N° 258
Mars

https://piednoir.fr
    carte de M. Bartolini J.P.
     Les Bords de la SEYBOUSE à HIPPONE
1er Mars 2025
jean-pierre.bartolini@wanadoo.fr
https://www.seybouse.info/
Création de M. Bonemaint
LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD
se trouve dans la page: La Seybouse,
Écusson de Bône généreusement offert au site de Bône par M. Bonemaint
Avertissement :
Il est interdit de reproduire sur quelque support que ce soit tout ou partie de ce site (art. L122-4 et L122-5 du code de la propriété intellectuelle) sans autorisation expresse et préalable du propriétaire du site..
Les Textes, photos ou images sont protégés par un copyright et ne doivent pas être utilisés à des fins commerciales ou sur d'autres sites et publications sans avoir obtenu l'autorisation écrite du Webmaster de ce site.
Les utilisateurs du site ne peuvent mettre en place de liens hypertextes en direction du site susvisé sans l'autorisation expresse et préalable du propriétaire du site, M. Jean-Pierre Bartolini.
Pour toute demande de reproduction d'éléments contenus dans le site, merci de m'adresser une demande écrite par lettre ou par mel.
Merci.
Copyright©seybouse.info
,
Les derniers Numéros : 248, 249, 250, 251, 252, 253, 254, 255, 256, 257,
ÉDITO

Le printemps est bientôt là !

        Chers Amies, Chers Amis,

        On voit déjà des bourgeons un peu partout, les jours durent plus longtemps, la température commence à se radoucir. Dans quelques jours ce sera la fin de l'hiver. Souhaitons l'espoir de retrouver, en tout point, une vie un peu plus normale, avec moins d'incertitude et la " promesse " d'un été moins chaud que 2024.

        Le Carême démarre ce 5 mars 2025 avec le Mercredi des Cendres. Tout comme le Ramadan, 28 février 2025, avec lequel il a de nombreux points communs, le carême est une fête mobile : sa date change chaque année.

        Petits rappels d'un 1er mars dans l'histoire :
        - 1er mars 1699 : entrée en vigueur du droit des pauvres prélevé sur la recette des théâtres. - Maintenant c'est le pauvre qui paie pour les acteurs avec des subventions publiques.
        Un siècle et demi après une première expérience, depuis abandonnée et oubliée, de prélèvement d'un impôt sur le théâtre en faveur des pauvres, l'arrêt de 1699 enjoint aux comédiens de donner le sixième de la recette aux pauvres de l'hôpital général, les directeurs d'établissements détournant aussitôt la loi en augmentant le prix des places.

        - 1er mars 1732 : mort de Pierre Chirac, né à Conques dans le Rouergue, en 1657. Surintendant du Jardin royal des plantes médicinales en 1718, il est anobli en 1728, membre de l'Académie des sciences, remplaça le célèbre Dodard à la cour, en 1731, et fut en même temps le premier médecin du roi Louis XV en 1730.

        Bon mois de mars et " Bône " lecture

Jean Pierre Bartolini          
        Diobône,         
         A tchao.



La petite Maison Grise.
- Maintenant dans ma tête, Je m’en vais rechercher les chevaux de mon imagination.
- Je vais en attraper un, Pour galoper comme un bienheureux Sur le chemin de mes rêves.
Réplique d’un ancien acteur devenu alcoolique


En sortant des faubourgs, d'une petite ville du nord de la France, notre attention fut attirée, par, une curieuse petite maison, toute de grise vêtue et enfouie dans la verdure. Elle était isolée dans la campagne environnante et présentait un très vilain aspect, qui, semblait, presque inquiétant à voir au premier regard. Cette maison ne devait pas être bien jeune et il semble, que, compte tenu de sa vilaine teinte grise, elle semblait avoir défié le temps qui passe. Elle se voyait entourée d'une vague clôture, très envahie par les mauvaises herbes grimpantes, qui, par ailleurs, avaient presque recouvert entièrement le portillon d'accès. La porte d'entrée de la maison et les volets étaient clos et un grand silence régnait aux alentours. On aurait dit, qu'elle sommeillait paisiblement, depuis longtemps déjà dans son écrin de verdure.

De retour en ville, j'ai été tenté de me renseigner, afin de pouvoir connaître le propriétaire de cette maison et de lui demander, de me la faire visiter si possible. Mais, tous ceux que j'interrogeais, restaient très vagues dans leurs explications et paraissaient pour le moins gênés, alors, ils s'arrangeaient toujours, pour édulcorer toutes mes demandes de renseignements et ainsi, éviter de répondre à mon questionnement. Je trouvais, que toutes ces attitudes, étaient pour le moins bizarres, ce qui m'engagea de persévérer dans mes démarches.

Un beau soir, alors que je déambulais dans la cité, mes pas devaient m'emmener auprès d'un vieil SDF, qui était assis sur un banc du square. Je lui fis l'aumône et je m'asseyais près de lui, pour faire un petit moment de conversation. Puis, l'idée m'est venue, de lui demander s'il était originaire des lieux, auquel cas, il me répondit, qu'en effet il était de cette ville depuis sa naissance. Alors, je me mis à évoquer, la curieuse petite maison grise, qu'il devait certainement connaître. C'est alors, qu'il devait brusquement se rétracter, puis, me fixer longuement dans les yeux, avec un air d'épouvante qui devait me surprendre. Il me dit alors = « mon bon Monsieur, oubliez cette maison du malheur et surtout, ne vous en approchez pas trop, car, vous pourrez le regretter.» Après un long moment de silence, il se mit à me conter l'histoire de cette maison, que, manifestement, n'était pas pour lui une inconnue, car, il s'était passé autrefois dans cette maison, un drame épouvantable dont aujourd'hui encore, les habitants de cette ville ne veulent plus évoquer.

A cette époque, cette maison était rayonnante de bonheur et abritait une famille constituée par = le père - l'épouse et quatre enfants en bas âge, dont deux garçons et deux filles. Par un jour funeste, le père étant contraint de s'absenter de son domicile pour affaire, la famille resta seule dans la maison durant toute son absence. Lorsqu'il revint quelques jours plus tard, il sembla surpris du silence qui régnait sur les lieux, lesquels, apparemment, semblaient vides de toutes présences. Il rentra chez-lui, en appelant sa femme et ses enfants, sans obtenir la moindre réponse. Alors, il se mit à fouiller la maison et là, horreur ! il trouva son épouse sur le sol, qui avait été égorgée et baignait dans son sang. Dans les autres chambres, gisaient les quatre enfants sans vie. Aussitôt, la gendarmerie prévenue se rendit sur les lieux, pour faire le triste constat de ce multiple meurtre. Mais, hélas ! bien des années se sont depuis passées et jamais l'auteur de ce crime n'a pu être arrêté. Depuis ce temps-là, la maison est fermée et personne ne s'est avisé à la louer, car, une demeure où, un crime de la sorte ayant été commis, n'attire personne pour venir s'y installer.

A présent le vieil SDF s'est endormi sur son banc, sans avoir au préalable raconté qu'autrefois, il avait été le propriétaire de cette maison, à une époque où il était encore jeune et fortuné. Il ajouta avant de fermer les yeux ="ne vous en approchez pas trop, car, ces lieux sont remplis de fantômes., qui, se manifestent, dès qu'on a franchi la porte d'entrée." Je laissais ce vieillard dormir et c'est bien songeur, que je regagnais ma chambre d'hôtel. Mais, ma nuit, fut peuplée par des fantômes, qui, vinrent me dire en silence, de ne jamais me rendre dans la maison grise. Au matin, après avoir pris mon petit-déjeuner, quelque chose de bizarre devait me pousser, à me rendre directement sur place, pour vérifier la véracité des propos du vieil SDF.

Lorsque j'arrivais, la maison était voilée par une mince couche de brouillard, qui la rendait encore bien plus inquiétante. Pas un bruit et même, aucun chant d'oiseau ne se faisait entendre. Je fis le tour de la maison, en cherchant un accès dans la clôture et après avoir lutté un moment, contre toutes les mauvaises herbes et les ronces, qui semblaient m'interdire le passage, j'accédais enfin à la porte d'entrée, que j'ouvris d'un seul coup de pied. Je m'introduisis lentement et avec prudence dans la demeure et remarquais qu'elle était resté intacte et que tous les meubles étaient couverts de poussière et de toiles d'araignées, car, ils n'avaient sûrement pas bougé de leur place, depuis le drame qui s'était déroulé dans ces murs. Je fis le tour des pièces du rez-de-chaussée pour faire le constat, que tout était resté en bon ordre, mais, que le temps, avait déposé sa marque sur chaque objet et tout le mobilier. Curiosité aidant, je montais au premier étage et explorais toutes les chambres, lesquelles, se voyaient dans une semi-obscurité, avec tous les volets fermés, ce qui étaient particulièrement sinistres et sentait la mort. Je suis resté un long moment à fureter dans cette maison, mais, pas de fantômes à l'horizon, ce qui m'a fait penser, que leur présence n'était que des racontars.

Après avoir regagné le bourg, j'ai cherché à revoir le vieil SDF, mais, le banc du square était vide et je me promis de revenir à la nuit tombée, pour avoir la chance de pouvoir le rencontrer de nouveau. La journée se passa agréablement, le temps s'était mis au beau et la nature refleurissait en ce début de printemps. Le soir arrivant, je me suis dirigé vers le square et là, se tenant sur un banc était le vieil SDF. Je le saluais et m'installais près de lui, pour lui conter ma journée dans la maison grise. Il me regarda d'un air effrayé, en me disant, que, je n'aurais jamais dû, rentrer dans cette maison maudite. Je le rassurais en lui disant, que, j'étais resté, pas mal de temps au sein de cette demeure et j'ai pu la visiter de fond en comble, mais, qu'aucun fantôme, n'est venu pour perturber ma visite. Il me dit alors de me méfier, car, si les fantômes, ont accepté de me voir explorer toutes les pièces, ce n'est pas sûr qu'ils le feront encore une fois. Puis, il me parla du chef de famille, lequel, à la suite de ce drame, quitta définitivement la région et ne fit plus parler de lui. On a appris plus tard, qu'il s'était remarié et qu'il avait eu plusieurs enfants. Manifestement, il semble, qu'il a dû rapidement se consoler de l'assassinat des siens. Puis le vieillard me renseigna, sur les différents propriétaires qui ont occupé la maison. A vrai dire, ils ne furent pas nombreux et curieusement, ils ne restèrent pas très longtemps dans les lieux et il ajouta, que personne n'a jamais compris l'attitude de ces acquéreurs. Cependant, l'un d'eux, devait s'ouvrir au Maire de la ville, lors d'une conversation en lui disant, que, les lieux étaient hantés et rendait impossible de vivre dans cette maison. Cette explication, devait faire le tour de la ville et on ne parla plus que de la maison hantée. Il est arrivé un jour, qu'une bande de jeune investissent les lieux, pour se réunir et faire la fête. Mais tout cela devait tourner court et la réunion fut brusquement interrompue, car, des phénomènes inexpliqués se sont produit ce soir-là. Aussi, les jeunes-gens effrayés, ont rapidement plié bagages et pris la poudre d'escampette, sans toutefois se gêner pour en parler à la ronde. Depuis, la maison est déserte et presque ouverte à tous les vents et plus personne n'ose en franchir le seuil.

Je laissais à regret le vieil SDF, en lui promettant de revenir le voir un de ces jours et pensif, je regagnais mon hôtel en me promettant de retourner dans la maison, pour tenter de réveiller les dits "fantômes". Le lendemain, c'est en fin d'après-midi, que, je devais me rendre sur les lieux et chemin faisant, j'eus la surprise de rencontrer mon vieil SDF, qui, surpris de me voir, devait me bredouiller qu'il habitait dans le secteur et que comme tous les jours, il montait en ville afin de faire l'aumône et de récupérer quelque argent, pour assurer ses maigres repas. Avant de nous quitter, il me fit promettre, de ne pas trop m'approcher de la petite maison grise, car, me dit-il, les fantômes sont toujours présents dans les lieux. Cependant, je n'écoutais pas ses conseils et gaillardement, j'entrais dans la demeure. Mais, nous étions presque en fin de journée et le soleil avait baissé sur l'horizon, donnant aux lieux un visage particulier. J'écoutais tous les bruits qui venaient du dehors et tentais de percevoir ceux de l'intérieur. Mais, rien de bien surnaturel, quoique, à moment donné, j'ai cru percevoir des pleurs d'un enfant, puis, des pas dans les étages. Je tendis l'oreille et le calme revint au bout d'un moment. Mais, je n'ai vu aucun des fantômes, dont m'avait mis en garde mon vieil SDF. Je traînais un peu dans la maison, qui, sommes toute, ne me déplaisait pas et avec quelques restaurations à faire, on pourrait réaliser un vrai petit bijou. J'ai alors décidé d'aller en Mairie, pour me renseigner sur le propriétaire et pourquoi pas, me faire le plaisir de l'acquérir. Le lendemain matin dès la première heure, j'allais consulter à la Mairie où, il me fût indiqué, que le propriétaire avait depuis longtemps disparu et qu'il n'avait laissé aucune adresse où, il pourrait être joint. Déçu par cette réponse, je laissais passer quelques jours, avant d'y retourner pour revoir cette vieille maison, qui continuais à me séduire et en pensant que je pourrais peut-être ? l'acquérir. Par un beau matin, je retournais sur les lieux et m'introduisis dans la demeure. J'ouvrais tout grand les fenêtres et le soleil par ces chauds rayons devait envahir toutes les pièces, alors qu'un petit air frais vint balayer toute la maison. J'ai aussi remarqué, qu'il existait, attenant à la maison, une petite dépendance, qui était fermée à double tour et que je me promis d'ouvrir à la première occasion.

Je traînais depuis déjà un bon moment, lorsque soudain ! des bruits insolites se firent entendre - de vagues pleurs d'enfants - des pas à l'étage, puis, un véritable tintamarre, qui se déclencha sans discontinuer. Les fantômes pensais-je ? mais, moi, je ne craignais pas les fantômes et j'attendis patiemment, que tous ces bruits bizarres cessent. Puis, je continuais à errer dans la maison comme si de rien n'était et les fantômes ne se sont plus fait entendre... Le soir, je retournais pour voir mon vieil SDF. Il était là, somnolent sur les banc du square. Je m'installais près de lui et lorsqu'il retrouva ses esprits, je me mis à lui raconter ma journée passée dans la maison. et tous les bruits que j'ai pu entendre. Il resta un moment silencieux, en me regardant d'un drôle d'air, puis, il me demanda si tous ces bruits bizarres, ne m'avaient pas quelque peu effrayé et je lui avouais, que bien au contraire, ils m'avaient engagé à les écouter sans aucune crainte. Il devait soulever ses épaules pour me dire, que, j'étais bien courageux, car, contre des fantômes on ne peut rien y faire et le plus souvent, c'est la fuite qui est le seul moyen d'échapper à ces manifestations. Alors, je lui demandais, quand il rentrera chez-lui ? Il resta bien vague dans ses réponses et son côté mystérieux, m'engagea à le suivre en catimini, lorsqu'il décida de rentrer à son domicile. C'est à une heure bien tardive où, les rues et la ville étaient désertes, qu'il se leva de son siège pour prendre la direction de sa demeure. Je le suivais silencieusement depuis un moment déjà et là, qu'elle ne fut ma surprise, de le voir franchir le portillon de la maison, puis, en faire le tour, pour ouvrir la porte de la petite dépendance où, il s'engouffra, pour disparaître à ma vue. Tout cela me rendit rêveur et je décidais de revenir le lendemain matin, afin continuer d'explorer la maison de fond en comble et c'est ce que je fis.

En ce beau matin, alors que le soleil brillait, j'ouvris en grand toutes les fenêtres et je me mis à fureter méthodiquement dans toutes les pièces. A moment donné, je remarquais qu'une petite ficelle rentrait discrètement dans une chambre et allait se perdre dans une vieille armoire. Cette ficelle venait directement de la dépendance où, était rentré le vieillard. J'ouvris l'armoire pour apercevoir un caravansérail d'objets, qui émettaient des sons divers et effrayants. Je venais de découvrir, les fantômes qui ont dû effrayer toutes les personnes, qui s'étaient aventurées, en franchissant le seuil de la porte d'entrée. En tirant sur la ficelle, je reproduisais toutes sortes de sons et je compris alors, que, c'était bien notre vieil SDF, qui, actionnait le fil, pour sûrement faire fuir tout étranger de passage, qui oserait rentrer dans les murs de cette demeure. Aussi, je ne manquais pas, d'aller cogner à la porte du vieil homme qui semblait m'attendre. Lorsqu'il me vit, il éclata en sanglots et se laissa choir dans un vieux fauteuil. C'est alors qu'il me raconta son histoire en me parlant aussi de sa vie.

"Lorsque plus jeune, j'étais favorisé par de l'argent que je gagnais alors. Je fus le gérant responsable d'une très grande société et je percevais un très honorable salaire. Après le drame qui s'est déroulé en ces lieux, j'eus un jour l'envie d'acquérir cette maison, laquelle, était, il faut le dire, boudée par les acheteurs, qui, craignaient que les fantômes des trépassés, reviennent pour hanter la maison. Je l'ai donc achetée, en me promettant de faire tous les travaux de rénovation. Mais, mes fonctions, devaient m'entraîner loin de cette ville et ce durant de nombreuses années, ainsi la maison laissée au vent et à la pluie se dégrada rapidement. C'est bien plus tard, que je fus licencié de mon travail et de plus je commençais à être âgé. C'est alors que commença pour moi, une vie errante pour en définitive, devenir le SDF que je suis aujourd'hui. De retour dans ma ville natale où, personne, ne devait me reconnaître et ignorait même mon identité, c'est alors que je retrouvais ma maison en piteux état. Cependant, je retrouvais les clés, que j'avais dissimulées dans le fond de mon jardin et discrètement, je m'y suis installé là où vous m'avez déniché. Au bout de quelque temps, je pensais éloigner les gens, qui auraient eu envie d'acheter cette demeure, c'est alors qu'une idée devait germer dans ma tête, en bricolant tout ce que vous avez découvert, dans le but de produire des bruits en tirant sur la ficelle, des bruits qu'on aurait pris pour ceux des fantômes et ainsi voir fuir tous les candidat à l'acquisition de cette maison. Voilà pourquoi aujourd'hui, les gens de la cité pensent que cette maison est hantée et qu'ils évitent de s'aventurer dans ses murs, ainsi, je suis tranquille dans ma maison où, aucuns fantômes ne sont jamais venu m'importuner."

Le vieil homme se remit à sangloter et je me fis un devoir de le consoler en le prenant par la main. Je lui fis alors une proposition d'achat de sa maison, en disant qu'il pourrait continuer à vivre dans ses dépendances et que je ferais restaurer entièrement cette demeure, qui ne devais plus restée grise et abandonnée. Son visage devait alors s'éclairer, il me sourit et hocha la tête peut-être ? pour me remercier.

A présent, je me suis installé depuis longtemps dans les lieux, car, veuf depuis de nombreuses années, j'ai trouvé ici le repos et le réconfort du cœur et de l'âme. Quant au vieil homme, après avoir passé quelques années près de moi, il est parti un jour pour un autre monde, mais, il m'a laissé un sacré souvenir, que je ne suis pas prêt d'oublier.

Voilà comment, se termine, cette histoire de fantômes et de la petite maison grise, laquelle, qui, bien que tirée de mon imagination, est toujours présente dans mon esprit.

P.S.
Nous avons appris bien plus tard, que, ce crime avait été commis, par l'époux lui-même de sa femme. Ne s'entendant plus avec cette dernière, il décida un jour de trucider toute la famille.
C'est sur son lit de mort, qu'il avoua son crime avant d'expirer.
Jean-Claude PUGLISI
- de La Calle Bastion de France.
Paroisse de Saint Cyprien de Carthage.
( Fait à Hyères 83 - le 11 / 06 / 2024 .)


POLEMIQUES AUTOUR D’UN
ANNIVERSAIRE HISTORIQUE
Par M. C. Bender
Echo de l'ORANIE N°247 novembre/décembre 1996

       Le cinquième voyage de Jean-Paul II en France métropolitaine, a été couronné de succès, au-delà même des espérances de ses organisateurs. Face aux critiques et aux polémiques stupides, les catholiques se sont mobilisés pour affirmer leur foi, et accueillir avec ferveur, un pape d'un charisme exceptionnel.

       La plupart des Français n'étaient pas choqués par la venue du pape, et ne pensaient pas que la laïcité était menacée par sa visite. C'est pourquoi une immense majorité de nos compatriotes a regardé avec ébahissement l'agitation menée contre son séjour en France.
       "L'homme en blanc" qui sillonne le monde depuis dix-huit ans, n'est pas venu dynamiter la République, ni mettre en péril la séparation de I'Eglise et de I'Etat. Affiches, pétitions, admonestations grandiloquentes de la part d'une certaine gauche, contre le voyage du souverain pontife, sont apparues pour ce qu'elles sont : I'expression d'une minorité sectaire, sans prise sur le pays.

       Si I'on se souvient bien, le président François Mitterrand, l'accueillit à chacun de ses voyages en France, par des mots d'une extrême courtoisie, Pierre Mauroy, Jean-Pierre Chevènement, George Marchais lui-même, avaient tenu à serrer la main du pape, reçu à I'Elysée et une délégation officielle du P.C avait assisté à la messe célébrée à Notre Dame. En 1988, c'est Michel Rocard, alors premier ministre, qui l'avait salué au moment de son départ d'Alsace, en lui exprimant la reconnaissance du pays et du gouvernement, pour ce quatrième séjour sur la terre de France.
       Personne ne contestait alors le financement public des déplacements de Jean-Paul II chez nous. Personne à gauche, ne trouvait à redire quand le président de la République et le premier ministre (tous deux socialistes) recevaient le pape au nom de la République française, avec les honneurs dus à son rang de chef d'Etat, et d'autorité spirituelle.

       D'où vient alors cette haine et cet accès furibond d'anticléricalisme ? n'est-ce pas politique ? comme ce mauvais procès intenté depuis plusieurs mois, et relayé par certains milieux médiatiques pour qui ce voyage serait une grave entorse à la laïcité française.
       Je crois qu'il faut relativiser I'impact des polémiques distillées dans quelques journaux, dont les accents parisianistes ne parviennent pas aux oreilles de millions de Français.
       Quand on a vu la ferveur de la foule à Ste Anne d'Auray, à St Laurent sur Sèvres, à Tours, à Reims, et qu'on compare ces milliers et ces milliers de pèlerins, aux défilés minables organisés par ceux qui contestaient la venue du St Père, on ne peut que sourire. Un millier de Francs-maçons à Valmy et deux mille défenseurs de la laïcité (à l'appel de 70 organisations), montrent toute I'ampleur du contraste.

       En vérité ce n'est pas tant la venue du pape sur la terre de France qui a provoqué le débat, mais la commémoration du baptême de Clovis qu'il est venu célébrer. Ce débat touche à la question de I'identité nationale et aux références historiques dans lesquelles elle s'enracine.
       « Insistera-t-on sur les valeurs, chrétiennes qui ont nourri durant des siècles, la culture et les mœurs de notre pays, et l'on ne verra aucun inconvénient à ce que le baptême de Clovis soit commémoré comme lieu de mémoire de nos commencements. Retiendra-t-on au contraire une conception citoyenne de la nation française, se souviendra-t-on qu'elle se construit historiquement, contre une France royale et catholique, alors, on s'inquiétera d'une commémoration grandie par son onction papale, et suspectée de vouloir ébranler les piliers de la laïcité à la Française"
       Pauvre Clovis ! 1500 ans après son baptême, pouvait-il supposer de telles polémiques ?

       Mais au fait, qui était-il ce Clovis dont on n'a jamais autant parlé que depuis ces derniers temps ? D'origine germanique, d'anciens le présentent comme un guerrier belliqueux et sanguinaire, d'autres comme un petit chef germanique, intelligent et tacticien, admirateur de la civilisation gallo-romaine, entretenant d'ailleurs de bons rapports avec les Romains, que son père Childéric aida dans leur lutte contre les Wisigoths et les Saxons. Tout le monde à l'école a appris I'histoire du Vase de Soissons (l) le mariage avec la princesse chrétienne Clotilde, le miracle (?) de Tolbiac ("Dieu de Clotilde, si tu me donne la victoire, je croirai en toi) le baptême à Reims par l'évêque Remy.

       C'est à peu prés, résumé en trois points forts, I'histoire du roi franc Clovis enserrée pour le reste dans une nébuleuse où se confondent les noms étranges des chefs et des peuples : Clodion, Childéric, Clodomir, Childebert, les Wisigoths, les Alamans, les Burgondes. Sur cette Europe du Vème siècle, troublée par les guerres de conquête, les pillages et les massacres, seule l'Eglise impose un ordre, une morale.
       Mais allez-donc faire entendre raison à ces païens, dont la culture repose sur la gloire des armes et les plaisirs de la guerre ! Même les princes chrétiens ne rêvent que d'en découdre !
       Au milieu de cette désorganisation, un homme apparut qui rétablit souvent par l'épée ou plutôt la francisque, un pouvoir, et une administration, reconstruisit une économie : Clovis.

       Tout enfant, il vit au milieu des guerres menées par son père Childéric, un descendant de Mérovée, pour asseoir son autorité. Il reçoit une formation latine, qui le porte à admirer Rome ; I'habileté politique de son père achève la formation du futur roi, porté au pouvoir à 16 ans. Clovis s'entoure de conseillers efficaces, souvent chrétiens, conquiert et organise son royaume qu'il agrandit de plus en plus. L'amour de Clotilde dont il est follement épris, et qui est la nièce du roi des Burgondes, I'amitié pressante de Rémi, l'évêque de Reims, et de Geneviève, la patronne de Lutèce, le poussent vers le christianisme et après la victoire miraculeuse ! (dixit Guillaumme de Tours, le chroniqueur) il se fait baptiser avec 3000 de ses guerriers. Peut-être moins par conviction profonde, que pour obtenir le soutien de la seule force agissant sur cette Gaule anarchique : celle des évêques. Habile politique, grand stratège et soldat courageux, il réussit à battre les Alamans, les Wisigoths et devient ainsi le maître de presque toute la Gaule ; il continue à porter son titre de roi des Francs, son autorité est reconnue par les Gallo-Romains qu'il avait toujours ménagés, et qu'il n'avait pas dépouillé de leurs biens (n'oublions pas que la Gaule fut pendant des lustres sous la domination romaine, dont elle gardera la civilisation, en partie). L'acte de naissance du royaume franc était incontestablement signé, la combinaison des mœurs germaniques et des traditions gallo-romaines allait préparer la civilisation du Haut Moyen Age.
       Et c'est ainsi que Clovis donna à notre pays son unité et son nom de baptême : "France"
       Cela valait bien une commémoration, n'est-ce pas ?
Septembre 96 - C. Bender



HISTOIRE D'HIER
ACEP-ENSEMBLE N°285

TERRIBLE TEMPÊTE DE NEIGE
EN 1846 DANS LE BOU-THALEB

Après un rude châtiment qu'elles avaient infligé aux OuIed-Sellam, qui avaient pris parti pour Si-Saad, les colonnes de Batna, de Constantine et de Sétif observaient les populations du Hotna, qui avaient également apporté leur appui au chérif.
Le Hodna est totalement dépourvu de bols aussi il est difficile d'y manœuvrer en hiver à cause du froid. Le général Levasseur quitta son camp, se portant sur Aïn-Azel (Ampère), cette marche avait pour but de chercher une route assez facile pour pénétrer dans les montagnes des Mouassa et des ouled Tebban. Toute cette chaîne de montagnes présente des pentes suffisamment accessibles par le nord, se terminant vers le sud par des versants très escarpés, pierreux, d'un accès très difficile.
Le mouvement de nos troupes vers Ain-Azel (Ampère) avait fait supposer aux montagnards Chaouias et à Si-Saâd qu'elles se dirigeaient vers Constantine. Celui-ci, en cette circonstance exploita la crédulité des Chaouias, les persuadant que cette retraite était occasionnée par les pouvoirs surnaturels dont il se disait pourvu en sa qualité de marabout. Il était parvenu en deux jours à former un petit rassemblement observant la marche de notre colonne et se promettant de punir les fractions qui avaient fait acte de soumission.
Le général prévenu, partit le 28 d'Aïn-Azel, arriva le lendemain à Ras-Oued-Sisli, sur le versant Nord du Bou-Thaleb où se trouvait Si-Saâd avec son rassemblement composé de près de cent cavaliers et quatre à cinq cents fantassins. Il fut immédiatement chassé de toutes les positions, perdit son drapeau qui fut enlevé par le goum du Caïd Mohamed-Seri-ben-Cheik-Saâd des Rhiras-Dahara.

Le 30, le Générai laissant son camp à Ras-Oued-Sisli, alla incendier tous les villages des Ouled-Tebben et faire vider leurs silos. Le village de Guedil, appartenant à Si-Saâd, fut détruit mais sa maison, située sur une position haute abritée par des rochers, n'ayant pas été remarquée échappa à l’incendie. Le goum n'avait pas eu le temps de vider tous les silos et afin de détruire complètement tout ce qui appartenait à cet intrigant et ruiner les gens qui lui apportaient leur appui, le Général retourna sur ce point le 1er janvier et compléta cette opération.

Le 2, la neige commença à tomber et atteignit dans la nuit une hauteur considérable. Dans la matinée elle cessa, le Général crut prudent de quitter immédiatement la montagne. Pour descendre dans la plaine, il n'y avait qu'un petit défilé de 1.500 mètres à traverser, mais ce passage difficile menaçait de devenir impraticable si la tempête reprenait. Vers sept heures du matin, la colonne profitant d'une embellie, se mit en mouvement. A la suite de I'avant-garde, la moitié de la colonne avait gagné la plaine, lorsque vers dix heures des rafales de neige poussées par un vent glacial, vinrent arrêter le dégel et rendre le défilé infranchissable. En un instant, les points les plus difficiles se couvrirent de glace et rendirent extrêmement laborieux le passage des bêtes de somme. La violence du vent, l’intensité des chutes de neige étaient telles qu'il était impossible d'entretenir des feux. L’horizon était entièrement obscurci à une distance de vingt pas. Dans cette situation il était impossible de faire remonter la colonne afin de reprendre le bivouac de la veille. Il eut été d'ailleurs très dangereux de rester dans une position où la neige s'amoncelait avec une extrême rapidité et où le soldat ne pouvait espérer de se chauffer aux feux du bivouac. On continua donc le passage dans le défilé, malgré Ies difficultés qui augmentaient à chaque instant. Le Général décida donc de diriger sa colonne sur Sétif, distant d'environ cinquante kilomètres.

La tête de la colonne, commandée par le colonel Bouscaren, se dirigea vers cette destination. Il était à peu près cinq heures lorsque le passage du défilé fut terminé.
L'avant-garde était arrivée au milieu des douars de la tribu des Rhiras. Le Général, jugeant de la difficulté de continuer la marche dans de telles difficultés, les soldats affaiblis par la tourmente qui durait depuis plus de dix heures, fit abriter les plus souffrants sous les tentes. On ne s'était pas reposé de la journée, la couche de neige était d'environ 60 centimètres, les guides ne savaient plus retrouver le chemin sur cette surface d'une blancheur uniforme.
Il fallut passer la nuit dans la tribu. Les hommes d'infanterie dans les divers douars des Rhiras. La cavalerie et l'artillerie ne purent profiter de ces abris. Toute la nuit les hommes de ces deux armes ne cessèrent de marcher en cercle, afin de ne pas être saisi par le froid et, aussi empêcher que les chevaux et les mules ne s'abattent engourdis. La nuit fut terrible pour tous


Les très graves conséquences de la tempête
Le 4, dès que le jour permit de se diriger avec certitude sur cet immense plateau, la colonne se mit en marche vers Sétif où elle arriva tard dans la soirée. La neige avait cessé de tomber, mais le vent n'avait pas diminué d'intensité. Un grand nombre d'hommes n'avait pas pu résister à la violence du froid, deux cents d'entre eux furent victimes de cette tourmente.
La population civile de Sétif manifesta une vive sympathie aux troupes. A la première nouvelle de leur arrivée, tous ceux qui possédaient des voitures ou des chevaux, allèrent spontanément offrir leur service au colonel Dumontel, commandant de la place. Ils se portèrent au devant de la colonne et pendant trois jours ne cessèrent de faire des allers et retours jusque dans la plaine de Ksar-Tir, à la Smala du Caid des Rhiras, chez lequel avait été établie une infirmerie afin de donner les premiers soins aux hommes éprouvés par la tourmente.
Deux cent huit cadavres s'échelonnaient sur la route suivie par la troupe et près de cinq cents hommes furent admis à l'hôpital à leur arrivée à Sétif. Tous sérieusement atteints de gelures. Ce désastre, unique jusqu'alors dans les annales de la guerre d'Afrique, fut la conséquence d'une fatalité qui n'était pas prévisible.

Ce drame connu dans les tribus, se propagea et fut considérablement grossi.

Les troupes, après un repos bien mérité, sous les ordres du colonel Dumontet se portèrent sur M'Sila où intriguait encore le lieutenant d'Abd-el-Kader. Cette opération avait surtout pour but de montrer aux tribus que nos forces étaient intactes contrairement aux rumeurs répandues.
Abd-el-Kader venait de reprendre son activité dans les provinces d'Oran et d'Alger, cela eut pour résultat immédiat de ranimer les espérances des nombreux chérifs intrigants contre nous dans la subdivision de Sétif. Si-Saâd, reprenant courage, sortant des montagnes du Bou-Thaleb où il était abrité menaçait de nouveau la région. Ben-Abd-es-Selam et Amar-ben-Abid, qui l'avaient rejoint, étaient parvenus à convaincre le chérif Si-Moussa de se joindre à eux. Un rassemblement de nombreux hommes armés s'était formé autour d'eux sur la rivière de Zamora. Afin de motiver ses partisans, Sidi-Moussa effectua une razzia dans l'Oued-Sept, sur la smala de Saïd-ben-Abid, notre Caïd du Sahel qui parvint à grand peine à s'échapper et à se réfugier à Sétif. Cette attaque dont Si-Moussa attendait un résultat à son avantage eut, au contraire un effet négatif. En effet le caïd Said-ben-Abid comptait, chez les Beni-lala et les Beni-Ourtilane, beaucoup de partisans qui, à la suite de cette razzia se séparèrent complètement du chérif. Ce dernier, abandonné par ses partisans, dès lors trop faible, demanda I'aide de Moulay-Mohamed. Tous deux appelèrent à nouveau les Kabyles à la guerre sainte, leur assurant qu'en moins de quinze jours, ils seraient les maîtres de Sétif. S'établissant près d'Aïn-Turc, ils restèrent quinze jours dans l'inaction, pour des motifs futiles, ne s'entendant plus ils se séparèrent. Sidi-Moussa, rentra chez les Beni-lala et Mouley-Mohamed passa l'hiver chez les Ouled-Aïad.

Attaque du Poste de Bordj-Bou-Arreridj.
Lors de ces événements aux portes de Sétif, Ben-Adb-es-Selam interceptait et coupait les communications avec Bordj-Bou-Arréridj. Il alla avec ses cavaliers, jusque sous les murs de ce poste enlevant le troupeau de la garnison qui, malgré sa faiblesse numérique ne craignit pas d'essayer de le récupérer mais en vain. Dans ces graves circonstances, on dut songer à concentrer des forces de la subdivision de Sétif, déjà affaiblie par le départ de trois bataillons et de deux escadrons passés dans la province d'Alger sous les ordres du général d'Arbouville afin d'arrêter le mouvement envahissant d'Abd-el-Kader.

Le colonel Dumontet, qui avait obtenu de nombreuses soumissions dans le Hodna, se rapprocha de la Medjana, il était ainsi en mesure de surveiller les projets de l'émir et, de se porter rapidement sur les Hauts Plateaux de Sétif, si sa présence devenait indispensable. D'un autre côté, le colonel Regeau, parti de Constantine avec deux bataillons et deux escadrons vint prendre le commandement à Sétif. Le colonel Buttafoco installa un camp à Aïn-Azel, sa présence sur ce point voisin du Bou-Thaleb avait pour but de montrer aux Chaouias que nos forces, malgré les perles subies lors de la tempête des 3 et 4 janvier étaient toujours intactes.
La marche de l'émir pour le Dira et son dessein bien démontré de borner ses tentatives dans la province d'Alger, permirent d'envoyer une colonne à Sidi-Embarek dans le but de rassurer les populations qui commençaient à éprouver de sérieuses inquiétudes et aussi afin de sécuriser le passage des convois de ravitaillement à la colonne Dumontet dans la Medjana.


Mort de notre allié Ben-Ouaci.
Le chérif Mouley-Mohamed, profitant de ce déplacement de nos troupes parut tout à coup, avec de nombreux rassemblements, au pied du Djebel Anini, à l'ouest de Sétif et lança ses coureurs dans la plaine des Oueld-Nabet. Notre Caïd des Amer-Ben-Ouaci, partit avec ses goums et ceux de Douadi-ben-Keskes, afin de reconnaître la position de l'ennemi. Brave comme à son habitude, le Caïd se porta trop en avant et fut tué. C'était I'allié le plus sûr, sa mort fut considérée comme une perte importante.
Pour nos ennemis un élément de propagande providentiel. Neni-Ouaci avait été tué de la main même du chérif, sa disparition nous privait d'un auxiliaire très difficile à remplacer en ce moment.
Aucun de nos caïds ne réunissait, au même degré, le mépris du danger et la confiance dans notre établissement sur cette terre d'Afrique.

Le colonel Dumontet se dirigea au Nord de Sétif afin de protéger la place contre le chérif qui avait reçu la soumission à sa cause des Amoucha et d'une partie des Ouled-Nabet. Nous eûmes à déplorer également la perte d'un autre de nos caïds Mahmoud-ben-Mousli. Quand le général Galbois avait occupé Sétif, Mahmoud était venu nous offrir ses services et, s'était établi avec sa famille et ses serviteurs sous la protection du camp français. Il est resté totalement dévoué aux Français les accompagnant dans toutes les sorties. En 1839, El-Hadj-Moustafa, beau-frère de l'émir était venu, avec les Rhiras, bloquer Sétif, la garnison l'ayant rattrapé, lui infligeant une défaite cinglante près de Bouira (Coligny), en cette occasion Mahmoud attaqua avec une fougue et un courage admirable, par faveur spéciale, il fut nommé officier de Spahis. Il continua à accompagner toutes les expéditions en qualité de chef de goum.
Il avait été nommé en 18J8, caïd des Eulma, puis on lui composa un caïdat, qui prit le nom de Ouled-Mosli, avec Sédrata, les Ouled-Bou-Nab et, une portion du territoire de Zamora. Mahmoud fut envoyé, avec son goum, au Djebel Tafat, où le chérif avait rassemblé ses partisans. Trahi par ses cavaliers qui I'abandonnèrent, il fut massacré par les rebelles et, sa tête fut portée en trophée au chérif Mouley-Mohamed.

Le colonel Dumontet, qui s'était porté au Nord de Sétif, réussit à surprendre Mohamed-ben-Abdallah, le lieutenant du chérif, lui tuant bon nombre de fantassins, s'empara de son camp et enleva de nombreux troupeaux sur la pente Nord du Mégris, Après cet échec, Mohamed se réfugia chez les Beni-foural, d'où il n'osa plus ressortir.


La campagne de Kabylie avec Bugeaud.
Le colonel accorda un peu de repos à ses troupes et regagna Sétif. Le mauvais temps ne lui permettant pas d’entreprendre une nouvelle opération, sachant que Moulay-Mohamed ne pourrait rien entreprendre de sérieux pendant cette absence. Toutefois il ne tarda pas à reprendre la campagne et, se porta vers le Djebel Anini. Son approche décida le chérif à se retirer vers les Ouled-Rezzig, mais les insurgés s'étant renforcés de quelques éléments regagnèrent le Djebel Anini, immédiatement attaqués par le Colonel, poursuivis jusqu'à Aïn-Medda, ils se réfugièrent chez les Amoucha.

Le colonel Chasseloup, arrivé récemment de France, remplaçant le colonel Dumontet, vint s'établir en face des Amoucha, sur le revers du Mégris, à Teniet-Takouka. Dans le secteur du Sud, les opérations menées contre les partisans d'Abd-el-Kader étaient couronnées de succès. Le Général commandant la subdivision de Sétif revenant dans le Tell, se préparait à châtier sévèrement les tribus qui avaient aidé les chérifs.
outes les démonstrations faites par nos troupes depuis trois mois, afin de contenir l’insurrection sur les premiers contreforts de la Kabylie, n'avaient pu empêcher les rassemblements de grossir progressivement et de s'avancer, inquiétant sérieusement les tribus de la plaine, nos alliées. Il devenait urgent de les rassurer.
Les régions de Bougie et de Djidjelli étaient en effervescence, Ies avant-postes de ces villes constamment harcelés. Il s'agissait donc de débloquer ces villes et rétablir l'ordre.

En 1847, une grande expédition fut décidée. Deux colonnes, sous les ordres du maréchal Bugeaud partirent, l'une de la province d'Alger et l'autre de Sétif. La première passa par Hamza, descendit la vallée de l'Oued-Sahel, parvint devant les Beni-Abbas dans la journée du 15 mai, le Maréchal apprit que la majeure partie de cette grande tribu, opposée aux conseils du Khalifa Mokrani, était décidée à faire la guerre. Des renseignements dignes de foi ajoutaient que les montagnards de la rive gauche de la rivière, faisant cause commune avec les Beni-Abbas, devaient attaquer la colonne le lendemain. Du temps où les turcs avaient tenté de pénétrer dans cette contrée, ces Kabyles leur avaient causé des pertes considérables en attaquant la nuit.
A huit heures du soir, leur attaque débuta, les Kabyles poussaient de grands cris, ouvrant un feu continu, mais leurs efforts furent vains devant l'attitude énergique des grands gardes.

Reddition des Beni-Abbas
Le lendemain matin, le 21, une colonne composée de huit bataillons sans sacs, de l'artillerie et d'une partie de la cavalerie, s'élança immédiatement pour occuper les premières pentes des montagnes. De là, on découvrait les deux lignes de rochers sur lesquels étaient établis les rassemblements ennemis.
Leurs positions furent enlevées par une attaque éclair. C'est alors qu'on aperçut les plus beaux villages des Beni-Abbas, celui d'Azerou, entre autres, situés au sommet des montagnes. Les troupes furent lancées à l'attaque, trouvant partout une résistance opiniâtre. Maître de tous ces villages, le Maréchal fit un exemple afin d'ôter aux autres toutes idées, il en ordonna la dévastation. La riche tribu des Beni-Abbas, qui domine cette contrée par son industrie et sa force, éprouva en cette circonstance des pertes considérables, ses fabriques de poudre et d'armes furent détruites, les résultats de cette vigoureuse action ne se firent pas attendre.
Les deux colonnes du Maréchal et celle du général Bedeau firent jonction à une journée de marche de Bougie. Le 23 mai, l'armée entière, formant un effectif d'environ 15.000 hommes, campa en face de Bougie, sur le revers du col de Tizi.

Le 24 juin, eut lieu I'investiture officielle d'environ soixante chefs Kabyles réunis devant la tente du Maréchal qui leur parla en ces termes : « Je suis venu rempli d'intentions pacifiques vous offrir l'ordre et la prospérité. Certains d'entre vous m'ont accueilli de suite, d'autres ont voulu me repousser. A ceux-là j'ai rendu guerre pour guerre, vous savez ce qui est arrivé, je serai en droit de les punir, mais le Roi des Français que je représente est grand et miséricorde et voici quelle est ma volonté : vous ouvrirez librement au commerce, aux chrétiens comme aux musulmans, le parcours de toutes nos routes, notamment celle de Bougie à Sétif. Il est interdit de faire la guerre. Ecartez-vous d'Abd-el-Kader et de ses chérifs qui prêchent la guerre et sont les causes de divisions entre-nous.

Le 25, le maréchal Bugeaud s'embarquait pour Alger, le lendemain les colonnes quittaient la plaine de Bougie remontant la vallée. Le 28, elles se séparaient, le général Gentil faisait une apparition chez les Beni-Ourlis, la division Bedeau allait établir son bivouac chez les Beni-Djelil, ensuite au Dra-el-Arba des Guifsar. Dans la journée du 30, on annonça que quelques chefs des Beni-lala, dont I'ambition n'avait pas été satisfaite de l'organisation nouvelle du pays, avaient profité du passage du chérif Si-Moussa dans leur tribu pour former un rassemblement hostile qui fut grossi par un contingent des Beni-Adel.

Le 31, une heure après avoir quitté son bivouac, le général Bedeau aperçut, à trois kilomètres environ sur sa droite des groupes Kabyles armés. La colonne devait s'engager dans des chemins difficiles où ce rassemblement les attendait pour les attaquer. Le Général se porta rapidement sur trois positions occupées par l'ennemi qui furent prises, mais il fallut accorder une heure de repos à la tête de colonne avant d'attaquer le contrefort principal où la masse des fantassins ennemis était réunie.

Dès que notre mouvement commença, les Kabyles évacuèrent leur position en se précipitant sur les pentes escarpées vers le Bou Sellam. Seule notre cavalerie arrivant au galop sur la crête, pu accrocher les derniers groupes au moment où ils abandonnaient leur position. Le colonel de Mirbeck fit mettre pied à terre à ses cavaliers qui fusillèrent les fuyards. Les tirailleurs et le 38éme arrivant peu après purent poursuivrent les fuyards, 40 cadavres furent dénombrés dans les broussailles et dans la rivière. Les cavaliers du goum de Ben-Abid, connaissant le pays purent gravir les premiers pentes de la rive opposée, désarmèrent une soixante d'hommes isolés.
Nos troupes exténuées de fatigue s'arrêtèrent à la rivière. Quelques tirs de canons furent alors dirigés sur les derniers groupes qui gravissaient, à grande peine, les sentiers de la montagne.

A neuf heures le grand rassemblement était complètement dispersé et des demandes d'aman étaient apportées dans le camp et témoignaient de la crainte et du repentir des auteurs de cette tentative si facilement déjouée.

Le 1er juin, la colonne bivouaqua au point nommé Tanourba au centre des quatre tribus des Beni-Afif, R'Eboula, Beni-Djemati et Beni-Ourtilan, toutes les populations avaient regagnées leurs villages,

Les troupes pénètrent dans le territoire de Beni-lala.
Le lendemain le camp fut établi chez les Beni-Iala, cette grande tribu qui très longtemps donna I'hospitalité au chérif Si-Moussa. Les Beni-Iala dont le territoire n'avait jamais été foulé par les turcs, étaient les réels dominateurs de la montagne environnante. Ils avaient plusieurs fois, par orgueil, déclaré que les Français eux non plus ne pénétreraient pas dans leurs forêts ne pouvant traverser les ravins escarpés. Il importait donc de terminer I'expédition par la reconnaissance du pays des Beni-lala afin d'établir, aux yeux de toutes les tribus, la facilité avec laquelle nous pouvions traverser les terrains même les plus difficiles. Le but réel était d'apprécier l’importance des villages de cette tribu afin de pour voir. Si cela était nécessaire, diriger des opérations punitives.
La déroute des contingents le 31 mai, et l'avis donné à dessein, de la marche de la colonne sur les Beni-lala ; avait déterminé les chefs les plus belliqueux à nouer des relations avec nous.
Il fallait les décider à venir au camp, obtenir qu'ils s'engagent à faire demeurer les populations dans leurs villages, donner ainsi le témoignage évident de leurs intentions pacifiques, le commandant Desveaux et le capitaine Robert chargés des affaires arabes firent preuve d'une réelle habilité en obtenant ce succès.

Le 2 au soir, une première reconnaissance assez prolongée, fit apprécier les difficultés de la route le lendemain. Le colonel du génie Bouteilloux dirigea les travaux nécessaires et, détruisit le petit village que le chérif Si-Moussa avait fait construire quelques années avant où il habitait avec les talebs qui lui servaient de disciples prêchant la guerre sainte dans les tribus. La colonne arriva le 3 à dix heures au point nommé Dar-el-Hadj, au centre du village des Beni-Iala. La parole donnée par les chefs était tenue, tous les habitants rentrés dans leurs maisons regardaient curieusement défiler les troupes. La plus grande discipline étant observée par nos soldats, les jardins traversés scrupuleusement respectés. Dans la soirée le bivouac était dressé sur le versant Sud des montagnes, au marais d'El-Guest. Les Beni-Iala s'acquittaient de la totalité de la contribution de guerre et, le chérif Si-Moussa écrivait lui-même demandant l'aman. Après ces succès les troupes rentraient à Sétif le 5 en passant par Aïn-Turc.
La colonne d'Alger, sous les ordres du général Gentil, rentra dans ses cantonnements constatant la bonne disposition des tribus nouvellement soumises.

Le chérif Bou Barla
L'année 1848 s'ouvrait sous les meilleures auspices. Une tranquillité inconnue à ce jour, la sécurité sur les routes, des bénéfices résultant des transactions entre négociants, Ies gens du pays, montagnards et ceux de la plaine accourraient de toutes parts sur le marché de Sétif. Les tribus et les personnages naguère les plus hostiles se rapprochaient. Il ne fallut pas moins que la nouvelle de la révolution de février, pour qu'un obscur fauteur de troubles, propagea de fausses nouvelles comme quoi nous étions dans l’impossibilité de conserver notre nouvelle conquête. Cela provoqua immédiatement des actes de rébellion, insignifiants car les indigènes las de la guerre appréciaient les avantages de la paix, comprenant que leurs véritables amis n'étaient pas ceux qui les poussaient à la révolte, mais bien ceux qui les protégeaient, les initiant à un bien être inconnu jusqu'alors.

En 1840, les Kabyles de la confédération des Beni-Seliman, hostiles aux tendances pacifiques du pays, commencèrent à inquiéter leurs voisins du côté de Bougie. Il devint nécessaire de réduire ce centre de résistance, deux colonnes furent dirigées, dans leurs montagnes. L’une commandée par le général de Saint-Arnaud, partit de Bougie, la seconde sous les ordres du général de Salles partit de Sétif. Les contingents rebelles furent poursuivis de sommet en sommet chez les Beni-Tizi, nos troupes les poursuivirent jusque dans les ravins de ce pays accidenté, les villages rebelles furent incendiés, les demandes d'aman nous lurent aussitôt adressées. Ces tribus entraînées dans la révolte par quelques agitateurs leur demandant d'organiser un nouveau blocus de Bougie, comprirent l'inutilité de leur révolte. Pendant les graves événements survenu à Zaàtcha, le pays de Sétif proprement dit continua à jouir d'une certaine tranquillité. Le Commandant de la garnison n'eut à mettre en mouvement que quatre compagnies d'infanterie qui revenaient paisiblement de Bou Saâda, afin d'aller punir une agression de la part des Ouled Hannach et des Maâdid.
C'est à cette époque qu'un personnage d'origine inconnue commença à jouer le rôle de chérif à la Kalaâ des Beni-Abbas, sous le nom de Bou-Barla. Refoulé par la population qui restait sourde à ses prédications incendiaires, il se retira chez les Beni-Mellikeuch où tous les mauvais sujets de la région vinrent se joindre à lui.

Le général de Barral est tué au combat
Plusieurs tribus, entre autres, les Beni-Immel, finirent par se laisser entraîner à la révolte. Le général de Barral, Commandant à Sétif, marcha immédiatement contre eux. Arrivée à Djenan-el-Beylick, position élevée qui s'étend de Drâ-el-Arbi jusqu'en face d'Akbou, la colonne se trouva en présence de trois à quatre mille Kabyles occupant les lignes de crêtes, se protégeant les uns les autres. Le Général se mettant à la tête des bataillons destinés à enlever leurs positions engagea le combat. Il fut frappé par une balle en pleine poitrine, mais resta assez de temps à cheval pour faire appeler le colonel de Lourmel et lui remettre le commandement.

L'ennemi s'étant rendu compte de la mort du Général, pensant qu'il s'ensuivrait la désorganisation de nos troupes, s'avance pour nous attaquer. Mais à quatre heures, au signal donné par l'artillerie, l'infanterie jette ses sacs, fantassins et cavaliers s'élancent, Ies Kabyles sous les coups des baïonnettes et des sabres et d'une décharge à bout portant prennent la fuite. Leur poursuite durera jusqu'à six heures, aucun obstacle n'arrête l'attaque de nos troupes animées du désir de venger la blessure de leur brave Général. Deux cents cadavres furent dénombrés. L'emplacement des villages des Beni-Immel fut illuminé par les incendies allumés en représailles.

La route de Bougie à Sétif
Après la soumission des tribus qui avaient pris part au mouvement, le colonel de Lourmel se dirigea sur Bougie avec toute sa colonne afin de rendre les derniers honneurs au général de Barral mort des suites de sa blessure. Puis échelonnant ses troupes, il leur fit débuter les premiers travaux de la route stratégique reliant Sétif à Bougie.
Les combats des Beni-Immel avait un certain retentissement dans les tribus situées au pied du Babor et dans le Sahel de Sétif particulièrement dans les Beni-Meraï et les Amoucha qui, malgré l'expérience du passé, de nombreuses corrections déjà infligées, persistaient dans leurs sentiments hostiles et fanatiques, menaçant la nouvelle route ouverte. Le colonel de Lourmel, ayant à peu près achevé le tracé de cette route, se porta par une marche exécutée dans la nuit du 24 au 25 juin, à l’improviste au milieu de leurs villages malgré la surprise, les rebelles se mirent en défense, leur résistance fut assez vive. Ils ne purent néanmoins préserver leurs villages construits jusqu’aux sommets des pics escarpés, atteints successivement par nos bataillons, soit par les goums accourus de Sétif qui furent livrés aux flammes.

Maître du pays des Amoucha et des Beni-Meraï, le colonel de Lourmel profitant habillement de cette victoire sur les tribus hostiles, pour se porter le lendemain 26 juin au milieu des Kerrata et détruire ce repaire de bandits intraitables, soutenus par les contingents accourus des Babors. Dans un engagement très court mais violent, le 51éme de ligne put par deux fois charger à la baïonnette, les Kabyles culbutés furent poursuivis jusqu'au col de Tizi-ou-Zerzour qui jusqu’alors était réputé comme imprenable et d'où nos troupes dominaient cette rude contrée. La fin de la journée fut employée à détruire les cultures et les habitations des Kerrata de manière à frapper les esprits de tous nos ennemis. Cette rigueur porta ses fruits car dès le lendemain, les offres de soumissions arrivèrent au camp.

Le général de Barral, tué glorieusement en marchant à la tête de ses troupes, fut remplacé par le général Bosquet. Dés son arrivée, le nouveau Commandant de la subdivision parcouru le pays afin de juger la situation politique, c'est ainsi qu'avec une faible escorte, de deux escadrons de cavalerie, il se rendit de Sétif à Bougie suivant la route ouverte récemment par les troupes. Tout au long du parcours il reçut le meilleur accueil et les chefs se rangèrent en grand nombre à sa suite.

Au général Bosquet revint le mérite de l’impulsion, donnée à cette époque, a l’extension de la colonisation autour de Sétif.
Cependant, le chérif Bou-Barla avait réussit à réunir autour de lui, chez les Mellikeuche, un nombre considérable de partisans. Sentant croître ses forces et son influence, après quelques succès partiels sur les tribus riveraines de l'Oued Sahel, il se dirigea sur la Zaouia de Chellala et forçat le marabout Ben-Ali-Chérif à se réfugier chez les Beni-Abbas d’où il regagna le Bordj de Beni-Mansour.

Le général Bousquet se dirigea avec une colonne aux Bibans afin d’empêcher I'insurrection de s’étendre. Mais au même moment I’expédition sur Djidjelli était décidée et toutes les forces de la province dirigées sur Mila.

Le camp d'observation des Bibans, laissé sous le commandement du général Camou, fut considérablement réduit et mis dans l’impossibilité d’arrêter de manière efficace les progrès de la révolte. Ce fut l’occasion pour Bou-Barla, profitant de ce sursis, pour tenter ses grands coups sur les tribus encore soumises, il poussa même l’audace d’aller attaquer Bougie ou il fut complètement défait par la garnison de cette place le 10 mai 1851
Un nommé El-Hadj-Mostafa, Khalifa du chérif jetait en même temps le trouble du coté de Bordj-Bou-Arreridj et de M'Sila. Heureusement que les goums du commandant Dargent le forcèrent, après un combat à s'éloigner de cette région.

Le général Bosquet, revenu de I’expédition de Djidjelli, opéra de concert avec le général Camou. Le chérif comptant que la colonne française se dirigeait sur Bougie, s'était rapproché du Guergour et, avait réuni des contingents considérables dans la forte position d’Aïn-Anou, près à descendre de là sur le Guergour, à faire une trouée dans le Tell, à entraîner les populations des environs de Sétif, déjà très inquiètes, afin d’apporter une aide à ses partisans de la chaîne du Bou-Thaleb où son lieutenant faisait une campagne effrénée afin de rallier des partisans.

Les généraux Camou et Bosquet attaquèrent les contingents du chérif qui se trouva obligé d'accepter le combat ou à fuir, au lever du soleil, devant la menace d'une colonne française, il parut sur la crête du plateau d'Aïn-Abou, avec son drapeau, sa musique se fit entendre, ses contingents gravirent, poussant des cris, les échelons successifs de la position. Le chérif rangeait en personne ses troupes les animaient du geste et de la voix, aidé par une centaine de cavaliers qui parcouraient ces masses, échangeant quelques balles avec nos vedettes. Le mouvement de nos bataillons commença au milieu d'une fusillade nourrie et des cris des Kabyles. La résolution de nos troupes que rien n'arrêtait, la charge qui battait partout et aussi un secret sentiment d'impuissance, rendit soudain muette cette troupe de Kabyles qui était ardente auparavant.
Nos bataillons débouchèrent de trois points différents sur le plateau, le chérif en fuite se retournait par moments afin de protéger ses bagages et la retraite des siens, mais dès qu'il aperçut notre cavalerie qui était sur le point de lui couper sa retraite à l'extrémité du plateau, il s'enfuit au grand galop, le cœur plein de rage. Ce ne fut plus alors qu'une déroute complète, une poursuite dans toutes les directions alors que les tentes, les mulets, les bagages, la musique même du chérif étaient ramassés jusqu'au fond des ravins.

Les partisans du chérif furent complètement anéantis, certains purent s'échapper car la fatigue de nos hommes et de chevaux ne permit pas de continuer à les pourchasser. La panique des gens du chérif était extrême, cette déroute eut un grand retentissement dans tous les villages kabyles. A l'appui de ces faits, nous avons entendu, plus tard, des femmes répondre malicieusement à leurs maris demandant un burnous ou une gandoura : Va chercher celle que les chrétiens t'ont lavé à l'Oued-Sebtia ( à côté d'Aïn-Anou)
Nos colonnes poursuivirent le chérif jusque chez les Beni-lala où elles firent un exemple des plus sévères en détruisant et brûlant les trois villages de la fraction des Cheréa qui avaient appelé Bou-Barla, I'avaient reçu après sa défaite, alors que de très nombreux autres villages de celte tribu étaient respectés.

Bou-Barla dut s'éloigner et vivre quelque temps dans l'obscurité. Il ne reparut qu'au mois de janvier 1852 dans les montagnes voisines de Bougie, ce qui obligea le général Bousquet à le rechercher. Cette expédition à été décrite dans l'histoire de Bougie où nos troupes subirent de terribles souffrances dans une tempête de neige.
Quelques mois après, le général Bousquet prit part aux opérations militaires dirigées par le général Mac-Mahon contre les tribus de l'Oued-el-Kebir et du massif de Collo où un autre chérif du nom de Bou-Sebâ prêchait la révolte. Pendant son absence, le général Maissiat s'établit, avec une colonne de cinq bataillons, au Drâ-el-Arbâ des Guifsar, sur la route de Bougie à Sétif. Ses troupes furent employées à continuer les travaux


LE MUTILE N° 15, 1916


Les soldats détachés dans les usines

        Le troisième Conseil de guerre vient de rendre un jugement qu'il importe de retenir. Un soldat détaché dans une usine, où il gagnait huit francs par jour, trouvait intéressant de passer de sa propre autorité dans une autre, où le salaire est de trente-trois francs par matinée. La mutation était évidemment avantageuse pour l'intéressé. L'autorité l'a jugée moins utile pour la collectivité. Et le soldat, poursuivi en Conseil de Guerre, a été condamné comme déserteur à un an de prison.

        On ne peut que féliciter le tribunal militaire d'un arrêt qui rappelle aux spécialistes détachés dans les usines que, pour favoriser que soit leur sort relativement à celui que leurs camarades demeurés aux tranchées, ils n'en restent pas moins soldats. Mais ce jugement me semble devoir comporter d'autres conséquences que celles qu'un examen superficiel permet d'en déduire à première vue. Il me semble devoir inciter l'autorité militaire à établir, comme corollaire de la discipline qu'elle entend exiger à bon droit des ouvriers, une garantie qu'ils ne rencontrent pas toujours celle d'un commandant équitable et désintéressé de la part du patron.
       Dans l'armée, l'attribution du commandement n'est dévolue qu'avec toutes les précautions exigibles. L'officier, qui a le droit de commander a été soigneusement choisi. On ne lui a délivré son grade qu'à bon escient, et il présente, comme agent de commandement, toutes les garanties désirables.

        Pour être pourvu de l'autorité patronale, il suffit d'avoir un atelier, donc d'avoir de l'argent. Comme garantie que les actes d'autorité ne s'entacheront jamais d'abus, c'est notoirement insuffisant. Et la pratique l'a démontré, car des cas se sont produits où certains chefs d'industrie ont abusé du pouvoir de discipline qui leur était conféré et se sont livrés à des actes de spéculation auxquels le souci de la discipline était totalement étranger.
       On m'objectera que le vrai chef du soldat-ouvrier, ce n'est pas le patron, mais le contrôleur de la main-d'oeuvre. En principe, oui. En pratique, non. Le contrôleur est souvent trop lointain.

        Beaucoup de contingences lui échappent ; et puis, pris entre l'enclume et le marteau, son immixtion dans les questions de salaires est infiniment délicate. Il y a là une organisation qui gagnerait à être soigneusement contrôlée elle-même, soigneusement revue.
       Pour en revenir à la situation de l'ouvrier-soldat, disons qu'il serait nécessaire de la définir avec plus de précision. Au point de vue du salaire ; le chiffre de trente-trois francs par matinée l'indique ; Il est civil, et comment ! Au point de vue des accidents du travail, il est également civil.

        Au point de vue de l'obligation du domicile, il est militaire. Militaire au point de vue des marques extérieures de respect. Militaire encore au point de vue du droit aux soins médicaux. Tout cela est très confus et les intéressés eux-mêmes ignorent trop souvent leur statut. Il ne messiérait pas qu'on l'établit avec Une absolue netteté.
       Qu'on définisse de façon précise les droits et les obligations des patrons, les droits et les obligations des ouvriers. Et que par surcroît on ne maintienne dans les usines que les soldats dont réellement on ne peut se passer. Que l'on restitue les autres aux armées.

       

MORTINER-MÉGRET.               

©§©§©§©§©§©§©

Mon histoire
« L’accent »

Envoyé par La Calleacademy La lettre N°33 de Georges Costanzo
Extrait du livre écrit en 2014 par Georges
et intitulé Georges et La Calle, son histoire, sa jeunesse

            Ce petit poème qui fit en son temps le succès de Fernandel, n'a pas pu me laisser indifférent tellement il collait à notre peau de Callois. Aussi me suis-je permis de le tronquer quelque peu et de le sentir à moi, à nous « ces expatriés ! »
            Bien sur notre accent ne perdurera pas dans le temps, car celui-ci passe tellement vite et les générations montantes le détériorent inconsciemment, ou si vous le voulez, l'effacent doucement.... doucement...., même si cela nous fait gros au cœur !

            De l'accent ! De l'accent ! Mais après tout en ai-je ?
            Pourquoi cette faveur ? Pourquoi ce privilège ?
            Et si je vous disais à mon tour gens du Nord,
            Que c'est vous qui pour nous semblez l'avoir très fort...
            Que nous disons de vous, du Rhône à la Gironde,
            « Ces gens là n'ont pas le parler de tout le monde ! »
            Et que, tout dépendant de la façon de voir,
            Ne pas avoir l'accent, pour nous, c'est en avoir...
            Eh bien non ! on blasphème, et on est las de feindre !
            Ceux qui n'ont pas d'accent, on ne peut que les plaindre !
            Emporter de chez nous les accents familiers,
            C'est emporter un peu de terre à nos souliers !
            Emporter cet accent du Boulif ou du Port,
            C'est emporter un peu la vue d'en Haut le fort !
            Lorsque, loin du pays, le cœur gros, on s'enfuit,
            L'accent ? Et oui, c'est un peu le pays qui nous suit !
            C'est un peu, cet accent, invisible bagage,
            Le parler de chez nous qu'on emporte en voyage !
            C'est pour nous malheureux à l'exil obligés,
            Le patois qui déteint sur les mots étrangers !
            Avoir l'accent en fin, c'est chaque fois qu'on cause,
            Parler de notre pays en parlant d'autre chose !...
            Non, ne rougissons pas de notre fidèle accent !
            Il faut qu'il soit sonore et clair, retentissant !
            Et s'en aller tout droit, l'humeur toujours pareille,
            En portant notre accent fièrement sur l'oreille !
            Notre accent ? Il faudrait l'écouter à genoux...
            Il nous fait emporter la Presqu’île avec nous,
            Et fait chanter sa voix dans tous nos bavardages,
            Comme chante la Mer aux mille coquillages !
            Écoutez ! En parlant, nous plantons le décor :
            De la terre d'Algérie dans les brumes du Nord !
            Notre accent porte en soi d'adorables mélanges,
            D’effluves de Jasmin et de parfum d'oranges,
            Il évoque à la fois les feuillages bleu-gris
            De nos chers oliviers aux vieux troncs rabougris,
            Et le petit village où les treilles splendides
            Éclaboussent de bleu les blancheurs des bastides !
            Cet accent là, Maltais, Corse ou Napolitain,
            A toutes nos chansons donne le même refrain ;
            Et quand vous l'entendez chanter dans nos paroles
            Tous les mots que l'on dit dansent la farandole !

« Avec l'aimable autorisation posthume de l'auteur :
MIGUEL ZAMACOÏS »


Algérie catholique N°12, 1937
Bibliothéque Gallica

Influence

      Nous exerçons tous une influence, consciemment ou inconsciemment. Chacun de nous crée une ambiance qui entraîne au bien ou porte au mal, suscite les beaux élans ou maintient dans la médiocrité. Nous pensons trop peu à cette responsabilité. On peut s'en défendre, redire que de l'âme de son frère on n'est pas le gardien ; la responsabilité subsiste ; oui, l'on est responsable de cette influence qui s'exerce indépendamment de notre volonté et résulte simplement mais nécessairement de notre manière d'être et d'agir.
      Nous nous le redisions dernièrement au retour de visites à des familles indigènes de la banlieue d'Alger.
      Familles pauvres pour la plupart, vivant du fruit d'un travail malheureusement trop mesuré. Parmi les femmes, authentiques Algéroises ou Arabes venues de l'intérieur, bon nombre se placent comme femmes de ménage.. C'est la ressource des moins adroites, quand leur situation le permet, de demander le pain quotidien à ces deux ou trois heures de travail dans les maisons particulières ou les magasins de la ville.

      Elles entrent ainsi d'une certaine manière dans le milieu européen et l'on a parfois l'occasion, en les approchant, de constater l'influence qu'exerce — et que pourrait exercer — sur elles ce milieu. «J'ai pris une Fatma pour les gros travaux » dit «Madame»... Et « Madame », qui continue simplement de vivre sa vie habituelle, ne se doute pas que «Fatma », silencieusement, l'observe et la juge, tout en lavant la vaisselle, en épongeant le carrelage, en frottant le linge.
      On ne prend pas garde à elle. On est accoutumé à la voir chaque matin venir réparer le désordre de la veille. On lui donne les indications nécessaires. L'heure venue, elle se retire. Et c'est tout. «Elle est honnête, dit-on ; j'en suis assez contente ; elle n'est pas gênante...»
      « Fatma » rentre chez elle, avec des impressions qui, de jour en jour, se renforcent. C'est le milieu qui réagit sur elle, sans qu'elle s'en doute.

      Milieu très différent du sien, elle le sent bien : « Ce n'est pas pareil » doit-elle se redire. Il y a loin, en effet, entre le monde de «Fatma» et celui qu'elle côtoie chaque matin. D'un côté, la famille indigène, pauvre, souvent ignorante ; de l'autre, la famille européenne, assez aisée, famille parfois très chrétienne, en regard de cette autre toute musulmane...
      Et quant au décor : d'un côté, la toute petite chambre d'une cour indigène surpeuplée, de l'autre, le magasin élégant, l'appartement soigné.

      C'est l'extérieur que «Fatma » remarque tout d'abord. Elle se familiarise assez rapidement avec son élégance et ses commodités, se plie à maintenir l'ordre voulu. Il faudra du temps avant qu'elle importe dans son propre logis ce souci de propreté et de rangement. Cela viendra plus vite si elle est jeune... Devant certaines chambres encombrées, vrai fouillis, on se demande parfois si la locataire est bien réellement « une femme de ménage ».
      Mais, pour elle-même, «Fatma » va devenir exigeante. Elle est femme et éprouve vite le besoin d'harmoniser sa tenue avec le cadre où elle évolue. Il le faut bien d'ailleurs pour conserver sa place. Et sa pauvreté même ne saurait l'excuser, car « Madame », volontiers généreuse, supplée à l'insuffisance de la garde-robe ; «Fatma» hérite de vêtements à peine portés qui lui rendent service... et qui aussi, un peu plus chaque jour, dissimulent ou font reléguer le costume indigène...

      Il en est ainsi d'objets, d'ustensiles qui viennent supplanter dans la chambre de «Fatma» ceux, moins commodes, dont elle s'était toujours servie. Au reste, sans attendre de cadeaux, la femme de journée a vite fait de repérer les avantages d'un matériel perfectionné ; pièce à pièce, elle se le procure ; du moins, elle s'initie à des méthodes de travail toutes modernes, qu'elle utilisera pour son propre compte.
      Mais il y a bien plus. On n'est pas en contact journalier avec un milieu bien élevé sans en retirer quelque bien. «Fatma » augmente son vocabulaire de français, prend certaines formes de notre politesse et, pour peu qu'on le veuille, acquiert certaines délicatesses qu'elle apprécie. Elle s'affine quand on le veut.

      Surtout, à mesure qu'elle le connaît mieux, elle juge son monde, avec la logique rigoureuse d'une enfant, qui regarde, ne demande pas d'explications, mais déduit sans ménagement aucun. On oublie parfois qu'elle comprend mieux qu'elle ne parle... Et puis, il est des choses qui se comprennent sans paroles. La toilette, la tenue, les attitudes entre les divers membres de la famille, tout cela est enregistré, tout cela fera l'objet de commentaires avec les voisines. Et pas seulement avec les voisines, mais avec tous ceux qui s'intéressent à la vie difficultueuse d'une femme pauvre, sans autre ressource que ses heures de travail : 2 heures... cela fait 4 francs par jour (déduire les frais du tram indispensable) ; sur ce modique salaire, que beaucoup envieraient, payer chaque mois les 50 francs de loyer, enfin se nourrir et se vêtir.
      «Fatma», que Dieu te préserve de la maladie prolongée au terme de laquelle on ne retrouve plus sa place, et même de ces malaises de courte durée dont les exigences du travail s'accommodent difficilement ! Une intérimaire, en ces temps de chômage, devient si vite une remplaçante !

      Et c'est souvent, en vérité, que «Madame est gentille».
      Elle ne lésine pas sur le salaire, se conforme simplement au tarif courant, mais ne se borne pas là. Des traits de vraie bonté nous sont contés : «Fatouma L... » aux abois, sans aucun travail depuis des mois, trouve enfin une place. Mais ce n'est que 1 heure d'ouvrage par jour. Sa maîtresse, gênée elle-même, doit se réduire, mais comprenant la détresse de Fatouma. Fait une démarche pour lui procurer une seconde place.

      — L... sujette au paludisme, reçoit de « Madame » la bienfaisante quinine. Au cours d'une bronchite qui la retient alitée, bénéficie d'une généreuse potion.
      — Fatima, mère de cinq enfants, aidée par sa maîtresse qui, elle-même entourée d'enfants, comprend le souci d'habiller tant de petits.
      — Kheira, âgée, presque aveugle, qu'on a gardé avec patience jusqu'au moment où sa vue trop baissée ne lui a plus permis d'assurer un travail passable.
      — Oum el-Kheir, dont le mari est jardinier chez Madame X... Dans un moment critique, elle a reçu la visite de «Madame» qui lui apportait du lait pour son dernier-né.

      Des traits de ce genre ne passent pas inaperçus. L'ingratitude, l'insouciance peuvent se rencontrer, cela est vrai, mais il est non moins vrai que la bonté conquiert et attache. Les indigènes ne l'ont pas toujours reçue sous la forme sympathique de l'intérêt porté à leurs soucis, à leur famille, de démarches entreprises, de services rendus qui ne sont pas une aumône mais une aide fraternelle. Aussi apparaît-il bien que la femme indigène rend à la femme européenne, en reconnaissance et dévouement, ce qu'elle en reçoit en bonté.

      Et quand cette bonté apparaît comme émanant de la foi religieuse, elle édifie profondément ; elle est alors «sillage de lumière » et influence chrétienne. L'âme de «Fatma» est au fond trop religieuse pour ne pas remarquer l'attitude de «Madame».

      N'avons-nous pas entendu dire : «Madame est très bien... Elle va à la Messe tous les jours. » La femme qui s'exprimait ainsi ignore ce qu'est la Messe, mais on la sentait pleine de respect pour une maîtresse aussi pieuse.

      Et les actes de chrétienne charité dont elle a été l'objet ont pris à ses yeux une valeur toute particulière. Mais aussi, «Fatma» aurait été grandement surprise et déçue de constater, auprès d'une pratique religieuse assidue, indifférence ou dureté. Se poser en chrétienne, c'est s'obliger à vivre d'esprit chrétien, à remplir aussi, et surtout, les devoirs renfermés dans la loi de Dieu et celle de l'Eglise.

      Nous avons connu une femme de ménage grandement édifiée de voir ses maîtres lui demander plus de travail le samedi et la laisser complètement libre le dimanche. Ce respect du repos dominical produisait sur «Fatma » la meilleure impression. La famille ainsi soucieuse d'observer le précepte était celle d'un pasteur protestant.

      Par contre, plus d'une fois nous avons pu déplorer l'influence de familles européennes, catholiques de nom plus que de fait, influence indirecte, si l'on veut, des toilettes légères — dont «Fatma» hérite et qu'elle se croit autorisée à porter — des gravures douteuses, des conversations nullement chrétiennes, presque athées ; influence directe des suggestions immorales, voire des offres... criminelles qui font pénétrer dans les maisons indigènes sinon le mal lui-même du moins d'étranges théories. Il semble parfois qu'au contact de l'Européenne, la femme indigène perde sa soumission à l'égard de Dieu et son amour profond de «l'enfant» qui n'est plus pour elle une «baraka» désirable, mais un fardeau encombrant. Et Dieu veuille que sur ce point elle ne reçoive pas de quelque mauvais génie une aide trop efficace !...

      «Les femmes chrétiennes le font !... Cette formule leur sert d'excuse ; elles l'avancent comme un défi quand elles devinent notre désapprobation. Et force nous est, à nous Missionnaires, de déclarer mal ce que défend la Loi de Dieu, la religion chrétienne, et donc, implicitement. de condamner les auteurs des mauvais exemples...

      Quel bien ce serait pour les femmes indigènes de connaître le christianisme vécu, offert non dans des livres, mais dans cette vie normale qu'est la vie familiale de tous les jours ! Et quelle œuvre bienfaisante pour qui veut être apôtre (tout chrétien doit l'être) ! Œuvre à la portée de toutes, œuvre de celles qui ne sauraient en assumer d'autres, au dehors. N'est-ce pas redire la formule de «l'Action Catholique» : « Le milieu par le milieu».

      D'une certaine manière, elles sont entrées dans le milieu qui les emploie et elles y sont, inconsciemment peut-être mais réellement, «chercheurs de Lumière».
S. B.



Splendeurs et Parfums Culinaires
de Tunisie
La Cuisine Juive de Gustave.
Recettes
De Gustave Meinier-Nahum
(recueillies et rapportées par Mme Lyne Sardain-Mennella +)
et de Mme Josiane Rachel Guez-Sultan
( Recueillies et rapportées par M. J-C Puglisi )

SOMMAIRE
   1°/ Les apéritifs : kémia.
   - Olives vertes en sauce.
   - Les boulettes.

   2°/ Les entrées : salades variées.
   - Salade de pois-chiches ou haricots blancs.
   - Salade de coeurs d'artichauts.
   - Salade de courgettes.
   - Salade de pommes de terre.
   - Salade de betteraves.
   - Salade de navets crus.
   - Caviar d'avocats.
   - Caviar d'aubergines.
   - Salade de carottes.

        1°/ Apéritif : la kémia.
        Les olives vertes en sauce :
        1 kg d'olives vertes dénoyautées.
        10 belles tomates fraîches et bien mûres.
        1 boite moyenne de concentré de tomate.
        1 cuillérée à soupe rase de cannelle en poudre.
        ½ tête d'ail. Huile d'olive, sel et poivre.
        ½ cuillérée à soupe rase de poivre rouge.
        1 gros bouquet de coriandre fraîche.

        Laisser les olives vertes 5 minutes dans de l'eau en ébullition.
        Nettoyer et piler la 1/2 tête d'ail et faire dorer à l'huile d'olive.
        Peler et épépiner les tomates, et les détailler en cubes.
        Ajouter à l'ail : les tomates + le concentré + le poivre rouge + la cannelle + la coriandre finement hachée + 1 verre d'eau.
        Laisser doucement mijoter 10 minutes.
        Ajouter les olives vertes déjà blanchies à la préparation.
        Continuer par une cuisson très douce pendant 20 minutes environ.
        Rectifier l'assaisonnement.

        Les boulettes :
        1 kg de viande hachée : ½ de veau + ½ de bœuf.
        Mie de pain rassis trempée dans de l'eau et essorée : ½ baguette.
        oeufs frais. 1 petit oignon. Sel et poivre.
        1 bouquet de menthe fraîche hachée.
        Quelques brins de persil hachés.
        1 cuillérée à café de graines de fenouil pilées.
        1 cuillérée à café de cannelle.

        Faire une farce avec : la viande hachée + la mie de pain trempée et essorée + l'oignon ciselé + 2 oeufs frais + la menthe et persil hachés + les graines de fenouil pilées + la cannelle+ le sel et poivre.
        Façonner des petites boulettes régulières.
        Les fariner et les frire à l'huile.
        Bien les égoutter sur papier Sopalain et les incorporer dans une sauce tomate dans laquelle on aura ajouté un bon hachis d'ail et de la menthe fraîche.

        2°/ Les Entrées : salades variées.
        Salade de pois-chiches ou de haricots blancs :
        1 boite 4/4 de pois-chiches ou de haricots blancs au naturel.
        Huile d'olive. Vinaigre. Sel et poivre.
        1 oignon haché fin, ou mieux, l'équivalent en cébettes.
        1 cuillérée à café de kamoun.
        1 cuillérée à café de harissa.

        Faire une sauce avec : huile d'olive + vinaigre + sel et poivre + 1 oignon haché fin ou cébettes + 1 cuillérée à café de kamoun + 1 cuillérée à café de harissa.
        Assaisonner les pois-chiches et / ou les haricots blancs.

        Salade de cœurs d'artichaut :
        1 kg de cœurs d'artichaut frais ou surgelé.
        ½ tête d'ail. Huile d'olive, sel et poivre.
        1 cuillérée à soupe rase de : kamoun + curcuma + harissa.

        Débiter les cœurs d'artichaut en lamelles.
        Les citronner pour éviter qu'ils ne noircissent.
        Faire doucement dorer l'ail pilé à l'huile d'olive.
        Ajouter : le kamoun + le curcuma ( korkob ) + l'harissa + les lamelles de cœurs d'artichaut. Verser ½ à 1 verre d'eau.
        Laisser doucement mijoter 15 à 20 minutes.
        Rectifier l'assaisonnement.

        Salade de courgettes :
        1 kg de courgettes fraîches
        4 gousses d'ail. Sel et poivre.
        1 jus de citron + huile d'olive + 1 cuillérée à soupe rase de karouya.

        Gratter les courgettes et les faire cuire entières bouillies ou à la vapeur.
        Bien les égoutter les laisser refroidir, puis, les débiter en rondelles épaisses.
        Les assaisonner avec : l'ail pilé + le karouya + le jus de citron + l'huile d'olive. Rectifier l'assaisonnement.

        Salade de pommes de terre :
        1 kg de pommes de terre.
        Huile d'olive. Sel et poivre.
        1 cuillérée à soupe rase de kamoun et de harissa.
        Cuire les pommes de terre avec leur peau dans de l'eau salée.
        Peler et les couper en dés.
        Les assaisonner avec : l'huile d'olive + kamoun + l'harissa.
        Rectifier l'assaisonnement.

        Salade de betteraves :
        3 betteraves cuites pelées.
        3 à 4 gousses d'ail. 1 bouquet de persil frais.
        2 à 3 cébettes coupées finement.
        Coriandre en poudre : Kosbor.
        Huile d'olive, sel et poivre.

        Couper les betteraves en dés.
        Les assaisonner avec : l'huile d'olive + l hachis d'ail et persil + les cébettes coupées finement + 1cuillérée à café de coriandre en poudre + sel et poivre.

        Salade de Navets crus :
        ½ kg de navets ronds.
        3 à 4 gousses d'ail. Jus de citron.
        1 cuillérée à soupe rase d'harissa.
        Huile d'olive. Sel et poivre.

        Peler les navets et les débiter en lamelles.
        Les faire dégorger un moment avec un peu de sel.
        Les assaisonner avec : l'huile d'olive + l'ail pilé + l'harissa + le jus de citron. Rectifier l'assaisonnement.

        Caviar d'avocats :
        1 oeuf dur pour 1 avocat : autant d'oeufs et d'avocats que de convives.
        Cébettes.
        Quelques olives noires dénoyautées pour la décoration.
        Jus de citron. Sel et poivre.

        Couper les avocats en deux dans le sens de la longueur.
        Ôter le noyau et récupérer la pulpe à l'aide d'une petite cuillère.
        Réserver à part les coques vides des avocats.
        Ciseler finement les cébettes.
        Hacher très fin les oeufs durs.
        Écraser la pulpe des avocats à la fourchette.
        Mélanger intimement : la pulpe des avocats + les cébettes ciselées + les oeufs durs hachés.
        Assaisonner le mélange avec : le jus de citron + sel et poivre.
        Remplir les coques des avocats avec la préparation.
        Décorer chaque coque avec 1 olive noire dénoyautée.
        Réserver au frais.

        Caviar d'aubergines :
        1 kg d'aubergines.
        3 à 4 gousses d'ail.
        1 cuillérée à dessert rase de karouya.
        1 jus de citron.
        1 biscotte pilée (facultatif).

        Huile d'olive. Sel et poivre.
        Faire griller les aubergines dans leur peau.
        Récupérer la pulpe à l'aide d'une petite cuillère et bien l'écraser à la fourchette.
        Assaisonner avec : 1 hachis d'ail + l'huile d'olive + 1 jus de citron + le karouya + 1 biscotte pilée.
        Rectifier l'assaisonnement. Réserver au frais.

        Salade de carottes :
        1 kg de carottes.
        2 à 3 gousses d'ail.
        1 cuillérée à dessert rase de karouya.
        ½ verre de vinaigre.

        Huile d'olive. Sel et poivre.
        Nettoyer les carottes.
        Les faire cuire entières à l'eau salée.
        Les bien égoutter et les débiter en rondelles.
        Dans une poêle, faire dorer doucement l'ail pilé à l'huile d'olive.
        Ajouter : le karouya + le vinaigre + sel et poivre.
        Laisser la sauce mijoter un petit moment, puis, incorporer les rondelles de carotte à la préparation.
        Poursuivre la cuisson quelques minutes supplémentaires.
        Réserver au frais.
Jean-Claude PUGLISI.
de La Calle de France
83400 - HYERES.



HISTOIRE VRAIE
Bonjour, 147 du 28 octobre 1934
journal satyrique bônois.
Un arabe dit à un français

        Le hasard, mais un hasard fortuit et instructif, nous a fait assister, en témoin inconnu, à une conversation qui ne manque pas de saveur.
        Un Bônois a un employé, un Arabe, dont il est satisfait.
        L'indigène est âgé d'une trentaine d'années et il est au service du Français depuis plus de dix ans.
        Jeudi, de cette semaine, nous nous trouvions en tiers, il lui demanda :
        Eh bien I Toi qui fais de la politique, que penses-tu de l'élection de dimanche ?
        L'Arabe eut un clignement d'œil :
        Bâ ! Bâ ! Dit-il. Tout ça c'est rien ! Il y a ce qu'on veut, nous autres ! On va enlever la Tabacoop à Serda pour la donner à Pantaloni ! "
        Oh ! Tu crois que c'est facile que ça ? Tu crois qu'il est capable, Pantaloni ?
        - Capable ? Dit l'Arabe.
        Oh ! Oui ! Il est capable !
        -Hé ! Fit le Bônois, il t'a donné du travail, Pantaloni, depuis qu'il est Maire ?
        Ça non ! répondit l'autre honnêtement.
        Il en a donné à tes amis ?
        Non ! - Dis-moi, depuis qu'il est Maire, Pantaloni, il a habillé tes enfants ?
        Heu ! non ! répondit l'Arabe que, cette conversation commençait à embarrasser.
        Il t'a donné du pain ?
        Du pain autant que du temps de Pétrolacci ?
        Ça, non ! répondit l'Arabe avec un nouvel élan de franchise ; Non ! du temps de Pétrolacci, les Arabes malheureux avaient plus de pain qu'aujourd'hui ! Alors ? poursuivit le Bônois, implacable, pourquoi l'aimes-tu tant, ton Pantaloni ?
        -L'Arabe prit un air d'extase et répondit lentement :
        -- Il parle bien !
        - Alors, dit le Bônois, avec les belles paroles de Pantaloni, tu trouveras du travail et tu donneras aussi, du pain et des habits à tes enfants !
        L'Arabe demeura muet.
        - Tu as des copains qui vendent à la Tabacoop ? demanda encore le Français,
        Oui ! Beaucoup !
        Ils sont contents ?
        - L'Arabe hésita un instant très court puis déclara :
        - Oui ! cette année, ils ont vendu encore plus cher que les autres années !
        Il y eut un petit silence.
        Eh bien ! tes copains, dit le Bônois, donneront du pain et des habits à leurs enfants !
        As-tu compris ? Toi, va écouter les discours puisque ça te suffit !
        Et, cette fois, l'Arabe ne répliqua point.
        Rigoureusement authentique.
P. M.


 
CHRONIQUE : LES CHIENS ECRASES..
Source Gallica
ALGER ETUDIANT N° 20, 5 janvier 1924

        De même que les hommes s'entretuent parfois pour la possession d'une maîtresse éblouissante, tous nos lecteurs, tous nos amis s'arrachent " Alger-Etudiant ", dès "que sa couverture illumine d'un sourire la façade de nos kiosques à journaux. "
        Nous allons, sans tarder, doubler notre tirage, car nous, voulons éviter à tout prix des incidents qui, comme celui que nous narrons plus bas, ne font tout de même pas partie de notre programme :
        Samedi dernier, vers 4 heures de l'après-midi, le ciel s'éclaircit, irrésistiblement vaincu par tout ce que la .. vivante couleur de notre organe, sortant des presses, dégageait de printanière espérance !
        ...Place du Gouvernement. Un rhumatisant qui avait fait seize pèlerinages infructueux à Lourdes, lâcha ses béquilles... et bondit avec une souplesse merveilleuse sur un marchand-crieur de notre cher Alger-Etudiant...

        Un couple à deux doigts de la rupture définitive...., parce qu'elle avait trente cinq minutes de retard, baissa subitement le ton de sa querelle au diapason des petits oiseaux roucouleurs, dès qu'il aperçut notre journal..
        "Nous avons le temps, nous avons le temps, chantaient les heureux amants, lisons d'abord, lisons d'abord cet amour d'"Alger-Etudiant".

        Malheureusement, en dehors de ces effets bienfaisants de notre canard, l'insuffisance toujours croissante du tirage amène des incidents comme celui-ci :
        Place Bugeaud, M. Charles Collomb, le fougueux polémiste algérois, sortant de l'" U-sous-terre ", aperçoit un marchand qui ne possédait plus qu'un seul numéro d' ".Alger-Etudiant ".
        Il se précipite... Mais en sens contraire arrivait M. Guastavino, qui se précipite aussi... Sous le choc, M. Charles Collomb faillit rentrer dans l'"U-sous-terre " ! ! !
        Il se releva et bondit... Menaces, cris, melons cabossés, cravates en bataille, oeil fulminant, témoins, agents de police, rassemblement !
        Une rencontre fut décidée séance tenante... Mais, bientôt les regards se portèrent sur " Alger-Etudiant ", que le crieur, affolé, avait laissé par terre en fuyant !
        Le patron des " petits pêcheurs " eut un soupir ému et l'ire du " repêcheur des petits patrons," se dégonfla à vue ! !
        Détente... Explication... Apothéose de notre cher canard !... ; La rencontre fut maintenue. Elle eut lieu à la brasserie Quantin.
        L'esprit de M. Guastavino se heurta à la bonne humeur de M. Charles Collomb. Les verres aussi s'entrechoquèrent.
        Les deux. adversaires moururent enfin... de rire... sur " Alger-Etudiant ", seule cause de tout ce bruit. L'arme choisie était la Bénédictine !
Le reporter :
François LITNEG.



Le sang du juif
Envoyé Par Annie

Un juif a l’habitude de donner son sang.
          Un richissime Saoudien tombe malade mais son sang est très rare.
          Après d’impressionnantes recherches mondiales, on découvre que seul ce Juif de Jérusalem peut lui fournir le sang. Il va le voir et lui demande de l'aider.
          Ce Juif va d'abord voir le Rabin qui lui donne l'autorisation. Le juif donne donc son sang.
          Pour le remercier le Saoudien lui offre une Ferrari et 5 millions d'euros.

          Deux ans plus tard, même problème pour le Saoudien.
          Le Juif lui offre une seconde fois son sang.
          Pour le remercier le Saoudien lui offre une Twingo.

          Deux ans plus tard, même situation.
          Cette fois-ci le Saoudien lui offre un vélo.
          Là, le Juif ne comprend plus et va voir son Rabin en lui disant :
          "Rabi, je ne comprends pas. La première fois j'ai eu droit à une Ferrari et des millions, la deuxième fois une Twingo, et la dernière fois, un vélo."

          Le Rabin lui répond:
          "Mon enfant, aurais-tu oublié que c'est ton sang qui coule dans ses veines maintenant ? »
         




HISTOIRE D'HIER
ACEP-ENSEMBLE N°285

ŒUVRE HYDRAULIOUE
LE BARRAGE DE FOUM-EL-GUEISS

        Le barrage de Foum-el-Gueiss est édifié sur le versant nord de l'Aurès, la plus belle chaîne de montagnes qui sépare les hautes plaines constantinoises du Sahara et, présente des sommets élevés (Chelia 2.328 m, Mahme 2.321 m). Ouvrage destiné à l'irrigation de la haute plaine d'Edgar-Quinet, d'une superficie de 2.000 ha et à l'alimentation de nombreux troupeaux de moutons.

        Les conditions géologiques ont amené au choix d'un type d'ouvrage en enrochement afin d'éviter l’instabilité de la rive gauche et de profiter du plan incliné naturel offert par les grès de la rive droite pour l'établissement du déversoir. L'ouvrage devait être de forme courbe.
        Le barrage de Foum-el-Gueiss est donc un ouvrage en enrochement d'une hauteur de 23 m, d'une longueur en crête de 550 m. Sa construction date de 1935.

        Le bassin versant a une superficie de 156km2, avec une moyenne de précipitations assez fiable, voisine de 467 mm, compensée par les apports d'un système hydrographique de caractère particulier ; il est en effet rare d'observer, comme ici, la persistance des neiges jusqu'en avril. le débit annuel moyen de l'oued Gueiss est de 10.149 millions de mètres cubes.
        C'est grâce à ce concours de circonstances favorables assurant à l'oued Gueiss un régime quasi-permanent qu'il a été possible d'édifier un ouvrage verrouillant la cluse dite Foum-el-Gueiss et d'assurer une retenue de 2,5 millions de m3.

        La granulométrie des enrochements fut réalisée avec les normes suivantes : 1/3 de blocs de poids inférieur à 100 kg, 1/3 de blocs de poids compris entre 100 et 1.000 kg et 1/3 de blocs de poids compris entre 1.000 et 5.000 kg.
        La proportion de vides atteignant 29%, est suffisamment faible pour ne pas provoquer de tassements de grande amplitude. Le parement amont est une maçonnerie cyclopéenne munie d'un masque d'étanchéité en béton armé. Ce masque s'appuie sur un mur de pied qui se poursuit en profondeur par un parafouille.

        Le drainage du parement amont est assuré par de petites conduites en poterie disposées au contact de la maçonnerie cyclopéenne et du masque d'étanchéité.
        Les eaux d'infiltration sont recueillies par un collecteur qui les conduit vers une galerie traversant longitudinalement le mur de pied. Une galerie passant sous le corps du barrage évacue ces eaux vers un puits muni d'une station de pompage.
        Enfin deux canaux collecteurs rive droite et rive gauche convergeant vers le puisard et munis de drains intéressant notamment les lignes de fractures principales, réalisent le drainage général du corps de l'ouvrage.
        La pente naturelle de l'assise gréseuse de la rive droite a été utilisée pour l'établissement dans Ie prolongement de l'axe du barrage, d'un déversoir en mesure d'évacuer des crues de 600 m3 avec une lame d'eau de 1,40 m. Les eaux sont restituées à I'oued Gueiss à une centaine de mètres en aval du barrage.

LE BARRAGE DU SARNO

        Le périmètre d'irrigation de Saint-Denis-du-Sig, l'un des premiers créés en Algérie, était alimenté par le petit barrage du Sig, puis par le barrage des Cheurfas à a suite de l'envasement du précédent. Celui des Cheurfas s'est également envasé très rapidement, sa capacité s'est réduite de 18 millions de m3 à 6 millions de m3 pour un périmètre irrigable de 5.600 ha.

        Après étude des diverses solutions, le choix s'est porté sur la construction d'un barrage sur l'oued Sarno, affluent rive gauche de la Mekerra. Le bassin versant ayant une superficie de 262 km2 et une hauteur moyenne annuelle de plus de 485 mm.
        Les conditions géotechniques montrent qu'un barrage est possible dans la zone étudiée, mais que seuls des ouvrages souples peuvent être envisagés. Le choix s'est porté sur une digue en terre, solution moins onéreuse qu'une digue en enrochement. Sa construction a débuté en 1947.
        Les caractéristiques de la digue en terre sont : hauteur 28 m, longueur en crête 610 m, largeur à la base 120 m, largeur de la crête 6,60 m, capacité de la retenue 22 millions de m3. Elle est composée d'une partie principale de 245 m de longueur de crête, prolongée rive gauche par un épaulement de 6 m de haut et de 365 m de long.

        L'ouvrage s'appuie sur le terrain après décapage sur une hauteur de 7 m des alluvions du thalweg. Un mur parafouille ancré à 2O m de profondeur, prolongé plus profondément par un double rideau d'injection, assure l'étanchéité à I'amont de l'ouvrage et dans le thalweg. Rive droite et rive gauche, se raccordant au mur parafouille, des voiles d'injection doubles ont été établis ; ils se décomposent en tranches à maille de plus en plus lâche au fur et à mesure que l'on s'éloigne de l'axe de la vallée (de 4 à 12m) ; la bande profonde s'éloigne en rive droite jusqu'à 530 m et à 175 m en rive gauche.
        Au total l'ensemble des écrans a nécessité plus de 9 kilomètres de sondages et l’injection de 1.600 tonnes de ciment et 1.300 tonnes de gel de marne.
        Ajoutons que tous les ouvrages en béton enfouis ont été collés au terrain par des injections appropriées.

        Cet ensemble d'étanchement est complété par l'habituel système de drainage dont les principaux sont les suivants :
        - la galerie amont établie dans la tête du mur de pied collecte des eaux de la couche du masque. Elles sont conduites vers l'aval par la galerie rive gauche qui draine cette zone et aboutit au filtre de pied qui reçoit à son extrémité aval la galerie drainante rive droite.
        Tant que le débit de drainage ne dépasse pas 10 l/sec. La décharge des eaux est automatique. A partir de sa saturation une station d'exhaure entre en fonctionnement.
        Le masque de la paroi amont de l'ouvrage en béton bitumineux diffère sensiblement de ceux mis en oeuvre aux barrages du Ghrib et de Bou-Hanifia et sa réalisation est plus aisée du fait du parement amont à pente plus douce.
        Le tapis bitumineux de 8 cm d'épaisseur a été répandu en une seule couche ; sa mise en place et sa compaction ont été effectuées à l'aide de matériel employé pour les travaux routiers, du lait du parement amont à pente plus douce.

        Il a été prévu et mis en place des organes d'évacuation de crues indépendants du corps du barrage, compte tenu des dispositions topographiques et de considérations techniques et économiques :
        1) sur la rive droite, une galerie de dérivation de 6 m de diamètre et de 202 m de longueur capable de dériver des débits de l'ordre de 250 m3 sec.

        2) un évacuateur de crue en béton armé capable d'évacuer 500 m3/sec. Sous une lame déversante de 1,20 m. C'est un déversoir d'un type nouveau dit "Marguerite" ainsi dénommé à cause de sa forme en plan. Les pétales déversants, au nombre de huit, sont disposés symétriquement autour d'un puits vertical de 6m de diamètre, piqué sur la galerie de dérivation et s'y raccordant par un coude de 11 m de rayon. Le diamètre hors tout de l'ouvrage évacuateur est de 30 mètres.

        3) un fusible ménagé dans la levée de terre doit prévenir tout risque de submersion du barrage. Pour une lame de 1,20 m au-dessus du seuil déversant de la "Marguerite ", la capacité d'évacuation du système est de 500 m3/sec.

        4) un ouvrage de prise d'eau pour le prélèvement dans le réservoir des eaux d'irrigation et un ouvrage de vidange de fond afin d'abaisser le plan d'eau de la retenue ou de la vider en deux jours.

LE BARRAGE SUR L’OUED MEFFROUCH

        L'alimentation en eau potable de la ville d'Oran a été réalisée grâce au bassin de la haute Tafna, régularisé par le barrage des Béni-Bahdel et la conduite d'amenée des eaux de 165 km. Toutefois cette solution ne satisfit pas les irrigants de la plaine de Marnia également tributaires du barrage des Beni-Bahdel, les années défavorables risquant de les priver d'eau, au bénéfice de la ville d'oran.
        Il a paru indispensable de régulariser d'autres ressources, de façon à équilibrer les demandes locales et lointaines.

        L'oued Meffrouch, dont le nom désigne le cours élevé de l'oued Sikkak-Safsaf, affluent rive droite de la basse Tafna, est une des ressources auxquelles il a été fait appel. Cette régularisation a été envisagée à un triple point de vue : alimentation en eau de la ville de Tlemcen, appoint aux irrigations locales, appoint pour la ville d'Oran, en cas d'année très sèche, sur la haute Tafna.

        La haute falaise à laquelle s'adosse la ville de Tlemcen, domine de plus de 500 mètres la plaine de la basse Tafna. Elle est entaillée de profondes vallées livrant passage aux oueds. Parfois, la coupure n'est pas continue et des seuils élevés amènent la formation de cascades très spectaculaires. L’Oued-Meffrouch fait une chute de 350 mètres, à quelques kilomètres à l'est de Tlemcen, pour gagner la vallée inférieure qui prend alors le nom d'oued Sikkak. Son débit permanent est utilisé depuis de nombreuses années pour l’irrigation de la région de Tlemcen. Le barrage a eu pour but de rendre utilisables les eaux de crue.
        La surface du bassin versant est de 90 km2. De plus, il faut préciser que les eaux de crue ont toujours été très peu chargées de matières solides.
        Dès 1880, les ingénieurs des Ponts et Chaussées de la province d'Oran décidèrent de régulariser l'Oued-Meffrouch par la construction d'un barrage.

        Un emplacement fut choisi dans une gorge suffisamment resserrée où les assises calcaires paraissaient résistances et capables de supporter une digue en maçonnerie. Les premiers travaux commencèrent : la notion d'étanchéité n'était pas encore très précise dans l'esprit des réalisateurs. On vit malheureusement la première crue de septembre s'engouffrer et disparaître dans les fouilles ouvertes pour le barrage. Le projet fut abandonné.
        En 1946, les études étaient reprises à la base, des levers géologiques systématiques à grande échelle étaient entrepris dans la zone du Meffrouch. Le résultat de ces différentes études géologiques amena à envisager un ouvrage proportionné à l'ensemble des retenues "interne" et "externe".
        Avant de mettre ce projet à exécution, il parut nécessaire de tenter quelques vérifications concernant les hypothèses de vides.

        Devant les résultats, il a paru prudent de prendre les dispositions suivantes :
        - Prévoir un ouvrage assurant une retenue superficielle à l'échelle de la régularisation annuelle de l'oued, laissant la possibilité d'une régularisation interannuelle partielle par le jeu de la retenue interne.
        - Exécuter une galerie de prise ayant son origine dans la réserve dolomitique et l'Aïn-Mcharas, à une cinquantaine de mètres plus bas.
        L'implantation dans la gorge du Meffrouch a été déterminée avec pour but final la construction d'un ouvrage offrant les meilleures garanties et pour le prix de revient minimum.
        Le type d'ouvrage choisi est un barrage à voûtes multiples (25 voûtes dont 11 déversantes) qui présente la particularité d'être entièrement bâti en éléments préfabriqués, les contreforts des voûtes étant ancrés au terrain par des tirants mis en tension, je tout réuni par effet de précontrainte.

        L'ensemble des voûtes présente une convexité vers l'aval. Sa longueur en crête est de 546 mètres, sa hauteur 20 mètres, sa capacité 18 millions de m3. Sa construction a débuté en 1952.
        La galerie de prise ayant son origine à une cinquantaine de mètres plus bas que I'Aïn-Meharas, sa disposition permet d'exploiter les eaux de la retenue en surface mais également les eaux contenues dans la réserve interne.
        Cette galerie débouche à la côte 1045. Tlemcen, premier point d'utilisation des eaux, est à la côte 800 et une chute égale existe encore jusqu'aux zones irrigables. L'énergie électrique n'est pas négligeable malgré le faible débit annuel de l'oued Meffrouch.

        La galerie a une longueur totale de 2.800 mètres dans laquelle débouchent une série de puits drainant la zone de l'Aïn-Meharas. Ces puits, au nombre de 4, exécutés au moyen de gros appareils de sondage, sont vannés à leur jonction avec la galerie. Cette disposition permet de régler les débits exploités.
        Le barrage de l'oued Meffrouch est le premier ouvrage dont l’idée de base est un "captage" bas à grande échelle. Les résultats obtenus guideront les possibilités des dispositifs de ce genre et permettront des applications à d'autres bassins.
        Dans cette région où l'eau est rare, l'évaporation intense, vouloir protéger les eaux régularisées par un "stockage souterrain" est une opération intéressante, qui mérite l'échelle expérimentale en vraie grandeur.


PHOTOS BÔNE
Envoi d'un PPS de 2010





























Birkadem, le Puits de la Négresse
Pieds -Noirs d'Hier et d'Aujourd'hui - N°195 Avril 2011
     
                 Birkadem existait déjà lorsque nous sommes arrivés en 1830. Ce n'était peut-être pas un vrai village, mais il y avait déjà suffisamment de monde dans les haouchs alentour pour qu'une mosquée ait été construite dès le XVIIème siècle.
                 Il y avait aussi, au centre de la cuvette une belle fontaine aménagée en 1797 par le Dey turc Hassan Pacha.

                 Le Puits de la Négresse

                 Il devait ce nom à une tradition orale remontant aux XVIème et XVIIème siècles selon laquelle, à cette lointaine époque, à ce puits (bir), une vieille femme noire (khadem) avait coutume de venir s'accroupir auprès de la source qui s'épanchait en ce lieu pour y rouler le kousksoû (couscous) familial.
                 Depuis les temps anciens, cette fraîche et agréable fontaine naturelle avait servi, tout comme celle de Bir Touta " Le Puits du Mûrier", à dix kilomètres plus au sud, de point d'arrêt pour les nomades et les troupes en campagne qui y dressaient leurs campements. Mais bien avant les Arabes et les Turcs, les Romains avaient reconnu et apprécié le site, comme ils surent le faire excellemment partout ailleurs dans la zone qui entourait alors Icosium (Alger) de nombreux vestiges en témoignaient encore, jours, les restes ne sont, visibles en 1830 et, de nos d'une voie romaine, visibles au km 9,500, attestaient toujours de cette antique présence. Sur les collines environnantes de belles villas mauresques appartenaient à des dignitaires turcs ou arabes ; et suffisamment de bons musulmans pour participer à la prière commune du vendredi.
                 En septembre 1830 Clauzel y installe l'un des trois camps retranchés de la protection d'Alger ; les deux autres étant Dély-Ibrahim et Kouba. Ce camp est renforcé en décembre 1831 par le Général Duvivier qui établit un escadron de spahis sur une colline, dans le haouch Ben Siam.

                 En 1833-1834 les soldats de Voirol ouvrent la route venant d'Alger par Birmandreis. Et des Européens, dont quelques Allemands du sud venus de Kouba, s'installent spontanément dans la cuvette où se trouve le centre du village. C'est le 22 avril 1833 que Clauzel crée un centre de peuplement "dans cet endroit bien alimenté en eau" Et le 25 juillet de la même année les Turcs sont expulsés d'une grande ferme fortifiée en bordure de la Mitidja, et que I'on transforme en ferme expérimentale. Cette ferme apparaît sur les cartes avec le nom de "ferme modèIe".


                 De 1830 à 1840 le camp de Birkadem est le plus menacé et le plus actif des trois camps retranchés déjà cités. En 1834 un bataillon tombé dans une embuscade près de I'Oued Kerma, subit de lourdes pertes, et en 1839, lorsque Abd-el-Kader proclame le djihad, c'est à Birkadem que l'on concentre les colonnes mobiles qui vont à Fondouk et permettent d'éviter l'évacuation de cette garnison française implantée de l'autre côté de la Mitidja au pied de I'Atlas. Cependant les récits des réfugiés de la Mitidja, aggravent le sentiment d'insécurité ; et après I'incendie de deux fermes et I'enlèvement de trois colons près de la ferme-modèle en avril 1840, quelques Européens abandonnent Birkadem. La population diminue au moment où Guyot rédige son plan qui intègre Birkadem à la ceinture du Fahs (ou de banlieue) et en parle en ces termes ;
                 " Ce village s'est établi autour de la belle fontaine du même nom. Il ne s'agit que de seconder les particuliers qui se portent naturellement sur ce point. Un plan du village est dressé en ce moment.

                 Des terres domaniales de I'ordre de 100 ha seront aliénées par le Domaine, à charge pour les acquéreurs de prendre en même temps un lot au village et d'y bâtir: une école et une église achèveront d'y attirer et d'y fixer la population.
                 Cette localité deviendra très importante à cause du passage de la route de Blida."

                 Guyot ne s'est pas trompé en ce qui concerne le rôle de la route qui devint, à partir de 1845 la RN numéro 1.


                 Quant à l'école et à l'église ses promesses furent rapidement tenues. A la même date, 1843, l'école est ouverte, comme l'avait été la Mairie, dans la mosquée, et l'église est construite par les soldats du Génie. Elle est consacrée à Sainte-Philoméne par Monseigneur Dupuch en personne. Son maître-autel de marbre vert et noir est un don du roi de Naples Ferdinand Il dont une fille portait ce prénom. Et lors de son passage en 1865 Napoléon III offrit 2 grands tableaux de peinture.


                 Le pénitencier qui a remplacé la caserne des spahis de 1831 est encore loin du village. En 1962, il sera rattrapé par le quartier de villas appelé «Clos Saint-Jean».
                 Le cimetière est toujours resté assez loin du village, sur la route de Kaddous. Au-dessus du portail une inscription latine peu réjouissante « Hodie mihi, cras tibi »
                 Je traduis pour les non-latinistes : "aujourd'hui pour moi, demain pour toi". On ne saurait mieux nous prévenir de notre avenir commun en quatre mots à peine.

                 Quelques dates notables
                 1830 septembre, Clauzel implante un camp militaire
                 1831 décembre Duvivier renforce beaucoup la garnison
                 1833 - 22 avril. Décret de création du centre de peuplement sous A. Avizard, Commandant par intérim
                 1833 - 25 juillet. Confiscation des haouchs turcs, sous Théophole Voirol Commandant par intérim
                 1840 - Installation de la Mairie dans la mosquée. Ouverture d'une école dans la mosquée. Un bâtiment spécial sera construit en 1887-
                 1843 - Consécration de l’église Sainte-Philomène
                 1845 - Fin de la construction de la route de Birkadem à la Mitidja (future RN 1)
                 1848 ouverture d’une Gendarmerie. Un nouvelle caserne sera inaugurée en 1867 1856 - Birkadem devient Commune de Plein Exercice, avec comme annexes Birmandreis et Saoula
                 1860 - Implantation d'un abattoir
                 1865 - 8 mai. Visite de I'Empereur Napoléon III
                 1882 - 5 novembre. Naissance de Catherine Sintès, future maman du futur prix Nobel Albert Camus
                 1889 ou 1896 - Ouverture du CSR Centre Spécialisé de Rééducation
                 1899 - Inauguration d'une nouvelle mairie
                 1913 - Aménagement d'un réseau d'égouts collecteurs
                 1932 - Inauguration de la salle des fêtes
                 1956 - 15 octobre. Découverte d'un laboratoire clandestin de fabrication d'explosifs pour le FLN, Arrestation de 7 terroristes dont trois juifs, Arbib, Timsit et Smadja, qui avaient mal évalué le degré réel d'empathie du FLN pour le peuple élu.
                 1959 Création d'une SAS


                 Le territoire communal

                 Avec ses 1600 ou 1800ha selon les sources, Birkadem est une commune d'une étendue moyenne pour le Sahel. Elle est limitée sur deux côtés, le sud et I'ouest, par I'oued el Harrach et son affluent I'oued Kerma. L'oued el Harrach (on disait I'Harrach), est celui qui traverse Maison Carrée (aujourd'hui El Harrach) avant de se jeter dans la mer. La faiblesse des altitudes, moins de 200m explique que les pentes soient modérées au-dessus de la Mitidja et que les versants aient été presque tous défrichés et mis en culture. Dès le début du XXème siècle, il ne restait guère de broussailles.
                 Par ailleurs cette commune est un peu atypique, comparée à ses voisines du Sahel, pour au moins les trois raisons que voici.
                 Son territoire déborde légèrement sur la plaine de la Mitidja, jusqu'aux rives de I'oued el Harrach. C'est juste un peu au-dessus de la plaine que se trouve la ferme-modèle. La voie ferrée d'Alger à Oran traverse ce bout de la commune tout droit, mais il n'y a pas de gare ni de halte : les gares de Baba Ali et du Gué de Constantine sont dans les communes voisines de Saoula et de Kouba.


                 Il y a beaucoup de vigne, mais aussi beaucoup d'autres cultures. La proximité d'Alger, I'abondance de I'eau à faible profondeur, les sols hamri légers ont permis aux Mahonnais, dès les années 1840, de développer les cultures maraîchères et surtout fruitières. Birkadem était connu pour ses vergers de pêchers, on y a cultivé également d'autres fruits, des pommes de terre, et du tabac.
                 On avait même essayé la sériciculture car les mûriers poussaient bien, sans vrai succès.
                 La situation sur RN 1, qui a constitué à partir de 1845, I'axe majeur de circulation routière vers le sud et l'ouest, a beaucoup aidé Birkadem à dépasser le stade du village. Les recherches pétrolières, après la guerre de 1939-1945, ont donné un vrai coup de fouet, aux activités liées aux transports.

                 Les activités des Birkadémois étaient donc multiples et dépassaient largement le cadre de I'agriculture. Birkadem n'était certes pas une ville, mais c'était mieux qu'un village. On y trouvait dans les années 1950 des ateliers de conditionnement des fruits pour I'exportation (firme Fédélich), des entreprises de transport à longue distance (transports Tixidor), et même un atelier de carrosserie pour équiper à la demande du client, des châssis de camion livrés nus (établissements Leroy).
                 Birkadem offrait à ses 9000 habitants (en 1954) de nombreux services absents de la plupart des villages du Sahel : médecins, pharmacie, agence bancaire, gendarmerie, mécaniciens automobiles, commerces non alimentaires divers, par exemple celui de matériels électriques du maire de l'époque, Monsieur Borderie.
                 Il y avait enfin le centre d'éducation ou de rééducation spécialisé pour mineurs délinquants que l'on appelait habituellement centre de redressement et qui occupait les bâtiments de I'ancien pénitencier.

                 Le village centre
                 La comparaison des cartes de 1873 et de i935 montre que le site originel de fond de cuvette a commencé à être débordé. Le village s'est allongé surtout sur les routes d'Alger et de Kouba qui étaient en pente montante.
                 Et le plan en damier de 1833 n'apparaît plus. Vingt ans plus tard de nouveaux lotissements ont été créés ; le Clos Saint-Jean entre la route de Kouba et le pénitencier, et les Vergers de I'autre côté du pénitencier et en contrebas, vers Birmandreis. Ces derniers lotissements n'ont que des villas en 1962. Et même au village il n'y a que des immeubles bas à un ou deux étages.

                 Au centre une grande place avec kiosque à musique où I'on dansait pour la fête du village. D'un côté de la place le groupe scolaire, de l'autre l'église, et en face la Mairie et la poste.. Cette place était longée par la RN 1 qui constituait la principale rue du village et au bord de laquelle se situaient la plupart des commerces et des ateliers. Au-dessus de la route à droite en venant d'Alger il y avait un quartier arabe, appelé, me semble-t-il, Djenan el Malik (le petit jardin).
                 Le quartier des vergers était un peu isolé du reste du village. On y trouvait des terrains de tennis.
                 Après 1945 la desserte du village par les transports en commun fut assurée par deux sociétés ; la société Seyfried ensuite rachetée par les autocars blidéens, et la RSTA (ex CFRA)
                 Il existait entre Birkadem et Birmandreis un petit car Seyfried qui prolongeait en fait la ligne de trolleybus, une venue de la Grande poste et qui faisait de Birkadem une grande banlieue d'Alger.
                 Contrairement aux autres bus qui avaient chauffeur et receveur, ici c'est le chauffeur qui vendait les billets.
                 À Birkadem s'arrêtaient tous les cars blidéens partis de la place du Gouvernement et desservant la route du sud jusqu'à Djelfa, ainsi que le village de Saoula.
                 Birkadem était le terminus de la ligne RSTA 14. Cette ligne qui n'arrivait pas très loin du lycée Bugeaud à Alger permettait aux lycéens Birkadémois d'éviter la pension.
                 Bien longtemps auparavant, entre 1862 et 1914, Birkadem avait été le seul centre du Sahel non littoral à être relié régulièrement à une gare, celle de Baba Ali située dans la Mitidja, et hors de la commune ! Les voyageurs descendus du train franchissaient les 7km grâce à des services de corricolos, diligences à claire-voie munies d'un large coffre. En 1900 il y avait un aller-retour par jour. La voiture et le bus ont, après la guerre, tué cette liaison avec Alger plurimodale, longue et lente.
                 Autres lieux habités notables
                 Les 9161 habitants de Birkadem en 1954, dont 2183 Européens, ne vivaient pas tous au village. Il pouvait y en avoir une moitié, guère plus, car outre les nombreuses fermes moyennes disséminées sur tout le territoire, il y avait, aux deux extrémités de la commune, une grande ferme au sud et un village indigène au nord. Le village indigène de Tixeraïne. Il existait bien avant 1830.
                 D'ailleurs le Dey y possédait un palais où il venait parfois l'été.

                 Guyot évoque ce lieu dans son plan, non pour prévoir une implantation de centre européen, mais pour signaler qu'il serait desservi par la paroisse et le curé de Birkadem. S'il avait imaginé que des chrétiens viendraient s'y installer, il s'est trompé: le village est resté purement indigène, même si quelques fermes européennes en étaient proches.
                 On disait sa population plus kabyle qu'arabe. Il était situé à l'extrême limite de la commune, en lisière des communes de Birmandreis et de Draria. Il avait été bâti sur un ressaut de terrain au-dessus de I'oued Kenna. C'est tout juste si on l'apercevait de la route d'El Achour qui passait plus bas.


                 Après 1954 ce bout de route sinueux et pentu eut une mauvaise réputation et l'on ne s'y attardait pas.

                 Le Pénitencier
                 L'inscription « pénitencier » sur les cartes de toutes les époques, désigne un ensemble de constructions. Avant notre arrivée c'est le centre d'un domaine appelé Haouch Ben Siam

                 Ce haouch est saisi et utilisé par l'armée française pour loger un régiment de spahis en décembre 1831 ; 143 hommes et 118 chevaux.

                 Lorsque la sécurité dans le Sahel et la Mitidja parut solidement établie, vers la fin des années 1850 on transforma les casernes en un pénitencier militaire qui pouvait recevoir 400 à 500 militaires. Il faut croire qu'il n'y avait pas assez de punis pour occuper toutes les places, car en 1893-1896 le centre servit de lieu de convalescence pour des soldats blessés de retour de Madagascar.
                 En 1927 au plus tard ce centre échappe â l'armée pour devenir une Maison d'Education Surveillée pour garçons mineurs condamnés. On parlait alors de centre de redressement de 200 places, voire plus en se serrant.

                 En 1945 le centre cesse d'être géré par l'administration pénitentiaire. Il est confié à la Justice.
                 Après 1951 la capacité d'accueil est ramenée progressivement à 160, puis 75 places. Et surtout on applique en Algérie l'ordonnance de février 1945 qui inverse les priorités : l'éducation ou la rééducation passe avant la punition du délit, pour les mineurs de 13 à 18 ans. La clientèle du centre de Birkadem était composée de mineurs délinquants, ou vagabonds, ou moralement abandonnés. Le caractère pénitentiaire s'efface: plus de grilles, plus de cellules d'isolement. Il y avait neuf musulmans pour un européen chez les mineurs et une proportion inverse chez les éducateurs. Après 1954 la clientèle a été modifiée par I'arrivée des" politiques" arrêtés et jugés pour menées subversives. Ils étaient plus bourgeois, plus éduqués et meilleurs francophones que leurs prédécesseurs.

                 Ils étaient aussi plus respectueux des personnels, mais ont vite acquis du prestige auprès des autres détenus. Sa destination a survécu à I'indépendance, au moins jusqu'aux années 1990. Puis il est devenu en 1996 en centre d'hébergement des SDF, sans domicile fixe, amenés d'Alger.
 Georges Bouchet
    


 
Les revers d'un beau rêve
Effort Algérien N°157 du 8-1-1930

                  
        Voilà donc notre lycéen ; comme nous l'avons dit dans notre dernier article sur l'Ecole Unique, savamment sélectionné...sélection toute provisoire d'ailleurs, la vie, et non la science, étant faiseuse d'hommes...Il a son parchemin de bachelier dans sa poche : en route donc pour les vastes sentiers du monde !
        S'il est de race bourgeoise, et si ses parents ont quelque argent, tout ira bien, pourvu qu'il sache conduire sagement sa barque. Il fera son trou dans la mêlée : n'en parlons plus.
        Mais s'il est de modeste origine - et ce sera son cas huit fois sur dix, puisque l'Ecole Unique a pour but d'élever les petites gens au rang des élites - que deviendra-t-il?

        Il lui faudra payer ses études supérieures, sa nourriture et son logement à la ville...Le père est un modeste ouvrier, un brave paysan, qui avec son salaire ou son champ joint déjà difficilement les deux bouts. Le voilà donc, notre malheureux petit bachelier, au milieu de la grande cohue, sans le sou, sans appui. Pour acheter ses livres de droit ou de médecine qui coûtent cher, il lui faudra la nuit se faire conducteur de taxi, prote d'imprimerie, garçon de restaurant...
        Cela se voit tous les jours ces choses-là, et avec l'Ecole Unique cela se verra plus encore !
        Enfin, mettons les choses au mieux. Notre bachelier est débrouillard ; il s'est tiré d'affaire... Le voilà donc licencié, docteur peut-être.
        Alors commence pour lui la vraie montée de la vie. S'il veut être médecin, avocat, ingénieur, fonctionnaire, il trouvera les cliniques, les barreaux, les usines, les bureaux pleins à craquer...que faire ? Les plus audacieux, les plus intelligents forceront quand même la porte...Mais les autres, la grande masse des autres ?.. il faut pourtant gagner sa vie, car la vie n'attend pas...

        Alors, notre diplômé essaiera quand même ; mais qu'il le veuille ou non, il accroîtra bientôt l'armée déjà encombrée des avocats sans cause, des médecins sans clientèle, des fonctionnaires sans avancement... Il se débattra dans des problèmes d'argent que l'indélicatesse sera souvent seule capable de résoudre. Ce ne sera plus qu'une vaine épave à la recherche d'un vain rivage !
        Et pendant ce temps-là que deviendra la terre d'où, petit paysan peut-être, il est sorti il y a un quart de siècle ?
        Sa terre ? Elle sera entre les mains des Polonais, des Italiens, des Belges, des Yougoslaves...Sa terre ? elle restera en friche sous les regards d'un toit sans fumée et d'un clocher sans voix...Sa terre ? elle ne sera plus qu'une herbe abandonnée dans la solitude d'un désert.
        Ah ! comme il regrettera alors, notre petit lycéen aux grands rêves, d'avoir quitté le feu paternel !
        Pour lui, le châtiment des choses commence déjà, et ce sont ses maîtres qui l'auront fait, car ce n'est jamais en dehors de sa tradition qu'il faut chercher le bonheur de la vie...

        Tôt ou tard, le sélectionné de l'Ecole Unique devra peut-être rentrer dans son maigre domaine. Mais il le fera, poussé par la nécessité et non par l'orgueil de son métier dont au lycée le livre lui aura imprudemment appris le côté mercenaire.
        Il rentrera au village, un soir, ayant au fond de lui-même le mépris de son outil de sa charrue, de son clocher. Il reviendra parce que la terre donne malgré tout du pain, alors que là-haut, dans la grande ville, la science ne met pas toujours même un peu de charbon dans l'âtre du licencié !...
        Et surtout, qu'on ne nous accuse pas d'exagérer, alors que, nous qui vivons à une époque où l'Ecole Unique vient à peine de naître, nous voyons dans nos cités, des cohues scandaleuses, et qu'à côté, dans la région des blés, nous rencontrons des solitudes à faire pleurer !

        Que sera-ce le jour où sept Français sur dix seront bacheliers ?... Qui dira en vérité la malfaisance des idéologies électorales, et comme le peuple serait plus heureux s'il n'avait pas tant d'amis !
        D'ailleurs, à supposer même que nos craintes précédentes fussent illusoires, cette réforme que l'on nous annonce comme devant être le fin mot de l'égalité, est profondément anti-démocratique et anti-égalitaire.

        Anti-égalitaire tout d'abord,
        Le lycée pour tout le monde, dites-vous ? Mais s'agit-il d'internat ou d'externat ?
        S'il s'agit d'internat, nous allons tout droit au régime de la caserne obligatoire sur le plan intellectuel, et le budget de l'Etat sera incapable de soutenir une pareille dépense.
        S'il s'agit d'externat, que nous parle-t-on du baccalauréat pour tout le monde, alors qu'un fils de paysanne peut être externe que dans son village, et que tout de même on ne mettra pas un lycée dans toutes les communes de France.

        Anti-démocratique ensuite.
        Que dites-vous d'une réforme grâce à laquelle le fils de Rothschild sera instruit aux frais de nous tous, alors que moi - ouvrier ou paysan - je devrai suer sang et eau, et me priver du travail de mon fils pour lui permettre de sortir de sa lignée!...
        Certes, l'enseignement public en France doit être réformé...L'ouvrier et le paysan doivent être de nos jours instruits s'ils veulent être armés pour la vie, mais ils doivent l'être dans la ligne de leur classe, et pas à côté.

        La question religieuse mise à part, la réforme de Jules Ferry était excellente. Si elle n'a pas rendu ce qu'on en attendait, c'est qu'on n'a pas su adapter les programmes aux possibilités intellectuelles et sociales de la majorité des Français.
        Trois facteurs doivent présider - en dehors de la morale - à a formation d'un cerveau d'enfant : l'atavisme, le métier, le livre... Or les maîtres de la pensée officielle ont délaissé les deux premiers pour donner tout au troisième...
        Et voilà pourquoi, au nom de la raison, de la psychologie élémentaire, de la sauvegarde des métiers de France, nous nous élevons énergiquement contre une réforme qui part d'une idée généreuse, mais aboutit à la plus illusoire et à la plus dangereuse des sélections.

Paul Rimbauit


    
Les médecins militaires
Envoyé Par M. D. Bonocori
Les médecins militaires propagateurs de la vaccine dès le début de l’occupation de l’Algérie
par Pierre-Jean LINON

          Débarquant à Alger en 1830, les officiers du corps de santé militaire découvrent un pays où sévissaient à l’état endémique les plus graves maladies : variole, paludisme, typhus, dysenterie, fièvre typhoïde, peste. Avec près de 22 000 entrées dans les hôpitaux de l’armée d’Afrique en 1830 et 32 000 en 1831, ils sont confrontés à une dure réalité ( Comité de lecture du 20 février 2010.). Les maladies endémo épidémiques frappent les Indigènes comme elles frapperont les Européens et la lutte contre les épidémies deviendra un objectif majeur dès le début de l’occupation de la Régence. Parmi les maladies sévissant à l’état endémique, la variole, cause importante de la mortalité infantile, occupe une place particulière en raison des bienfaits de la vaccination jennérienne. Louis-Théodore Laveran observera que la variole sévit dans les tribus avec toute l’extension et la gravité qu’elle atteint sur les populations non préservées par la vaccination (36, rue des Fontaines, 92310 Sèvres.)”.
           La propagation de la vaccine apparaît donc comme une des missions prioritaires auprès de la population avec une attention particulière pour les indigents indigènes et européens.


           HISTOIRE DES SCIENCES MEDICALES - TOME XLIV - N° 4 - 2010


           La plupart des historiens situent la vaccination antivariolique à la suite de l’instauration des Bureaux arabes (1844) et du recrutement des médecins des circonscriptions rurales (1845). Il n’en est rien, car Chevreau fit sa première vaccination le 10 janvier 1831 alors que la variole régnait à Alger. La présente évocation couvre la période 1831-1847, celle de la conquête de l’Algérie, pendant laquelle les officiers de santé devaient assurer le soutien sanitaire des expéditions et faire face aux épidémies, fièvres, variole et choléra. Ils n’en continuèrent pas moins la propagation de la vaccine dans les villes et les tribus.
           Ces médecins méritent de figurer dans l’histoire de la médecine en Algérie.

           L’état de la vaccine en Algérie avant le débarquement des troupes françaises (1802-1830)
           L’introduction de la vaccine dans la Régence date de 1802. Le professeur Pierre Goinard rappelle que “la variole y était endémique, tuant une fois sur deux et laissant après elle nombre d’aveugles : la vaccine avait été introduite en 1802 mais des empiriques s’en tenaient à la variolisation qui contribuait souvent à diffuser le mal” (3). Le chirurgien principal Guyon situe l’introduction de la vaccine à Alger “vers la fin de 1803, à l’occasion d’une épidémie de variole qui désolait le pays ; la vaccine fut pratiquée par les consuls des différentes nations qui ne négligèrent rien pour encourager sa propagation ; et quelques habitants notables ayant fait vacciner leurs enfants, leur exemple fut bientôt suivi, non seulement dans la capitale, mais encore sur les autres points de la Régence (4)”. Dans ce même article publié en 1836, Guyon nous apprend que M. Martingo fut le premier à vacciner à Alger et cite les médecins qui pratiquèrent la vaccination dans la Régence : les docteurs Oudras, Assenti, médecin espagnol qui avait été attaché à la personne du dey et Méardi, attaché au consulat de Sardaigne.

           Cependant, d’autres épidémies freineront le développement de la vaccine. Le médecin général inspecteur Pierre Lefebvre rappelait, lors d’une mémorable séance de la Société française de médecine des armées, que “la peste fit périr à Alger, de 1816 à 1822, plus de 20 000 personnes (5)”.
           À combien s’élève la population de la Régence en 1830 ? Les historiens Eugène Guernier, Xavier Yacono et André Nouschi s’accordent sur trois millions. Le docteur René Ricoux avait retenu ce nombre dès 1880 (6). En 1950, Eugène Guernier estimera la population à 3 millions 200 000 (7). Cette évaluation n’est indiquée que pour mesurer l’ampleur de la tâche qui attend le corps médical.

           Instruction sur les moyens de vacciner les militaires, 29 mai 1811 (Journal militaire n°7, mai 1811)


           Médecins militaires propagateurs de la vaccine en Algérie (1831-1847)
           Dans un texte sur la variole, le MGI Antoine rappelle un point d’histoire : “Dès l’introduction de la méthode vaccinale en France, l’Empereur Napoléon 1er est séduit et envisage de faire protéger les soldats, conforté dans cette intention par un rapport favorable établi en 1806 par les inspecteurs généraux du Service de santé des armées (8)”. Il précise aussi que l’emploi de la vaccine dans l’armée française fut initialement réglementé par l’Instruction du 29 mai 1811 qui comprend 24 articles (9). Les officiers de santé étaient donc familiarisés avec son utilisation lors du débarquement en Algérie.

           Mauricheau – Beaupré, chirurgien en chef de l’armée d’Afrique, avait diffusé, le 30 mai 1830, une directive qui se termine par un appel à la charité envers les populations autochtones (10). Son adjoint, le chirurgien principal Chevreau, sera le premier des officiers de santé empressés à poursuivre l’entreprise commencée dans la Régence depuis 1802. Sa première vaccination à Alger date du 10 janvier 1831 alors que la variole régnait à Alger où elle faisait des ravages. Guyon rapporte que “la vaccination était une de ses occupations favorites” et “qu’il en consignait les résultats, avec quel zèle il s’y livrait et combien il attachait de prix à en répandre les bienfaits (11)”. Chevreau se heurtera cependant aux préjugés des Indigènes pour laisser vacciner leurs enfants. Chevreau est nommé chirurgien principal de l’armée d’Afrique le 23 février 1831. Dès lors, des séances de vaccinations seront organisées à jours fixes dans les hôpitaux d’Alger.

           Casimir Luc Chevreau (12), (02.10.1776 - 21.02.1834). À en juger par les courtes notices qui lui ont été consacrées dans les deux ouvrages commémoratifs sur le Service de santé en Algérie (13), ce personnage est méconnu. Dans le premier, L’œuvre du Service de santé militaire en Algérie, 1830-1930 , le médecin commandant Vergnes, alors chef des services du Musée du Val de grâce, écrit que “Chevreau n’a laissé que quelques observations cliniques de médiocre intérêt et nous est connu surtout pour avoir été le premier vaccinateur d’Alger et pour avoir propagé le bienfait de la vaccination dans les garnisons et jusque dans les tribus indigènes soumises à la domination française, où la variole causait de véritables désastres”. Et doutant de ses aptitudes chirurgicales, il écrit que Chevreau dut plutôt à son grade d’être désigné comme professeur de clinique externe à l’hôpital d’instruction d’Alger. L’auteur connaissait-il sa longue carrière ? On peut en douter car il situe son affectation à Alger jusqu’en 1837 alors qu’il y est mort le 21 février 1834. Sur ses compétences chirurgicales, l’avis de Pierre-François Gallée, chirurgien inspecteur en 1830, et membre du Conseil de santé mériterait d’être connu car Chevreau avait toute sa confiance (14).

           Entré au service en 1793, élève de l’École militaire de santé de Paris de 1794 à 1797, chirurgien de 3ème cl. En 1799, chirurgien aide-major en 1804, il est promu chirurgien major le 1er février 1807. À la Grande Armée de 1806 à 1809, on le trouve notamment à Iéna, Eylau et Friedland. Aux armées d’Espagne et du Portugal (1810-1811), il sert ensuite au 26ème de Ligne jusqu’à son licenciement le 1er octobre 1815. De 1816 à 1822, il appartient à la Légion du Calvados puis sert aux hôpitaux de Givet et Toulouse. Il est membre du Comité de visite des militaires établi près le ministre de 1825 au 2 avril 1830 date de sa promotion comme chirurgien principal à l’armée d’Afrique. Au départ de Mauricheau-Beaupré, le 23 février 1831, il est nommé chirurgien principal de l’armée d’Afrique et exerce cette fonction jusqu’à son décès à Alger le 21 février 1834. Docteur en médecine (24.02.1815), chevalier (17.03.1815) puis officier de la Légion d’honneur le 27.12.1830.
           Le vaccin était fourni par le service de la vaccine de l’Académie de médecine et expédié par le Conseil de santé des armées. Sa conservation en période estivale posa cependant quelques problèmes (15). À partir de 1833, les vaccinations à Alger seront principalement organisées à l’hôpital militaire d’instruction, notamment par les docteurs Fleschhut, Bonnafont et Renaut. Successeur de Chevreau comme chirurgien principal de l’armée d’Afrique, Guyon signalera ces trois officiers au ministre de la guerre pour leur zèle.

           Henri, Ignace, André Fleschhut (16), (19.04.1785 - 07.04.1852). Sa carrière débute en 1806 aux hôpitaux de Landau et de Strasbourg. De 1808 à 1814, il sert à l’armée d’Espagne puis à la Grande Armée. Chirurgien aide-major en 1812 au 2ème de Ligne, il est mis en réforme en 1814. Docteur en médecine le 2 mars 1815. Sa carrière militaire reprend en 1823 au 32ème de Ligne en Espagne. Après un long séjour à l’hôpital de Bastia, promu chirurgien major, il est affecté à l’armée d’Afrique dès mars 1830. En service à l’hôpital de la Salpêtrièrie, puis à l’hôpital du Dey en 1833, dont il devient chirurgien en chef le 25 décembre 1834. Chirurgien principal en 1840, il reste à ce poste jusqu’à sa mutation à l’hôpital de Toulon, fin septembre 1842. Retraité en décembre 1843, il était chevalier de la Légion d’honneur depuis 1835. Son fils effectuera une brillante carrière : médecin principal de 1ère classe, commandeur de la Légion d’honneur.

           Jean-Pierre Bonnafont (17), (22.01.1805 - 19.05.1891). Entré au service en 1827, il servira en Algérie de 1830 à 1841. Chirurgien aide-major en novembre 1832, il est affecté au 29ème de Ligne. En août 1835, il est démonstrateur d’anatomie à l’hôpital d’instruction. Chirurgien major en novembre 1839, il est cité à l’ordre de l’armée le 25 décembre 1839 après l’expédition de Sétif, puis le 2 juin 1840 après la prise du Col de Mouzaïa.
           Docteur en médecine (06.09.1834), l’Académie de médecine l’avait accueilli comme membre correspondant en 1836. Médecin principal de 2ème cl. en 1852, de 1ère cl. En 1859, il est successivement affecté aux hôpitaux du Gros Caillou et du Roule, puis à l’École d’application d’État-major de 1856 à sa retraite en 1865. Chevalier de la Légion d’honneur dès 1837 après l’expédition de Bône, à dix ans de services, il sera promu officier en 1856. Il est l’auteur de diverses études sur l’Algérie et d’un précieux témoignage : Douze ans en Algérie (1830-1842) (18).

           Antoine, Théophile, Alfred Renaut (19), (26.12.1803 - 25.05.1850). Après avoir participé à l’expédition de Morée, il est désigné pour l’armée d’Afrique dès le 3 mars 1830. Chirurgien aide-major à l’hôpital Caratine à Alger puis à la Ferme expérimentale, il est affecté à l’hôpital du Dey le 12 janvier 1831. Il y restera près de dix ans. Il est, en outre, chargé du service de santé des troupes du génie et de l’artillerie avec lesquelles il participera aux expéditions de Mascara, Tlemcen, Médéa et Constantine. À la suite de celle sur Médéa, il est cité à l’Ordre de l’armée le 11 avril 1836. Chevalier de la Légion d’honneur en 1837, il sera à nouveau distingué le 10 juillet 1840, étant cité dans un rapport au maréchal Valée, gouverneur général, pour sa conduite en Algérie.

           En dehors de la ville d’Alger par suite de l’ouverture des hôpitaux militaires, des dispensaires et des infirmeries indigènes, les propagateurs de la vaccine développeront leur activité dès 1831 à Oran, 1833 à Mostaganem et à Bône, 1836 à Guelma, 1837 à Constantine, 1838 à Philippeville, 1839 à Djidjelli, 1840 à Blida, Médéa, Cherchell et Miliana, 1842 à Tlemcen etc…

           Dans sa note sur l’état de la vaccine, déjà évoquée (20), Guyon indique que les officiers de santé cherchent à propager la vaccine sur tous les points progressivement occupés et à l’étendre parmi les tribus de l’intérieur. Il cite Giscard, chirurgien-major, et Debourges, chirurgien sous-aide, appartenant tous deux au régiment des zouaves qui “ont fait et font encore tout ce qu’il est possible d’attendre d’une activité infatigable et d’une philanthropie éclairée. Ces mêmes officiers de santé ne se rendent pas moins utiles par leurs excursions dans la plaine, en prodiguant leurs secours aux Arabes des tribus qui viennent les réclamer”. Dès 1832, en effet, Giscard avait ouvert une ambulance pour eux à Dély-Ibrahim. Dans son article Quelques maladies des Arabes et sur l’exercice de la médecine parmi eux , Giscard écrivait : “J’ai donné mes soins à des malades de plusieurs tribus assez éloignées de nos cantonnements, ce qui m’a permis de voyager avec plus de sécurité qu’un autre… Les Arabes n’ont pas manqué un seul jour de venir me témoigner leur reconnaissance (21)”. Bertherand soulignera aussi son action : “En juillet 1834, le docteur Giscard, chirurgien-major des zouaves, prodiguait les secours de son art à des Indigènes venus au marché de Boufarik (22)”. Dans le même texte, il rapporte qu’en janvier 1835, le docteur Pouzin avait établi “une tente sur le même emplacement et qu’avec le concours d’un interprète, il distribuait aux Arabes des consultations et des remèdes gratuits. Le docteur Pouzin était venu en Algérie en juillet 1834 avec le gouverneur général Drouet d’Erlon. Il avait pris contact avec les populations de Koléa et de Blida et ouvert un centre de vaccination antivariolique à la mairie d’Alger.

           Jean-Jacques Pascal Giscard (23), (12.04.1797 - 09.05.1841). Chirurgien sous-aide en avril 1823, il sert près de deux ans à l’armée des Pyrénées avant d’être affecté à l’hôpital militaire de Toulon de 1825 à 1829. Docteur en médecine (30.06.1828), il est promu chirurgien aide-major en mai 1829 et affecté au 30ème de Ligne qu’il quitte en octobre 1830, promu chirurgien major, pour le 1er bataillon des zouaves à Dely – Ibrahim près d’Alger. Dès son retour en France, en janvier 1836, se suivent des affectations hospitalières : Belle-Île en Mer, Bordeaux, Lyon et Marseille où il meurt subitement le 9 mai 1841. Il avait été nommé chevalier de la Légion d’honneur, à titre exceptionnel, en Algérie (18.09.1834).

           Joseph Alexandre Numa Debourges (24), (03.08.1806 - 24.08.1835). Fils d’un officier de santé, externe à l’hôpital des vénériens à Paris en 1830, il entre au service comme chirurgien sous aide le 8 avril 1831 à l’hôpital militaire de Rennes. Le 2 mai 1831, le doyen de la faculté de médecine de Paris certifie qu’après sa 16ème inscription, il a été admis à subir le cinquième examen pour obtenir le titre de docteur. Le 28 juin 1832, il est affecté au régiment des zouaves en Algérie où il seconde le chirurgien major Giscard.
           Le 1er août 1835, en réaction à sa demande de promotion d’aide-major, transmise directement, le ministre demandait une réprimande sévère. En eut-il connaissance avant son décès, survenu à l’hôpital du Dey le 24 août 1835 par suite de choléra à 29 ans ? Le ministre lui attribua une récompense nationale.

           On ne saurait passer sous silence l’activité et le dévouement des médecins civils d’Alger. Bertherand indique qu’en février 1838, les docteurs Méardi, Trolliet et Bodichon (25) établirent à l’hôpital Caratine des consultations gratuites pour les Indigènes (26) sans préciser s’ils pratiquaient ou non les vaccinations antivarioliques à cette occasion.

           Propagateurs de la vaccine honorés par S.M. Louis Philippe 1er
           Par décision du 12 janvier 1844, sur la proposition du ministre de la guerre, le Roi rendra hommage “aux officiers de santé qui ont le plus contribué à la propagation de la vaccine en Algérie et en ont répandu les bienfaits parmi les indigents de la population européenne et indigène” en leur décernant une médaille d’or ou d’argent. Renaut, chirurgien major de 2ème classe à Mostaganem, Moreau, médecin adjoint à Constantine, Magail, médecin ordinaire à Douera, recevront une médaille d’or et Finot, médecin ordinaire à Blida, recevra une médaille d’argent (27). Qui sont ces officiers ? Le chirurgien major de 2ème classe Renaut (28) – dont il a déjà été question – passera vingt ans en Algérie. Après son long service à l’hôpital du Dey, il est nommé à l’hôpital de Médéa au début de 1840. Promu chirurgien major en juillet 1842 avec l’appui d’Antonini, officier de santé en chef, il est affecté à l’hôpital de Mostaganem où il développe ses initiatives pour la promotion de la vaccine. Il meurt, victime du devoir, le 25 mai 1850 à Alger, des suites d’une fièvre intermittente pernicieuse (29).

           Jean, Raphaël, Jules Moreau (30) (22.08.1804 - 30.04.1852). Chirurgien aide-major au 4ème cuirassiers depuis sept ans, il est promu médecin adjoint en février 1840 et affecté aux ambulances de l’Algérie où il servira onze ans. Son caractère le porte à s’occuper des Indigènes. Il est à Constantine quand il est distingué par le Roi puis promu médecin ordinaire de 2ème classe en septembre 1844. Il sera ensuite affecté à l’hôpital militaire de Bône, donnant des consultations gratuites à l’hôpital civil aux Arabes de la ville et des environs. Il quitte l’Algérie pour l’hôpital militaire de Strasbourg en mars 1851. Il y meurt en service en 1852. Il était chevalier de la Légion d’honneur (1846).

           Jean, Honoré Magail (31) (28.04.1803 – 15.01.1860). Chirurgien auxiliaire dans la marine pendant sept ans, il débarque en Algérie comme chirurgien aide-major en 1832. Il y servira dix-huit ans, en particulier dans les hôpitaux militaires d’Alger – affecté à trois reprises à l’hôpital du Dey – d’Oran, de Bône et de Douera, de 1837 à 1845, où il est aussi chargé des établissements civils. Le 11 mai 1840, il avait été promu médecin ordinaire. Il est médecin chef de l’hôpital de Mustapha à Alger quand il est affecté à Lyon en mars 1851. Officier de la Légion d’honneur en 1851, médecin principal de 2ème classe, il meurt en service à Lyon. Il est auteur d’un Rapport sur les maladies qui ont régné à l’hôpital de Douera en 1838 (32).

           Pierre, Xavier Finot (33) (13.01.1809 - 25.03.1873). Le 3 mars 1830, il est nommé chirurgien sous-aide à l’armée d’Afrique. Son premier séjour prend fin en mai 1833. Médecin adjoint le 13 février 1840, il est affecté aux ambulances de l’Algérie, à Blida. Médecin ordinaire de 2ème classe le 1er avril 1842, il est nommé médecin chef de l’hôpital militaire de Blida et chargé des établissements civils de la ville. Quand le général Bedeau, commandant supérieur, le charge du dispensaire destiné aux filles publiques, il accepte la mission avec l’intention d’y traiter les Arabes et d’y rattacher le service de la vaccination. Cette réalisation lui vaudra d’être distingué par le Roi. En août 1847, il est promu médecin ordinaire de 1ère classe. Il quittera l’Algérie le 27 mai 1848. Sa carrière se poursuivra au corps expéditionnaire de la Méditerranée, aux hôpitaux de Belfort et de Metz où il sera promu médecin principal de 1ère classe en janvier 1855. De novembre 1859 à sa retraite, le 7 avril 1867, il sert à l’École supérieure du génie et de l’artillerie à Metz. Officier de la Légion d’honneur (1862). On retiendra son Compte-rendu du service médical de l’hôpital militaire de Blida en 1842 (34). Michel Lévy écrit à son sujet : “Ce praticien laissera le souvenir d’une expérience acquise dans les campagnes d’Afrique et de quelques travaux scientifiques qui ne sont dépourvus ni de mérite ni d’utilité” (26.06.1866).

           Mesures générales favorables à la vaccine
           L’année 1844, essentielle dans l’histoire de la colonisation, est celle de la création des Bureaux arabes, le 1er février (35), et de la définition par Bugeaud d’une politique indigène, le 17 septembre (36). En 1845 sont recrutés les médecins fonctionnaires des 13 premières circonscriptions rurales pour les soins aux Européens et Musulmans indigents (37). Il faudra cependant attendre le 30 juin 1847, six mois avant la reddition définitive d’Abd-el-Kader, pour que le ministre de la guerre adresse au Gouverneur général de l’Algérie la fameuse circulaire concernant l’organisation définitive du service de santé gratuit au profit des Indigènes auprès de chacun des Bureaux des affaires arabes de l’Algérie. L’article 2 précisait : “ce service sera fait par l’officier de santé militaire de l’hôpital, de l’ambulance, ou des corps voisins de chaque Bureau…”. Cette organisation facilita les campagnes de vaccination qui s’imposaient d’autant plus que les épidémies de variole sévissaient. Un exemple : la province de Constantine. Dans son rapport du 2ème semestre 1847 (38), le chirurgien aide-major de 1ère classe Tesson, attaché à la direction des affaires arabes de la division de Constantine, relève que sur les huit Bureaux arabes de la division, ceux de La Calle et de Batna sont concernés par l’épidémie de variole. À La Calle, le chirurgien sous-aide Japiot indique que les Arabes demandent à être vaccinés. À Batna, le chirurgien sous-aide Lacombe constate la diminution de la répugnance à entrer à l’hôpital. À Philippeville, le chirurgien aide-major Herbin pratique la vaccination avec un certain succès. À Bône, le chirurgien aide-major Tisserand relève le nombre élevé des consultations données aux Arabes à l’hospice civil.

           Cependant, l’acte fondamental est l’arrêté ministériel du 21 janvier 1853 portant réorganisation du Service médical de colonisation. L’article 9 stipule que “les médecins de colonisation sont tenus. 3° - de propager la vaccine”. La situation matérielle offerte à ces médecins, particulièrement médiocre, gêna le recrutement et nombre des 60 circonscriptions continuèrent à être desservies par des médecins militaires (39).

           Le médecin major de 2ème cl. Étienne Rodes (40), né le 5 août 1812, de la division d’Oran, recevra une médaille d’or, le 15 septembre 1856, pour la propagation de la vaccine en Algérie pendant les années 1853 et 1854. Chevalier de la Légion d’honneur (1854), médecin principal de 2ème cl. (1859), il meurt en service à Oran, victime du devoir, le 3 décembre 1859.

           Dans son rapport au Baron Larrey, en 1858, sur les médecins de colonisation, le docteur Paÿn évoquera les difficultés du service de santé pour les Indigènes : “propager la vaccine et traiter les maladies chez les indigènes n’est pas chose facile en l’état actuel. Les Arabes se laisseraient volontiers vacciner ou traiter si cela devait leur procurer quelque argent, mais rétribuer le médecin pour cela n’entrera jamais librement dans leur idée. Les Bureaux arabes sont parvenus par l’intimidation à introduire quelques médecins sous la tente indigène pour les vacciner ou leur porter secours. Il est déplorable de voir des tribus entières, qui vivent au milieu de nous, repousser avec obstination les bienfaits de la vaccine et nous exposer d’un jour à l’autre à voir apparaître les épidémies de variole (41)”. Le docteur Paÿn avait été recruté parmi les tous premiers médecins de circonscriptions. Son opinion désabusée, fondée sur quinze ans d’expérience, n’en a que plus de valeur.

           Dans une étude publiée en 1962 (42), le professeur Combe rappelait que la mortalité infantile étant très élevée, la protection infantile avait posé aux autorités de difficiles problèmes dès le début de l’occupation : “Les épidémies de peste, de choléra, de variole, de typhus, les affections gastro-intestinales, surtout en été, le paludisme pendant les trois-quarts de l’année, la syphilis, la misère et le manque d’hygiène contribuaient à tuer un très grand nombre d’enfants”. Il cite la première statistique concernant la ville d’Alger pour la période 1830-1847 dans laquelle Victor-Martin et Foley (43) ont pu dénombrer 3 307 décès sur 10 173 naissances, soit une mortalité de 37 %. Cette statistique est bien connue et elle sera souvent citée dans les travaux sur la santé publique en Algérie (44). Par souci de rigueur historique, il convient de préciser que le médecin principal Boudin contestera la méthode retenue pour cette statistique (45). Cette querelle de spécialistes ne saurait minorer la gravité de la mortalité infantile de la période examinée.
           Le dénombrement de la population, effectué en 1844-1845 sur l’ordre du ministère de la guerre, évalue la population à 1 983 918 personnes, portée à environ trois millions après diverses corrections (46). Décimée par les famines et les épidémies, la population indigène diminuera, passant selon les dénombrements de 1861 et 1872, de 2 732 851 à 2 125 052 individus (47).

           Dans sa remarquable étude Européens “Indigènes” et Juifs en Algérie (1830-1962), ouvrage d’histoire démographique, Kamel Kateb (48) ne manque pas de rappeler que “les médecins militaires développèrent des infirmeries indigènes et se déplacèrent dans les tribus où ils pratiquèrent la vaccination antivariolique (...) La variole, cause importante de mortalité infantile, est combattue par la vaccination avec la mise en place de médecins attachés aux Bureaux arabes (1848-1849) (49)”. Ce chercheur a passé plusieurs mois à exploiter les archives du Musée du Service de santé des armées. On peut s’étonner qu’il n’ait pas relevé l’action des officiers de santé propagateurs de la vaccine en Algérie de 1831 à 1848.

           Malgré l’absence de statistiques d’ensemble sur la vaccination antivariolique dans l’Algérie des premières décennies de l’occupation française, l’action des officiers de santé, pionniers de la propagation de la vaccine, est porteuse de sens. Si elle ne compense pas les excès de la conquête dans son aspect militaire, elle n’en possède pas moins une dimension civilisatrice et humanitaire exemplaire. La loi du 15 février 1902, relative à la protection de la santé publique, rendant obligatoire la vaccination antivariolique et la déclaration par les médecins des maladies contagieuses, sera applicable à l’Algérie par le décret du 5 août 1908. La population dépasse alors les cinq millions de personnes (50).
           Une nouvelle époque commence pour la santé publique en Algérie.

           NOTES
           (1) Source : État des entrées, sorties et morts dans les hôpitaux depuis 1830 établi par le bureau de centralisation du Service des hôpitaux, Alger (MSSA, C.67, d.8).
           (2) LAVERAN Louis Théodore (30.05.1812 - 20.08.1879), médecin inspecteur en 1867 - Géographie médicale de l’Algérie in Dict. Encycl. des sciences médicales , t. 2, p. 763, Masson, Paris, 1865.
           (3) GOINARD Pierre - Algérie, l’œuvre française , Laffont, Paris, 1984 et ed. Gandini, Nice, 2001, p. 202.
           (4) GUYON Jean-Louis - Note sur l’état de la vaccine dans les possessions françaises du nord de l’Afrique in Recueil de mémoires de Med. Chir. Pharm. mil. Vol. 39, 1836, p. 150-155 .
           (5) LEFEBVRE Pierre - L’œuvre médicale française en Afrique méditerranéenne de 1830 à l’indépendance ; séance du 20.11.1986 de la Société française de médecine des armées, commune avec le Service de santé des Forces armées royales marocaines et le Service de santé des armées de la République Tunisienne. ( Médecine et Armées, 1987, 15, 4, p. 330).
           (6) RICOUX René - La démographie figurée de l’Algérie, Masson, Paris, 1880, p. 260.
           (7) GUERNIER Eugène - La Berbérie, l’Islam et la France , t. 2, éd. de l’Union française, Paris, 1950, p. 100.
           (8) De la santé des troupes de la Grande Armée, Strasbourg, Imprimerie de Levrault, 1806, 104 pages. Rapport cosigné au quartier général de la Grande Armée, le 1er octobre 1806, par COSTE, premier médecin et PERCY, chirurgien en chef. C’est dans ce rapport que figurent les chiffres bien modestes du nombre d’hommes à vacciner (2066), repris par les historiens : BONNETTE (Rev. S.S.M. t. CVII, 1937, p. 77) ; LEMAIRE (Dict. Napoléon, s. direct. J. Tulard, Vaccine , pp. 1696-1697, Fayard ed. Paris, 1987 et Coste, Premier médecin des armées de Napoléon, chap. VIII Stock, Paris, 1997) ; REGARD (Thèse sur Coste, Lyon, 1992, pages 105-106), DUCOULOMBIER. (Le Baron Pierre-François Percy, p. 202-203, Teissèdre, Paris, 2004).
           Le docteur J.-F. Lemaire énonce clairement : “Une légende tenace veut que Napoléon, dès son accession au trône ait rendu obligatoire, pour tous, la vaccination contre la variole., Pour la Grande Armée, l’opération aurait été menée dès le camp de Boulogne. Tout cela est faux”. ( Dict. Napoléon ). Dans leur rapport du 01.10.1806, ils citent Gras, du 3ème corps, med. princ. prov. du 4ème corps, Chappe, chir. princ. du 4ème corps, et Boysset, med. ord. du 4ème corps, parmi les artisans de la vaccination. Boysset né en 1756, docteur en médecine en 1777, exerçait à Châlons-sur-Saône. Auteur de travaux scientifiques, recommandé par Coste, il devient médecin à la Grande Armée en 1805. Médecin principal à la Grande Armée en mars 1813, il est licencié en juin 1814. Chevalier d’Empire par lettres patentes du 26.04.1811.
           (9) Cette instruction oubliée est judicieusement mentionnée par le MGI. ANTOINE dans le chapitre Vaccinations et campagnes militaires de l’ouvrage Vaccinations dans les armées, dir. Yves BUISSON, ADDIM, Paris, 1999, p. 23. L’instruction, sous le titre : Avis des Inspecteurs généraux du Service de santé des armées, approuvé par le ministre-directeur de l’administration de la guerre, sur les moyens de vacciner les militaires, aux armées, dans les garnisons et dans les hôpitaux, datée du 29 mai 1811, fut publiée dans le Journal militaire, n° 7, mai 1811, pp. 334-339.
           (10) Directive du 30 mai 1830 de Mauricheau-Beaupré, chir. en chef de l’armée d’Afrique (MSSA, C. 982 d. 11bis). Dossier Mauricheau-Beaupré, SHD/DAT, 4 yf. 9719.
           (11) Guyon, op. cit .
           (12) CHEVREAU Casimir Luc - Rapport sur le service chirurgical du corps d’occupation d’Afrique, avril 1831 (MSSA, C. 67 d. 11). Dossier Chevreau, SHD/DAT. 3yg 7493.
           (13) - L’œuvre du Service de santé militaire en Algérie, 1830-1930, Lavauzelle, Paris, 1931, pp. 97- 98. 2) - Le Service de santé des armées en Algérie (1830-1958), SPEI, Paris, 1958, p. 100.
           (14) Lettre du 4 octobre 1830 adressée à Gallée par Chevreau (MSSA, C. 67 d.4).
           (15) Guyon, op. cit .
           (16) Dossier Fleschhut, SHT/DAT, 3 yf 8708.
           (17) Dossier Bonnafont, SHD/DAT, 4 yf 32370.
           (18) BONNAFONT - Douze ans en Algérie (1830-1842), Dentu, 1880, réédité par Gandini, Nice, 2005.
           (19) Dossier Renaut, SHD/DAT, 3 yf 81798.
           (20) Voir supra note n° 4.
           (21) GISCARD - Quelques maladies des Arabes . in Rec. Mémoires de Méd. Chir. Pharm. mil. Vol. 37, 1835, 275-281.
           (22) Émile-Louis BERTHERAND, Médecine et hygiène des Arabes, Baillière éd., Paris, 1855, 555.
           (23) Dossier Giscard, SHD/DAT, 3 yg 14792.
           (24) Dossier Debourges, SHD/DAT, 3 yg 9367.
           (25) Eugène Bodichon (1810-1885) s’installe en Algérie en 1835. Auteur de Considérations sur l’Algérie, Comptoir central de la librairie ed., Paris, 1845. C’est un réquisitoire contre les services de l’administration de l’Algérie.
           (26) Bertherand, op. cit ., p. 156.
           (27) Note du ministre, division des affaires d’Algérie pour le directeur du matériel de l’administration, bureau des hôpitaux, en date du 19.01.1844 (copie au dossier Renaut, SHD/DAT 3 yf 81798).
           (28) Dossier Renaut au SHD, op. cit .
           (29) Maladie endémique régnant à Alger selon avis n° 1420 du registre des communications du Conseil de santé des armées, du 02.09.1850 (dossier Renaut).
           (30) Dossier Moreau, SHD/DAT, 5 ye 5871.
           (31) Dossier Magail, SHD/DAT, 4 yf 18019.
           (32) MSSA, C. 90, d. 2.
           (33) Dossier Finot, SHD/DAT, 4 yf 84093.
           (34) FINOT Pierre-Xavier - Compte rendu du service médical de l’HM de Blida pendant l’année 1842, in Rec. Mem. Med. Chir. Pharm. Mil., t. LVI, 1844, et typo Tissot-Roche ed., Blida, 1845.
           (35) Un premier Bureau arabe avait été ouvert dès 1832 par La Moricière. L’institution, plusieurs fois remaniée, est l’objet d’une réglementation définitive par l’arrêté ministériel du 1er février 1844. (36) Circulaire du 17.09.1844, cf. PEYRONNET R. in Livre d’or des officiers des affaires indigènes , t.1, gouv. gén. Algérie, 1930, p. 32.
           (37) GOINARD, op. cit ., p. 209.
           (38) TESSON, chirurgien aide-major au 7ème escadron du train des équipages, attaché à la direction des affaires arabes de la division de Constantine. Rapport du 20.05.1848 (MSSA, C. 70, d. 51). Dossier Tesson : SHD/DAT, 4 yf 26059.
           (39) FÉRY Raymond, médecin général de Santé publique - in L’œuvre médicale française en Algérie , Gandini ed., Calvisson, Gard, 1994, p. 32.
           (40) Dossier Rodes, SHD/DAT, 4 yf 18256.
           (41) PAŸN H. - médecin de la 1ère circonscription à Hussein-Dey - in Les médecins de colonisation , rapport présenté au Baron Larrey, inspecteur général du SSA, 27.09.1858 (MSSA, C. 70, d. 5).
           (42) COMBE P. - Enfance et santé publique en Algérie , in Algérie médicale , 66, 5, mai 1962, p. 565. (43) VICTOR-MARTIN A-E. et FOLEY L-E. - De l’acclimatement et de la colonisation en Algérie au point de vue statistique in Gazette médicale de Paris, t. 3, n° 27, 01.07.1848, 510. Des mêmes auteurs, voir Histoire statistique de la colonisation algérienne , Germer-Baillière, Paris, 1851.
           (44) Le MGI Pierre Lefebvre la reprendra dans son allocution du 20.11.1986 à la SFMA. Voir supra n° 5.
           (45) BOUDIN (1806-1867) - Réfutation des opinions émises en faveur de l’hypothèse de l’acclimatement in Gazette médicale de Paris, t. 3, n° 34, 19.08.1848, 643 – 648 .
           (46) Ordre du 15.12.1843. Résultats du dénombrement publié dans les Notices statistiques du Tableau des établissements français dans l’Algérie, 1844-1845. Imprimerie royale, Paris, 1846.
           (47) Chiffres cités par Kamel Kateb, p. 29 et 30 dans l’ouvrage ci-après.
           (48) KATEB Kamel - Européens, “indigènes” et Juifs en Algérie (1830-1962), INED-PUF diffusion, Cahier n° 145, 2001, 386 p. Malgré quelques erreurs, des allégations discutables et des références parfois imprécises pour les archives du MSSA, (1ère partie), cet ouvrage revêt un intérêt exceptionnel pour la richesse de sa documentation et ses analyses démographiques.
           (49) KATEB Kamel - op. cit ., p. 60-61.
           (50) Recensement de la population effectué le 5 mars 1911. Population totale de l’Algérie : 5 millions 564 000 dont 795 522 Européens (Résultats stat. du recensement, t. 1, 2e partie, p. 71. Min. Travail et Prev. Soc., Imp. Nat., Paris, 1915).


           RÉSUMÉ
           Parmi les maladies sévissant à l’état endémique en Algérie, la variole occupe une place particulière en raison des bienfaits de la vaccination jennérienne. La variole régnait à Alger lorsque Chevreau fit sa première vaccination le 10 janvier 1831. Désormais, les médecins militaires s’attacheront à cette mission, dans les villes et dans les tribus. Cette recherche sur la propagation de la vaccine couvre la période 1831-1847, celle de la conquête, pendant laquelle les officiers de santé devaient assurer le soutien sanitaire des expéditions et faire face aux épidémies, fièvres et choléra notamment. La plupart des historiens ne situent la vaccination antivariolique qu’à la suite de la création des Bureaux Arabes (1844) et du recrutement des médecins des circonscriptions rurales (1845). Ils passent sous silence l’action conduite précédemment par les médecins militaires pour la propagation de la vaccine en particulier auprès des indigents européens et indigènes.
           Ces médecins méritent de figurer dans l’histoire de la médecine en Algérie.

           SUMMARY
           Smallpox was an endemic illness in Algeria when Chevreau started the first jennerian inoculation in 1831. Immediately after the conquest of Algeria the army medical doctors organized the inoculation of cowpox among the European poor as well as among his native people during the period of 1831-1847. The vaccination against smallpox increased with the arrival of numerous medical doctors after 1847.



C'ETAIT NOTRE COLLEGE
Pieds -Noirs d'Hier et d'Aujourd'hui - N°195 Avril 2011
« Je ne pourrai jamais vivre en dehors d'Alger » Albert Camus
     
                 Présentation du Collège
                 Le Collège Notre-Dame d'Afrique d'Alger se situe à une altitude de 124 mètres, sur la montagne de la Bouzaréah, au lieu-dit « La Vallée des Consuls », au-dessus de la commune de Saint-Eugène, au nord-ouest d'Alger et à proximité de la Basilique du même nom.
                 Ses coordonnées géographiques sont 36'41'58.54" Nord et 3"02'30.07" Est:

                 Il est constitué de :
                 . Un cloître - zone 1
                 . La grande chapelle zone 2
                 . D'un bâtiment regroupant le dortoir des moyens et des petits, ainsi que les salles d'étude de ces deux même divisions zone 3
                 . Un bâtiment qui comprend le dortoir et la salle d'étude de la division des grands zone 4
                 . La cour de récréation de la division des grands - zone 5
                 . La cour de récréation de la division des moyens - zone 6
                 . Le stade zone 7

                 Les quatre bâtiments constituant le cloître regroupent les bureaux des Pères Préfet, Recteur, la classe du Père Poncet, d’autres bureaux, deux petites chapelles, les logements des Pères.

                 L'infirmerie et la lingerie sont dans le bâtiment allongé, parallèle à la grande chapelle. Les salles de cours sont réparties dans I'ensemble des bâtiments.
                 La photo ci-dessus, plus récente et fournie par Google Earth (2008), donne un autre aperçu du site.
                 L'ensemble des bâtiments a pu accueillir jusqu'à 290 élèves et son éloignement du centre-ville imposait I'utilisation des transports en commun. La ligne "H", équipée de trolleybus, construite en 1935, escaladait la colline en négociant les virages en épingle à cheveux et en roulant à gauche.
                 Outre le collège, les Jésuites avaient un autre établissement dit « L'Externat du Boulevard Saint-Saëns », situé au cœur d'Alger.

                 Le boulevard Saint-Saëns accueillait les élèves de la 11ème, qui correspond maintenant au CP, à la 3ème. Ensuite, les élèves désirant poursuivre leurs études chez les Jésuites devaient « monter » au Collège dont les cours allaient de la 7ème (CM2 de maintenant) jusqu'en terminale. À partir de 1956, les classes de philo et de math-élem ont été supprimées, la scolarité s'arrêtant donc aux 1ères bac, séries A, C et A'.
                 Les trois régimes - externat, demi-pensionnat et pensionnat - étaient possibles.
                 L'enseignement était assuré par des professeurs tant civils que religieux (Jésuites ou autres).
                 Le service des élèves était assuré d'une part par des Sœurs qui tenaient I'infirmerie et le service de la lingerie, d'autre part par des Frères pour l'approvisionnement de la nourriture, la préparation des repas, et enfin par du personnel civil local pour le nettoyage et I'entretien de premier niveau des bâtiments et des cuisines.

                 Les origines et les évolutions du Collège
                 C'est en 1890 que Marie-Jeanne, Françoise, Paule, Princesse BIBELSCO née le 10/09/1865, entrée au couvent en 1880 et décédée en 1944, décide d'acheter un terrain sur le plateau de la colline de Saint-Eugène pour y construire un Carmel.
                 La première pierre est posée le 10 septembre 1890 et le Carmel est achevé en 1892. Les Carmélites s'y installent le 4 juin 1892, et Jeanne Bibelsco en est la Prieure. Au début du 20ème siècle, elle va batailler dur avec Émile Combes dont elle est I'amie d'enfance, pour protéger les établissements religieux en Algérie.
                 Cependant, suite à différents incidents survenus dans le Carmel, tels que détournement de la dot de plusieurs Carmélites, fautes secrètes du type « violation de la clôture » selon les termes officiels, la princesse est relevée de ses vœux en 1911 et le Carmel est fermé par décision du Pape le 25 octobre 1911.

                 La Princesse Bibelsco va procéder à sa vente au bénéfice de la Société anonyme coopérative à capital et personnel variables d'établissement à usage commun pour la somme de 325 000 francs, selon un acte passé devant notaire le 13 avril 1920.
                 La suite du développement du Collège est décrite dans un texte publié dans l'annuaire des Anciens élèves, édition de 2005, mais dont ni I'auteur ni la date de rédaction ne sont précisés : « Au sortir de la Première Guerre mondiale, il ne subsistait à Alger qu'une seule École Libre Secondaire pour les garçons ; l'Ecole Lavigerie, fondée en 1910 par M. l'abbé Gille, notre vénéré Directeur, et M. l'abbé Griffon, aujourd'hui curé d'El-Biar.
                 Dans les premiers mois de 1920, à la demande de S.E. Monseigneur Leynaud, Archevêque d'Alger, le Père Barnoin et M. l'abbé Gille cherchèrent un emplacement pour un futur collège. On pensa d'abord au Splendid Hôtel, actuellement Lycée Fromentin ; mais le Père Barnoin le trouva trop loin du tramway (!). Le château Joly, devenu depuis pensionnat des Religieuses Trinitaires, parut trop petit, mal commode pour établir des cours de récréation un peu spacieuses.

                 Après bien des démarches, bien des hésitations, le choix se fixa sur l'ancien Carmel de N.D. d'Afrique. Une société se constitua, la Société Catholique d'Enseignement Secondaire, qui prit immédiatement en charge l'aménagement des locaux existants.
                 On décide alors d'élever d'un étage les bâtiments de l'ancien Carmel, pour avoir un peu plus de place et disposer d'un dortoir le dortoir actuel de la division des Petits. Les travaux sont terminés pour la première rentrée, le 4 octobre 1920.

                 M. l'abbé Gille avait entre-temps fermé l'École Lavigerie et invité professeurs et élèves à le suivre à N.D. d'Afrique.

                 La première année scolaire fut une année de tâtonnement. Les rapides travaux d'aménagement n'avaient pas permis de recevoir un grand nombre d'élèves, ni de les choisir tous aussi bien qu'il eût fallu : ils étaient 87 en juin 1921.

                 Pour accéder au collège, les demi pensionnaires devaient prendre à Bâb el Oued le vieux corricolo de Barzan qui ne partait que quand il avait son plein de voyageurs et arrivait quand il pouvait.
                 À la rentrée d'octobre 1921, le Père Genevois remplaça le Père Barnoin comme recteur. Il fit mettre en chantier la construction de l'aile brisée, à l'est du Carmel, où se trouvent maintenant de nombreuses classes, l'étude des petits, le dortoir et l'étude des moyens. Le Père Gauclère prenait en mains la division des grands, tondis que le Père Michon inaugurait la classe de troisième avec des élèves qu'il devait conserver trois ans et conduire brillamment jusqu'au baccalauréat.

                 Sous son rectorat qui dura six années, le Père de Lavernette, successeur du Père Genevois, vit croître sans cesse le nombre des élèves ; ils atteignaient puis dépassaient 250. Dès 1924, il avait fait édifier l'aile sud, où sont aménagés le dortoir et l'étude des Grands, les réfectoires des trois divisions et les chambres des Pères.
                 M. Curtil (1923), M. Sicard (1923), M. Le Névanic (1924,) le Père Geng (1923), le Père Beck (1925), le Père Devillard (1926), le Père de Lander (1926) et bien entendu M. le Chanoine Gille, demeurent les grands témoins de cette époque déjà lointaine.
                 En 1929, remplaçant le Père Fabre qui ne fut recteur qu'une année, le Père Devillard inaugurait la série de ses rectorats en faisant prolonger jusqu'à la rue les bâtiments de la chapelle et des parloirs.

                 À la rentrée d'octobre 1932, le collège comptait 292 élèves, dont 190 pensionnaires. La classe de math. élém. était inaugurée par M. Louis Arbey, aujourd'hui astronome à I'Observatoire national de Paris.
                 Jusqu'à la guerre, les locaux étant utilisés au maximum, les effectifs oscillent autour de 200 pour les pensionnaires, et 300 pour l'ensemble des élèves. Le nombre croissant des demandes insatisfaites pose en permanence le problème des agrandissements à envisager.
                 Le Père Hains, recteur de 1934 à 1939, fait établir par M. Fournier, architecte, des plans de constructions nouvelles. Ils resteront dans les cartons. On se rend compte qu'il faudrait des terrains de jeux plus spacieux, et les constructions projetées réduiraient encore ceux qui existent.

                 Au début de la guerre, le nouveau recteur, le Père Pasty, est mobilisé. Dès l'été 1940, après sa démobilisation, il entreprend une politique d'agrandissement des terrains du Collège et fait acheter par la Société Catholique d'Enseignement
                 Secondaire un terrain de 1.900 m2 contigu à la cour des Petits et qui après nivellement est devenu le stade d'éducation physique pour les élèves. En 1942, nouvelle acquisition d'un petit lot entre le stade et la rue du trolley.
                 Au cours de l'été 1942, le Père Devillard remplaçait le Père Pasty qui, malade, abandonnait prématurément ses fonctions de recteur. On était à la veille du débarquement allié en Afrique du Nord. Dès novembre 1942, la réquisition, l’installation d'un hôpital anglais allaient contraindre le Père Devillard à réaliser des prodiges pour permettre au Collège de poursuivre son œuvre. Les énormes soucis du présent n'empêchent cependant pas le Père Recteur de songer à l'avenir, de préparer I'extension éventuelle du Collège. En 1943, il provoquait l'achat de la ferme Pico (800 m²), en bordure de la cour des Grands, et dont l'étable toujours bien garnie a laissé chez les anciens un souvenir « parfumé ».

                 Puis en 1945 et en 1946 deux nouveaux terrains contigus sont encore acquis. À peine libéré des servitudes de la guerre, le Père Recteur faisait construire une grande salle d'étude et un dortoir de trente lits au-dessus du préau des Moyens.
                 Aujourd'hui. Depuis 1946, en utilisant au maximum les bâtiments existants, on a pu recevoir chaque année 430 élèves, dont 250 pensionnaires. C'est beaucoup pour ceux qui ont à leur assurer une vie normale dans une maison archi-pleine. C'est bien peu en regard du nombre des demandes qui ne cessent d'affluer et qui demeurent insatisfaites. Il est évident qu'il faudrait bâtir.

                 L'agrandissement du Collège pose aussi et d'abord le problème du financement des constructions. Trouverait-on à emprunter en ce moment les millions nécessaires ? La question est posée...

                 Aussi longtemps que ces problèmes ne seront pas résolus, il nous faudra refuser chaque année de nombreux candidats, opérer un tri de plus en plus serré des élèves présents, veiller à ne garder que ceux d'entre eux qui profitent vraiment de la formation chrétienne et de I'instruction en vue desquelles les familles nous les confient.
                 Signé : « Le Père Recteur »
                 Le collège poursuivra son extension jusqu'en 1960, année au cours de laquelle des terrains voisins seront achetés.
                 Pendant toute cette période, le Collège respectera I'engagement pris par le Maréchal de Bourbon à la demande du dey d'Alger, lors de la signature de la convention de capitulation, le 5 juillet 1830, selon laquelle la France respecterait les pratiques religieuses des musulmans algériens et s'abstiendrait de faire du prosélytisme religieux dans ses établissements d'enseignement. Au cours des dix dernières années du Collège, plusieurs élèves de confession musulmane suivirent I'enseignement des Jésuites, sans participer ni aux cours d'enseignement religieux, ni aux cérémonies catholiques et observant même les règles du jeûne, ce qui n'était pas sans entraîner des conséquences négatives sur leurs résultats scolaires.


                 1962 - La dernière année du Collège
                 L'année 1962, année de l’indépendance de I'Algérie, voit la fin du fonctionnement « normal » du Collège en tant que collège d'enseignement, de la 7ème à la 1ère ou terminale.
                 « Il ne donne plus qu'un enseignement de 1er cycle. Les élèves souhaitant poursuivre des études de deuxième cycle doivent aller à « l'Inter-collèges », nom donné à l'ancien établissement du Boulevard Saint-Saëns. En même temps, des cours échelonnés sur deux années étaient donnés à une centaine d'élèves susceptibles de rattraper un niveau scolaire moyen et de présenter le brevet, voire même, pour certains, de continuer dans le deuxième cycle.

                 En 1967, les effectifs plafonnaient à 260 élèves, finalement tous algériens. Mais devant les difficultés de trouver un personnel enseignant stable, autres que des coopérants qui se renouvellent tous les deux ans, il a paru plus sage de se restreindre et de porter tout l'effort de formation sur les classes de deuxième cycle qui rassemblent à l'Inter-Collèges tous les élèves des Pères Blancs, des Frères de Saint-Joseph d'El Biar et de Saint-Bonaventure, et de l'école Saint-Charles. Le Père Provincial a donc décidé que seul resterait sous notre direction l'Inter-Collège et que nous quitterions le Collège Internat Notre-Dame d'Afrique que nous avions fondé en 1920 dans l'ancien couvent des Carmélites. »
                 Signé : Le Père Provincial H. Sanson

                 Le témoignage de Jean-Claude JUAN
                 Quelques mots pour évoquer les dernières semaines passées au Collège et qui furent aussi mes dernières en Algérie.
                 La rentrée scolaire 1961-1962 s'était déroulée à peu près normalement sous l'autorité du Père SANSON, Recteur, et du Père CHAINE, Préfet. Les effectifs étaient bien garnis malgré les circonstances. Il restait peu de places vides en salle d'études ou au dortoir des Minots que je surveillais.
                 Changement de statut, changement d'état; après huit années passées au Collège comme élève, j'étais de retour comme surveillant tout en suivant les cours à la Fac en première année de Propédeutique Lettres.

                 L'inquiétude, alimentée par les incertitudes sur l'avenir, nous pesait. Elle devait peser aussi sur les Pères, même s'ils n'en parlaient pas. Le Père SANSON était peu visible, souvent appelé à l'extérieur du Collège pour participer à des activités que certains qualifiaient d'inavouables car contraires, d'après eux, aux intérêts des Pieds-Noirs. D'où cette inscription de « SANSON-Traître » dessinée sur le mur de la cour des Grands qui fut vécue comme un véritable sacrilège, car mettant en cause l'autorité suprême. Une incompréhension parmi les nombreuses autres dont nous avons souffert par manque de dialogue. Mais il y avait longtemps que la confiance avait disparu des rapports entre les hommes en Algérie.

                 Le Père CHAINE assurait une présence constante et donc, rassurante. Avec le recul, je pense qu'une inquiétude dissimulée alimentait ses insomnies qui l'amenaient à nous proposer des parties de cartes qui se prolongeaient tard dans la nuit. Son stock de cigarettes, inépuisable, était largement mis à contribution.
                 Malgré tout, le premier trimestre s'est déroulé à peu près normalement. J'ai pu fréquenter la Fac, ce qui m'ouvrait d'autres horizons. Et, pour améliorer le quotidien des jeunes générations, j'ai cassé plusieurs manches de cognée sur un gros eucalyptus qui gênait le déroulement des parties de foot dans la cour des Minots.

                 Le deuxième trimestre fut beaucoup plus incertain. Déjà quelques élèves manquaient à l'appel. Il n'était plus question d'assister à des cours improbables à la Fac, et traverser Bâb El Oued devenait une aventure à l’issue aléatoire. Nous tournions en rond, les surveillants des différentes divisions étant prisonniers de fait du Collège.
                 La question se posait de savoir si nous allions terminer l'année scolaire.
                 Les vacances de Pâques ont sonné I'heure de la débandade, la plupart des élèves restant dans leur famille pour participer à un projet de départ dès que l'opportunité s'en présenterait, le corps enseignant faisant de même.
                 Le Collège n'était plus le Collège puisque sa fonction éducative disparaissait faute d'acteurs. Mais à l'intérieur de ses grands murs, il restait, pour ceux qui étaient encore là, un havre de paix face à la violence qui avait libre cours à l'extérieur.

                 Chaque jour, les cours, les couloirs, les salles étaient un peu plus vides et la seule question que nous nous posions était:
                 « quand et comment vais-je partir ? »
                 Pour moi, ce fut le 26 mai du Collège, et le 28 d'Algérie
                 D'après « Le Vieux Bled » de 1962

                 Au Revoir
                 L'Internat a différé la reprise de ses classes, d'abord le 16 mai puis le 21 mai. De son côté l'Externat reçoit encore des élèves, mais seulement le matin.
                 C'est avec peine que nous avons pris de telles décisions, car elles écourtent l'année scolaire des uns et dérangent les études des autres. Nous nous en consolons néanmoins en pensant que la scolarisation des élèves de nos deux établissements a été à peu près normale durant les deux premiers trimestres et la moitié du troisième trimestre de l'année scolaire en cours. Que les élèves aient donc le courage de terminer, par eux-mêmes, leurs programmes d'année et de faire avec application leurs devoirs de vacances, et cette année scolaire 1961-1962 n'aura pas été perdue pour eux.

                 Certains des élèves, des surveillants et des professeurs ont déjà, ou vont bientôt quitter le Collège définitivement ; nous les suivrons par la pensée ; et nous leur souhaitons bonne chance, tout en demandant à Dieu de les garder. D'autres essaieront de reprendre le chemin du Collège : nous leur disons au revoir, Notre-Dame d'Afrique aidant.
                 Ce numéro du « Vieux Bled » voudrait être un signe pour la grande famille NDA, le signe d'une fidélité qui pousse à parfaire aujourd'hui et demain ce qui avait été commencé autrefois.
                 24 mai 1962, en la fête de Notre-Dame de la Route

                 Avril 1962
                 Après la fusillade du 26 mars 1962, le Collège est vide, les élèves sont restés chez eux. Seuls restent les surveillants.
                 Finalement, c'est en 1968-1969, que le Collège Notre-Dame d'Afrique termine son existence en tant que Collège de la Société de Jésus. Le Ministère de l'Éducation Nationale Algérienne le rachète, ainsi que les terrains, pour y installer le collège Ibn-Khaldoun, dont l'adresse est dorénavant : 11 avenue Ourak Ali - Saint-Eugène, Alger VI.

                 En septembre 1966, l'lnter-Collèges (ancien Externat du Bd Saint-Saëns), rouvre ses portes pour une nouvelle année scolaire, avec une troisième classe de seconde et l'ouverture d'une classe de Sciences Expérimentales. Certains européens y sont encore scolarisés.


                 Cependant, au cours de cette année scolaire, le gouvernement algérien impose que seuls les programmes algériens soient enseignés. À partir de I'année scolaire suivante, I'Inter-Collège ne sera donc plus fréquenté que par des élèves algériens.
                 L'Externat, quant à lui, poursuivra ses activités dans le cadre de «I'Inter-Collèges» jusqu'en 1976.

Et Haec Ad Maiorem Dei Gloriam

Une amicale des anciens perpétue
le souvenir du Collège :
Association Nationale des Anciens du Collège
Notre-Dame d'Afrique d'Alger (ANACONDA)
Président Jacques Benoit,
 
    


 
SOUVENIRS
Envoyés par M. Louis Aymés



Compagnie de l"Est algérien Alger - Constantine
Médaille de Louis Oscar Roty sculteur et médailleur français
né à Paris le 12 juin 1846,


PHILIPPEVILLE
ACEP-ENSEMBLE N°285

PHILIPPEVILLE
MON ATLANTIDE

Tout près du port se profilait la place Marqué Aux pieds du Beni-Melek s'étendait ma Cité
Riche de squares aux senteurs épicées.
Elle s'appelait "Philippeville" lumière dans ma vie.
Le "58 Rue Galbois" miel de ma maison toujours ensoleillée
Restera dans mon coeur pour l'Eternité.
Avec mon "Damrémont" où mes aïeux bâtirent leur foyer
La table étant sans cesse offerte à qui le désirait,
Elle était irremplaçable pour la convivialité.
Dès notre plus tendre enfance l'Amitié nous entourait.
Nulle différence : Français, Juifs, Arabes ou Maltais.
Tous respiraient la même joie illimitée.
Ils étaient Catholiques, Israélites, Musulmans ou athées
Les mêmes affinités souvent nous rassemblaient
Et leurs souvenirs gravés dans mon coeur à jamais.
De la place de l'Eglise jusqu'aux confins du port
Cafés et brasseries nous offraient leur confort
L'Empire, le Rialto, le Colisée, l'Eden étaient mes Paradis.
Son nom était "Philippeville" Lumière dans ma vie
Si intense en mon cœur qu'elle ne saurait faiblir.
Mme Marie-Janine de Damrémont
 
    


BON HEUR
De Jacques Grieu

     
O, bonheur, ô, trésor, quête d’éternité
Tu nous tisses les liens de la félicité.
Qu’est-ce que le bonheur ? Et de quoi est-il fait ?
Essayer de le dire est le plus grand secret
Et chaque individu en est dépositaire,
Même si, lui aussi, le cherche sur la terre.

Être « à l’heure » en tous lieux ne rend pas plus… heureux,
Car l’heure et le « bon heur », depuis toujours, font deux.
La quête du bonheur n’est pas souvent heureuse,
Et peut porter malheur si elle est trop fougueuse…
Le bonheur est partout mais est toujours ailleurs,
Et cent petits bonheurs ne font pas LE Bonheur.

L’heure exacte est un mythe : on en voit qui s’y vautrent ;
Ces gens disent une heure et en sonnent une autre.
« Vient la nuit, sonne l’heure » ; on s’amuse et l’on meurt ;
Minuit sonnerait-il autrement qu’une autre heure ?
Le bonheur est peut-être un rite à cultiver,
Mais ne se trouve pas avec les yeux fermés…

« Qui de bonne heure est vieux, longtemps jeune demeure » ?
C’est l’heure qui regarde et il regarde l’heure !
Bien remonter sa montre est-ce du temps en mieux ?
De ses heures la fuite est un sauve-qui-peut.
C’est à soixante à l’heure en minutes comptées,
Que le futur accourt pour l’avenir dicter.

Si l’heure c’est bien l’heure, après l’heure, il est… tard ;
Être toujours à l’heure est donc une œuvre d’art.
Le « bonheur dans le pré » serait la bonne éthique ?
Le savoir « mérité » est bien plus euphorique !
Certains voient leur bonheur dans le malheur des autres ;
Mais ceux-là sont en pleurs quand le bonheur est nôtre.

Ce qu’une heure vous donne, un siècle ne l’avance.
L’heure est un lourd cargo sur la mer des urgences…
Si « au petit bonheur » craint les heurts du hasard,
C’est souvent pour l’aveugle un malheur sans regard.
Surdité du vieillard est pourtant un bonheur :
Ainsi n’entend-il pas sonner sa dernière heure !

Jacques Grieu                  



         
Étienne Bouchaud
Pieds -Noirs d'Hier et d'Aujourd'hui - N°195 Avril 2011
Peintre et graveur de l'école d'Alger
     
                 Il nait en 1898 à Nantes et est un peintre et graveur français dit de l'école d'Alger.
                 Petit-fils de Léon Bouchaud, il grandit dans la vénération de Corot et Harpignies, dans une famille d'artistes avec ses trois frères tous peintres(Jean Bouchaud (voir notre dernier numéro), Michel Bouchaud, Pierre Bouchaud). Il fréquente I'Académie Julian en 1916. l'atelier de Jean-Paul Laurens, puis s'inscrit à I'Académie Ranson chez Maurice Denis qui prend sur lui un grand ascendant.
                 Volontaire au Maroc, en 1918, sous la protection du général Hubert Lyautey, en 1920 il parcourt le Maroc avec son frère Jean Bouchaud habillés en indigènes, il participe à la décoration du Palais du Maroc et à I'Exposition coloniale de Marseille de 1922.

                 Il rencontre Othon Friesz, effectue un voyage d'étude à Marrakech, et obtient le Prix Abd-el-Tif 1925, il fait partie de ce que I'on appellera « la génération du Môle » à Alger où il peint les garçons du port et "les quartiers réservés".

                 Ami de Jean Launois, il entreprend avec lui et Corneau un voyage dans le midi de la France et rejoint Albert Marquet à La Goulette.

                 Sociétaire au Salon d'Automne, il y envoie régulièrement ses toiles de même qu'au Salon des Indépendants et au Salon des Tuileries.

                 Il est nommé chargé de mission en 1927 par le Gouvernement du Protectorat du Maroc, et part pour Alger en 1928, et y sera encore en 1933.

                 Il travaille pour l'exposition d'Anvers, et occupe à Paris à cette époque I'atelier de Seurat. Il est appelé par le Maréchal Lyautey pour créer deux dioramas à I'Exposition coloniale de 1931 (pour les palais du Maroc et de I'Algérie), En 1935, il est nommé pensionnaire de l'Institut français d'Amsterdam où il passe deux ans.


                 Il expose à New York en 1939 avec son frère Jean où ils présentent tous deux un panneau monumental sur "l'Expansion française du XVIème au XVIIIème siècle".

                 Il obtint le prix Charles Cottet en 1943. Il retourne en Algérie en 1947, en 1950 et dans les années suivantes (à Alger et Boghari notamment).
                 Boursier du Gouvernement de l'Algérie à nouveau en 1955 (dans le cadre des "anciens Abd-el-Tif'), il réside à Alger et à Boghari. Il réalise en 1956, pour le Penthièvre II (des Chargeurs de l'ouest) les vendanges en Algérie.


                 Tout comme Lucien-Victor Delpy, Il est le seul peintre dit de l'Ecole d'Alger à avoir travaillé à des œuvres sur la guerre d'Algérie ("Honneur aux harkis", 1963, entre autres, Musée des Années Trente de Boulogne-Billancourt).

                 Nostalgique de I'Algérie et du Monde méditerranéen, "il vit dans son œuvre l'amour de la nature et de l'humanité, avec humilité, dans une pure tradition naturaliste française " (Elizabeth Cazenave).
                 Après 1962, il deviendra notamment graveur (membre de la Chalcographie du Louvre et fondateur de la Société de I'Estampe), et séjournera à Perpignan et sur la Costa Brava.
                 Il meurt en 1989 à Paris.

J-M L.
 
    


 
RUGBY AUJOURD’HUI A BOUGIE
par DEPÊCHE DE CONSTANTINE
France Algérie

               C'est cet après-midi que le tout Bougie sportif et que bien des sportifs des environs - pour ne pas dire du département - assisteront au grand festival de rugby qui opposera l'équipe de France à la sélection d'Algérie.

                Événement, le mot n'est pas trop fort, car jamais en matière de « l'Ovale » pareil spectacle ne nous fut offert. On ne pouvait mieux choisir et commencer l'année,
                Remercions pour ces belles et sportives étrennes le Comité régional d'Algérie de rugby, le Comité des sports et la municipalité de Bougie, avec à sa tête M. le sénateur-maire Jacques Augarde, car sans leur initiative rien n'eût été possible.


                Et il n'est pas jusqu'au beau temps qui, revenu, ne soit lui aussi de la partie. Ce qui promet et doit amener un public record tout autour du splendide terrain gazonné du Stade municipal de Bougie.
                Ruggers de France et d'Algérie sont depuis hier soir à Bougie, où la municipalité, après un banquet des plus réussis, puis un bal qui se sera prolongé fort tard dans la nuit leur fera, ce matin, visiter les sites les plus pittoresques de Bougie et de la côte de Saphir.
                Ce match France-Algérie de rugby à XV sera à coup sûr à marquer d'une pierre blanche pour l'essor de ce sport comme pour les sportifs bougiotes. Montrons-nous en fiers et heureux, avant même le coup d'envoi fixé pour 14 h. 30.
                Au fait, pouvions-nous souhaiter de mieux commencer l'année 1952 ? A tous donc rendez-vous cet après-midi, Stade municipal de Bougie.

Quinze essais
(dont 8 transformés)
par les ruggers français
et 2 pour ceux d'Algérie

                Devant une nombreuse affluence et par un temps splendide, l'équipe de France rencontrait sur la magnifique pelouse du Stade Municipal de Bougie l'équipe d'Algérie.
                Dans la tribune officielle, nous avons remarqué : M. le sénateur-maire Jacques Augarde : Mme et M. Watrin, sous-préfet; Décaiilet, délégué à l'Assemblée algérienne; Vogel, commandant d'armes; Bourrier, trésorier général de la F.F.R., représentant le président Eluére ; Bougier, Rojeao, de la F.F.R.; Sanmartin, sélectionneur unique de l'équipe française ; Ramdavel, président de la Ligue d'Alger ; Mme et M. Lacroix, MM. Delalaud et Respaud, d'Alger ; Abram et Durand, adjoints au maire ; Rozes, président de la commission sportive municipale, etc..., etc...
                La France joue en bleu, l'Algérie en blanc. La présentation des équipes terminée, le coup d'envol est sifflé par M. Roux, arbitre international.
                Dés le coup d'envoi donné par l'Algérie, la France reçoit et attaque aussitôt en passes. Le terrain lourd et le ballon glissant font avorter de nombreuses attaques, et les mêlées se succèdent. Cependant, à la suite d'un départ d'avants, Saulx marquera en moyenne position ; pas de transformation. (France : 3. Algérie : 0.)
                Les « blancs », cependant, se défendent et stoppent de nombreuses offensives. Il faut attendre la moitié de la première mi-temps pour que la France concrétise sa supériorité par un nouvel essai de Martin. Pas de transformation. (France : 6. Algérie : 0)

                Successivement, après des attaques de trois-quarts où Dauger fait preuve de clairvoyance, les avants Rogé, Martin et Dauger marquent chacun un essai dont deux seront transformés ; mais, sur un « tenu » face au poteau, l'Algérie réussit un magnifique coup franc, et la mi-temps survient sur le score : France 22. Algérie 3.
                Dés la reprise, la supériorité des joueurs de l'équipe de France ira en augmentant, et de chaque phase de jeu fuse une attaque. Et c'est encore Martin, puis LamouIie, Dauger, etc... qui ajoutent à la marque, malgré une très belle Interception du trois-quarts d'Algérie, Barthe.
                Finalement, l'équipe de France, après une très belle démonstration, remporte la victoire par 61 points à 6.

Magnifique démonstration

                L'équipe de France a démontré un très beau rugby. Malgré l'état boueux du terrain et un ballon glissant, elle fit montre d'une nette supériorité dans tous les compartiments du jeu, notamment dans le jeu ouvert des ailiers. Passes croisées, centrages furent à l'honneur. Parmi un lot de joueurs excellent, il convient de remarquer la belle partie d'Aït Kaci (de Valence), de Dauger (de Bayonne) toujours avancé et sûr de lui ; la vitesse des deux ailiers Lamoulie et Rogé ont fait l'activité de Martin (de Pau) qui joua pilier, cette fois.
                A cette équipe excellente, l'Algérie ne put présenter qu'un ensemble d'individualités dont le défaut principal fut le manque de cohésion. Plusieurs joueurs parurent mal en forme, surtout en deuxième mi-temps, où Ils ne purent soutenir le train. Plusieurs échappées des « blanc » furent stoppées net, faute d'être suffisamment suivies. L'arrière. Nectoux fit une très belle partie. Il fit plusieurs essais à son équipe.
DEPÊCHE DE CONSTANTINE
des 1er et 2 janvier 1952


Avant l’Algérie, les Berbéries
De Bernard Lugan - Envoyé par Mme Marquet
Chapitre I

          À partir d’il y a plus ou moins 40 000 ans, donc avant l’identification du peuplement proto-berbère puis berbère, l’actuelle Algérie a connu trois grandes strates de peuplement : En Algérie, les plus anciennes traces humaines sont des galets aménagés. Datés de plus ou moins 1,8 million d’années, ils ont été découverts à Aïn el-Hanech, près de Sétif (Rabhi, 2009 ; Sahnouni et alii, 2013).
          Un million d’années plus tard, il y a environ 700 000 ans, l’Homo mauritanicus, un Homo erectus (www.hominides.com) parcourut la région, laissant de nombreuses traces de son passage, notamment des haches bifaces. Puis, entre – 200 000 et – 150 000 ans, les premiers Hommes modernes apparurent.

          1. Durant le Paléolithique (Le Paléolithique est la période durant laquelle l’homme qui est chasseur-cueilleur, taille des pierres. Durant le néolithique, il continua la taille mais en pratiquant de plus en plus le polissage.) supérieur européen (plus ou moins 40 000/ plus ou moins 12 000), y vivait un Homme moderne contemporain de Cro-Magnon, mais non cromagnoïde, dont l’industrie, l’Atérien (Industrie lithique du paléolithique moyen nord africain dont l’outillage fait penser à celui du moustérien européen.), culture dérivée du Moustérien (Période du Paléolithique moyen eurasien comprise entre 300 000 et 30 000 ans, durant laquelle les Néandertaliens fabriquaient des outils à manche composés de lames de pierre ou de pointes fixés à des morceaux de bois ayant pu être utilisés comme lances.) (Camps, 1981), apparût vers – 40 000 pour durer jusque vers – 20 000.
          2. À partir d’il y a plus ou moins 20 000 ans, l’Homme de Mechta el-Arbi qui succéda aux Atériens présente des traits semblables à ceux des Cro-Magnon européens (crâne pentagonal, large face, orbites basses et rectangulaires). Ce chasseur-cueilleur n’est cependant ni un cromagnoïde européen ayant migré au sud du détroit de Gibraltar, ni un natoufien (Culture épipaléolithique du Levant attestée entre 12550 et 9550 av. J.-C., et qui voit l’apparition des premiers villages, donc de la sédentarisation.) venu de Palestine, mais un authentique Maghrébin (Camps, 1981 ; Aumassip 2001). Son industrie lithique est l’ibéromaurusien. Les dates les plus hautes concernant l’ibéromaurusien ont été obtenues à Taforalt au Maroc. Cette industrie y serait apparue vers 20000 av. J.-C., estimations confirmées en Algérie à partir de plus ou moins 18000 av. J.-C. (Camps, 1987).
          3. Il y a environ 10 000 ans, donc vers 8000 av. J.-C., une nouvelle culture apparut dans l’actuelle Algérie. Il s’agit du Capsien – du nom du site éponyme de Gafsa, l’antique Capsa –, qui se maintint du VIIIème au Vème millénaire (Hachid, 2000). (Pour ce qui est de la question de la contemporanéité ou de la succession du Capsien typique et du Capsien supérieur, nous renvoyons à Grébénart (1978) et surtout à la thèse de Noura Rahmani (2002).)
          Les Capsiens repoussèrent, éliminèrent ou absorbèrent les Mechtoïdes (Homme de Mechta el-Arbi) qui semblent cependant s’être maintenus dans les régions atlantiques du Maroc.

          Le Capsien se caractérise par une industrie lithique faite de grandes lames, de lamelles à dos, de burins, et par une multitude d’objets de petite taille avec un nombre élevé de microlithes géométriques comme des trapèzes ou des triangles. Les Capsiens vivaient dans des huttes de branchages colmatées avec de l’argile. Grands consommateurs d’escargots, ils en empilaient les coquilles, donnant ainsi naissance à des escargotières pouvant avoir deux à trois mètres de haut sur plusieurs dizaines de mètres de long. Aujourd’hui, s’il est généralement admis que ce courant est né au Maghreb, la question de son extension est toujours l’objet de bien des discussions. Il aurait ainsi débordé vers l’est, au-delà de la Tripolitaine et jusqu’en Cyrénaïque, dans le Djebel Akhdar, où a été identifié le Libyco-Capsien Complex (McBurney, 1967).
          Selon Gabriel Camps, les Capsiens seraient les ancêtres directs des Berbères :

          L’homme capsien est un protoméditerranéen bien plus proche par ses caractères physiques des populations berbères actuelles que de son contemporain, l’Homme de Mechta […]. C’est un dolichocéphale et de grande taille […] Il y a un tel air de parenté entre certains des décors capsiens […] et ceux dont les Berbères usent encore dans leurs tatouages, tissages et peintures sur poteries ou sur les murs, qu’il est difficile de rejeter toute continuité dans ce goût inné pour le décor géométrique, d’autant plus que les jalons ne manquent nullement des temps protohistoriques jusqu’à l’époque moderne (Camps, 1981).
          Le capsien semble durer jusque vers plus ou moins 5000 av. J.-C., c’est-à-dire jusqu’au moment où le Néolithique devint régionalement dominant et où l’évidence du peuplement berbère est établie.

          Le peuplement berbère
          Les études génétiques (Lucotte et Mercier, 2003) permettent d’affirmer que le fond ancien de peuplement de l’Algérie est berbère, et qu’il n’a été que peu pénétré par les Arabes. La langue berbère fait partie de la famille afrasienne, langue mère de l’égyptien, du couchitique, du sémitique (dont l’arabe et l’hébreu), du tchadique, du berbère et de l’omotique. Pour une étude d’ensemble du phénomène berbère et l’état actuel des connaissances, voir Lugan (2024).

          L’haplotype YV qui est le marqueur des populations berbères se retrouve à 58 % au Maroc avec des pointes à 69 % dans l’Atlas, à 57 % en Algérie, à 53 % en Tunisie, à 45 % en Libye et à 52 % dans la basse Égypte (Lucotte et Mercier, 2003 ; Amory et alii, 2005) (carte 1).

          La parenté morphotypique ou linguistique de tous les peuples berbères vivant au nord de l’Afrique, depuis les oasis situées à l’ouest du Nil jusqu’au détroit de Gibraltar, les Colonnes d’Hercule, a été constatée par les Grecs qui leur donnèrent le nom globalisant de Libyens. Hérodote avait ainsi remarqué :
          En Libye, les bords de la mer qui la limite vers le Nord à partir de l’Égypte jusqu’au cap Soloeis (le cap Sârtel), qui marque la fin du continent libyen, sont habités d’un bout à l’autre par des hommes de race libyenne divisés en nombreuses peuplades […] (Hérodote, Histoires, II, 32).

          Numides et Maures la question des définitions
          1. Numides et Numidie
          Hérodote divisait les populations berbères de l’Afrique du Nord en deux ensembles, les nomades et les cultivateurs sédentaires, une division qui sera reprise ultérieurement par Ibn Khaldoun quand il distinguera les Sanhaja et les Zénata. Dans ce cas, la distinction qui n’est pas ethnique se rapporte à des modes vie différents, le nom de Numide viendrait alors de la transposition en latin du nom grec.
          Une hypothèse d’emprunt au grec d’autant plus plausible que les Grecs de Cyrénaïque désignaient l’un des peuples berbères de l’actuelle Libye du nom de Nobade. Plus tard, les Romains auraient transformé ce nom avant de le généraliser à toutes les populations de l’actuel Maghreb désignées sous le nom de Numides.
          Au point de vue ethno-géographique, les termes Numide et Numidie désignaient les peuples et leurs territoires situés à l’ouest de Carthage. Les royaumes Massyle et Masaesyle sont donc des royaumes numides.

          2. Maures et Maurétanie
          Maure est un autre nom donné aux Berbères, sa plus ancienne occurrence se trouvant chez Polybe. Puis, le terme fut généralisé par les auteurs latins avec une première mention dans La Guerre d’Afrique de Jules César. Il pourrait là encore s’agir à l’origine d’une simple désignation géographique née d’une altération du carthaginois moharim qui signifie ouest ou occident. Pour les Carthaginois, les Maures seraient alors les Berbères vivant à l’ouest des territoires des Numides, d’où le royaume de Maurétanie.

          Parmi ces nombreux peuples berbères, ceux de l’ouest créèrent des États.
          Au IVème siècle av. J.-C., les trois principaux d’entre eux étaient (carte II) (Desanges, 1962 ; Modéran 2005) :
          1. Dans l’actuel Maroc, le royaume de Maurétanie – ou royaume des Maures –, s’étendait de l’Atlantique au fleuve Mulucha (Moulouya).
          2. Entre le Mulucha et la rivière Amsaga (l’actuel Oued el-Kébir), s’étendait le royaume des Masaesyles avec pour capitale Siga, l’actuelle Takembrit près d’Aïn Temouchent
          3. Entre la rivière Ampsaga et les territoires de Carthage s’étendait le royaume des Massyles avec pour capitale Cirta, l’actuelle Constantine.

          Ces royaumes étaient dirigés par des Aguellid, à la fois chefs de confédérations et chefs de guerre. Leur pouvoir était généralement remis en cause après leur mort car les règles de transmission n’étaient pas clairement définies. Les tribus composant ces royaumes étant jalouses de leur autonomie, à la fin de chaque règne, la contestation politique dégénérait donc régulièrement en guerre civile. Au IIIème siècle av. J.-C. les royaumes Massyle et Masaesyle furent réunis dans le royaume de Numidie. (Décret et Fantar, 1998 : 71-72).
          La religion des Berbères – les Libyco-berbères –, reposait sur l’existence d’un au-delà et de l’immortalité de l’âme. Le culte du bélier était commun à tous les peuples berbères, voir à ce sujet Germain (1948) et Leglay (1966).

          Les morts étaient enterrés avec soin, entourés d’objets familiers, dans des tumuli de terre ou de pierre selon leur rang social. Ils pouvaient également être ensevelis dans des haounet ou caveaux creusés dans des falaises. L’art monumental berbère se retrouve dans les djedars, qui sont des pyramides funéraires construites par des princes berbères (Laporte, 2005). Les plus connus sont les mausolées du Medracen à Boumia (Maroc), celui de la Soumaâ du Khroub, celui de Beni Rhénane dans l’ancienne Siga, actuelle willaya d’Aïn Témouchent, ainsi que le mausolée royal de Maurétanie faussement baptisé « Tombeau de la Chrétienne » situé à Sidi Rached (anciennement Montebello). Une importante bibliographie concerne ces monuments dont les références les plus récentes sont données dans Laporte (2005 : 403-406).
          Les dieux des Berbères étaient les forces naturelles, montagnes, sources, arbres et ils pratiquaient le culte du bélier (Germain, 1948).
          Durant la seconde moitié du dernier millénaire av. J.-C., ces royaumes berbères de l’ouest entrèrent en contact avec Carthage.

          Le royaume Masaesyle entre Carthage et Rome

          À partir du VIème siècle av. J.-C., à la faveur de l’occupation assyrienne de la Phénicie (Tyr fut occupée par les Assyriens au VIème siècle et, dès lors, sa colonie africaine fut livrée à son destin.), puis des guerres contre les Perses, Carthage acquit sa totale autonomie par rapport à Tyr, sa métropole, d’où des conséquences pour le royaume massyle qui fut amputé d’une partie de son territoire. Dans l’immensité de la littérature concernant Carthage en général on se reportera utilement à François Décret (1977) et à Hédi Dridi (2006).

          Dans l’actuelle Algérie, les principaux comptoirs puniques (Punique, du latin punicus : Carthaginois) étaient, d’est en ouest (carte II) : Hippo Regius (Annaba), Tiddis (Beni Hamiden), Chullu (El Tarf), Igilgili (Jijel), Icosium (Alger), Tipaza, Iol (Cherchell), Gunugu (Gouraya), Marsa Medakh (Oran), Siga, Takembrit et l’île de Rachgoun à deux kilomètres au large du village du même nom à proximité de la frontière marocaine (Ferdi, 2005 : 13).

          En 510 av. J.-C., la République romaine et Carthage signèrent un traité aux termes duquel la seconde s’engageait à ne pas nuire aux alliés de Rome tandis que la première reconnaissait le monopole commercial carthaginois en Méditerranée occidentale. Carthage fut alors au sommet de sa puissance.
          Ce vaste mouvement d’expansion fut brisé en 480 av. J.-C. quand les Grecs de Sicile dirigés par Gélon de Syracuse remportèrent la bataille d’Himère, ville dont Carthage cherchait à s’emparer. Les Carthaginois prirent leur revanche en 409 av. J.-C. quand ils détruisirent la ville.

          Cette défaite eut des conséquences immédiates dans la mesure où les Carthaginois qui durent reculer en Méditerranée occidentale, recentrèrent leur empire sur le littoral de l’Afrique du Nord où ils développèrent leurs implantations. Durant deux à trois siècles, les Carthaginois n’avaient semble-t-il, guère tenté de s’étendre dans l’arrière-pays de la ville car ils ne recherchaient pas une domination territoriale. Mais, à partir du moment où la ville accueillit des réfugiés chassés de Tyr en raison de la pression que les Perses y exerçaient, il lui devint donc nécessaire d’élargir son emprise foncière. Ce ne fut donc qu’à partir du v e siècle av. J.-C. qu’ils commencèrent à agrandir leur zone de contrôle.

          Le mouvement se fit aux dépens des Massyles, Carthage allant jusqu’à posséder un territoire s’étendant à la totalité de l’actuelle Tunisie et mordant sur la partie orientale de l’actuelle Algérie, jusqu’à Tébessa, donc sur le territoire des Masaesyles. La politique de Massinissa vis-à-vis de Carthage s’explique largement par cette réalité car le chef massyle chercha constamment à reconquérir les territoires massyles passés sous domination carthaginoise.
          Puis, au début du IVème siècle, Carthage décida de se lancer dans une vaste politique de recrutement de mercenaires berbères, fantassins et cavaliers. Pour tout ce qui concerne la cavalerie berbère, il sera utile de se reporter à Christine Hamdoune (2005). N’ayant pas d’armée permanente, Carthage enrôla des Berbères vivant sur son territoire ou bien recruta des mercenaires en Afrique du Nord ou ailleurs. Sa force principale résidait dans sa marine composée de trirèmes ou de quinquérèmes (navires à cinq rangs de rames).Carthage n’était pas une simple colonie phénicienne accrochée en terre d’Afrique au milieu d’un monde hostile, un peu comme les « praesidios » espagnols de la côte rifaine ou les « fronteiras » portugaises de la côte atlantique du Maroc qui, aux XVIème –XVIIème siècles, vécurent en permanence assiégés. Entre Carthaginois et Berbères, les alliances matrimoniales furent en effet nombreuses. C’est ainsi que le chef massyle Massinissa : […] était aussi un Punique, ni physiquement, ni culturellement il ne se distinguait de ses adversaires carthaginois. Il coulait dans ses veines autant de sang carthaginois qu’il coulait de sang africain dans celles d’Hannibal. (Camps, 1987 : 110)
          La culture carthaginoise imprégnait les élites berbères de la partie orientale de l’actuelle Algérie car : C’est en punique que sont rédigés les dédicaces religieuses, les rares textes administratifs conservés, les épitaphes royales et les légendes monétaires, et non pas seulement chez les Numides de l’est, mais d’un bout à l’autre de l’Afrique du Nord. (Camps, 1987 : 113)

          Entre Carthage et Rome, la confrontation fut d’abord évitée par la signature de deux traités, l’un en 348, l’autre en 306 av. J.-C. La meilleure et la plus commode synthèse des rapports entre Rome et Carthage est celle de Michel Fauquier (2020).
          Puis, quand Rome fut maîtresse de tout le sud de la péninsule, un long conflit éclata, rythmé par trois guerres qui eurent pour conséquence la destruction de la puissance carthaginoise. Ces guerres connues sous le nom de « Guerres puniques » (Le Bohec, 1995), eurent des conséquences importantes pour le royaume Masaesyle.
          La première guerre punique qui dura 264 à 241 av. J.-C. eut pour cause la volonté romaine de posséder la totalité de la Sicile. Elle fut à la fois terrestre et maritime. Les Romains qui, par deux fois furent vainqueurs de la flotte carthaginoise – en 260 av. J.-C. à Mylae et en 256 av. J.-C. à Ecnome, pensèrent qu’ils allaient pouvoir l’emporter en tentant un débarquement en Afrique.
          En 255 av. J.-C., ils mirent ainsi à terre un corps expéditionnaire à proximité de Carthage. Le consul Marcus Atilius Regulus qui le commandait remporta une première victoire, puis il fut battu par le Grec Xanthippe, chef des mercenaires carthaginois. Capturé, il fut libéré sur parole deux ans plus tard contre la promesse de se constituer prisonnier en cas d’échec de la mission de paix dont les Carthaginois l’avaient chargé. Regulus prit la parole devant le Sénat romain et il défendit au contraire l’option de la guerre ; puis, respectant sa parole, il retourna à Carthage pour s’y constituer prisonnier. Les Carthaginois l’auraient torturé à mort.
          En 249 av. J.-C., le sort des armes continua à pencher du côté de Carthage quand ses armées remportèrent coup sur coup deux victoires ; l’une sur mer au large de Drepanum, l’actuelle Trapani en Sicile, l’autre sur terre, également en Sicile. L’artisan de cette dernière était Hamilcar Barca. Mais en 241 av. J.-C., les Romains renversèrent la situation en envoyant par le fond la flotte carthaginoise lors de la bataille des îles Aegates à l’ouest de la Sicile et Carthage fut contrainte de demander la paix. Rome, jusque-là puissance continentale, avait donc vaincu Carthage, puissance maritime, ce qui bouleversa en profondeur les rapports de force en Méditerranée.
          Carthage renonça alors à la Sicile que Rome occupa en totalité et accepta de verser un énorme tribut acquittable en vingt ans. Ruinée, la ville ne put payer ses mercenaires, ce qui provoqua leur soulèvement. Durant deux ans, de 240 à 238 av. J.-C., Carthage mena alors une guerre difficile et impitoyable contre ses anciens soldats dirigés par le Berbère Mathôs (Mathô) et l’esclave romain fugitif Spendios.

          Dans un premier temps, les villes carthaginoises furent assiégées, mais Hamilcar Barca contre-attaqua grâce à l’aide que lui procura Naravas, son allié de Massyle qui mit sa cavalerie à sa disposition. En 237, à l’issue de la guerre, il épousa Salammbô, la fille d’Hamilcar.
          En 237 av. J.-C., Hamilcar réussit à prendre au piège les mercenaires révoltés et il les extermina.
          Hamilcar Barca avait sauvé Carthage mais son prestige y suscita des jalousies. Aussi, afin de l’écarter, le Sénat carthaginois lui confia-t-il la mission de conquérir l’Espagne afin de compenser la perte de la Sicile. Il fut tué en 229 av. J.-C. lors des opérations et son gendre Asdrubal lui succéda à la tête du corps expéditionnaire.
          En 218 av. J.-C., Hannibal, fils d’Hamilcar Barca et général en chef de l’armée carthaginoise, viola le traité de paix de 241 av. J.-C. en prenant, dans l’actuelle Espagne, la ville de Sagonte alliée de Rome, ce qui équivalait à une déclaration de guerre.

          La seconde guerre punique (218-201 av. J.-C.) qui impliqua directement le royaume Masaesyle, donc l’actuelle Algérie, débuta, comme la première, à l’avantage de Carthage dont les armées traversèrent les Pyrénées. Au mois de juin 218 av. J.-C., elles franchirent le Rhône, puis les Alpes, et elles marchèrent sur Rome. Les Romains furent plusieurs fois battus, notamment en 217 av. J.-C. au lac Trasimène, puis, en 216 av. J.-C. à Cannes, dans les Pouilles. Rome fut alors à portée d’Hannibal, mais, comme il ne disposait pas de matériel de siège, il prit ses quartiers à Capoue dans l’attente de sa livraison. Les Romains eurent donc le temps de se réorganiser et de contre-attaquer, le repoussant dans le sud de la péninsule.
          Rome qui cherchait des alliés contre Carthage, approcha alors Syphax, roi des Masaesyles. Voyant dans cette demande d’alliance une occasion de s’emparer des territoires massyles sur lesquels régnait Gaia, allié de Carthage, il accepta l’offre romaine. Rome reçut alors le renfort de cavaliers masaesyles qui servirent comme auxiliaires dans l’armée romaine (auxilia externa). Au sujet des cavaliers berbères de l’armée romaine, voir Hamdoune (2005).

          En 206, Gaia, le chef massyle, mourut et son fils Oezalces qui était marié à une Carthaginoise lui succéda. À sa mort, son frère Capussa monta sur le trône, mais Syphax, le souverain masaesyle, poussa alors Metzul, un des cousins du nouveau roi, à le combattre. Capussa fut tué et Metzul laissa le trône à son frère Lacumazes qui était un allié de Syphax. Le Massyle Massinissa, troisième fils survivant de Gaia quitta alors l’Espagne où, à la tête d’un contingent massyle, il combattait les Romains, pour entrer en guerre contre Lacumazes.


MON PANTHÉON DE L'ALGÉRIE FRANÇAISE
DE M. Roger BRASIER
Créateur du Musée de l'Algérie Française

A SUIVRE



BRASSAGES

De Jacques Grieu


Si la pensée des bras vaut force de la tête,
Au génie de nos ânes, il faut qu’on s’en remette.
Mais si la bonne tête est mieux qu’avoir cent bras,
Ceux qui ont le bras long ont têtes à minima.

Le bras long, on le voit, n’est pas la panacée.
La protection qu’il donne est bien exagérée,
Si son oreille sourde aucun son ne perçoit.
« Bras long, oreilles courtes » est souvent fait du roi.

S’il est parfois tentant d’appeler « au secours ! »
Il faut auparavant bien regarder autour,
Et au bout de ses bras mesurer tous les cas.
Le meilleur coup de main vient de ses propres bras…

Un homme politique est quelqu’un dont la tête
Se sert du bras d’autrui, qu’il soit doué, qu’il soit bête :
Son bras est long pour prendre et fort court pour donner ;
Nous, c’est un bras d’honneur qu’on voudrait lui lancer…

D’ailleurs, brasser du vent, c’est bien là son métier.
Pour pomper l’air il peut jouer des bras ou des pieds.
Les fauteuils de ministre ont des bras accueillants
Et ceux de leurs bras droits sont aussi attirants.

Certains ont beau crâner, jouant les fier-à-bras,
Elle coupe les bras, la chance qu’on n’a pas :
Les bras de la balance ont des arrêts douteux ;
Le bras de la justice est-il le bras de Dieu ?

Brassage ou « submersion » sont à l’ordre du jour :
L’opinion s’y divise entre les « contre » et « pour » ;
Faut-il de nouveaux bras pour que la France avance ?
« Bras dessus-bras dessous » serait la... pertinence !

Les bras morts des rivières sont souvent bien vivants :
La douleur dans les nôtres est fait plus inquiétant ;
Quand on a le bras droit que la fatigue fauche,
C’est alors qu’il est temps de passer l’arme à gauche…

Jacques Grieu                  



SOUVENIRS DE LA PROVINCE D'ORAN.
Gallica : Revue de l'Orient 1854-1, page 298-302
ITINERAIRE DE SIDI-BEL-ABBES A ORAN

  Nous quittons Sidi-bel-Abbès et nous prenons la direction d'Oran. Sur un espace de six kilomètres la route sert de corde à l'arc formé par les sinuosités de la Méquédra jusqu'au point dit le Rocher. Cette presqu'île renferme un village arabe et des usines, moulins et tuileries, etc. Les terres y sont arrosables.
  Du Rocher, en suivant la rive gauche, on arrive à la fertile plaine de Sidi-Brahim, dont la forme est demi-sphérique. Le village, bâti à l'ouest sur le plateau, domine la vallée. Ce plateau triste et nu, uniquement planté de palmiers nains, conduit à Sidi-Amadouch, où l'on retrouve la Méquédra, en traversant le beau pont jeté sur l'Oued Sarno. Sidi-Brahim renferme un atelier de transportés politiques employés aux travaux de la route. Sur le plateau de Sidi-Brahim, on distingue à l'est une jolie habitation flanquée de deux tours crénelées. Cette maison à pic sur la Méquédra rappelle un château du moyen-âge.
  La route laisse à l'est le magnifique bassin des Ouled Soliman, appelé la vallée de Zéliza. C'est un des plus beaux points de la province sous le rapport de la fertilité. Les terres appartiennent au beylik (le domaine), et rien n'a encore été concédé à la colonisation européenne. Elles sont toutes louées aux Arabes qui les cultivent. La Motboua et l'Oued-Imbert arrosent cette belle plaine qui a deux lieues d'étendue et se resserre entre les gorges étroites qui se prolongent jusqu'au Sig ; des bois de lentisques et de sapins l'entourent de toutes parts.

  A Sidi-Amadouch commencent les Ouled-Ali, grande et riche tribu, qui possède tout l'espace compris entre ce premier point et le Tlellat. Les Ouled-Ali sont à l'est voisins des Ouled-Soliman, et ils occupent à l'ouest une partie de la chaîne de montagnes qui les sépare des Smélas. Après avoir traversé les bois et franchi plusieurs ponts lancés sur des torrents qui n'ont de l'eau que pendant quelques heures dans l'année, vous entrez dans la plaine de I'Oued-Imbert. Les ondulations de cette plaine vont alternativement de l'ouest à l'est et du nord au sud. Le sol y est bon, couvert de palmiers nains et livré à la culture des Arabes dans les clairières. Les ports saillants qui varient sa monotonie sont le marabout de Sidi-Machou, une habitation européenne (la maison du gendarme), un village arabe ; à l'ouest, la maison du vieux caïd Ould-Mouch ; enfin le télégraphe situé à l'est sur le Pic de Bouaméda, qui s'avance comme un promontoire dans la plaine, et la divise en deux daïa bien distinctes. Bouaméda se trouve en face de l'une des montagnes d'Abdalah, et forme avec elle la gorge des Ouled-Ali.

  Après avoir franchi cette gorge, vous apercevez un relais de diligence, - le Bordj ou maison de commandement sur la rive droite de l'Oued-Laydidd, - à quelque distance le village arabe et de beaux jardins. La vallée, en suivant le cours du Laydidd, se resserre d'une manière sensible. On distingue au centre sur un mamelon isolé, le marabout de Muley-Abd-el-Kader. Ce marabout a sa fête au mois de mai, et il est alors fréquenté par un grand nombre de croyants.
  La vallée des Ouled-Ali est limitée à l'est par les Djebels (montagnes) Benzeyrah et à l'ouest par les Djebel-Igamasi. C'est en gravissant l'un des cols étroits formés par cette chaîne de montagnes, que l'on arrive au pied de Sidi-Aïssa-Tafarouin. Du sommet aigu de ce pic entièrement isolé, on a l'un des plus beaux points de vue qu'il soit passible de rencontrer. Le Tafarouin est le point le plus saillant de la chaîne de montagnes, qui partant du Thessalu arrive au Tlellat. De son sommet ou découvre tout le littoral d'Oran, le lac des Garrabas, la montagne des Lions, la forêt d'Ismaël, le Sil et tous les plateaux intermédiaires de l'est. C'est un magnifique tableau.

  Je reviens dans la vallée des Ouled-Ali, et en descendant cette vallée, j'arrive aux sources de la Méquédra, qui sont sur le versant ouest, au-dessous de la maison du caïd Boamédi, tandis qu'elles dominent elles-mêmes un grand caravansérail bâti par l'agha Muley-Abdel-Kader-Ouled-Zind, qui est également l'agha des Ouled-Soliman. Cet agha est employé au bureau arabe de Sidi-bel-Abbès; sa famille est tatouée de fleurs de lis.
  Les sources de la Méquédra sont de belles et limpides eaux que l'on réunit aujourd'hui en un seul bassin. Ce lieu vulgairement appelé le Laurier rose est un point de halte pour les troupes et le roulade. A peu de distance la Méquédra se jette â l'est dans l'Oued-Laydidd qui, en se dirigeant vers le Tlellat fait marcher un moulin. C'est un lieu charmant et pittoresque que cette fabrique entourée de tous côtés par de belles plantations arabes.

  Les eaux ne manquent pas en Afrique ; partout, de toutes les directions, vous trouvez des sources, des lointaines, enfouies sous les lauriers roses. La grande question est de donner à toutes ces eaux un cours normal et de rendre à la surface du sol tout ce qui se Merci sans profit dans les profondeurs de la terre.
  Ce sera l'œuvre du temps et de la colonisation européenne. Il ne faut point compter sur le travail de la population indigène. Les maisons et villages arabes qui sur beaucoup de points ont été construits par les soins des bureaux arabes, n'auront pas de durée ; car l'Arabe de la plaine n'entretient rien, il laisse s'écrouler ses murs et ses portes, et semble se plaire au milieu des ruines. Il n'en est pas de même du Kabyle, qui depuis des sicles habite le village et est fixé au sol. Le cavalier de la plaine ne connaît que sa tente, sa femme et son cheval; l'une est son esclave, tandis qu'il est l'esclave de l'autre.
  Aux lauriers roses, la route se jette brusquement à fauche ; elle longe les montagnes qui s'abaissent progressivement, et à droite, elle domine l'étroite vallée parcourue par la rivière du Tlellat. A sept kilomètres vous parvenez à l'Escargot, limite de la subdivision de Bel-.Abbès. De ce point culminant on découvre les habitations du Tlellat.

  L'étendue de terres cultivées et défrichées à Sidi-bel Abbès devient tous les ans plus considérable: le commerce des grains a été immense à la récolte de 1853, quoique l'année ait été médiocre; mais 'es colons n'ont pas su ou n'ont pas pu attendre le moment favorable pour la vente. Ainsi la majeure partie ont vendu 19,20 et 2 francs le quintal de blé qui peu de temps après s'est élevé à 25 et 27 francs. Les orges qui à la récolte se vendaient 9 et 10 francs sont aujourd'hui à 17 francs.
  Je ne sais plus quel roi ou quel général d'armée, disait que pour faire la guerre, il faut trois choses : de l'ardent, de l'ardent, et encore de l'argent. Il en est de même pour la colonisation.
  Que les Français apportent donc â l'Algérie leurs capitaux ; non seulement ils y obtiendront de bons placements, mais encore ils trouveront dans les rudes labeurs ces colons, dans les courses à cheval à travers les palmiers, comme sous la tente du soldat, ces impressions fortes qui relèvent et grandissent l'homme à ses propres yeux.
  Au milieu de cette nature sauvage qui ne demande qu'à se parer des grâces de la civilisation, ils pourront jouir à l'aise du charme que l'homme éprouve à créer.

M. DE MASS0L.
Au camp de l'Oued-Imberg, janvier 1854.


Algérie, un si beau pays,
Envoyé par Mme Marquet.
  Livré au pillage depuis 60 ans
entre guerres civiles et dictature      

                Le grenier à blé du monde romain.
                Les Phéniciens sont présent en Afrique du Nord dès le IXème siècle avant Jésus-Christ et fondent Carthage.
                A partir du 2ème siècle avant J-C, les Romains assurent l'unité et le développement de l'Afrique du Nord. Ils font de ce pays la plus riche contrée du monde Antique qui devient le grenier à blé de Rome. De nombreuses villes importantes, dotées de monuments impressionnants, sont édifiées jusqu'aux portes du désert comme en témoigne les villes de Timgad et Lambèse au nord des Aurès, Tébessa au sud et surtout Cirta, ou encore Mascula avec ses piscines chaudes provenant d'une résurgence à 76 degrés et sa station thermale pour les rhumatismes en ayant capté un puits naturel d'où sort un air chaud et sec.

                L'art et la culture se développent et les Berbères qui peuplent cette région que l'on nomme la Numidie ou parfois la Berbérie, adoptent la langue latine.
                Le Christianisme est particulièrement florissant, bien avant la Gaule, et les Berbères donnent à l'Église universelle trois grands Papes : Saint Victor 1er, Miltiade (l'organisateur du concile de Latran) et surtout saint Gélase 1er, d'origine Kabyle, qui administra l'Église universelle avec une particulière clairvoyance, enfin saint Augustin, un des principaux docteurs de l'Église, né à Souk-Ahras, de mère berbère (sainte Monique) et de père romain..

                L'invasion arabe, par le feu et par le sang
                Tout se gâte au VIIème siècle avec l'invasion arabe, par le feu et par le sang, qui progressivement met en coupe réglée le pays, au cours de huit campagnes militaires particulièrement sanglantes et la soumission rigoureuse des populations aux lois de l'Islam. C'est en Kabylie et surtout dans les Aurès que la résistance à cette invasion arabe sera la plus longue avec à la tête des Chaouias (berbères des Aurès) un personnage hors du commun, la Kahena, qui les repousse à la mer mais finit par être submergée.

                S'amorce alors un grand mouvement d'exode des populations christianisées vers les îles voisines et l'Italie. Exode également d'une partie de la population juive soumise comme les chrétiens au statut de « dhimmi » c'est à dire de sous-hommes marginalisés, toutes fonctions essentielles interdites. Ainsi disparaît l'antique Église d'Afrique du Nord si florissante dont l'agonie s'étendra sur plusieurs siècles.

                Avec les arabes qui pratiquent surtout la razzia, humaine tout autant que matérielle, la Numidie retourne à la misère, parcourue par des tributs qui se font une guerre quasi permanente. L'Afrique du nord passe sous la domination Ottomane qui dans la pratique ne contrôle réellement que les grandes villes portuaires avec un dey à Tunis et à Alger. Des ports florissants dans la mesure où les corsaires pratiquent la razzia sur toutes les côtes méditerranéennes, en particulier en gaule, occupant notamment le massif des Maures (le nom est resté). Il n'y a pas que les marchandises qui sont pillées, hommes femmes et enfants sont emmenés en esclavage et vendus sur les marchés. Les enfants deviennent des janissaires ottomans.

                L'Espagne est ensuite envahie par les arabes, à partir de 711, dans sa presque totalité et pendant 7 siècles. L'armée musulmane passe ensuite les Pyrénées, ravage l'Aquitaine, la vallée du Rhône, monte jusqu'à Tours et ce n'est qu'en 732 à Poitiers que l'invasion arabe connut l'ultime reflux.
                Au XIIIème siècle saint Jean de Matha et saint Félix de Valois fondent l'ordre des Trinitaires pour le rachat des chrétiens enlevés par les barbaresques dont on situe le nombre à près d'un million. Au XVIIème saint Vincent de Paul est même fait prisonnier.

                Mettre un terme à la piraterie
                C'est justement pour faire cesser l'esclavage que la France organise en 1830 une expédition pour notamment libérer les esclaves européens qui croupissent dans les geôles du port d'Alger et mettre un terme à la piraterie en méditerranée. L'instabilité des tribus toujours en guerre les unes contre les autres amène la France à pénétrer à l'intérieur du pays pour le stabiliser. C'est la France qui établit en 1839 les contours d'un pays auquel elle donne : le nom d'ALGÉRIE. Précédemment les frontières ne sont pas définies, c'est d'ailleurs le même problème en Afrique noire, d'où les conflits concernant encore actuellement le Sahara qui à l'origine n'appartient à personne et dont toute la partie ouest fut en son temps sous le contrôle du Maroc.

                La mise en valeur du pays
                La France envoie en Algérie des volontaires, souvent aussi des proscrits, comme après la révolution de 1848, pour cultiver et développer un pays qui est essentiellement constitué de marais ou de zones désertiques. Volontaires et proscrits arrivent aussi d'Espagne ou Italie. Joseph Maurin, médecin, écrit vers 1900 :« Le paludisme sévit un peu partout, cirrhoses mortelles, la syphilis est très répandue, les grandes endémies n'ont pas été jugulées : le trachome, la variole, le typhus, la typhoïde et le choléra infantiles , atteignent aussi bien les populations locales que les nouveaux arrivés ».

                C'est donc au prix d'une mortalité terrible que les marais sont asséchés et deviennent comme la Mitidja des plaines extrêmement fertiles avec arbres fruitiers, vignes, maraîchage etc, et les zones arides sont également mises en valeur avec la culture des céréales, tout comme les forêts. La France découvre la présence de minerais et surtout à partir des années cinquante les formidables gisements d'hydrocarbures et de gaz.

                Au fil des années la France développe les infrastructures portuaires, routières et ferroviaires, aéroports, barrages hydroélectriques, hôpitaux particulièrement en pointe sur les maladies endémiques qui permettent progressivement de les éradiquer presque totalement ; le médecin militaire Alphonse Laveran découvre en 1880 la cause du paludisme ; la Mitidja est presque totalement assainie en 1904 au terme d'une grande campagne antipaludique menée par l'Institut Pasteur d'Alger ; création enfin d'écoles et universités réputées.

                Les soulèvements
                Le 8 mai 1945 et dans les jours qui suivent, des « émeutiers » se livrent à des massacres d'européens, essentiellement dans la région de Sétif qui est un lieu d'agitation anti-française, une émeute ayant déjà eu lieu en 1935. Sétif est le fief de Ferhat Abbas, pharmacien, auteur en 1943 d'un manifeste et d'une association « les amis du manifeste », député en 1945. Mais les émeutes viennent surtout d'une organisation particulièrement bien implantée, y compris en métropole chez les travailleurs émigrés, le PPA (Parti Populaire Algérien) de Messali Hadj, créé en 1925 et soutenu par les Oulémas(chefs religieux de l'Islam), à l'origine des Medersas (écoles coraniques) et des scouts musulmans.

                Une soixantaine d'européens sont massacrés et plus d'une centaine affreusement blessés, tous des personnes qui occupent des emplois modestes, et plusieurs centaines de musulmans assassinés qui ont le tort d'aimer la France. Les émeutiers appellent à la guerre sainte (le djihad) et s'acharnent sur les femmes et les enfants avec un sadisme incroyable suivant en cela l'enseignement du Coran (sourates IV, V, XLVII...) « qu'ils soient tués ou crucifiés, que soient coupées leur mains et leurs jambes.. crevez les yeux..) A noter que le soulèvement a reçu le soutien plus ou moins discret des américains qui ont débarqué en novembre 1942 en AFN, Roosevelt ne s'en cache pas, il cherche à affaiblir la France en la coupant de ses colonies et plus tard, dans les années 60, Kennedy fera de même, offrant notamment un pont d'or au FLN à l'ONU.

                Le pouvoir politique français réprime ces émeutes avec beaucoup de fermeté (gouvernement de 1945 présidé par De Gaulle comportant 5 ministres communistes) mais ne tire aucun enseignement de ces événements pour procéder aux réformes qui s'imposent, en particulier concernant le statut des arabo berbères et un meilleur accès de ceux-ci aux emplois administratifs et aux professions libérales.

                La Toussaint rouge
                1er novembre 1954, c'est la « Toussaint Rouge », des civils et des militaires sont assassinés, en particulier un jeune couple d'instituteurs de métropole qui rejoint son poste dans les Aurès et le Caïd qui tente de s'interposer. Les enseignants sont particulièrement visés et les écoles brûlées pour effacer toute trace de civilisation occidentale.

                Le soulèvement est décidé par le CRUA (Comité Révolutionnaire d'Unité et d'Action), dissidence du MNA(Mouvement National Algérien) qui a succédé au PPA, toujours dirigé par Messali Hadj (qui a lancé l'insurrection du 8 mai 45 mais exilé en France, veut désormais trouver des solutions par la négociation). Le CRUA est créé en 1953 par Ben Bella et Mohamed Khider. Le CRUA donne naissance au FLN (Front 2 de Libération National) et l'ALN (Armée de Libération Nationale) tandis que l'organisation politique devient le CNRA puis GPRA ( Gouvernement Provisoire de la République Algérienne) que préside Ferhat Abbas et dont le siège est au Caire, à l'ombre de Nasser(qui a renversé le roi Farouk) et du panarabisme naissant.

                Un État algérien exclusivement arabe et musulman.
                Août 1956, « Congrès de la Soummam », en Kabylie, réunion des principaux dirigeants du GPRA-FLN des maquis. Sont notamment présents : Abane Ramdane, Krim Belkacem, Larbi ben M'hidi, Omar Ouamrane...Ben Bella résidant au Caire ne réussit pas à rejoindre le lieu de réunion. Au retour la mule qui transporte tous les documents est interceptée par les militaires français. Ben Bella, l'homme du panarabisme nasserien, conteste les décisions prises et après une réunion du CNRA au Caire, remet les pendules à l'heure, fait étrangler Ramdane, Amirouche chef de la wilaya 3 (Tizi Ouzou) est quant à lui précipité et abattu dans une embuscade en 59 et Belkacem assassiné en 70. Il est strictement interdit aux historiens d'évoquer ces assassinats ni même de prononcer leur nom.

                Dès 1955, Ben Bella donne l'ordre de liquider tous ceux qui voudraient se placer en interlocuteur de la France, en particulier les hommes du MNA de Messali Hadj, en Algérie comme en Métropole. En mai 57,des villages entiers d'arabo-berbères comme Melouza seront rayés de la carte car ses habitants sont jugés favorables au MNA, plus de 300 morts, hommes, femmes, enfants massacrés de manière horribles, à coups de pioche ou de hache, deux jours plus tard ceux des villages d'Aïn-Manaa et Wagram. Cette effroyable guerre civile interne, entre FLN et MNA, fera au moins 10 000 morts et probablement 30 000 parmi les arabo-berbères favorables à une solution négociée avec la France.

                Nous sommes loin d'un soulèvement unanime contre le colonisateur mais bien, hier comme aujourd'hui, en présence d'une guerre civile permanente pour le Pouvoir et d'une conquête arabo-islamiste.

                L'urgence des réformes
                Deux hommes ont bien compris les enjeux et les réformes qu'il faut entreprendre d'urgence, c'est Jacques Soustelle, gouverneur général en Algérie en 1955 et Robert Lacoste qui lui succède ; ils s'entourent d'élus locaux comme Sid Cara, qui deviendra ministre, ou Barakrok. Mais à Paris comme toujours on tergiverse.

                En 1955, création dans toute l'Algérie des SAS (Sections administratives spécialisées sur le mode des anciens bureaux arabes) pour administrer avec efficacité les zones les plus isolées, création des Harkas c'est à dire d'unités supplétives constituées d'arabo-berbères notamment d'anciens rebelles écœurés par les outrances des chefs du FLN et qui rejoignent les troupes Françaises, leur nombre s'élève à plus de 200 000 harkis et moghaznis pour les SAS, soit au moins 4 fois plus que les rebelles ; des commandos de chasse qui vont nomadiser et tendre la nuit des embuscades aux rebelles, dans chaque village des groupes d'auto défense souvent constitués à partir d'arabo-berbères ayant participé avec les troupes françaises aux deux grandes guerres, des unités territoriales (civils européens armés organisés militairement, qui protègent la nuit les édifices publiques).

                La France décide que le service militaire pour les jeunes français, en métropole comme en Algérie, passe de 18 à 30 mois avec séjour obligatoire en Algérie, mesure impopulaire qui n'aurait pas dû avoir lieu, on envoie pas des civils mal préparés affronter des situations très compliquées de terrorisme et de guerre civile
                Octobre 1956, arraisonnement de l'avion reliant le Maroc à la Tunisie, transportant la délégation « extérieure » du FLN-GPRA (Ben Bella, Boudiaf, Ait Ahmed, Lacheraf, Khider) qui seront mis en résidence surveillée en métropole. Le moment venu De Gaulle fait en secret de Ben Bella, son interlocuteur privilégié.

                Janvier 1957, « bataille d'Alger » qui permet d'éradiquer les attentats sanglants (bombes ou grenades meurtrières jetées aveuglément dans les cafés, aux arrêts de bus etc.). Pour déjouer les contrôles les terroristes utilisent des femmes habillées à l'européenne, voire des européennes, pour poser les bombes. Pendant ce temps le Général Salan, commandant en chef, puis le général Challe initient, avec les meilleurs régiments (parachutistes et Légion), des grandes opérations militaires qui « ratissent » successivement les zones montagneuses de l'Algérie où sont implantés les maquis du FLN.

                Dans le même temps des écoles sont mises en place dans les endroits les plus isolés, généralement en lien avec les SAS, souvent avec des jeunes du contingent pour instituteurs, des centres de formation pour les métiers manuels ; des infirmières d'origine européenne ou autochtones sont formées et sillonnent le 3 bled pour éradiquer les maladies endémiques comme le trachome qui rend aveugle ; enfin un réel développement artisanal et industriel est réalisé notamment dans le cadre du « plan de Constantine »..

                Progressivement l'Algérie est pacifiée et la rébellion réduite à sa plus simple expression. Mai 1958 est le point culminant des grandes fraternisations entre les différentes communautés qui entrevoient désormais un avenir commun se dessiner. Retour de De Gaulle au Pouvoir, le pire est à venir Mai 1958, De Gaulle arrive au Pouvoir, Après divers coups tordus comme l'attentat au bazooka contre le général Salan (c'est son aide de camp qui est tué) dont l'objectif est de créer des désordres pour faire apparaître De Gaulle comme le seul recours, c'est la grande manifestation du 13 mai 58 à Alger organisée en sous main par son mouvement que dirige Michel Debré et qui a pour but d'appeler De Gaulle au Pouvoir (nom de code de ce « coup d'État démocratique » : « Résurrection » ) puis la venue en Algérie de De Gaulle devenu Chef de l'État Français et son fameux « Je vous ai compris » et même « Vive l'Algérie française », qui installe le quiproquo.

                De Gaulle change brutalement la donne. Alors que la lutte contre la rébellion est gagnée et que les derniers rebelles se terrent dans les montagnes, que la population voit son avenir dans une Algérie nouvelle, plus autonome mais gardant des liens étroits avec la France, De Gaulle abat ses cartes et le 18 septembre 1959 parle d'autodétermination, tout en maintenant l'équivoque jusqu'au bout.

                1960, Si Salah propose un véritable cessez le feu. Chef de la Willaya IV, une des plus puissantes, reflétant le découragement des derniers rebelles, propose au nom des combattants de « l'intérieur », c'est à dire des maquis, un véritable « cessez le feu ». Si Salah accepte d'aller à Paris rencontrer De Gaulle. Celui-ci l'éconduit et Si Salah et ses adjoints, de retour en Algérie, seront étrangement assassinés, on ne saura jamais par qui. On va découvrir que De Gaulle ne veut comme interlocuteur que le GPRA qui est au Caire sous la protection de Nasser.
                Incroyable, dès son arrivée au Pouvoir De Gaulle libère 6000 prisonniers rebelles mais ne réclame pas en échange nos soldats et les civils aux mains du FLN, qui pour la plupart seront massacrés.

                Les provocations de De Gaulle pour avoir les mains libres
                L'affaire des Barricades d'Alger le 24 janvier 1960 permet à De Gaulle de dissoudre les UT (Unités Territoriales), composées d'européens armés et militairement organisés qui montent la garde la nuit pour protéger les infrastructures et De Gaulle commence à muter les chefs militaires les plus en vue.

                Le putsch à Alger des généraux (Salan, Jouhaud, Challe, Zeller) le 21 avril 1961, et des régiments qui veulent rester fidèles à la parole donnée de protéger la population et d'une Algérie qui évolue mais reste liée à la France. L'objectif est de faire pression sur le Pouvoir à Paris pour ne pas abandonner l'Algérie. De Gaulle va en profiter pour dissoudre les meilleurs régiments comme le 1er REP (légionnaires), mettre en prison les officiers qui ont participé au putsch et muter les autres. L'armée est décapitée.

                La clandestinité. Les officiers les plus déterminés à sauver la population d'Algérie, européens tout autant qu'arabo-berbères, à rester fidèles à leurs compagnons d'armes que sont les 200 000 harkis et assimilés, ces officiers et ces civils avec à leur tête les généraux Salan et Jouhaud entrent en clandestinité, c'est l'OAS (Organisation Armée Secrète). De Gaulle mène une répression sanglante contre l'OAS, n'hésitant pas à utiliser comme hommes de main des repris de justice, les barbouzes, pour ses basses œuvres, arrestations, tortures et assassinats, faisant pour cela cause commune avec le FLN auquel il livre par exemple des listes de « suspects » OAS.

                Du simulacre de pourparlers à la dictature algérienne.
                Les soit disant négociations d'Évian, avec le seul GPRA, se déroulent au mépris des populations fidèles à la France, De Gaulle s'aligne au final exclusivement sur les positions du GPRA, les interlocuteurs qu'il s'est choisi et leur concède tout sans aucune réserve ni contre partie et fixe l'Indépendance au 1er juillet.

                Le régime algérien est donc né le 19 mars 1962 du simulacre d'accords d'Évian, voulus par De Gaulle, qui a choisi de remettre l'Algérie entre les mains du seul GPRA (installé au Caire) et dont le bras armé est le FLN, écartant par-là même tous les autres interlocuteurs légitimes que ce soient les élus locaux, les 4 élus nationaux (députés), les corps constitués, les 200 000 harkis, les anciens combattants des deux grandes guerres, les groupes d'auto-défense, les civils des unités territoriales, et d'une manière générale l'ensemble des populations majoritairement favorables à une solution liant l'Algérie à la France, qu'ils soient d'origine européenne, arabe ou berbère, voire les opposants historiques comme le MNA.

                Dès le 19 mars, De Gaulle regonfle le FLN en libérant les 16 000 derniers prisonniers (ne réclame toujours pas les nôtres) et proclame un cessez-le-feu unilatéral appliqué seulement par l'armée française. Le FLN lui se livre aux enlèvements, tortures, assassinats d'européens, sous l'œil indifférent de l'armée française (largement épurée et quasiment consignée dans ses casernes) pour provoquer un sauve-qui-peut général des européens, « la valise ou le cercueil ».
                Commence également le massacre de tous ceux, élus, anciens combattants des deux grandes guerres, harkis (que l'armée française a honteusement désarmé) et leurs familles, qui avaient tous cru dans les valeurs civilisatrices et la parole donnée de la France de protéger les populations : plus de 200 000 personnes, hommes femmes, enfants, exécutés après d'effroyables tortures, jamais imaginées. Le soulèvement doit apparaître unitaire, aucun témoin des divergences quand au devenir de l'Algérie ne doit subsister. C'est la vrai raison des massacres, avec l'instauration de la terreur pour gouverner.

                A Alger, le 26 mars 62, l'armée française tire sur une foule d'européens pacifiques et non armés : 80 morts et plus de 200 blessés. Enfin à Oran massacre par le FLN de plusieurs milliers d'européens raflés dans les rues le jour de l'indépendance et alors que l'armée française, sous les ordres du général Katz dispose de 25 000 soldats sur place. Quelques militaires désobéissent et sauvent des vies.

                Mais pourquoi donc De Gaulle a t il fait le choix contre nature du seul GPRA ?
                De Gaulle s'est mis en tête de jouer un rôle éminent au niveau mondial, ce qu'il n'avait pas réussi à faire en 1945. Il veut prendre la tête des pays dits « non-alignés », être le porte-parole d'une troisième voie entre le bloc soviétique et les États Unis.
                C'est le colonel Nasser, au Pouvoir en Égypte, qui est à l'origine de ce mouvement des « non-alignés » qui regroupe essentiellement Tito (Yougoslavie) Soekarno (Indonésie) Nehru (Inde), occasionnellement Zhou En Laï (Chine) et Bourguiba (Tunisie)..

                C'est pour cet objectif que De Gaulle se débarrasse au plus vite de l'Algérie, et ne reconnaît comme seul interlocuteur que les protégés de Nasser ( le GPRA), Nasser dont il veut absolument devenir l'ami, lui De Gaulle, qui se prend pour « l'homme providentiel », le « visionnaire »...
                De Gaulle s'est fourvoyé dans cette voie auto-centrée sur sa personne qui est une tragique catastrophe, un échec sur toute la ligne, véritable crime contre l'humanité au regard des massacres qui s'en suivent.

                De Gaulle a par ailleurs assouvi de vieilles haines, notamment envers la population d'Algérie dans son ensemble, restée fidèle en 1940 au Chef de la France, le Maréchal Pétain et au général Weygand qui va forger l'armée d'Afrique, forte de 200 000 hommes, qui libérera la France en débarquant en Italie, puis en Corse et en Provence, éclipsant la 2ème DB de Leclerc, population algérienne qui accueille en 1942 le débarquement américain en Algérie sans que lui De Gaulle soit au courant. Enfin son odieux mépris des arabes qui pourtant se sont illustrés très courageusement dans les deux grandes guerres, forçant l'admiration des américains dans les batailles comme Monte Cassino en Italie.
                Dans « Au fil de l'épée », De Gaulle révèle sa vrai mentalité quand il écrit : « L'homme d'action ne se conçoit guère sans une forte dose d'égoïsme, d'orgueil, de dureté et de ruse ». Voilà le personnage qui réalisera l'impensable, le parjure suprême.

                Quelle était la solution honnête ?
                Dès 1958, le Bachaga Boualem (Croix de guerre 39-45, vice président de l'Assemblée Nationale) propose au général De Gaulle de renvoyer les jeunes appelés du Contingent dans leurs familles en ne gardant que les volontaires et provisoirement l'armée de métier, le temps de faire passer les harkis et assimilés de 200 à 300 000 hommes et de transformer ces « supplétifs » en unités régulières appelées à prendre progressivement le relais des troupes françaises, conserver les Unités territoriales et les groupes d'auto défense. Accélérer l'accession des autochtones aux postes administratifs et professions libérales. Régler définitivement le problème du statut des autochtones arabo-berbères. Commencer ensuite par des élections libres aux échelons locaux. Évoluer progressivement vers une autonomie réaliste et conserver en tous domaines des traités de coopération avec la France.
                Au lieu de cela De Gaulle a arbitrairement et sans aucun respect des populations, livré l'Algérie à un clan qui avait pourtant annoncé la couleur : un État algérien exclusivement arabe et musulman, en clair la charia pour tous, et dont on sait qu'il extermine les voix divergentes. L'exemple de Mélouza est prémonitoire.

                Rien ne se passe comme prévu
                Dès l'Indépendance, le « clan de Oujda »,(appelé aussi clan de Tlemcen) avec à sa tête le colonel Boumediene, qui a passé pratiquement toute la guerre d'Algérie au Maroc, loin des combats,(après avoir été chef de la wilaya 5, il voit plus loin et préfère passer au Maroc) et que Ferhat Abbas et Ben Bella opportunistes viennent de rejoindre, entre en Algérie avec « l'armée des frontières », forte de 25000 à 30000 hommes, parfaitement équipée en matériel soviétique. Les troupes stationnées en Tunisie accourent.

                Boumediene somme les chefs des « maquis de l'intérieur » de se soumettre. S'en suit des combats sanglants (en particulier avec la wilaya 4) d'autant qu'apparaît une troisième composante Kabyle (Tizi Ouzou), issue elle aussi, des maquis, emmenée par des leaders historiques, Ait Ahmed et Boudiaf rejoints par Krim Belkacem.
                Cette guerre civile de l'été 1962 fera des milliers de morts. Nous sommes toujours loin, une fois encore, de la version officielle d'un soulèvement populaire unanime qui a chassé le colonisateur.

                Les nouveaux maîtres achèvent d'exterminer les Harkis que l'armée française a désarmé, ainsi que tous les civils musulmans qui avaient mis leur confiance dans la France. Hommes, femmes, enfants, vieillards sont massacrés dans d'horribles conditions jamais imaginées et alors que l'armée française est toujours présente. Probablement 300 000 personnes. Leur nombre ne sera jamais élucidé, il ne faut pas qu'apparaisse une pareille opposition au nouveau Pouvoir, opposition bien plus nombreuse que le FLN.

                Le Pouvoir algérien les qualifie outrageusement de « traîtres », voire de « collabos », aujourd'hui encore, ce qui est scandaleux, alors qu'ils avaient fait des choix lucides et civilisationnels ; quand on voit par exemple le commando Georges, tous anciens FLN ralliés à la France, ce n'était pas de simples « supplétifs » mais des hommes et des femmes qui avaient fait des choix de société, de justice, d'équité, de rapports entre l'homme et la femme, qui avaient en somme rejeté la charia et tout ce qu'elle comporte d'inhumain, de dégradant. Les faits donnent aujourd'hui totalement raison à ces hommes et ces femmes courageux, hélas trahis par la France. Il est très important de réhabiliter leur mémoire.
                Ferhat Abbas et Ben-Bella président en apparence aux destinées de l'Algérie, mais pour peu de temps, c'est un habillage, une façade de civils. En août 64, Ferhat Abbas est arrêté et incarcéré à Lambèse. Mohammed Boudiaf lui est condamné à mort mais réussi à gagner la France puis le Maroc. Après un soulèvement en Kabylie, réprimé par l'ANP (qui succède à l'ALN), et qui fait probablement 400 morts, Hocine Aït Ahmed est lui aussi condamné à mort, il réussit à s'évader et gagne la Suisse.

                En 1965 Boumediene prend officiellement le pouvoir, véritable Coup d'État à la soviétique, il n'hésite pas à se débarrasser de Ben Bella qu'il jette tout bonnement en prison (il y restera 14 ans).

                Boumediene va régner d'une main de fer sur l'Algérie pendant 14 ans.
                Boumediene suspend la Constitution, supprime le Parlement, cumule les fonctions de Premier Ministre, ministre de la Défense et président du FLN. Mais le cœur du système c'est la Sécurité militaire (la SM) qui regroupe tous les services de Renseignement, directement placée sous l'autorité de Boumediene et qui devient en 1990 la DRS (Direction du renseignement et de la sécurité); cette police politique surveille tout le monde, recourt aux arrestations des opposants, aux séquestrations arbitraires, à la torture, aux exécutions, y compris à l'Étranger. C'est en réalité cette instance qui décide de tous les choix politiques.

                Le pays est verrouillé et la répression s'étend aux Kabyles qui veulent garder leur langue, le tamazight, avec un alphabet basé sur l'alphabet latin, et leurs coutumes. Le Pouvoir veut faire disparaître toute trace de civilisation berbère ( bien antérieure pourtant aux envahisseurs arabes). Interdiction également sous peine d'emprisonnement de détenir chez soi une Bible.

                Des centaines de personnes ne convenant pas à Boumediene sont arrêtées, torturées. Dans toutes ces actions on discerne notamment le vieil antagonisme culturel entre arabes (Boumediene) et Kabyles.
                Ainsi sur ordre de Boumediene, Mohamed Khider et Krim Belkacem, chefs historiques du FLN, sont assassinés, l'un devenu encombrant, à Madrid en 1967 et l'autre, Kabyle, étranglé à Francfort en 1970. Paradoxalement la majorité des victimes des purges et qui ont combattu la France, choisissent, pour ceux qui ne sont pas exécutés d'aller vivre en France. C'est quand même un comble...ou un aveu ! Curieusement Boumediene semble néanmoins jouir d'un certain prestige auprès d'une partie de la population, mais tous les opposants ont été éliminés. Il sera même en 1976 élu à la Présidence avec 99 % des voix mais il faut dire qu'il est le candidat unique, comme dans tous les régimes totalitaires.

                Boumediene poursuit les nationalisations à tout va, à commencer par la confiscation de tous les Biens des européens d'Algérie (fermes, commerces, industries...) à la soviétique, beaucoup d'officiers sont formés en URSS et dès l'indépendance Moscou envoie ses techniciens... En 1971, Boumediene nationalise le secteur des hydrocarbures que la France a découvert au Sahara et mis en exploitation.
                La rente pétrolière est une manne d'or pour les finances publiques du nouvel État, en particulier après la flambée des prix consécutive au premier « choc pétrolier » de 1973.

                Ce qui est invraisemblable c'est qu'avant 1830, le Sahara ne faisait nullement partie de ce que la France dénommera Algérie. De Gaulle sans aucune réflexion et alors que d'immenses gisements de pétrole et de gaz sont découvert dans l'extrême sud, attribue toutes ces richesses au GPRA sans se soucier des pays voisins comme le Maroc ou le Niger et refusant aux Touaregs, pourtant pro-français, de disposer d'un territoire autonome. C'est en effet en 1903 que la France annexe Colomb-Béchar, jusqu'alors possession marocaine, afin d'établir une continuité avec ses colonies africaines et ensuite la partie ouest du Sahara, précédemment sous contrôle marocain.

                Après le décès (jamais éclairci) de Boumediene en décembre 1978, à 46 ans, l'armée met le colonel Chadli Bendjedid pour lui succéder à la présidence. Chadli libère Ben Bella mais en 1980 réprime le mouvement de protestation Kabyle contre l'arabisation forcée. Prise d'assaut par la police de l'université de Tizi-Ouzou.
                En 84 Chadli est « réélu » et fait des concessions très importantes aux islamistes avec en juin l'adoption d'un nouveau code du statut personnel et de la famille. Il consacre, conformément à la loi islamique, l'inégalité entre l'homme et la femme et l'autorité de l'homme sur la femme. En outre la conclusion d'un « mariage » pour la femme incombe au tuteur qui est soit le père soit un proche parent. La polygamie est autorisée. Le divorce est de droit pour le mari mais quasiment impossible pour la femme. Sans parler du problème des successions où la femme est brimée. En somme ni plus ni moins que la Charia.

                La situation économique du pays continue de se dégrader
                La situation économique fluctue en fonction des cours du pétrole. L'agriculture (blé, viticulture, arbres fruitiers...) très prospère à l'époque de la France, ne produit quasiment plus rien et tous les aliments y compris de première nécessité doivent être importés. Enfin une partie de la manne pétrolière est détournée au profit de l'enrichissement des dignitaires du Régime. La corruption est générale.

                Pendant ce temps la population qui était de moins de 10 millions à l'Indépendance dépasse 40 millions, avec tous les problèmes qui en découlent en particulier en matière de logement et un chômage généralisé. Des émeutes éclatent à Oran en 1982, dans la Casbah d'Alger en 1985, à Constantine et Sétif en 1986, partout la répression est terrible et cause de nombreux morts.

                En 1988, de nouvelles émeutes ont lieu dans toute l'Algérie, l'État de siège est proclamé. L'armée déploie ses chars et ouvre le feu sur les manifestants, abat les meneurs. On dénombre plusieurs centaines de morts, de très nombreux blessés et des milliers d'arrestations, la torture est systématique.

                En 89, « réélection » de Chadli qui promet des réformes. Adoption d'une nouvelle constitution ouvrant la voie au multipartisme. Les islamistes en profitent pour créer le Front islamiste du salut (FIS). Des opposants comme Boudiaf rentrent en Algérie et des groupes d'opposition s'expriment. Par ailleurs la collectivisation des terres est abandonnée et l'économie se libéralise quelque peu. Les algériens se prennent à espérer.

                Sans faire de bruit mais très efficacement, les islamistes se sont implantés, mettant en place autour des mosquées des services sociaux et médicaux pour la population, des activités socioculturelles pour les jeunes. Le Front islamique du salut (FIS) remporte les élections municipales.
                En 1991, au premier tour des législatives, le FIS atteint 47,3 % des suffrages exprimés. Un raz de marée qui prend de court l'État Major des Armées. Une défaite écrasante du FLN au second tour est prévisible.

                Décennie noire, la guerre civile la plus effroyable
                L'État Major ordonne à Chadli de démissionner. Les élections sont reportées, l'État de siège proclamé, le FIS dissous et les arrestations massives commencent (30 000 dès le départ) A partir de l'été 1992 le pays s'enfonce dans la guerre civile, que les algériens appellent « la décennie noire » (1992- 2002) et qui se prolonge partiellement jusqu'en 2005.
                Le FIS passe dans la clandestinité et créée l'AIS (l'Armée Islamique du Salut) qui prend le maquis et tend des embuscades meurtrières à l'armée régulière. D'autres groupes islamistes voient le jour, notamment le GIA (Groupe Islamique Armé), dont il se dit qu'il est manipulé par les services secrets, ou encore le MIA (Mouvement Islamique Armé) et les exécutions font rage, y compris à l'intérieur des groupes islamistes et le clan des généraux au pouvoir utilise même cette guerre civile pour éliminer les dirigeants qui lui déplaisent.

                La barbarie atteint des sommets que nous avons hélas connu dans les émeutes de 45 ou durant la période 54-62 lors des massacres par le FLN de familles de harkis ou d'européens: les islamistes éventrent et découpent les femmes enceintes, embrochent et font rôtir bébés et enfants, enlèvent les jeunes femmes que les « barbus » emmènent au maquis pour en faire des esclaves sexuelles avant de les égorger quand elles ont assez « servi ». Les islamistes parlent « d'offrandes à Allah » !!!

                L'Algérie va vivre ces 10 années coupée du monde. L'ancien chef historique du FLN, Mohamed Boudiaf, revenu au pays après 25 ans d'exil est assassiné. Le Régime algérien censure toutes les images des tueries qui ensanglantent le pays. On estime que cette guerre civile fait au moins 200 000 morts, des milliers de mutilations, de viols et la pratique systématique des égorgements ou décapitations mais comme pour le massacre des harkis, 30 ans plus tôt, aucun dénombrement officiel n'est réalisé. C'est la chape de plomb.
                Une fois de plus des centaines de milliers d'Algériens qui ne voulaient pas de la France, la rejoignent, mais que comptent ils faire en France, eux qui l'ont chassée d'Algérie ? La piller après avoir pillé l'Algérie ?

                Les généraux veulent en finir et ont besoin d'un habillage ; ils se tournent vers Bouteflika, comme prête nom, en son temps le protégé de Boumediene, mis à l'écart pour ses frasques et ses détournements de fonds et poussé à quitter l'Algérie en 1981.
                A l'époque il part comme par hasard à Paris où il retrouve les dignitaires du régime algérien venus se faire soigner au Val-de-Grace (les services de santé algériens sont à l'abandon), investir dans des appartements à Neuilly ou sur la Cote d'Azur, fréquenter les boutiques de luxe, mettre leurs enfants dans les meilleurs lycées parisiens...Comme en URSS lors des privatisations, celles réalisées en Algérie, profitent essentiellement à la Nomenklatura. La corruption est à tous les niveaux. On crache sur la France mais on vient y vivre.

                Début 1999, Bouteflika prend donc la Présidence. En 2001 il soutient la répression des manifestations en Kabylie (au moins 120 morts) et tend la main aux islamistes (parce que c'est le choix des généraux) jusqu'à s'appuyer sur les islamistes pour sa réélection en 2004.
                Il accorde une amnistie aux groupes islamistes s'ils rendent les armes C'est la fin ou presque de la guerre civile qui ensanglante l'Algérie depuis 10 ans. Parmi les conditions de cette paix civile, l'interdiction d'évoquer sous quelque forme que soit ces terribles années sous peine de prison voire peine de mort pour atteinte à la sûreté de l'État. La chape de plomb est définitivement tombée sur l'Algérie.

                Si la paix est revenue, le pays n'en est pas moins dans une misère profonde et c'est le règne des combines , des compromissions. L'Algérie va bénéficier entre 2005 et 2012 de l'augmentation des prix des hydrocarbures qui constituent pratiquement la seule ressource. En 2013, au cours de son troisième mandat, Bouteflika qui a 76 ans est frappé par deux AVC et ne peut pratiquement plus parler ; il part se faire soigner en France (la dette de l'Algérie aux hôpitaux français dépassera 40 millions d'euros en 2024).
                Le frère de Bouteflika, pourtant corrompu, prend les rênes du pays et la nomenklatura laisse faire.

                Nouveau vent de contestation, le HIRAK
                2017, un vent de contestation inédit contre la loi de finances, manifestations pacifiques pour réclamer plus d'ouverture et des élections libres, naissance d'un mouvement populaire anti-régime, le HIRAK. Après une phase d'attente, les manifestations sont réprimées avec une particulière violence, nombreuses 8 arrestations et emprisonnements. Les « généraux » interdisent toute remise en question d'un parti unique, le FLN, aux mains des militaires et de la nomenklatura qui détient en outre tous les leviers économiques.
                En 2018 à l'annonce d'un cinquième mandat pour ce président invisible et qui ne peut plus parler, les algériens descendent dans la rue. Bouteflika est contraint à la démission le 2 avril 2019 et des condamnations pénales sont prononcées contre le clan Bouteflika pour corruption, détournement de fonds... En 2020, le mouvement de protestation reprend en Kabylie pour demander la libération des personnes emprisonnées, mais bien sûr en vain.

                Le fond de commerce de la haine contre la France
                Un nouveau président désigné par l'État Major général (l'ÉMG) est « élu », Abdelmadjid Tebboune. Les problèmes du pays n'ont jamais été aussi aigus et la nomenklatura tente de se maintenir au pouvoir en continuant de vitupérer contre la France et en utilisant depuis 30 ans des arguments toujours aussi fallacieux. C'est son fond de commerce, la haine contre la France et les « méfaits de la colonisation ». Hélas les dirigeants français, les uns après les autres, tombent dans le piège et en rajoutent, croyant naïvement se faire bien voir, la palme revenant au président Macron qui a été jusqu'à déclarer que la « colonisation française était un crime contre l'humanité ».
                Enfin des « documentaires » comme sur Arte le 2 février 2025 « colonisation une histoire française »,3 heures, tissu de mensonges, ne cessent de mettre de l'huile sur le feu. Sans parler des programmes scolaires en Algérie tout autant qu'en France ou des élucubrations de « l'historien » aux ordres, Benjamin Stora.

                Parmi les mensonges récurrents le personnage de l'Émir Abd el Kader, fort bien traité ainsi que sa smala après sa reddition, qui devint un grand ami de la France et tout spécialement de Mgr Dupuch, premier évêque d'Alger, Abd el Kader qui fut même un protecteur des chrétiens au Proche Orient : en 1860 à Damas où il résidait il se porte au secours des chrétiens et le Pape Pie IX le décore d'une distinction vaticane.

                En Algérie, depuis 60 ans, tout n'est que compromissions. Après avoir dilapidé, pillé toutes les ressources, le pays est exsangue, se raccrochant à l'ultime filière encore exploitable, les hydrocarbures. Pour s'attirer les bonnes grâces de la population le Pouvoir distribue depuis 60 ans des cartes « d'ancien combattant » à tout va, avec à la clé une pension, un petit emploi de fonctionnaire ou un logement. Sont dénommés martyrs (terme islamique) tous ceux qui sont censés avoir lutté contre les « mécréants », en l'occurrence la France, même ceux de la dernière heure, voire nés après l'Indépendance.
                La population n'ose se révolter, toute manifestation étant comme toujours réprimée de manière extrêmement violente et les emprisonnements sans jugement toujours aussi arbitraires.

                Persécutions contre les évangélistes
                En 2024 le Pouvoir ferme les 38 dernières églises évangéliques (protestantes), fidèle en cela à sa ligne totalitaire : un État algérien uniquement arabe et musulman.
                Précisons que dès 1830 la République française, anti cléricale et maçonnique, s'est empressée de passer un accord avec les chefs religieux de l'Islam de ne faire aucun prosélytisme catholique auprès des populations arabo-berbères, facilitant au contraire l'exercice du culte musulman qui bénéficie d'une protection particulière.
                Les catholiques ont donc été contraints de se limiter strictement à une présence au sein des populations d'origine européenne. Le père de Foucault avait pourtant prédit « Si on ne convertit pas les populations autochtones dans 50 ans la France sera chassée ». C'est d'autant plus dommageables que les arabo berbères sont d'un naturel religieux et que l'indifférence religieuse des occidentaux les blesse.

                Enfin à l'époque, les musulmans pour devenir pleinement français se heurtent au fait qu'ils veulent généralement garder la loi islamique (la charia) au-dessus de la loi républicaine concernant en particulier la polygamie, le statut inférieur de la femme ou les successions. Problème qui perdure dans nos sociétés occidentales, l'Angleterre allant même jusqu'à reconnaître les tribunaux islamiques compétents pour les affaires familiales ou la France fermant les yeux sur les mariages qui ne passent pas préalablement par la mairie comme la loi républicaine les y oblige.

                Au départ de la France en 1962, les églises catholiques sont transformées en entrepôts, seuls quelques édifices restent ouverts, essentiellement à Alger ou Oran, mais pour les populations extérieures comme les coopérants ou les éventuels touristes. Poudre aux yeux. Enfin les sont cimetières dévastés.
                Si les catholiques n'ont jamais cherché à prêcher « la bonne parole », y compris les ordres monastiques qui ont été plutôt bienveillant à l'égard du FLN qu'ils ont soigné et abrité, les protestants évangéliques ont eux par contre réalisé, essentiellement après l'Indépendance, un important travail qui s'est traduit par de nombreuses conversions parmi les musulmans, en particulier en Kabylie. Le Pouvoir les persécute, ferme les lieux de prière, interdit les rassemblements et la possession de Bibles.

                Un pays arabe, musulman et soviétique
                Avec l'Algérie nous sommes devant un cas de figure unique en son genre. Des dirigeants qui ont fait le choix d'un pays arabe et musulman (la charia pour tous), mais qui refusent de laisser le pouvoirs aux « barbus » et qui dirigent le pays selon le mode soviétique que leur a enseigné en son temps le KGB, enfin qui envoient leurs familles vivre en France, chez le « colonisateur » qu'ils ne cessent de vilipender.

                Tout à coup le plafond de verre du mensonge et de la désinformation explose.

                Boualem Sansal fait éclater la vérité, ce que l'Algérie lui fait chèrement payer par un enfermement arbitraire. Kamel Daoud reçoit le prix Goncourt pour son roman « Houris » qui dévoile l'horreur de la « décennie noire », et bien d'autres auteurs, notamment des femmes très courageuses (Yasmina Liassine et son roman L'oiseau des français) ainsi que des journalistes que l'on retrouve notamment sur CNews, comme Sonia Mabrouk (origine tunisienne), Naïma M' Faddel (origine marocaine) qui osent enfin parler.

                Hocine Aït Ahmed, un Kabyle, né en 1926 à Tizi-Ouzou, dernier des 9 chefs historiques du FLN, mort à Genève en 2015, déclare en 1990 : « Du temps de la colonisation ? Du temps de la France ? Mais c'était le Paradis: des fleurs, des fruits, des légumes partout, des restaurants. Maintenant nous manquons de tout, de crèches, d'écoles, d'hôpitaux, de dispensaires mais le Parti et la Police ont des immeubles neufs ».

                En 2005, il insiste dans la revue Ensemble : « les religions, les cultures juives et chrétiennes se trouvaient en Afrique du Nord bien avant les arabo-musulmans, eux aussi colonisateurs, aujourd'hui hégémonistes ». Et il poursuit « Avec les Pieds Noirs et leur dynamisme, l'Algérie serait aujourd'hui une grande puissance africaine, méditerranéenne. Hélas je reconnais que nous avons commis des erreurs politiques.
                Il y a eu envers les Pieds-Noirs des fautes inadmissibles, des crimes de guerre envers des innocents et dont l'Algérie devra répondre au même titre que la Turquie envers les Arméniens ».

                Hélie Denoix de Saint Marc : « La France a cru donner la liberté à un Peuple, en la donnant à un clan, elle a condamné l'Algérie aux convulsions des Nations bâties sur un malentendu, elle l'a amputé d'une grande partie de ses forces ».
                Georges Bidault : ancien chef du Conseil National de la Résistance, écrit dans son livre « D'une résistance à l'autre » : Les Français qui n'ont pas voulu de l'Algérie française auront un jour la France algérienne ».

                Boualem Sansal : « L'Algérie ne tient encore que par la corruption massive que le Régime entretient pour maintenir un semblant d'État, grâce à la rente pétrolière, dont une grande partie est captée par les dignitaires du Régime et les Oligarques qui leur servent de prête-noms. Une nouvelle guerre civile est en route ; la France sera durement touchée. »

                Ainsi, en donnant l'Algérie à un clan mafieux De Gaulle a condamné l'Algérie à la dictature, à la misère et à l'obscurantisme, avec toutes les répercussions que nous savons sur la France, tant au niveau de l'immigration incontrôlée, de son islamisation inéluctable, que de la perte des réserves pétrolières, gazières et minières qui pouvaient rendre nos deux pays économiquement complémentaires et prospères.
                Puisse un jour les deux rives de la Méditerranée, berceau de nos civilisations, retrouver la paix et la prospérité.

                Mais c'est une course contre la montre car comme l'a si bien dit Boualem Sansal « Dans l'état de fracturation sociale et politique où se trouve la France, elle pourrait éclater et sombrer... chaque jour les islamistes s'enhardissent dans des versions radicales » et sans faire de bruit occupent le terrain c'est à dire ne se contentent plus d'implanter mosquées et écoles coraniques mais colonisent les banlieues, les associations en particulier sportives, les syndicats dans les entreprises et bien sur les commerces. « vient un moment où la proie cesse de se débattre, elle accepte l'inéluctable, l'islamisation »
D.Cadet
Auteur de « La guerre d'Algérie à 20 ans »
réédité chez Dualpha, 80 photos inédites
https://lesalonbeige.fr/algerie-un-si-beau-pays-livre-au- pillage-depuis-60-ans-entre-guerres-civiles-et-dictature/

        


Orange mécanique en France
PAR MANUEL GOMEZ
14 février 2025
La sauvagerie frappe partout en France, de manière de plus en plus violente           

               Il y a quelques mois je signalais quotidiennement sur Riposte Laïque les agressions, les crimes, etc. qui ensauvageaient notre pays. J’ai dû cesser car les articles devenaient trop longs, il y en avait trop mais, à l’époque, certains territoires paraissaient épargnés, ces tragiques événements se déroulaient surtout à Paris, en Île-de-France, à Grenoble, Lyon, Nantes, Rennes, Calais.

                Or, je suis obligé de constater qu’actuellement plus aucune région de France n’est épargnée, jusqu’à la plus petite commune, la plus tranquille, la plus « française » et ce qui m’étonne « c’est d’en être justement étonné » : n’était-ce pas prévisible, suite à la décision de répartir vers tous les territoires ruraux les migrants irréguliers, les clandestins, les OQTF, les mineurs isolés, etc. et que, hélas, nous sommes obligés de constater que c’est parmi cette population (qui n’a rien à faire dans notre pays) que se découvre un pourcentage important de la délinquance, de l’ensauvagement et de la criminalité qui frappent la France.

                Je n’en veux pour exemple que la lecture rapide de ces dernières 48 heures.
               Nersac (16) – Une adolescente de 17 ans, qui allait prendre le bus, est enlevée et violée par un individu cagoulé qui, sous la menace d’un couteau, l’oblige à monter dans sa voiture.

                Montpellier (34) – Rue Ernest Michel, un homme de 27 ans est blessé d’un coup de couteau par trois individus pour lui voler son vélo et ses vêtements.

                Villeneuve-sur-Lot (47) – En plein centre-ville et à 9 h 15 du matin, Jean-Claude, 79 ans, est agressé par trois individus pour lui voler sa chaîne en or.

                Colomiers (31) – Place de l’Aveyron, près du centre historique, deux individus sur une moto ont abattu un homme d’une trentaine d’années dans sa voiture. En 2024, 13 règlements de comptes ont été enregistrés dans la région.

                Poitiers (86) – Un jeune, d’une vingtaine d’années, a été poignardé à plusieurs reprises. Son pronostic vital est engagé.

                Clermont-Ferrand (63) – Deux individus de type africain, à bord d’une Renault Clio, ont exécuté par balle un homme de 25 ans, connu des services de police-

                Gap (05) – En plein centre-ville, rue jean Eymar et vers 20 heures, un individu d’une vingtaine d’années armé d’un sabre a été interpellé, après une course poursuite.

                Il y a quelques années, dans d’autres circonstances, le présentateur Roger Gicquel avait prononcé à la télé cette phrase, restée célèbre : « La France a peur ». La France avait peur épisodiquement, lors d’affaires criminelles très médiatisées. Aujourd’hui la France a peur tous les jours et partout.



LA COLONISATION DU MAGHREB

Par VERITAS N° 165, février 2013
PAR LES ARABES ET LES TURCS

          Si un historien veut porter un jugement de valeur sur la colonisation d'un pays par un autre, un certain recul du temps est nécessaire, afin de faire le bilan entre les bienfaits apportés et les méfaits subis, chez le peuple colonisé : si cette colonisation a entraîné ou non un véritable progrès de la civilisation, au sens le plus complet du terme. Civiliser, dit le Larousse veut dire améliorer l'état moral, intellectuel et matériel d'un pays.

          Si nous considérons les conséquences de la colonisation de la Gaule par Rome qui début environ 50 ans avant l'ère chrétienne, il est indiscutable que celle-ci a transformé complètement le destin du colonisé, qui a reçu infiniment plus qu'il n'a donné et nous devrions dire que nos vrais ancêtres ne sont pas les Gaulois mais les Gallo-Romains.
          De même, la colonisation de l'Espagne par les Arabes fut un moment, dans la période du Califat de Cordoue, au VIIIème siècle de notre ère, l'occasion d'une brillante civilisation dans son expression littéraire, scientifique et surtout architecturale. Le philosophe Averroès, né à Cordoue en 1126 est considéré universellement comme un des plus grands penseurs, scientifiques et médecin du Moyen age.

          Tout autre semble bien être le jugement que l'on peut porter sur la colonisation du Maghreb par les disciples de Mahomet. Mettant à profit la période d'instabilité politique qui suit la chute de l'Empire Romain, le passage des vandales et la reconquête éphémère des chrétiens de Byzance, l’invasion arabe venue d'Egypte atteint l'est du Maghreb dès 647.

          Un des plus fameux conquérant arabe, OKBA BEN NAFA, après la conquête de Kairouan (Tunisie actuelle, surnommée à l'époque Ifriqiya) en 670 va entreprendre une fantastique chevauchée à travers le Maghreb central jusqu'aux rives de l'Atlantique, au Maroc actuel. Cette épopée militaire restera dans la mémoire collective de l'Islam au peu comme une chanson de Geste pour la chrétienté médiévale.

          Jean Brune dans son livre « Cette haine qui ressemble à I'amour » l'a évoquée en termes lyriques, empruntés à un conteur arabe : « Les cavaliers d'Okba galopaient vers I'Ouest comme I'ombre court sur la terre, comme le vent court sur la steppe. Ils abordèrent enfin, à l'autre bout de I'Afrique, la frange verte de I'atlantique quant l'eau eut mouillée les étriers du compagnon du prophète, OKBA BEN NAFA fit cabrer son cheval et se tournant vers la grève, il lança ce cri d'orgueil qui a traversé les siècles et qui ne cesse de résonner dans la mémoire des croyants : Allah est témoin que seul I'océan nous arrête et qu'il ne reste plus en Afrique d'ennemis à conquérir ».
          C'était compter sans la résistance des Berbères les indigènes d'Afrique du Nord pour qui les Arabes n'étaient que des envahisseurs. Au retour de sa chevauchée atlantique, Sidi Okba fut vaincu et tué près de Biskra par le chef berbère Kossalay de la tribu des Aouraba, qui s'empara un moment de Kairouan.
          Voici une nouvelle vague de conquérants conduits par le Sultan Hassan qui s'empare de Carthage. Mais ce dernier se heurte lui aussi aux Berbères retranchés dans les Aurès, conduits par l'héroïne Dihya surnommée la Kahina. Après plusieurs succès celle-ci, qui était probablement de religion juive, fut trahie et tuée en 689. Ii faudra encore 4 expéditions militaires arabes pour soumettre les Berbères : I'une d'elle faillit tourner en déroute pour les envahisseurs sur 1es bords du Chélif, « Le combat des Nobles »
          Cette résistance berbère qui va de façon sporadique durer des siècles va être favorisée grandement par la structure montagneuse de cette partie centrale du Maghreb, qui n'est encore et pour des siècles qu'une expression géographique imprécise, sans aucune unité politique.

          L'altitude moyenne de ce pays voisine 900 mètres alors que pour la France elle n'atteint pas 300 mètres. Les tribus berbères déjà irrédentistes, vont pouvoir se réfugier dans les zones montagneuses en cas d'invasions étrangères, pour descendre combattre dans les vallées au moment opportun.
          Mais ces montagnards, rendus nomades par nécessité, sont, de tout temps, déchirés par des querelles intestines, ce qui les empêchera toujours d'opposer un front uni aux envahisseurs arabes. Ce fut là leur grande faiblesse. Souvent même de véritables guerres tribales éclateront entre Berbères, que vont utiliser, voir favoriser, les nombreux conquérants qui, pendant 800 ans parcourent cette partie du Maghreb, la transformant en champs de bataille dévastés balayés par le flux et le reflux des arabes, partis à la conquête de l'Espagne et qui doivent combattre sur leurs arrières. menacés par les tribus insoumises. On imagine les raids de représailles.

          A la langue certaines tribus vont s'islamiser mais ne se soumettent que partiellement à la dynastie des Ome11'ades qui règnent à Damas, nouvelle capitale de L'Islam. Ils se morcellent en émirats plus ou moins indépendants et recourent habilement à la « protestation religieuse » pour conserver leur autonomie. Il s'agit d'une hérésie, le Kharidjisme, mouvement puritain égalisateur dont le centre est à Tlemcen.
          Prétexte pour échapper à toute autorité centrale ? Des principautés Kharidjites se constituent dans le Maghreb central : la plus cé1èbre est celle des Rustumides de Tahert (près de Tiaret) de la secte Kharidjite ibadite Leurs descendants, aussi farouchement indépendant émigreront vers le pays du Mzab puis se fixeront à Ghardaïa, dernière étape de ces « Puritains du désert » d'ailleurs extrêmement tolérants avec une communauté juive très ancienne : exemple unique en Afrique.

          Ils vont gérer ensemble pacifiquement leurs cités communes (El Ateuf, Bou Noura, Melika et Beni Isguen) qui avec Ghardaïa formeront cette sorte de principauté autonome des « Cinq villes » que plus tard la France respectera et avec laquelle elle entretiendra les meilleures relations. En Algérie les Mozabites se feront remarquer par leur ardeur au travail, surtout comme commerçants et leur esprit de tolérance.
          A partir de 909 la dynastie arabe des Fatimides (qui disent descendre de Fatima, fille de Mahomet qui avait épousé son cousin Ali va chercher à s'imposer au Maghreb Ils vont se heurter à la vive résistance des berbères KUTUMA dans le Constantinois et en 944 pendant des années ils devront faire face à la grande rébellion du kharidjite Abu Yazid qui s'emparera un moment de Kairouan, capitale religieuse et militaire des divers envahisseurs arabes venus d'Orient.

          Vers 973 les Fatimides vont se détourner de ce Maghreb indocile, qu'ils confient à des vassaux, les Zirides pour se fixer au Caire ou ils vont régner pendant deux siècles Mais des querelles dynastiques divisent les Zirides qui doivent partager le pouvoir avec-les Hammadites dans le Maghreb central Une période de tranquillité allait-elle survenir ? Pas longtemps, car ces Fatimides du Caire, définitivement supplantés de leur autorité, vont au XIème siècle lancer sur le Maghreb les invasions les plus redoutables de toute son histoire.
          Les Hilaliens tribus de Bédouins du désert de la Haute Egypte se ruent vers l’Occident, dévastant, massacrant, détruisant la végétation, les forêts, les cultures, les villes comme les campagnes. « Tout pays envahi par ces Arabes est un pays ruiné » écrira le grand historien arabe Ibn KHALDOUN deux siècles plus tard. Ce fut la ruine de l'agriculture la décadence durable de l'économie, une période de près d'un siècle où régnèrent piraterie et banditisme. Avec les invasions des Hilaliens les derniers vestiges de la civilisation romaine et chrétienne disparurent au Maghreb » (Philipe Lamarque - « Les très riches heures de l'Algérie » - éditions Romain - 2000).

          Après ces dévastations, le Maghreb va subir celles venant cette fois de l'ouest, du Maroc actuel où les dynasties des ALMORAVIDES se présentent en nouveaux conquérants de l'Algérie occidentale, qu'ils saccagent avant de gagner l'Espagne' Un siècle plus tard, voici de nouveaux envahisseurs les Almohades venus aussi du Maroc, qui refoulent les Almoravides, se rendant maîtres de tout le Maghreb, s'étendant jusqu'à la Cyrénaïque, attestant bien cette « grande pitié » des populations sédentarisées, victimes des allers et retours continuelles des invasions sur ce territoire de passage et d'affrontement pendant des siècles.
          Si les historiens célèbrent la grandeur de ces dynasties marocaines, leurs très belles réalisations architecturales (La Koutoubia de Marrakech comme la Grande Mosquée de Séville) Ibn Khaltoubia rappelle l'effroyable misère qui règne au Maghreb au XIIème et au XIIIème siècle. « En d'immenses étendues, on ne trouve plus un foyer allumé, on n'entend plus le chant du coq » (Pierre Goinard « L'Algérie œuvre française » - Robert Laffont 1984)

          Voici cependant une période de paix relative, avec le royaume de Tlemcen fondé par les Abd el Wadides. Ces derniers doivent lutter contre les Hafsides. issus de Almohades de Tunisie et les puissants Merenides de Fès, qui assiégèrent Tlemcen pendant des années établissant autour de la ville une cité assiégeante dont la tour Mansourah est un vestige encore debout Le royaume subsiste cependant, enrichi par le commerce de l'or et des esclaves noirs, ramenés en caravane du Soudan. Le pire ennemi vient du Maroc' "
          1492, c'est la reconquête de l'Espagne par les princes catholiques, les arabes refluent au Maghreb et vont s'installer sur le littoral. Les Espagnols débarquent à Oran en 1505 qu'ils conserveront pendant plus de deux siècles.
          C'est alors que débute avec les corsaires Aroudj et Kheir El Din, dits les frères Barberousse, la grande piraterie en mer


          Le sultan de l’empire Ottoman d'Istanbul qui va commencer sa grande expansion coloniale en Europe, établit son pouvoir et sa protection sur le Maghreb qui devient une colonie turque. Pendant 300 ans la course en Méditerranée, le pillage des navires, la capture des esclaves chrétiens vont présenter la principale activité des nouveaux maîtres d'Alger et leurs sources de revenus préférée. Les Janissaires, soldats turcs, réputés pour leur bravoure... et leur cruauté, ont pour mission de faire rentrer l’impôt, de gré ou plus souvent de force aux tribus arabo-berbères, rançonnées au gré des besoins de la Sublime Porte, toujours à cours d'argent pour monnayer sa politique d'expansion coloniale dans les Balkans. La porte Bâb Azoun et les remparts de la ville d'Alger sont en permanence décorés des têtes coupées des contribuables récalcitrants.

          QUANT A L ESCLAVAGE.. ... « C'était un statut reconnu par le droit islamique.
          Suivant cette loi, un musulman né libre ne pouvait être réduit en servitude : les esclaves étaient des non musulmans, faits prisonniers à la guerre ou acquis d'une autre façon (sic) ou encore enfants d'esclaves, donc esclaves eux-mêmes de naissance » (A.Hourani «Histoire des Peuples Arabes » Edition du Seuil 1993, page 164).
          L'auteur, de confession musulmane, reconnaît ouvertement que si la loi coranique n'accordait au musulman que 4 femmes légitimes, ce dernier pouvait avoir autant d'esclaves concubines qu'il pouvait en acheter, venues de toutes les paroisses, à la seule condition qu'elles ne fussent pas de religion musulmane.
          « Il y eut jusqu'à 30.000 esclaves chrétiens à Alger vendu à la criée sur la place du Badistan, avec droit de préemption du Dey.

          Les présumés riches étaient ménagés dans la perspective d'une rançon... les autres étaient entassés dans des bagnes, jusqu'à 500 dans les salles obscures et enchaînés, ils n'en sortaient que pour de durs travaux ». (Pierre Goinard O.C).
          Il existe d'innombrables témoignages de cette barbarie consécutive à la colonisation turque d'Alger. Cervantès, le poète Regnard, le Physicien Arago (en 1808, preuve que la piraterie et 1'esclavagisme n'avait pas cessé au XIXème siècle.)
          Une réédition contemporaine du récit d'un portugais qui fut captif des Barbaresques au VIIème siècle révèle toutes les horreurs de la condition des esclaves chrétiens à Alger. «ESCLAVE A ALGER » de Joao Mascarembas - Editions Chandeigne 1993.
          Comment vivait cette population d'Alger soumise à la tyrannie des janissaires ? Dans son livre « L'œuvre médicale de la France en Algérie » (éditions Gandini 1994) Le Dr Reymond FERY, ancien Inspecteur Général de la Santé, évoque la surprise des premiers médecins militaires français qui ne trouvèrent pas à Alger la moindre installation sanitaire même la plus rudimentaire.

          Le Maghreb sous colonisation arabo-turque offrait un retard de plusieurs siècles par rapport à l'Europe Occidentale. L'opulence des palais des « Rais » contrastait avec le dénuement de la grande masse des habitants d'Alger. C'était une population décimée par une peste endémique, atteinte de maladies multiples par carence alimentaire, de suites d'accidents d'accouchement, de cécité fréquente par suite de trachome, avec une lourde mortalité infantile.
          Toute la misère effroyable dans laquelle vivait la population d'Alger était symbolisée par le « mors tan » (mouroir) annexé à la mosquée de la rue Bâb Azoun. « Sur des nattes d'une saleté répugnante gisaient en promiscuité ; infirmes, aveugles' incurables vivant de la charité des passants » (Dr Fery O.C.).

          C'était un spectacle comme on en voyait aux abords du cimetière des Saints Innocents à Paris au XIIème siècle, d'après les chroniqueurs de cette époque. Le premier hôpital civil construit par la France à Alger en 1832 fut l'hôpital CARATINE, sur les fondations d'un ancien bagne d'esclaves chrétiens, construit par les Turcs. Pour les amis de Jean Daniel, Directeur du Nouvel Observateur, le péché colonial fut le fait, non pas des Turcs mais des Français...


          Pour donner une idée du dénuement et de l'arriération dans lesquels se trouvait ce Maghreb Central en 1830, il faut rappeler un simple constat des premiers Français : en dehors de ce1le qui menait de Staouéli à Alger sur 25 à 30 km, il n'existait pas une seule route carrossable, mais seulement des pistes pour mulets et chameaux, sur toute i'étendue des quelques 300.000 km qui vont correspondre au territoire que la France désignera plus tard sous le nom d'Algérie Quel bilan humain et civilisateur l'Histoire a-t-elle pu retenir de la longue colonisation du Maghreb par les conquérants arabo-turcs ?

          La première colonisation de la population indigène berbère du VIIIème siècle au XVème siècle fut une période de dévastation entraînée par les allers et venues des innombrables conquérants issus de l'Orient ou du Maroc, ou en route vers l'Espagne. La seconde colonisation par les Ottomans à partir de 1520 jusqu'à 1830 apporta surtout au Maghreb les méfaits d'une piraterie organisée qui lui attira l'hostilité de toute 1'Europe Occidentale, le brigandage des Janissaires destiné à rançonner les tribus de l’intérieur, et la barbarie d'un esclavagisme en recrudescence massive, aussi bien esclaves chrétiens capturés en Méditerranée qu'esclaves noirs capturés au Soudan (Mali actuel) ramenés en longues caravanes.
          C'est vraiment par un contre sens historique que certains parlent de la naissance d'une « patrie algérienne » au Maghreb à cette période. Aucune conscience nationale n'aurait pu surgir au milieu d'un tel affrontement à'ethnies multiples. sur un territoire par ailleurs ingrat, dépourvu de toutes ressources naturelles, abandonnées à l'érosion climatique des terres arables.
          Le vrai bilan de cette double colonisation ne peut s'inscrire que dans la vision d'une immense régression de la civilisation romaine et chrétienne qu'avait connue le Maghreb aux premiers siècles de notre ère, civilisation qui avait donné naissance aux grands théologiens berbères, Pères de l'Eglise, Tertullien et Saint Augustin, évêque d'Hippone. Comme l'écrivait au début du XXème siècle le célèbre historien du Maghreb que fut Stéphane GSELL dans son « Histoire ancienne de I'Afrique du Nord » - Hachette 1913.
          Les romains en colonisant l'Afrique du Nord, après la disparition de Carthage n'eurent qu'à développer un corps vigoureux, et non à ressusciter un cadavre, ce ne fut pas le cas pour les Français en 1830, qui trouvèrent des terres incultes, des marais pestilentiels, et de misérables tribus sans espoir, se laissant aller comme des cadavres au fil de l'eau, décimés par la famine et les pandémies !
Anne Cazal



Non, nous n'avons pas à rougir
de notre épopée coloniale !

Eric de Verdelhan,
" La colonisation fait partie de l'histoire française. C'est un crime contre l'humanité, c'est une vraie barbarie et ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face en présentant aussi nos excuses à l'égard de celles et ceux envers lesquels nous avons commis ces gestes. "
(Emmanuel Macron, lors de son voyage en Algérie, le 14 février 2017)

      J'ai déjà dit, dans plusieurs articles, que Mélenchon et sa clique d'islamo-gauchistes savent ce qu'ils veulent : ils aspirent à " bordéliser " le pays pour arriver au pouvoir, soit par la voie légale, soit par des émeutes et mouvements populaires provoqués, par exemple, par l'élection de Marine Le Pen à la présidence de la République. Ce scénario-catastrophe n'est pas impossible, il est même probable, mais de nombreux Français ne semblent pas voir venir le danger. Ils sont persuadés que l'" extrême-centre " macroniste les met à l'abri des extrêmes ; grossière erreur que nous risquons tous de payer au prix fort ! Les militants de LFI sont violents, haineux, sans scrupules, et eux - contrairement à d'autres - ne se trompent pas de combat. Ils sont partout où il faut souffler sur la braise et braquer nos ex-colonisés, maghrébins ou noirs (1), contre leur pays d'accueil. Leur terrain de prédilection sont les facs, les manifs, les défilés, les émeutes, avec déboulonnages et autres saccages de statues.

      Les journaux de gauche leur servent la soupe et les médias du service public leur déroulent le tapis rouge pour qu'ils puissent déverser leur venin antinational. Les provocations, coups de gueule, insultes et invectives des députés LFI et/ou de leurs alliés, loin de desservir leur camp, plaisent à un faune allogène qui déteste la France et à des jeunes cons issus de la bourgeoisie, des gosses de riches trop gâtés qui rêvent d'un nouveau mai 68, plus violent que celui qu'ont connu leurs aînés. Ajoutez à ça, les " Antifas ", les écolos extrémistes (2), les Zadistes et autres Black-blocs et vous conviendrez que nous avons là un cocktail sulfureux qui peut exploser d'un moment à l'autre. En 2005, la mort accidentelle de Zyed Benna et Bouna Traoré, deux jeunes qui fuyaient la police, nous a valu trois semaines de guérilla urbaine. Plus près de nous, en 2023, c'est la mort de Nahel Merzouk, un " petit ange " (3) de 17 ans abattu par un policier, qui a provoqué des émeutes, des saccages, et un climat de guerre civile dans tout le pays, et même… en Belgique. Le bilan de ces journées de quasi-guerre civile a été lourd : des dégradations par centaines, des incendies de voitures et de bâtiments, publics ou privés, pour un montant estimé à 1,7 milliard d'€. Voilà où vont nos impôts !

      En France, depuis des années, les choses se passent toujours de la même façon : quand un jeune issu de l'immigration - généralement " connu des services de police " - est tué, souvent victime de sa propre imprudence, les banlieues s'enflamment et des hordes barbares saccagent tout sur leur passage. En revanche, quand c'est un petit Blanc qui est assassiné, lardé au couteau par une racaille, un " malade mental " ou un allogène sous OQTF, pour un regard, un vélo ou un téléphone portable, on pleurniche, on organise des marches blanches, avec des ballons, des fleurs, des peluches et des post-it. Sur les plateaux-télé, des sociologues viennent nous dire que la délinquance n'augmente pas et qu'on ne peut pas faire de corrélation entre insécurité et immigration. Et les politiciens - mâles ou femelles - s'inquiètent surtout d'une possible récupération par " l'extrême-drroooaate ".

      Depuis la fin des " 30 glorieuses " c'est la gauche qui impose sa vision de la France future et, petit à petit, les masques tombent : Jean-Luc Mélenchon vient d'annoncer la couleur ; il est favorable au " Grand remplacement " et il le revendique haut et fort. Et que fait le camp d'en face, la " droite-cachemire " et même la droite nationale ? Soit elle rase les murs, soit elle donne elle aussi dans la repentance honteuse, l'auto-flagellation, le mea-culpa, envers nos anciens colonisés, dans l'espoir - totalement utopique ! - de se faire bien voir d'eux. Quant à Emmanuel Macron, il continue à caresser la " diversité " dans le sens du poil. Alors que son rôle est de faire respecter l'ordre républicain, il laisse faire les casseurs car ce rôle de pompier-pyromane - diviser pour régner - lui convient bien. Il est vrai qu'il avait annoncé le couleur (sans jeu de mots facile !) lors de la " Fête de la Musique ", en 2018, en invitant des invertis allogènes à brailler leur mépris de la France au Palais de l'Elysée.

      Bien que la période des vœux soit passée, je m'autorise à en émettre un : je voudrais que la droite nationaliste, conservatrice, souverainiste, etc… bref MA droite, ait enfin le courage de rendre hommage à quelques Français qui furent de beaux soldats et de grands colonisateurs.
      Des hommes qui, par leur volonté, leur audace, leur hardiesse, leur énergie ont permis que des peuplades africaines ne crèvent plus de faim, qu'elles cessent de s'entretuer dans des guerres tribales, ou qu'elles ne soient plus décimées par les maladies tropicales comme la malaria. En fait, comme le Français est souvent ignare en histoire, je vais le faire moi-même. Puisse-t-il se dire fier de la grandeur passée de son pays, et oser sans la moindre honte en revendiquer l'héritage !

      Commençons par celui qui donna son nom à la capitale du Tchad - Fort Lamy - avant qu'elle ne choisisse, en 1973, de s'appeler N'Djamena pour tirer un trait sur sa période coloniale.
      François-Joseph Amédée Lamy : est né le 7 février 1858 à Mougins (06). Il est mort le 22 avril 1900 à Kousseri (Cameroun). Il entre à 10 ans au Prytanée militaire (4) En 1879, il sort de Saint-Cyr avec le grade sous-lieutenant. Il est affecté au 1er Régiment de Tirailleurs Algériens, découvre l'Afrique saharienne et participe à la colonisation de la Tunisie. En 1884, il part pour le Tonkin pour deux ans. De retour à Alger en 1887, il est affecté auprès du général commandant la division d'Alger.
      En 1893, il participe à la " Mission Le Châtelier ", qui étudie la possibilité d'un tracée d'une voie de chemin de fer entre la côte et Brazzaville. À cette occasion, Le Châtelier lui présente Fernand Foureau qui envisage de rallier Alger au Lac Tchad. Il va participer à cette mission qui prendra le nom de " Mission Foureau-Lamy ". Il trouvera la mort lors des combats de Kousseri. En son honneur, Emile Gentil donnera le nom de Lamy à la ville qui deviendra la capitale de Tchad (aujourd'hui N'Djamena).

      Pierre Savorgnan de Brazza : il naît le 26 janvier 1852 à Castel Gandolfo (Italie) et meurt le 14 septembre 1905 à Dakar. D'origine italienne, il vient à Paris et prépare le concours d'entrée à l'École Navale de Brest. Il en sort enseigne de vaisseau et embarque sur la " Jeanne d'Arc " pour l'Algérie.
      Après la guerre de 1870, il est affecté sur la frégate " Vénus " qui fait régulièrement escale au Gabon. En 1874, Brazza remonte deux fois le fleuve Ogooué et propose au gouvernement l'exploration du bassin de l'Ogooué jusqu'à sa source. Il pense alors que le Congo et l'Ogooué ne font qu'un. Cette expédition va durer de 1875 à 1878. La France autorise une deuxième mission, de 1879 à 1882, pour contrer les visées des Belges sur cette région de l'Afrique. Brazza atteint le fleuve Congo en 1880. Il propose au roi Illoy 1er de placer son royaume sous la protection de la France. Le roi accepte et signe un traité d'alliance, permettant ainsi l'établissement d'un comptoir français à Nkuna. Cet endroit deviendra Brazzaville. En 1885, Brazza est nommé commissaire général du Congo français. En 1905, il repart en inspection en Afrique. Mais sa santé décline. Au retour, il est contraint de débarquer à Dakar, atteint par de fortes fièvres. Le 14 septembre 1905, il décède à six heures du soir.

      Fernand Foureau : Il est né le 17 octobre 1850 à Saint-Barbant (87) et décède à Paris le 17 janvier 1914. Explorateur et géographe du Sahara, ses neuf expéditions entre 1888 et 1896, dans le Sud-algérien avaient également pour but d'étudier la possibilité de réaliser une voie de chemin de fer transsaharienne. De 1898 à 1900, avec le commandant Lamy, il entreprend le voyage d'exploration, au départ de l'Algérie vers le Lac Tchad et poursuit depuis le Chari jusqu'à L'Oubangui et le fleuve Congo. Titulaire de la médaille d'or de la Royal Géographical Society de Londres, Commandeur de la Légion d'honneur, médaille coloniale avec agrafe " Mission saharienne ", Commandeur de l'Ordre du Dragon d'Annam, Commandeur de la Couronne de Belgique. Il a été gouverneur de Mayotte et des Comores, puis, de 1908 à1913, gouverneur de la Martinique.

      Émile Gentil : né le 4 avril 1806 à Volmunster (57), mort le 30 mars 1914 à Bordeaux (33).
      Diplômé de l'École Navale, il est chargé d'une mission hydrographique au Gabon entre 1890 et 1892. Il choisi ensuite d'intégrer l'administration coloniale. Une première mission aura pour but de trouver une voie praticable entre le Gabon et le Tchad. Le 27 juillet 1895 débute la remontée du fleuve Congo avec le " Léon Blot ", un petit vapeur démontable. Ce vapeur sera démonté et transporté à travers la forêt tropicale jusqu'au fleuve Oubangui. Le " Léon Blot " remis à flot, il remonte en partie l'Oubangui puis le Kemo, son affluent. Puis, à nouveau démonté le " Léon Blot " arrive enfin au Chari.

      Paul Crampel : né le 17 novembre 1864 à Nancy et décédé le 9 avril 1891 au Dar Kouti (en République Centrafricaine) à l'âge de 27 ans. Après des études à Perigueux puis à Bordeaux, il est engagé comme secrétaire particulier de Savorgnan de Brazza. Il explore le nord du Congo en avril 1889. Brazza le charge ensuite d'explorer le nord du bassin de l'Ogooué (qui prend sa source au Congo puis traverse le Gabon).
      Crampel relèvera plus de 2 000 km d'itinéraires et signera de nombreux traités avec les chefs locaux. En 1890, lui est confié la mission de relier le Congo au Lac Tchad. Le 25 septembre 1890 la mission parvient dans l'Oubangui-Chari, à Bangui, alors la pointe extrême de l'occupation française. Le 9 avril 1891, à l'âge de 27 ans, il est assassiné au Dar Kouti. En 1897, le poste de Gribingui prendra le nom de Fort-Crampel en hommage à l'explorateur disparu.

      Paul-François-Xavier Flatters : né le 16 septembre 1832 à Paris, mort le 16 février 1881 à Bir el-Garama dans le Sahara. Paul Flatters sort de Saint-Cyr en 1853. La France envisage d'établir une ligne de chemin de fer transsaharienne entre l'Algérie et le Niger. La mission d'étude et d'exploration sera confiée au lieutenant-colonel Flatters qui, le 5 mars 1880, part de Ouargla avec 39 hommes. Le manque de vivres et la menace des tribus locales l'obligent à rebrousser chemin. Le chef touareg Ahitarel-ag-Mohamed-Biska refuse le passage d'une troupe armée sur son territoire. C'est un échec, mais Flatters décide de repartir. Le 4 décembre 1880, il se met en marche vers le Sud Saharien avec 93 hommes (dont 7 scientifiques), et 280 animaux : chevaux, chameaux et ânes. Pendant deux mois, la colonne va progresser vers le Hoggar. Mais l'aventure s'arrêtera à Bir el-Garama. La mission est attaquée par les Touaregs Hoggar et Adjer. Tous les Français seront tués. Une vingtaine d'indigènes arrive à regagner Ouargla. En 1903, Fort Flatters est fondé en hommage à l'explorateur.

      Gustave Archambault : né le 20 juillet 1872 à Touvre (16), mort en mai 1899 à Bessou (Haut-Oubangui). Il entre à Saint-Cyr en 1892, d'où il sort sous-lieutenant en 1894. Le 15 septembre 1894, il est affecté au 2ème RIMa à Brest. Quelques mois plus tard, il embarque à Marseille à destination de Majunga, aujourd'hui Mahajanga. Les troupes françaises vont conquérir la grande île : Madagascar.
      Le 21 mai 1895, le " Château Yquem " arrive à Majunga. Une nouvelle vie va débuter pour le jeune sous-lieutenant ; il restera deux années sur l'île. À la fin 1896, la rébellion est quasiment réprimée.
      Rapatriable, Archambault arrive à Marseille le 23 juin 1897. Fin 1897, il est désigné pour l'Afrique Équatoriale avec la " Mission Julien ". Le 16 décembre 1898, il tombe gravement malade, d'une forme sévère de paludisme. Il se remettra de cette première alerte et rejoint la " Mission Julien " à Ouango. De Liranga à Ouango, il y a 1 300 km. Il en fait une moitié avec un petit vapeur et le reste en pirogue. Au cours de ce périple, il rechute et meurt. Durant sa trop courte carrière, il aura fait une magnifique campagne de Madagascar, comme militaire et également comme cartographe.

      Victor-Emmanuel Largeau : né le 11juin 1867 à Irun ; mort le 26 mars 1916 à Verdun. Il est l'un des 42 généraux français morts au combat durant la Première Guerre mondiale. Fils d'un père typographe et explorateur, attiré par les voyages et la découverte du monde, Jean-Victor Largeau séjourne plusieurs fois dans le Sud algérien, dans le cadre d'un projet de chemin de fer transsaharien. En 1886, il est au Fouta-Djalon en 1888, à Tahiti en 1889, en Oubangui en 1891, à Loango en 1894 et enfin au Congo en 1896. Épuisé par tant d'années sous des climats hostiles, il rentre en France pour y mourir peu après son retour. Son fils Victor-Emmanuel Largeau passe son enfance à Magné (79) et fait ses études à Niort. En 1885, il obtient son baccalauréat et malgré ses excellents résultats, il s'engage comme simple soldat au 3ème RIMa de Rochefort. Sergent, il effectue un premier séjour au Sénégal où il participe à sa première campagne. De retour en France, il entre en 1889, à l'École de Saint-Maixent comme élève-officier. Affecté à sa sortie au 1er RIMa de Cherbourg, il repart très vite au Sénégal. Après un bref séjour en France, il se retrouve affecté à la " Mission du Haut Oubangui " en 1894, puis en Côte d'Ivoire où il sera cité lors du siège de Bounoua. En 1895, il est affecté au 4ème RIMa, à Toulon, puis au ministère des Colonies. De 1896 à 1899, il participe à la célèbre " Mission Congo-Nil " qui arrivera à Fachoda avant les Anglais. Un périple de trois années qui se terminera à Djibouti. De retour en France, il fait un passage au ministère des Colonies, se retrouve en garnison à Rochefort, puis à Toulon. Nommé chef de bataillon (commandant) en 1900, il réussit brillamment le Brevet d'État-major. Ses examinateurs trouvent ses connaissances étonnantes. Affecté à l'État-major particulier de l'Armée, il est désigné, en 1900, pour le Sénégal, puis le Chari. Le chef de bataillon Largeau a 35 ans. Il ne le sait pas encore, mais il va créer un nouveau pays, le Tchad, qu'il amènera pratiquement à ses limites actuelles (le Tibesti ne sera réuni au Tchad qu'en 1929). De 1902 à 1915, Largeau effectue quatre séjours dans cette région du monde. Au cours de son troisième séjour (1911-1912), le télégraphe fait son apparition au Tchad.
      Avant lui, un courrier aller-retour vers la métropole prenait 4 à 5 mois. En 1914, Victor-Emmanuel Largeau est nommé général à titre temporaire (5). Malade, il demande son rapatriement en métropole, après trente années de service - dont vingt de campagne en Afrique dans des conditions éprouvantes - mais la Grande Guerre le relance. Il prend le commandement de la 37ème Brigade d'Infanterie en 1916. Les Allemands déclenchent une offensive sur Verdun le 21 février 1916. Le général Victor-Emmanuel Largeau trouve la mort au combat, à Verdun, le 26 mars suivant.

      Voilà huit de nos héros - trop discrets - dont on aura du mal à mettre à bas les statues. Mis à part Pierre Savorgnan de Brazza, je ne sais même pas s'ils ont leur statue quelque part.
      Si je ne craignais pas de lasser mes lecteurs, je pourrais en citer beaucoup d'autres qui ont souffert en Afrique, qui ont FAIT l'Afrique, et qui ne méritent pas le mépris des Africains.

      En conclusion, j'ai envie de dire à ces Noirs hargneux, vindicatifs, manipulés par les islamo-gauchistes, que je peux comprendre leur colère puisqu'on leur apprend dès l'enfance à détester la France, mais je voudrais qu'ils soient cohérents avec eux-mêmes. Si, vraiment, notre pays vous sort par les narines ; si vous le jugez responsable de tous vos malheurs ; s'il est coupable à vos yeux d'avoir été esclavagiste, d'avoir pillé vos richesses, d'avoir retardé votre civilisation, etc. expliquez-moi votre masochisme. Pourquoi rester dans un pays que vous détestez, que vous maudissez, que vous vomissez (et qui, lui, en corollaire, en a assez de vos jérémiades, de vos récriminations, de vos dégradations, de vos insultes et de votre haine) ? Partez ! Barrez-vous ! Foutez le camp !
      Quittez ce pays qui, à vous en croire, vous a fait tant de mal. Les Américains ont une formule que les Français devraient adopter : " This country love it or leave it " (6). Les richesses du sous-sol africain sont immenses. Ce continent a énormément besoin de bras et de têtes bien faites. On me dit qu'au nom du " droit des peuples à disposer d'eux-mêmes ", cette tarte-à-la-crème lénifiante inventée et imposée par l'URSS après la guerre, vous ne vouliez plus de nous. Et bien assumez votre désir d'indépendance, sans la France mais également sans les milliards d'€ pillés aux contribuables français qui vous sont versés sans contrepartie au titre de " l'aide au développement ".

      1)- Car la communauté asiatique est très majoritairement désireuse d'intégration et ne manifeste pas de haine à l'égard de notre pays.
      2)- Je pense à ceux de Notre-Dame-des-Landes ou de Sainte-Soline, entre autres.
      3)- Selon Kylian Mbappé qui est moins sensible quand la victime est un Blanc ou une Blanche tué(e) au couteau par un OQTF multirécidiviste.
      4)- Où il obtint le grand prix de géographie au concours général des lycées et collèges.
      5)- Il sera nommé à titre définitif un an plus tard.
      6)- " Ce pays, aimez-le ou quittez-le ! "


RAPPEL D'HISTOIRE
VERITAS N° 165, février 2013
Par Georges Dillinger
DECADENCE SPIRITUELLE
Le meurtre des départements
Français d'Algérie
      
          Il y avait, d'abord, la haine à l'égard des Européens d'Algérie. Il ignorait à peu près tout des réalités sociologiques algériennes, bien qu'il ait résidé à Alger, en particulier à partir de mai 1943. Son orgueil, la hauteur à laquelle il se plaçait, le mépris qu'il éprouvait pour tout ce qui était populaire, expliquent les années passées en Algérie sans en rien connaître en dehors des apparences extérieures.

          Plusieurs faits témoignent de cette méconnaissance. C'est l'erreur qu'il a commise en
          Les raisons profondes liées à la décadence spirituelle de la France contribuent à expliquer l'éclosion de la subversion algérienne et le désastre français final. Mais, dans l'aggravation de cette subversion et dans ce désastre final, Charles De Gaulle a eu un rôle déterminant et, vivant ou mort, il endosse une responsabilité personnelle considérable.

          Il est intéressant de revenir sur les motivations de ce politicien dont les actes ont pour l'Algérie et pour la France une portée historique plus vivante que jamais. On ne saurait créditer totalement De Gaulle lui-même de son idéologie anticoloniale, anti Algérie Française, qui a sous-tendu son cheminement tortueux et contradictoire..
          En fait, il puisait ses idées dans l'idéologie des chrétiens progressistes en général, et du journal " Le Monde " en particulier, complice de fait des communistes, dans cette affaire comme dans tant d'autres. Dans le meurtre de l'Algérie Française, De Gaulle a eu recours à la duplicité, au mensonge, au parjure, à la plus extrême brutalité et à la plus totale inhumanité, mais, aussi, il a gagné en dictateur absolu, subjuguant des politiciens et des parlementaires lâches et prêts à tous les reniements, qui se sont avérés être des polichinelles entre ses mains.

          En 1958/1959, seul, semble-t-il, Couve de Murville était partisan d'une solution indépendantiste. Quatre ans après, tous les membres du Gouvernement l'ont suivi, " perinde ac cadaver ", dans les décisions génocidaires qui allaient mener à la pire des indépendances.
          Mais, en dehors de l'idéologie anticoloniale ambiante, plusieurs facteurs rendent compte de l'acharnement de Charles De Gaulle à mettre à mort l'Algérie Française à tout prix, à toute vitesse, et dans n'importe quelles conditions.
          Croyant que les Français d'Algérie - hormis quelques profiteurs - pourraient cohabiter avec les Musulmans dans une Algérie placée sous la coupe des terroristes les plus anti-français. Le 8 décembre 1961, il répond à Peyrefitte qui craint un exode massif des Français d'Algérie : " Sur le million de Français de souche, il y a cent mille colons qui profitaient du régime colonial et qui, évidemment, cesseront de pouvoir le faire, mais les autres s'adapteront à la situation nouvelle que créera l'indépendance. L'Algérie nouvelle aura besoin d'eux, et ils auront besoin d'elle".
          Après les exactions ayant affecté des dizaines de milliers de ces Français d'Algérie, depuis le 19 mars en particulier, De Gaulle disait, le 4 juillet 1962, en Conseil des Ministres : " Même si beaucoup continuent à s'en aller, je suis persuadé que la grande majorité d'entre eux retournera en Algérie." A la veille du massacre des Européens à Oran, l'affirmation était tout sauf prophétique. Le 25 juillet, alors que les spoliations et les exactions se multipliaient en Algérie, De Gaulle affirmait. " Maintenant, I'important va être de persuader la plupart des repliés de rentrer en Algérie ! "

          Quoi qu'il en soit, ces Européens, Français approximatifs, véritable mélange de plusieurs peuples méditerranéens, ne lui inspiraient, à priori, que mépris. De plus, ces Européens avaient été, en leur temps, pétainistes - comme l'avaient été, d'ailleurs, en France les " quarante millions de pétainistes " évoqués dans un titre fameux d'Amouroux. Et, dans l'ensemble, ils avaient osé lui préférer des hommes tel que Giraud et l'avaient fraîchement accueilli en 1943.
          Il est vrai qu'ils avaient préféré des chefs militaires plutôt orientés vers le combat pour libérer la France à un politicien rusé et retors qui ramenait le communisme, qui avivait les divisions entre les Français, et qui était plus préoccupé de s'emparer du pouvoir que de libérer son pays ! Ajoutons à cela que bien des officiers de l'Armée d'Afrique n'ont pas réservé un accueil enthousiaste à De Gaulle car, depuis trois ans, en bien de points de l'Empire ayant échappé à l'occupation allemande, les forces gaullistes avaient fait couler, inutilement, bien du sang français !

          Mais, surtout, le racisme de Charles De Gaulle à l'égard des indigènes d'Algérie était effrayant. Le fait est attesté par d'innombrables citations rapportées par Peyrefitte. Il détestait les hommes en turbans et en djellabas. La perspective devoir plusieurs dizaines de députés arabes d'Algérie à l'Assemblée Nationale était, pour lui, le summum de I'horreur ! Et il envisageait avec la plus extrême répugnance l'éventualité de la multiplication de mariages mixtes entre Français et Algériens musulmans, débouchant sur un véritable métissage... Il est évident qu'avec ses successeurs à la présidence de la Vème République, tels Giscard, Chirac, Sarkozy, et, aujourd'hui, Hollande, le gaullisme a fait du chemin vers... le métissage.

          Dans cette réaction passionnelle, Charles De Gaulle pouvait être d'une mauvaise foi sans limite. Quand, avec Soustelle, il évoquait les mutilations perpétrées par les terroristes FLN en Algérie, il faisait remarquer à son vieux compagnon de route devenu Gouverneur de l'Algérie Française : " Vous voyez bien que ces gens-là ne sont pas des Français, car jamais des Français ne commettraient de telles atrocités ! ".
          Il oubliait tout à la fois les quelques menues violences qu'il avait laissé commettre en France, au moment de l'Epuration. Il oubliait aussi le fait que les musulmans d'Algérie, dans leur ensemble et pendant les 132 ans de présence française, se sont plus souvent conduits en hommes civiques et loyaux qu'en tortionnaires... Encore fallait-il que la France fut forte et juste, impitoyable dès les premières velléités du réveil de la violence.

          Le meilleur moyen d'attiser une violence latente chez ces hommes était - comme l'a fait Charles De Gaulle - la volonté de ne traiter qu'avec les tortionnaires. La réalité de ce dégoût qu'inspiraient les musulmans d'Algérie à De Gaulle n'empêche pas un historien (?) engagé, comme Benjamin Stora, de prétendre que : " L'image de Charles De Gaulle demeure celle d'un décolonisateur attentif au sort des populations du sud, proche de leurs aspirations et de leurs souhaits ".
          Ces hommages confinent au paradoxe s'adressant à Charles De Gaulle. Politicien pleinement responsable de la mort violente de centaines de milliers de musulmans algériens. Il demeure aussi l'homme qui a octroyé leur indépendance aux pays d'Afrique noire pour se débarrasser de ces " nègres ", comme il les appelait et dont il se sentait si distant !

          Quant à la prétention vertueuse d'un Charles De Gaulle voulant faire bénéficier chaque nation de son indépendance, ses déclarations intimes abondent qui démontrent qu'il considérait, en fait les " Algériens " comme incapables d'assumer les devoirs d'Etat. Citons seulement celle du 25 juillet 1962 : " Les Algériens vont s'étriper. Ils ne savent pas faire autre chose. Nous ne pouvons quand même pas recommencer la guerre d'Algérie pour arranger leurs choses... "
          Evoquons pour conclure l'ingratitude dont Charles De Gaulle pouvait faire preuve : Il lui fallait perdre l'Algérie pour démontrer qu'il ne lui devait rien alors que c'est le grand mouvement patriotique de l'Algérie, en mai 1958, habilement exploité par ses comploteurs, qui a acculé la IVème République à faire appel à lui et à lui permettre de reprendre le pouvoir.
          Pour mieux prendre ses distances, par rapport à ceux auxquels il devait le pouvoir, De Gaulle n'hésitait pas à les calomnier : ainsi, le 8 juin 1962, s'exprimant à la télévision, il dénonça le 13 mai 1958 comme " une entreprise d'usurpation venue d'Alger ". Il est dommage que personne ne lui ait posé la question " Quel était le plus grand usurpateur ? "

Georges Dillinger
    


Michel ONFRAY : cours d’histoire …
Envoyé par M. Sanchez

           Je suis sincèrement désolé pour les partisans de Macron auxquels je ne conteste en rien le droit de trouver grâce à leurs yeux, mais un peu d'histoire n'est pas inutile pour ne pas se tromper de combat et ne pas abandonner sa dignité. «Emmanuel Macron a la fâcheuse habitude de se mettre en position de soumission dans des pays étrangers qui furent jadis colonisés par la France.

           En Algérie, où c'est mettre de l'huile sur le feu, mais également en Côte d'Ivoire où il a récemment fait savoir que la colonisation était "une erreur profonde, une faute de la République".

           Or, si l'on veut vraiment examiner le passé de la France, il ne suffira pas de dire que le colonialisme fut "une erreur profonde", ou que Vichy fut "une erreur profonde" ! On va devoir, en effet, reprendre tout de zéro et affirmer aussi que l'assassinat de Louis XVI, Marie-Antoinette et leur enfant de dix ans organisés par les jacobins, a constitué "une erreur profonde de la République ".

           Il faudra également dire que la Terreur, avec ses quarante mille morts, a été "une erreur profonde", que le génocide vendéen, avec ses cent cinquante mille morts, a été "une erreur profonde", que la guerre de 14-18 avec ses dix-huit millions de morts ont été "une erreur profonde".

           Ou bien que les Croisades, avec leurs trois millions de morts, ont été "une erreur profonde, une faute de la République - monarchique...".

           Que les guerres napoléoniennes avec leurs trois millions de morts également, ont été "une erreur profonde, une faute de la République - impériale...".

           On n'en sortira plus car l'Histoire, cher Manu, y compris l'Histoire de France, est faite de bruit et de fureur, de sang et de larmes, de cadavres et de charniers, c'est comme ça depuis le début du monde et ce sera ainsi jusqu'à la disparition des hommes. Ne pas oublier que certes, les Blancs furent de fieffés méchants avec la traite négrière, mais que celle-ci fut inventée par des musulmans. Or, cette traite orientale a duré du VII° siècle, sous Mahomet (voir le Coran) jusqu'à 1920, soit pendant treize siècles, elle a concerné dix-sept millions de Noirs et un grand nombre de Blancs.

           La traite négrière occidentale a commencé au XV° siècle pour se terminer au XIX° - soit pendant quatre siècles, quatre fois moins longtemps.

           Il faudrait éviter de croire que les Arméniens et les Juifs sont les seuls génocidés de l'Histoire. Ce serait oublier que l'empereur mongol Gengis Khan a exterminé un cinquième de la population mondiale au XII°siècle.

           On lui doit, en effet,... quarante millions de morts ! Et Tamerlan, le chef de guerre musulman, dit aussi Timour le Boîteux, qui a tué vingt millions de personnes ? Ses troupes faisaient des pyramides de crânes pour terroriser ses ennemis : 70 000 à Ispahan, 90.000 à Bagdad, 100 000 à Delhi. Sur ses ordres, 400 Arméniens ont été enterrés vivants en Anatolie.

           Et que dire de la conquête des Indes par les musulmans, qui a provoqué le massacre de l'Hindou Kush, soit quatre-vingts millions de morts sur plusieurs siècles ?

           Si l'on veut dire que le colonialisme français a été sanglant, on le peut. Mais, pour faire l'histoire de la guerre d'Algérie et non de l'idéologie, il faut dire aussi que :
           - sur les 150 000 combattants musulmans morts, 12 000 ont été tués par les musulmans eux-mêmes, à cause de leurs luttes internes.
           - 25 000 soldats français sont morts.
           - 70 000 harkis ont disparu, massacrés par leurs coreligionnaires.
           - 6 000 civils européens ont été rayés de la carte. - que les crimes de l'OAS ont engendré 100 morts.

           Or, un demi-siècle plus tard, l'heure n'est pas aux comptages, mais à la paix, surtout pas à l'huile sur le feu versée par un président de la République française qui n'a AUCUNE NOTION DE L' HISTOIRE.
           La repentance est la maladie de l'ignorant qui méconnaît l'Histoire et ne pense qu'en termes de moraline – qui triomphe en fausse morale d'une époque sans morale.

           Le rôle d'un président de la République n'est pas de monter les peuples, les pays et les nations les uns contre les autres.
           Ce n'est pas d'opposer les Gilets jaunes ou les grévistes à une partie des Français, mais de pacifier les mécontents, de les tenir, de les retenir, de les empêcher de se lâcher. Il y a, pour cela, le langage diplomatique qui est l'instrument par excellence.

           Ce jeune homme au sang vif met le feu partout où il passe. À croire qu'il ne cherche que ça, comme le pompier pyromane qui aspire à l'incendie afin de se présenter en soldat du feu dévoué ! (Aucune allusion à Notre-Dame de Paris. NDRL).
           Pourquoi, sinon, demander au rappeur Vegedream qui avait écrit dans l'une de ses chansons :
           "J'vais niquer des mères. J'vais tout casser… Sale pute, va niquer ta race !" … de l'accompagner en Côte d'Ivoire ?
           Un président de la République constitue la délégation qui l'accompagne afin qu'elle soit représentative du pays qu'il incarne : est-ce là le message culturel à faire passer à la Côte d'Ivoire ?

SCANDALEUX !

           Au sein de l'Éducation nationale, la lâcheté se porte bien !
           Il avait été prévu de donner le nom de Samuel Paty à l'établissement scolaire où il enseignait à Conflans-Sainte-Honorine.
           Un buste à son effigie avait été commandé et devait figurer dans la cour du collège.
           Rien de tout cela ne se fera.
           L'établissement ne s'appellera pas Samuel Paty.
           Et le buste dort dans la remise d'un atelier parisien.

           La raison ?
           Les pressions de "certains" parents d'élèves !
           Les Français ont peur des musulmans !

           Ils ont alerté l'inspection académique et sa cellule psychologique a décrété que « mentionner le nom de Samuel Paty serait traumatisant » pour les élèves.
           On assassine Samuel Paty une deuxième fois !
           Ainsi progresse l'islam en France. Il fait pression, porte des abayas et des qamis, et quand le désir lui en vient, il égorge des compatriotes...

           À force de répéter le sempiternel « pas d'amalgame, pas de stigmatisation», l'islam progresse inlassablement en se cachant derrière l'islamisme.
           Les petits et les grands renoncements, comme celui-ci, se transforment peu à peu en grandes victoires de l'ennemi sur notre civilisation.
           Y a-t-il encore des enseignants qui après la décapitation de Samuel Paty oseraient évoquer en classe la liberté d'expression et les caricatures de Mahomet.

           Et pendant que l'Éducation Nationale se couche, le père du tueur a inauguré en Tchétchénie, une gigantesque fresque en hommage à son fils «qui a vengé l'honneur de Mahomet ».
           Il honore son héros, et nous sommes incapables d'honorer le nôtre. J'ai honte pour mon pays !
           Honte à nos lâches dirigeants, ils ne sont pas dignes des postes qu'ils occupent...
Michel Onfray - 13 février 2025

LIVRE D'OR de 1914-1918
des BÔNOIS et ALENTOURS

Par J.C. Stella et J.P. Bartolini


               Tous les morts de 1914-1918 enregistrés sur le Département de Bône méritaient un hommage qui nous avait été demandé et avec Jean Claude Stella nous l'avons mis en oeuvre.

             Jean Claude a effectué toutes les recherches et il a continué jusqu'à son dernier souffle. J'ai crée les pages nécessaires pour les villes ci-dessous, j'ai fait des mises à jour et ajouté d'autres communes, des pages qui seront complétées plus tard par les tous actes d'état civil que nous pourrons obtenir. Jean Claude est décédé, et comme promis je continu son oeuvre à mon rythme.

             Vous, Lecteurs et Amis, vous pouvez nous aider. En effet, vous verrez que quelques fiches sont agrémentées de photos, et si par hasard vous avez des photos de ces morts ou de leurs tombes, nous serions heureux de pouvoir les insérer.

             De même si vous habitez près de Nécropoles où sont enterrés nos morts et si vous avez la possibilité de vous y rendre pour photographier des tombes concernées ou des ossuaires, nous vous en serons très reconnaissant.

             Ce travail fait pour Bône, Guelma, Philippeville, etc. a été fait pour d'autres communes de la région de Bône et de Constantine.

POUR VISITER le "LIVRE D'OR des BÔNOIS de 1914-1918" et du Constantinois
    
CLIQUER sur ces adresses : Pour Bône:
http://www.livredor-bonois.net
Autres Communes

             Le site officiel de l'Etat a été d'une très grande utilité et nous en remercions ceux qui l'entretiennent ainsi que le ministère des Anciens Combattants qui m'a octroyé la licence parce que le site est à but non lucratif et n'est lié à aucun organisme lucratif, seule la mémoire compte :

 
De M. Pierre Jarrige

Chers Amis
Voici les derniers Diaporamas sur les Aéronefs d'Algérie. A vous de les faire connaître.                                              PDF 193

    PDF 194                                              PDF 195

    PDF 195A                                                  PDF 196

    PDF 196A                                                  PDF 197

    PDF 197A                                                  PDF 198

    PDF 199
Pierre Jarrige

Site Web:http://www.aviation-algerie.com/

Mon adresse : jarrige31@orange.fr

Rendez-vous chez le coiffeur
Envoyé par Annie

    – « Combien de temps avant que vous puissiez me couper les cheveux ?

    Le coiffeur jette un coup d’œil : il regarde toutes les personnes qui attendent déjà leur tour et répond :
    – « Faut compter deux heures. »

    Et le gars s’en va. Quelques jours plus tard, le même gars passe sa tête à la porte et demande :
    – « Combien de temps avant que vous puissiez me couper les cheveux ? »

    Là encore, le coiffeur parcourt des yeux son salon qui est encore rempli de clients, et répond :
    – « Pas avant deux heures. »

    Et le gars s’en va. Une semaine plus tard, le même gars passe encore la tête à l’entrée du salon de coiffure avant de poser la sempiternelle question :
    – « Vous pouvez me prendre dans combien de temps ? »

    Le coiffeur répond :
    -« Dans une heure et demie. »

    Et le gars s’en va. Las, le coiffeur s’adresse à l’un de ses amis présents dans le salon et lui dit :
    – « Bernard, tu veux bien suivre le gars qui vient de passer son nez à la porte, et regarde s’il va chez un concurrent… »

    Un peu plus tard, Bernard est de retour dans le salon de coiffure et a du mal à réprimer un fou rire.
    – « Alors » , lui demande le coiffeur, « tu l’as suivi ? Où est-il allé en sortant d’ici ? »

    Et Bernard lui répond:
    – « Chez ta femme "    



Si vous avez des documents ou photos à partager,
n'hésitez-pas à nous les envoyer. D'avance, Merci.

                 EN CLIQUANT. ===> ICI

Notre liberté de penser, de diffuser et d'informer est grandement menacée, et c'est pourquoi je suis obligé de suivre l'exemple de nombre de Webmasters Amis et de diffuser ce petit paragraphe sur mes envois.
« La liberté d'information (FOI) ... est inhérente au droit fondamental à la liberté d'expression, tel qu'il est reconnu par la Résolution 59 de l'Assemblée générale des Nations Unies adoptée en 1946, ainsi que par les Articles 19 et 30 de la Déclaration universelle des droits de l'homme (1948), qui déclarent que le droit fondamental à la liberté d'expression englobe la liberté de « chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit ».
    
Numéro Précédent RETOUR Numéro Suivant