore totalement si, à cette époque déjà, nos voisins en faisaient également à usage interne. Par contre, je pense me souvenir qu'en 48/50, c'est Rabelais qui décide de se lancer dans la commercialisation de la bouteille. Désormais, il va s'agir du flacon type "Bourguignonne". Renault et Paul-Robert vont très vite en faire autant. Nous allons découvrir alors, un marché...une clientèle nouvelle, très différente de celle de la "citerne", mais quel merveilleux outil de promotion.
En 1951, Rabelais consacre à la bouteille, 2.000 hectos (moins de 10% de sa production).
Les investissements de tous ordres sont lourds à mettre en place (à Rabelais, toute cette opération se faisait à la cave coopérative même). Mais cette nouvelle orientation va rapidement s'accélérer. Les vins du Haut-Dahra vont très vite gagner le marché nord-africain (des européens), se faire connaître et apprécier en France métropolitaine.
Une assemblée générale se tient tous les ans, selon un mouvement tournant, dans chacun des trois villages. C'est I'occasion de réunir, autour des Producteurs eux-mêmes, tout ce monde qui gravite, de Près ou de loin, à tous les échelons de l'élaboration à la commercialisation du vin. L'assemblée de 1952, à Paul-Robert, en est I'illustration : tout le gotha de la viticulture en Algérie se presse autour de Philippe LAMOUR, secrétaire général de la toute puissante C.G.A. Française, Président National des V.D.Q.S., homme de grand talent, dont l'autorité et la compétence seront reconnues dans des domaines très diversifiés de I'agriculture française : Aménagement du Territoire, grand ordonnateur du Bas Rhône/Languedoc, (entre autres).
Ce 7 avril 1952 marque la reconnaissance officielle, par la viticulture métropolitaine, de l’identité des VINS du HAUT DAHRA.
J'ai parlé de la complémentarité des cépages, indispensable à la qualité de nos vins. Cette notion va encore se manifester quand il va s'agir des caractéristiques propres à chacun des terroirs du Haut-Dahra.
Je laisserai à la plume de Marcel Florenchie le soin de vous préciser mon propos car cet homme dont j'ai évoqué la grande valeur professionnelle, se double d'un talentueux écrivain, un poète même, il a écrit plusieurs ouvrages sur ce coin d'Algérie qu'il affectionnait tant. Lisez, ou plutôt...goûtez:
".. Les vins de chez nous, qui ne connaît leur haute et originale valeur ? À peu près cent mille hectos : degré, couleur, velouté, moelleux - Puissance et force à Renault - Charme et richesse à Rabelais - Goût du terroir savoureux à Paul-Robert. Trinité de joie et d'incomparable richesse que la terre renouvelle, sans jamais se lasser, pour récompenser l'émouvante fraternité qui unit dans I'effort quotidien acharné, le colon et ses collaborateurs indigènes..." (Algérie, Ma Province).
Ce pourrait être ma conclusion...
Mais je ne résiste pas au désir de vous faire partager une surprise que j'ai éprouvée tout récemment, en 2001. Mon beau-frère, un Paul-robertois bon teint nous présente à table, une bouteille d'Algérie, et, bien plus... du Dahra ! Pas d'erreur, l'étiquette en atteste : cuvée 1995.
Nous le goûtons, le trouvons, surtout moi, tout à fait convenable, peut-être pas à "se mettre à genoux", mais tout de même.. D'autant que j'ai I'impression d'y retrouver un arrière goût indéfinissable qui me rappelle quelque chose d'enfoui en moi...
Peut-être est-ce tout simplement suggestif ? Nous examinons davantage l'étiquette et nous y découvrons :
" ...Qualité des sols, conditions climatiques exceptionnelles, encépagement harmonieux, se conjuguent sur les massifs du Dahra pour que s'y élabore l'un des plus grands crus de I'Algérie. Riche, velouté, parfaitement équilibré, I'un des sept grands vins d'appellation d'origine garantie. .. ",
Ce n'est peut-être pas du "Florenchie", ne serait-ce que par le manque de poésie, mais tout de même, ça rappelle du "déjà lu "... Pour ma part, je suis maintenant convaincu que Bacchus s'est un jour arrêté dans le Dahra, et comme I'on sait que les divinités affectionnent Ies sommets, concluez comme moi, que c'est dans le Haut-Dahra, qu'il s'est définitivement établi.
(Fin)
Jacky Dedebant
Souvenirs de notre paroisse
Retour du front.
En avril 1949 le corps d'un soldat de 1914 arriva à Renault.
L'histoire de ce brave, tué sur le sol de la patrie, le 29 novembre 1914, est bien émouvante. Son fils ne I'a pas connu. Ses restes ont été découverts plus de 20 ans après le combat et identifiés grâce à sa plaque. C'est par une belle journée d'avril, que le cercueil, porté par quatre jeunes hommes du village, parvint à l'entrée de Renault. Par des chemins familiers, le cortège s'achemina vers l'église ; elle était, comme l'avait laissée le soldat trente-cinq ans plus tôt, inchangée. "Dans l'église, le corps fut placé où nous les plaçons tous, là-même où son père et sa mère avaient "été déposés lorsque nous les accompagnâmes, emportant dans la tombe la peine tragique de leur fin d'existence. Circuit plein de tristesse, mais aussi de grandeur que le défunt terminait le jour de son retour au pays natal. Il repose maintenant au bout de l'allée du cimetière, près du rond-point où, au jour des morts, nous nous réunissons tous pour nous recueillir et prier."
Visites pastorales de Mgr Lacaste.
Mai 1952. L'arrivée au village donne un peu I'impression d'entrer dans un vaste monastère dont l'église et son clocher seraient le centre.
Et ce serait un monastère franciscain, à en juger par le jardin presque zoologique du presbytère : des fleurs à profusion, des oiseaux rares et des poissons rouges. L'église, remise à neuf à l’intérieur, complétée d'une tribune, est attirante, et les paroissiens sont venus presque au grand complet participer à la cérémonie.
La petite chorale savamment exercée chante avec art... Les fidèles ont généreusement aidé le pasteur, et pour l'église et pour le presbytère.
Une catéchiste dévouée lui apporte une collaboration précieuse. La Ligue débute, pleine d'espérance...
Mars 1955. Un haut-lieu du diocèse ! Le village domine de vastes horizons. Il est exposé à toutes les intempéries. Et ce matin, le vent siffle dans le petit bordj où l'église est plantée au sommet. Elle est un peu une église martyre. Elle porte les traces du tremblement de terre de septembre. Les réalisations matérielles de la paroisse soulignent une activité qui ne se ralentit pas, une salle paroissiale, un patronage et une grotte de Lourdes qui sera bénite et inaugurée aujourd'hui même.
Mars 1958. Pour la dernière fois sans doute. La cérémonie de confirmation a lieu dans l'ancienne église du bourg, qui va faire place à une église neuve. C'est dans la cave coopérative que la paroisse est réunie et que le président du conseil de fabrique parle en son nom : "Le conseil est en parfait accord avec la municipalité, au moment où vont commencer d'importants travaux de dérasement et de reconstruction qui, en premier lieu, concerneront l'église..,
Mars 1961. Si en 1958, on pouvait lire dans la Semaine Religieuse d'Oran que pour la dernière fois sans doute, la confirmation avait lieu dans l'ancienne église, Monseigneur fut obligé de constater, lors de sa visite pastorale du 11 mars, que rien, hélas!, n'avait changé, qu'il serait encore obligé de célébrer la messe et administrer la confirmation dans I'ancienne chapelle. Le curé ne manqua pas de lui rappeler I'histoire locale des trois dernières années avec les obstacles auxquels s'était heurté le projet d'église... S'il y avait des changements à Renault, ils n'étaient guère survenus que dans les S.A.S., la gendarmerie et l'enseignement, à cause d'une période plus que troublée.
"Heureusement les habitants sont restés sur le Dahra, dans leur bourg, dans leurs champs, et la chrétienté continue..." Mais Renault devait un cierge spécial aux Sœurs de la Présentation, et I'abbé Coquelin ne manqua pas de leur offrir en présence du chef du diocèse : "Que du moins je dise à mère Marie Ligori, à sœur Rose-Marie, à toutes les religieuses y compris sœur Pierre qui vient de nous quitter, mon admiration pour leur oeuvre et mon remerciement pour leur aide.....
D'après un texte de Marcel Florenchie,
Président des associations du Dahra.
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L’ATTRAIT IRRESISTIBLE DU DESERT
Par Maurice VILLARD
ACEP-ENSEMBLE N° 288, juin 2013
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Au temps jadis, je traversais un jour la Méditerranée de Tunis à Marseille. Et j'avais pour compagnon de voyage ce grand homme, grand prêtre, grand évangélisateur, grand convertisseur, grand politique aussi : Monseigneur Lemaître, Archevêque de Carthage et primat d'Afrique.
Toute la journée, Monseigneur Lemaître m'avait fait l'honneur de bavarder familièrement avec moi, me découvrant, à tous les coins de sa causerie, des horizons imprévus, de sages et perspicaces prophéties, dont le temps s'est chargé de réaliser les unes, de confirmer les autres.
« Au soir comme nous étions accoudés côte à côte à la rambarde du paquebot, face à face avec la Méditerranée, que la nuit naissante commençait à sombrer et que de courtes lames déferlantes tachetaient çà et là d'écume dont la blancheur même contrastait avec le fond glauque des eaux. Monseigneur étendit tout à coup son bras vers l'horizon, et me dit : « Voici le désert des marins, il n'est guère moins attirant, moins fascinant que I'autre, le désert des caravaniers et des méharistes. Je suis sûr que les hommes qui ont couru longtemps l'océan doivent garder une nostalgie aussi forte que celle des coureurs du Sahara.
Mais il n'en est pas du tout ainsi, Antinéa, c'est le désert que quête invinciblement un Père de Foucauld, un René Caillé ou un Brazza. Le désert est pour tous ces hommes rares ce qu'est l'aimant pour le fer il y a là un phénomène que bien des gens trouveront inexplicable, mais que j'ai constaté cent fois, et que j'ai subi moi-même.
« Et voilà pourquoi les déserts d'eau ressemblent aux déserts de sable. Une fois marin, toujours marin. Une fois explorateur, toujours explorateur. Une fois solitaire, toujours solitaire. Robinson Crusoé, le jour où il accueillit Vendredi, se trompa sur sa vocation.
Le Bled « el-Ateuch », le pays de la soif. La soif, il faut I'avoir éprouvée une fois au moins pour comprendre toute la réalité, toute l'horreur de ce mot, on marche sous l'ardent soleil de midi.
Depuis longtemps les gerbas vides et flasques pendent lamentablement au bât des chameaux. Avec avidité on a bu jusqu'à la dernière goutte. On marche, on marche toujours. On devrait bien s'arrêter pour prendre un instant de repos, mais il faut de toute nécessité franchir l'étape, arriver au puits. Les minutes sont précieuses. C'est une question de vie ou de mort.
Enfin dans Ie lointain, une toute petite construction en terre sèche, sorte d'édicule voûté protégeant l'eau contre I'envahissement des sables. On marche plus vite le cou tendu par le désir, l'espoir dans l'âme. On « hurlerait de bonheur » si l'on le pouvait. Mieux vaut ne pas gaspiller ses forces. Maintenant le puits est là à deux pas.
Ayant fait baraquer les chameaux et mis, pied à terre, péniblement on s'achemine vers le salut. Avec anxiété on scrute la profondeur où I'eau doit miroiter. Hélas ! Pas une seule goutte, le puits est tari !
L'esprit révolté ne peut admettre une pareille chose, il voudrait nier l'évidence.
Un homme descend dans l'excavation. Ses mains tremblantes ne touchent qu'une fange durcie.
Aller plus loin ? A quoi bon ? Le point d'eau le plus proche est à cent kilomètres et I'on n'a plus la moindre force, Que faire ? Sinon attendre la mort, la mort dans le délire et la folie ; la mort par la soif, la plus dure qui soit !
Pauvres êtres humains perdus dans cette immensité et haletant au milieu des sables brûlants !
Les heures passent terribles. Sans trop savoir ce que l'on fait, on se dépouille de ses vêtements puis, avec obstination on creuse le sol tout près de soi. Parfois, un assoupissement. Entre deux cauchemars, un rêve court et délicieux : « dans une forêt émaillées de fleurs, sous les frondaisons verdoyantes, un clair ruisseau coule paisiblement avec un doux murmure entre deux rives de gazon frais.
Penché sur son miroir limpide, on boit, on boit avidement « goulûment » en plongeant dans cette eau délicieuse le visage et les mains, on boit ! Mais, voici le réveil atroce et brutal et l'on n'a plus dans ses poings crispés que du sable, un sable très fluide qui fuse entre les doigts et qui évoque ironiquement, cruellement, l'eau qui semblait vous désaltérer pendant le rêve ! Halluciné on le regarde, on pleure, on veut crier tout haut sa détresse, mais la voix s'étrangle. Désespoir !
Accablement ! Ah ! De l'eau pour tout I'or du monde. De l'eau même puante et nauséabonde. De l'eau pour dix ans, pour vingt ans de sa vie s'il le faut, mais de l'eau à tout prix !
Dans quelques jours, dans quelques mois peut-être, d'autres voyageurs plus fortunés s'arrêterons en ce lieu, découvriront à demi ensablés, des ossements blanchis. Un moment hochant la tête, ils regarderont avec pitié. Puis, le fatalisme de leur race aidant, ils diront « Mektoub ! c'était écrit ! » et, silencieux, ils s'enfonceront plus avant dans le désert hostile
Tel est le désert. Et cependant on l'aime. On l'aime comme on aime Antinéa vers laquelle on revient malgré ses caprices et sa cruauté savante.
On l'aime comme un marin les flots bleus qui seront peut-être sa tombe.
On l'aime comme une personne très chère, avec passion.
Pourquoi cet attrait, j'allais dire cette vocation du désert ? Car je ne pense pas que ce mot soit trop fort quand il s'applique à un Charles de Foucauld, un Laperrine, un Psichari et tant d'autres sahariens.
C'est que le Désert est en même temps que le pays des forces hostiles, celui de la méditation, du rêve, de l'aventure et de l'action. Le pays aussi de la vertu, de l'héroïsme, où l'homme aux prises avec les éléments et les forces contraires, peut s'élever au-dessus de lui-même dans une perpétuelle tension de sa volonté, qui en fait un être grand. Le Désert forge des caractères.
C'est le pays de l'ascétisme et du renoncement. Le pays qui efface et purifie. Le Désert est une rédemption.
Il est le pays de l'incertitude et donc celui de la prévoyance et du discernement. Le Désert est un éducateur, un maître.
Il est le pays de l'éternité où le temps ne compte pas, où les formes immuablement figées, semblent, nous l dit Psichari, « sortir à peine des mains du Créateur ».
Il est à la fois le pays de l’indépendance et de la soumission totale. Indépendance relativement à toutes nos conventions sociales qui emprisonnent notre vie moderne dans un cadre trop étroit, une étiquette compliquée et qui n'est souvent que mensonges et piperie.
Indépendance vis-à-vis de toutes les mesquineries, les bassesses et les vilenies que nous constatons chaque jour.
Là-bas au Désert, c'est la vie pure dégagée de toute hypocrisie, de tout acte servile et bas. On y vit en beauté.
Bibliographie : M. l'Abbé Chabert
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L’IMPOSSIBLE
De Jacques Grieu
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Il barre les chemins, il fige les élans,
Et son souffle glacé, bloque les plus vaillants.
Sur l’étendue des vœux, il érige des murs,
Et les belles confiances, il transforme en murmures :
« Impossible » est cruel, vexant, dissuasif
Et insinue le doute parmi les moins craintifs…
« L’impossibilité » est l’excuse du poltron
Pour de grandes promesses, justifier l’abandon.
A tous ceux qui l’écoutent, elle transforme en probable
Ce qui n’était au fond qu’un échec concevable.
Ne plus oser tenter fait qu’on finit par croire
Que tout est impossible, que tout est sans espoir.
Pourtant, quand on y croit « l’impossible est possible » :
Il faut juste l’entreprendre ; c’est là le plus pénible.
L’impossible recule devant ceux qui avancent ;
Simplement, cela dure un peu plus qu’on ne pense.
Tout paraît impossible à ceux qui n’essaient pas
Et qui vite se résignent à baisser les deux bras.
« L’expérience », dit le sage, « n’est que grande clarté
Qui n’éclaire de chemin que celui effectué.»
Le manque d’expérience permet à la jeunesse
De tenter l’impossible aux yeux de la vieillesse.
L’impossible est au fond « ce qui ne peut pas être »…
Mais qui est, bel et bien, puisqu’il peut apparaître.
Ecrire sur l’impossible, certes, n’est pas aisé,
Mais j’aurais bien voulu, en ces vers, démontrer,
Que c’est quand même possible quand on est entêté,
Que c’est surtout question de bonne volonté.
Y ai-je réussi ? Ça, c’est une autre affaire ;
Mais j’aurais essayé, sans trop lasser, j’espère …
Jacques Grieu
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Jean Pierre Blanche,
Ie peintre de « L'autre côté »
Pieds -Noirs d'Hier et d'Aujourd'hui - N°199 - Septembre 2011
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"L'autre côté" était le nom de sa dernière exposition d'Octobre 2009.
Il naît à Paris en 1927. En juin 1940, c'est l'exode. Sa famille prend le dernier train en partance vers le Sud : la ville qu'ils ont choisie est Montpellier où vivent de vieux amis.
Il fait ses études au Lycée Jeanne d'Arc dont l'emplacement est aujourd'hui l'entrée du musée Fabre. Dans ce musée, il connaît ses premières émotions artistiques. Il accomplit une première année aux Beaux-Arts de Montpellier, suivie par quatre années dans les ateliers de peinture et de gravure des Beaux-Arts de Paris.
Pendant cette période, il fait de fréquents allers et retours en Languedoc où vit sa mère. En 1947, il fait la connaissance des parents de Vincent Bioulès et de ses proches qui deviendront peu à peu comme une nouvelle famille.
1949 est la date de son premier voyage en Hollande où il se rend en 2 CV avec des camarades élèves-architectes : un voyage effectué pour découvrir la peinture ancienne, la reconstruction de Rotterdam et le Musée Boymans.
Au début des années cinquante, c'est la découverte de la Bretagne. Il est émerveillé par les lumières de cette région où il fera des séjours réguliers qui se poursuivront jusqu'à aujourd'hui. Il voyage également en Corse : lors de son retour à Paris, il remporte le Prix Comté-Carrière en présentant des figures et des paysages réalisés dans la région de Balagne.
En 1955, il reçoit le Prix de la Villa Abd-El-Tif qui donne droit à une bourse et à un séjour de deux années pour peindre et découvrir le Maghreb. Il fait plusieurs expositions à Alger et Bône.
Il est émerveillé par le désert et prolonge son séjour pour mieux appréhender le Sahara. Il fait la connaissance de l'éditeur Edmond Charlot et de ses amis, Emmanuel Roblès, Mohamed Dib et Jean de Maisonseul avec qui il gardera des liens en métropole.
Il retrouve en 1959 les paysages de son adolescence languedocienne. Il fait l'acquisition d'un vieux mas implanté dans la garrigue au milieu d'oliviers, consacre de nombreuses journées à la restauration de ce domaine dont il soigne les oliviers, l'arbre qu'il préfère. Ses amis de Paris et de Montpellier lui rendent visite. Joseph Delteil qui habite le proche domaine viticole de la Tuilerie de Maussane vient le voir de temps en temps.
1960 marque le début d'un séjour de deux ans au Liban avec sa compagne Claire qu'il épouse à Beyrouth. Elle enseigne la linguistique à l'Ecole des Lettres. Il est recruté pour diriger un atelier de peinture à l'Ecole d'Art et se lie d'amitié avec Georges Schehadé.
Au terme de son séjour il fait une exposition commentée par Salah Stétié. Lors de son retour à Paris, il expose ses travaux rue des Saints-Pères à la Librairie-Galerie « Connaître » où il fait la connaissance d'un familier de ce lieu, Lawrence Durrell qu'il retrouve plus tard à Sommières : il tiendra en sa compagnie de longues discussions à propos de la construction des murs de pierres sèches et de la greffe des oliviers. Il arrive à Aix-en-Provence en 1965.
Son épouse est nommée à la Faculté des Lettres. Deux garçons sont nés, Manuel et Guillaume. Aujourd'hui mariés, ses deux enfants demeurent dans le Midi. A compter de 1967, il retrouve fréquemment Vincent Bioulès qui vient d'être nommé enseignant à l'Ecole d'Art d'Aix.
Entre 1913 et 1990, François Bret le recrute pour enseigner le dessin à l'Ecole d'Art et d'Architecture de Luminy.
Depuis 1913, il habite quelques pièces d'une ancienne bastide située dans la proximité d'Aix. Locataire intermittent de cette habitation, André Boucourouchliev fut pendant une décennie son proche voisin. La musique a toujours habité sa vie.
Sa compagne Véronica est musicienne et metteur en scènes d'opéra. Il a longuement parcouru chaque parcelle de la campagne où il vit. Un immense cèdre tricentenaire l'attire particulièrement ; cet arbre est depuis plusieurs années au cœur d'un grand nombre de ses travaux.
De grandes expositions, 2006, 2009..., exposent le talent incontestable de cet artiste.
Alain Paire
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PHOTOS DIVERSES
Envoi d'un PPS de 2010
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TRAITS DE PLUME
De Jacques Grieu
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L’art du trait est un don qui date de toujours ;
Les hommes des cavernes ont tracé ses contours.
À Lascaux, à Cosquer, c’est vraiment traits pour traits,
Que leurs dessins géniaux nous montrent leurs attraits.
De même, un trait d’esprit peut charmer nos oreilles
S’il est court et léger, le propos nous égaye.
Si le trait est trop lourd, excède un certain poids,
D’un trait de caractère il révèle l’emploi.
Ce même trait parlé, mieux que balle tirée,
De blessures vexées peut être incriminé.
Certains traits d’ironie ont causé des suicides,
Qui ne sont dus, parfois, qu’à des traits trop perfides.
« Celui qui trait sa vache aura cheval de trait »,
Dit le dicton normand, obsolète, il est vrai.
Ce trait de caractère est dans la tradition,
Comme un trait de repère aimant les précautions.
N’apprenez à personne à bien tirer à l’arc :
Il vous prendra pour cible à la moindre remarque.
Soit par trait d’éloquence, soit par trait de rancœur ;
Les traits les plus odieux sont parfois traits du cœur.
Quand, en génie civil, le maçon tire un trait,
Pour, avant tout parpaing, tracer droit son muret
C’est un trait de niveau, pas un trait de génie,
Que son métier lui dit de faire en garantie.
Quand un trait de crayon sort des mains d’un artiste,
C’est un trait de couleur, c’est un trait de graphiste.
Mais aussi ce peut être un vrai trait de génie.
Par la beauté du trait l’œil, alors, est ravi.
Manger rabelaisien et boire à la gauloise
Sont des vices partout mais des vertus « françoises »
Le seul vin bien chambré on peut boire à grands traits ;
En France évidemment, on a... le beaujolais !
Pour un dessin d’enfant on cherche des années,
Mais parfois d’un seul trait une idée nous est née.
Comme un trait de chalut remonte le poisson,
Un petit trait de plume apporte une moisson.
Existe-t-il un arc qui, sur notre passé,
Sache tirer un trait pour tout recommencer ?
Trait de scie, trait de plume, il faut les bien tirer :
Pour qu’on n’en parle plus. Et moi, me retirer.
Jacques Grieu
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L'entrée de Bône
par DEPÊCHE DE CONSTANTINE du 6/7 janvier 1952
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L'entrée de Bône par la route de Duzerville va prendre une physionomie nouvelle grâce à la construction d'un passage aérien sur la voie Bône-Saint-Charles
Le chantier placé à l’intersection des routes de Duzerville et de son annexe, prés des deux passages à niveau, est commencé. Il a entraîné une déviation de la circulation :
- L’entrée de Bône se fait par le chemin de l’Abbé Leroy, avant la gare d'Hippone..
- La sortie de Bône par la bifurcation du Pont des usines.
Photo Rebledo.
La création de la ligne Bône-Saint-Charles dont Ies travaux sont entrés dans la phase finale a amené les services des chemins de fer et des ponts et chaussées à entreprendre la construction d'une oeuvre d'envergure à l'entrée de la ville. II s'agit de la suppression des passages à niveau actuels qui encombrent la route de Duzerville comme celle de La Calle, afin de leur substituer un passage aérien dont les harmonieuses dispositions et la largeur imposante vont prêter aux lieux une physionomie entièrement nouvelle, digne de la ville active et prospère que Bône est appelée à devenir.
A trois endroits le rail sera donc enjambé par un ouvrage en maçonnerie : rampes de hauteur et de dimension particulièrement bien étudiées de façon à permettre le libre passage des trains et l'économie de trajet pour les véhicules routiers. Les deux passages de la route de Duzerville viennent d'être commencés. Ils formeront un grand ouvrage aérien comme un gigantesque Y dont les deux branches seront axées sur le pont de Sidi-Brahim et le pavillon de l'Aviron bônois, le pied sur Duzerville. La hauteur atteindra 6 mètres 50 au-dessus des voies et la longueur de chaque rampe sera de 250 mètres.
La première rampe commencera à s'élever progressivement devant les usines de la S.O.L.I.E.P.N.A. pour s'abaisser ensuite et reprendre son niveau normal devant les ruines d'Hippone. La seconde rampe partira également des usines et rejoindra l'annexe de la route de Duzerville devant le pavillon de l'Aviron bônois.
Les branches de cet extraordinaire ouvrage seront à leur départ maintenues par des murs de soutènement puis construites sur pilotis ; des piliers en béton armé formeront tous les six mètres des rangées de trois. La chaussée bordée de trottoirs de 1 mètre et 1 mètre 50 aura respectivement 9 mètres et 11 mètres de largeur.
On prévoit la fin des travaux de la première rampe, celle qu'empruntera la route nationale de Duzerville, pour juin prochain. Date qui coïncidera presque avec l'inauguration du Bône-Saint-Charles fixée provisoirement à fin juillet. Cette oeuvre d'envergure entrera donc dans le cycle des travaux gigantesques entrepris depuis plus de trois ans pour la création de la voie ferrée Bône-Saint-Charles, voie qui va placer notre ville dans le réseau des communications à grand trafic international et ouvrir à notre économie régionale des perspectives nouvelles.
DEPÊCHE DE CONSTANTINE
du 6/7 janvier 1952
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HISTOIRE ALGÉRIENNE.
Gallica : Revue d’orient, 1854-2 ; Pages de 223 à 227
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JOSEPH ET AICHA.
Dans mes excursions fréquentes à cheval aux environs de Sidi-bel-Abbès, j'arrivais un jour à la presqu'île connue sous le nom de Camp-des-Spahis. Depuis que la smala des spahis a quitté ce lieu, il en a conservé le nom, et il est presque entièrement occupé par un village arabe. Les chaours du bureau arabe y logent leurs familles. Cette presqu'île est coupée par un canal d'irrigation qui en fait un vaste jardin. J'arrivais pour traverser ce canal et je trouvai le pont coupé. Un soldat de la légion et un Arabe se trouvant au point où je devais passer, je m'adressai au soldat de la légion ; celui-ci, probablement enfant de la Vistule et ne connaissant que sa langue maternelle, ne répondit pas à ma demande.
L'Arabe m'interpella en très bon français et me dit : Capitaine, le pont a été transporté plus haut.
Surpris d'entendre sous le burnous la langue franque aussi bien exprimée, je témoignai de mon étonnement, et de ma conversation s'ensuivit l'histoire que je vais raconter
« Né dans le département de Lot-et-Garonne, je suis le fils naturel de M. de Saint-G... J'ai quarante-cinq ans ; je n'ai pas de nouvelles de ma mère depuis de longues années, et je ne sais si elle vit encore. Dans un voyage que je fis en France en 1840, j'arrivai pour apprendre la mort de mon père, et la fatalité me priva, à peu d'instants près, de le voir avant ses derniers moments.
« Je suis arrivé à Alger en 1833 comme ouvrier maçon.
En 1836 je devins amoureux d'une jeune moresque de famille riche ; je parvins à la soustraire et à la cacher pendant vingt jours. L'ayant fait habiller à la française, je me décidai à la montrer en public; mon triomphe fut de courte durée. Le même jour elle fut réclamée par l'autorité civile, et, malgré une vive résistance de ma part, je fus forcé de la rendre. Elle rentra dans sa famille ; néanmoins notre liaison ne fut pas entièrement rompue, et, après avoir employé beaucoup de subterfuges je parvins à la revoir de nouveau ; au bout d'un certain temps cette liaison fut définitivement brisée.
En 1847 j'étais contre-maître des travaux du génie à Médéah sous les ordres du capitaine J... C'est à Médéah que commence réellement ma singulière destinée en Afrique.
Aïcha est la fille de Mohamet-Mathar-Bachi, chef de musique du bey d'Oran. Cette famille est originaire de Tlemcen. La jeune Aicha fut mariée à Mascara à l'agha d'Abd-el-Kader, Ahmet-Bougaligha, dont elle a un fils nommé Abd-el-Kader et baptisé sous le nom de Louis. Cet enfant est né l'année de la prise de la smala en 1842.
Aicha fut prise par les Français à l'affaire de la smala, commandée par son mari, qui fut tué sur le champ de bataille. Conduite à Boghar, elle quitta la colonne française sous la protection de l'agha Ouled-Aiett, auquel l'enleva un spahis qui l'entraîna à Médéah.
« C'est dans cette ville que je rencontrai Aicha vivant avec deux compagnes de sa nation. Après de longues difficultés, quoique je parlasse la langue arabe avec une grande facilité, je parvins à adoucir la sauvage humeur d'Aicha, et l'espérance que je pourrais la ramener dans sa famille me la rendit favorable. Je vécus avec elle jusqu'en 1845, époque à laquelle je la conduisis à Alger, où je l'épousai selon le rite catholique, après qu'elle eut été baptisée par monseigneur l'évêque d'Alger. Les deux enfants que j'avais eus d'elle furent également baptisés sous les noms de François et d'Antoine. Ma fille porte le nom de sa mère, et ma, dernière fille, âgée d'un an, sera baptisée sous le nom de Marie et tenue par la femme du colonel B...
Le général L... et madame T.... ont été parrain et marraine de ma femme ; mes enfants ont été tenus par le capitaine P... et par le président de la Cour royale.
Longtemps je fis faire des recherches pour retrouver la famille d'Aicha ; l'Arabe qui s'était chargé de cette mission me trompait, et je ne pue arriver à aucun résultat favorable. Je vivais à Alger, tranquille, heureux dans mes entreprises de travaux du génie ; j'avais une maison à la campagne, je possédais assez d'argent, ma femme était mise comme une Européenne, et nous vivions dans la plus parfaite union.
Le bonheur n'a pas de durée sur la terre. J'ai tout perdu dans la crise d'Alger de 1846 à 1848, et la misère vint de nouveau me visiter. J'avais rompu toute relation avec l'Arabe Mohamet-el-Karoubi, lorsque je m'aperçu qu'il mentait à ses promesses pour me faire retrouver la famille d'Aicha. Bientôt je tombai gravement malade, j'étais pauvre et je ne voyais plus aucune espérance dans cette vie.
« Enfin, aux courses de 1852, la famille des Ouled-Zinn vint à Alger et s'informa d'Aicha ; elle parvint à la découvrir.
« Chatt, frère de l'agha Mouley Abd-el-Kader, et le jeune Kadour, fils de ce dernier, vinrent nous voir et reconnurent qu'Aicha était réellement de leur famille. Ils furent très-surpris de la trouver habillée comme une roumi (chrétienne). Tout en faisant des réserves pour la reconnaître définitivement, Chatt et son neveu me firent beaucoup de promesses pour m'emmener aux Ouled-Ali avec ma femme et mes quatre enfants (Marie n'était pas encore née).
J'étais trop malade pour partir ; à son retour Chatt annonça aux Ouled-Ali qu'il avait retrouvé Aicha. Aussitôt Ben Aouda, frère d'Aicha, partit pour Alger et me somma, de lui rendre sa sœur ; je n'y consentis qu'après être allé au bureau arabe pour m'assurer de l'identité de Ben-Aouda. Ma femme et lui partirent emmenant la petite Aïcha et son frère François. Ben-Aouda me promit tous ses soins pour ma femme et mes enfants ; il me promit un envoi d'argent et des nouvelles prochaines, mais il ne tint nullement sa parole.
«Pour sortir de mes angoisses j'envoyai aux Ouled-Ali un Arabe qui m'était dévoué, afin qu'il me fit connaître le véritable état des choses. Ma femme fut très-mal accueillie comme étant chrétienne ; ses enfants furent maltraités comme fils de chien, son mari injurié, les Arabes manifestant à ses oreilles le désir de me voir mourir.
«Mon messager, très-maltraité, vint trouver le chef du bureau arabe de Sidi-bel-Abbès, qui fit appeler l'agha ; après une vive discussion, celui-ci offrit 500 fr. et une chaîne pour reconduire Aicha au lieu d'où elle était venue.
« Enfin Ben-Aouda revint à Alger et me remit 300 fr qu'il m'avait promis à son premier voyage. Il partit en me disant de le suivre à vingt jours de distance et en m'assurant que la famille viendrait au-devant de moi à Oran.
Nouvelle déception : je ne trouve personne. Après de grandes fatigues et de grandes privations, j'arrive à Bel-Abbès, j'aborde l'agha au café more, et je lui dis à l'oreille : Je suis l'époux d'Aicha. Il ordonne à un Juif de me conduire à l'hôtel de France, recommandant que j'y sois bien traité à ses frais.
Le lendemain 1er janvier 1853, je pars pour le Klour, porteur de deux lettres de l'agha, que je sus plus tard m'être très-défavorables. Elles exprimaient l'ordre de faire partir toute la famille et de la reléguer dans les montagnes. Fort mal reçu, je pus à peine entrevoir ma femme ; mes enfants hâves, déguenillés, malades, m'indiquèrent tout ce que la pauvre Aicha avait eu à souffrir ; ma belle-mère et toute la famille exigeaient impérieusement la cassation de mon mariage, voulant me séparer à tout jamais de ma femme et de mes enfants.
«Après mille souffrances, mille tortures et tribulations qu'il serait trop long de raconter, j'ai dû à la puissante et bienveillante intervention du bureau arabe, ainsi qu'à la sollicitude du colonel commandant la subdivision, ma position d'aujourd'hui : j'ai trouvé le port après l'orage.
C'est pour tâcher de se rendre favorable à la famille d'Aicha, que Joseph et ses enfants ont pris le costume arabe. Sous ce costume Joseph a plus l'air d'un Turc que d'un Arabe. Une grande et belle maison se bâtit pour eux par les soins du bureau arabe, qui a prié MuIey-Abd-el-Kader d'y contribuer. Des terres, un jardin sont donnés à ce chrétien turc. C'est au milieu de sa famille que Joseph m'a conté son histoire. II faut en conclure que la fusion entre les deux religions et les deux races offrira longtemps d'immenses difficultés, tant le principe religieux a de force chez l'Arabe.
M. DE MASS0L.
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MINISTRE de l’ALGERIE 1987
(Envoyé par M. C. Fretat) pages 43 à 66
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ANTAGONISME
ENTRE LE F.L.N. ET LE M.N.A
Les origines de l'antagonisme.
Les programmes différents.
Les appuis du F.L.N.
... Ceux du M.N.A.
La lutte psychologique.
Importance et structure des deux mouvements.
Attentats et combats entre bandes armées.
Lutte d'influence et anarchie.
Lutte dans la métropole.
Propagande à l'étranger.
Le F.L.N. et le M.N.A., issus tous deux du M.T.L.D., poursuivent les mêmes buts : évincer la France d'Algérie et faire accéder celle-ci à l'indépendance totale.
Cependant, ces deux mouvements se livrent à une lutte sans merci, cherchant chacun à se faire admettre comme l'unique représentant du « peuple algérien » et le seul interlocuteur qualifié pour traiter de l'avenir de l'Algérie, devant l'O.N.U.
Les origines de l'antagonisme.
Cet antagonisme trouve déjà ses origines profondes dans les graves dissensions qui ont divisé, l'ex-M.T.L.D.-P.P.A., dès 1952. Comme les événements dont l'Algérie est actuellement le théâtre s'éclairent suffisamment par la connaissance sommaire des manifestations du séparatisme algérien durant ces dernières années, il convient d'évoquer cette période.
Dès 1952, la rupture avec la doctrine de non-coopération avec la France, que traduisait la participation du M.T.L.D. à la vie politique suscita une opposition de la part de certains militants, d'autant que le pouvoir quasi-absolu et très autoritaire qu'exerçait Messali sur le parti, mécontentait de nombreux éléments de l'organisation, notamment les Kabyles.
L'éloignement de Messali dans la Métropole, permit aux militants turbulents de secouer le joug de leur chef. Le comité directeur du M.T.L.D-P.P.A. et le Comité central, dont la plupart des membres, conduits par Lahouel Hocine, avaient été désignés par cooptation, se montraient de moins en moins P.P.A. (ancienne doctrine extrémiste) et de plus en plus M.T.L.D. (doctrine réformiste), au point qu'ils envisagèrent la constitution d'un nouveau parti, le Congrès National Algérien (C.N.A.), dont Messali aurait été exclu.
Le leader, informé du danger, entama, au mois d'août 1953, une campagne contre les traîtres réels du parti, Cette campagne fut marquée par :
- La remise par le Comité Central, le 28 mars 1954 à Alger, de la direction du parti à une « délégation provisoire » chargée de réunir un congrès avant le 15 juillet 1954.
- L'organisation d'un congrès à Hornu (Belgique) du 15 au 17 juillet 1954, au cours duquel furent exclus les adversaires de Messali, conduits par Lahouel.
Ceux-ci ont répliqué par l'organisation, le 15 août 1954 à Alger, d'un Congrès qui déclara sans valeur le Congrès d'Hornu et nulles les décisions qui y avaient été prises, prononçant, au surplus l'exclusion de Messali et de ses partisans.
La rupture était dès lors consommée et des heurts violents (agressions, expéditions punitives) opposèrent les partisans des fractions rivales, notamment en Alger.
Ces dissensions avaient placé à l'arrière plan les activités plus importantes encore du « Comité Révolutionnaire pour l'Unité et l'Action » (C.R.U.A.) qui fut créé en mars 1954 par Ben Bella ancien chef de l'O.S. (Organisation Spéciale), véritable formation paramilitaire. Celui-ci, manipulé par les services spéciaux égyptiens, fit appel à ces anciens compagnons de l'O.S. et notamment à Boudiaf Mohamed, Ben Boulaïd Mostefa, Ben Mhidi Larbi, Didouche Mourad.
La doctrine, du C.R.U.A. proclamait que le parti devait devenir un instrument révolutionnaire et efficace, qui put lutter contre le colonialisme français, avec les partis frères du Maroc et de la Tunisie.
En fait cette doctrine cachait les buts réels de ce nouveau parti, qui se découvrirent seulement le 10 juillet 1954, à l'occasion d'une réunion organisée à Alger par Boudiaf et ses amis. La décision y fut prise d'engager une action armée partout où ce serait possible en Algérie, et une organisation fut mise sur pied, sons le commandement de Boudiaf, divisant le territoire algérien en 6 zones dont chacune fut dotée d'un responsable.
Les mois suivants les dirigeants du C.R.U.A. à l'étranger achevèrent la mise sur pied d'une « Armée de libération Nationale» destinée à déclencher l'insurrection.
Cependant les leaders de chacune des tendances rivales du M.T.L.D.-P.P.A., dont le concours fut sollicité, répugnèrent à se lancer dans une aventure qu'ils considéraient comme prématurée.
Boudiaf décida de brusquer les choses et, quittant l'Algérie pour le Caire, donna l'ordre de passer à l'action le 1er novembre 1954 à 1 heure du matin.
Les conséquences directes de l'insurrection furent la dissolution (lu P.P.A.-M.T.L.D. et la création du «Front de Libération Nationale ». Messali, à son tour, peu disposé à se laisser intégrer, regroupa ses fidèles au sein d'une organisation intitulée « Mouvement National Algérien » (M.N.A.).
II apparaît donc que les rivalités personnelles et les oppositions entre les dirigeants des deux organisations sont pour une très large part responsable de cette situation. En particulier, Messali fait depuis plusieurs années l'objet de la haine violente et toujours vivace de nombreux anciens responsables de l'ex-M.T.L.D.-P.P.A., qui se sont ralliés au F.L.N. et dont certains sont devenus d'importants dirigeants de ce dernier (Lamine Debaghine par exemple).
Des programmes différents.
En outre, les doctrines et les programmes du F.L.N. et du M.N.A. traduisent les divergences sensibles.
La doctrine des frontistes a été précisée dans un tract diffusé au moment même du déclenchement des troubles en Algérie, le 1er novembre 1954. Elle a toujours été maintenue depuis lors et toutes les déclarations, conférences de presse et interviews des leaders du F.L.N. ainsi que les tracts, mémoires et documents divers émanant de celui-ci n'ont tait que confirmer ces principes, dont les grandes lignes peuvent se résumer ainsi :
- indépendance totale de l'Algérie par l'institution d'une « république algérienne, souveraine, démocratique et sociale, sur la base des principes islamiques ;
- réalisation de l'unité des trois territoires de l'Afrique du Nord, Tunisie, Algérie, Maroc, « dans un cadre arabo-musulman » ;
- le Sahara est «partie intégrante de la nation algérienne
Ces frontistes proposent de plus la «plate forme de discussion » suivante au Gouvernement Français :
- reconnaissance de la souveraineté du peuple algérien ;
- libre et plein exercice de cette souveraineté. ;
- l'indépendance nationale, y compris les questions diplomatiques et la Défense Nationale ;
- l'indivisibilité et l'intégralité du territoire algérien actuel, y compris les territoires sahariens.
En contrepartie les frontistes donnent des assurances sur les intérêts français, économiques, monétaires, sociaux et culturels.
De son côté le M.N.A., héritier direct de l'ex-M.T.L.D.-P.P.A., ne pouvait posséder qu'un programme fondé sur un séparatisme agissant. Moins extrémiste et intransigeant que le F.L.N., le M.N.A. est davantage disposé à accepter, sans conditions préalables trop rigides, l'ouverture de négociations entre les rebelles algériens et le Gouvernement français. Les messalistes, au surplus, se montrent désireux de maintenir l'indépendance du futur « Etat algérien » vis-à-vis de ses voisins et soucieux de le soustraire à la tutelle de l'Egypte ou d'organismes pan-arabes, alors que les frontistes la subissent de la façon rigoureuse et envisagent d'associer l'Algérie au Maroc et à la Tunisie dans le cadre d'un « Etat fédératif nord-africain ».
La doctrine du M.N.A. se résume dans les éléments suivants :
- Reconnaissance par la France du droit d'autodétermination du peuple algérien ;
- Cessation des opérations militaires en Algérie ;
- Libération de Messali Hadj et de tous les détenus politiques et condamnés emprisonnés ;
- Rétablissement de toutes les libertés démocratiques ;
- Convocation d'une conférence de la «Table Ronde » ;
- Election par le peuple algérien, sans distinction de race, de sexe ou de religion, d'une « assemblée constituante souveraine », sous le contrôle d'une « commission des bons offices » de l'O.N.U. ; cette assemblée déterminerait le statut de l'Algérie et les relations de celle-ci avec la France. Les « intérêts français seront sauvegardés ».
Les appuis F.L.N
Dans la lutte qui les oppose, Messalistes et Frontistes ne manquent pas de rechercher des appuis susceptibles d'améliorer leur position. A cet égard, le F.L.N. est nettement plus avantagé que le M.N.A.
Né à l'étranger, le « Front de Libération Nationale » subsiste s'appuyant sur l'étranger. Il doit en accepter les ingérences et s'en faire l'instrument.
Le F.L.N. est né en février 1955 au Caire, sous le patronage des services spéciaux égyptiens qui n'ont cessé depuis de lui fournir l'aide matérielle la plus complète : financement, propagande, formation de cadres et de spécialistes, fourniture d'armes... Ainsi, à partir d'un comité d'émigrés issu de la dislocation d'un parti, s'appuyant sur une révolte fomentée artificiellement dans une zone arriérée, l'Egypte a créé de toutes pièces un « mouvement révolutionnaire » qui n'aurait pu atteindre un tel développement s'il n'avait bénéficié de l'appui de perturbateurs étrangers.
En même temps, le gouvernement égyptien contribuait lui-même à l'élimination des éléments indociles. Il a fait emprisonner les représentants du M.N.A. au Caire, Ahmed Mezerna et Chadli Mekki qui, en mai 1955, avaient refusé d'abandonner Messali : l'un et l'autre sont toujours en camp de concentration et les interventions du M N.A. en leur faveur sont demeurées vaines.
Les directives de Nasser ont vraisemblablement perdu leur caractère impératif depuis que l'Egypte connaît elle-même des difficultés et que les éléments « pro-égyptiens » du F.L.N. (Ben-Bella et Khider) ont été mis hors de cause.
C'est désormais la Tunisie qui tend à prendre la première place comme auxiliaire étranger. Son territoire sert de refuge et de base aux bandes rebelles, Tunis a relayé Tripoli comme poste de commandement extérieur, Krim Belkacem et Ouamrane ont effectué un déplacement quasi officiel en Tunisie.
L'attitude du Maroc est moins caractéristique car l'autorité du Sultan est peu effective dans les provinces orientales, où les gouverneurs locaux (amels) agissent à leur guise. L'aide marocaine est presque aussi importante que celle de la Tunisie, elle s'adresse aux rebelles sans distinction d'étiquette. Toutefois, l'influence politique du gouvernement marocain sur le F.L.N. paraît moins forte que celle du gouvernement tunisien.
Par ailleurs, son prestige dans le monde arabe et ses pressions permirent au F.L.N., d'amener à lui, outre la majeure partie des militants de l'ex-M.T.L.D. P.P.A., d'autres organisations nationalistes telles que l'« Union Démocratique du Manifeste Algérien » (ralliement spectaculaire le 7 avril 1956, de Fehrat Abbas, qui proclama son adhésion totale et sans réserve au F.L.N. et annonça la disparition de l'U.D.M.A.) et l'association des Oulama d'Algérie. De même les frontistes sont assurés de l'étroite collaboration, dans tous les domaines, y compris celui de l'action terroriste, du parti communiste algérien.
Sur le plan syndical, le F.L.N. a créé une organisation intitulée l'Union Générale des Travailleurs Algériens » (U.G.T.A.) pour concurrencer la centrale ouvrière rivale, l'U.S.T.A. La première, seule, a obtenu son affiliation à la confédération Internationale des Syndicats Libres (C.I.S.L.) qui approuve sans réserve l'action des séparatistes algériens. Le F.L.N. a créé d'autre part une « Union générale du Commerce Algérien » (U.G.C.A.), syndicat patronal, et une « Union Générale des Etudiants Musulmans d'Algérie (U.G.E.M.A.), qui groupe la presque totalité des étudiants français-musulmans (voir Rébellion, Rôle des Mouvements nationalistes et politiques - Syndicalisme et rébellion)
... Ceux du M.N.A.
Face au F.L.N. ainsi solidement appuyé, le M.N.A. apparaît isolé et privé de tout soutien. C'est sans doute cette disparité des forces qui poussa les messalistes à formuler, dès février 1956, par voie de tracts, un appel à l'union, qui constituait une offre de réconciliation avec les frontistes, offre que ces derniers rejetèrent d'ailleurs aussitôt de façon catégorique et méprisante, par la voie d'un autre tract. Malgré ce refus, le M.N.A. diffusait de nouveaux textes, reprenant ses propositions et présentant « l'union » comme « un impératif auquel personne ne saurait se soustraire ». Mais toutes ces tentatives furent vouées à un échec complet et l'antagonisme aigu subsista entre les deux organisations.
Le M.N.A. qui s'est installé dans les anciennes structures mises en place par l'ex-M.T.L.D.-P.P.A., redoubla alors d'efforts dans le domaine de la propagande. L'activité déployée par son secrétaire général Moulay Merbah, dont il y a lieu de signaler certains contacts avec des éléments du « Parti Communiste Internationaliste » (hebdomadaire trotskiste «La Vérité») ne semble pas avoir amené de résultat efficace. Dans la Métropole, où son influence est encore considérable, le M.N.A. ne bénéficie apparemment d'aucun soutien politique. Seul l'hebdomadaire « Demain » semble accorder à Messali une certaine audience matérialisée par la publication de plusieurs interviews de ce leader.
Cherchant à accroître son influence, le M.N.A. a créé l'Union Syndicale des Travailleurs Algériens » (U.S.T.A.) destinée à regrouper les travailleurs musulmans dans une organisation légale qui soit en mesure de les contrôler étroitement et d'en faire des troupes au service du mouvement clandestin. Cependant sur le territoire algérien le M.N.A. est également livré à lui-même. Son émanation syndicale, qui a acquis dans la Métropole de très fortes positions, particulièrement dans le Nord, l'Est et le Centre, est attaquée par le F.L.N. Ayant supplanté en Algérie son rival déjà éliminé de la scène internationale, ce mouvement a engagé contre le F.L.N., dans la Métropole, une lutte d'influence qui parait tourner à son avantage. Des renseignements récents lui accordent de substantiels gains de terrain, notamment dans les régions parisienne, stéphanoise et marseillaise.
La lutte psychologique.
Depuis leur création, et en dépit d'une tentative de rapprochement au mois de février 1956, l'hostilité opposant les deux mouvements séparatistes est devenue irréductible et s'est traduite sous des formes multiples, tant en Métropole qu'en Algérie où à l'étranger : guerre de tracts injurieux et de pamphlets, agressions et assassinats d'éléments adverses, combats violents entre bandes rivales.
Sur le plan de la propagande, des critiques réciproques sont échangées, largement diffusées soit dans les «bulletins intérieurs », soit dans leurs journaux clandestins, des deux mouvements, Résistance Algérienne, pour le F.L.N., La « voix du Peuple » pour le M.N.A.
C’est surtout dans des tracts, extrêmement nombreux, que s'exprime avec toute sa violence, l'opposition entre les deux mouvements qui s'accusent mutuellement de trahison.
Dans une « notice aux militants du F.L.N.» saisie un novembre 1956, la ligne de conduite à l'égard du M.N.A. est ainsi tracée : « Le F.L.N. condamne le M.N.A., instrument à la portée du gouvernement français pour tenter, certes bien vainement, de diviser la Révolution algérienne. Il appartient aux militants du M.N.A. de reconnaître sincèrement leur erreur et de rejoindre les rangs du F.L.N.».
La verve des messalistes ne le cède en rien à celle de ses adversaires. Ils proclament le 1er novembre 1956 à Alger : « Peuple Algérien, la situation est grave, la confusion par laquelle on essaie de ruiner ta résolution ne doit pas tromper ta vigilance. Tes ennemis d'hier sont ceux-là même qui aujourd'hui, au nom du F.L.N., s'efforcent d'exploiter ton patriotisme pour couvrir leur approche. Un bref regard sur les gens qui les dirigent (Ferhat Abbas, Toufik Madani, Farès, Francis, Mecheri, Kiouane, les communistes...) nous édifie amplement sur leur valeur morale et révolutionnaire ».
A titre d'exemple, il convient d'analyser les principaux libellés qui out jalonné la polémique des séparatistes.
Tracts du F.L.N.
« Mise en garde » : les frontistes mettent en garde le peuple algérien contre les errements des messalistes qui, dépassés par les événements et après avoir cru que la « Révolution armée» équivalait à un suicide national, essayent de « remettre le pied à l'étrier pour exploiter encore la foi patriotique des Algériens ».
Mais « s'ils persistent dans leurs manœuvres sordides à faire le jeu provocateur de la police et des forces de répression françaises, la justice du peuple s'abattra sur eux, implacable, comme elle s'est abattue sans pitié sur tous les traîtres qui se sont mis en travers de la marche du pays. »
«Réponse aux mensonges, à la calomnie et à la déclaration de Messali :
Le F.L.N. reprend les mêmes attaques, qualifiant de traître Messali. « passé dans le camp du colonialisme » et se promenant librement en France, «pendant que les dirigeants du F.L.N. jouent leur tête tous les jours dans les rues d'Alger et les Djebels Algériens ».
Enfin le F.L.N. affirme que tous les groupes de l'A.L.N. sont sous son contrôle, contrairement, aux dires du M.N.A.
« Les saboteurs de notre lutte » : Par une large diffusion en Algérie, le « Front » donne la version suivante de certains événements :
- Abbas Allaoua et Chérif Belhai Saïd, anticolonialistes notoires, ont été assassinés par le M.N.A.
- Messali est responsable de « lâches attentats perpétrés en Algérie contre les Mozabites ». Il n'hésite pas à enrôler des individus à la solde de la France.
- Les lettres de menaces adressées aux commerçants algérois sont I'œuvre de « Messali et sa bande qui n’hésitent pas à rançonner de pauvres petits commerçants ».
« Lorsque le panier à crabes devient mouvement frère » :
Dans un tract diffusé en Algérie, le F.L.N. met en parallèle deux libellés du M.N.A. L'un qualifiait le « Front » de « panier à crabes », de « ramassis de berbéristes, réformistes, centralistes et agents du Gouvernement Français ». Dans le second, le F.L.N. est devenu subitement un mouvement frère à qui l'on propose l'union. Les frontistes semblent s'en étonner.
« Si Messali veut être pardonné, précisent-ils, il devra dissoudre le M.N.A., chasser les profiteurs et les traîtres qui l'entourent et se soumettre, à l'exemple de tous les hommes politiques algériens, à l'autorité du Front de Libération Nationale ».
La synthèse de ces quelques tracts fait apparaître la lutte contre le M.N.A. comme une rivalité de clans, ainsi qu'il est d'usage en Algérie, où les luttes politiques ne peuvent s'affranchir des considérations de personnes. L'hostilité du F.L.N. s'adresse essentiellement à la personne de Messali, qui est accusé de vouloir revendiquer de façon indue les résultats acquis par la rébellion armée qu'il avait désavouée à son origine.
Tracts du M.N.A. :
Le panier à crabes » : Ce document a fait l'objet d'une vaste diffusion en Métropole et en Algérie. Il répond aux attaques du F.L.N. et dévoile, les « crimes commis par ces aventuriers » : arrestations d'Oulebsir Mohand Larbi, Mezerna Ahmed et Chadly Mekki ; assassinats répétés en Kabylie.
Réponse au tract : « Les saboteurs de notre lutte ».
Le M.N.A. s'élève contre l'assassinat d'Abbas Allaoua, les attentats commis contre les Mozabites et la collusion du F.L.N. avec « des valets du colonialisme» (Bendjelloul, Benchenouf, Mecheri et autres).
- « Peuple algérien, sois vigilant ».
- « Contre le défaitisme et la trahison. A bas les pseudo-patriotes. » Extraits :
L'impérialisme, ses soutiens et ses agents continuent de spéculer sur un soi-disant éparpillement des forces vives de la Résistance Algérienne. Il mise sur l'échec de cette résistance, parce qu'il croit fermement que la Nation Algérienne en lutte, est minée par des forces centrifuges qui la déciment, voire la déchirent en se combattant. Aux yeux de beaucoup, une hostilité croissante opposerait depuis le jour de l'insurrection le M.N.A. à un autre groupement que quelques événements et la volonté délibérée de l'impérialisme français de le mettre en épingle ont fait émerger sur l'arène politique algérienne. Ce groupement a pour nom : le Front de Libération Nationale ou F.L.N....
« ... Depuis le début de l'insurrection nationale, la majorité des militants du M.T.L.D. qui ont condamné le réforme des « centralistes » ont rejoint les maquis et ont constitué l'Armée de Libération Nationale. Parmi eux, de glorieux « moudjahidines » tels Cheik Mazari dit Si Brahim, (secteur de Bouïra-Palestro) Si Ziane, Achour, Si Larbi, se sont illustrés dans les combats épiques et sont tombés au champ d'honneur. D'autres sont emprisonnés dans les geôles impérialistes comme El Baidhaoui, Mustapha Ben Mohammed, Abdelaziz Mohammed, Boudjeroudi. D'autres continuent la lutte connue les Bellounis, Caïd El Haouès du C.Q.C. de l’ALN, Belaghoun, Messaoud, Caïd Mahfoud...
« Dans le numéro spécial de « La Voix du Peuple », nous avons relaté les circonstances dramatiques de l'assassinat du grand patriote Mustapha Ben Boulaïd et d'autres combattants. Nous avons flétri cet acte de forfaiture et de haute trahison inspiré par la mauvaise foi et dicté par des considérations de bas calcul politique. Ce lâche assassinat a été perpétré par des pseudo-patriotes dits F.L.N. L'auteur de l'attentat contre Mustapha Benboulaïd a pour nom : Adjoul Adjoul. Celui-ci a également exécuté d'autres patriotes sincères tel que Chiabni Bachir très populaire dans le Constantinois.
« ... Ainsi, l'action des pseudo-patriotes dits F.L.N. est une action destructive, une action anti-nationale qui vise à affaiblir les rangs de la Résistance Algérienne. Cette vérité est d'autant plus évidente que les assassins de Mustapha Ben Boulaïd, de Chihani Bachir et de Boudjerida Amar, de Mahi Mohammed, de Belkacem Guendouze et de nombreux autres patriotes, n'hésitent pas à passer de l'autre côté de la barricade avec une facilité surprenante... »
- « Le peuple algérien se souviendra : Ben Boulaïd Mustapha a été lâchement assassiné par des pseudo-patriotes ».
- « A bas les pseudo-patriotes ».
- « Peuple algérien, depuis le déclenchement de la Révolution »... Ce tract constitue une violente attaque contre le F.L.N. dont l'action a tendu à liquider le M.N.A., dans le but de « se livrer à des marchandages et à des compromissions avec le colonialisme français ».
- « Le mensonge, toujours le mensonge, telle est l'arme perfide des pseudo-patriotes du F.L.N. ».
Par tous ces tracts, le M.N.A. tente de s'élever contre le monopole de la lutte que le F.L.N. entend s'attribuer et injurie ses dirigeants, qui, selon lui, sont des incapables et des traîtres. A l'occasion de la capture à Alger des cinq chefs du F.L.N., le M.N.A. a accusé ces derniers de complicité avec le Gouvernement français. Il exploite d'autre part la collusion du P.C.A. et du F.L.N. et dénonce les dangers d'une « communisation de l'Algérie ». Actuellement, enfin, les messalistes condamnent, en des ternies très vifs, les frontistes pour la responsabilité que ceux-ci encourent dans les massacres de trois cents musulmans, opéré par les rebelles à Mechta Kasba (Melouza Béni-Hilmane).
Le 16 août 1957, le « Morgen Bladet» de Stockholm publie une lettre du chef de bureau de presse du M.N.A. à Londres, M. Sadoun, en réponse aux émissaires du F.L.N., Kiouane et Francis ; il condamne violemment l'intransigeance du F.L.N. et insiste sur la volonté de négocier du M.N.A., Messali étant le représentant légitime du peuple algérien et par conséquent, l'interlocuteur valable dans des négociations avec la France.
Le deuxième semestre de l'année 1956 a été marqué par un déclin sensible du M.N.A. même en Métropole. Le désir de ses dirigeants de se trouver parmi les interlocuteurs valables les amène à consentir des concessions doctrinales, ce qui permit au F.L.N., qui raidissait au contraire son attitude, de rallier à lui de nombreux messalistes.
A l'approche du débat sur la question algérienne, lors de la dernière session de l'Assemblée Générale de l'O.N.U., le M.N.A. entreprit un vaste effort de redressement. Il organisa à cette occasion une campagne de presse de grande ampleur pour préciser son programme. Moulay Merbah, son secrétaire général et Abed Bouhafa, son « représentant » à New York, déployèrent une intense activité avant et pendant la session. L'ambiguïté de la motion votée par l'Assemblée Générale permit aux messalistes de publier un communiqué de victoire et d'affirmer une nouvelle fois leur désir de voir s'ouvrir des conversations avec le Gouvernement français. Le M.N.A. diffusa largement, en Métropole comme en Algérie, journaux et tracts développant son programme et attaquant les pseudo-patriotes du F.L.N. » (tract signalé ci-dessus).
Il convient d'ailleurs, d'observer que la plus grande partie de l'action de propagande du M.N.A. est consacrée à son propre éloge ou à la critique acerbe du F.L.N., au détriment même des attaques contre « le colonialisme français ».
Ceci paraît bien traduire le véritable « complexe d'infériorité » que nourrit le M.N.A.
Le F.L.N., en revanche, possède de nombreux délégués, qui se déplacent sans cesse dans toutes les parties du monde, multipliant les interventions auprès des gouvernements étrangers et des instances internationales, les déclarations publiques, les conférences de presse, les interviews etc... Il possède également tout un réseau de représentants permanents séjournant dans de nombreux pays d'Europe, du Moyen-Orient, d'Extrême-Orient, d'Amérique du Nord et du Sud ainsi qu'auprès de l'Organisation des Nations Unies.
Importance et structure des deux mouvements.
Mais la lutte entre les deux mouvements rivaux ne s'est pas limitée au terrain de la polémique et de l'injure. Elle s'est également manifestée par l'emploi de la violence à l'occasion d'agressions, d'attentats, d'expéditions punitives, de combats entres bandes armées.
Cependant, avant de pénétrer dans le domaine de l'action violente proprement dite, il est nécessaire de faire l'étude sommaire de la structure et de l'implantation en Algérie et en Métropole des complexes F.L.N.-A.L.N. et M.N.A.
En Algérie, les bandes rebelles d'obédience frontiste sont estimées approximativement 50.000 combattants (Moujahidines) et plus de 35.000 supplétifs ou partisans (moussebilines). Elles mettent en application les directives du 20 août 1956 (réunion des grands chefs de l'A.L.N. dans la région de Palestro), concernant la nouvelle organisation politico-utilitaire du pays pour leur permettre :
- d'assurer au F.L.N. le contrôle des masses ;
- de promouvoir par les masses une gestion des intérêts locaux ;
- d'élaborer une organisation politique, (lite « démocratique ».
C'est au cours de la réunion du 20 août que fut décidée la création du Conseil National de la Révolution Algérienne (C.N.R.A.) et du Comité de Coordination et d'Exécution (C.C.E.).
En principe, le C.N.R.A. se réunit une fois par an.
Le C.C.E., dont les réunions sont mensuelles, est l'autorité centrale qui détient en fait tous les pouvoirs du C.N.R.A. pendant les intersessions de cet organisme.
Le C.C.E. est donc le véritable comité directeur de la rébellion puisqu'il assume le commandement unifié de l'A.L.N. et veille à l'unité d'action politique, grâce à un commissaire politique national qui est Abane Ramdane.
Parallèlement à celle refonte de la direction de la rébellion, des modifications au commandement et au découpage territorial ont été apportées.
Chaque échelon est commandé par un chef politico-utilitaire. Sous l'autorité de celui-ci, trois responsables :
- Adjoint militaire (opérations, destructions, sabotages, armement, service de santé).
- Commissaire politique :
- organisation politique d'éducation du peuple, propagande, informations, relations, réunions, finances, ravitaillement ;
- administration territoriale (impôts, justice, police urbaine et rurale, renseignements, état civil, allocations, etc,..)
- Adjoint : Renseignements et liaisons. Il semble avoir un rôle plus militaire que politique.
L'Algérie se trouve divisée en six wilaya :
N° 1 : Aurès-Nementchas ;
N° 2 : Nord-Constantinois ;
N° 3 : Kabylie ;
N° 4 : Algérois, sauf Alger et sa banlieue qui constituent une zone autonome dotée d'une organisation spéciale ;
N° 5 : Oranie ;
N° 6 : Sud-Algérois.
Chaque wilaya se trouve partagée en zones (Mountaka) les zones en régions (Nahia) et les régions en secteurs (Kism).
Le vaste appareil dont dispose ainsi le F.L.N., les nombreux et puissants appuis dont il bénéficie, le soutien matériel important qu'il reçoit de l'étranger, expliquent la position très largement prépondérante qu'il occupe, face au M.N.A., réduit à ses seuls moyens propres et privé d'aide extérieure.
Aussi, la position du M.N.A. dans la rébellion irritée, en Algérie, est-elle précaire. Les bandes M.N.A. représentent environ 5% des effectifs des hors-la-loi.
Précipité par le F.L.N. dans la lutte armée contre la France, Messali Hadj a confié au « général Bellounis Mohamed » le commandement suprême des groupes M.N.A., sur l'ensemble du territoire algérien.
Mais l'implantation de Bellounis a toujours été réduite, dans la zone correspondant à la wilaya 6 du F.L.N. S'il contrôlait à l'origine le Djebel Nador (sous son propre commandement), la zone du Sahara Nord (sous le contrôle de Si Amor Driss, successeur de Si Ziane, tué) et la zone de Ghardaïa-Touggourt (chef : Si Haouès Chamonda Ahmed), Bellounis ne couvre plus tout le Sud Algérois. Les ralliements au F.L.N., en mai 1957, des bandes de Si Amor. Driss et de Si Haouès, lui ont porté un coup très dur. Cependant, le « général » fait preuve d'un regain d'activité et l'on trouve actuellement une implantation messaliste dans la wilaya VI, les départements de Médéa et d'Orléansville, dans certaines régions du Constantinois, avec des incursions dans les wilaya III et IV.
Attentats et combats entre bandes armées.
L'énorme disproportion des zones d'implantation démontre que l'emprise du F.L.N.-A.L.N. reste prépondérante.
C'est qu'au cours de l'année 1956 et du premier semestre de l'année 1.957, le F.L.N. n'a cessé de développer son activité en Algérie, utilisant la violence pour s'imposer aux populations musulmanes. Des consignes impératives sont données de façon permanente aux militants pour poursuivre la suppression, par tous les moyens, des membres de l'organisation adverse.
Dans les centres urbains d'Algérie, de nombreux attentats individuels ont été perpétrés contre des responsables du M.N.A. et du F.L.N. : des membres influents de ces deux mouvements ont notamment été abattus dans la région algéroise. A plusieurs reprises, les antagonistes n'ont pas hésité à dénoncer aux services de police les cellules et réseaux adverses, permettant aux forces de l'ordre de réaliser de fructueuses opérations.
Mais la rivalité entre le M.N.A. et le F.L.N. se traduit surtout par les efforts que déploie celui-ci pour éliminer les quelques bandes armées d'obédience messaliste implantées dans la wilaya VI ; les départements de Médéa et d'Orléansville, ainsi que certaines régions du Constantinois sont toujours le théâtre de sanglantes batailles entre formations ennemies.
Les renseignements recueillis font état, entre juillet et décembre 1956, de sept combats dans la seule région au Sud d'Affreville-Blida-Aumale. D'autres, sans doute sont restés inconnus.
L'antagonisme a atteint son point culminant en mai 1957. Le F.L.N. a été en passe d'anéantir le M.N.A., lui portant des coups très durs : destruction de plusieurs sections et de leurs chefs, ralliement aux frontistes de bandes entières (5 à 600 hommes armés) telles celle de Si Amor Driss, remplaçant de Si Ziane, et celle de Si Haouès.
A cette époque, les engagements se sont multipliés dans le département de Médéa en prenant une forme particulière : les bandes du F.L.N. opérant dans cette contrée sont constituées essentiellement d'éléments kabyles qui se livrent à de graves exactions à l'encontre de la population musulmane locale, d'origine arabe. Cette dernière réagit vivement contre ses oppresseurs et bénéficie de l'appui des groupes d'obédience Messaliste, qui, tout en contribuant à la destruction des formations ennemies, tentent au surplus de gagner la sympathie des habitants et de les rallier à la cause du M.N.A.
La furie du F.L.N. a atteint son paroxysme dans les Beni-Hlman (Melouza) à Mechta Kasbah, où les 302 habitants ont été massacrés dans la nuit du 28 au 29 mai par une bande frontiste.
La région de Béni-Hlman où s'est déroulée la tuerie se trouve à la limite des zones d'influence du M.N.A. et du F.L.N. Elle constitue de ce fait un important point de friction entre les bandes des deux tendances, ainsi qu'entre les populations civiles qui, en raison des facteurs ethniques, idéologiques et locaux, ont épousé les conceptions de l'une ou de l'autre tendance.
L'interprétation des faits est la suivante : averti qu'une réunion du M.N.A. allait se tenir dans les Beni-Hlman, le F.L.N. s'est porté en force dès le lundi 27 mai vers cette région.
Le F.L.N., durant toute la journée du 28 mai a essayé de rallier à lui la population civile de Béni-Hlman après le départ du groupe armé M.N.A.
Des palabres interminables, accompagnés d'exactions, (incendies, pillages) n'ont donné aucun résultat.
Devant cet échec, les groupes armés F.L.N. dirigés par un chef de la zone n° 4 de la wilaya n° 3 (Sahnoun dit Si Abdelkader, secondé par Chaffaï) décident des représailles contre cette population et ce sera, dans la nuit du 28 au 29 mai, le massacre de la mechta Kasbah, effectué non seulement par des bandes de F.L.N. authentiques, mais encore par leurs supplétifs qui utilisèrent surtout l'arme blanche.
Ce crime, sans nom, souleva l'indignation du monde civilisé et, profitant de l'opprobre générale, le M.N.A. diffusa un tract appelant les travailleurs algériens à une « grève générale de deuil » de 24 heures, le 5 juin : ...« contre les massacres perpétrés par les bandes criminelles et barbares agissant sur directives des pseudo-patriotes du F.L.N., qui servent la cause du colonialisme ».
Par ailleurs, les dirigeants messalistes ont demandé à chaque chef de Kasma de fournir une liste de tous les Nord-Africains originaires de Melouza et ont ouvert une souscription au profit des familles des victimes du F.L.N.
Lutte d'influence et anarchie.
Profilant de cette erreur de tactique du F.L.N., Bellounis, qui semble avoir bénéficié de renforts assez importants, se livrerait à une très active propagande dans le Sud algérois. Deux cents rebelles F.L.N. se trouvant dans la région de Bou-Saâda tenteraient de se rallier à lui.
Il est permis de penser que, devant cette intense activité, l'Etat-Major F.L.N. a ordonné un repli général de ses forces opérant dans la wilaya VI, dite « wilaya du Sahara ».
La masse musulmane, composée de groupes juxtaposés, divisés par des antagonismes raciaux ou régionaux, ignorant le sentiment national, est l'enjeu des rivalités entre mouvements rivaux.
Soumise à deux influences opposées, la fidélité à la France d'une part, la rébellion d'autre part, la population musulmane cherche surtout à se concilier la plus forte. Son fanatisme et son inertie en font une facile victime des méthodes totalitaires du F.L.N.
Mais le vieux particularisme historique des Kabyles (Berbères) subsiste avec vigueur, La rivalité entre Kabyles et Arabes (Arabophones) demeure un important facteur de division. De ce fait, la thèse du panarabisme — thème essentiel de la propagande du Caire et de Damas - se trouve nettement mise en défaut en Algérie.
De leur côté, les Berbères Chaouïas de l'Aurès refusent toute ingérence « étrangère ». Ils repoussent même tout lien avec les Kabyles. En 1954, le C.R.U.A. (futur F.L.N.) avait pu exploiter le caractère frondeur des Chaouïas pour les lancer dans l'insurrection et faire des Aurès la plate-forme de la rébellion. Actuellement, un état permanent d'anarchie s'est instauré parmi les bandes rebelles de cette région, qui n'acceptent pas les directives d'ensemble, mènent la lutte suivant les traditions locales du banditisme et ignorent les objectifs politiques du F.L.N. Le chef kabyle Amirouche a effectué, clans les Aurès, une tentative de reprise en main et de réorganisation : il ne paraît pas avoir obtenu de résultats durables. D'ailleurs, le chef rallié Adjoul Adjoul a déclaré que l'action d'Amirouche dans les Aurès était d'avance vouée à, l'échec « parce qu'il est kabyle ».
Ces exemples sont les plus caractéristiques d'un morcellement de l'Algérie en groupements disparates dont les oppositions ont été violemment accentuées dans la mesure où la rébellion leur a permis d'échapper au contrôle de l'administration française pour retrouver leur anarchie traditionnelle.
La lutte dans la métropole.
Cependant, si l'antagonisme entre le « Front de Libération Nationale et le Mouvement National Algérien » est intense en Algérie, c'est en France que la lutte entre les deux mouvements séparatistes revêt sa plus grande acuité. Le F.L.N. a décidé d'éliminer le M.N.A. par la force.
Il est nécessaire, à ce sujet, d'étudier l'évolution de l'implantation des forces en présence.
Au déclenchement de l'insurrection, le 1er novembre 1954, le M.N.A. était largement et solidement implanté en Métropole, dans les cadres organiques de l'ancienne fédération de France de l'ex-M.T.L.D. Plus tard, afin de contrôler la masse des travailleurs algériens en Métropole, le Mouvement créa l'U.S.T.A.
Le M.N.A. n'était pas partisan de la violence mais, par réaction de défense plutôt que par orientation doctrinale, il a été amené à y recourir toujours davantage.
Organisation F.L.N.
Les frontistes ont, en effet, tissé un réseau serré dont chaque maille est constituée par la « Kasma » cellule de base pour une action généralisée sur le territoire français.
La « Kasma » se consacre à la fois à l'activité politique et à l'action directe, dont sont respectivement chargés, au stade de l'exécution, deux groupes différents :
- les « commandos politiques », dirigés par un ou plusieurs « commissaires » comprenant un trésorier, un responsable des cotisations, un responsable pour l'impression et la diffusion des tracts, et plusieurs militants chargés de la propagande. Ces membres se réunissent dans des établissements tenus par des Nords-Africains, où des orateurs, qui ont reçu une petite formation politique, prennent la parole pour développer les thèmes de propagande. Le « commando politique » agit aussi à l'échelon régional.
- les « commandos de choc » (tel le « 051 » dans la région parisienne) qui entretiennent quotidiennement la psychose de l'attentat. Chaque « Kasma » en compte plusieurs, composés de trois à six membres, dont un seul est en relation avec les dirigeants.
Ce cloisonnement entre les groupes d'action (comparable au système de la « troïka » des révolutionnaires russes d'avant 1917 et à celui des « cinq doigts de la main » des F.T.P. de la Résistance) a été conçu pour éviter que les aveux d'un des membres puissent permettre de remonter toute la filière de la « Kasma ».
C'est ainsi que l'organisation du commando « 051 » a particulièrement retenu l'attention dans la région parisienne. Le recrutement pour cet élément de choc se poursuit activement au sein de chaque cellule qui doit fournir «trois éléments sûrs».
Les membres du commando ont reçu un équipement et un armement importants (pistolets automatiques de gros calibres, mitraillettes, grenades). Un « contrôleur général » messaliste étudie la possibilité de créer à Paris un nouveau « groupe de choc » dont les membres recevraient, d'ores et déjà, une formation terroriste.
Le F.L.N. cherche ainsi, à disposer d'un instrument de combat d'une docilité aveugle, formé d'hommes capables d'exécuter avec un total mépris du danger, toutes les lâches qui leur sont assignées : exécution des membres du M.N.A., des traîtres, des personnalités musulmanes (assassinat du président Ali Chekkal par exemple), protection des tueurs, des distributeurs de tracts et des collecteurs de fonds, exécution, enfin, de missions, de sabotages.
Organisation M.N.A.
Par contre, les cellules ou « équipes spéciales d'intervention» créées par le mouvement rival pour répondre aux actions de représailles de la «Kasma», ne semblent pas revêtir le caractère « commando terroriste paramilitaire» des groupes de choc du F.L.N. Moins nombreuses, elles ont pour tâche essentielle la protection des distributeurs de tracts et des collecteurs de fonds, ainsi que l'exécution de raids contre les bandes rivales.
Les chefs de cellules perçoivent de 20.000 à 25.000 francs par mois. Les membres des groupes d'intervention reçoivent une somme variant de 15.000 à 20.000 francs par action violente à laquelle ils participent (exécution d'un « traître » ou d'un élément du F.L.N.).
De part et d'autre des consignes impératives sont données de façon permanente aux militants pour poursuivre la suppression, par tous les moyens, des membres de l'organisation adverse. Le F.L.N. est même allé jusqu'à envisager la « liquidation physique » de Messali.
Collectes de fonds
L'antagonisme est très violent dans le domaine de l'activité financière, soutien efficace de la rébellion.
Les agents collecteurs frontistes apportent un grand acharnement à prélever les contributions, impositions et collectes. Malgré leurs réticences, les musulmans satisfont aux exigences des collecteurs. En effet, les récalcitrants sont l'objet d'expéditions punitives menées par les « Commandos » s'ils n'obtempèrent pas après le premier avertissement.
L'activité financière des messalistes, pour être moins spectaculaire, n'en est pas moins importante.
La perception des sommes se fait soit directement par les agents du mouvement - et elles sont le plus souvent accompagnées de menaces et de violences - soit par le truchement de sa centrale syndicale, l'U.S.T.A. Par ce canal le parti peut se procurer des fonds considérables et manier les masses laborieuses à des fins politiques.
Conscients de ce danger, les frontistes ont créé, à leur tour, l'Association Générale des Travailleurs Algériens en Métropole » (l'A.G.T.A.). Cette amicale, placée sous le signe du « libéralisme », accueille en son sein les ouvriers musulmans de toutes tendances : U.S.T.A., C.G.T. et même communistes, pour un « regroupement des travailleurs algériens ». Son but principal est en réalité de faire échec à l'U.S.T.A, soutien primordial du M.N.A. en Métropole.
L'antagonisme entre les deux mouvements commit une grande acuité, malgré le vote étendant les pouvoirs spéciaux à la Métropole. Les actions de représailles, agressions, règlements de compte sont nombreux et il ne se passe guère de journée, aussi bien en province que dans la région parisienne, sans que plusieurs Nord-Africains ne soient abattus ou blessés par la fraction adverse.
Les hommes de main opèrent désormais aussi bien de jour glue de nuit et mettent en oeuvre des méthodes nouvelles. C'est ainsi qu'en plus des agressions au pistolet et à la mitraillette on note l'emploi des grenades, notamment contre les débits de boissons où les séparatistes se réunissent ou trouvent refuge.
Ces règlements de compte réciproques ont causé, au cours du premier trimestre de l'année 1957, la mort de soixante-trois musulmans, tandis que six cent soixante sept autres ont été blessés plus ou moins grièvement, alors que pour la même période de l'année 1956, soixante dix-sept blessés et cinq tués avaient été enregistrés.
Il est intéressant de noter les statistiques suivantes :
Année 1956 :
Coups et blessures 1.050
Meurtres 81
Attentats contre les biens 99
Du 1« janvier au 31 juillet 1957 :
Coups et blessures 1.108
Meurtres 269
Attentats contre les biens 70
(Se rapporter aux annexes I et II représentant les courbes de criminalité nord-africaine à caractère politique en Métropole.)
Devant la virulence accrue du F.L.N., les positions du M.N.A. s'effritent, notamment dans le Nord, l'Est et le Centre. On apprend même que les responsables messalistes des régions du Nord et de l'Est conseilleraient actuellement leurs militants de venir s'établir dans la région parisienne.
Ils renforcent ainsi leurs groupes de choc afin d'assurer la protection des responsables de la propagande et des collectes.
Les résultats acquis par les séparatistes dans le domaine de l'action violente semblent prouver la mise en place d'un mouvement terroriste généralisé ayant pour impératif catégorique la prochaine session à l’O.N.U.
Le F.L.N., en particulier, cherche à se faire admettre comme l'unique représentant du « peuple algérien unanimement rassemblé derrière lui. Il se présente devant l'O.N.U. comme le seul interlocuteur qualifié pour traiter de L'avenir de l'Algérie. Nous avons vu que la réalité est complètement différente.
La délégation F.L.N. à l'extérieur a donné l'ordre à la «Fédération de France» de développer au maximum l'agitation sur le territoire métropolitain, afin d'attirer l'attention internationale sur l'acuité du problème algérien avant les prochains débats à I'O.N.U.
Les éléments de base de cette agitation seraient la constitution de commandos et de maquis alimentés par une «préparation civique accélérée de tous les militants frontistes qui seraient, dans un proche avenir, dotés d'armes à feu individuelles ».
De son côté, le M.N.A. est susceptible de suivre, à son compte, ce vaste mouvement d'agitation, pour se présenter comme «interlocuteur valable» à l'O.N.U.
Confirmant cette ligne de conduite des rebelles, un membre influent du F.L.N. à Tunis aurait déclaré au cours d'une réunion privée :
« L'action de l'A.L.N. et du F.L.N. doit s'intensifier dans des proportions très importantes au cours des mois de juin, juillet, août et septembre...
« Si la France devait avoir une nouvelle fois gain de cause à l'O.N.U., la guerre sera portée en territoire français.
« Des maquis sont en formation à Fontainebleau, dans la région de Saint-Etienne, aux environs de Lyon et de Besançon.
« Ces maquis profiteront de l'appui du Parti Communiste français. Les armes réservées à ces maquis sont déjà prêtes.
« Cette action sera tentée en France, le cas échéant, vers la fin septembre. 150.000 partisans du F.L.N. passeront à l'action en Métropole le moment venu.»
Propagande à l'étranger.
Sur le plan international enfin, le M.N.A. s'est trouvé en 1956 largement dépassé par le F.L.N. Son activité se limitait, en effet, à celle de Messali lui-même et à celle de son secrétaire général, Moulay Merbah : il est vrai que les mémoires, notes et documents divers émanant de ces derniers et adressés aux assemblées internationales, aux Etats étrangers et aux organisations mondiales ont toujours été particulièrement nombreux et abondants. Toutefois, leur portée était des plus limitée et leur audience paraissait assez faible.
Cependant, à l'heure actuelle, devant l'intransigeance du F.L.N. et la brutalité de ses méthodes, certains pays comme l'Inde, le Pakistan, la Perse et la Thaïlande semblent prêter une oreille favorable aux protestations de Messali qui se prétend volontiers l'apôtre de la non-violence, oubliant ainsi les nombreux tueurs à gages dont le M.N.A. dispose aussi bien en France qu'en Algérie.
Le F.L.N., en revanche, possède de nombreux délégués, qui se déplacent sans cesse dans toutes les parties du monde, multipliant les interventions auprès des gouvernements étrangers et des instances internationales, les déclarations publiques, les conférences de presse, les interviews, etc... Il possède également tout un réseau de représentants permanents séjournant dans de nombreux pays d'Europe, du Moyen-Orient, d'Extrême-Orient, d'Amérique du Nord et du Sud, ainsi qu'auprès de l'Organisation des Nations Unies. Il bénéficie de plus de l'aide totale de la Tunisie, du Maroc, de l'Egypte, de tous les Etats arabes et des organisations islamiques ou panarabes, qui, par un important concours financier, lui permettent d'utiliser avec le maximum d'efficacité le dispositif ainsi mis en place.
Il convient de rappeler à ce propos que les deux principaux représentants du M.N.A. à l'étranger, Chadly El Mekki et Ahmed Mezerna, ont été appréhendés au Caire par les autorités égyptiennes dès le mois de juin de l'année 1955, sur demande des dirigeants du F.L.N., et sont emprisonnés dans cette ville depuis lors, malgré les protestations réitérées et les démarches incessantes effectuées vainement par Messali et Moulay Merbah pour obtenir leur libération.
ANNEXE 1
CRIMINALITÉ NORD-AFRICAINE A CARACTÈRE POLITIQUE
EN MÉTROPOLE
ATTENTATS CONTRE LES BIENS-.- MEURTRES ---
ANNEXE 2
CRIMINALITÉ NORD-AFRICAINE
A CARACTÈRE POLITIQUE EN MÉTROPOLE
COUPS ET BLESSURES
Algérie 1957, cabinet du ministre de l’Algérie
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L’ IMPOSSIBLE
De Jacques Grieu
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Il barre les chemins, il fige les élans,
Et son souffle glacé, bloque les plus vaillants.
Sur l’étendue des vœux, il érige des murs,
Et les belles confiances, il transforme en murmures :
« Impossible » est cruel, vexant, dissuasif
Et insinue le doute parmi les moins craintifs…
« L’impossibilité » est l’excuse du poltron
Pour de grandes promesses, justifier l’abandon.
A tous ceux qui l’écoutent, elle transforme en probable
Ce qui n’était au fond qu’un échec concevable.
Ne plus oser tenter fait qu’on finit par croire
Que tout est impossible, que tout est sans espoir.
Pourtant, quand on y croit « l’impossible est possible » :
Il faut juste l’entreprendre ; c’est là le plus pénible.
L’impossible recule devant ceux qui avancent ;
Simplement, cela dure un peu plus qu’on ne pense.
Tout paraît impossible à ceux qui n’essaient pas
Et qui vite se résignent à baisser les deux bras.
« L’expérience », dit le sage, « n’est que grande clarté
Qui n’éclaire de chemin que celui effectué.»
Le manque d’expérience permet à la jeunesse
De tenter l’impossible aux yeux de la vieillesse.
L’impossible est au fond « ce qui ne peut pas être »…
Mais qui est, bel et bien, puisqu’il peut apparaître.
Ecrire sur l’impossible, certes, n’est pas aisé,
Mais j’aurais bien voulu, en ces vers, démontrer,
Que c’est quand même possible quand on est entêté,
Que c’est surtout question de bonne volonté.
Y ai-je réussi ? Ça, c’est une autre affaire ;
Mais j’aurais essayé, sans trop lasser, j’espère …
Jacques Grieu
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Quelques lignes
par M. Robert Charles PUIG.
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Il est difficile de tirer quelques réflexions des événements que nous traversons sans en rester perplexe depuis la dissolution de l'A.N. et les changements de premiers ministres en un temps record entre Barnier et Bayrou qui n'a jamais été aussi bas dans les sondages. A cela s'ajoute une dette dont on ose afficher l'étendue avec un manque de décisions pour réguler ce gouffre. Pauvre politique qui ne cesse de remettre à demain ce qui aurait du être fait... hier !
De plus, deux événements frappent le pays au cœur et au portefeuille. En premier, c'est cette gauche LFI qui semble se complaire avec son islamisme d'une façon encore plus grande que du temps de la gauche et de l'Algérie française coupable d'avoir été une province... française
Aujourd'hui, le mot islamophobe nous désigne "coupables" anti-arabe et anti islam, ce qui est faux ! En Algérie aucune église n'était construite sans une mosquée, par ordre d'une armée franc-maçonne et d'une liberté de culte imposée. C'est la question que je me pose en constatant le président Macron aller à une réunion F.M en sachant que son "Ni-ni" le partage entre laïcité et parfois pensée chrétienne.
Le deuxième événement marquant depuis la dissolution; c'est ce rôle de touche-à-tout du même président sur le plan international. En Orient il s'acoquine au Qatar, à l'Egypte contre Israël, oublie les otages et formalise une sorte de protection du Hamas sans tenir compte de leurs sanglantes agressions. Nous retrouvons là un président critiquant l'armée française en Algérie avec son "Crime contre l'humanité" sans tenir compte des massacres du FLN sur des civils européens ou arabes et surtout en oubliant les 150.000 Harkis et Supplétifs de l'armée française renvoyés se faire assassiner par ce même FLN.
Restons à l'heure de l'actualité. Le président a sans doute en travers la gorge sa réception chez Poutine au bout d'une longue table. Plus récemment, son éviction de l'entretien Donald Trump et Volodymyr Zelensky au Vatican.
Alors il lui faut trouver une parade et faire feu de toute son armée avec ses "alliés", l'allemand Friedrich Merz et l'anglais Keir Starmer pour mettre la pression sur la fin de guerre en Ukraine. Fin de guerre qui se joue seulement entre Trump et Poutine. Mais rien n'empêche le président de préparer son armée française au casse-pipe ukrainien et à l'odeur du nucléaire. Lorsque l'on est orgueilleux, méprisant, il n'y a plus de limite au bon sens populaire et c'est le cas.
Ne l'oublions pas. Donald Trump veut la paix. Notre président qui vise un jour d'être le président d'une Europe progressiste loin de celle des Nations et des Patries, ne rêve que de batailles et de sang versé sur les terres rares de l'Ukraine.
En attendant Tebboune renvoie des responsables français d'Algérie et il le fera encore pour s'opposer à Bruno Retailleau dont le rôle au sein du gouvernement Bayrou l'agace ! Où est Macron ? La France se soumet et ne répond pas !
Pape Léon XIV, priez pour nous !
Robert Charles Puig / 12 mai 2025
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MON PANTHÉON DE L'ALGÉRIE FRANÇAISE DE M. Roger BRASIER
Créateur du Musée de l'Algérie Française
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A SUIVRE
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GENERAL SALAN Il y a 63 ans
Envoyé par J.L.Ventura
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"Quand on a connu la France du courage, on n’accepte jamais la France de l’abandon."
Le 23 mai 1962, le général Raoul Salan est condamné à la détention à perpétuité. Il sera réintégré dans ses prérogatives de général d’armée et de grand-croix de la Légion d'honneur à la suite de l’amnistie votée par le Parlement en 1982.
" Je suis le chef de l’O.A.S. Ma responsabilité est donc entière. Je la revendique, n’entendant pas m’écarter d’une ligne de conduite qui fut la mienne pendant 42 ans de commandement.
Je ne suis pas un chef de bande, mais un général français représentant l’armée victorieuse, et non l’armée vaincue.
A la différence de celui qui vous demande licence de me tuer, j’ai servi le plus souvent hors de la métropole. J’ai voulu être officier colonial, je le suis devenu. Je me suis battu pour garder à la Patrie l’Empire de Gallieni, de Lyautey et du père de Foucauld. Mon corps a conservé les traces profondes de ce combat.
J’ai fait rayonner la France aux antipodes. J’ai commandé. J’ai secouru. J’ai distribué. J’ai sévi et, par-dessus tout, j’ai aimé.
Amour de cette France souveraine et douce, forte et généreuse qui portait au loin la protection de ses soldats et le message de ses missionnaires.
Quand, par deux fois, l’heure du péril a sonné pour la vieille métropole, j’ai vu les peuples de l’empire accourir à son secours : Algériens, Marocains, Tunisiens, Vietnamiens et Sénégalais se sont battus avec nous et souvent sous mes ordres.
Quand on a connu la France du courage, on n’accepte jamais la France de l’abandon."
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Nous voici réunis sur ce Carrefour qui porte le nom du libérateur de la Ville de Toulon.
C'est à l'initiative de monsieur Daniel NEGREL, adjoint aux anciens combattants que Monsieur Le Chevalier, ex Maire de la Ville, dédia ce Carrefour au Général Raoul Salan.
Le Général méritait mieux. Car non seulement il fut le libérateur de cette ville mais encore le Soldat le plus décoré de l’Armée fraise.
La désignation initiale de ce Carrefour était:
"Carrefour du Général Raoul Salan, Libérateur de Toulon le 27 août 1944 à la tête du 6ème Régiment de Tirailleurs Sénégalais".
Comme d'habitude les détracteurs se sont déchaînés. L'occasion était trop bonne.
Convaincre Monsieur Falco, le maire actuel, de dégrader le libérateur même de sa propre ville, ne fut sans doute pas difficile. Le courage aussi a ses détracteurs.
Le Général redevint donc Colonel ....dans ce Carrefour. Tant de petitesse et tant de mesquinerie, voilà où en arrive la mauvaise foi quand elle ignore la reconnaissance historique, le patriotisme et la simple décence.
Ce n’est évidemment pas en quelques instants qu'on peut résumer la carrière prestigieuse du dernier grand Général de l'Empire français.
Il n'a que 23 ans quand il est fait Chevalier de la Légion d'Honneur.
Puis ce sont ses citations qui vont jalonner un parcours d'exception: 35 Décorations françaises. 4 étrangères.
l est nommé Caporal Chef d'Honneur de la Légion Etrangère.
Nous commémorons aujourd'hui la Libération de Toulon par celui qui était alors le Colonel Salan.
C'est évidemment pour nous, les gardiens vigilants de la Mémoire, l'occasion d'associer la Gloire du Colonel à l'Héroïsme du Général.
Puisque ces minables qui n'auraient pas été dignes de lui attacher ses lacets ne trouvent de gloire, eux, qu'à flétrir celui qui affronta ici à Toulon, avec ses soldats, l'Occupant nazi et qui l'emporta.
A la tête de son Régiment il reçoit l'ordre du Général Magnan de foncer sur Toulon.
Il remplit sa mission en 6 jours. Le 26 Août il parvient aux abords de la Ville.
C'est son Unité qui perd le plus d'hommes. 587 tués depuis le 18 Août dont 107 dans ce coup de main victorieux sur Toulon. Au défilé de la victoire au cœur de la ville c'est le Colonel Salan qui marche en tête de son Régiment.
Pendant 3 ans il porte ses 5 galons de Colonel. Dès 45 ans et pour 15 années de légende il portera ses étoiles de Général avec ces deux prestigieux et dramatiques commandements:
- Commandant en Chef en Indochine. 1952-1953
- Commandant en Chef en Algérie. 1957-1958
Ce que tout le monde sait de cet homme c'est qu'il n'était pas né pour lui-même, mais pour servir.
Parce que si l'homme déteste la mort dans les heures calmes de sa vie, il l'accepte naturellement dans la lutte.
C'est à Alger, en Avril 1961, avec des héros de sa race, qu'il s'engage pour la décision la plus grande de sa vie. Ce n'est pas pour rien que celui qui lui succédera, après son arrestation, le Vendredi Saint 1962, sera le Président Bidault celui qui avait déjà succédé à Jean Moulin en 1943.
La parole d'un soldat, la parole d'un homme consiste à ne pas tricher, à ne pas frauder, à ne pas mentir. A plus forte raison aux siens. Le Général Salan a été le protecteur des siens en même temps qu'il fut celui qui affronta le Menteur machiavélique. ,
En Mars 1962 après l'infâme signature d'Evian, le Général Salan lance un appel à ses troupes.
A son procès le Général Salan endosse tout. Il prononce cette Déclaration solennelle:
"Je suis le chef de I'0AS. Ma responsabilité est donc entière. Je la revendique, n'entendant pas m'écarter d'une ligne de conduite qui fut la mienne pendant 42 ans de Commandement. Je ne suis pas un chef de bande mais un Général français, représentant l’armée victorieuse et non l’armée vaincue. A la différence de celui qui vous demande licence de me tuer j'ai servi le plus souvent hors de la métropole. J'ai voulu être un Officier colonial, je le suis devenu. Je me suis battu pour garder à la patrie l'Empire de Gallieni, de Lyautey et du Père de Foucauld. Mon corps a conservé les traces profondes de ce combat. J'ai fait rayonner la France aux antipodes. J'ai commandé, j'ai secouru, j'ai distribué, j'ai sévi et, par-dessus tout, j'ai aimé.
Amour de cette France souveraine et douce, forte et généreuse qui portait au loin la protection de ses soldats et le message de ses missionnaires. Quand, par deux fois, l'heure du péril a sonné pour la vieille métropole, j'ai vu les peuples de l'Empire accourir à son secours: Algériens, Marocains, Tunisiens, Vietnamiens et Sénégalais se sont battus avec nous, et souvent sous mes ordres. Quand on a connu la France du courage, on n'accepte jamais la France de l'abandon. "
Voici résumée par lui-même et brièvement la carrière de ce grand soldat qui aurait mérité un mausolée plutôt que ce Carrefour !
Mon Général vous avez été notre chef. Aussi longtemps que l'un de nous restera vivant vous aurez aussi notre hommage fait de reconnaissance et de respect. Votre révolte ne fut pas une réaction à une iniquité, mais ê la pire des blessures qui puisse frapper un soldat. Le parjure !
Mais votre rôle ne s'arrête pas là. Non seulement vous êtes, mon Général, le pilier de la civilisation de 20 siècles qui pose que "oui" veut dire "oui" et que "non" veut dire "non" mais vous êtes devenu aussi le Général lucide du combat inévitable qui se profile pour demain devant l'invasion de l'islamo-fascisme qui remplit nos rues et nos maternités.
Nous sommes bien placés pour savoir alors que la lâcheté à ses Collabos parce que nous avons payé assez cher pour apprendre que l'ambition se rencontre d'abord chez ceux qui refusent les risques de l'honneur. Comme l'honneur des risques. Merci Général Salan !
Notre ami et camarade Serge JOURDES fut l'un des principaux artisans de cette cérémonie.
Quelques jours avant qu'il ne nous quitte, il m'avait assuré de sa présence.
Rendons-lui l'hommage mérité
Régis Guillem
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Général Salan: « Quand on a connu la France du courage,
on n’accepte jamais la France de l’abandon »
C’était hier (en 1961, en Algérie) et explique la France de 2016. Retour sur des pages d’Histoire de France falsifiées par les programmes de la ministre de l’Education nationale, N.V. Belkacem http://ripostelaique.com/najat-vallaud-blecacem-agente-de-larabisation-de-defrancisation.html
« Un quarteron de généraux à la retraite » C’est le vocable immortalisé à la télévision par un De Gaulle plein de colère, suivi de la supplique « Françaises, Français ! Voyez où risque d’aller la France par rapport à ce qu’elle était en train de redevenir. Françaises, Français ! Aidez-moi ! ».
En fait d’ordre déguisé au ralliement du peuple français, l’ex-homme providentiel (avec les moyens des Alliés) n’était déjà plus celui de l’Appel (s) du 18 juin 1940.
http://ripostelaique.com/immigration-algerienne-plateforme-de-soummam-a-60-ans-mois.html
Et en fait d’officiers généraux retraités, il s’agissait plutôt d’hommes alertes et fondamentalement patriotes : Maurice Challe, Edmond Jouhaud, André Zeller.
https://youtu.be/kGTBlu29oLY
Et avec ces hommes d’honneur, Raoul Salan, dévoué au service de la France, sa vie durant, comme en témoignent les hommages sur sa pierre tombale, à Vichy.
https://youtu.be/taBD27fgLKc
Quant au chapitre ci-dessous sur la démission de l’Etat et la dictature des juges, il n’est pas sans rappeler les tout derniers coups fourrés de Hollande – Valls – Cazeneuve en ce mois d’août *: http://ripostelaique.com/le-general-martinez-a-pointe-du-doigt-la-trahison-de-valls-et-des-siens-face-a-lislam.html
http://ripostelaique.com/hollande-va-devoyer-garde-nationale.html
http://www.breizh-info.com/2016/08/16/48019/commerces-jungle-calais-etat-de-droit-dictature-juges
http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2016/08/12/31001-20160812ARTFIG00401-la-circulaire-passee-sous-silence-qui-supprime-la-notion-d-immigration-illegale.php
Dans la nuit du 21 avril 1961, le 1er Régiment Etranger de Parachutistes, sous les ordres du commandant Hélie Denoix de Saint-Marc, s’empare des points stratégiques d’Alger.
https://youtu.be/SYT6nEciqvY
Le 22, l’état d’urgence est décrété ; les partis de gauche, les syndicats et la Ligue des Droits de l’Homme appellent à manifester « l’opposition des travailleurs et des démocrates au coup de force d’Alger » . (55 ans plus tard, ces mêmes structures abondamment subventionnées ont toujours une vision de la violence à géométrie variable). Le 24, ces mêmes syndicats déclenchent une heure de grève générale en France. Déjà l’islamo-collaboration rampante se précise.
Est déféré au Haut Tribunal militaire le nommé Salan (Raoul, Albin, Louis), né le 10 juin 1899 à Roquecourbe (Tarn)
(Ndlr JC : Le procès du général Salan devant le Haut Tribunal militaire, qui avait jugé les principaux acteurs du coup d’état d’Alger du 21 avril 1961, s’est tenu à Paris, du 15 au 23 mai 1962. A la tête de l’Etat : De Gaulle et Pompidou).
« Je suis le chef de l’O.A.S. (Ndlr JC : Organisation de l’Armée Secrète) Ma responsabilité est donc entière. Je la revendique, n’entendant pas m’écarter d’une ligne de conduite qui fut la mienne pendant 42 ans de commandement. Je ne suis pas un chef de bande, mais un général français représentant l’armée victorieuse, et non l’armée vaincue.
A la différence de celui qui vous demande licence de me tuer, j’ai servi le plus souvent hors de la métropole. J’ai voulu être officier colonial, je le suis devenu. Je me suis battu pour garder à la Patrie l’Empire de Gallieni, de Lyautey et du père de Foucauld. Mon corps a conservé les traces profondes de ce combat. J’ai fait rayonner la France aux antipodes. J’ai commandé. J’ai secouru. J’ai distribué. J’ai sévi et, par-dessus tout, j’ai aimé. Amour de cette France souveraine et douce, forte et généreuse qui portait au loin la protection de ses soldats et le message de ses missionnaires.
Quand, par deux fois, l’heure du péril a sonné pour la vieille métropole, j’ai vu les peuples de l’empire accourir à son secours : Algériens, Marocains, Tunisiens, Vietnamiens et Sénégalais se sont battus avec nous et souvent sous mes ordres. Quand on a connu la France du courage, on n’accepte jamais la France de l’abandon. Vient 1945 et les prémices de cet abandon…
Quand le 1er novembre 1954, en exécution des ordres de Ben Bella, un jeune couple d’instituteurs et de nombreux musulmans sont assassinés, ce sont les troupes revenues d’Indochine qui auront à faire face à cette rébellion sanguinaire… Quand je prends, le 2 décembre 1956, le commandement en chef des forces en Algérie, les attentats meurtrissent quotidiennement les Français chrétiens, juifs ou musulmans. Au mois de décembre 1956, 950 attentats seront commis par l’ennemi dans le seul département d’Alger…Des dizaines de tués et des centaines de blessés sont les victimes des ordres de Ben Khedda et de Yacef Saadi, le chef des tueurs de la Casbah. Au stade de Saint-Eugène, au milk-bar, dans un bal, des enfants sont mutilés sans que jamais un mot de compassion ne soit écrit par certains journaux, spécialistes en d’autres temps de la réprobation… ».
Déjà des journaleux sévissaient, apprend-on, avec moins de moyens médiatiques qu’aujourd’hui.
« … En plein accord avec M. Robert Lacoste, ministre résident en Algérie, nous confions la responsabilité de ramener la paix et la sécurité à Alger à la 10ème division parachutiste. Cette unité gagnera en trois mois la bataille d’Alger sans tirer sur les immeubles avec des mitrailleuses lourdes, et sans qu’un seul avion français n’arrose de balles la Casbah. C’est dans cette situation qui évoluait favorablement et rapidement que se placent deux faits importants.
– A Paris, les hommes politiques et la presse spécialisée accablent d’outrages l’armée et le ministre résident. Ils aident ainsi de tout leur pouvoir l’ennemi en difficulté et le font impunément… »
Aider l’ennemi islamisé, la routine des gouvernants français.
« – A Alger, intervient le monstrueux attentat du bazooka. Le 16 janvier (1957), à 19 heures, deux roquettes sont tirées, l’une sur mon bureau, l’autre sur celui du commandant Rodier qui est tué sur le coup. C’était le premier acte de violence n’émanant pas du FLN et il était dirigé contre le commandant en chef. Qui donc l’avait commis ? Ses instigateurs sont ceux qui demandent aujourd’hui pour moi la peine capitale. Ils désirent obtenir par un jugement ce qu’ils n’ont pu réussir par le bazooka…Après l’attentat, je déclare que je lutterai par tous les moyens contre ceux qui veulent agrandir le fossé déjà entrouvert entre les communautés… Dans mes directives, je prescris aux forces sous mes ordres de tout mettre en œuvre pour l’amélioration sur tous les plans de la vie des populations musulmanes…»
L’armée suppléera les défaillances des services publics *
« … Mois après mois, au cours de cette année 1957, nos affaires s’améliorent. Les barrages étouffent les willayas de l’intérieur. Les villes ne connaissent plus de graves attentats. La circulation routière ne connaît plus de réelles difficultés. « Le 1er janvier 1958, le général de Gaulle m’écrivait : « Puisse la France comprendre les immenses services que vous lui rendez en Algérie. »
Par contre, le début de l’année 1958 semble comporter à Paris, toujours à Paris, de vives inquiétudes pour l’avenir. On parle de cessez-le-feu. Aux questions qui me sont posées, ma réponse est invariable. Le seul cessez-le-feu acceptable est celui du 11 novembre 1918, il doit consacrer la victoire de nos armes … L’armée se dépense sans compter et ne cesse d’accroître l’aide aux populations sous toutes les formes. Pour permettre de rendre l’administré à l’administrateur, c’est-à-dire de la rendre pacifiée, elle s’engage sans réticence et avec succès.
Le monde entier avait pu constater que, pendant les journées de mai et de juin, aucun acte de terrorisme n’avait ensanglanté les rassemblements de foule. La circulation à l’intérieur n’avait posé aucun problème.
Le FLN, abasourdi et désemparé par cet immense mouvement, avait été incapable de s’y opposer et même de marquer une réaction quelconque. Le 19 décembre 1958, je quitte l’Algérie, laissant une situation plus que favorable. Je la remets militairement aux mains expertes du général Challe… »
En1959, Salan est le gouverneur militaire de Paris
« …Inquiet des formules nouvelles et des théories équivoques professées par les milieux officiels sur l’Algérie, j’exprime sans détours ma désapprobation en de nombreuses occasions… le 16 septembre 1959, c’est une politique nouvelle, mensonge avant l’abandon, qui est définie. Je manifeste mon opposition. Je dis et je redis. Je mets en garde. Arrivent les journées des « barricades…
… Résidant à Alger depuis le 3 août 1960, j’en suis expulsé le 19 septembre suivant parce que j’avais protesté contre le réseau de trahison Jeanson, et pris une fois de plus position contre les mensonges du pouvoir sur l’avenir de l’Algérie.
Maintenu à Paris, j’y suis l’objet d’une surveillance policière telle que, désirant garder ma liberté puisque je suis fermement décidé à revenir en Algérie, je pars pour l’Espagne. Là, j’attends le moment où il me sera possible de regagner l’Algérie pour y reprendre la lutte contre le FLN, et c’est par mes propres moyens que je rejoins Alger le dimanche 23 avril 1961, à dix heures du matin. Je n’ai pas été invité, pour des raisons qui seront mises en lumière, à l’élaboration du plan du putsch du 22 avril, ni à sa réalisation. Quand je suis arrivé à Alger, l’autorité du général Challe était installée. Je me suis intégré à l’organisation dite « Conseil Supérieur de l’Algérie », et j’ai eu, tant avec Challe qu’avec les généraux Jouhaud et Zeller, de nombreux entretiens sur la situation…
… Ma préoccupation principale au cours de ces trois journées, c’était le rapprochement des communautés et les mesures qu’il était possible d’envisager pour le réaliser. J’ai insisté sur la mobilisation de deux bataillons d’Unités Territoriales et le rappel de huit classes en Algérie.. »
De Gaulle a assuré le triomphe du FLN, ses successeurs l’ont conforté depuis, sur le sol de France
« … A aucun prix, je ne pouvais admettre d’être considéré comme le complice du général de Gaulle dans le martyre de l’Algérie française et dans sa livraison à l’ennemi. Si j’avais trompé le peuple d’Algérie et l’armée en criant : « Vive de Gaulle », c’est parce que j’avais été trompé moi-même. Mais celui qui fut commandant en chef se doit de réparer, fût-ce au prix d’une vie dont il a consenti le sacrifice en entrant à Saint-Cyr. La réparation, c’était d’abord de demeurer au milieu de ce peuple. C’était ensuite de prendre la tête de l’O.A.S… »
… C’est pourquoi je vous dis, puisque le général de Gaulle a assuré le triomphe du FLN, vous ne pouvez pas juger. Vous n’avez pas le droit de juger. En jugeant vous légitimeriez devant la postérité les crimes innombrables du FLN. Vous affirmeriez que les massacreurs d’El Alia, et les égorgeurs de Melouza avaient raison. Vous jetteriez l’opprobre sur les tombeaux de ceux qui sont morts pour garder l’Algérie à la France et vous absoudriez leurs meurtriers. Et qui donc, en dehors du FLN, a commencé à user de la violence ? … Je n’ai pas à me disculper d’avoir refusé que l’on mît d’abord une province française aux voix pour la brader ensuite dans le mépris cynique des engagements les plus sacrés. Je n’ai pas à me disculper d’avoir refusé que le communisme s’installât à une heure de Marseille et que Paris fût mis à portée de ses fusées courtes. Je n’ai pas à me disculper d’avoir défendu les richesses que de jeunes pionniers ont données à la France au Sahara, assurant ainsi son indépendance pétrolière… »
En savoir plus :
– Enregistrement de la magistrale plaidoirie de Maître Tixier-Vignancourt pour la Défense du général Raoul Salan. Cette plaidoirie, reconnue comme un des plus grands moments d’éloquence judiciaire, rétablit certaines vérités historiques encore gênantes à ce jour.
https://youtu.be/Y_eHs7aVdx4
– Loi du 31 juillet 1968 portant amnistie des infractions commises en relation avec les « événements » d’Algérie
https://www.legifrance.gouv.fr/jo_pdf.do?id=JORFTEXT000000693181
– Face à l’omerta des chaînes de télévision et au silence des politiques, le film documentaire « LA VALISE OU LE CERCUEIL » est sur internet, afin que la vérité historique soit connue du plus grand public, au plan international;
https://youtu.be/lghZQSfhDWY
HOMMAGE AU GENERAL SALAN LE 28 AOÛT 2017
Des allers qui ne sont plus sans retours en France, comme en témoigne un récent communiqué de la CCI 42 : « Deux nouvelles lignes régulières au départ de l’aéroport de Saint- Etienne à destination de l’Algérie. Pour Saint-Etienne, l’ouverture de cette ligne est prometteuse du fait de l’importante communauté d’origine algérienne implantée dans la Loire et en Rhône-Alpes. Par ailleurs, le choix d’Atlas Atlantique Airlines s’est, sans conteste, porté sur l’aéroport de Saint-Etienne pour sa centralité en Rhône-Alpes Auvergne, mais aussi pour ses atouts principaux que sont : son accès facile et rapide, son parking gratuit et l’embarquement immédiat » www.atlasfly.fr
Jacques Chassaing
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L’ETAT FALSIFIE L’HISTOIRE
ET RABAISSE LA FRANCE
ACEP-ENSEMBLE N°296
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Le 8 mai 2025, l’histoire recommence avec le déplacement d’élus à Sétif
RAPPEL
... Pour l'exploitation électorale du mensonge
Sétif (mai 1945) : encore une provocation socialiste.
Par Bernard LUGAN (9 avril 2015)
Du 19 au 21 avril 2015, M. Jean-Marc Todeschini, Secrétaire d'État français chargé des Anciens combattants effectuera un "voyage mémoriel" en Algérie. Une mémoire sélective puisqu'il est prévu un déplacement à Sétif, repentance oblige..., mais pas à Oran où des centaines de Français furent massacrés et enlevés le 5 juillet 1962 (de Ternant, 2001 ; Jordi, 2011 ; herodote.net / 5 juillet 1962 ; Mathias, 2014 et Pervillé, 2014). Le secrétaire d'État français n'ira pas davantage à la mine d'El Halia où, le 20 août 1955, 132 Européens furent assassinés ; ni d'ailleurs sur l'un des nombreux lieux de supplice des Harkis.
Le déplacement du secrétaire d'État français à Sétif s'effectuera à la veille des cérémonies du 70° anniversaire des évènements sanglants qui marquèrent la ville et sa région. Plus qu'un symbole, c'est un gage que François Hollande donne là au noyau dur de son électorat. Les porteurs de valises et leurs héritiers demandent en effet depuis des années que la France "reconnaisse sa responsabilité dans la répression" de Sétif. Une telle reconnaissance serait d'ailleurs la suite logique de la politique définie le 17 octobre 2012 par François Hollande quand il rendit un hommage plus que déplacé aux prétendues « victimes » de la manifestation interdite du 17 janvier 1961 à Paris [1]. Par Bernard LUGAN 09/04/2015
La visite à Sétif d'un membre du gouvernement français est à la fois une insulte à l'histoire et une faute politique car, pour les autorités algériennes, la "répression de Sétif" est l'emblématique exemple de la "barbarie coloniale française". Retour sur les faits.
Le 8 mai 1945, à Sétif, dans le Constantinois, des militants du PPA (Parti du peuple algérien), interdit depuis 1939 et maintenu dans la clandestinité, décidèrent de profiter des commémorations de la capitulation allemande pour tenter un coup de force (Benmebarek, 2010).
Pour maintenir l'ordre, les autorités disposaient de 40 policiers dont environ un tiers d'indigènes, de 20 gendarmes et de 4 compagnies militaires d'instruction composées de recrues locales (Jauffret, 1987, Benmebarek, 2010). Quand la police décida de faire retirer une bannière réclamant l'indépendance de l'Algérie, un coup de feu fut tiré et la manifestation dégénéra. Les civils français furent pourchassés et massacrés, non par une foule hystérique comme cela est trop souvent dit, mais par des commandos de tueurs très mobiles et très organisés qui commirent des meurtres à travers la ville.
Le bilan fut de 21 Européens tués et de 36 blessés. Au même moment, et donc sans lien avec la manifestation de Sétif, d'autres massacres se déroulèrent dans la région, à Périgotville, Amouchas, Kerrata, Chevreul, Sillègue, Canrobert, Lafayette, Ampère, Davoust, ainsi que dans les maisons forestières isolées de Tamsout, Ain Settah et Tamentout où 81 victimes européennes furent à déplorer. Parmi elles, les administrateurs Rousseau et Bancel enlevés et assassinés sur la route Sétif-Bougie et l'abbé Navarro abattu dans le village d'El Ouricia, à 12 kilomètres de Sétif. Au total, 102 Européens furent assassinés (Vétillard, 2008 ; Benmebarek 2010).
Des renforts arrivèrent de Constantine et de Philippeville. Si 10 000 hommes furent déployés dans tout le Constantinois, seulement 3700 — dont des tirailleurs algériens — le furent dans la subdivision de Sétif, la plus vaste, la plus difficile d'accès et la plus touchée de la Division territoriale de Constantine.
Aussitôt la nouvelle des tueries connue, le communiste Maurice Thorez, vice-président du Conseil de gouvernement présidé par le général De Gaulle, lança de véritables appels au meurtre et à la répression. Le 12 mai, le Parti communiste distribua un tract dans les villes d'Algérie dans lequel il demandait de "passer par les armes les instigateurs de la révolte et les hommes de main qui ont dirigé l'émeute. Il ne s'agit pas de vengeance ni de représailles. Il s'agit de mesures de justice. Il s'agit de mesures de sécurité pour le pays".
Heureusement, l'armée garda raison et la répression, réelle, n'eut pas l'ampleur que lui donnèrent par la suite les nationalistes algériens. Ces derniers avancèrent un bilan de 40 000 victimes, chiffre lancé sans vérification par une source diplomatique américaine favorable aux indépendantistes (Vétillard, 2008).
Le FLN alla ensuite jusqu'à parler de 70 000 morts... Certains historiens avancent quant à eux le chiffre de 6000 à 6500 morts tout en soulignant qu'il s'agit là d'une estimation « haute » (SHD, 1990 ; Vétillard, 2008). Quant au préfet Benmebarek (2010), il estime que le nombre des morts serait d'environ 2500.
Comme il n'y eut pas de ratissages en raison des faibles moyens dont disposait l'armée, l'on voit mal comment 3700 hommes dispersés sur de vastes territoires auraient pu tuer des dizaines de milliers de personnes. Et où les corps auraient-ils été enterrés ? Nul doute que si des charniers avaient existé, les actuelles autorités algériennes se seraient empressées de les montrer...
Ce qui s'est passé à Sétif est donc à la fois bien connu des historiens et très éloigné de cette histoire officielle algérienne si complaisamment relayée par la gauche française. Le préfet Benmebarek qui a vécu dans la région et qui a donné une excellente analyse des évènements (2010) explique que nous sommes en réalité en présence d'un soulèvement raté qui devait être suivi d'une insurrection dans toute l'Algérie, mais, comme la coordination fut mal assurée, seule la région de Sétif fut touchée. Ce fut en quelque sorte une répétition des évènements de la Toussaint 1954 que la IV° république fut incapable d'anticiper.
Dès 1962, les autorités algériennes s'engagèrent dans une entreprise d'écriture de l'histoire officielle de la lutte pour l'indépendance présentée comme le soulèvement d'un peuple unanimement dressé contre le colonisateur français [2]. Puis, durant la terrible décennie 1990, quand l'Algérie, alors en pleine guerre civile, fut au bord de l'implosion, ses dirigeants recherchèrent des thèmes d'union nationale qu'ils trouvèrent dans la dénonciation des "crimes" commis par la France. Dénonciation d'autant plus facile qu'en France même, des relais culpabilisateurs existaient. La manœuvre eut son point d'orgue en 1995 avec la célébration du cinquantenaire des évènements de Sétif. Une campagne fut alors orchestrée autour de la projection sur la chaîne Arte d'un film de Mehdi Lallaoui et Bernard Langlois intitulé Le massacre de Sétif.
Depuis, et je viens de le dire, Roger Benmebarek (2010) a publié une étude fondamentale qui met un point final à la question. Pour les historiens, et dans l'état actuel des connaissances, le sujet est donc clos.
Voilà pourquoi la décision de François Hollande d'envoyer un membre de son gouvernement à Sétif est une provocation. Ce faisant, le président de la République montre à la fois son aveuglement historique et son sectarisme poli-tique puisqu'il cautionne la réécriture de l'histoire faite par les autorités algériennes. Au prix d'une nouvelle humiliation de la France.
Outrage à la liberté d'expression d'un universitaire spécialiste international L'historien Bernard Lugan viré de Saint-Cyr par J.Y Le Drian
15/04/2015 — 16H30 Rennes (Breizhinfo.com) — Alors que les troupes françaises sont engagées dans plusieurs pays africains, Jean-Yves le Drian a pris la décision, sans consulter la hiérarchie militaire, de virer de Saint-Cyr un spécialiste reconnu de l'Afrique qui enseignait dans cette école. Dans un communiqué publié sur son blog, Bernard Lugan a annoncé ce matin la décision du ministre de la Défense. Sous le titre « A Saint-Cyr, l'Afrique n'est plus au programme...», l'historien indique que « court-circuitant l'ensemble de la hiérarchie militaire afin de lui rappeler -si besoin était-, dans quel mépris elle est tenue, le cabinet du ministre de la Défense vient d'intimer l'ordre au général commandant les écoles de Coëtquidan de suspendre de cours Bernard Lugan.
« Qu'il soit ainsi fait affront à la bienséance, poursuit l'enseignant, nul ne s'en étonnera de la part de technocrates parvenus dont le carriérisme le dispute à la servilité. Ce qui est plus grave c'est que les libertés universitaires soient ainsi violentées par un pouvoir à la dérive. Il est somme toute assez pittoresque qu'un chef de l'Etat devant l'unique succès de sa présidence à l'efficacité de l'armée de terre en Afrique, décide d'écarter le seul expert qui, du Mali à la RCA en passant par la Libye, le Tchad ou encore la Passe Salvador, la conseille efficacement au quotidien... Mais après tout, le sort de ses soldats est peut-être le cadet de ses soucis. Quant aux joyeux élèves de la Spéciale, le cabinet du ministre vient de leur offrir, sans le savoir, un cadeau inespéré. Ils savent désormais qu'une secte d'idéologues faillis vivant ses derniers jours s'attache à détruire les enseignements ramenant les hommes de terrain à la réalité. Mais en se prétendant indépendante de la vérité, cette secte est devenue la risée de l'opinion. C'est elle qui la détruira.
Avant de conclure : « Et puis, après tout, pour de jeunes élèves-officiers, l'interdit ne reste-t-il pas le meilleur moyen de faire ouvrir un livre ? Si tu ne viens pas à Saint-Cyr, Saint-Cyr viendra à toi...On ne lâche rien ! ».
L'an passé, Bernard Lugan avait déjà été victime de la censure élyséenne alors qu'il devait donner une conférence sur L'interaction religieuse, culturelle, historique et géopolitique entre les cinq pays de l'Afrique du Nord et ceux de la bande sahélo-tchadienne » aux attachés de Défense français en poste dans la quinzaine de pays concernés. En juillet dernier, Bernard Lugan avait déjà dénoncé la censure dont il s'estimait être victime, pour une intervention devant les attachés de défense, mais s'était réjoui de son "triomphe" lors du Festival international du livre militaire à Coëtquidan. http://bernardlugan.blogspot.fr/
- 16/04/2015 - BL : Questions et interrogations au sujet de mon éviction des écoles de Saint-Cyr-Coëtquidan
I) Les faits
1) Le mardi 14 avril 2015 vers 17 heures, je suis contacté par téléphone par la direction de l'enseignement des Ecoles de Saint-Cyr Coëtquidan (ESCC) qui me signifie verbalement l'annulation de toutes mes interventions programmées, sans en préciser les raisons ,
2) Officiellement, à ce jour, je n'ai reçu aucune information écrite concernant ces annulations;
3) Je ne sais pas plus officiellement ce qui a motivé cette décision-sanction;
4) J'ignore la nature de l'autorité qui l'a ordonnée.
Or, l'ancien journaliste à Libération Jean-Dominique MERCHET, proche des milieux de gauche et qui se targue d'être informé directement par le cabinet du MINDEF (Ministère de la Défense) rapporte dans un article publié sur son blog le 15 avril 2015 que :
1) « les Ecoles de Saint-Cyr Coëtquidan (ESCC) ... confirment que « suite à ses (mes) récentes déclarations sur le déplacement du secrétaire d'Etat aux anciens combattants à Sétif mettant formellement en cause le chef des armées (François Hollande), le commandement des écoles a annulé sa (ma) prestation du 29 avril, sans remettre en cause son (mon) expertise d'historien ni présumer de l'avenir de la collaboration entre les ESCC et M. Bernard Lugan ».
2) L'entourage du ministre a rappelé la « consigne » donnée, il y a un an et que doivent respecter les universitaires intervenant aux Ecoles, en particulier de Saint Cyr Coëtquidan, de ne déclencher aucune polémique et de ne pas nuire à l'image des dites écoles.
II) Analyse des faits
Dans un article très documenté au sujet du futur déplacement du secrétaire d'état français aux anciens combattants à Sétif, publié exclusivement sur mon blog le 9 avril 2015 et sans qu'il y soit fait état de mes enseignements aux ESCC, j'étais légitimement fondé à exprimer mon avis tant es qualité d'historien chercheur qu'en vertu de ma liberté d'expression en dehors de mes interventions aux ESCC.
Même si cela s'est fait en des termes qui effectivement incriminent le chef de l'Etat : « la décision de François Hollande d'envoyer un membre de son gouvernement à Sétif est une provocation. Ce faisant, le président de la République montre à la fois son aveuglement historique et son sectarisme politique puisqu'il cautionne la réécriture de l'histoire faite par les autorités algériennes. Au prix d'une nouvelle humiliation de la France. »
Si l'on en croit Jean-Dominique MERCHET, la décision du Général Commandant les ESCC de suspendre mes interventions :
1) Ne se fonde pas sur une remise en cause de mon expertise d'historien chercheur sur l'Afrique et donc notamment sur les évènements du 8 mai 1945 qui se sont déroulés à Sétif ;
2) Serait une interprétation autoritaire à caractère politique émanant au mieux du rappel à la consigne du cabinet du ministre (voir plus haut) .Or, en l'état, il n'y a aucune trace d'une quelconque polémique déclenchée par mon article intitulé « Sétif (mai 1945): encore une provocation socialiste » depuis sa publication sur mon blog le 9 avril. De plus, en quoi cet article aurait-il pu porter atteinte à l'image de l'enseignement des écoles de Saint Cyr Coëtquidan alors qu'il n'y est aucunement fait mention de ces dernières ?
En l'espèce, c'est l'interprétation de la nature politique de cette sanction par Jean-Dominique MERCHET qui crée une polémique nuisant à la réputation du commandement des écoles et qui remet en cause la qualité de son enseignement sur l'Afrique. Quant à mon avis parfaitement argumenté sur la décision de François Hollande d'envoyer le secrétaire d'état aux anciens combattants à Sétif, il est tout à fait légitime, même s'il conteste effectivement le bien fondé tant historique que politique de la décision du chef de l'Etat. Ce dernier n'en demeure en effet pas moins un homme public et la Cour européenne des droits de l'homme précise à ce sujet qu'il est soumis à la critique, même désagréable, de ses compatriotes.
Nous serions donc face à une sanction prise contre la liberté d'expression pourtant garantie à tout citoyen par la Constitution. Sauf naturellement à devoir considérer que le seul fait d'intervenir aux écoles de Saint Cyr Coëtquidan priverait par voie de conséquence tout universitaire de sa liberté d'expression, y compris en dehors des dites écoles...Dès lors, je suis en droit de m'interroger publiquement sur les véritables motivations d'une telle décision qui bafouerait ma liberté d'expression. En l'absence d'information officielle écrite, je demande donc une audience au commandant des ESCC pour connaître tant l'auteur de cette décision insolite et attentatoire aux libertés, que ses motivations. Cela afin d'en comprendre la nature exacte et être en mesure d'y porter réponse, éventuellement devant les juridictions nationales et européennes compétentes.
Notes 1) Voir à ce sujet le chapitre XIV de mon livre Mythes et manipulations de l'histoire africaine intitulé :"Y eut-il un massacre d'Algériens le 17 octobre 1961 à Paris ?". A commander via Paypal sur www bernard-lugan. com ou par courrier contre un chèque de 28 euros port compris à L'Afrique Réelle, BP 45 42560 Panissières.
2) Voir à ce sujet le chapitre XII de mon livre Mythes et manipulations de l'histoire africaine intitulé : "Les Algériens se sont-ils unanimement dressés contre la France entre 1954 et 1962 ? ". A commander via Paypal sur www bernard-lugan. com ou par courrier contre un chèque de 28 euros port compris à L'Afrique Réelle, BP 45 42,360 Panissières.
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L'ENDOCTRINEMENT
VERITAS N° 75 septembre 2003
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Ou la chronique de la falsification historique
Dans cette chronique, nous avons entrepris de dénoncer toute atteinte à la vérité historique. Un livre récent écrit par Jean Sévillia, rédacteur au Figaro-Magazine Historiquement correct » ( Perrin 2003), vient conforter notre point de vue en ironisant sur les formules consensuelles et figées » de l'Education Nationale et des médias français qui endoctrinent autant l'opinion publique que les étudiants depuis plus de 200 ans.
Tout semble commencer avec Rousseau, plus que jamais en faveur, à l'heure actuelle, et son fameux postulat : «l'homme est bon de nature, c'est la société qui l'a corrompu ». Les progrès dans l'étude du comportement humain à la lumière de la psychanalyse en ont démontré toute la fausseté. Voici que sont également de retour les philosophes des Lumières, ces vieux grognards chéris de nos professeurs, malgré le contresens historique d'un tel culte par les laudateurs de la Révolution. Les deux principaux personnages dont sont férus nos philosophes, Frédéric Il de Prusse pour Voltaire et Catherine Il de Russie pour Diderot, furent, en réalité, les exemples types de l'autocratie et de l'absolutisme...
Quant à Condorcet, esprit plus distingué du siècle, admirateur et un temps acteur de la Révolution française, par une dérision tragique envers sa devise : « Raison - Tolérance - Humanité », il allait être bientôt victime de la déraison, de l'intolérance et il n'échappa à la guillotine qu'en se donnant la mort dans sa prison, la veille de son exécution. Ces hommes des Lumières firent preuve d'in singulier aveuglement : «Ils prétendirent, avec la Révolution, fonder le règne de la Raison et, aussitôt, la société française fut prise, tout entière, de folie» notait l'historien d'origine helvétique Benjamin Constant.
Mais le grand faussaire de l'Histoire reste Jules Michelet, principalement dans sa célèbre « Histoire de la Révolution française » dont la première édition date de 1847. Voulant, avec raison, faire litière de la notion de royauté et de droit divin, l'auteur tombe dans le même genre d'erreur en divinisant le peuple : « Vox populi, vox Dei » et fait de son livre une sorte de récit évangélique d'un « poème épique dont le peuple est le héros ». Déiste anticlérical, il fonde La religion de la Révolution, le plus grand événement de l'Humanité depuis la naissance du Christ »...
Partant du principe que le peuple est bon (toujours Rousseau), juste, lucide, porteur de vérité, Michelet va confondre dangereusement peuple et foule en voulant moraliser les grandes journées populaires révolutionnaires si souvent accompagnées de meurtres et de violence.
Le souffle des grandes foules... L'âme féconde des peuples... Jours sacrés du monde... Jours bienheureux de l'Histoire... ».
Pourtant Victor Hugo disait : « Le peuple est en haut, la foule est en bas... » car la foule dégrade l'homme. Un homme peut être un héros, un pionnier, un leader, un saint, un martyr, une foule d'hommes ne sera trop souvent qu'un troupeau animé de pulsions élémentaires, quelquefois généreuses mais le plus souvent violentes, livré à la merci des manipulateurs qui confisquent souvent à leurs fins cette expression de la volonté populaire artificiellement usurpée. Une minorité d'extrémistes appuyée par l'émeute populaire parisienne dûment endoctrinée a conduit la plus grande partie de la Révolution en terrorisant l'Assemblée Nationale, seule véritable expression de la souveraineté populaire. La Révolution française s'est inscrite dans l'Histoire aux antipodes de la démocratie par une succession ininterrompue d'émeutes violentes et de coups d'Etat pendant dix ans.
La fausseté du jugement de Michelet qui veut nous persuader qu'au sein des foules révolutionnaires une sorte de Saint Esprit républicain descendait sur les sans-culottes pour leur inspirer cette bonté, cette vertu, cette justice, ne peut s'expliquer que par son époque. Jules Michelet est victime du romantisme triomphant en littérature où tout n'est qu'épanchement de la sensibilité, déferlement de l'être et où la réflexion doit céder le pas à l'émotion dans l'approche de la vérité. Transposée dans l'étude des faits historiques, cette méthode subjective conduit aux pires égarements. « Pour écrire l'Histoire, j'ai reçu - on ne sait d'où - le don des larmes » va jusqu'à écrire Michelet dans sa préface de l'édition de 1869. Et il verse des larmes en nous contant ces fameuses journées révolutionnaires : sur les victimes ? Pas tellement, mais surtout sur les bourreaux animés d'une fureur sacrée.
La souveraineté populaire devient une nébuleuse qui se trouve partout et nulle part, mais dont les dépositaires privilégiées sont ces foules inspirées, chargées de conduire le destin des peuples. Conception d'autant plus funeste que, au XIXème siècle, Michelet est un grand écrivain au souffle prophétique et au style imagé envoûtant : « le plus grand poète en prose du XIXe siècle ». Ses disciples, Aulard et Mathiez, les théologiens de la Révolution, ont fait école dans l'Education Nationale, considérablement renforcée par l'influence marxiste.
Ainsi sera édifié l'inusable dogme : « LA REVOLUTION FRANÇAISE A APPORTE LA LIBERTÉ AU MONDE ». Quand Robespierre déclare à la Convention le 24 décembre 1792 que : « Seul le despotisme de la Liberté permet de sauver la Liberté », ce sophisme sanglant qui aurait dû conduire son auteur à l'asile psychiatrique sera repris par Lénine dans sa célèbre devise : « Pas de Liberté pour les ennemis de la Liberté ». Ainsi s'ouvre l'univers concentrationnaire des régimes totalitaires du XXe siècle, avec ses millions de victimes.
Une seule solution, la Révolution ! » clamaient, plus proches de nous, nos soixante-huitards... Ce fantasme révolutionnaire reste inscrit, en filigrane, dans notre inconscient national, comme un double imaginaire de notre société démocratique, un réflexe latent d'immaturité prêt à ressurgir à la suite de l'endoctrinement subi dès l'enfance.
C'est dans L'AFRIQUE CONTEMPORAINE que cette culture révolutionnaire va être la plus meurtrière. Incapables, le plus souvent, de bâtir un pouvoir représentatif réel, par suite de la structure tribale ancestrale des populations africaines, trop de dirigeants africains vont se réfugier dans un anticolonialisme aveugle, attisé par le vent marxiste qui s'apparente à la peste émotionnelle de la culture révolutionnaire, celle qui s'est répandue dans le reste du monde. C'est ainsi que vont surgir ou plutôt ressurgir des tyrans sortis tout droit de l'antiquité la plus barbare : Amine Dada, Bokassa, Sekou Touré, Hissen Abré et tant d'autres moins célèbres mais tout aussi sauvages qui vont user du titre sacralisé de « Révolutionnaires » pour justifier leurs crimes et s'attirer la sympathie idéologique de nos intellectuels.
Dès lors, tout est bien qui finit bien : « famines et kalachnikovs vont faire dix millions de morts » estime André Courtois et ses collaborateurs en 1997 dans « LE LIVRE NOIR DU COMMUNISME » (ouvrage historiquement très incorrect, s'il en faut).
C'était, il y a six ans déjà, et depuis : « Ainsi en Afrique décolonisée, des régimes totalitaires exercent le droit tyrannique de disposer du peuple au nom du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes », ironisait Romain Gary, écrivain et diplomate, à l'O.N.U. Nous sommes bien là dans la logique révolutionnaire.
Ce que représentait le F.L.N. pour la masse du peuple algérien, Charles De Gaulle l'a stigmatisé pour l'Histoire après cinq ans d'échec total du terrorisme : « Un groupe de meneurs ambitieux résolus à établir par la violence leur dictature de misère et de sang. » (Discours du 16 septembre 1959).
POURQUOI LE TERRORISME F.L.N. ASSASSINE-T-IL SIX A SEPT FOIS PLUS DE MUSULMANS QUE D'EUROPEENS ?» Cette question, De Gaulle se l'est posée et l'a posée si souvent à son entourage... Ils en ont, sans doute, trouvé la réponse sans jamais l'avouer.
Le massacre de Mélouza s'inspirait aussi de la culture révolutionnaire : UNE MINORITE IDEOLOGIQUE DOIT S'IMPOSER PAR LA TERREUR.
La « CONSTRUCTION DU SOCIALISME » par la Révolution algérienne va mettre le pays à feu et à sang et va faire des dirigeants d'Alger un des pouvoirs les plus haïs du monde. Cette vérité historique éclatante se heurte au bloc monolithique de l'historiquement correct, véritable langue de bois à usage universel, absolutisme de la pensée qui porte, en germes, toutes les tyrannies.
S'il ne dépend pas de nous de croire ou non en Dieu - écrivait Camus - il dépend de nous de ne pas donner notre cœur à de faux dieux ».
Pierre Cattin
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Esclavage
PAR MANUEL GOMEZ
17 mai 2025
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et si on parlait des négriers noirs ?
Et voilà qu’une fois encore, ce 10 mai, on nous a tartiné notre pain quotidien avec l’esclavage noir bien évidemment !
Et le CRAN (Conseil représentatif des associations noires) veut obtenir des réparations liées à cet esclavage d’avant le XVIIIsiècle et elle les réclame au nom des millions de ces descendants d’esclaves noirs qui, aujourd’hui, vivent libres dans notre monde.
Grâce à qui ?
À tous ces peuples qui les ont obligés à venir, pour travailler bien sûr, mais pour beaucoup cela leur a assuré leur pain quotidien, l’hygiène, la possibilité de fonder une famille et d’avoir des enfants, alors qu’en Afrique l’espérance de vie n’atteignait pas trente ans.
Mais on n’entend pas ce CRAN réclamer justice pour tous les Noirs livrés à l’esclavage encore de nos jours.
L’esclavage n’a été supprimé (théoriquement) en Mauritanie qu’en 1986 mais rien n’a changé depuis et la traite des Noirs par les Noirs se poursuit sur la rive nord du fleuve Sénégal.
En 2010, à Khartoum (Soudan) l’esclavage existait toujours et un esclave mâle adulte coûtait cinquante dollars, selon un rapport de l’Association suisse « Slavery International » spécialisée dans le rachat et la libération des esclaves noirs.
Et qui en parle ?
Alors parlons-en de l’esclavage, mais de tous les esclavages.
Et surtout de celui où il ne reste plus personne pour réclamer quoi que ce soit, c’est-à-dire de l’esclavage blanc ! mais celui-là, personne ne le connaît. Et pourtant il se comptabilise entre 1,5 million et 2,5 millions.
Ce n’est pas un hasard si les Turcs ont choisi ce point stratégique qui se situe en plein centre de leur principale zone d’activité, le bassin méditerranéen du détroit de Gibraltar jusqu’au bas de la botte italienne, la Sicile et les côtes tunisiennes. De ce port partent dorénavant les galères qui écument les mers et les villes côtières de la Méditerranée à l’Adriatique. Et même jusqu’en Islande. Ils s’emparent des populations chrétiennes qu’ils revendent ensuite au plus offrant sur les marchés d’Alger, Tunis, Tripoli et Alexandrie. L’esclavage et le pillage sont les principales ressources des nouveaux maîtres de ce « pays », le facteur principal de prospérité des « roitelets» du Maghreb et la fortune des marchands spécialisés. Un bateau sur deux est arraisonné, les razzias se multiplient sur les côtes espagnoles, françaises, italiennes et des royaumes du Danemark et de la Norvège. Les vieux sont massacrés et les autres, femmes, enfants et jeunes hommes sont enlevés et vendus comme esclaves ou comme galériens, les marchandises sont dispersées auprès de commerçants patentés et soumis à un racket officiel.
Des dizaines de milliers de marins, paysans, voyageurs, sont entassés et condamnés aux travaux forcés et donc à une mort lente dans les bagnes d’Alger. Les plus fortunés sont rendus contre forte rançon et ce sont les « Chevaliers de l’Ordre de Malte » enveloppés dans leur robe de religion, blanche et frappée d’une croix rouge sur le devant qui servent de négociateurs, quelquefois au péril de leur vie car leur flotte s’oppose constamment aux barbaresques. Ils sont souvent épargnés car ils apportent de riches présents pour plaire aux cheiks et, de plus, ils sont absolument nécessaires afin d’établir le contact avec les riches familles des « otages ».
Grâce à leur intervention, Miguel Cervantès, l’auteur de Don Quichotte est rendu à son pays. Egalement le Français François Arago.
En 1535 les raids barbaresques sur l’île de Minorque rapportent six mille captifs et en 1544 les galères de Barberousse s’emparent de douze mille Blancs à Lipari. Des razzias gigantesques enlèvent des captifs blancs dans les régions de Barcelone, Lisbonne, Rome, Gênes ainsi que sur tout le littoral Languedocien et même à l’intérieur des terres à partir du Massif des Maures et jusqu’au Kosovo, où les enfants deviendront des janissaires.
Les Africains sont les premiers trafiquants d’esclaves. Les rois du Mali et du Ghana possédaient des milliers d’esclaves et le Niger et le Dahomey vendaient leurs propres sujets au plus offrant.
Les ports d’embarquement appartenaient aux souverains noirs et non pas aux négriers blancs. Ces derniers recevaient une « marchandise » qu’ils convoyaient dans « les meilleures conditions possibles de l’époque ».
Après le XVIIe siècle, les Noirs sont devenus plus chers que les Européens à cause de la demande en augmentation vers l’Amérique du Nord et donc les razzias ou les achats à prix bas se développent à partir de Mogadiscio, Madagascar, les Comores, etc. Les centres de traite et les entrepôts de chair humaine détiennent plus de 200.000 esclaves, les principaux se trouvant à Zanzibar.
La femme blanche est considérée comme une denrée de luxe qui se monnaye au prix fort sur la célèbre place du Babistan à Alger pour être dirigée et revendue dans les harems orientaux.
Les Turcs ont besoin des caravanes arabes qui se sont ralliées pour traverser les territoires peu sûrs car, s’ils sont les maîtres des mers, ils n’organisent pas le transport sur terre.
Je vais m’autoriser quelques commentaires sur l’esclavage et je sais que je ne vais pas me faire que des amis mais c’est mon opinion et je la partage.
Du XVIe siècle au début du XIXe, plus d’un million d’esclaves blancs ont disparu en Afrique du Nord. Je dis disparu car il n’existe nulle part au monde une descendance de ces esclaves susceptibles d’exiger une repentance des Arabes et des Turcs.
À Nantes, un mémorial qui occupe un espace de sept mille mètres carrés, situé sur les quais de la cité des ducs et édifié aux frais des contribuables (sept millions d’euros) ne s’intéresse qu’à la traite des Noirs. L’esclavage blanc sera totalement occulté, mais nous y sommes habitués. Nous conseillons tout de même aux responsables de ce vaste projet d’aller visiter, à l’aide d’un professeur d’histoire marocain, les vastes voûtes souterraines de Meknès où étaient parqués les esclaves blancs au Maroc, avant d’être empalés, écartelés, enchaînés et, dans le meilleur des cas, castrés avant d’être vendus sur les marchés. Peut-être que cette visite guidée leur permettra de comprendre qu’il serait souhaitable de réserver un « petit espace » à « l’esclavage blanc ».
Je me permets de conseiller aux édiles nantais la lecture du livre remarquable de l’historien Olivier Pétré-Grenouilleau Les traites négrières (Gallimard) : « L’esclavage n’a pas été seulement le fait des Occidentaux. La condition des esclaves était atroce mais l’intérêt des négriers n’était pas de les laisser mourir puisqu’ils tiraient profit de leur vente. »
Le général Challe, dans un de ses rapports en 1959, indiquait que des caravanes d’esclaves partaient de Mauritanie et du Niger pour être vendus par les marchands arabes sur les bords de la Mer Rouge.
D’ailleurs cet esclavagisme s’est poursuivi en 1962, sous le regard indifférent des autorités françaises, par l’enlèvement de quelques milliers d’Européens en Oranie dont on n’a plus la moindre nouvelle. On ne peut qu’espérer qu’ils aient tous disparu et que leur âme repose en paix.
Déclaration de Houari Boumediene, président de la République algérienne, dans le journal « L’Eclair » en date du 26 janvier 1971 :
« À Paris on semble ignorer que nous détenons un très grand nombre d’otages français. Quand il le faudra nous en communiquerons la liste à toute la presse et cela provoquera une émotion considérable en France. Alors pour obtenir la libération de ces otages il faudra y mettre le prix. »
Cela fait 50 ans que ces otages, ces esclaves, sont aux mains de ces sauvages et tous les gouvernements français sont au courant. Jamais l’un d’eux, qu’il soit de droite ou de gauche, n’y a mis le prix. Des millions sont versés pour libérer les otages auxquels les médias s’intéressent, dont les photos font les premières pages des quotidiens, des magazines et des murs des hôtels de ville, mais les nôtres ont pu crever en toute tranquillité, dans l’anonymat le plus complet, sans que cela émeuve grand monde en métropole.
Alors je pose la question : qui devrait réclamer la repentance au nom de l’esclavagisme ? Les Africains qui aujourd’hui sont la composante d’une très importante partie de la population des Etats-Unis et ont permis l’élection d’un président noir, ceux vivant dans les DOM-TOM avec les avantages et l’assistanat de la France ? Ou les esclaves blancs ? Mais il vrai qu’il ne reste aucun rescapé susceptible de réclamer justice et repentance.
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LA LEGION
Eric de Verdelhan, 13 mai 2025
Envoyé par Mme Bouhier
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«… En Algérie… après bien des tâtonnements, nous avions reçu une mission claire : vaincre l’adversaire, maintenir l’intégrité du patrimoine national, y promouvoir la justice raciale, l’égalité politique… Des milliers de camarades sont morts en accomplissant cette mission. Des milliers de musulmans se sont joints à nous…Nombreux sont ceux qui sont tombés à nos côtés… Et puis un jour, on nous a expliqué que cette mission était changée… Et un soir, pas tellement lointain, on nous a dit qu’il fallait apprendre à envisager l’abandon de l’Algérie…
Monsieur le Président, on peut demander beaucoup de choses à un soldat, en particulier de mourir, c’est son métier. On ne peut pas lui demander de tricher, de se dédire, de se contredire, de mentir, de se renier, de se parjurer. »
(Extraits du texte lu par le commandant Hélie de Saint Marc lors de son procès).
Manu, J’espère que tu ne m’en voudras pas de t’appeler ainsi et de te tutoyer.
Si je m’autorise cette familiarité, c’est pour ne pas être taxé d’insulte envers le chef de l’État.
Bien que je sois très tièdement républicain et assez modérément démocrate, je respecte la fonction présidentielle…quand elle est respectable. Or, depuis 2017, elle est incarnée par un gamin narcissique, mal élevé, capricieux, affabulateur, qui n’a de cesse de dénigrer et d’humilier le pays qui l’a élu, (surtout quand il est à l’étranger) en l’occurrence, toi, Manu, la marionnette de Soros, le copain d’Ursula von ver la Hyène, l’européiste forcené qui n’aime pas la France et les Français.
Rentrant de voyage, j’ai appris que, le 30 avril, tu étais allé à Aubagne pour fêter, avec la Légion étrangère, l’anniversaire de la bataille de Camerone (30 avril 1863). En 2018, je me trouvais à Aubagne pour Camerone, en même temps que ton premier « sinistre » de l’époque, une sorte de Don Quichotte, un échalas à la barbe mitée, Édouard Philippe, lequel était talonné et marqué à la culotte par un caniche femelle, Florence Parly, qui faisait alors office de ministre de la Défense.
Je dois avouer, bien que je n’aie aucune sympathie pour ce personnage plus adroit qu’à droite, que ce grand sifflet a fait un très beau discours d’hommage à la Légion étrangère. Mais toi, Manu, qu’allais tu faire à Aubagne ? Un peu de démagogie auprès des militaires pour redorer ton blason bien terni ? Mais peut-être voulais tu impressionner Poutine, ou simplement tes « partenaires européens » ?
Sur place, ton autoritarisme, ton narcissisme, ta mégalomanie t’ont fait franchir un seuil que seuls les puristes du protocole et du cérémonial ont pu constater lors de la cérémonie. Les élus, pourtant très nombreux mais tous aussi nuls en matière de traditions militaires (dont ceux du Rassemblement National), n’ont rien vu, rien relevé, rien dénoncé. Or tu fais pourtant régulièrement des entorses plus ou moins graves au cérémonial militaire. Et ces entorses répétitives sont des actes d’humiliation honteuse vis-à-vis de la haute hiérarchie de nos armées. À Aubagne, tu as passé SEUL les troupes en revue, en jouant les cadors, la mâchoire serrée et en bombant le torse. Tu n’étais plus le freluquet qui n’a pas fait son service militaire, tu étais LE chef des armées, bouffi de suffisance, de vanité et de satisfaction. Or, protocolairement, tu aurais dû être accompagné sur le front des troupes sous les armes par le ministre des Armées, le CEMA, le CEMAT (1), le général commandant la Légion étrangère et le commandant des troupes. En petit coq vaniteux comme un paon, tu as mis au placard des officiers pourtant investis de leur commandement par un décret signé… de ta main.
Tu as violé, délibérément et volontairement le protocole, le règlement, les usages et l’esprit du cérémonial militaire. La revue des troupes sous les armes est « un acte officiel de commandement qui implique exclusivement la chaîne hiérarchique militaire. Cela exclu les autorités civiles (préfet, sous-préfet), les parlementaires et les élus locaux remis à leurs places protocolaires après la première séquence de présentation au Drapeau. La revue des troupes est normalement l’acte ultime de commandement qui précède l’engagement au combat. Les chefs s’assurent de l’aptitude finale de leurs troupes… » a écrit Yann Bizien le lendemain. Mais je présume que tu n’en as rien à cirer ?
Tu n’as pas respecté la forme et, encore moins le fond car il fallait un sacré culot pour oser se présenter à la commémoration de Camerone, au sein de la maison mère de la Légion. Tu ignorais sans doute que cette « phalange magnifique » n’a pas fêté Camerone une seule fois : le 30 avril 1961, car, ce jour-là, le pouvoir a dissous le 1er Régiment étranger parachutiste, le légendaire 1er REP.
Si la loi m’interdit d’insulter le chef de l’État, j’ai en revanche le droit de m’indigner quand tu dénigres MON pays pour acheter les votes des Franco Algériens, ou quand tu lèches les babouches d’Abdelmadjid Tebboune dans l’espoir de lui soutirer un peu de gaz. En 2017, tu as qualifié l’œuvre française en Algérie de « crime contre l’humanité » ; plus tard, tu es allé faire repentance « au nom de la France » auprès de la veuve du traître Maurice Audin. Puis tu as chargé Benjamin Stora, ancien trotskiste, d’un rapport destiné, paraît-il, à apaiser les tensions entre la France et l’Algérie. Un peu plus tard, dans un de tes discours fleuves qui rappellent ceux de Fidel Castro (ce n’est pas pour rien qu’on te surnomme « Fidel Castr... » ou le « leader minimo ») tu osais déclarer : « Nous reconnaissons avec lucidité que dans cette guerre (d’Algérie), il en est qui, mandatés par le gouvernement pour la gagner à tout prix, se sont placés hors la République. Cette minorité de combattants a répandu la terreur, perpétrée la torture, envers et contre toutes les valeurs d’une République fondée sur la déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen». Et, comme si cela ne suffisait pas, tu as rajouté :
« Une poignée d’entre eux se livra même, dans la clandestinité, au terrorisme… Reconnaître cette vérité ne doit jamais nous faire oublier que l’immense majorité de nos officiers et de nos soldats refusa de violer les principes de la République française… Ces dérives criminelles, ils ne s’y sont pas soumis, et s’y sont même soustraits… ». C’est lamentable, pitoyable ; tu devrais avoir honte !
Je sais bien que, malgré tes études à l’ENA, tu es un ignare et un âne bâté, mais on ne me fera pas croire que personne, parmi tes nombreux conseillers en communication, ne t’as dit que les légionnaires parachutistes ont été le fer de lance du putsch des généraux d’avril 1961 et que beaucoup d’entre eux sont ensuite passés dans l’OAS. Voyant ton manque d’honnêteté intellectuelle, j’ai très envie de te traiter de salopard, car tu n’as pas l’excuse d’être un con : « Les cons, ça ose tout ; c’est même à ça qu’on les reconnaît ! » disait Michel Audiard. Toi tu es simplement machiavélique. Tu sais que les résistants de l’Algérie française, en raison de leur âge, rejoignent l’un après l’autre un monde réputé meilleur. Tu sais aussi que l’Algérie compte 45 millions d’habitants dont la moitié à moins de 25 ans, et que les Algériens, pour beaucoup, détestent la France mais, par un masochisme que je ne m’explique pas, désirent vivre dans ce pays honni. Cette immigration maghrébine va dans le sens du « remplacement de population » voulu par tes maîtres mondialistes.
Tu te fous éperdument de réconcilier les Gaulois et les Algériens, car tu détestes l’histoire de France et la culture française. Et puis, si tu étais honnête, avant d’insulter les résistants de l’Algérie française, tu commencerais par respecter les lois d’amnistie en leur faveur. L’amnistie pénale a fait l’objet de trois lois promulguées le 23 décembre 1964, le 17 juin 1966 et le 31 juillet 1968. Elles actaient l’amnistie pénale des militants de l’Algérie française et de l’OAS. La dernière amnistie date de 1982 : François Mitterrand décidait d’en finir avec les « séquelles des événements d’Algérie » en faisant voter une loi sur la révision des carrières des généraux impliqués dans le putsch du 21 avril 1961 et dans l’OAS. Cette loi fut rejetée par l’opposition, ce qui obligea le gouvernement à passer en force grâce au « 49-3 ». Manu, le « 49-3 », c’est un truc que tu connais, non ?
Si tu étais honnête, tu désignerais les vrais terroristes en mettant en parallèle les victimes du FLN et celles de l’OAS. Les chiffres communément admis par les historiens sont : victimes du FLN = 220 à 260 000 tués ; victimes de l’OAS = 2200, en gros 1 % voire un peu moins.
Si tu étais honnête, tu reconnaîtrais que les « soldats perdus » de l’Algérie française étaient, pour beaucoup d’entre eux, des héros qui méritent grandement le respect de la nation. Ces gens-là avaient un idéal, une foi, un respect de la parole donnée. Ils ont cru en l’Algérie française, ils se sont battus pour elle, ils y ont sacrifié leur carrière, leur famille, leur liberté parfois.
Mais si tu étais honnête… tu ne serais sans doute pas Président de la « Ripoux-blique ». Je n’ose écrire « si ma tante en avait » car le terrorisme intellectuel que tu as laissé s’instaurer dans le pays m’interdit le moindre commentaire sur les « tantes »…
Pour conclure, je t’invite à méditer ce que disait le « Padre » Yannick Lallemand, aumônier des paras et de la Légion, dans son homélie du 30 avril 2023, pour Camerone, à Aubagne :
« Ceux de Camerone sont déjà dans la lumière de l’éternité, comme ces quelque 40 000 légionnaires morts au combat dans divers points du monde, avec ces 900 officiers qui, au côté de leurs soldats, ont versé leur sang pour ces valeurs suprêmes tant désirées par le Seigneur : la paix, l’amour du prochain, la liberté, la générosité envers ceux qui souffrent… ».
Oseras tu dire que ces 40 000 morts pour la France – dont beaucoup en Indochine ou en Algérie – étaient des tortionnaires responsables de « crimes contre l’humanité » ?
Mais tu as osé te présenter devant la Légion étrangère, et, mis à part quelques vieux réacs de mon espèce, personne n’a trouvé ça choquant. Décidément, ce pays est tombé bien bas !
Eric de Verdelhan (13-05-2025)
1) CEMA= Chef d’Etat-Major
Eric de Verdelhan - 5 février 2025
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CHRISTIANISME ET ISLAMISME
Par VERITAS N° 79 janvier 2004
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En dépit de tout ce qui a été dit à ce sujet, les textes fondateurs de la religion de Mahomet établissent que celle-ci est fondamentalement intolérante.
Par l'intermédiaire de l'Ange Gabriel, Dieu a permis de révéler interminablement la vérité.
Comment un homme peut-il faire fi de ce message sacré, de ces commandements, de ces promesses, de ces menaces ? Comment peut-il transiger sur le contenu du message, sur son application, sur l'importance essentielle de convaincre ceux qui se tiennent encore en dehors de cette lumière ?
Certes, en principe, il en va de même pour les autres religions révélées et les hérétiques, les infidèles, les renégats ont été punis avec la dernière sévérité dans d'autres religions que la mahométane. En dépit de ce point commun entre le christianisme, par exemple, et l'islam, il y a des différences essentielles, aussi bien dans la façon de considérer l'infidèle que dans le comportement adopté à son égard.
Certes, le message des Evangiles, sur bien des points, n'a rien de tiède. La réaction du Christ à l'encontre des marchands du Temple, pour n'avoir pas le caractère sanguinaire de la charia ou de la Djihad, n'en manifeste pas moins une fermeté dont pourraient s'inspirer de façon salutaire tant de curés actuels qui livrent leurs églises à des groupes ou à des activités qui les profanent. Par ailleurs, le Christ a bien dit : « Je ne suis pas venu pour vous apporter la paix, mais la guerre ». Mais, surtout, les perspectives de l'Enfer, évoquées de façon formelle et réitérée, n'ont rien du message édulcoré de tant de prêtres modernes, dont les propos se rapprochent de ceux de Jean Yanne caricaturant la sort idéologie : « Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ».
L'église Saint-Augustin à Alger
avant l'indépendance.
Cependant, il est vrai qu'à côté de ces perspectives, de ces menaces effroyables à l'égard du pêcheur, le Christ a beaucoup parlé d'amour : amour du Père, certes, d'abord, mais amour du prochain, amour du pauvre, du petit, du faible, du démuni.
La dualité du message devait s'avérer immensément bénéfique du point de vue social. L'échéance inévitable du Jugement Dernier devait inciter chacun à faire un effort sur lui-même pour s'amender, en particulier dans son comportement à l'égard de son prochain. Et, par contre, l'amour et l'indulgence à l'égard des autres prêchés par le Christ avec tant d'affection insistante, ne pouvaient que rendre plus humaine cette société antique, jusqu'alors si dure et si impitoyable. Il n'y a pas de doute que c'est la dualité complémentaire de ce message qui a fait du christianisme le fondement sacré de la civilisation la plus épanouie et la plus parfaite qu'a connue l'humanité.
Notons qu'en dehors de la perspective de ces violences de l'Au-delà, les Evangiles n'expriment, nulle part, d'appels à un comportement de violences physiques sur cette terre. Et il en est de même dans tous les textes du christianisme des premiers siècles. Jusqu'à Constantin, la guerre a été maudite par les chrétiens dont l'attitude, non seulement anti-belliciste, mais même anti-militariste, constituait un grief capital pour le pouvoir impérial.
Il est vrai qu'avec l'Eglise constantinienne et l'Empire chrétien, a germé le concept de « guerre juste ». Car dans un Empire de plus en plus peuplé de chrétiens, la défense du territoire contre les agressions extérieures se confondait avec la protection légitime due à ces populations de fidèles. Bientôt la défense face aux infidèles de Constantinople à la péninsule ibérique et à Poitiers, devenait une question de survie. Quelle différence avec la religion du Prophète où l'appel à la violence est proclamé dès la révélation et apparaît dans une trentaine de versets du Coran !
Un autre choix s'est révélé d'importance capitale. Le Fils de Dieu incarné, qui aurait pu exercer tout pouvoir sur cette terre, n'a jamais voulu être roi. « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » établit la religion de la nouvelle alliance en dehors du pouvoir politique. La divinité est évidemment incommensurablement plus grande que le César éphémère et infiniment imparfait qui règne sur cette terre.
Davantage même : le pouvoir temporel installé, lui-même, reçoit un reflet de la lumière et du sacré divin, dans la mesure où il est impossible qu'il en procède autrement. Rappelons-nous, en effet, que le Christ a dit à Ponce Pilate : « Tu n'as sur moi aucune autorité si elle ne t'avait été donnée d'en Haut. ». Et Saint Paul en réitère l'affirmation au début du chapitre XIII de l'Epître aux Romains : « Il n'y a pas d'autorité qui ne vienne de Dieu et résister à l'autorité, c'est résister à Dieu lui-même, c'est attirer sur soi la malédiction. ».
Bref, d'emblée, la religion prêchée par le Christ est affaire de contre-pouvoir. Elle laisse leur pouvoir aux politiques et même à la justice - en dépit du fait qu'ait existée une juridiction d'Eglise à certaines époques et en certains lieux -. Même dans les monarchies de droit divin, où le souverain est sacré religieusement, la disjonction est indiscutable entre le pouvoir civil et ses prérogatives et le pouvoir religieux.
L'islam est, avant tout, une religion de soumission. Le mot « islam » lui-même signifie « abandon » (à la volonté de Dieu). Les textes sacrés révélés par Allah à Mahomet, comprennent le Coran, auquel se sont ajoutées la sunna et la shari'a (la foi). Même ceux de ces textes qui sont nés après la mort du Prophète - dont certains qui ont contribué à établir ce qu'on appelle « le droit musulman », bénéficient de la même sainteté et de la même immuabilité qui sont perpétrés, maintenant depuis plus d'un millénaire. Pour n'être pas la seule religion révélée, l'islam est remarquable par sa fidélité immémoriale à la lettre du message : tout a été dit. Et l'immobilisme total de cette religion aboutit à un archaïsme de plus en plus étonnant dans une société qui évolue de plus en plus vite.
Il est tout à fait simpliste de réduire les obligations de cette religion aux cinq préceptes sacrés fondamentaux, tels que les énumère André Miquel : la profession de foi, l'aumône, la prière, le jeûne et le pèlerinage à la Mecque. On a aussi prétendu que, dans ce texte sacré qu'est le Coran, foisonnant, ambigu, parfois contradictoire, d'interprétation - et, à fortiori, de traduction - très difficile, chacun avait pu choisir ce qu'il avait décidé d'y trouver.
Et ceux qui auraient sorti de ces textes sacrés l'intolérance, le fanatisme, le mépris des autres, soit pour appliquer ces principes inhumains, soit pour noircir celle religion et ses textes fondateurs, auraient biaisé un message incomparablement dus complexe et plus nuancé. L'argument, qui n'est pas négligeable, nie conduira à rappeler ci dessous quelques dispositions et quelques faits objectifs qui me semblent prouver qu'il y a là rien moins qu'une religion de douceur, de charité et d'amour.
En fait, aux antipodes des Evangiles où s'épanouissait le seul message spirituel, le Coran et ses hadiths fixent, dans le cadre de la religion islamique, le droit pénal, administratif et constitutionnel, de la façon la plus totale, la plus rigoureuse. C'est donc, à la fois, le champ spirituel et toute l'organisation de la vie sociale, les interdits, les tabous, la morale qui sont prévus et qui doivent donc être reçus sans discussion ni modification, et pour l'éternité : c'est une religion totalitaire.
Un fait est surprenant pour tous ceux qui ont été élevés dans une civilisation baignée de christianisme.
L'église Saint-Augustin à Alger
après l'indépendance.
C'est ce que J.C. Barreau appelle : « l'indestructible liaison qui existe théologiquement entre le Coran et la langue arabe ». En un mot, le Coran ne représente la Révélation sacrée que dans la langue où il a été dévoilé par Allah à Mahomet.
L'islam n'a pas ressuscité la notion de race élue de l'Ancien Testament, mais il a créé la notion de langue sacrée. Et il y a là, à l'évidence, un ferment particulièrement puissant d'exclusion et de conquête des esprits précédant celle des corps.
Le fait d'être obligé, ne serait-ce que pour prier, de le faire en arabe, n'amène-t-il pas celui qui serait enclin à se convertir à apprendre cette langue, accomplissant ainsi un premier acte de soumission à l'arabisme ? Quand notre intelligentsia - et en particulier notre clergé le plus progressiste - s'efforcent de façon obsessionnelle à nous faire croire que toutes les religions doivent être mises à égalité, ces hommes oublient déjà ce principe d'exclusion et de racisme que véhicule l'islam.
Et quel contraste avec le catholicisme - l'universel - où les textes sacrés ont été traduits en toutes les langues et où on a recouru, pendant des siècles, pour le service divin, au latin que son antériorité et sa disparition, en tant que langue vernaculaire, classent indépendamment et au-dessus de tous les peuples !
Par Georges DILLINGER
«Chronique de la France asservie »
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GUERRE OTAN CONTRE RUSSIE
Par M. Manuel Gomez
Envoyé par Mme A. Bouhier
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Macron place la France en position provocatrice contre la Russie
Ce n’est pas un scoop, le président Emmanuel Macron s’est déjà projeté après 2027. Nous le savons, il s’imagine une destinée mondiale. Il croit dur comme fer devenir le président de la première Union Européenne Fédérale et, pour obtenir ce destin et s’inscrire dans l’Histoire du monde, le président a développé une paranoïa guerrière dans l’objectif de prendre une éclatante revanche sur tous ceux qui l’ont humilié, les Bouteflika, Poutine, Trump, Tebboune, etc.
Macron a offert, il y a peu, son arme nucléaire à l’Union européenne et il s’est senti profondément vexé que sa volonté de défendre, à lui seul, son Europe n’ait pas rassemblé dans un élan de reconnaissance l’ensemble des pays concernés.
L’accord de défense qu’il vient de signer avec le président de la Pologne, lors de la récente réunion où il a repris la main de leader de l’UE (le quatuor en bras de chemise, Angleterre, Allemagne, Pologne et lui-même, dans le wagon de queue), met notre pays, la France, dans une situation provocatrice qui, et l’on ne peut qu’espérer que ce ne sera jamais le cas, peut nous conduire à une disparition prochaine sous une attaque nucléaire, en réponse à notre défense nucléaire.
Supposons que, dans un délire obsessionnel, Vladimir Poutine décide d’agresser la Pologne et que son armée, opposée aux forces jointes de la Pologne, de la France et d’une partie de l’Europe, se trouve en grande difficulté et que seul l’emploi de l’arme atomique pourrait la sauver : réponse nucléaire de la France, pour défendre la Pologne et ce serait l’escalade fatale. Le président joue avec nos vies.
Le président Macron na pas eu le courage de répondre, comme il se devait, aux insultes et humiliations de l’Algérie. Dans le cas contraire notre ami Boualem Sansal serait libéré depuis belle lurette. Il n’a qu’une considération très mitigée pour notre Histoire, nos valeurs et notre culture. Pour lui ce n’est pas la France qui doit imposer sa présence internationale mais sa propre personne.
Peu lui chaut le devenir de la France, seule son aura personnelle lui permet de se croire irremplaçable.
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LIVRE D'OR de 1914-1918
des BÔNOIS et ALENTOURS
Par J.C. Stella et J.P. Bartolini
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Tous les morts de 1914-1918 enregistrés sur le Département de Bône et la Province du Constantinois méritaient un hommage qui nous avait été demandé et avec Jean Claude Stella nous l'avons mis en oeuvre.
Jean Claude a effectué toutes les recherches et il a continué jusqu'à son dernier souffle. J'ai crée les pages nécessaires pour les villes ci-dessous, des pages qui pourraient être complétées plus tard par les tous actes d'état civil que nous pourrons obtenir. Jean Claude est décédé, et comme promis j'ai continué son oeuvre à mon rythme.
Vous, Lecteurs et Amis, vous pouvez nous aider. En effet, vous verrez que quelques fiches sont agrémentées de photos, et si par hasard vous avez des photos de ces morts ou de leurs tombes, nous serions heureux de pouvoir les insérer.
De même si vous habitez près de Nécropoles où sont enterrés nos morts et si vous avez la possibilité de vous y rendre pour photographier des tombes concernées ou des ossuaires, nous vous en serons très reconnaissant.
Ce travail fait pour Bône, Guelma, Philippeville, etc. a été fait pour d'autres communes de la région de Bône et de Constantine.
POUR VISITER le "LIVRE D'OR des BÔNOIS de 1914-1918" et du Constantinois
Le site officiel de l'Etat a été d'une très grande utilité et nous en remercions ceux qui l'entretiennent ainsi que le ministère des Anciens Combattants qui m'a octroyé la licence parce que le site est à but non lucratif et n'est lié à aucun organisme lucratif, seule la mémoire compte :
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Soeur Marie et Soeur Laure
Envoyé Par Eliane
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Deux religieuses rentrent le soir après une journée de vente de gâteaux au profit d’une œuvre caritative :
- Sœur Marie, mieux connue comme Sœur Mathématiques (S M)
- Sœur Laure, mieux connue comme Sœur Logique (S L)
SL : "Tu as remarqué qu'un type nous suit depuis 10 minutes?"
SM : "Oui, je me demande ce qu'il veut…"
SL : "C'est logique, il veut abuser de nous!"
SM : "Quelle horreur ! et en plus dans 3 min 47 s il va nous rattraper! Que faire?"
SL : "Logique, il faut marcher plus vite…"
Elles accélèrent donc un peu le pas pour semer le satyre.
SM : "Ça ne sert à rien ! Il est toujours derrière nous."
SL : "C'est logique : lui aussi il a accéléré…"
SM : "Que faire? Dans 1 min 13 s il va nous rattraper…"
SL : "Bon, logiquement si on se sépare, il aura un problème.."
Elles se séparent donc : Sœur Mathématiques à droite, Sœur-Logique à gauche... L'homme décide de suivre Sœur-Logique, à gauche, et SM rentre au couvent. Elle et toutes les autres sœurs attendent donc avec impatience l'arrivée de leur consœur quand, finalement, Sœur-Logique arrive au couvent. Dès son arrivée, elle est assaillie par les questions.
SM : "Dieu soit loué! Que s'est-il passé?"
SL : "Je n'avais qu'un choix logique : courir le plus vite possible."
SM : "Et lui?"
SL : "Logique, lui aussi s'est mis a courir."
SM : "Et alors?"
SL : "La suite logique : un homme court plus vite qu'une nonne, il m'a donc rattrapée!"
SM : "Dieu du ciel! Et alors?"
SL : "J'ai fait la chose la plus logique. J'ai soulevé ma jupe"
SM : "... Oh!!! ma sœur !!! ... et... et... lui?"
SL : "Sa réaction fut très logique, il a baissé son pantalon."
SM : "... Horreur ! ... et... et... ensuite…"
SL : "Bien, c'est logique! Une sœur avec la jupe relevée court plus vite qu'un gars avec les pantalons aux chevilles! Et me voici !"
Que tous ceux qui espéraient une histoire de fesses récitent trois "Je vous salue Marie".
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Notre liberté de penser, de diffuser et d'informer est grandement menacée, et c'est pourquoi je suis obligé de suivre l'exemple de nombre de Webmasters Amis et de diffuser ce petit paragraphe sur mes envois.
« La liberté d'information (FOI) ... est inhérente au droit fondamental à la liberté d'expression, tel qu'il est reconnu par la Résolution 59 de l'Assemblée générale des Nations Unies adoptée en 1946, ainsi que par les Articles 19 et 30 de la Déclaration universelle des droits de l'homme (1948), qui déclarent que le droit fondamental à la liberté d'expression englobe la liberté de « chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit ».
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