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LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD
se trouve dans la page: La Seybouse,
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Écusson de Bône généreusement offert au site de Bône par M. Bonemaint
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JOLI MOIS DE MAI
Chers Amies, Chers Amis,
C’est le moment ! Le moment de faire ce qu’il nous plait, selon le dicton ! Le mois de mai, ses jours fériés et ses ponts annoncent le retour des beaux jours pour le plaisir de tous… Ce dicton populaire permet de laisser entrevoir un ciel radieux, des journées ensoleillées et la vie en extérieur.
Symbolisant le retour du printemps et des beaux jours, le muguet est synonyme de porte-bonheur, c’est pourquoi je vous offre ce bouquet virtuel.
Alors que nous sortons du mois d’avril de notre calendrier, laissons les bureaux, les soupirs de soulagement accompagnent l’arrivée de ce joli mois de mai. Certains se souviennent, lors des tous premiers rayons de soleil, de leurs vagabondages dans les prairies, les premiers pique-niques commencés avec Pâques, avec des salades agrémentées de petites kémias, des premiers repas champêtres partagés en familles ou avec des amis, les paellas, couscous ou macaronade et le tout terminé avec des mounas ou des casadielles arrosés de rosé Guébar ou Mascara.
Profitons aussi des jours fériés pour partager ces moments de bonheur.
Je vous souhaite un agréable mois de mai, profitez bien des week-ends prolongés et des jours fériés pour vous reposer et vous ressourcer, pour les travailleurs. Quant aux retraités, prenez la vie du bon coté car on ne sait pas quand « Jupitérius » va nous assener son coup de bambou.
" Bône " lecture
Jean Pierre Bartolini
A tchao, Diobône,
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I Have a DREAM.
( J'ai fait un Rêve.)
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" Pense à notre vie humaine,
Qui n'est qu'un faisceau de rêves.
Bonheurs, malheurs,
Tous sont des rêves entre les rêves.
Mais puisque nous vivons un rêve
Pourquoi ne pas jouir du bon temps ?
Que pourrions-nous faire d'autre ?"
Anonyme ( Corée ).
Que je vous conte, ce qui m'est arrivé l'autre nuit, alors que je dormais profondément d'un sommeil du juste. Figurez-vous que j'ai fait un drôle de rêve, qui m'a semblé particulièrement long, mais, surtout émaillé d'une singulière histoire, laquelle, m'amuse et me fait rire encore aujourd'hui.
" Alors que je m'étais sereinement endormi, par une belle nuit d'été dans ce beau village d'Auvergne, un rêve est venu me projeter, sous un ciel obscur dans une nuit bien noire. Pas une étoile ne scintillait dans le ciel et aucun rayon de lune venait éclairer mon environnement. Je marchais à tâtons dans une espèce de brume, sans savoir où mes pas me conduiraient. Au bout d'un moment, qui m'est apparu très long, j'entendis dans le lointain une voix connue qui m'appelait. Je restais figé et ne répondis pas à cet appel et puis, dans la brume qui se levait, j'aperçus, un petit personnage qui se dirigeait vers moi. Mais, au fur et à mesure qu'il s'approchait, tout doucement le soleil se mit à percer les nuages, pour venir inonder de ces doux rayons la nature environnante, qui semblait avoir revêtu tous ces plus beaux habits de l'été. Lorsque ce personnage arriva pas très loin de moi, je reconnus avec bonheur mon cher ami Gégé, qui me fit en riant mille signes d'amitié et il me prit alors par le bras, pour m'entraîner à travers les champs de blé et les chemins creux, qui partaient tout droit vers l'horizon. Un grand silence s'était fait et on causait sans toutefois émettre un seul son de nos voix. Alors, on devait ensemble, se mettre à poursuivre des papillons multicolores, qui s'évaporaient à notre contact, sans oublier de cueillir de belles fleurs des champs, qui sentaient bon tant qu'elles pouvaient. Combien dura ce périple ? Je ne le sais pas, mais il devait se poursuivre un bon moment où, nous nous sommes bien amusés."
" Nous voguions joyeux, sur un chemin tortueux depuis un bon moment déjà, mais, à un détour, une belle bâtisse toute blanche attira nos regards et Gégé me fit signe de la main, pour me faire comprendre, qu'il désirait aller voir à quoi elle servait. Sitôt arrivé, nous fûmes accueillis, par une immense porte de bois massif qui était close, mais, que Gégé a ouvert, par un violent coup de pied. Prudemment, nous sommes alors rentrés en catimini dans la bâtisse où, il régnait un certain clair-obscur, mais, où, l'on apercevait ça et là, des nombreux petits coins de lumière vive, qui, se reflétaient sur tous les murs, en faisant briller une multitude de bouteilles, contenant peut-être ? un précieux élixir = c'était effectivement du vin de toutes les couleurs, qui, était bien rangé en rangs d'oignons et sur les points très éclairés, on pouvait voir des petites tables où, de nombreux verres étaient disposés et semblaient tendre les bras aux visiteurs. Je regardais Gégé, qui semblait fasciné par ce fabuleux paysage, mais, de temps à autre, je le voyais lever la tête vers le ciel, pour observer je ne sais quoi. Au bout d'un moment, n'y tenant plus, je me saisis d'une superbe bouteille de vin blanc que je bus cul sec.
Pendant ce temps, Gégé qui continuaient à observer le ciel, ne me suivant pas au cours de mes dégustations et lorsque je lui faisais signe de faire comme moi, il tendait alors son bras, en dirigeant sont index dans ma direction, pour me dire qu'il ne boirait pas de vin, ce qui m'étonna fort, sachant, que, Gégé avait un fol amour pour ce breuvage. Néanmoins on continuait à avancer, au milieu de ce flot de bouteilles, alors arriva un moment ou nous aperçûmes d'autres bouteilles, qui contenaient de nombreuses liqueurs de couleurs alléchantes, que je me mis à déguster sans compter. Gégé toujours avec son doit tendu, me faisait signe qu'il ne me suivrait pas sur ce terrain, ce qui ne manqua pas de me surprendre. Pendant ce temps, Gégé regardait parfois vers le ciel et ne buvait pas, pourtant, nous avions là une sacrée occasion, de nous rincer abondamment le gosier. Au bout d'un moment, je me demandais toujours pourquoi ? il regardait toujours vers le ciel et j'ai voulu l'imiter et que vis-je ? Apparaissant au milieu d'un nuage, le visage sévère de Chantal, qui nous observait et surveillait de près son époux, en lui faisant comprendre, qu'il ne suive pas mon exemple. J'ai alors compris, pourquoi, ce pauvre Gégé était resté à jeun, durant toutes mes libations.
" Soudain ! un violent coup de tonnerre me fit sursauter et tout devait disparaître de ma vue. Je me retrouvais tout seul dans la nuit noire, en me demandant si je n'avais pas rêvé. Ce violent coup de tonnerre m'avait réveillé, fini ce beau rêve avec mon ami très cher Gégé. Chantal aurait pu s'abstenir de nous observer ou, bien, venir en notre compagnie où, Gégé, aurait pu se gargariser abondamment le gosier, sans craindre le courroux de son épouse... Je me suis retrouvé dans mon lit en revivant ce beau rêve et même, en tentant de me rendormir, en espérant poursuivre ce rêve merveilleux, ce qui hélas ! fut loin de se reproduire.
Il y a de beaux et de mauvais rêves, mais, tous sont un don de Dieu, qui parfois nous envoie des spectres bienfaisants, avec lesquels on peut rire et discuter.
Jean-Claude PUGLISI
- de La Calle Bastion de France.
Paroisse de Saint Cyprien de Carthage.
Giens en presqu’île - HYERES ( Var ) le 24 août 2024
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LA MONA
Par M. Paul GOETZINGER
Echo de l'ORANIE N°249
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C’est une belle histoire. Une histoire liée à l'histoire d'Oran et qui a laissé ses marques. Mais, en raison des modifications phoniques et orthographiques, les Oranais pour la plupart l'ignorent, alors qu'ils connaissent les lieux où elle se déroula.
L'action se situe dans la première période de l'occupation espagnole qui débuta en 1505 par la prise de Mers-El-Kébir et ensuite la conquête d'Oran en 1509. Les raisons de ces opérations seraient trop longues à expliquer dans le cadre de notre récit.
C'est une magnifique histoire d'amour qui, comme souvent dans le cas, se termine tristement et même plus :... tragiquement.
A l'époque Oran ne constituait qu'un "Presidio" avec une garnison réduite. Un jeune lieutenant eut besoin d'une domestique pour s'occuper de son foyer. Il n'était pas question d'avoir du personnel civil venant d'Espagne et les autochtones rechignaient à servir un roumi. Il dut se rabattre sur une Mona. Pour expliquer cette appellation il convient de décrire le site environnant Oran.
La barrière montagneuse du Murdjadjo qui sépare la mer de la dépression de la Grande Sebkha, vestige de l'ancien "Golfe Sahélien", s'étend depuis M'Sila à 591 m, jusqu'au piton rocheux de 360 m qui chapeaute, ou plutôt qui chapeautait, le massif conique de l'Aïdour séparant la baie d'Oran de la rade de Mers-El-Kébir.
L'action humaine a quelque peu modifié l'aspect final de la chaîne. D'abord la construction du fort sur le piton de l'Aïdour qui a perdu son nom pour celui de Santa-Cruz, ne laissant son origine qu'aux merveilleuses grottes qui se trouvent à ses pieds. Ensuite la faille qui sépare le fort de la Meseta, plus connue sous le nom de "Plateau du Marabout".
Cette faille, que d'aucuns appelaient "Le Col" fut exécutée au début des années 1770 sous les ordres du colonel Hontabat, commandant les ingénieurs du Génie espagnol, afin d'arrêter les attaques incessantes du fort par les troupes ennemies voulant chasser les espagnols du territoire. C'est une réalisation colossale que beaucoup d'Oranais ignorent tant on a de peine à l'imaginer.
A l'époque qui nous concerne ce relief était quasiment dépourvu de végétation à part quelques touffes de broussailles sortant des éboulis de rochers. Pour l'occupant espagnol il n'était pas sans similitude avec le rocher de Gibraltar. Pourtant des groupes humains offrant une ressemblance avec le caractère de vie gitan, mais de confession islamique, s'y maintenaient.
Compte tenu du rapprochement avec Gibraltar les Espagnols eurent vite fait d'appeler ces populations "les Monos et les Monas" en comparaison avec les singes de race "Guenons" qui vivent sur le rocher du Détroit. Entre parenthèses, par quels détours ce qualificatif de guenon est arrivé à être donné, en français à la femelle du singe ? La question reste posée.
Ainsi notre officier eut à son service une Mona. Apparemment elle dut lui donner entièrement satisfaction en tout et pour tout car il en eut un enfant.
Ce fait dû rester plus ou moins secret et ce n'est qu'au second enfant que le scandale éclata. Cela se sut dans les sphères dirigeantes de la très catholique Espagne. Comment! un de ses sujets en concubinage avec une musulmane et en sus, de la plus basse espèce. Inadmissible en pleine Inquisition.
La réaction ne se fit pas attendre. Le lieutenant fut sommé de regagner sans délai sa sainte patrie par le premier navire en partance d'Oran, sans préjuger des sanctions à venir.
Le jour où la caravelle emmenant le fautif quittait le bassin à fond de sable à peine protégé par un simple épi d'enrochement, la Mona, un enfant au bras et l'autre tenu par la main, s'enfonça de plus en plus dans la mer jusqu'à noyade des trois malheureux.
Cet événement marqua si profondément les habitants d'Oran qu'ils appelèrent la plage où eut lieu le drame : "La Playa de la Mona".
Entre 1518 et 1534, le marquis de Comares, gouverneur d'Oran, fit élever un fort sur l'éperon rocheux qui domine la plage auquel on donna le nom de "El Castillo de la Mona".
En espagnol toutes les lettres d'un vocable se font sentir dans la prononciation avec plus ou moins de puissance sur les syllabes suivant l'accent tonique, ce qui sous la dictée facilite l'orthographe. Ce qui n'est pas du tout le cas en français. N'est ce pas Monsieur PIVOT ?..
En prononçant le nom donné à la plage et au fort, les Français en estompèrent d'abord le A final de Mona ce qui donna "La Mone", puis avec leur accent que les méditerranéens qualifient de "pointu", le O sec et bref s'adouci et donna "La Moune". Ce n'est que bien plus tard que l'article et le nom furent accolés pour donner en définitif "LAMOUNE", vocable qui n'échappe plus à la mémoire de nos concitoyens connaissant bien le fort LAMOUNE ainsi que le quai du même nom érigé sur la fameuse plage ou se situait la base de la Marine Nationale avant la création du port militaire de Kébir.
Voilà la triste histoire d'amour de la MONA qui est tombée dans l'oubli malgré les traces qu'elle a pu laisser. Il est dit mais, rien n'est prouvé, que la pâtisserie pascale chère aux Oranais "La Mouna", aurait subit partiellement la même transformation dénommée à l'origine La Mona, soi-disant, parce qu'elle figurait le cône de Santa-Cruz avec son semis de sucre concassé représentant la rocaille du site. De plus, au temps où cette spécialité n'était que de confection familiale, on y ajoutait au sommet un oeuf dur simulant le fort pour renforcer la comparaison.
Paul GOETZINGER
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LA MOUNA DE PAQUES
Envoyé par M. J.P. Ferrer
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Alors, ça, je peux vous dire que c’était une institution !
D’abord, les Fêtes de Pâques arrivaient après les Rameaux. Tous les Chrétiens, y le savent. D’autres les fêtaient à l’envers. Quand j’étais petit, j’ai jamais su pourquoi.
Aux Rameaux, comme on était un peu païen et bien gourmand, on n’allait pas à la messe avec une branche d’olivier rien que pour se la faire bénir, mais avec un arbre, oui, carrément un arbre. C’était presque un sapin de Noël ! Il était doré et rempli de bonbons, de poulettes en chocolats, d’oranges confites et même de quelques jouets. Et on entrait avec ça à l’église ! Et, le curé, il nous le bénissait quand même. De toutes façons, si y voulait pas le faire, Sainte-Marcienne, mon église du Télemly, elle restait vide. Ni lui, ni nous, on n’avait honte.
Mais des fois, pendant qu’il nous racontait l’entrée de Jésus à Jérusalem sur un bourricot, nous, on défaisait doucement les papiers qui enveloppaient les chocolats et on les mangeait. Aussi, comme on ne voulait pas que ça se voit, on se dépêchait tellement d’avaler, que Marif, ma sœur, elle est arrivée à la maison la bouche toute colorée de brun et sa belle robe blanche, je te dis pas dans quel état elle était, parce que le chocolat fondait dans ses doigts, elle les suçait et ensuite, elle les essuyait sur la robe…
Enfin, ce n’était jamais point qu’un épiphénomène, car le Dimanche suivant, nous célébrions Pâques.
Pâques est une des plus grandes fêtes pour les Chrétiens et les Juifs, même si elle ne tombe pas le même jour.
Pour nous Chrétiens, en Algérie, il était absolument inconcevable de terminer ce repas de Fête, sans savourer la Mouna. C’est une sorte de grosse brioche recouverte de sucre que les Espagnols ont importée en Algérie et qui est devenue le dessert type de Pâques.
Certains clients de la boulangerie de mon père venaient faire cuire les leurs dans notre four. Certains autres, les amis, utilisaient le fournil comme leur cuisine et pétrissaient ici même leurs gâteaux, avant de les enfourner et d’en surveiller la cuisson
***
-Jean-Pierre, tu arrives, oui ? On est tous dans la voiture, nous …
-J’arrive ; je gonfle le ballon de volley. Je trouve pas mes palmes ; Tu les as prises ?
-Mais non. On n’en pas besoin aujourd’hui. On va passer la journée à la Forêt des Planteurs avec Nanette, Marcel Perez et les Sintes.
-A la forêt ? Y a pas assez de place à Sidi Ferruch, sur la plage ou quoi ? On va même pas se baigner ou aller au vivier manger des moules. Purée !…C’est mieux, pourtant.
On marche sur les passerelles en bois qui tanguent et on voit, dessous, les casiers à moules. Et ça sent bon la mer et l’iode; quand elle s’engouffre, la mer, on entend le cognement sourd des vagues dans le vivier. Et puis, c’est marrant, parce que, le bois, il est mouillé et il faut faire attention de ne pas glisser et se taper un plongeon entre les corbeilles.
Y’en a même qui achètent du vin blanc de La Trappe et ils se le boivent sur place avec les moules toutes fraîches que le marchand a ouvertes devant nous. Tu as vu comme il va vite, et il se coupe même pas. C’est pas comme toi, hein, papa ?
-Et, fiston, tu te réveilles ou quoi ! On est à peine au mois de Mars et tu veux aller à la mer. C’est juste bon pour attraper un bon rhume de cerveau rien qu’en mettant les pieds dans l’eau. C’est pas de notre faute, si Pâques, cette année tombe si tôt. Allez, dépêche-toi, tu sais que j’aime pas être en retard.
-Voilà, je suis prêt !
Je monte à l’arrière de la Juva-Quatre Renault Break, bleu ciel, immatriculée « 1456 AL 24 ». Il y a déjà Marif, ma sœur, et je dois me serrer entre les paquets qu’il y a sur le siège et la vitre qui ne s’ouvre pas. Derrière nous, le coffre est plein. Le porte-bagages est, lui aussi, chargé. Tout est retenu avec une pieuvre élastique multicolore. Mon père vérifie, une fois encore, que tout est bien fixé. Rien ne peut bouger.
-On emmène le truc en fer pour faire la paella, aussi ?
-Oui, AUSSI. Et, attention quand tu mets ton ballon. Sous le torchon noué, il y a une plaque de coca à la frita. Elle est encore toute chaude.
-On passe par où ?
-Comme d’habitude. On va d’abord à Bab-el-oued, rue Montaigne; et on part tous ensemble de chez Nanette. Direction Mahelma, La Forêt des Planteurs.
C’est le lundi de Pâques. On a fermé la boulangerie pour la journée, après avoir mis sur la porte, les volets en bois de couleur crème. La voiture sent encore la farine et l’odeur du pain livré dans la semaine. Il y a un peu de chapelure entre les sièges et sous les tapis de sol.
Il fait beau. Déjà sur la route, d’autres voitures pleines comme des œufs, les portes bagages chargés de cannes à pêche ou de parasols, filent aussi vers les espaces de l’Ouest Algérois: Sidi Ferruch et Zéralda ; Heureusement, il n’est pas trop tard et la route du Frais Vallon, qui serpente jusqu’à l’intersection Bouzaréah-El-Biar, est dégagée. Tiens, ya toujours la pancarte de la laiterie SALVA.
Nous filons tout droit, au croisement, en direction de Staoueli par la Traverse de Chéragas.
-Papa, tu nous fais un petit 80 à l’heure ?
-Il faut faire attention, car aujourd’hui avec la circulation qu’il va y avoir, à Radio-Alger, le speaker a averti qu’on serait surveillé par des verderons, un peu partout!
-C’est quoi des verderons, Manman, demande Marif, c’est des insextes?
-Mais, non; ce sont les gendarmes. Ils se cachent derrière les arbres ou les bosquets près des croisements, dans la verdure. Et, si un conducteur va trop vite ou s’il double une autre voiture quand il ne faut pas, ils sifflent pour nous arrêter et ils nous donnent une amende.
-Ils sont gentils, alors, s’ils vous donnent des amAndes!…
-Mais, non, cette amende-là, elle est tellement chère et lourde, qu’elle te donne une indigestion. C’est un procès.
-Dis, papa, on chante, ou tu nous fais des devinettes?
-Eh bien, c’est une bonne idée. On va chanter: «C’est toi, ma petite folie…»
-Ah! oui: «C’est toi, ma p’tite folie et tu klaxonnes au refrain, c’est ça?»
-Allez, on y va tous:
-C’est toi, ma p’tite folie!
-Tut,Tut! nous accompagne la voiture,
-Toi, ma p’tite folie!
-Tut,Tut!
-Mon p’tit grain de fantaisieeue.., Toi qui bouleverses,
-Tut,Tut!
-Toi qui renverseueueu,
-Tut, Tut-
-Tout ce qui était ma vie…
-Maman, tu chantes faux!
-Mais non, je n’ai pas la même oreille que vous, c’est tout.
Les grands, ils ont toujours des idées, je sais pas où ils vont les chercher. Ca veut dire quoi, qu’elle n’a pas les mêmes oreilles que nous. Je demande à Marif, tout doucement, si nos oreilles, elles sont normales. Ben, oui, quoi! Alors, je soulève la chevelure de ma mère, pour regarder de près les siennes.
-Aïe, tu me fais mal, tu me tires les cheveux!
Qu’est-ce quelle raconte, elles sont comme les nôtres, ses oreilles!
La grande ville est déjà loin derrière nous. Les maisons sur le bord de la route sont plus espacées. Certaines doivent avoir vue sur la mer de la colline, là en haut. Ils ont de la chance ceux-là, pensè-je en silence. Sur les coteaux, les immeubles ont fait place aux oliviers et aux orangers. Je me suis assis en appuyant mes bras croisés sur le dossier de ma mère. Je regarde la route, devant nous, qui traverse la plaine. Déjà, une légère évaporation émane du bitume et fait briller le goudron. C’est drôle, quand on approche et que l’on croit être dans la buée, elle a disparu et s’évapore encore plus loin devant nous.
Je ne reste pas en place et je sens que je commence à impatienter mon père. Je change de position et mets la tête presque dehors. L’air frais me fait du bien. Je respire fort, car je commence à avoir mal au cœur.
On arrive à Chéragas. Là, c’est toujours le même rituel:
On s’arrête à Chéragas pour acheter de la soubressade chez le Charcutier à l’entrée du village. Elle est meilleure ici, tout le monde le sait, paraît-il.
-Papa, on s’arrêtera, après, pour ramasser des feuilles de mûrier ? Tu sais, pour les vers à soie. Ils ne mangent que ça, et je ne sais pas où en trouver à Alger. Celles que j’ai dans la boite en carton, elles deviennent toutes sèches, que les vers, ils auront plus de force pour faire leurs cocons dans les coins de la boite à chaussures…
Je descends de l’auto pour marcher et respirer un peu.
Marcel Pérez, il était déjà là, depuis un petit moment car il avait une Aronde grise, 595 BW 91, alors il allait plus vite que nous. Je vais leur dire bonjour. Je fais la bise à Nanette, petite cousine de Maman, qui est toute contente de passer sa main dans mes cheveux coupés en une brosse très courte. J’embrasse aussi Anne-Marie qui a un an de plus que moi. Tiens! Elle a une copine avec elle aujourd’hui. Je ne l’ai jamais vue, elle.
Marcel, il ressemblait un peu à Clark Gable ou Errol Flynn, car une légère moustache, bien taillée, ornait sa lèvre supérieure. Et, il se déplaçait avec grâce, élégance. Comme un dandy.
On entend de la rue, Raymond Sintes et mon père qui plaisantent avec la charcutière. Raymond avait un short beige kaki et avait enfilé sous ses sandales des mi-bas blancs immaculés.
Maguy, son épouse attendait avec ses deux filles dans leur voiture. Elle était impressionnante Maguy. Elle était aussi grande que ma mère et Nanette étaient petites. Raymond et elle, avaient de grands yeux marron très expressifs et rieurs.
Marcel était Maître de chais, aux Caves Forga, à Bab-el-Oued, avenue Durando, à coté du marchand de vaisselle Cycluna, et Raymond travaillait chez Gras, l’Anisette. Là, je crois qu’avec ces deux pedigrees, on n’aurait sûrement pas soif, dans la journée.
Bon, on reprend les voitures et on se remet en route.
La sortie du village. Une intersection. On stationne sur le bord de la nationale. On tire les branches les plus basses et on arrache quelques rameaux. Derrière les arbres, des vignes à perte de vue…
-Ca y est ; on a fait vite, non?
Dans quelques kilomètres, on y sera; on entre dans la forêt. Il faut aller doucement car la route n’est pas carrossable tout le long. Déjà, d’autres familles ont installé leur matériel de pique-nique et ont délimité leur territoire en répartissant les tables et en séparant relativement bien les chaises pliantes, les unes des autres.
Nous roulons toujours; la Juva grince à chaque bosse, et nous faisons semblant de sauter avec elle.
Il nous faut atteindre la clairière, au fond. Les papas stationnent leurs voitures en arc de cercle.
Nous descendons et commençons à courir. Les pins, les eucalyptus embaument. «C’est bon pour les bronches!», qu’elle dit ma mère.
Le ciel est pur et le soleil commence à chauffer.
-Oh! , les gosses où allez-vous? Venez nous aider à sortir les affaires
-Pfff, Ils peuvent pas nous laisser tranquilles!
De mauvaise grâce, nous retournons vers les automobiles et nous descendons des chaises pliantes métalliques vert pâle, très lourdes, la table assortie, les caisses avec les assiettes et les couverts…
-Tu ne crois pas que tu vas pouvoir sortir la lessiveuse recouverte d’un sac de jute, tout seul?
-Pourquoi pas, papa, qu’est ce qu’elle a de spécial?
-Ma parole, tu as la tête vide, ou quoi? Tu es allé acheter, toi-même, tout à l’heure, avant de partir, un pain de glace chez Madame Moulet. C’est notre glacière, voyons! Il y a même des bouteilles qui rafraîchissent dedans!
-Purée, c’est vrai! Mais on n’a pas pris de l’eau!
-Tiens la bonbonne, celle recouverte d’osier avec les deux poignées, vous allez à la Maison du Garde Forestier. Il y a un puits juste à coté avec une roue en fer. Vous tournez chacun votre tour et l’eau sort toute fraîche du tuyau. Allez, les enfants! Accompagnez Jean–Pierre! Et ne vous trempez pas!…
Nous partons en chantant et en file indienne. Je suis le seul garçon. Je boude un peu. Je m’approche, à pas de loup, d’Anne-Marie pour lui faire des chatouilles dans le cou avec des aiguilles de pin. Elle écarte de la main l’insecte, qu’elle pense avoir sur la peau. Je recommence. Là, elle m’a vu et part en courant avec sa copine et en fredonnant une chanson de Johnny Hallyday, à la mode, en ce moment : « …de t’aiméé-er follement, mon amour, de t’aimé-er follement.. »
Pendant ce temps, les hommes ont attaché une corde entre deux arbres pour jouer au volley ou au badmington. Ils ont aussi tendu une bâche, nouée aux quatre coins, aux troncs des pins, au-dessus des tables que les femmes ont alignées pour n’en faire qu’une seule. Nous aurons ainsi de l’ombre en mangeant.
Un peu à l’écart, loin des arbres et des voitures, mon père et Marcel ont installé le « fourneau » pour faire la Paella. Fourneau ! Tu parles ! Un cercle en fer et quatre pieds. Raymond est allé dans les sous bois ramasser des branches bien sèches, pour faire lancer le feu.
-José, oh, José ! Tu n’as pas oublié les mounas, au moins ?
-Mais, bien sur que non ; Olga m’en a même fait faire avec un œuf au milieu ! On a aussi apporté des œufs en chocolats ! On va les cacher, là autour, et quand les gosses reviennent de la source, ils les chercheront.
Et, vous verrez, des mounas comme ça, même à la pâtisserie « La Princière », ils savent pas les faire!
-Raymond ! Ne les mets pas si haut, dans l’arbre, les chocolats, ils n’arriveront jamais, les gosses.
-Aïe, Nanette, comme je t’aime comme ça, avec ton petit short ! s’exclame mon père.
-Dis, toi, répond ma mère, je fais du rentre dedans à Marcel, moi ?
Le feu commence à prendre sous la grande poêle où les femmes font déjà revenir la viande et l’ail. Ca commence à sentir bon quand nous arrivons avec la bonbonne pleine.
-C’était lourd, dites, combien y a de litres là-dedans ? Et, en plus il fallait viser juste, car l’eau, elle coulait fort…Marcel, on fait une partie de volley ; j’ai bien gonflé le ballon en cuir…
-Je vous rappelle, que c’est Pâques, et on a entendu les cloches passer ; Vous devriez chercher ce qu’elles ont caché, là autour …
Marif et Martine se lancent dans les buissons à la recherche des œufs en chocolats légèrement dissimulés. Je pars de mon coté. Nous allons, çà et là, une petite demi-heure en criant de joie et en appelant les parents lorsque nous trouvons la grosse poule ou la cloche garnie d’autres petits œufs en sucre ou enrobés de papier aluminium multicolore. Il y avait même des petites mounas individuelles avec l’œuf au milieu et une petite croix de pâte pour bien le retenir. Anne-Marie et son amie reviennent bredouilles car elles sont allées trop loin, mais toujours en chantant le même air de Johnny. Aussi, les parents nous font un partage équitable de la cueillette. Ainsi, il n’y aura pas de jaloux.
-Y’en n’a plus ? On va jouer au ballon ?
On se répartit de chaque côté de la corde qui sert de filet, nous échangeons quelques balles.
Les femmes en chœur : « Les hommes, allez ramasser du bois, le feu de la paella faiblit. Si ça continue, même les chipolatas en papillote, elles seront crues…Allez, dépêchez-vous !
Purée, va, c’est pas encore aujourd’hui que Marcel, il m’apprendra à smasher !..
J’emboîte le pas des grands et nous pénétrons plus avant dans la forêt en nous égratignant les jambes et les bras. Elle se fait un peu plus dense. Les broussailles plus serrées. Les brindilles craquent sous nos pas. Nous retenons les branches basses pour éviter aux suivants de s’écorcher la figure. Nous franchissons un petit ruisseau en sautant d’une pierre sur l’autre. C’est l’oued Beni-Messous ou Mazafran.
Nous ramassons les branchages tombés à terre et les cassons en deux ou en trois à la longueur d’un avant bras. Il y a encore quelques arbouses rouges, sur le sol, mûres de l’été dernier, d’autres sont complètement sèches, toujours sur leur rameau.
Nous revenons, les bras chargés de nos fagots. Nous sommes obligés de lever la tête pour ne pas la cogner ou de la pencher sur le côté pour voir où nous mettons les pieds. C’est Raymond qui ouvre la marche ; Il raconte des histoires auxquelles je ne comprends rien et qui font rire Marcel et mon père. Il rit lui aussi en se retournant pour voir sur nos visages l’effet de ses blagues. Tout en plaisantant, il avance sans se rendre compte qu’il est au bord du ruisseau. Il veut éviter une tige de ronce épineuse, glisse sur l’herbe humide ; il veut rattraper son équilibre, son pied bute sur un petit rocher à fleur d’eau qu’il n’a pas vu ; il part complètement en avant, fait des moulinets avec ses bras, ne retient plus le bois qu’il transportait et se retrouve assis dans la boue du petit oued, trempé jusqu’à la ceinture. C’est l’éclat de rire général ! Les quolibets fusent !
Raymond se relève en appuyant ses mains sur les pierres qui tapissent le fonds du cours. Il est dans un état ! Son short est mouillé certes, mais ses belles chaussettes blanches sont marron de vase et il dégouline de partout. Sa bonne humeur ne l’a pas quitté pour autant. Il rigole en mimant la réaction de Maguy, son épouse, quand nous serons de retour.
Ce qui ne rate pas. Le pauvre Raymond est la risée de toutes les femmes et des filles. Maguy feint de le réprimander comme un enfant, mais elle finit comme tout le monde en se moquant de lui.
Pendant notre absence, elles n’ont pas chômé les moukhères. La table est mise. L’anisette est prête. Pour la khémia, Nanette a sorti la soubressade, des olives Crespo et un plat de sardines en escabètche. L’odeur d’ail et de vinaigre nous fait saliver.
La plaque de coca est découpée. Les hommes chargent un peu de bois sous la paella qui, elle aussi, dégage un parfum…
Marcel met les chipolatas, bien enveloppée, près de la poêle de riz, au-dessus de la braise.
C’est pas une khémia, c’est un repas complet ! Les petites saucisses cuisent dans le papier sulfurisé ; quand le papier commence à noircir, elles sont à point et, Marcel nous sert. Nous nous jetons dessus comme des voleurs en nous brûlant le bout des doigts. Les grands verres d’anisette, presque transparente pour les enfants, nous désaltèrent. Mon père fait claquer sa langue de plaisir. Raymond raconte ses exploits de plongeurs. Ses chaussettes sèchent, pendues à la corde qui délimite la surface du terrain de volley.
Marcel et ma mère surveillent la paella.
-Dis, Olga, tu as mis du Spigol ? Il a l’air un peu pâle ton riz…
Mon père soulève la toile de jute qui recouvre la lessiveuse-glacière et en sort une bouteille de vin rosé recouverte de petites perles transparentes de fraîcheur. L’escabètche et la coca, avec ce rosé, c’est divin !
Raymond recule sa chaise et va aider Marcel à transporter la paella sur la table. Nous écartons nos verres, resserrons les assiettes, pour faire de la place.
Puis soudain, à l’unisson, les bras se tendent, chacun avec son assiette en métal. Elle est belle, hein, cette poêle de riz? Et, il y a de tout : des crevettes, des moules, des petits boudins à l’oignon, des petits pois, du poulet, de l’échine de porc, des poivrons rouges. Le riz se détache bien et a une belle couleur jaune doré.
Un silence d’appréciation se fait entendre. Le feu de bois lui a donné un goût sublime. Les verres se remplissent, se vident. La bouteille de rosé a rendu l’âme. Monsieur « Cave Forga » débouche un rouge, épais, tannique, mais qui se marie bien avec la paella.
Le soleil, le vin, la joie d’être ensemble nous fait pouffer pour un rien. Raymond entonne : « Boire un petit coup, c’est agréa-ble ! », et tout le monde reprend en chœur. On aurait voulu chanter en canon, qu’on n’aurait pas mieux fait ! Personne n’est au même rythme ce qui nous fait tous marrer.
-Vous croyez qu’avec tout ça, vous allez pouvoir manger la Mouna ?
-Ne te fais pas de soucis ; avec le café, elle va descendre toute seule. Et, puis, de votre vie, je vous l’ai dit, vous n’en avez pas vu une pareille.
-Tu as même pensé au café.
-Oui, il est tout frais et bien chaud dans les bouteilles Thermos.
Mon père se lève, se dirige vers l’arrière de la Juva et revient en tenant à bout de bras une plaque de boulanger recouverte d’un linge propre. Il la tient assez haute pour cacher jusqu’au dernier moment son contenu. D’un coup sec, il retire le torchon.
Un profond silence. Tout le monde se regarde ne sachant que dire.
La mouna, elle était si plate que la calentita aux pois chiches, elle est plus épaisse !
Et tout d’un coup, c’est le fou-rire général, les coups de sifflets, des bourrades, on se moque de José. Raymond, pieds nus, fait une danse du scalp autour de la table. Nanette, court derrière les voitures en serrant les jambes, elle n’en peut plus ! Marcel, qui avait sorti le champagne de la lessiveuse, ne s’en préoccupe plus et laisse échapper la mousse de la bouteille, arrosant Maguy.
-Pouniette, je ne sais pas ce qui s’est passé. Elles étaient toutes comme ça ; elles ont fait tchouffa ! J’en avais fait au moins deux cents. Et bien, vous ne me croirez pas, il ne m’en reste pas une seule …
-Tu les as données aux Petites Sœurs des Pauvres, ou quoi ?…
-Pensez-vous ! Je les ai toutes vendues :
Pour Pâques, c’est normal, j’ai fabriqué des auréoles !…
LA VRAIE RECETTE DE LA MOUNA
(Celle qui en fait des bien gonflées)
1/INGREDIENTS
Farine : 650 gr, Sel: 5 gr , Lait 20 cl,
Levure de bière : 2 petits cubes
Sucre : 200 gr, Beurre : 150 gr
Œufs : 2 plus un jaune pour dorer
Rhum : 1 traguette, Vanille : 1 baton.
Citron : 1 zeste rappé, Orange : 1 zeste rappé.
2/RECETTE
Mettre la farine dans une jatte.
Faire chauffer le lait avec le baton de vanille.
Puis, oter le baton de vanille et ajouter tous les ingrédients en les remuant pour que le sucre fonde, et que la levure se dissolve.
Verser le tout dans la farine progressivement
Pétrir l’ensemble jusqu’à ce que la pâte ne colle plus aux doigts.
Laisser la pâte gonfler en recouvrant la jatte d’un torchon propre, près d’une source de chaleur douce, durant trois bonnes heures.
(Ma grand tante disait qu’il fallait la couvrir d’un pantalon, la braguette face à la pâte !)
Quand la pâte a bien gonflé, façonner( confectionner) des boules , les mettre sur une plaque graissée et laisser encore se reposer 3 heures environ.
Passer le jaune d’œuf au pinceau, couper la tête pas trop profondément, en croix avec des ciseaux. Saupoudrer de sucre en poudre.
Faire cuire à four chaud.
Vérifier l’état d’avancement de la cuisson en enfonçant un petit fil de fer (propre) dans le gâteau.Tant que de la pâte reste présente sur votre aiguille, votre Mouna n’est pas cuite.
Alors, maintenant, allez-y et Bon dessert !!
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ANECDOTE DU PAYS PERDU
ACEP-ENSEMBLE N°287
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ETERNEL BERBERE
Par le Docteur Claude CAUSSIGNAC
Qui aurait pu habiter Constantine sans entendre parler des "Comptoirs Numidiens" ? Enfant, je partais souvent en promenade avec ma mère depuis le faubourg d'El-Kantara, vers le "Chalet des Pins" sur la route de Sidi-Mabrouk et, juste avant la grande boucle du pont Sidi-Rached, j'apercevais cet entrepôt.
"Dis, maman, demandais-je, qu'est-ce que cela veut dire, Numidien ?"
Elle me racontait alors succinctement l'histoire de la Berbérie d'autrefois et les terribles cavaliers qui avaient fait trembler le monde antique. De bonne foi, je m'imaginais alors comme tous les enfants de mon âge, que la flotte française voulant laver l'affront d'un coup d'éventail suite à une nourriture de grain à la France restée impayée, se promenait cherchant fortune, devant Sidi Ferruch.
Quelques soldats y ayant débarqué avaient trouvé un terrible vide, infesté de fièvres vu les marécages, comme l'était alors aussi le littoral français et stérile ; Quelques Maures s'étaient bien manifestés, armés de longs fusils à pierre servant à faire parler la poudre lors des "fantasias". Et la France, bonne âme, s'étant décidée à civiliser la contrée, avait poussé plus avant. C'était la version enseignée à l'école primaire, ce coup d'éventail et le nez de Cléopâtre restant Ies deux mamelles de l'histoire.
Vous comprendrez qu'à dix ou douze ans, je n'aurais su consulter ibn Batouta ni surtout "l'Histoire des Berbères" d'Ibn Khaldoun, ce précurseur de I'historien moderne, ayant rompu délibérément avec les chroniqueurs de la guerre de cent ans. Mais je retins que l'on nous cachait quelque chose, je vis plus tard une pierre gravée représentant un corps de ces fameux cavaliers. Et lorsque devant mes yeux extasiés apparut un jour dans sa steppe sans un arbre, entouré de collines de même matière lui ressemblant étrangement, le Medracen, je m'enquis encore : "Dis, maman, qu'est-ce donc que ce monument ? C'est le tombeau des rois numides", me fut-il répondu. A tort ou à raison, en tous cas fort vraisemblablement. Mais devant l’immensité de ce témoignage bien visible et d'un équilibre parfait, je compris, à douze ans, que dans ce pays avait vécu un grand peuple, que les Berbères actuels étaient ses descendants et que la légitimité de notre présence que l'on essayait par tous les moyens de justifier, c'était l'époque où I'on fêtait son centenaire, était un colosse aux pieds d'argile. Des éloges dithyrambiques sur le rôle civilisateur de la mère patrie, venant au secours des pauvres populations arriérées, fusaient lors de tous les discours.
J'aurais mieux compris que l'on affirme : "Nous sommes les plus forts, il a bien fallu régler leur compte aux pirates barbaresques ou plutôt à leur souvenir et, pour contrer l'hégémonie anglaise en Méditerranée, s'approprier leurs ports. Et dans la lancée, si le pays en vaut la peine, pourquoi ne pas pousser un peu les Indigènes sans leur faire de mal et quadriller le territoire avec nos paysans pauvres, assurant notre implantation, tels les légionnaires de Timgad, Lambèse et Marcouna ?" Tout en ayant compris que notre situation était précaire, ce pays je me suis mis à l'aimer comme les âmes bien nées aiment le pays de leur enfance.
Et mon âme là-bas est restée. C'est pourquoi, je vous raconterai l'Algérie d'autrefois avec autant de poésie et cela fera mon bonheur.
Maintenant, il faut préciser : tous ces récits vont concerner deux populations bien distinctes, de par le sang sans aucun lien. Celui dont je suis est arrivée de France et des pays chrétiens de Méditerranée, mais elle a fait l'Algérie, de ces Temps. On nous a appelé Pieds-Noirs, par dérision. Ce défi relevé, notre signe de ralliement ne fait plus rire personne, car il leur en cuirait. Vous nous connaîtrez bien assez, étant les héros de I'histoire, le plus souvent.
Les autres, ce sont des Berbères, dans l’immense majorité. Vous pensez pouvoir les situer, sans doute un peu à la légère. Mais des grands traits de leur histoire, peu en ont entendu parler. De leurs croyances encore bien moins. Dans ce pays ils évoluent et ce depuis l'éternité.
Peu souvent, de leur destin, ils ont été les maîtres !
Qui dit histoire dit traces écrites, ou gravées, ou construites. Or le Berbère ne s'écrit pas, tout s'enregistre dans la mémoire de ses enfants. Mais au bout de deux millénaires, Il n'en reste quasiment rien, Ibn Khaldoun lui-même n'a pu que se livrer à des conjonctures incertaines, plus ou moins motivées, dans cette période datant bien sûr d'avant notre ère.
Puis les Romains s'intéressèrent à l'Afrique Mineure, écriture et gravure sur pierre furent alors leur sport préféré. Il était temps ! L’aurore de la grandeur berbère fut donc saisi, à cet instant.... Ce fut son apogée, son printemps.
Si loin que l'on remonte l'horloge des années, le Moghreb, c'est le "couchant" pour les Arabes venus de l'est et poussant jusqu'à l'Atlantique, a été occupé par une race autochtone, à laquelle se sont jointes dans l'antiquité quelques tribus venues de Lybie et qui se sont fondues dans la masse. Carthage certes y avait quelques ports, mais quelques ports seulement, cette population sémite et phénicienne vivant isolée dans ses murs. Dans tout le reste du pays ce n'était que des Berbères, sans une goutte de sang arabe à l'époque, ni de sang noir.
Les Kabyles, les Chaouïas, de I'Aurès, les Rifains, les Chleuhs du Grand Atlas au Maroc, restés isolés dans leurs montagnes, portent témoignage de la race telle qu'elle se présentait alors. Lorsque les Romains se profitèrent à l'horizon, la prospérité était évidente et excitait bien des convoitises. Le miel n'est-ce pas attirant les abeilles. L agriculture bien développée dans le tell, le blé, la vigne et l'olivier étaient florissants, les mines exploitées. Une population nombreuse mais sans excès, cinq à six millions peut-être pour les trois pays d'aujourd'hui, mettait la contrée en valeur. Encore que plus ou moins précisée, l'histoire nous montre à la fin du troisième siècle avant Jésus Christ, deux grands royaumes.
A l'est, les Massyles, peuple petit mais puissant par ses vertus guerrières, Cirta, notre Constantine, juchée sur son rocher, va en devenir la capitale, avec Massinissa, premier roi de la dynastie numide.
- A l'ouest de ce pays, de l'oued el Kebir, c'est le prolongement du Rhumel jusqu'à la mer, un géant au ventre plus mou, étendu jusqu'au Maroc, le pays des Massessyles, gouverné par Syphax. Et la lutte entre les deux frères ennemis va faire le jeu de Rome.
Le premier roi numide digne de ce nom fut donc Massinissa, chef d'un petit royaume voisin du territoire carthaginois. Tite Live, Strabon, Polybe, nous en Font les éloges. Une querelle amoureuse fit sa gloire : Sophonisbe noble et belle Carthaginoise fut donnée à son rival Syphax, puissant roi des Massessyles aux vastes territoires qui pour cette raison qui fut préféré. C'était l'époque des guerres puniques et la lutte entre
Carthage et Rome. L'Afrique se liguait contre cette dernière, Syphax aidant Carthage avec soixante mille guerriers.
Pour la raison indiquée, Massinissa s'allia aux Romains qu'il n'aimait pas, par représailles. Maître de son invincible cavalerie numide, il conquiert Cirta qui devient sa capitale, fait prisonnier Syphax et épouse sur-le-champ Sophonisbe en 203 ayant. J.C. Un an après, avec son aide, Scipion l'Africain vainquit Hannibal à Zama (202 avant J C.).
Sa fidélité apparente aux Romains qui ne cherchaient pas à cette époque à coloniser avec leurs nationaux, lui fit attribuer le royaume de Syphax et il régna ainsi du Maroc à la Tripolitaine, Sous la suzeraineté théorique de Rome qui malgré tout, était bien loin. Excellent guerrier, il n'avait plus rien à conquérir. Alors, il administra son domaine avec sagesse, développa les richesses de son pays pendant ses cinquante années de règne.
Il mourut à 91 ans, son royaume divisé en trois le resta juste le temps nécessaire à Micipsa, son fils, pour se débarrasser de ses frères. C'était la coutume, n'est-ce pas. D'ailleurs, lui-même n'eut guère d'histoire. Sa succession se fit entre ses deux fils Adherbal et Hiempsal et son fils adoptif leur très brillant cousin Jugurtha qu'ils n'avaient donc pu évincer.
Ayant fait assassiner ses deux cousins précités, celui-ci recouvra toute la puissance, mais n'accepta pas comme ses prédécesseurs une quelconque vassalité vis à vis de Rome.
Oh I C'était un jeune souverain turbulent, intelligent, bon guerrier, chef d'une race redoutable. Il osa braver Rome, corrompit des envoyés du Sénat, des magistrats dans cette capitale, y fit assassiner un rival berbère. Se présentant à Rome même, il aurait eu l'audace de la traiter e "ville à vendre". Il n'y a que la vérité qui blesse, c'en était trop.
Le Numide ivre de liberté quoique élégant et affiné par une certaine culture romaine, avant dépassé la mesure. Sept ans durant il soutint la guérilla contre les troupes bien aguerries de Marius envoyé en Afrique pour en avoir raison. Marius avait peu de finesse, mais I'implacabilité d'un dogue. Salluste a raconté la "Guerre de Jugurtha" où ce Berbère courageux et insaisissable ridiculisait les Romains avec insistance. La trahison seule en vint à bout, celle de son beau-père Bocchus 1er de Maurétanie, c'est de la Maurétanie Tingitane, le Maroc du nord moins le Rif dont il est question. Bocchus, déjà deux fois vaincu par Marius, n'a peut-être pas eu le choix. De plus, la carotte après le bâton, s'il se montrait coopératif, les Romains lui rendraient le territoire massessylien enlevé autrefois à Syphax, les trois quarts ouest du Nord de l'Algérie actuelle, la trop turbulente Numidie, le département de Constantine, moins la région Sétif Bougie, relevant désormais de l'occupation directe des légions.
Moyennant quoi Jugurtha livré à Sylla, questeur de Marius, finit sa vie à Rome étranglé dans un cul de basse fosse, le Tullianum, en 104 avant J.C. après avoir orné le triomphe de Marius. Avec lui comme chef, la Berbérie aurait pu avoir un plus glorieux destin. Il n'est que d'écouter Jean Amrouche faire l'éloge de son redoutable aïeul.
- "Son climat de prédilection, celui où il se sent vraiment vivant, c'est le climat de la passion et de la lutte.... de la Bastide - Maghreb)
C'est bien là tout le portrait de cette race de Constantine, là où les femmes sont en noir, robuste et rude, fière aussi et sûre de son destin. Indomptable et le restera toujours si différente dans son comportement, de ses sœurs d'Alger, ou de Tlemcen, la poète, la mystique, la bien-aimée....
Les Vandales mirent fin à la domination romaine. Les Byzantins, Bélisaire, Solomon revinrent en force et rétablirent à l'est en partie la sécurité. L Aurès leur échappa et tout l'ouest du pays où se formèrent des royaumes berbères pratiquement indépendants sinon quelque Vague allégeance....
Puis l’Islam amena son rouleau compresseur. En plaine et dans les villes, sur les Hauts Plateaux aussi, Okba ben Nafé ne laissant derrière lui que des morts et des Musulmans. Quant aux vieux bastions berbères et d'Afrique mineure est surtout faite de montagnes, il s'en écarta prudemment. Dans les lieux convertis "be cjf, avec le sabre, une résistance, profitant de toutes circonstances....
D'après un texte, les Berbères n'apostasièrent-ils pas douze fois en soixante dix ans, au 8ème siècle ? L'implantation en Kabylie n'aura lieu que bien des siècles plus tard !
Si dans leur longue histoire, pressés par des forces extérieures, les Berbères furent successivement ou simultanément, selon les fractions, chrétiens, donatistes, pélagiens, ariens, juifs, idolâtres, kharedjites, chiites, sunnites et j'en passe... ils conservaient immuablement leur foi profonde de toute autre nature. Vous ne le soupçonnez guère ! Je vais vous la résumer. Il vous faudra imaginer, concevoir, essayez de comprendre.
- Imaginez ! Deux âmes animent I'individu - "nefs" I'âme végétative, venant de la mère, féminine. Elle est le siège des émotions, des passions, de ce sur quoi nous avons peu de prise – L’autre, "rruh" l'âme subtile, mâle et venue du Très Haut, siège de la volonté - et tâchant donc de contrôler la première. Libérées à la mort, elles sont plus ou moins dissociées, séparées ou se retrouvant, à leur gré.
- Concevoir ! La religion berbère primordiale repose sur ses morts, les morts de son clan, de sa famille, qui continuent à vivre leur vie quotidienne parmi les vivants et avec lesquels l'association, fructueuse pour certaines circonstances de l'existence est l'évidence même. La fécondité de la terre, des troupeaux, des couples, voici la part réservée où ils jouent le rôle essentiel. Les sacrifices sont offerts aux ancêtres du clan, la viande partagée dans les repas pris en commun au cimetière, la stèle de pierre ou, vers Francis Garnier, de bois découpé, restant le support de "nefs" l'âme végétative qui y est présente. Il n'est pas question de symbolisme, mais de présence réelle.
L'autre âme, "rruh" le souffle qui, lui, voyage et représente la force, la volonté du défunt, revient auprès de "nefs" après la fixation de cette dernière, se perchant dans les arbres au-dessus de la stèle et continuant à assurer la protection de son groupe humain comme avant la mort de son corps. Le petit cimetière qui, à Francis Garnier, a recueilli la koubba de Mama Binnet, avec ses stèles en bois découpé et ses vieux caroubiers tourmentés au-dessus des tombes, impose parfaitement la vision du lieu de repos berbère, selon ces normes.
- Essayer de comprendre : De là la justification des koubbas, enclos maraboutiques, pèlerinages aux tombeaux des ancêtres qui sont la base absolue de la piété berbère. Ces lieux sacrés quadrillent tout le Moghreb à un point ailleurs inconcevable. Tout cela est terre berbère, les cols, les sommets et d'autres lieux même dans la plaine en portent un, ou plusieurs. Souvent un arbre et une roche personnifient, avec ou sans tombeau, la persistance de l'ancêtre protecteur. C'est la loi du paysan du Moghreb. L'arbre ?
Ce n'est pas n'importe lequel. Le plus majestueux : le b'toum, pistachier térébinthe, à Tlemcen, dans l'Ouarsenis, loin de la côte le plus souvent. Le zebbouj, I'olivier sauvage aussi est en faveur. Près du rivage, le caroubler, En Kabylie l'olivier, parfois un frêne ou un chêne vert.
Ils portent des fragments d'étoffes, de vêtements, Ies femmes sont venues là demander à l'ancêtre une descendance mâle, ou la guérison de maux connus d'elles seules. Des bâtonnets d'encens sont brûlés sur les tombes, des bougies allumées, en cire, roses, vertes, effilées au bout et pleurent leur cire à larges gouttes, La diversité des manifestations de la croyance berbère, totalement étrangère à l'Islam, je ne saurais la raconter ici davantage sans vous lasser. Il suffit de savoir que l'on adore défunts, arbres prédestinés, certains rochers, les sources aussi, mais elles sont le symbole de la fécondité demandée, les saisons, moissons, labours, la prêtresse en est la maîtresse du foyer, le chef de famille I'est parfois aussi.... selon les traditions de toujours.
Sur ce culte immuable se superpose en touches légères la religion de l'heure, pourvu qu'elle ne contrarie pas les aspects essentiels du culte familial et qui, pour cela a dû mettre bien de l'eau dans son l'ben.... De petit lait, il est question....
Celle-là ou une autre, après tout, qu'importe, pourrait-on penser. Toutefois, transportée dans le marais de l'émigration, loin des Saints Ancêtres protecteurs, chez les déracinés en somme. on a peine à l’imaginer. C'est une religion de la terre, chez un peuple enraciné. Les Kanouns millénaires règlent la vie plus que le koran ou les livres bibliques, en leur temps. La plus grande arabisation du pays, non pas des Berbères restés purs en leurs croyances, je parle de sang arabe surajouté mais peu mêlé, ce fut le déferlement très progressif : il dura près d'un siècle, des nomades Hilaliens, tribu d'Arabie centrale émigrée en Egypte au 8ème siècle et dont le Fatimide d'Egypte se débarrassa en les expédiant au Moghreb.
Cet apport fut assez massif, un million de ces nomades arrivèrent petit à petit de façon insidieuse dont on voit envahir notre pays, souvent avec la complicité de ceux qui ont autorité.
C'est d'eux que parle Ibn Khaldoun lorsqu'il écrit : "Tout pays conquis par les Arabes est ruiné". La Tunisie envahie la première et fut effectivement et l'Algérie orientale eut le même sort. Des royaumes éphémères ou plus durables se sont partagés le pays, livré, plus souvent qu'à son tour aux famines et aux guerres fratricides. Les épidémies, typhus, malaria, continrent sa population dans des limites étroites. Quelque deux millions pour I'Algérie lors de l'arrivée des Français en 1830...
A dater de cet instant, un choix restait à faire, dont dépendrait la pérennité possible de l'établissement, ou sa destruction à terme : une population doit finir par s'homogénéiser si l'on veux qu'il n'y ait qu'une nation. Sinon, un jour ou l'autre, il y a scission, dans le sang et les larmes....
Ou bien il fallait chercher à assimiler ce million et demi de Berbères, je passe sur les nomades du Sud trop différents. Mais les Berbères sédentaires, les Kabyles en particulier, ressemblent comme des frères à nos montagnards de Provence, de Corse. Leurs mœurs ne sont pas arabes, les femmes berbères point voilées et ont autorité.
La religion, surajoutée à leurs croyances ancestrales qui ne portent ombrage à personne, eh bien ils en ont changé cinq ou six fois au cours de leur histoire, cela n'aurait guère posé problème. Déjà chrétiens pour certains dans les temps d'autrefois, Sainte Monique, Saint Augustin, n'étaient-ils point de purs Berbères ? En toute race, la jeunesse reste ouverte aux avantages offerts par de nouveaux horizons. Egalité en toutes choses, même Ferhat Abbas, né en Petite Kabylie, l'aurait désirée, totale et sincère en un temps....
Ou bien faire ce qui a été fait pendant un siècle : les isoler entre eux, laisser attiser la haine, ne point les mêler aux nôtres, dans les écoles ou bien ailleurs.
Souvenez-vous pourtant Septime Sévère était de Tripolitaine. Dioclétien, dalmate, Trajan andalou. Ils ont fait la gloire de I'Empire. La France s'est bornée à les ré-islamiser ! Payant et multipliant mosquées et imans, elle a fait des Musulmans d'hommes qui ne l'étaient point du fond du cœur, tout à leurs anciennes croyances.... Et laissé s'implanter chez les nouveaux venus, de tous les horizons, avec leur maigre baluchon, ce fameux complexe de supériorité, confisquant au Berbère sa dignité !
Pour la reconquérir, il a voulu l’indépendance....
On a préféré laisser faire, on a vu ce qui s'est passé. Un peu plus tôt un peu plus tard, c'était écrit, on y serait certes arrivé....
Il me fallait vous faire entrevoir le réel à défaut de pouvoir crier la vérité.
Maintenant c'est fait. Ne m'en tenez pas rigueur plus qu'il ne se doit; Car on ne peux construire ni sur l'erreur, ni sur I'illusion. Dans sa très longue histoire toujours le Berbèrem a plié pour laisser passer l'orage puis se redressant, a chassé l’indésirable.
N'oubliez pas ce proverbe qui est le sien : "La main que tu ne peux couper baise là....
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LE MUTILE N° 176-janvier 1921
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MARIEZ-VOUS !
Mariez-vous, mariez-vous !
Honte à tout célibataire !
Il faut repeupler la terre.
Mariez-vous, mariez-vous !
Les yeux des filles sont doux.
De quelques impôts qu'on nous grève.
Nationaux, municipaux.
Ils sont bien lourds, tous ces impôts :
Que ne peut-on y faire grève ?
Mais se montrer bon citoyen
Tout en, faisant qu'on les réduise.
J'en sais un excellent moyen
Que vite je vous préconise :
Mariez-vous, mariez-vous !
O soldats, si l'on vous envoie
Combattre un fond de l'Orient,
Quoique le, ciel eu soit riant.
Vous recevez l'ordre sans joie.
Pour demeurer au coin du feu.
N’est-ce pas chacun le préfère,
O soldats, écoutez un peu ;
Oyez ce que vous devez faire :
Mariez-vous, mariez-vous !
Vous trouverez maigre la cuisine,
Et peu garni le râtelier,
Gens de bureau, gens d’atelier.
Gens de la glèbe et de l'usine :
Travailler plus, travailler mieux
Pour être, payés davantage.
Le jeu, croyez-m’en, est bien vieux ;
Je vous donne un conseil plus sage :
Mariez-vous, mariez-vous !
Trop fortuné célibataire,
Vous avez sans doute besoin
D'une femme qui prenne soin
De former votre caractère ;
Qui, vous tourmentant nuit et jour,
L'intention est méritoire,
Vous fusse faire, par amour.
Ici-bas votre Purgatoire :
Mariez-vous, mariez-vous !
Honte à tout célibataire !
Il faut repeupler la terre :
Mariez-vous, mariez-vous !
Les yeux des filles sont doux.
"Maurice OLIVAINT
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SOUVENIRS
Par M. Michel BONANSIEN
Envoyé par J.C. Stella
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Souvenirs de la vie quotidienne à Bône entre 1905 et 1925

Pendant ces vingt années, j'ai vécu à Bône. Par la suite, j'y ai fait de nombreux séjours, ma famille étant restée fixée dans cette ville. Ne cherchez pas à la localiser sur un atlas moderne. Vous ne la trouverez pas : elle porte maintenant le nom d'Annaba — en arabe : l'endroit planté en jujubiers. Ça fait bucolique, prosaïque mais pas sérieux. Bône était la digne héritière d'Hippone la Royale, son ancêtre romaine. D'une chétive bourgade turque de 3 000 habitants, elle était devenue, en 1962, une cité de plus de 100 000 âmes, ayant fait sa place au soleil dans tous les domaines.
Bâtie dans un cadre naturel harmonieux, elle avait l'allure d'une importante sous-préfecture de France, avec des artères bien dessinées, des bâtiments bien construits et de coquets édifices publics. Elle avait un charme certain : de là son surnom de « Bône la coquette ».
Le chauvinisme n'entrait pour rien dans cette appréciation flatteuse et Dieu sait que les Bônois n'en manquaient pas.
A l'époque de ce récit, être bônois était un titre pénible à porter et à supporter. Dans toute l'Algérie, le natif de la cité avait une réputation peu flatteuse. C'était un « Marius » de deuxième zone. Comme notre marseillais bien typé, il représentait le vantard, l'exubérant plein de gouaille féroce, vulgaire voire grossière. Il parlait un langage où les trivialités agressives le disputaient aux tournures baroquement imagées. Débrouillard en toutes occasions, il était au demeurant bon garçon mais la tête près du bonnet. Chauvin impénitent, il avait la riposte facile ; et s'il fallait se battre, il attaquait le premier. Les poings ne suffisant pas, il portait des coups de tête qu'il prétendait « empoisonnés » et capables de « monter six bosses ». Toujours l'exagération !
Bien entendu tous les Bônois n'étaient pas — tant s'en faut — du gabarit de ces présomptueux « Diocanes » — nom qui les désignait hors de chez eux. Mais la malignité généralisait et englobait tout le monde dans ce portrait caricatural. Par la suite, l'école primaire et l'évolution de la vie gommèrent considérablement cette esquisse et tous les Bônois devinrent des Pieds-Noirs sans profil particulier comme tous les autres.
Je suis né dans le quartier de la place d'Armes. Mon enfance s'y écoula. Pendant des années, j'ai eu le spectacle toujours changeant de cette partie de la « vieille ville »... La place d'Armes était un lieu géographique qui présentait une physionomie propre et qui était habité par un monde particulier, laborieux et oisif, tranquille et remuant et qui vivait plus souvent dans la rue que dans les logis. En foule, les scènes vécues se pressent à la mémoire. Essayons de les faire revivre.
Le réveil
« La illa ill'Allah, Mohamed rassoul Allah!»
Du haut du balcon circulaire du minaret qui se dressait fin, élancé comme un doigt pointé vers la nue encore sombre, le muezzin lançait aux quatre coins de la nuit le premier appel à la prière du matin.
Sa voix rauque, sonore et portant loin, venait marteler les façades et les toits des immeubles qui entouraient, à distance respectueuse, la principale mosquée de Bône. Le calme de cette chaude nuit d'un mois d'août particulièrement éprouvant se trouvait brisé. La moiteur nocturne avait forcé les riverains à tenir larges ouvertes toutes les baies des logis pour pouvoir profiter de la fraîcheur matinale et gagner ainsi un petit repos réparateur. L'homme au minaret venait de déjouer leur projet, d'anéantir leur espoir. Aussitôt, de toutes les fenêtres s'échappait un concert de jurons, de malédictions à l'adresse du profanateur. En maltais, en italien, en pataouète bônois, chacun dans son jargon vouait le perturbateur aux gémonies, le parait de tous les vocables que la grossièreté agressive des peuples méditerranéens a su inventer... Fort de sa situation élevée... et de l'espace qui le séparait de ses insulteurs, le muezzin faisait face et répliquait par les plus cinglantes imprécations en arabe... Habituellement, le duel oratoire durait plus ou moins longtemps selon la hargne des uns et la richesse du vocabulaire des autres. Cette fois-ci, ce fut relativement court et au bout d'un moment, tout retomba dans le calme. Dans le ciel pâlissaient les dernières étoiles ; des terrasses de la mosquée montait un doux chuchotement : les premiers fidèles psalmodiaient les versets du Coran.
C'est ainsi que bien souvent, à la belle saison, s'éveillait le quartier de la place d'Armes. Le jour pointait. Des ombres silencieuses glissaient sous les arcades qui festonnaient la place : travailleurs tôt levés, pêcheurs en espadrilles qui se rendaient à quelque poste privilégié du port, de longs roseaux sur l'épaule et le panier de sparterie en bandoulière.
La vie reprenait lentement; premiers ouverts, les cafés-maures commençaient à s'agiter. Les pensionnaires de la nuit sortaient sur le pas de la porte pour secouer leur natte ou leur burnous tandis que le tenancier remuait les braises de l'âtre avec les petits pots métalliques à longue tige. Aux remugles de dortoirs trop bien garnis se mêlait la forte senteur du café confectionné à la turque. Les clients buvaient le breuvage brûlant à petites gorgées très espacées. La journée ne faisait que commencer, on avait bien le temps de déguster.
Un à un, les becs de gaz qui clignotaient de place en place s'éteignaient. D'une course feutrée et rapide, le préposé à l'extinction allait de l'un à l'autre. Son ombre, surmontée d'une longue perche, s'évanouissait dans les ruelles qui dévalaient de la vieille ville. De loin arrivait un bruit de sonnailles. Il se rapprochait, enflait et, brusquement, de la rue Saint-Augustin apparaissait une masse confuse : les chèvres de Paolo. Comme chaque matin, les biquettes venaient, du fin fond de la « Colonne » (1), à l'extrémité opposée de la cité, livrer leur lait directement aux consommateurs. Au bout d'un moment on voyait déboucher de tous les coins de la place, des femmes, des gamins, mal réveillés, un bol ou une casserole à la main.
D'abord, respectueux du calme environnant, les acheteurs parlaient à voix basse. On échangeait de brèves paroles : « — Combien ? — Dix sous. Plein, il a dit ma mère. » Puis le ton montait, des lazzis fusaient, des contestations naissaient :
« — Ti as apporté l'argent d'hier ? Alors, va le sercher.
— Dis que je suis une voleuse, si tu es un homme ! Que le Bon Dieu i m'enlève la vue des yeux si c'est pas vrai ! Ma parole, les Maltais du Pont-Blanc i sont tous comme ça : des falsos, des salaouetches ! »
Paolo qui entendait tous les jours semblables propos continuait à traire ses bêtes, sans trop relever ce qu'avaient de désobligeant ces sarcasmes surtout ceux visant son état de célibataire endurci :
« — Atso ! C'est vrai que tu vas marier, Paolo ?
— Demande z'y à ta soeur, celle qu'elle est « guitche à l'oeil ! »
Mamelles taries, la gent caprine reprenait le long chemin du retour, à travers toute la ville, guidée par la longue baguette de leur maître et par ses secs claquements de langue.
Petit matin
A quelques pas de là, de la rue Saint-Louis, s'élevait un ahanement régulier suivi de coups sourds. Encore un gagne-petit qui travaillait dès l'aube : c'était le marchand de beignets, de ces beignets tout à fait particuliers, à la pâte à la fois légère, croustillante et cependant lourde d'huile, trop longtemps chauffée au fil des jours. Au fond de la boutique qu'éclairait faiblement une lampe à carbure, un homme, le torse nu, brassait la pâte à grand renfort de ahans énergiques. Un de ses compagnons alimentait une chaudière de petit bois ou de copeaux pendant qu'un autre, installé en tailleur, devant un grand chaudron, plein d'huile, confectionnait et faisait rissoler les délicieuses fritures. D'un geste souple, il façonnait un petit disque de pâte qu'il laissait tomber dans le liquide bouillant. Aussitôt on voyait le palet s'élargir, se boursoufler, prendre une belle et alléchante teinte dorée. Le « ftaïr » était fait. Les clients groupés autour du fourneau, n'attendaient pas qu'il refroidisse. Les yeux fixés sur la masse huileuse bouillonnante, ils savouraient lentement leur friandise, retardant le moment de prendre le chemin du travail. Bien entendu, toute la production n'était pas consommée sur place. Le surplus, placé sur un grand plateau, était vendu dans les rues de la ville par le plus jeune de la famille. Au cri mille fois répété de « Sroun !Sroun » (2) il attirait l'attention des chalands. Chauds ! ces pauvres beignets l'avaient été, mais souvent quelques heures avant. Les affamés, ou les gourmets qui les achetaient n'y regardaient pas de si près.
Matinée
Le jour chassait peu à peu l'ombre qui s'attardait à flâner sous les arcades. Le croissant de cuivre qui surmontait le minaret, recevait le premier rayon de soleil et étincelait. On commençait à discerner l'architecture de la place d'Armes. C'était un rectangle cerné sur trois côtés par des maisons européennes à deux ou trois étages, sans caractère mais toutes à arcades uniformes de hauteur et de dessin.
Leur socle en était de gros blocs de granit bien équarris.
La grande mosquée occupait le quatrième côté et développait une belle façade de conception orientale, toujours avec les mêmes arcades, agrémentées d'arabesques. Eclatant de blancheur, le monument du culte tranchait sur ses voisins qui n'avaient pas dû connaître de ravalement depuis leur édification sous Louis-Philippe. A l'époque du roi-bourgeois, la « place », curieux mélange d'orientalisme et de modernisme, ne devait pas manquer d'un certain charme, surtout qu'une fort belle et imposante fontaine de marbre blanc, à vasques superposées, en ornait le centre. C'était, paraît-il, le duc d'Aumale, en personne, qui en avait posé la première pierre, en 1844. Cette fontaine, premier monument de la ville de Bône, émigra sur une autre place de la cité moderne et fut remplacée par une halle aux poissons, élégante sans doute mais qui faisait injure à son environnement. Au temps de sa construction la place d'Armes était le centre chic de la ville. Les crinolines se mêlaient aux uniformes rutilants de la nouvelle armée d'Afrique lors du déroulement des cérémonies civiles ou militaires. Déjà sept rues y confluaient. Suivant le tracé des anciennes voies maures, elles étaient tortueuses, étroites, mal pavées. Leurs noms rappelaient les premiers chefs de la conquête : princes de sang royal ou capitaines devenus célèbres : Damrémont, Caraman, Fréart. Saint-Augustin et Saint-Louis y étaient associés ainsi que Constantine et Tunis. D'autres venelles, plus lointaines y apportaient leur affluence : Joinville, d'Orléans, d'Armandy, Louis-Philippe. Les rues de la « Béarnaise » et de la « Surprise » devaient porter à la postérité les noms des deux bricks qui avaient transporté en 1832 le petit corps expéditionnaire qui s'était emparé de la Casbah et de la ville, « le plus beau fait d'armes du siècle », d'après le maréchal Soult.
Malgré les ans écoulés, la place d'Armes demeurait toujours le point de convergence des quartiers hauts et bas de la « vieille ville », amenant à toutes les heures de la journée un brassage d'ethnies différentes mais cependant très voisines les unes des autres... La « Marine » fournissait un gros apport italo-maltais de petits pêcheurs, de travailleurs du port. Des hauteurs de l'hôpital militaire — ancienne mosquée — arrivait plus particulièrement la masse des indigènes : descendants des commerçants maures, de turcs, d'arabes. Les juifs venaient des alentours de la rue Damrémont. Quelques vieilles familles françaises habitaient çà et là des demeures bourgeoises. Tout ce petit monde se côtoyait, se parlait, sans trop de heurts mais sans trop s'interpénétrer. En ces années 1900, la cohabitation était chose aisée et établie. Si par moments il y avait quelques petites frictions, algarades ou même empoignades, cela ne tirait pas à conséquence. Et puis, quelle famille normale n'en a jamais connu.
Les heures de la matinée s'égrenaient dans un calme relatif. Les unes après les autres, les boutiques s'ouvraient apportant avec les chalands qui déambulaient et les ménagères, qui s'affairaient, un peu d'animation. Sous les arcades, les cafés succédaient aux bars, aux estaminets, aux cafés-maures. Rares étaient les autres commerces. Le « café de la Bourse », le « bar de Sainte-Hélène », « Chez Marius », « Au bon coin » et leurs semblables disposaient tables et chaises qui laissaient peu de place disponible aux piétons. Sur les marches du terre-plein central, à l'ombre de beaux ficus, quelques petits marchands dressaient leurs éventaires et offraient des friandises, des cacahuètes, des jujubes, des figues de Barbarie ou des pastèques. A un autre bout de la place, quelques bourricots chargés de deux ou trois sacs de charbon de bois attendaient sans impatience qu'un acheteur vienne les délivrer de leur fardeau.
De temps à autre, une voiture de livraison troublait le calme par un grand fracas de roues cerclées d'acier et par un martèlement précipité des fers de son attelage sur les pavés raboteux. A part ça, peu de vie. Tout à coup, quelques consommateurs attablés à l'extérieur sortaient de la torpeur ambiante en voyant apparaître un singulier personnage.
« Voilà Ninette ! Oh Ninette ! »
L'homme interpellé, pieds nus, le regard fixe, la mine farouche s'avançait d'un pas court, rapide, saccadé. II portait un pantalon de couleur indéfinissable, aux jambes roulées au-dessus du genou et qu'une ceinture rouge avait du mal à retenir. Une chemise, largement ouverte, laissait voir une poitrine très velue. Visière rabattue vers l'arrière — comme c'était la mode chez les automobilistes de l'époque — une vieille casquette lui donnait un air encore plus terrible, plus sauvage. De tous côtés, sa présence était saluée par des : « Oh ! Ninette ! Oh ! Ninette, siffle les merles ! » Mais Ninette, cette fois, n'entendait rien, ne voyait rien. II allait droit devant lui, fixant un but invisible. Pourquoi l'appelait-on Ninette ? II aurait été le dernier à pouvoir l'expliquer puisqu'il était muet... ou presque.
C'était un malheureux qui était employé à l'abattoir municipal pour accomplir de petites corvées. Quand il était de bonne humeur, on lui faisait « siffler les merles, les rossignols, les chardonnerets ». Ce pauvre d'esprit, qui n'émettait que de vagues grognements, pouvait imiter les oiseaux à merveille. Cela suffisait pour assurer une petite réputation et attendrir le cœur du petit monde de la place d'Armes. Son passage avait égayé un moment les tire-la-flemme professionnels qui traînaient leur paresse d'un café à l'autre. Des vols de martinets lancés dans de folles poursuites rasaient les façades en poussant des cris d'écoliers rieurs. Du petit kiosque qui surmontait la façade de la mosquée parvenaient les claquements secs des cigogneaux qui saluaient l'arrivée des parents décrivant dans le bleu du ciel de majestueuses rondes avant de regagner le nid familial. Coutumiers du spectacle, les riverains ne levaient même pas la tête pour suivre les évolutions des gracieux oiseaux, note cependant bucolique dans ce vieux quartier.
Après-midi
Une heure de l'après-midi. Inondée de lumière, écrasée de chaleur, la place avait sombré dans la torpeur. Toute vie semblait éteinte : plus de mouvements, plus de bruits. Seule une brise légère et agréable dans la canicule rôdait par les ficus dont les feuilles frémissaient à peine. Les humains avaient déserté les lieux. Cependant quelques formes allongées sur les bancs des cafés-maures ou à même le sol comme terrassées par un profond sommeil indiquaient bien que c'était le moment de la sieste générale. Même là-haut, sur leur fagot de bois, les cigognes se tenaient immobiles, sur une patte, les ciseaux de leur bec largement ouverts. Il n'y avait de bien présent, de bien éveillé que le soleil qui prodiguait généreusement ses rayons, arrivant à rajeunir et embellir ces vieilles façades lépreuses. Mais les meilleures choses ne peuvent durer. Le repos prenant fin, la vie reprenait ses droits. La grande Marie, une énorme corbeille sur la tête, parcourait, à grandes enjambées, la place en criant : « Les cavales ! les beaux cavales tout frais ! » Elle revenait du vieux port, à l'heure où les petits pêcheurs « à la traîne » étaient de retour. Elle revendait le produit de leur pêche dans ce quartier populeux.
Sa voix de stentor allait redonner un nouveau souffle à ce dernier. Tout va aller en s'agitant de plus en plus. — « La Dipiche ! » (« La Dépêche de Constantine ») « La Dipiche I » C'était le cri souvent accompagné d'une nouvelle sensationnelle, que « Resgui », le kabyle dégingandé, jetait à tous les échos. Ponctuel, d'une course égale, à pas déjetés, toujours souriant — quel que soit l'événement, comique, indifférent au tragique qu'il apprenait — ce porteur de journaux devait faire son marathon dans la journée. Il était connu dans tout Bône où, quoique illettré, il était le dépositaire de toute la presse, y compris la métropolitaine. A mesure que le temps s'écoulait, les gens sortaient de plus en plus nombreux quittant l'air suffocant de leur logis ou vaquant à leurs emplettes. D'heure en heure, la foule grossissait ; les cafés s'emplissaient, de nouveaux étalages se dressaient tout autour de la place et même devant la mosquée.
On était à mi-ramadam, période de jeûne chez les musulmans qui dure toute la lunaison. En période estivale, cette purification tenait du supplice. Rester sans boire par quelque trente degrés à l'ombre — parfois quarante les jours de sirocco — devenait une véritable torture. Aussi dans les cafés et dans les gargottes préparait-on les verres de boisson qui étancheraient les soifs sitôt la fin du carême annoncée. Des intempérants — toujours les mêmes — n'attendaient pas cet instant de délivrance. S'ils étaient vus en train de porter un récipient à la bouche, ils étaient aussitôt poursuivis, une meute de gamins hurlant : « la Sidi, cassé le ramadan ! » S'ils avaient l'idée de fuir, toute la marmaille s'accrochait à leurs trousses, vociférant de plus belle. Et voilà un peu de diversion dans le train-train. Mais que se passait-il là-bas, à l'entrée de la rue Damrémont ?
Juché sur une échelle, un grand diable en blouse grise, chapeau de feutre rond, enduisait de colle épaisse un pilier d'arcade. A ses pieds s'attroupait une bande de galopins. Nez en l'air, attendant avec impatience la belle image qu'on allait leur proposer, ils interpellaient l'artiste : « O Benguèche ! O Benguèche I » Ce dernier ne disait mot mais lorsqu'il avait jugé que le nombre de criailleurs était suffisant, il balançait un magistral coup de pinceau ruisselant de colle sur les museaux dressés. Cris, déroute... et rires homériques du nommé Benguèche.
Benguèche était encore un nom de baptême qui ne figurait pas sur son état-civil. Ses fonctions d'afficheur public lui laissaient en ces temps où la folie publicitaire ne faisait pas de ravages, pas mal de loisirs. Il employait ces derniers le plus souvent à arpenter les quais, ce qui lui donnait de temps à autre, le bonheur de repêcher quelque gosse imprudent qui tombait à l'eau en voulant s'emparer d'une « crabe poileuse ». Des récompenses, des médailles avaient sanctionné ces actes de sauvetage... bien que des mauvaises langues aient insinué que certaines victimes n'étaient pas tombées à la mer toute seule. Calomnies sans doute I
Cet intermède achevé, quelques minutes après, du nouveau se présentait à l'autre bout de la place. Un attroupement se formait, s'enflait de badauds accourus de toutes parts. « Ya baroufa I Ya baroufa I »
En effet, au milieu de la masse mouvante, deux individus braillaient, s'injuriaient, maudissaient leur génération et leur race en des termes orduriers, se démenaient comme pour s'exterminer. L'un, un bédouin, en burnous malgré la chaleur, brandissait un impressionnant gourdin. L'autre, un vieil européen, petit, sec, à face tannée et burinée, s'était saisi d'un pan de l'ample vêtement et pirouettait autour du porteur de matraque... « C'est Carloutche ! Vas-y, Carloutche I Donne-z-y bon ! » criaient ses supporters.
Il aurait été bien en peine, le malheureux, de malmener son adversaire, car par cette journée torride, en adepte de Bacchus, il avait fait maintes libations. Pour dire vrai, c'était son état normal. Marin au cabotage, il avait même sur la terre ferme une démarche chaloupée qu'entretenait le gros rouge des estaminets du port. L'histoire disait qu'un jour sa balancelle (3) ayant fait naufrage entre le cap Takouch et le cap de Garde, il avait été le seul survivant de l'équipage. Jugeant qu'il avait trop bu d'eau en une seule fois, il s'était juré de ne plus boire que du vin jusqu'à la fin de ses jours. Jusqu'alors, il avait bien tenu parole, le bougre ! Pour l'instant, il faisait tourner en tous sens son antagoniste qui, déséquilibré, n'arrivait pas à se servir utilement de son arme. La galerie se « régalait » de ce numéro de cirque imprévu et gratuit. « Boulice ! Boulice I » S'annonçant par de stridentes roulades de sifflet, la police arrivait. Deux agents, le chef, gaillard à large carrure, et son subordonné, petit et maigriot, se précipitaient hors d'haleine. — « Entention ! V'la « Grande cigogne » et Mattarèse qui z'arrivent ! Ça va barder ! Y va y avoir de la castagne ! » les deux compères étaient bien connus, exerçant à Bône depuis des lustres. On savait l'esprit offensif du brigadier Roncigogni, nom déformé en « Grande cigogne » par les voyous qui redoutaient son ardeur dans les mêlées. Fendant la foule, sans demander d'explications sur l'origine de la bagarre, distribuant quelques coups de nerf de boeuf, ils séparaient les combattants et les emmenaient au poste. Un peu déçus de la fin trop rapide, à leur gré, de l'algarade, les spectateurs se dispersaient en trouvant tout de même que la pièce s'était terminée dans les formes voulues puisque le dernier mot était resté à la police. En ces temps-là, on respectait les représentants de l'ordre et on trouvait justifiées toutes leurs interventions.
Soirée
Une coulée de lumière dorée débouchait de la rue Neuve-Saint-Augustin et n'illuminait plus qu'un tout petit pan de la place. Les derniers étages des vieilles demeures rutilaient encore, pour quelques moments, sous les derniers rayons du soleil. La circulation devenait de plus en plus intense. Une file de calèches et de breaks ferraillants annonçait l'arrivée du train de Tunis, le dernier de la journée. Les marchands de confiseries orientales établissaient leurs éventaires sous les murs de la mosquée et sur le côté de la place. Sur de longues tables qu'éclaireraient tout à l'heure des lampes à acétylène, s'entassaient des pyramides de makrouds arrosés de sirop ou de miel, des piles de cornes de gazelle farcies de pâtes d'amande ou de noix, des plateaux de baklaouas, de sortes de « merveilles » fragiles, ruisselantes de blondeurs sirupeuses, des entassements de nougats noirs et blancs, de rahat-loukoums, tout un assortiment de friandises bien tentantes. Les gamins s'agglutinaient devant ces richesses qui attiraient pareillement abeilles et guêpes. Les marchands, armés de balayettes de palmier-nain, chassaient les uns et les autres... sans beaucoup de succès. Devant les cafés européens, il y avait aussi un branle-bas de combat. Les marchands de brochettes activaient des feux de braise, enfilaient avec dextérité, sur de petites tiges de roseau bien effilées des quantités de petits morceaux de foie, de cœur de mouton, festonnaient les murs de guirlandes de merguez qui feraient tout à l'heure le régal des buveurs d'anisette.
La place commençait à grouiller de monde. A travers les groupes, brusquement, se faufilait toute une bande d'« oualios »(4) galopant à fond de train, piétinant le sol de leurs pieds nus et criant à tue-tête : « Faille. Faillons (bis). Cachez vous les enfants ! » A coup sûr, c'était la bande de galopins de la rue Louis-Philippe qui était poursuivie par celle de la rue Fréart. Ces courses folles n'allaient pas sans incident : piétons bousculés, éventaires malmenés, bordées de jurons. Les groupes succédaient aux groupes, mêlant, brassant Européens, Arabes, Israélites. L'animation allait augmentant ; les bruits s'amplifiaient, se confondaient en une vaste rumeur. On arrivait à l'heure de l'apéritif. Les cafés s'emplissaient de joyeux lurons qui s'installaient autour des comptoirs, ou aux tables disposées sur les trottoirs et même sur la chaussée. Partout on discutait ferme. Après quelques anisettes bien tassées le ton montait, les propos prenaient autant de piquant que la « kémia » (5) qui circulait généreusement. On s'interpellait d'un guéridon à l'autre ; on hélait les passants. L'air devenait plus dense par les odeurs accumulées : viandes grillées, fritures de poissons, de poivrons, fort relents d'huiles surchauffées pour la préparation des beignets ou des « briks ». Les fumées montaient dans l'air calme du soir formant des volutes de plus en plus épaisses au-dessus de la place.
Fin de carême
Les musulmans — on disait les arabes — se massaient devant la mosquée ou entraient dans l'édifice. Tous attendaient avec l'impatience facile à deviner le signal qui mettrait fin au dur supplice de l'abstinence supporté au long de cette interminable journée du mois d'août. Les gosiers desséchés depuis longtemps souhaitaient vivement la fin de l'épreuve. Tête dressée, la foule regardait d'un œil anxieux en direction du minaret. Dans un moment le muezzin allait apparaître sur le balcon pour annoncer la fin du jeûne. Ici pas de rires, pas d'agitation : les visages étaient tendus. Un cri immense. L'homme de la situation était là. Il déployait un ample pavillon rouge et l'agitait. Aussitôt, un coup de canon, tiré des hauteurs des « Santons » toutes proches roulait ses échos dans tous les recoins de la « vieille ville ».
La délivrance venait de sonner. C'était la ruée vers les cafés, vers les gargottes, les marchands de victuailles. Les prévoyants étaient déjà installés et buvaient à petites gorgées de l'eau ou du café. La liesse était à son comble. Les marchands étaient assiégés, surtout les vendeurs de pâtisseries. On mangeait ces dernières sur place ou on en emportait à la maison. Européens et musulmans étaient au coude à coude devant les éventaires et dégustaient avec le même plaisir les appétissants « zlabias ». Les uns et les autres communiaient dans la gourmandise. C'était une heure heureuse. L'Algérie française en a compté — n'en déplaise à ses détracteurs !
Retour au calme
A l'horloge de la mosquée, il était presque vingt et une heures. Une sonnerie aigrelette appelait les clients à venir suivre les aventures de Rocambole ou celles de Fantomas au cinéma « Sélect »... C'était alors l'unique cinéma de la cité. II occupait le centre de la place, ayant pris la succession de la halle aux poissons. De forme oblongue, il avait un aspect curieux et, somme toute pas désagréable. La salle très vaste comportait trois parties qui marquaient les distinctions sociales. En bas, sur de simples bancs à dossier, s'empilait le menu peuple : « yaouleds », « oualios », pauvres gens de la vieille et de la nouvelle ville. On y achevait son repas du soir en égrenant des cacahuètes ou en décorticant des « loupines » (6) dont on jetait les peaux par terre. L'agent de police, aidé du pompier de service, avait fort à faire pour maintenir l'ordre dans les travées. On criait, on s'insultait, on menaçait... Si le spectacle tardait à commencer, le parterre avait vite fait de s'énerver. C'étaient des battements de pieds cadencés, puis des sifflets de plus en plus nombreux et assourdissants, suivis d'un formidable « Ah ! » de soulagement quand s'éclairait l'écran. A un étage supérieur, sur les sièges non-rembourrés des « secondes » s'installaient les petits commerçants, artisans et employés, tous gens calmes et qui avaient leurs places préférées. Au-dessus d'eux, dans de spacieux fauteuils cannés siégeait l'aristocratie : avocats, médecins, officiers, gros fabriquants et négociants. Enfin les loges étaient réservées à des personnages plus huppés ou mieux argentés.
Les programmes étaient immuablement composés d'actualités Gaumont ou Pathé, d'un documentaire, d'un film de court métrage suivi d'un entracte plus ou moins long. Puis venait le film en épisodes : un comique clôturait la soirée. On partait chez soi en riant des farces de Beaucitron, des mimiques de Prince Rigadin ou des astuces de Max Linder. On sortait bien après minuit. L'agitation de la place allait s'éteindre. Un peu de fraîcheur disposait les badauds à rentrer chez eux. L'air redevenait respirable avec l'achèvement d'une journée bien remplie. A leur tour, les rampes à gaz soulignant la silhouette de la mosquée s'éteignaient, permettant aux couples de cigognes, locataires de l'édifice, de pouvoir prétendre au repos comme les humains.
Michel BONANSIEN
(1) « La Colonne » plus précisément la Colonne Randon, était un faubourg situé au pied de l'Edough, massif montagneux de 1 000 m d'altitude.
(2) Sroun : chaud, en arabe.
(3) balancelle : petit navire à voiles méditerranéen, appelé encore tartane.
(4) « oualios voyous, familièrement, jeunes garçons très délurés.
(5) amuse-gueule.
(6) Appelées ailleurs « tramousses » = graines de lupin.
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Algérie Catholique N°3, mars 1937
Bibliothéque Gallica
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CONSTANTINE
Le Scoutisme Catholique
Le diocèse de Constantine et d'Hippone, dans lequel s'épanouit jadis la gloire de Saint Augustin, voit vivre et prospérer aujourd'hui, toute une phalange de chevaliers des temps modernes, de Chevaliers du Christ-Roi, « les Scouts de France ».
Placée sous la haute direction spirituelle de son Excellence Mgr Thiénard, évêque de Constantine et d'Hippone ; de Mgr Bats, Vicaire général et aumônier diocésain, et de M. l'Abbé Rochet, Aumônier diocésain-adjoint, la Province scoute de Constantine groupe de nombreuses jeunes énergies qui, sous la bannière verte et d'après le Règlement du Quartier général de Paris, veulent vivre leur idéal de franchise, de dévouement et de pureté.
Une vive impulsion fut donnée, dès 1928, par le Commissaire de province actuel, M. Devaud, député de Constantine, qui réunit sous son autorité les quelques troupes alors existantes.
Successivement, les grands centres virent rayonner le scoutisme catholique : Constantine, Bône, Philippeville, Bougie, villes qui comptent actuellement plusieurs groupes chacune. Le mouvement se propagea dans l'intérieur : Djidjelli, Guelma, Batna, Biskra, voulurent avoir leur groupe S.D.F. et elles l'ont : Le Kouif voit se créer sa première troupe. Et les villes de Mila, Saint-Arnaud, Bordj-Bou-Arréridj, le centre de l'Ouenza, n'attendent plus que l'arrivée d'une cheftaine pour sonner le ralliement à leur tour.
Les résultats du recensement annuel furent pour les chefs, une très agréable surprise : la Province est une famille qui compte plus de cinq cent cinquante membres (dont 15 aumôniers, quarante chefs et cheftaines, nommés officiellement). Si nous entrons dans le détail, nous constatons la présence, pour la branche Louvetisme : de 250 louveteaux répartis en 11 meutes, et pour la branche Scoutisme : de 235 scouts groupés en quatorze troupes.
La branche Route, notre espoir, est à ses débuts. Un clan civil à Bône, un clan militaire à Constantine, une patrouille d'aînés à Guelma, sont pleins d'avenir : au total, vingt-cinq routiers.
Et nous envisageons très sérieusement la création du Scoutisme marin à Bône et Philippeville.
La formation des chefs et des cheftaines a une importance capitale, aussi fait-elle l'objet des préoccupations incessantes des dirigeants. Nombreuses sont les réunions de chefs dans les Villes, les causeries religieuses et techniques. Les revues éditées à Paris sont également d'un appui précieux. Enfin, des « Journées provinciales » rassemblent périodiquement les chefs et les cheftaines dans une grande ville de la province, et dans une atmosphère joyeuse, vivante, pieuse et bien fraternelle, sont étudiées en commun les grands problèmes scouts d'actualité et d'utiles directives sont données par les commissaires. Toujours précédées d'une émouvante veillée de prière présidée par Monseigneur Thiénard, ces journées sont extrêmement importantes et tous les comprennent si bien que les rares absences sont réellement motivées. Les distances (parfois cinq cents kilomètres, aller et retour) ne sont même pas un obstacle.
Les « Scouts de France » ont su grouper autour d'eux de nombreuses bonnes volontés. Le mouvement des « Amis des Scouts », lancé officiellement en 1935, est en plein essor et dans chaque centre des Comités se forment pour aider les chefs dans leur tâche aux points si divers. Les parents des Scouts et Louveteaux sont eux-mêmes intéressés directement à la vie des Groupes. Une collaboration effective et plus productive est attendue des groupements de parents actuellement en formation.
La vie des groupes est une progression constante vers l'Idéal chrétien que concrétisent les cinq buts du Scoutisme catholique : les garçons acquièrent de solides disciplines personnelles (1° but : formation du caractère), ils deviennent vigoureux et énergiques (2° but : Santé), adroits, aptes à maints travaux utiles (3° but : Savoir-faire). Ils apprennent à songer aux autres, à se dévouer, à mettre en pratique la grande vertu de charité (4° but : service du prochain). Et surtout, des Scouts de France émane un rayonnement chrétien plus intense (5° but : recherche et service de Dieu).
Et cette vie scoute est toujours joyeuse. Belles sorties de journée, camps, voyages, journées de récollection sont autant d'occasions de louer Dieu et de reconnaître sa Bonté, qui nous a permis d'entrer au sein de la grande et heureuse famille scoute.
Les dirigeants de la province n'estiment pas, cependant, leur tâche achevée. Il faut lutter encore pour avoir des chefs et des cheftaines toujours mieux préparés et en plus grand nombre, des garçons plus nombreux aussi, la qualité étant aussi indispensable que la quantité, pour que les bienfaits du scoutisme soient plus appréciés. Il est nécessaire enfin d'élargir le cercle de nos amis en nous faisant mieux connaître et en nous montrant toujours plus dignes d'estime.
G. P. Commissaire aux Scouts de France.
Les Scouts à la Forêt du Meridj
Le Conseil des Chefs avait décidé que l'on irait au Meridj...
«Onze à douze kilomètres... la rivière des Chiens à traverser... et par les sentiers muletiers... on y est » avait déclaré le Chef Tapir.
C'est pourquoi, dimanche dernier 31 janvier, deux premières patrouilles, après avoir entendu la Messe se mettaient en marche à 7 heures pour établir la piste.
Une heure plus tard, la dernière patrouille quittait le local sac au dos.
Par le Pont de Sidi-Rached, le Chalet des Pins, Sidi-Mabrouk, le Septième kilomètre, on parvient au grand viaduc du chemin de fer et à la Rivière des Chiens, tristement célèbre à l'époque de la Conquête.
Là commence la piste... Il nous faut quitter la route, partir à l'aventure... à travers champs traverser à gué la rivière, prendre d'assaut les pics environnants pour arriver, après une heure de marche à l'entrée de la Forêt.
Halte de dix minutes. Magnifique panorama s'étendant à perte de vue. Les notes lointaines d'une cloche de couvent montent jusqu'à nous, tandis qu'un train serpente dans la vallée...
Nous repartons en chantant dans la forêt encore toute engourdie par la fraîcheur matinale et nous parvenons enfin à l'endroit fixé pour le camp... où les Scouts ont tôt fait de monter leurs tentes et de préparer les feux pour la cuisine.
A midi, un repas succulent réunit toute la troupe autour du chef Giovannangeli C.T. et des chefs Tollemer, Orsini et Levas invités de la 2ème Constantine.
Après une heure de repos, les grands jeux battent leur plein...
Hélas, tout a une fin ! Et à dix-sept heures, les couleurs sont ramenées et le camp levé.
L'on s'en retourne gaiement en chantant, par les bois et par les monts, au pays... des V.P.
LE GRILLON.
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Splendeurs et Parfums Culinaires de Tunisie
La Cuisine Juive de Gustave.
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Recettes
De Gustave Meinier-Nahum
(recueillies et rapportées par Mme Lyne Sardain-Mennella +)
et de Mme Josiane Rachel Guez-Sultan
( Recueillies et rapportées par M. J-C Puglisi )
SOMMAIRE
Quelques recettes tunisiennes typiques
- Prilah.
- M’Louhia.
- Hasbans ( Osbanes ).
- Boulettes à la Tunisienne.
Les cigares au miel, amandes et pistaches :
Ingrédients :
1 douzaine de feuilles de Brick fraîches.
150 g d'amandes émondées.
Extrait d'amandes amères : le 1/3 d'un petit flacon d'extrait.
100 g de pistaches grillées.
100 g de sucre fin.
2 oeufs.
1 sachet de sucre vanillé.
Sirop de miel : 250 g de sucre fin + le jus de ½ citron + écorce d'orange fraîche.
Grains de sésame blanc ou doré ( facultatif ).
Préparer un sirop de Miel :
Mettre dans une petite casserole 250 g de sucre fin.
Ajouter le jus de ½ citron.
Faire fondre le sucre à feu doux 1 à 2'.
Verser de l'eau d'un volume égal à 1/2 petite casserole.
Cuire à feu doux 15 à 20'.
Vérifier la cuisson du sucre avec le pouce et l’index trempés dans le mélange qui doit coller légèrement les 2 doigts.
Les cigares seront plongés dans le sirop de miel chaud.
Préparer la farce aux amandes et pistaches :
Mixer par petite quantité : les amandes / les pistaches.
Incorporer à la pâte : 2 jaunes d' oeuf + 100 g de sucre + 1/2 verre de sirop de Miel + 1/3 de petit flacon d' extrait d' amandes amères.
Bien mélanger.
Former les Cigares :
Couper les feuilles de brick en 2 parties égales.
Poser au bas de la partie courbe de la feuille de brick un petit boudin de farce d'environ : 60 mm de long x 15 à 20 mm de diamètre.
Rabattre les deux parties latérales de la feuille de brick sur chaque extrémité de la farce.
Rouler le cigare de bas en haut / Coller au blanc d' oeuf et réserver dans un plat.
Cuire les Cigares :
Frire les cigares à l'huile d'arachide en évitant de trop les serrer dans la poêle.
Les égoutter sur Sopalin.
Tremper-les immédiatement dans le sirop de miel chaud.
Les saupoudrer de grains de sésame blancs ou dorés ( facultatif ).
Disposer dans un plat à dessert.
N.B : ce dessert est tout simplement - DIVIN ! Merci ma chère Josie.
Autres Salades tunisiennes
de Guy et Reine Sammut :
Salades de fèves, d'aubergines et de poivrons. : ( pour 6 personnes.)
Salade de Fèves :
2 kg de fèves fraîches.
1 c. à s. de vinaigre de vin.
2 c. à s. d' huile d' olive.
1 c. à c. de kamoun.
Écosser les fèves et faites-les cuire 10' dans de l'eau bouillante salée.
Égoutter, passer sous l'eau froide et ôter la peau.
Assaisonner avec huile, vinaigre, kamoun, sel et poivre.
Salade d'Aubergines :
4 aubergines.
1 gousse d' ail.
½ c. à c. de vinaigre de vin.
2 c. à s. d' huile d' olive.
1 pincée de kamoun.
Faites cuire les aubergines 30' au four - th.7 / 210°.
Laisser refroidir.
Couper-les en 2, prélever la chaire et hacher-la grossièrement avec une fourchette et un couteau.
Assaisonner avec huile, vinaigre, ail, kamoun, sel et poivre.
Salade de Poivrons :
5 poivrons rouges.
1 gousse d' ail.
1 c. à c. de vinaigre.
1 c. à c. de jus de citron.
3 c. à s. d' huile d' olive.
Faire cuire les poivrons 20' au four chaud th.9 / 210° jusqu'à ce que la peau commence à noircir.
Ôter du four et laisser refroidir après avoir entouré chaque poivron d'un papier humide.
Ôter la peau et les pépins, et à l'aide d'un couteau, hacher la chair.
Assaisonner avec huile, vinaigre, jus de citron, ail, sel et poivre.
Dessert d'origine tunisienne
de Guy et Reine Sammut.
Manicottis au Citron : beignets tunisiens.
Pour 6 personnes :
120 g de farine.
1 gros oeuf ou 2 petits.
2 c. à c. de maïzena.
150 g de miel.
1 citron. huile de friture.
Préparer la pâte en mélangeant la farine avec les oeufs, rouler en boule et laisser reposer 30'.
Dans une petite casserole, faites fondre le miel avec le jus du citron.
Saupoudrer le plan de travail et la pâte avec un peu de maïzena et étaler-la le plus finement possible.
Plier-la en 2 et étaler-la à nouveau : une fois dépliée, elle sera très fine.
Découper-la sur toute sa longueur en bandes de 1,5 cm. de large.
Faites chauffer l'huile dans un casserole à 160° ( si vous avez un thermomètre).
Enrouler les bandes de pâte autour des doigts de la main et à l'aide d'une pince en bois.
Pincer les extrémités.
Tremper dans la friture en les retournant 1 fois.
Les Manicottis doivent être à peine dorés.
Égoutter sur du papier adsorbant, puis, tremper-les dans le sirop de miel.
Égoutter sur une grille.
N.B :
- Ce dessert peut s'accompagner soit d'un sorbet au citron, soit saupoudré d'amandes effilées ou d'une glace aux amandes.
- Pour réaliser le sorbet au citron :
40 cl de jus de citron / 600 g de sucre fin / 1 litre d' eau.
Porter à ébullition l'eau + le sucre.
laisser refroidir et ajouter le jus de citron.
Faites prendre en sorbetière.
Prilah :
1,5 kg d'épinards frais ou de pavés d'épinards surgelés.
2 beaux oignons.
250 à 300 g de haricots blancs
1 à 1,5 kg de bœuf : macreuse ,et / ou, épaule.
1 bouquet de menthe fraîche. Sel + poivre + cannelle + karouya.
3 Hasbans cuites et déjà préparées, achetées dans une charcuterie spécialisée.
Faire dorer les épinards dans de l'huile d'olive.
Laisser bien réduire et sécher la préparation.
Ajouter 2 à 3 verres d'eau sur les épinards (ne pas les inonder).
Incorporer : les oignons ciselés + les haricots blancs + la viande coupée en dés + la menthe hachée + la cannelle et la karouya + sel et le poivre.
Laisser cuire 2 heures à feux doux, en laissant bien réduire la sauce.
Au dernier moment, plonger les hasbans dans la préparation et poursuivre doucement la cuisson pendant 10'environ.
Servir ce plat accompagné d'un couscous nature à l'huile, et / ou, au beurre.
Présenter sur le couscous les hasbans coupés en tranches.
COMPLEMENT :
( Recettes de Mme Josiane Rachel Guez-Sultan* - Tunis. )
M'Louhia.
Ingrédients :
1 oignon.
50 g de M'Louhia.
5 gousses d' ail. Sel et poivre.
3 feuilles de laurier.
1 à 1,5 kg de viande de bœuf ou d'agneau ou de poulet.
Quelques merguez.
Harissa : 1 c. à c. ou à soupe suivant les goûts.
Préparation :
Faire dorer à l'huile d'olive l'oignon et ail coupés très fin ( l'huile doit couvrir le fond de 1 cm.).
Ajouter la m'Louhia et faire revenir 5' à feu doux sans cesser de tourner.
Mettre la viande coupée en morceaux.
Saler / poivrer / harissa / 3 feuilles de laurier.
Couvrir d' eau au 3/4 du récipient.
Laisser mijoter 3 heures en remuant souvent la préparation.
Ajouter les merguez dégraissées 30' avant la fin de cuisson.
N.B :
- Ce plat est un véritable délice à déguster avec une galette encore chaude.
- M'Louhia = poudre sèche d'épinards sauvages.
Les Hasbans ( Osbanes )
Ingrédients :
1 gros boyau de 50 cm.
1 oignon. Ail.
Persil + Coriandre + Menthe.
250 g de bœuf haché.
Sel et Poivre.
Harissa + Coriandre en poudre + boutons de Rose en poudre.
Cuillérée à soupe d'huile.
Préparation :
Hacher : l'oignon + l'ail et persil + la Coriandre + la Menthe.
Dans un saladier, mélanger : le hachis + 250 g de bœuf haché + Sel et poivre + l'harissa + la coriandre en poudre + les boutons de rose en poudre + 1 cuillérée à soupe d’huile.
Bien mélanger.
Remplir le boyau.
Le plonger dans le bouillon du couscous en ébullition.
Ne pas couvrir.
NB = on trouve des Hasbans dans les commerces juifs de Toulon ( par exemple chez Fénech ).
Boulettes à la tunisienne.
Ingrédients : ( pour 40 boulettes.)
500 g de Bœuf haché.
La croûte de 1 baguette de pain rassis.
1 gros Oignon haché.
2 gousses d'Ail.
1 Oeuf.
1 beau bouquet de Persil.
½ bouquet de Coriandre.
Quelques brins de Menthe.
1 c. à soupe de Rose séchée.
Sel / Poivre / Coriandre en poudre.
Quelques Pommes de terre et Artichauts frais.
Préparation :
Mélanger tous les ingrédients : viande + croûte de pain trempé dans de l'eau et essorée + oeuf + Hachis de persil / coriandre / menthe / oignon / ail + sel + poivre + coriandre en poudre + pétales de Roses
Former des boulettes du volume d'un oeuf.
Réserver au frais.
Éplucher les Pommes de terre et les Artichauts en ne gardant que le cœur.
A l'aide d'un couteau économe former un ruban avec les Pommes de terre / saler.
Couper des cœurs d'Artichaut en 2, s'ils sont petits ou en 4 s’ils sont gros .
Jus de citron + sel.
N.B = les boulettes peuvent se préparer de 3 façons :
- Natures = telles-qu’elles.
- A la pomme de terre = entourées d'un ruban de pommes de terre.
- Aux cœurs d'artichaut = entre 2 quartiers de cœur d'artichauts.
Cuisson des boulettes :
- Tremper les boulettes dans de l’œuf battu / fariner / frire à l'huile d'arachide.
- Disposer les boulettes dans le bouillon du couscous.
- Laisser mijoter un moment.
- Servir avec le couscous.
Jean-Claude PUGLISI.
de La Calle de France
83400 - HYERES.
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Chronique Sportive
Bonjour, 110 du 1er avril 1934 journal satyrique bônois.
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Deux belles journées en perspective
Après avoir témoigné notre très vive satisfaction du dernier succès remporté par notre club doyen et qui le met hors d'atteinte en division d'honneur, manifestons notre plaisir des deux belles journées sportives que nous allons vivre.
Demain, dimanche, l'A.S.B. reçoit l'Avant-Garde de Tunis en un match amical. L'Avant-Garde de Tunis est une équipe excellente et qui a une très bonne réputation. Il y aura certainement du très beau jeu.
Lundi, au stade Garrigues, nous verrons la célèbre équipe tchèque "Sparta" que la J.H.A.C. a fait venir.
L'intérêt de cette seconde journée n'échappera à personne.
Le Sparta est un onze formidable qui a battu les équipes les plus valeureuses d'Europe.
Elle pratique un jeu d'une efficacité redoutable et en même temps, très spectaculaire.
Tous les sportifs bônois, qu'ils soient actifs ou non, voudront voir cela.
Voici la composition des équipes pour le match de lundi :
Sparta : Musil-Rudolf, Novolty, Ochrana, Furdzo, Babak, Dupai, Sovp, Kunz, Fessl, Prudik et Chott.
J.B.A.C : Alonzo, Mohamed ben Ali, Campiglia, Cordina, Bensida, Hamada, Parrigot, Fadi, Moussaopi, Benzegra, Guardamagnia et Colona.
NOTE : Tous les joueurs de la J.B.A.C. ci-dessus dénommés devront se trouver, ce soir, au garage Bugeaud, à 18 heures, présence indispensable
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Scandale Maraîcher
Source Gallica
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ALGER ETUDIANT
N° 21, 19 janvier 1924
Bien que ce ne soit pas coutume
— Signalons pourtant le danger —
Quel pétard font en notre Alger
Les petites et grosses légumes !
Ainsi au marché de la Lyre
C'est un chahut de grand matin
Presque on se croirait chez Potin,
Félix pour ceux qui savent lire !
En fait de valeur horticole
Les plus « vernis» sont les poireaux ;
Ils naissent en sortant du terreau,
Avec le mérite agricole !
Le haricot sec tient la porte
Tout en souriant, tel Rio,
Ne paie jamais son proprio....
Les bruits sourds ? Le vent les emporte !
Cherchez la femme en ce mystère :
La patate de Tarascon
Se fâche et crie parce qu'on
La.. .pèle trop... homme de terre !
Une citrouille de La Mecque
Prétend, en tapant du talon,
N'avoir jamais vu de melon
Coiffer son chef d'une pastèque !
Comme dit certaine crucifère,
Il faut qu'il tombe beaucoup d'eau,
Ça fait baisser le cours des...aulx
Très élevé, ces jours-ci, ma chère !
Pour le bon plaisir de la bouche,
Le poivron doux - très folichon, -
En baisant un beau cornichon
Avoue: les extrêmes se... touchent !
Faut-il parler acrobatie ?
Pomme d'amour, allons, sautez
Dans la cocotte et...mijotez
En sauce… automate.... farcie !
Pour éviter la coqueluche
Et le mal au pied de l'oignon,
Eloignons-nous du compagnon
Qui fait pleurer dès qu'on l'épluche.
Mesdames, si l'on vous propose
La botte… d'asperges au marché
Méfiez-vous des maraîchers....
Je ne vous dis pas autre chose !
M. H.
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Norbert Dugommeau
Envoyé Par Annie
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A la porte du ciel, un type furieux se présente devant saint Pierre.
- Mais bon sang, qu'est-ce que je fais là ? hurle-t-il.
Regardez-moi : j'ai 35 ans, je suis en pleine forme, je ne bois pas, je ne fume pas, hier soir je me couche bien sagement dans mon lit et voilà que je me retrouve au ciel ! C'est certainement une erreur !
- Eh bien ! Ça n'est jamais arrivé, mais enfin je vais vérifier, répond Saint Pierre, troublé. Comment vous appelez-vous ?
- Dugommeau. Norbert Dugommeau.
- Oui... Et quel est votre métier ?
- Garagiste.
- Oui ... Ah, voilà, j'ai votre fiche. Dugommeau Norbert, garagiste ... Eh bien, monsieur Dugommeau, vous êtes mort de vieillesse, c'est tout.
- De vieillesse ? Mais enfin ce n'est pas possible, je n'ai que 35 ans ...
- Ah moi je ne sais pas, monsieur Dugommeau. Mais on a fait le compte de toutes les heures de main d'œuvre que vous avez facturées, et ça donne 123 ans.
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BATATA FLIOU
(Pommes de terre aux aromates)
ACEP-ENSEMBLE N° 287
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INGREDIENTS :
Préparation: 20 minutes - Cuisson : 30 minutes (Pour 6 à 8 personnes) -
Ingrédients :
1,500 kg de pommes de terres
1 verre d'huile
1 cuillère à soupe de poivre rouge
1 pincée de poivre noir, sel
1 tête d'ail
1 paquet de fliou (menthe sauvage)
PREPARATION :
Pilez l'ail et le sel, mettez dans une marmite, ajoutez poivre noir et poivre rouge, huile, un peu d'eau et mettez à cuire.
Entre-temps, épluchez les pommes de terre, lavez-les, coupe-les en rondelles, puis plongez-les dans la sauce.
Ajoutez une quantité d'eau suffisante, débarrassez le fliou des tiges, lavez les feuilles, puis jetez-les sur les pommes de terre.
Vous pouvez ajouter un piment rouge que vous pilez avec l'ail ; vous obtiendrez une sauce légèrement pimentée.
Jacques Gatt
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PHOTOS BÔNE
Envoi d'un PPS de 2010
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HAUT-DAHRA
Pieds -Noirs d'Hier et d'Aujourd'hui - N°198 Juillet-Août 2011
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Ses hommes ( certains), ses villages, ses vins.
Le Massif du Dahra s'inscrit dans I'une des trois grandes régions géographiques qui composent I'Algérie : I'Atlas Tellien. Une bande côtière dont la largeur varie de 15 à 125 km, parfaitement bien délimitée.
- Au nord, par la Méditerranée
- A l'est il s'appuie sur les contreforts du Zaccar (au loin, Miliana)
- Au sud il est bordé par I'immense plaine du Chélif (Orléansville) lequel Chélif constitue sa limite ouest en se jetant dans la Méditerranée, tout près de Mostaganem.
Le massif s'étire, pour sa plus grande partie, dans le département d'Alger, et déborde, dans sa partie occidentale, sur le département d'Oran.
Aujourd'hui c'est plus précisément le Haut-Dahra (côté Oranie) qui requiert notre attention. Haut tout relatif si l'on considère que les trois villages dont je vais tenter d'évoquer le souvenir "culminent" entre 500 et 780 mètres.
Durant la conquête de l'Algérie notamment en 1845 147, le Haut-Dahra fut le théâtre de nombreux affrontements, entre le colonel de Saint-Arnaud et Boumazza un marabout pugnace, venu du Maroc.
Le massif est exposé aux vents d'ouest, sud-ouest, parfois violents qui amènent régulièrement la pluie (l'hiver évidemment). Les vents du nord sont eux porteurs de fraîcheur, quelquefois vive, I'hiver; mais dans l'ensemble, des températures tout à fait supportables, notamment l'été, qui contrastent avec la canicule de la toute proche plaine du Chélif. Une pluviométrie qui oscille moyennement entre 450 et 550 mm, somme toute convenable, si ce n'était son irrégularité chronique (phénomène propre à I'ensemble du pays). Qui a écrit "... 600 mm à Brest sur 280 jours, tombent ici en 40 seulement ..." ? Tout est dit.
Les trois fleurons du Haut-Dahra « Le mot» est de Marcel Florenchie.
Mes amis de Paul-Robert et Renault voudront bien me pardonner de citer Rabelais en premier et d'être plus loquace à son sujet. Cela s'explique par le fait que c'est évidemment mon village natal que je connais le mieux, mais surtout, je suis convaincu que tout ce que j'ai découvert sur Rabelais (à la suite de recherches) : achat de terres aux indigènes, difficultés de tous ordres, balbutiement des premiers colons, orientation vers la vigne et tant d'autres détails sont propres aux trois villages. Par conséquent pourquoi me répéter ? Je vais donc m'attacher à faire ressortir, assez brièvement la singularité, je n'ai pas dit la différence de chacun.
Par contre, quand il s'agira des Vins du Haut-Dahra, ils resteront indissociables, d'autant que c'est tout précisément le sujet que I'on m'a demandé de développer: « ... Parle-nous des meilleurs vins du monde ... » m'a dit quelqu'un qui connaît ses classiques, et à qui je laisse la responsabilité d'un tel compliment.
RABELAIS 1887/89 Aïn-Mérane avant et après - "... en hommage public à l'écrivain (sic)
Pourquoi? Personne n'a jamais pu le dire.
Dès 1845, le général de Saint-Arnaud avait déjà installé, sur cet emplacement qu'il juge stratégique, un dort, dit bordj d'Ain-Mérane qui sera en permanence occupé par des militaires, durant la conquête, et servira, par la suite, de caserne à la gendarmerie locale, depuis la création du centre jusqu'aux années 1950. C'est dire I'importance et la qualité de I'ouvrage.
La présence d'une source (Ain-Mérane) intarissable même l'été, n'est pas étrangère à ce choix.
Par contre, Renault, déjà créé depuis 13 ans, se trouve à 14krn, dans une autre direction. (déjà Dept. Oran) 1800 hectares, sur les 4770 que compte le douar M'Chaia des terres achetées aux indigènes pour la somme de 150.464,44 francs/or- "... des terres pas ou très peu exploitées... leur mise en valeur nécessitera un très sérieux défrichement ..." (archives nationales OM d'Aix-en-Provence).
Le Gouverneur Général de I'époque est M. Tirman (1880-1891).
Le village regroupe initialement "50 feux". 113 demandes d'attribution avaient été déposées, on ne retrouve la trace suivie, même en remontant très haut, que de 47 d'entre elles. D'où viennent ces pionniers ? Les deux Savoie, les deux Alpes, fournissent 70 à 75 % de la population.
Les concessions ! Elles sont à I'origine, de 30 hectares, plus un lot de jardin au village.
Beaucoup trop petites ces attributions : une rallonge de 10 hectares s'imposera en 1916-1918 :
L'agrandissement, un événement qui fera date dans I'histoire du village.
Notons à ce propos, que les indigènes reçoivent à leur grande satisfaction, en indemnisation, une somme de 30 000 francs/or... Journal Officiel, "Le Mobacher" - (archives d'Aix).
Les premières années, les colons s'en tiennent essentiellement aux cultures vivrières qu'ils connaissaient en Métropole : les céréales (principales et secondaires), ne serait-ce que pour assurer le quotidien. Les résultats sont mauvais, très mauvais, catastrophiques.
J'ai sous les yeux, des chiffres communiqués dans un rapport officiel, Rabelais se situe à 42 km d'Orléansville : 80 km de Ténès, Port le plus proche, mais surtout le siège administratif dont dépendra jusqu'à la fin, le nouveau centre.
En date du 8 août 1901, estampillé par la Préfecture d'Alger : ils ne « couvrent » pas la semence ou à peine.
La réaction va venir des jeunes, la seconde génération, elle, s'intéresse à la vigne, mais elle va se heurter à la réticence des pères, eux, marqués par la crise phylloxérique (en Métropole et même en Algérie), par les difficultés à combattre les maladies cryptogamiques, et surtout les souvenirs liés à la mévente des vins (mouvements violents des vignerons dans le midi de la France).
Et pourtant, dans le Haut-Dahra, certains, qui ont noms Maurice Tourrenc, Octave Saint-Jevin, Dominique Guiganti, Léon Blanc, pour ne citer que les plus décidés, mais ils ne sont pas seuls, vont braver les "anciens".
La cave coopérative de Rabelais voit le jour en 1923. Au, départ, 3000 hectos. Elle connaîtra en trente ans, une évolution progressive, régulière, matériellement et ... dans les esprits, qui la mènera à sa plénitude dans les années 1950.
Son développement entraînera une impulsion et un essor économique (dont j'ai tenté de chiffrer le montant : important ) qui rejaillira sur le village et toute la région environnante.
- chacun sait que la culture de la vigne génère six fois plus de temps de travail, donc de salaires, que la céréale, à surface égale. La cave fait alors 48 000 hectos. Le vignoble couvre 700 hectares que se partagent, assez inégalement, treize coopérateurs auxquels il convient d'ajouter 3 caves particulières. Les deux dernières décennies 40162 connaîtront une nouvelle dynamique dont nous reparlerons pus loin, puisque, comme annoncé, il s'agira d'un phénomène commun aux "trois fleurons du Haut-Dahra".
Entre temps, (1935) la nouvelle église a été construite. N'oublions pas en effet que dans ces petits centres très isolés, la vie s'articule, en partie, autour du lieu du culte et de son curé.
En 1947, des visages nouveaux investissent Rabelais: On a décelé, dans les ravins avoisinants le village, des indices de gisements pétrolifères Les sondages et recherches vont s'étaler sur 3 à 5 ans, avec des temps plus ou moins forts.
- Nous détiendrons, à une certain époque, un record d'Europe de profondeur ( 4 400 mètres) - Hélas, on ne trouvera que du gaz, en quantité certes, mais ce n'était pas alors, semble-t-il, la spéculation recherchée. Les forages seront abandonnés. Néanmoins avec cette aventure, "les pétroliers" comme on les désignait, auront créé une animation nouvelle dans ce centre, jusqu'alors tourné uniquement vers l'agriculture. De plus, pas mal d'indigènes y trouveront des emplois. 4 ou 5 européens y débuteront et certains d'entre eux poursuivront de solides et belles carrières.
Dans les années 50, la vague des foyers ruraux gagne Rabelais. C'est une chance que saura saisir une équipe dynamique et créer ainsi une animation de qualité, très diversifiée, et aussi un nouvel état d'esprit collectif quelque peu disparu avec le temps et ... le bien-être.
Il va également apporter une utile diversion à nos problèmes du moment : nous sommes en 58, 59, 60 : le tremblement de terre d'Orléansville, en 1954, avait ébranlé nos maisons et ou moins forts nous avec, mais nous pressentons que le pire est à venir! ...
Revenons en 1911. PAUL-ROBERT est enfin créé Taougrit avant et après- À égale distance (18 km) de Renault et Rabelais, mais dans des directions différentes.
Le nouveau centre constitue la pointe d'un triangle orienté vers la mer.
> L'origine du nom? La puissante famille Robert de minotiers/banquiers, a pignon sur rue à Orléansville.
L'un de ses membres, Paul, en son temps maire de la cité du Chélif, est tué en duel. En souvenir de l'aide efficace apportée par les minotiers/banquiers, rappelons-le, on donnera leur nom au village naissant.
Une dernière précision : un autre Paul, I'auteur du célèbre dictionnaire, est un descendant direct de la famille Robert d'Orléansville.
En direction de la mer, avons-nous dit, mais aussi en bordure de la forêt.
Qui dit forêt, dit gibier (perdreau, sanglier ...) donc chasseurs. On y comptera effectivement de sacrés "fusils".
Cette forêt fournira aussi la matière première à une activité artisanale peu courante : De 1926 à 32, une société italienne exploitera la bruyère dont on tirera les ébauches de culot de pipes qui partaient pour I'Italie et pour ...
Saint-Claude (Jura). Cette activité originale prendra donc fin en 1932, mais certains anciens se souvenaient encore des "pipiers" et jusqu'à la fin, "l'usine à pipes" restera un lieu dit connu de tous au village.
Autre singularité, bien plus remarquable encore. Dans les environs de l'agglomération, on a mis à jour de très importants vestiges romains, répartis sur plusieurs hectares, dignes d'intérêt historique puisqu'ils attireront des archéologues de grand renom, lesquels publieront de nombreux ouvrages qui situent cette présence romaine aux siècles qui encadrent I'avènement de Jésus Christ.
Il semble que la cité de Kalaa constitue la partie centrale de cet ensemble particulièrement riche, qui demeurera en l'état, seulement connu de quelques initiés. Peut-être est-ce mieux ainsi.
Mais revenons à nos colons. D'où viennent-ils ? D'origine assez variée en métropole, mais aussi de certains villages déjà créés en Algérie (nous sommes en 1911) et alors détails curieux, beaucoup sont d'anciens gendarmes, militaires ou fonctionnaires des Eaux et Forêts par exemple. La plupart furent d'excellents colons.
Les concessions. L'exemple de Rabelais (trop petites) a--t-il été retenu ? Elles sont ici plus grandes.
Quant au village lui-même, il coiffe une crête rocheuse et ce relief naturel départage ainsi, en deux zones très distinctes, les fermes d'exploitation - Le Gri et le Taougrit. Cet heureux hasard répartissant les chances de récoltes en fonction des conditions climatiques de l'année.
Les nouveaux colons sont confrontés aux mêmes difficultés que leurs voisins qui les ont précédés – Renault (1874) et Rabelais (1887)
Inadaptation des cultures céréalières, résistance des "anciens" au développement de la vigne... Mais précisément forts des expériences vécues, ils vont réagir plus vite : la cave coopérative est mise en chantier dès 1920.
Ici, ce sont Messieurs Joseph Cortes, Courtin, Chambon, Guy Darbelay, notre ancien Dupont qui seront les "locomotives". La cave atteindra 50 000 hectos, capable de traiter aisément la production des 730 hectares de vigne. Marcel (promo. S.B.Abbés 49/52), en fut le directeur dans les années 60/61.
C'est en 1935 que sera inaugurée, par Monseigneur Leynaud, alors archevêque d'Alger, la première église de Paul-Roberl.
Restons un instant dans ce domaine des visites célèbres que connut, au cours de son histoire, ce petit centre de colonisation perdu (le terme ne se veut pas désobligeant) dans les montagnes du Dahra.
- En 1932, I'auteur du dictionnaire Paul Robert, déjà cité, encore enfant, accompagne son père en tournée électorale.
- En 1950, Marcel Edmond Naegelen, alors Gouverneur Général de I'Algérie, ami personnel de René Rivière, lui-même ancien préfet de métropole, natif de Paul-Robert. Les deux hommes sont liés par une profonde amitié qui trouve ses racines en Dordogne, durant la guerre de 39/45.
- En 1952, le 7 avril, Philippe Lamour, Président National de la viticulture, à I'occasion de I'assemblée générale des V.D.Q.S. du Haut-Dahra (nous en reparlerons plus longuement).
Tous ont écrit sur leur bref séjour dans ce charmant petit village des lignes fort élogieuses sur I'accueil qui leur fut réservé par la population.
" Le Foyer Rural dont Alain Olivier, notre collègue de Bel-Abbés (promo 51/54) fut un animateur très actif, joua pleinement, ici aussi, le rôle que I'on en attendait, les dernières années surtout.
Jacky Dedebant
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TRIBUNE LIBRE
L'Effort Algérien du 20 avril 1934
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Front Unique
Nous avons reçu de Bled-Gaffar (Constantine) la lettre suivante :
« Ne nous est-il pas donné tous les jours, à nous catholiques et bons Français de constater qu'en ces temps de troubles, de désarroi, où tous désirent ardemment un redressement moral, économique et social, nous agissons par le fait en ordre dispersé et par conséquent, sans cohésion suffisante pour pouvoir arriver à former utilement un front unique capable de pouvoir en imposer aux dilapidateurs de nos fonds publics.
« Mais aussi, pourquoi tous ces groupes, sous-groupes et associations diverses qui tout en tendant au même but, le redressement en toutes choses, agissent néanmoins séparément en prenant des chemins différents. Si tous ces protestataires qui clament si légitimement contre le désordre, le gaspillage, l’impéritie ville et le scandale, savaient s'unir, se rallier à des chefs de file résolus et énergiques, il y a beau temps que la France se serait libérée de tous ces indésirables et relevée de ses embarras financiers.
Mais voici : chaque groupe a sans doute un but imparfaitement défini et qui sait ! Chaque chef a peut-être également ses petites et nobles ambitions, et alors que nenni ! !
« Et, si au lieu de nous débattre dans ce chaos nous avions un but fixe, déterminé; un programme loyal et juste ayant pour idéal l'intérêt de tous, dans le cadre national, nous pourrions alors nous entendre, nous unir, prendre nos dispositions et, par une discipline attrayante, entraînante, marcher de l'avant et assurer le triomphe de nos droits pour la bonne cause.
Et, que faudrait-il pour arriver à ces fins ? Tout simplement la création d'un comité de bons et dévoués citoyens, exempts de toute compromission, et capables d'enthousiasmer les foules, par leur loyalisme, leur bon exemple et leur entrain.
Contribuables, bons patriotes, secouons notre apathie et levons-nous en répétant bien haut ; vive la France !
UN BLEDARD
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LEGITIMITE DE LA PRESENCE FRANÇAISE
ÉTUDE JURIDIQUE
Envoyé Par M. C Fretat
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RELATIVE AUX PRINCIPES
DE DROIT INTERNATIONAL
APPLICABLES A L'ALGÉRIE
ET NOTAMMENT A L'INCOMPÉTENCE DE L'O.N.U.
Personne n'a songé, ni ne songe sérieusement, à contester la légitimité de l'annexion de l'Algérie réalisée par l'ordonnance du 22 juillet 1834. Aussi bien, la légitimité d'une acquisition de territoire doit exister au moment de cette acquisition, et elle ne peut plus, ensuite, être remise en cause (cf. la sentence d'arbitrage de M. Max Huber dans l'affaire de Palmas, 23 janvier 1925 - Recueil des sentences arbitrales, O.N.U., vol. II, p. 838 sqq.).
Est-il besoin d'ajouter que l'établissement de la France en Algérie n'a jamais fait l'objet de discussions : ni dans l'ordre international, toutes les puissances ayant officiellement reconnu le nouvel état de droit, ni dans l'ordre interne jusqu'à la révolte de 1954 ?
Principes de droit applicables
A la situation actuelle
La France, pour sa part, s'en tient à lui principe simple du droit des gens, principe qui est le fondement même de l'organisation internationale telle qu'elle existe actuellement : les Etats tiers ne peuvent intervenir dans les affaires relevant de la compétence nationale d'un Etat. Ce principe, qui figure dans l'une des dispositions liminaires de la Charte des Nations Unies, fait l'objet d'un développement séparé de la présente étude.
Que l'Algérie forme de la substance française, nul ne le conteste. Et les références à la Constitution de la République, aux termes de laquelle l'Algérie est une partie intégrante de la France ; au droit international privé, la naissance en Algérie entraînant de droit la qualité de Français ; aux traités internationaux, applicables de plein droit à l'Algérie ; à la doctrine juridique internationale, à la jurisprudence interne ou au système législatif français, sont autant d'éléments dont chacun pourrait, à lui seul, corroborer cette affirmation.
Pour tenir en échec le caractère exclusif de la compétence française en Algérie, deux ordres d'arguments ont été avancés. D'une part, on a voulu reconnaître dans cette rébellion les caractères d'une insurrection. Une distinction précise entre ces deux ternies est d'autant plus nécessaire que si une rébellion n'intéresse que l'ordre interne, l'insurrection, en revanche, entraîne nécessairement l'application de certaines règles de droit international. Aux termes de ces dernières, l'insurrection doit être une lutte menée dans les conditions d'une guerre internationale, et dans laquelle les insurgés sont organisés en un gouvernement établi sur une portion du territoire national.
Des attentats périodiques peut-être, mais isolés, des coups de main sporadiques pratiqués à l'arme blanche ou à l'aide d'engins explosifs fabriqués avec du matériel de rencontre et perpétrés par des poignées dispersées d'individus, ne répondent certes pas à la première de ces deux conditions. Il suffira de rappeler que la seconde des conditions, tout aussi impérative que la première, n'a jamais, à aucun moment ni en aucun lieu, été réalisée, pour démontrer que l'appel à la notion d'insurrection n'est pas justifié par les circonstances présentes.
Le deuxième ordre d'arguments également invoqués mérite un examen plus attentif, en raison de son utilisation fréquente. Le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes trouverait en Algérie les conditions nécessaires à son exercice. On rappelle volontiers que ce droit est, par deux fois, visé dans la Charte des Nations Unies, et qu'il avait tenu une place importante dans les traités de paix qui ont mis un terme à la première guerre mondiale.
Par le droit d'un peuple à disposer de lui-même, on entend le droit qu'aurait une population de changer de gouvernants, c'est-à-dire de se séparer de l'Etat auquel elle appartient, soit pour s'agréger à un autre Etat, soit pour former un Etat autonome.
II convient d'observer tout d'abord qu'il ne suffit pas de qualifier de droit » une règle de conduite souhaitable ou une maxime politique recommandable, pour lui conférer le caractère d'un principe de droit international positif. Non seulement est-il nécessaire qu'il soit reconnu comme tel par l'ensemble des Etats, mais encore faut-il en déterminer les conditions d'exercice, en tracer les modalités et, nécessairement, l'enfermer dans certaines limites, sans quoi ce droit conduirait à l'anarchie. C'est en vain que les Nations Unies ont tenté de rechercher les nombreux critères susceptibles de tracer les contours de ce droit. Leur examen a fait apparaître l'extraordinaire complexité de ce problème que les passions nationalistes les plus outrancières n'ont pas réussi à résoudre. Il suffit, en effet, de se poser quelques questions pour mesurer aussitôt toutes les incertitudes que ce principe, en lui-même respectable, comporte : quand se trouve-t-on en présence d'un peuple représentant une entité ethnique ?
Comment doivent être résolus les problèmes résultant de l'existence, au sein même d ce peuple, d'une majorité et d'une minorité ? Admettra-t-on cette dernière à exercer à son tour un droit dont elle a pu être la victime, et à multiplier, ce faisant, le nombre des Etats ? On doit en conclure que celte prétendue règle de droit n'est en fait, à l'heure actuelle, qu'une vague expression de caractère politique, et sa consécration dans un certain nombre de traités internationaux « ne saurait suffire pour la faire considérer comme une règle positive du droit des gens», pour reprendre les termes du rapport du 5 septembre 1920 de la Commission des juristes de la S.D.N.
On a invoqué, enfin, l'un des buts des Nations Unies — veiller au maintien de la paix -- pour tenter de justifier l'intervention de cette Organisation dans l'affaire algérienne.
Or, l'incompétence des Nations Unies à cet égard est radicale, pour des motifs qu'il convient de rappeler :
L’Organisation des Nations Unies doit agir, dans l'exercice des attributions que la Charte lui confère, conformément à un certain nombre de principes essentiels énumérés dans l'article 2 de la Charte. L'un de ces principes, constituant la garantie indispensable des Etats participant à l'O.N.U., est énoncé sous la forme impérative suivante :
« Aucune disposition de la présente Charte n'autorise les Nations Unies à intervenir dans des affaires qui relèvent essentiellement de la compétence nationale d'un Etat, ni n'oblige les membres à soumettre des affaires de ce genre à une procédure de règlement, aux termes de la présente Charte ; toutefois, ce principe ne porte en rien atteinte à l'application des mesures de coercition prévues au chapitre Vll» (art. 2, §7).
Ce texte apporte, de l'avis unanime des juristes internationaux, une limitation organique et générale aux activités des Nations Unies. La reconnaissance par la Charte de questions qui relèvent essentiellement de la compétence nationale, constitue la ligne de partage exacte entre les attributions de l'Organisation et les droits réservés à chacun des Etats membres. Mettre en discussion, sous quelque forme que ce soit, la compétence exclusive d'un Etat sur ce qui est internationalement reconnu comme son territoire est bien la forme d'intervention la plus directement contraire à la notion du domaine réservé.
Toutefois, l'article 2, paragraphe 7, apporte une réserve au principe de la compétence nationale exclusive, en affirmant qu'il ne porte en rien atteinte à l'application des mesures de coercition prévues au chapitre VII.
En fait, les rédacteurs de San-Francisco avaient surtout en vue, à cette époque, les dangers qu'offraient pour la paix certains régimes totalitaires.
Mais les termes, dans leur généralité, s'appliquent à toute situation qui constitue une « menace contre la paix », une « rupture de la paix » ou un « acte d'agression ». Les situations ainsi envisagées sont celles qui offrent le plus haut degré d'acuité, celles qui sont les plus dangereuses pour la paix internationale. Elles sont, dans le système de la Charte, nettement distinctes des situations visées au chapitre VI qui n'impliquent qu'un danger latent ou virtuel, les auteurs de la Charte ayant parfaitement compris que l'on ne pouvait faire exception à la compétence nationale que dans des cas extrêmement limités.
D'autre part, c'est exclusivement le Conseil de Sécurité qui porte la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales. II est donc tout à fait exclu que l'on puisse, devant une exception de domaine réservé aussi solidement fondée que celle invoquée dans l'affaire algérienne, songer à faire jouer la résolution « unis pour la paix », telle qu'elle a fonctionné dans la question de Corée ou dans celle d'Egypte, en transférant à l'Assemblée Générale le pouvoir de recommander l'une des mesures visées au chapitre VII.
Or, dans ces deux cas, il s'agissait d'interventions extérieures, et non d'une affaire relevant de l'ordre interne d'un pays. La mise en jeu de cette résolution pour tenter de justifier une discussion sur l'Algérie, serait donc directement contraire aux principes indispensables à la conduite normale des relations entre Etats, et entacherait d'un vice rédhibitoire la discussion elle-même et toute décision qui en serait la conséquence.
Quant aux articles de la Charte relatifs aux pouvoirs propres de l'Assemblée Générale, il faut observer qu'ils ne s'opposent en rien à l'exception d'incompétence formulée à l'article 2, paragraphe 7. L'unique exception justifiant l'intervention des Nations Unies dans une affaire de compétence nationale, est celle qui concerne l'une des situations visées au chapitre VII et les mesures de coercition réservées au seul Conseil de Sécurité.
D'autre part, il faut énergiquement souligner que l'article 11 de la Charte ne permet à l'Assemblée Générale d'étudier et de faire des recommandations, que relativement aux buts énumérés au paragraphe 1 de l'article 1er. L'article 13 ne lui donne ces pouvoirs que relativement aux buts énumérés au paragraphe 3 du même article. Les rédacteurs ont omis de conférer à l'Assemblée de tels pouvoirs, relativement au droit des peuples de disposer d'eux-mêmes.
Un ne concevrait pas comment, dans une telle matière, l'intervention des Nations Unies pourrait se concilier avec le principe de la compétence nationale, alors qu'une telle intervention, prenant la forme d'une recommandation particulière adressée à un Etat déterminé, impliquerait une menace directe à l'intégrité territoriale, voire à l'existence de cet Etat.
On a objecté que l'exception de compétence nationale ne pouvait pas empêcher l'Assemblée Générale de faire, tout au moins, usage du pouvoir visé à l'article 11, paragraphe 3 : celui d'attirer l'attention du Conseil de Sécurité sur une situation, même d'ordre interne, lorsqu'elle semble devoir mettre en danger la paix et la sécurité internationales. L'objection est à écarter : en premier lieu, parce que toute exception est de droit strict ; en second lieu, parce que l'hypothèse imaginée n'est guère concevable. On ne voit pas comment le Conseil de Sécurité, responsable du maintien de la paix et siégeant en toute circonstance en cas de besoin, pourrait voir son attention attirée par un autre organisme sur les cas exceptionnellement graves et flagrants visés au chapitre VII.
LA LÉGITIMITÉ DE L'AUTORITÉ FRANÇAISE EN ALGÉRIE
La légitimité de l'autorité française en Algérie repose sur :
1° l'acceptation de la majorité de la population ;
2° les buts politiques, économiques et sociaux qu'elle poursuit ;
3° l'illégalité du terrorisme rebelle selon le droit international positif.
L'AUTORITÉ FRANÇAISE EST ACCEPTÉE
PAR LA GRANDE MAJORITÉ
DE LA POPULATION ALGÉRIENNE
C'est un principe fondamental des nations civilisées, que le pouvoir exercé sur une population ne saurait être justifié que dans la mesure où ce pouvoir est accepté par elle. Tel est le point essentiel du fameux principe du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.
La France a été la première à le proclamer, dès 1789, dans la « Déclaration des droits de l'homme et du citoyen » ; elle l'a inscrit dans le préambule de sa Constitution actuelle du 27 octobre 1946. Il est normal que la France ait le souci de le respecter en Algérie, partie intégrante de son territoire.
Il s'agit, par conséquent, de prouver que l'autorité française en Algérie est acceptée par l'immense majorité de la population, qui use ainsi de son droit à disposer d'elle-même.
Cela apparaît lorsque, au regard des principes du droit international, on confronte le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, d'une part avec la volonté de la majorité de la population (européenne et musulmane), d'autre part avec les revendications de la fraction rebelle.
LA MAJORITÉ DE LA POPULATION ALGÉRIENNE
La population algérienne est composée, selon les statistiques de 1956, de 9 600 000 habitants, dont 1 100 000 non-musulmans et 8 500 000 musulmans.
La population non musulmane.
Dans sa quasi-totalité, au titre du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, elle approuve le plein exercice de la souveraineté française, sans contestation possible. Or, si du point de vue démographique, elle représente environ le huitième de la population d'Algérie, il y a lieu de considérer tout ce qu'elle représente du point de vue de son potentiel économique, de ses qualités professionnelles, de son patrimoine culturel. La pratique internationale a toujours pris ces éléments en considération comme ayant un caractère de pondération représentative, à côté de la simple existence démographique. Il suffit de se reporter, sur ce point, aux travaux de la Commission des mandats de la S.D.N., notamment en 1931, au cours desquels elle fut amenée à rechercher suivant quel critère il était possible d'apprécier le droit d'un peuple à disposer de lui-même.
La population musulmane.
Elle est composée d'environ 9 000 000 d'habitants. Les rebelles revendiquent sur eux une autorité très large. Ils déclarent volontiers que la population musulmane d'Algérie est entièrement soumise à leur autorité de fait. Or, pour apprécier ces affirmations dans la réalité politique et juridique, il suffit de se reporter à la confrontation véritable suivante.
L'autorité rebelle adresse à la population musulmane des ordres nombreux dans des domaines très divers, depuis des ordres de grève jusqu'à des directives politiques et administratives. Il suffit donc, ces ordres et ces directives étant parfaitement connus, de rechercher d'abord si la population musulmane y défère ; ensuite, et éventuellement, si elle y défère de son plein gré.
1° Parmi les ordres divers adressés à la population musulmane par les rebelles, il suffira de retenir, à titre d'exemples, ceux qui concernent l'assiduité scolaire, la collaboration avec l'autorité française, les formalités 'état civil et, enfin, la conscription militaire.
Malgré l'interdiction rebelle, les menaces et les représailles effectives, l'assiduité scolaire est de l'ordre de 90 % environ. Après une période de trouble et d'incertitude due aux pressions et aux attentats commis par les rebelles, presque toutes les écoles ont rouvert leurs portes, l'assiduité scolaire étant désormais normale parmi les écoliers musulmans.
- Malgré l'interdiction rebelle, les menaces et les représailles effectives, des demandes d'entrée dans la Fonction publique sont adressées régulièrement et en grand nombre par des musulmans, au Cabinet du Ministre résidant en Algérie. En un an environ, plus de 12 000 demandes de Français musulmans ont été adressées au Cabinet du Ministre, chiffre considérable eu égard au chiffre de la population musulmane, puisque actuellement 25 demandes sont adressées chaque jour ; une commission procède au classement des candidats, en application du décret du 17 mars 1956 ; au 1er juin 1957, elle avait déjà intégré 3 852 musulmans dans la Fonction publique, dont 94 dans la catégorie A (fonctions de conception et de direction), 359 dans la catégorie B (fonctions d'application), 1232 en catégorie C, 1447 en catégorie D, etc...
- Malgré l'interdiction rebelle, les menaces et les représailles effectives, les musulmans réalisent régulièrement tous leurs actes d'état civil, tels que ceux qui concernent mariages, décès, etc... ; ils paient ponctuellement leurs impôts.
- Enfin, il est important de noter, en considérant les opérations militaires conduites contre les rebelles, que 95 % des musulmans répondent à la conscription militaire.
Tels sont quelques-uns, parmi bien d'autres faits aisément vérifiables, qui permettent d'affirmer que la grande majorité de la population musulmane d'Algérie ne reconnaît pas l'autorité de fait rebelle, mais au contraire exprime continuellement son désir de disposer politiquement d'elle-même, dans l'acceptation volontaire de l'autorité française.
Au demeurant, elle y a d'autant plus de mérite que les rebelles exercent à son encontre les représailles les plus cruelles et les sanctions les plus sévères. On peut donc affirmer que le, respect de la loi française est une manifestation formelle du droit de la population musulmane à disposer d'elle-même dans l'acceptation de l'autorité française.
A titre d'exemple des sanctions et des représailles exercées par les rebelles sur la population musulmane, on peut citer les mutilations, les tortures physiques et l'assassinat qui ont frappé beaucoup plus de Français musulmans que de Français de souche européenne. C'est ainsi que, du 1er novembre 1954 au 1er novembre 1956, parmi la population civile d'Algérie non-fonctionnaire, le nombre total des tués de souche européenne est de 306 (hommes, femmes et enfants), tandis qu'il est de 3 030 musulmans (hommes, femmes et enfants), c'est-à-dire plus que proportionnel au pourcentage de la population musulmane ; à la même époque, 17 européens étaient portés disparus sur 952 musulmans, c'est-à-dire 1 européen pour 20 musulmans environ, chiffre plus de deux fois et demi supérieur au pourcentage de la population musulmane.
Comment dire, dès lors, que l'autorité rebelle à la masse musulmane derrière elle, si ce n'est dans un simple but de propagande sans rapport avec la réalité ? Ceci prouve donc amplement que les musulmans sont les plus frappés, proportionnellement, par la rébellion ; cela prouve que le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes est exprimé en Algérie, en faveur de la France, par la grande majorité de la population musulmane elle-même.
LA MINORITÉ REBELLE
Elle revendique son droit à disposer d'elle-même dans le sens de l'autonomie algérienne. Que faut-il penser de cette revendication Quelle est sa valeur juridique, du point de vue du droit international positif ?
Une première considération s'impose tout d'abord. Les rebelles ne représentent qu'une faible minorité de la population musulmane (comme les faits précédemment invoqués suffisent à le prouver), à laquelle s'ajoutent des éléments européens relevant du parti communiste.
Reste à savoir quelle est la valeur, en droit international, de cette revendication minoritaire. Il est bien certain que le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes est un principe de droit international (de même qu'un principe de droit interne, exprimé par exemple dans la Constitution française). Le principe est inscrit dans la Charte des Nations Unies (art. 1, § 2), parmi les buts et principes des Nations Unies (art. 55, 23 b, et 76 b). Cependant, cette expression conventionnelle est très large et assez imprécise. Si bien que le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes ne peut être reconnu que comme l’un des principes généraux du droit international coutumier, encore exprimé dans la Charte de l'Atlantique (art. 2 et 3) ; dans des résolutions de l'Assemblée Générale des Nations Unies (4421 V, 515 VI, 637 VIl, etc...). Et la doctrine quasi-unanime reconnaît (avec M. de Visscher, par exemple : « Principes, réalités en (droit international », 2ème édition, p. 166, note 1) son caractère manifestement trop vague ; elle déplore qu'il n'existe pas de règles précises d'application, soit coutumières, soit conventionnelles.
Si bien que la pratique et la doctrine internationales reconnaissent le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, beaucoup plus comme une sorte de standard directive », que comme une règle de droit positif (voir sur ce point les travaux préparatoires de la Charte des Nations Unies, U.N.C.I.O. Doc. 941 1/1/34, p. 10, et Doc. 374 1/1,17), avec l'intervention du délégué belge (du point de vue doctrinal, voir H. Kelsen : « The Law of the United Nations », London, Stevens, 1951, p. 50 à 52). La Commission des juristes, dans l'affaire des îles Aaland (rapport du 5 septembre 1920), n'avait-elle pas formellement déclaré que la « consécration de ce principe dans un certain nombre de traités internationaux ne saurait suffire pour le faire considérer comme une des règles positives de droit des gens » ''
Par conséquent, si le principe général du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes est incontestable, il est difficile d'en déterminer la portée pratique. Au sein des Nations Unies, les discussions apportèrent peu de lumière sur ce point (cf. Assemblée Générale, 10ème session, 1955, IIIème Commission, de la 641ème à la 655ème séances, et de la 667ème à la 677ème séances). Le Secrétaire Général a souligné, dans son rapport à la 11ème session, les divergences de vues considérables qui opposent les Etats sur ce point.
Toutefois, la pratique internationale permet de préciser les conséquences juridiques essentielles qui découlent du principe du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, tant pour les Etats auxquels il est opposé, que pour les populations qui le revendiquent.
Du point de vue ces États. Ii est certain que ce principe peut heurter d'autres principes non moins reconnus par le droit international, et avec lesquels il doit être concilié. Si bien qu'il apparaît essentiellement relatif et conditionné » (voir, sur cette nécessaire conciliation, les travaux du Conseil économique et social des Nations Unies, 20ème session, du 5 juillet au 5 août 1955, Annexes Doc./E/Rés. XX/3, adoptée à sa 889ème séance le 29 juillet 1955) ; le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes doit être, selon la pratique et la doctrine internationales, concilié avec d'autres principes supérieurs tels que l'ordre public, ou des considérations de nature administrative, économique ou stratégique. On ne peut concevoir que tout groupe différencié, ethnique, religieux, linguistique dispose de lui-même, quelle que soit son importance et quelles que soient les circonstances. Ce principe, aussi largement entendu, serait un facteur permanent d'anarchie internationale, et il ne serait pas un Etat au monde qui n'aurait un jour à en subir les effets.
Il n'en est pas moins vrai que les Etats sont tenus de respecter le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, dans les limites de cette conciliation indispensable. Or, ce « principe » étant un « standard directive », suppose pour engager les Etats que toutes les circonstances concrètes de son application soient prises en considération dans chaque cas d'espèce ; il suit de là que, dans la pratique internationale contemporaine, les Etats sont tenus à respecter le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, en tenant compte de tous les éléments de fait. Il en résulte pour eux un pouvoir discrétionnaire d'appréciation de l'opportunité.
Du point de vue des populations qui le revendiquent
Quant aux populations qui le revendiquent, le droit à disposer d'elles-mêmes a, selon la pratique et la doctrine internationales, deux conséquences : l'une, négative ; l'autre, positive.
A) Conséquence négative. — La population d'un Etat a le droit de ne pas subir un transfert forcé d'un lieu dans un autre. Lorsque des changements de souveraineté sont opérés sur un territoire à l'occasion d'annexion ou de cession de territoire, le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes doit permettre à la population intéressée, soit de choisir sa destinée politique par le moyen de l'option de nationalité, soit d'être consultée par voie de plébiscite. Ces règles suscitent diverses remarques.
La première tient au fait que le plébiscite n'exprime que l'opinion de la majorité de la population, opinion qui s'impose à la minorité. Par conséquent, de ce point de vue, la minorité rebelle de la population algérienne ne peut pas invoquer de règle internationale lui permettant, par une consultation plébiscitaire, d'évincer la souveraineté française d'Algérie.
La deuxième remarque découle de la pratique internationale, selon laquelle, en dehors du cadre éventuel d'un traité particulier, les Etats ne sauraient être tenus, en droit international général, à accorder automatiquement à leurs peuples la mise en oeuvre de ces droits au plébiscite et à l'option de nationalité (sur tous ces points, voir Oppenheim, International law », volume 1, 8th. ev. by Lauterpacht, 1955, 3-10 b, c, d, e, et les travaux de la Sous-Commission des droits de l'homme des Nations Unies ; voir « International Organisations », 5, 1951, p. 300).
Il convient toutefois de remarquer que, contrairement à cette pratique et dans un sens beaucoup plus libéral, la France reconnaît le droit au plébiscite dans ses textes fondamentaux (art. 27, §2, de la Constitution de 1946) et le respecte effectivement, comme le prouvent les exemples des plébiscites de Tende et Brigue, celui de la Sarre et celui qui fut organisé dans les Etablissements français de l'Inde. La France a toujours respecté les décisions des populations consultées, dans quelque sens qu'elles aient été exprimées.
B) Conséquence positive. — Le droit d'un peuple à disposer de lui-même exprime également le droit de décider de son statut politique. A ce titre, une minorité peut incontestablement bénéficier d'un statut particulier au sein d'une population dans laquelle elle se trouve intégrée. Mais cette minorité peut-elle revendiquer un droit de sécession ? Quelle est la pratique internationale sur ce point ?
1° Le statut des minorités a été organisé par le droit conventionnel international après la première guerre mondiale ; il consacre deux grands principes : l'égalité parfaite de la minorité avec les autres éléments de la population, et la conservation par la minorité de ses caractères propres (race, langue, religion). (Voir, sur ces différents points : Cour permanente de Justice internationale - série A/B, N° 64, p. 17, « Ecoles minoritaires en Albanie », et série A/B, N° 44, p. 39, « Traitement des nationaux polonais à Dantzig ».)
La population musulmane d'Algérie, partie intégrante du territoire français, ou celle qui est fixée en France métropolitaine, est donc une population minoritaire dans- le cadre de la population française toute entière.. Elle est placée dans une situation juridique égale, puisque les Français musulmans sont citoyens français ; ils ont, d'autre part, la garantie de conservation de leurs caractères propres, ethniques, religieux, culturels (voir, sur ce point, les feuillets du présent dossier, consacrés à ces diverses questions) ; ils peuvent conserver leur statut « personnel » ou opter pour le statut juridique des Français de souche européenne.
Par conséquent, — et il importe de le souligner, — l'autorité française, ayant sur son territoire une population minoritaire, musulmane, a pleinement appliqué à cette population Ies règles du droit international public positif.
2° La revendication de la minorité rebelle à la sécession, est-elle conforme au droit international positif ?
Ce droit à la sécession, comme conséquence du droit de libre détermination politique, a été extrêmement discuté dans la pratique et la doctrine internationales. Chaque fois qu'il a été invoqué, il a soulevé une si vive opposition que l'on doit admettre qu'il ne peut être considéré comme un principe de droit international positif. Il suffit de renvoyer, sur ce point, aux avis exprimés au sein de l'Assemblée Générale des Nations Unies (Doc. Off. IIIème Commission, 10ème session, 1955), et selon lesquels le droit de libre détermination ne saurait impliquer de droit de sécession. On se reportera particulièrement, sur cette opinion, aux interventions du délégué iranien (particulièrement nette, 645ème séance, p. 108), du délégué de l'Arabie Séoudite (648ème séance, pp. 9 et 19), et du délégué chinois (642ème séance, p. 92).
La présence de nombreuses minorités dans les différents Etats musulmans explique d'ailleurs leur hostilité à la reconnaissance d'un droit de sécession. Ce refus d'admettre pour une minorité le droit de sécession est, au demeurant, justifié par un argument de pure logique, puisqu'il serait sans limite et deviendrait un facteur de trouble et d'anarchie dans l'ordre international. (Voir, sur ces points : L. Brierly, The Law of Nations Oxford, 1955, 5th. ev:, p. 158 et suivantes..,)
LES BUTS POLITIQUES ÉCONOMIQUES ET SOCIAUX
La légitimité du pouvoir français en Algérie est assurée par le but qu'il poursuit. Il est certain que la philosophie politique démocratique assigne à l'exercice du pouvoir une finalité qui le justifie. La Charte des Nations Unies exprime parfaitement cette finalité démocratique, destinée à « favoriser le progrès social et instaurer de meilleures conditions de vie », « résoudre les problèmes économiques », etc... (Préambule, art. 1 et 2). Contrairement aux allégations rebelles, il est incontestable que la France a dépensé et investi, pour le progrès économique et social de l'Algérie, des sommes considérables de l'ordre pour 1956 de 150 milliards de francs au titre d'aide de la Métropole au budget algérien, chiffres qui n'ont rien d'exorbitant puisque la France a dépensé dans ses territoires d'outremer, en valeur absolue, plus que les Etats-Unis au titre de l'aide Marshall !
L'amélioration du niveau de vie, le progrès social (par l'attribution des allocations familiales, assurances vieillesse et sécurité sociale), le développement économique et politique, sont poursuivis et progressivement atteints par l'autorité française en Algérie (comme le prouvent les divers fascicules du présent dossier).
L'ILLÉGALITÉ DU TERRORISME REBELLE
Incapables d'acquérir à leur programme la majorité de la population musulmane, les rebelles s'efforcent de l'imposer par le terrorisme et l'oppression. Ils se rendent ainsi coupables d'une action condamnée par le droit international.
Qualification du terrorisme rebelle.
Le terrorisme a été défini, en droit international public, comme une méthode d'action criminelle fondée sur la terreur et utilisée dans un but politique. « Les actes de terrorisme » sont des « actes criminels dirigés contre un Etat, et dont le but est de provoquer la terreur chez des personnes déterminées, des groupes de personnes, ou dans le public » (publication de la Société des Nations, 1937, vol. 10, loc. C. 546, M. 383, 1937, V ; Voir, dans le même sens, les Actes de la 4ème Conférence pour l'unification du droit pénal, Paris, décembre 1931, pp. 68 et 302).
Les éléments constitutifs du terrorisme sont essentiellement doubles. C'est d'abord la terreur, distincte de toute propagande par l'écrit, la parole ou l'action, ou des autres méthodes de violence telles que la grève, l'agitation, l'insurrection, le soulèvement, l'émeute et la révolte. « Le terrorisme cherche à atteindre un effet psychologique, à provoquer chez les individus un état psychique où la raison est paralysée et ou domine l'instinct de conservation » (voir les Actes de la 5ème Conférence pour l'unification du droit pénal, Madrid, octobre 1933, pp. 161, 199, 202 ; les Actes de la 6ème Conférence à Copenhague, en août-septembre 1935, pp. 153, 199, 208). Les procédés du terrorisme ont tut caractère « odieux » qui les assimile à des actes criminels. Le terrorisme constitue « un danger commun » pour la société internationale (voir les résolutions de la 1ère Conférence pour l'unification du droit pénal, à Varsovie, en novembre 1927, Actes, p. 133 ; voir aussi les Actes de la 3ème Conférence, à Bruxelles, juin 1930, p. 47). Les procédés du terrorisme se ramènent à des moyens divers dirigés soit contre les personnes physiques (assassinats, mutilations, captures), soit contre les biens des personnes privées ou publiques (destructions, dommages divers, etc...).
Ces procédés permettent de qualifier, sans contestation possible, l'action rebelle en Algérie (voir, sur les procédés du terrorisme, l'affaire des terroristes hongrois portée devant le Conseil de la Société des Nations par la Yougoslavie, et plus particulièrement les communications du Gouvernement yougoslave - 1934, VII, 14 ; Doc. C. 518, M. 234, 1934, VII).
Toutes les législations pénales reconnaissent au terrorisme un caractère criminel. Il en est ainsi, aussi bien pour la législation soviétique pour les législations des démocraties occidentales (voir : V. Pella, « La répression des crimes contre la personnalité de l'État », Académie de droit international de La Haye, Recueil des cours, 1930, III, 33, p. 748 à 752, et p. 751 à 756) ; cela explique que le terrorisme, qui est une infraction politique par son but, soit considéré comme une infraction de droit commun ; si bien que la tendance générale est d'exclure le terrorisme de la catégorie des infractions politiques (voir, sur ce point, les différentes législations pénales internes, la Convention de Genève, et l'étude précitée de V. Pella, p. 70 et suivantes).
Le terrorisme algérien est un acte criminel au sens du droit international.
Si l'on retient la qualification des actes terroristes donnée par le droit international positif et plus particulièrement par l'article 2 de la Convention de Genève, on peut relever à la charge des rebelles les faits suivants :
- Ils se rendent coupables de « faits intentionnels dirigés sur la vie, l'intégrité corporelle, la santé ou la liberté » de personnes déterminées (notamment de leurs frères musulmans). Ce qui est expressément prévu par l'article 2, paragraphe 1er, de la Convention de Genève.
- Leurs actes sont dirigés contre les personnes remplissant des fonctions publiques, et c'est « en raison de leurs fonctions ou charges que l'acte de terrorisme est commis ».
- L'article 2, paragraphe 2, de la Convention de Genève considère également que le fait terroriste peut consister à détruire ou endommager des biens publics, ou destinés à un usage public, ou, selon le paragraphe 3 de l'article 2 de la même Convention, d'un danger commun.
La France est donc en droit de prévenir et de réprimer le terrorisme.
Le fondement de ce droit réside dans les principes généraux du droit international, que nous venons de rappeler. Il se fonde aussi sur le principe de la souveraineté territoriale, qui ne peut être exercée par l'Etat sur son territoire que de façon exclusive (voir, sur ce point, la sentence rendue dans l'affaire de l’Île de Palma : «La souveraineté territoriale implique le droit exclusif d'exercer des activités étatiques » RGDIP 1935, p. 164; voir également : Oppenheim, « International Law », volume 1, peace, 8th édition, by H. Lanterpacht, 1955, paragraphes 124, 127, 337).
Il va sans dire que le terrorisme rebelle en Algérie porte atteinte à la souveraineté française et s'oppose à l'accomplissement des fonctions étatiques ; il viole l'ordre public. Par conséquent, l'Etat français tient du droit international d'une part, et de sa souveraineté d'autre part, le droit de réprimer et de prévenir le terrorisme.
a) La répression doit être réalisée conformément au droit pénal commun, qui vise non seulement les actes terroristes eux-mêmes (voir la Convention de Genève, art. 12 et 13), mais encore la tentative (art. 3, § 4, de la même Convention) et la complicité (art. 3, § 1, qui vise la participation intentionnelle).
b) La prévention du terrorisme est également prévue par le droit international positif. Elle consiste, dans la répression des actes préparatoires du terrorisme, et notamment « l'association ou l'entente en vue de l'accomplissement d'acte terroriste » (voir l'article 3, § 1, de la Convention de Genève ; les Actes de la Conférence internationale pour la prévention et la répression du terrorisme, Genève, 1er au 16 novembre 1937, publication de la Société des Nations, 1938, vol. 3, Doc. 1, 94, M. 47, 1938, V). La prévention doit permettre, en outre, de réprimer l'instigation aux actes de terrorisme : soit l'instigation privée lorsqu'elle a été suivie d'effet (Convention de Genève, art. 3, §2), soit l'instigation publique suivie ou non d'effet (Convention de Genève, art. 3, § 3). Enfin, la prévention a pour but de réprimer tous les actes destinés à procurer les moyens du terrorisme, notamment le fait de fabriquer, de se procurer, de détenir ou de fournir des armes, munitions, produits explosifs et substances nocives, en vue de l'exécution des actes terroristes (Convention de Genève, art. 2, § 5), ainsi que « toute aide donnée sciemment en vue de l'accomplissement d'un acte terroriste ».
Il ne fait aucun doute que le terrorisme rebelle est condamné par le droit international positif, et que la Fiance est parfaitement justifiée à le réprimer et le prévenir.
L'ALGÉRIE EST PARTIE INTÉGRANTE
DU TERRITOIRE FRANÇAIS
Que l'Algérie soit partie intégrante du territoire français, cela ressort de deux considérations, l'une et l'autre parfaitement établies par la pratique internationale :
— tout d'abord, l'Algérie n'est pas un territoire non-autonome ;
— ensuite, l'Algérie est un territoire français.
L'Algérie n'est pas un territoire non-autonome.
Les territoires non-autonomes ont été qualifiés au moment de l'entrée en application de la Charte des Nations Unies, et la question de savoir quelle était l'autorité compétente pour déterminer ces territoires a été résolue dans le sens de la compétence des Etats membres directement intéressés, et non de l'Assemblée Générale (voir Assemblée Générale, résolution adoptée à la 27ème ce, Doc. A/64, p. 13 ; la lettre du Secrétaire Général des Nations Unies du 29 juin 1946 ; « Year book of the U.N. 1946-1947 », p. 208 ; Assemblée Générale, résolution adoptée à la 6ème séance, Doc. A/64, add. 2, p. 124 ; voir également, en doctrine, les opinions de : H. Kelsen, « The Law of the U.N. », 2ème édition, 1931, p. 557 ; et de Kunz, dans I’« American Journal of International Law », 1954, p. 105). Tous les Etats membres des Nations Unies sont tenus de considérer comme n'étant pas des territoires non-autonomes, les territoires pour lesquels l'Etat intéressé a décidé de ne pas fournir de renseignements.
La France ne communique pas de renseignements relatifs à l'Algérie, pas plus qu'elle ne communique de renseignements concernant ses autres départements. Les membres des Nations Unies ont accepté cette pratique, et ils ont donc reconnu que l'Algérie n'est pas un territoire non-autonome (voir Assemblée Générale, Doc. Off., résolution adoptée à la 64ème séance, Doc. A/64, Add. 1, p. 124).
Certes, depuis 1946 l'Assemblée Générale a nuancé sa conception première, et elle a eu tendance à affirmer sa compétence dans ce domaine. Mais, toujours en termes extrêmement respectueux des décisions déjà exprimées par les Etats intéressés (Assemblée Générale, 10ème session, 1955, 557ème séance, 15 décembre, fRs. 945, X Doc. A/R. E.S/358). L'Assemblée s'est surtout reconnue compétente pour décider si un territoire, déjà classé dans la catégorie des territoires non-autonomes, a atteint ou non l'autonomie. Ce qui n'est pas le cas de l'Algérie, qui n'a jamais été classée dans la catégorie des territoires non-autonomes (Ass. Gén., 9ème session, 499ème séance du 22 novembre 1954. Rés. 819, IX. Doc. A., Rés./223, au sujet du Groenland ; Ass. Gén., 8ème session, 1953, 459ème séance du 27 novembre, Rés. 748, VIII, au sujet de Porto-Rico). Au demeurant, si l'on considère les différents critères retenus par l'Assemblée Générale pour décider si un territoire est ou n'est pas un territoire non-autonome, il en résulte, sans contestation possible, que l'Algérie n'est pas un territoire non-autonome (voir Ass. Gén., 331, IV, de décembre 1949, et 6ème session 1951-52, rapport du Comité spécial, Doc. A/1836, etc...). L'Algérie est un territoire intégré à la Métropole, sans que l'éloignement géographique puisse être un empêchement à cette intégration (il suffit de comparer l'éloignement de l'Algérie à l'éloignement de Porto-Rico).
L'Algérie est intégrée au territoire français.
Du point de vue de l'ordre juridique interne aussi bien qu'international, l'Algérie est partie intégrante du territoire français.
a) Dans l'ordre constitutionnel, l'Algérie a toujours été considérée comme partie intégrante de la France ; il suffit de se référer à l'actuelle Constitution de 1916, dans ses articles 60, 85 et 86.
b) En droit international privé, la naissance en Algérie est assimilée à la naissance en France (pour l'établissement du lien de nationalité, voir l'article 6 du Code de la nationalité, qui est applicable de plein droit à l'Algérie) ; il en est ainsi pour l'attribution de la nationalité, « jure sanguinis » OU « jure soli » (art. 23, 24 et 44 du Code de nationalité).
c) En droit international public, enfin, les traités internationaux sont de plein droit applicables à l'Algérie comme à la France ; cela n'a été l'objet d'aucune contestation :
- ni du point de vue de la doctrine internationale (voir, par exemple : Mac Naon, « The Law of Treaties », 1938, pp. 76, 78 ; Rousseau, principe N° 248 et 249, et manuel N° 49 ; Rolland & Lampué, précis, N° 67 et 204) ;
- ni du point de vue de la jurisprudence, même antérieure à 1947 (Cour d'Alger, 1er février 1909, à Sirey 1911, II, 174 ; 1er février 1911, Sirey 1911, Il, 1 ; 6 avril 1911, Sirey 1913, II, 275 ; Chambre des requêtes de la Cour de cassation, 27 février 1934, affaire Vve Hurtado, Sirey 1935, 1, 7) ;
- ni du point de vue législatif, puisque, notamment, le Statut de 1947 consacre formellement cette intégration (voir aussi l'avis du Comité juridique de l'Union française, du 19 août 1950) ;
-ni du point de vue de la pratique internationale, puisque les traités conclus par la France s'appliquent toujours de plein droit à l'Algérie, sans la moindre contestation.
Il en résulte que la souveraineté française s'exerce pleinement sur l'ensemble du territoire français, y compris l'Algérie, et que cette souveraineté est exclusive (Briery . « Tue Law of Nations », 5ème édition, 1955, p. 150). Il en résulte l'obligation pour tous les Etats, de reconnaître l'intégrité territoriale de la France, y compris l'Algérie (Oppenheim : « International Law, a treatise », volume 1., Peace, by II. Lauterpacht, 8ème édition, 1955, p. 124).
II ne saurait donc être sérieusement contesté que l'autorité française en Algérie est légitime, que la rébellion est condamnée par le droit international en raison du terrorisme qu'elle exerce sur la population des départements d'Algérie, partie intégrante du territoire français.
Algérie 1957, ministre de l’Algérie
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Henri Clamens, une peinture
Pieds -Noirs d'Hier et d'Aujourd'hui - N"198 -Juillet - Août 2011
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Ennoblie par le sentiment du Divin, Henri Clamens est un peintre français né à Nîmes le 1er février 1905, et décédé aux Escaldes dans les Pyrénées-Orientales le 2 novembre 1937.
Il est nommé pensionnaire de la Villa Abd el Tif dont il obtint le prix en 1930.
Il meurt prématurément au sanatorium des Escaldes en 1937. Sa trop brève carrière artistique n'en fait que plus apparaître le chatoiement de ses toiles et gouaches peintes essentiellement en Algérie et au Maroc dans la région de Fès.
Jean Alazard dira de lui : "la vie si brève de Henri Clamens est un exemple que l'on doit méditer. Elle a été remplie par I'amour de la peinture et ennoblie par le sentiment du Divin."
Ses oeuvres sensibles et colorées, reflets de I'art décoratif français des années trente, sont particulièrement rares et prisées des collections.
Henri Clamens se forme à l'école des Beaux-Arts de Marseille, puis à l'École nationale des Beaux-Arts de Paris, dans I'atelier d'Ernest Laurent dont il héritera la manière impressionniste. Après I'obtention du second Grand Prix de Rome en 1925, il est lauréat au concours de la villa Abd-el-Tif, et part pour I'Algérie en 1931. Lorsqu'il arrive à Alger, Henri Clamens tombe sous le charme des paysages d'Afrique du Nord, parcourant les villes d'Algérie et du Maroc. Il ne cesse de peindre avec envie et passion, en plein air sur le motif, qu'il saisit avec une touche très personnelle.
Qu'il s'agisse de paysages, de portraits, ou de scènes de la vie quotidienne (souk, fondouk, moussem...), il parvient avec un talent de coloriste, à exprimer son regard sur les hommes et les lieux, se donnant pour seul et unique but de traduire le monde avec sa propre sensibilité.
Réalisés de Miliana à Fès en passant par Touggourt, Tlemcen et Témacine, Henri Clamens, avec quel attachement, a su capter la lumière dorée, les couleurs vives et la poésie du quotidien qui font la beauté et le charme des sites d'Orient.
Une véritable invitation au voyage dans l'espace et dans le temps !
J-M L
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PROFANATION DU MONUMENT AUX MORTS A CONSTANTINE
Par DRISS B.
ACEP-ENSEMBLE N° 287, mars 2013
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La perte de la plaque en bronze ne suffit apparemment pas à alerter les autorités locales, car hormis la plaque déposée par I'APC il y a quelques jours, aucun élu ni aucun responsable n'a daigné se déplacer sur les lieux pour constater les dégâts.
Le monument aux morts, un patrimoine historique de la ville de Constantine, a été profané le 23 janvier dernier, lorsque des individus ont arraché une grande partie de la plaque commémorative portant les noms de soldats morts lors de la Première Guerre Mondiale - des musulmans, des juifs et des chrétiens originaires de la ville.
Encore une fois, les Constantinois constatent avec amertume le désastre causé par cette énième dégradation du site.
Ce monument en forme d'arc de triomphe dominant les gorges du Rhummel fut inauguré en 1934 et est l'œuvre des architectes français ROGUET et DUMOULIN. Sur place, nous constatons que ce site historique offre aujourd'hui une image d'abandon, d'insécurité, de saleté et de dégradation avancée : les murs souillés de tags, mauvaise odeurs, saleté et coins transformés en urinoirs. La table d'orientation réalisée en 1936 par le Touring Club de France et qui renseigne sur les directions à prendre pour les villes environnantes, est elle aussi sérieusement endommagée.
Des visiteurs rencontrés venus de l'ouest du pays sont sous le choc et ne comprennent pas comment un site d'une telle beauté est totalement à i'abandon. Le pire est que la perte irréparable de la plaque en bronze ne suffit apparemment pas à alerter les autorités locales, car hormis la plainte déposée par I'APC il y a quelques jours, aucun élu et aucun responsable n'a daigné se déplacer sur les lieux pour constater les dégâts. D'ailleurs, les délinquants rôdent toujours autour du site. Le P/APC, Selfeddine Rihani, que nous avons contacté, nous a révélé qu'en plus de la plainte, la commune - propriétaire du monument - envisage de reconstituer la plaque : "Nous sommes en train de voir avec la commission du patrimoine de la commune en vue de faire appel à des experts et à des historiens pour qu'ils nous fournissent les noms exacts de tous les soldats, qui figuraient sur la plaque, manquants. C'est un travail difficile, mais nous allons le faire tout de même, " Le nouveau maire nous a également assuré que I'APC réfléchi sérieusement à réaménager tout le site.
Le dossier sera examiné par l'assemblée, nous a-t-il précisé. Cette attaque, en tout cas, aurait pu être évité si les autorités locales avaient fait leur travail. On se souvient qu'en 2010, l'ancien maire Abdelhamld Chibane avait déclaré à la presse qu'il promettait de "sauver le monument d'une mort devenue presque certaine". Il avait même annoncé qu'une enveloppe financière de 50 millions de dinars serait allouée pour financer la réhabilitation du site. Cette proposition de Chibane sera relayée quelques semaines plus tard par la déclaration de l'ancien wali Abdelmalek Boudiaf qui, en mars 2010, proposa d'installer un poste de police pour garantir la sécurité des familles et des visiteurs. Un projet resté en suspens depuis. Quelques mois plus tard, l'actuel wali Noureddine Bedoui, ayant constaté le délabrement des lieux lors d'une visite d'inspection, annonce qu'une réhabilitation touchera l'ensemble du site, aussi bien le monument que ses abords, avec la création de restaurant et de cafétéria, ainsi que des aires de jeux et d'un parking. C'était en 2011.
Ce qui est rassurant, c'est que cette profanation du monument a tout de même provoqué I'indignation des Constantinois. Un groupe de citoyens a d'ailleurs lancé la pétition "Halte au viol de la mémoire de Constantine" sur Facebook, sur la page " Constantine-Riposte ".
Parmi les signataires figurent l'écrivain Rachid Boudjedra, l'historien Gilbert Meynier ou encore le cinéaste Mohamed Hazourli, sans oublier des artistes et des journalistes.
LE GRANDIOSE MONUMENT AUX MORTS
DE CONSTANTINE
Par André BRETON
Comme dans toute la Métropole, les villes et villages d'Algérie ont rendu hommage à leurs enfants tombés au champ d'honneur durant la grande guerre de 1914-1918 en perpétuant leur mémoire sur des stèles et des monuments.
Constantine fut la première ville de France à voter en Conseil municipal présidé par son maire Emile Morinaud, l’édification d’un Monument aux Morts.
La première pierre fut posée le 18 novembre 1918, soit une semaine seulement après, l'armistice, sur un promontoire du rocher de Sidi M’Cid, dressé verticalement au-dessus de la vallée du Hammam, où l’on pouvait accéder facilement depuis la mise en place en 1942 de l'impressionnant pont suspendu au-dessus des gorges du Rhumel. Le projet comme tous les projets de M. Morinaud était ambitieux. Il s’agissait de bâtir une réplique de l’imposant arc de triomphe de Trajan datant du IIIème siècle, qui s’élève au milieu des ruines de Timgad, monument d’une rare élégance de proportions et d’une ordonnance architecturale remarquable.
L’édifice romain est ajouré de trois arcades dont celle du milieu donnait passage aux chars ; Ies deux plus petites aux piétons. Au-dessus deux dernières, des niches rectangulaires surmontées d'un fronton circulaire contenant chacune une statue de marbre blanc, avec de part et d’autre, et sur chaque face de l'arc de triomphe, quatre très belles colonnes corinthiennes cannelées.
Le grandiose Monument aux morts de Constantine conserve la grande arcade centrale encadrée de chaque coté d’une longue niche agrémentée de deux colonnes à chapiteaux corinthiens surmontée d’un fronton en arc de cercle. Sous chaque fronton, la partie supérieure de deux niches abrite une effigie en pierre sculptée rehaussée d’un faisceau de drapeaux avec un pendentif d’un côté la Médaille Militaire et l’autre la croix de la légion d’honneur. En façade, au-dessus de la grande arcade, le monument porte l’inscription :
« PRO PATRIA MDCCCXIV-XVIII »
La victoire ailée qui le surmonte est tournée vers la France (œuvre d’Ebstein), c'est la reproduction agrandie et dorée d’une admirable statuette romaine en bronze trouvée en 1855 lors de fouilles effectuées dans la cour de la caserne des zouaves de la casbah par des militaires. Baptisée, « Victoire de Constantine", la déesse est représentée au moment où elle descend des cieux avec aisance et majesté, les ailes encore déployées, le pied gauche touchant déjà le sol : elle fut attribuée au musée de la ville de Constantine dont elle était le joyau.
En 1943 elle fut prise comme insigne, de la valeureuse 3éme DlA. Un escalier intérieur permet d’accéder en haut de l’édifice, d’où le regard embrasse un immense panorama. La silhouette du Monument aux Morts s’aperçoit au plus loin de l’horizon en arrivant de Philippeville : on la découvre sur son promontoire de rochers calcaires depuis le balcon du boulevard de l’Abîme paillé dans le roc d'une muraille vertigineuse de 160m de hauteur, œuvre du Génie civil de Lens terminé en 1915.
A l’intérieur sur les hauts murs du monument, sont inscrits les noms de centaines de constantinois de toutes origines, morts pour la Patrie.
Le coût du Monument aux Morts était très élevé et de ce fait le projet initial ne put être réalisé intégralement. Il restait à placer sur leurs socles des lions en marbre de part et d'autre de l'esplanade ; il en était prévu six : deux dans une pose allongée, deux autres dressés et enfin deux en position d'attaque.
Le sculpteur Alessandra en avait effectué les maquettes, mais la réalisation des marbres ne se fit jamais, sans doute faute de crédits, et peut être aussi au départ en 1936 du volontaire maire Emile Morinaud à la tête de la municipalité depuis 34 ans. Des travaux très coûteux expliquent que l’inauguration du Monument aux morts n’eut lieu que le 7 mai 1930. Elle fut fructueuse, en présence des plus hauts personnages de l’Etat venus en Algérie pour les fêtes du Centenaire : Monsieur Gaston Doumergue, Président de la République, Monsieur Paul Doumer, Président du Sénat, Monsieur Ferdinand Buisson, président de la chambre des Députés, la plupart des ministres, le Maréchal Franchet d'Esperey et bien d'autres encore. Une foule considérable avait envahi le plateau de Sidi M'Cid et ses accès. Le 13 octobre1937, de grandes réjouissances ont marqué, le centenaire de l'entrée de la ville de Constantine dans la Patrie française ; une cérémonie eut lieu au Monument aux Morts drapé d’un voile tricolore en présence de milliers de spectateurs.
Après I'indépendance de l'Algérie l’inscription « PRO PATRIA MDCCCC XIV - XVIII » en façade du Monument aux Morts, fut supprimée et les deux niches à la gloire des Constantinois tombés au champ d'honneur furent martelées. Les plaques murales en bronze devant perpétuer les noms des centaines de morts Constantinois morts pour la Patrie auraient également disparu. C'est tout un symbole de fraternité dans le combat et dans la mort qui se trouve violé.
Selon J.P Hollender, les morts glorieux de la deuxième guerre mondiale 1939-1945 (87ème D.I.A. 3ème D.L.A., 3ème zouaves, 7ème R.T.A, 3ème groupe d'Artillerie) n'ont pas trouvé place dans le Monument.
Il aurait fallu certainement une autre construction tant ces Français d'Afrique furent nombreux à donner leur vie pour la liberté de la France et de l'Europe.
André BRETON
C'est l'occasion de dire que si des Monuments ont pu être rapatriés et de ce fait peuvent être honorés, beaucoup sont restés en Algérie et ont, soit disparu, soit perdu leur fonction. Il serait temps que nous demandions au gouvernement de notre pays qu'il permette à ces morts de revivre dans notre mémoire soit en inscrivant leurs noms sur des monuments existants, soit en envisageant un ou des monuments spécifiques montrant que notre pays ne les oublie pas ; c'est la moindre des choses.
Vincent Bansillon
Je me permettrais de préciser concernant nos Monuments aux Morts d'Algérie que la plupart d'entre eux ont été profanés, saccagés puis détruits.
Maurice Villard
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HUMOUR ?
De Jacques Grieu
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« Parlez-moi d’amour » a chanté Lucienne Boyer ;
Et pourquoi pas... « d’humour », pour rester plus léger ?
La joie d’entendre rire justement, ceux qu’on aime
Est un art d’exister, une euphorie qu’on sème.
L’humour n’est pas venu d’un excès de sérieux
L’humour est naturel, qu’on soit jeune, qu’on soit vieux…
L’humour est comme le jazz, un rythme, une cadence,
Et donc ne s’apprend pas, c’est comme un sixième sens.
L’humour est politesse, mais celle du désespoir ;
Son absence est une tare, le manque de tout espoir,
Donc une impolitesse qui colore tout en noir.
Il est souvent pirouette ou même échapatoire.
Jamais, avec l’humour, on ne doit plaisanter
Car la chose est trop grave pour pouvoir s’en moquer.
Il n’est qu’une idiotie, mais vive, intelligente,
Il ne se résigne pas, il défie, il invente.
C’est parfois une rage, une colère, en fait,
Comme l’ombre d’un doute sur la vie, ses méfaits....
L’humour noir, lui aussi, a plusieurs échelons
Et comme le café, plus c’est noir, plus c’est bon..
Il sert à décaper les trop grands sentiments
De leur lourdeur obèse qui les pollue souvent.
Il nous différencie du règne de l’annimal
Même si on prétend qu’on voit rire son cheval…
On peut très bien faire rire, sans amuser du tout
Ou se sentir grisé par un subtil bagoût...
Rire de tout est sot ; mais rire de rien, idiot.
Il faut savoir goûter ce qu’est un jeu de mot.
On peut rire à chaudes larmes et pleurer à se tordre
Et l’humour est bien là pour y mettre de l’ordre.
Il permet de parler à côté du sujet
Et de plaider le faux pour le vrai, débusquer.
Curieusement, on remarque son absence dans la bible;
Humour et religions, seraient incompatibles?
On dit bien qu’il nuirait à toute poésie;
J’aimerai bien montrer que c’est une hérésie !
Jacques Grieu
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Edouard Verschaffeld,
le Flamand de Bou-Saâda
Pieds -Noirs d'Hier et d'Aujourd'hui - N°196 - Mai 2011
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Il est clair que ce Flamand, né à Gand en 1874 et décédé à Bou-Saâda en 1955, a été non pas un peintre orientaliste, mais un homme profondément enraciné en Algérie.
Il va produire une peinture de I'enracinement, de la passion et de l'approfondissement de cette réalité algérienne si malmenée par l'exotisme orientaliste qui édulcore le réel et le badigeonne de couleurs exacerbées, rutilantes et criardes.
Certes, tous les orientalistes n'ont pas été dupes ni aveuglés par le soleil, mais Edouard Verschaffelt a pris à contre-pied l'orientalisme académique. Elève de l'Ecole des Beaux-Arts d'Anvers, il porte en lui, dès le départ, les traces ineffaçables de la peinture flamande ; et l'attirance viscérale par l'impressionnisme.
Arrivé en Algérie avec son épouse, il est porteur de ces deux héritages fabuleux. C'est pourquoi il ne tombera pas dans le piège de l'orientalisme béat devant tant de soleil, de splendeur et de misères de l'Algérie de l'époque.
D'autant plus, qu'à la différence des autres orientalistes attirés par l'Afrique du Nord, de façon douteuse et confuse, Edouard Verschaffelt vient en Algérie en 1919 pour fuir I'occupation allemande de la Belgique durant la Première Guerre mondiale. Il s'installe dans le pays avec son épouse et éprouve tout de suite une fascination pour Bou-Saâda qu'il adopte d'emblée et où il perd très vite sa femme qui y décède. Bou-Saâda était, à l'époque, le «fief» de Dinet qui est l'orientaliste du coin et une sorte de notable de la ville d'autant plus qu'il s'est converti - sincèrement ou ostentatoirement ? - à l'Islam ; ce qui lui donne une aura extraordinaire auprès de la population autochtone.
Edouard Verschaffelt rencontre tout de suite Dinet, mais le courant ne passe pas entre les deux hommes. Apparemment, le peintre belge n'apprécie pas le peintre français, ni du point de vue artistique ni du point de vue humain. Si Dinet s'est incrusté à Bou-Saâda, qu'il s'est «converti » à l'Islam, qu'il partage sa vie avec un habitant de la ville, de race noire et qu'il perpétue la tradition répétitive de l'orientalisme Scholastique ; Edouard Verschaffelt va vivre à Bou-Saâda.
C'est ainsi qu'après la mort de son épouse flamande, il va se marier avec une Algérienne du cru de la tribu des Ouled-Sidi-Brahim, avec laquelle il aura deux enfants et vivra une passion extraordinaire qui apparaît dans les multiples tableaux qu'il lui consacre sa vie durant.
Verschaffelt va avoir, ainsi, des liens de sang avec cette Algérie qu'il va peindre de l’intérieur jusqu'à ce qu'il y meure et qu'il y soit enterré en 1955. On peut appliquer à ce peintre authentiquement bou-saâdien cette réflexion d'Albert Camus sur certains peintres orientalistes, très rares, il est vrai ! « L'Algérie ne devait pas, apparemment, être leur patrie, et cependant, depuis que ces terres sont ouvertes à l'Occident, les peintres n'ont cessé d'y faire leur pèlerinage. Il en est qui n'ont jamais pu se détacher de cette nature et qui ont fini par y mourir au terme d'une lutte épuisante pour en forcer le secret. »
Edouard Verschaffelt épousera Bou-Saâda et Bou-Saâda l'épousera parce qu'il va y fonder une famille et une peinture qui fera école, bien que l'homme laïque fervent et solitaire convaincu vivra retiré, se vouant à sa famille et à sa peinture. Loin des ors et des mondanités coloniales qui plaisaient tant à Dinet.
Souvent les peintres orientalistes ont été des peintres coloniaux d'une façon consciente ou inconsciente et ont mis en branle I'encerclement des corps, des architectures, des lumières, de la nature et des scènes de la vie quotidienne Edouard Verschaffelt évitera ce piège parce qu'il s'engagera, s'enfoncera même dans cette Algérie à l'époque.
Sa peinture sera sublimée par cet ancrage et par l'héritage flamand et impressionniste qu'il ne reniera jamais et qu'on verra se déployer fastueusement dans ses grandes toiles : Légende d'Antar, Madone musulmane, Jeune mauresque au chevreau, La Caravane, Intérieur de Bou-Saâda et Rue dans la Casbah d'Alger ; et plus intimement (dans le sens intimiste du terme) : plusieurs portraits superbes de femmes (surtout la sienne) et d'enfants de Bou-Saâda.
Pierre Fontaine écrira à son sujet, d'une façon très pertinente : « Il a su conserver la bonne mesure entre le trop léché d'un Dinet et l'abstraction picturale moderne. » En effet, Edouard Verschaffelt ne peint pas la lumière, mais il jette sur ses tableaux une sorte de poussière dorée et ainsi il évite ce semblant de réalisme qui a tellement imprégné la peinture orientaliste. Dinet et d'autres peintres « officiels » ont jeté de l'ombre sur ce peintre grandiose et vrai, qui voulait vivre à I'ombre de ses toiles dans lesquelles il mettait tout ce qu'il avait en lui de lumineux et d'authentiquement algérien.
RB
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Le code de la route va être modifié au Maroc
par DEPÊCHE DE CONSTANTINE du 6 janvier 1952
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Les automobilistes seront astreints
à de nouvelles obligations (1)
Casablanca (D.n.e.p.). — En raison du nombre toujours croissant des accidents de la route au Maroc, le code de la route dans ce pays va être très prochainement modifié. Les textes nécessaires viennent d'être mis au point par une commission composée de représentants de la magistrature, des services de sécurité, des travaux publics, de la direction de l'intérieur de la Santé publique, du secrétariat général du protectorat et de l'Automobile-Club marocain.
Le dahir (décret royal) et l'arrêté viziriel qui rendront applicables le nouveau code seront promulgués au début de février.
Les nouvelles dispositions du code de la route établissent, notamment, l'obligation de la visite périodique de tous les véhicules à moteur, le retrait du permis de conduire par l'agent verbalisateur, immédiatement dans certains cas ou par le juge d'instruction, quand l'information est ouverte, ou par décision administrative, ou par jugement. La durée du retrait ne pourra être inférieure à trois mots, et deviendra définitive s'il y a récidive.
Enfin, des amendes transactionnelles pourront être perçues sur-le-champ et un casier judiciaire automobile sera constitué pour tous les titulaires du permis de conduire, sur lequel seront consignés toutes les sanctions qui auront été prises contre le titulaire.
D'autre part, des dispositions nouvelles sont prises en ce qui concerne la circulation. Par exemple, le dépassement effectué aux endroits où la chaussée est divisée par une ligne jaune médiane, donnera lieu à verbalisation et sanction. La réglementation de l'éclairage en code est précisée. Enfin, est établie une limitation de vitesse, selon deux catégories, pour les véhicules poids lourds (80 kms heure pour la première et 70 pour la seconde).
(En 1952, le Maroc était encore sous protectorat)
1) en 1952, c’était déjà des règlements qui sont arrivés bien plus tard en France.
DEPÊCHE DE CONSTANTINE
du 6 janvier 1952
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PHOTOS BÔNE
Envoi d'un PPS de 2010
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Bon guide de nos goûts, des parfums ou regrets,
Cet organe discret est souvent négligé :
Le pif est avant tout un grand dégustateur
Détectant les arômes en subtil connaisseur.
Pour le bouquet d’un vin, la senteur d’une rose,
Le café du matin, les fragrances grandioses,
L’odeur de l’aventure ou celle qui nous ment,
Il nous fait le cadeau du meilleur jugement.
Si le nez le plus long n’est pas dans les meilleurs,
La «vue de nez» est bien «unité de longueur» ;
Et même de largeur, de poids, de profondeur,
De distance ou de temps ; ou encor de hauteur.
Le pif est donc partout instrument de mesure
Et dans tous les domaines un étalon très sûr.
Juste évaluatrice en toutes dimensions,
Cette pifométrie est une institution.
Elle ignore le mètre ou le litre ou la tonne,
La seconde ou l’année ou l’âge qu’on vous donne.
Elle a ses gabarits qui sonnent aux oreilles
Bien mieux que décibels, microns ou leurs pareils.
Car un pif qui sait voir en vaut cent qui se mouchent !
Les jugements du nez ne sont pas «à la louche»!
S’il est trop près des yeux pour qu’on puisse le voir,
Rendons justice au nez : il conte des histoires.
Les grandes quantités, ce sont des «palanquées
Des tapées, des flopées, ou bien des tripotées,
Bézef ou le paquet, monceau ou ribambelle».
On a «les avalanches, myriades et kyrielles
Quand ce n’est pas «le tas, l’orgie ou la nuée».
Chaque cas a sont mot, son terme approprié.
Cette pifométrie est donc bien rigoureuse,
Fort loin des «à-peu-près» des tournures envieuses.
Les «petites grandeurs» sont tout aussi variées
Bien senties, expressives et souvent imagées :
Entre «iota, pincée, on même fifrelin»,
On trouve le «pas lerche» comme le «petit grain»
Quelquefois «une larme, une goutte, un soupçon,
La pointe ou la lichette qui vaut un brimborion,
Un chouia, des poussières, des broutilles, un nuage,
Un soupçon ou un doigt », adaptés à l’usage.
Mais le fin pifomètre jauge aussi les durées,
Que ce soit «certain temps, un bail, l’éternité,
Bout de temps, une paye ou encor une plombe,
Deux secondes ou trois ans» ne passent pas en trombe.
Sans montre ni chrono, horloge ou sablier
Le bon pifomètreur sait où et quand aller.
Et ne laissons pas dire aux vils lexicographes,
Qu’avec «un coup dans l’nez», le pif deviendrait paf…
Jacques Grieu
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SOUVENIRS DE LA PROVINCE D'ORAN.
Gallica : Revue d’orient, 1854-2 ; Pages de 135 à 138
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SOUVENIRS DE LA PROVINCE D'ORAN.
SUITE DE L'ITINÉRAIRE DE SIDI-BEL-ABBÈS A ORAN.
En quittant l'Escargot, vous descendez dans la plaine du Tlellat. Cette plaine est circonscrite au nord par le lac des Gassabas ; à l'ouest, par une chaîne de montagnes inférieures qui, Partant de la montagne Rouge, au sud, se dirige au nord vers le Sil ; à l'est, par les montagnes venant du Thessala ; et enfin, au sud, par la plaine de la Mletta. La plaine du Tiellat est un vaste bassin dont les eaux rares et croupissantes manquent d'écoulement et produisent dans différentes parties des marais malsains. Elle manque d'eau courante ; ce n'est que par le boisement que l'on arrivera, par la suite, à y faire naître des sources. Elle est d'une brande fertilité pour les céréales et les foins. Un groupe de riches fermes forme le village, à cheval sur la rivière. Ce village est le point d'arrivée de Bel-Abbès, de Mascara et d'Oran. Plusieurs autres établissements agricoles sont dispersés dans la plaine.
En quittant la plaine du Tiellat, après avoir tourné la montagne Rouge, vous arrivez au village de Valmy (le Figuier). C'est là que commence le littoral d'Oran.
On appelle ainsi la plaine bornée au sud par le pic de Santa-Cruz, à l'est par le grand lac Salé, à l'ouest par la mer, au nord-ouest par la montagne des Lions (Djebel-Sba), et au nord-est par la montagne Rouge.
Cette plaine est parsemée de fermes et de maisons de campagne. Le beau village de la Senia, qui est presque un faubourg d'Oran, fait pressentir une grande ville.
Entre Valmy et la Senia se trouve, sur un espace de 6 kilomètres, une zone de terres salées, improductive pour les arbres et les cultures de tous genres ; mais à partir de la Senia, on ne voit plus de palmiers nains ; partout des champs de légumes, des vines, des mûriers, des meules de fourrages, des norias, en un mot l'industrie agricole pleine de ressources et de vie.
Comment décrire Oran ? C'est une des villes les plus bizarres de l'Algérie ; là ont passé toutes les nations ; style mauresque, style espagnol, constructions françaises, la ville renferme tous les genres. Un vaste et profond ravin, courant de l'est à l'ouest, la divise en plusieurs parties. A l'ouest, sa limite est la mer ; au sud, elle est défendue par les ruines de Santa-Cruz, et au-dessous de ces ruines par le fort Saint-Grégoire; à l'est, par les ruines de la Casbah et par le fort Saint-Philippe; au nord, par le Château-Neuf. Un mur d'enceinte l'enferme dans la direction de la plaine. Dans cette ville, si accidentée, il faut partout monter et descendre. Partout des rampes, partout des escaliers ; jamais un terrain plat. La grande artère d'Oran part du fort Saint-Philippe et arrive au fort Lamoule où se trouve la porte qui conduit au port de Mers-el-Kébir. Cette artère prend successivement les noms de rue Napoléon, place Napoléon, rue Saint-Philippe, place Kléber, rue de la Marine. Malgré les accidents et les difficultés du terrain, les eaux coulent abondamment dans tous les quartiers de la ville.
Une seule source, celle du ravin, fournit à tous les besoins. Oran est la ville des forteresses, des bastions, des ouvrages militaires ; Santa-Cruz, Saint-Grégoire, le Santon, Saint-Philippe, Saint-André, le Chàteau-Neuf, Lamoule lui forment une ceinture de canons. Toutes ces architectures sont remarquables par leur solidité, leur développement et le choix des positions sous le point de vue militaire. La porte du Chateau-Neuf date de Charles III d'Espagne.
Un des plus beaux édifices est sans contredit la grande mosquée qui se trouve dans la rue Saint-Philippe ; son minaret, qui compte cent cinquante cinq marches, domine la ville, la mer et la plaine. Sauf ce minaret, la mosquée n'offre rien de remarquable à l'extérieur ; c'est un vaste carré recouvert en terrasse. Sur cette terrasse, il y a en saillie douze petites coupoles, et, au centre, une coupole les dominant toutes. L'intérieur est charmant d'élégance et de propreté; les galeries sont séparées par de doubles colonnes qui supportent les treize coupoles ; au milieu, la chaire du marabout, en style arabe ; sur l'une des faces, le siége du cadi ; des lampes arabes suspendues à chaque voûte, des murs épais d'un mètre ; tout autour, de vieux ceps de vigne étalent leurs grappes ; au milieu de la cour, une fontaine d'architecture mauresque en forme de marabout. Les souterrains de la mosquée, sur la rue Saint-Philippe, sont occupés par des magasins européens et un café arabe.
Le Chàteau-Neuf domine la mer, à pic. Depuis quelques années l'on s'est occupé de créer, sur cet aride versant, la charmante promenade de Bellombra. Tous les talus sont revêtus de plantes brasses ; et cette promenade, boulevard extérieur d'Oran, conduit à Kargenthua, vaste faubourg de création moderne où se trouve une ancienne mosquée convertie en quartier de cavalerie.
Les ravins d'Oran sont des jardins plantés de citronniers, d'orangers , de grenadiers, de figuiers, semés des fleurs les plus rares en France. Ces oasis forment un contraste ravissant avec l'aridité désespérante de Santa Cruz.
Oran compte 25,000 âmes. Il y règne un mouvement perpétuel ; l'on s'y coudoie dans toutes les rues, qui sont aujourd'hui devenues trop étroites. Le mouvement des voitures est extraordinaire ; leurs calèches roulent constamment sur la route de Mers-el-Kébir. L'embarquement des troupes jour l'armée (l'Orient donne à la ville une vie nouvelle les hôtels sont remplis, toutes les chambres sont occupées ; la vie y est chère, et, malgré tous ces symptômes de brande prospérité, l'on vous dit qu'Oran dépérit.
Oran n'aura jamais de port. A force de travaux et de blocs de béton, l'on est parvenu â rejeter un peu la mer et à renfermer un faible espace que ne peuvent jamais couvrir que quelques bâtiments de très petite dimension. Le véritable port est Mers-el-Kébir, à 7 kilomètres de la place Napoléon ; la route qui y conduit est un travail digne des Romains ; elle est toute coupée à pic sur la mer. A peu de distance du fort Lamoule, elle traverse un tunnel de peu d'étendue et conduit aux bains de la Reine, source d'eaux chaudes qui sort de la base des montagnes ; ces eaux sont bonnes pour les maux d'estomac, les douleurs et les maladies de peau. L'établissement des eaux de la Reine est un but de parties de plaisir pour les oisifs de la capitale oranaise.
Mers-eI-Kébir a un beau fort bâti par les Espagnols ; il suffit pour empêcher un débarquement ; d'autres batteries, établies, il y a peu d'années, à l'est, défendent la rade du côté d'Oran. La chaîne de montagnes qui sépare Oran de Mers-el-Kébir est remarquable par son aridité, aussi le petit village de Saint-André n'est habité que par des pécheurs espagnols ; j'y ai cependant remarqué un clos de vignes d'une jolie étendue qui prouve qu'à force de travail et de soins il n'y a pas de sol qui ne puisse produire.
M. DE MASS0L.
Juin 1854.
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MON PANTHÉON DE L'ALGÉRIE FRANÇAISE DE M. Roger BRASIER
Créateur du Musée de l'Algérie Française
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A SUIVRE
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Piqûre de Rappel -Soixante trois ans après
Par M. Alain Algudo avril 2022
Français N’OUBLIE JAMAIS
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ABOMINATION GAULLISTE !!
Avril 62 – Avril 2025
"Avril 62, Daniel, un soldat Français fait son service dans la Marne. Il se voit confier la mission de ramener en Algérie des harkis réfugiés en France depuis plusieurs mois.
Témoignage :
« Nous les avons descendus jusqu’au port de Marseille dans les fameux camions FIAT et lorsqu’on est arrivé, on a vu arriver d’autres camions qui venaient de plusieurs villes de France dont Tours, Orléans et Clermont-Ferrand et qui transportaient, aussi, des harkis à renvoyer en Algérie. On s’est retrouvé avec 400 ou 500 harkis. On a eu beaucoup de mal à les canaliser pour les faire monter dans le bateau, le soir même sur « Le ville d’Alger ». C’est sûr que là, il y en a qui reculaient… Il y a eu des regards qui étaient terribles…
On a passé avec difficulté la nuit de la traversée parce qu’ils ne voulaient pas rentrer. C’était une décision militaire et politique à laquelle, nous, nous étions obligés d’obtempérer. D’ailleurs, on nous a imposé un comptage régulier de l’effectif la nuit, pendant le voyage en mer. On n’avait jamais le même nombre. On ne savait pas forcément où ils étaient.
La traversée de nuit a été angoissante parce qu’il y avait là plusieurs centaines de types couchés, debout, accroupis dans des conditions pas toujours très propres et nous avions une trouille terrible car nous étions seulement une dizaine d’hommes de troupe et trois sous-officiers pour tout ce monde. S’ils s’étaient rebellés, je l’aurais compris.
On sentait chez ses hommes une certaine rancœur. Ils étaient prêts à se révolter.
Avec un copain sous-officier, on a vraiment eu la trouille et ça nous prenait aux tripes. Les harkis nous disaient mais pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ils nous renvoient ?
Et le problème est que nous avions les PM (des pistolets mitrailleurs) armés. Nous les avions parce que c’était un ordre. S’il avait fallu tirer… J’avais 20 ans et je ne sais pas ce que j’aurais fait… Je n’aurai sûrement pas tiré… mais avec la peur ?...
On ne sait jamais quelle attitude adopter dans ce genre de situation surtout à 20 ans… On a eu la trouille parce qu’on a senti une espèce de haine… On était devant un fait…
Ce qui a été terrible, c’est lorsqu’on les comptait dans la nuit et que l’on ne retrouvait pas un que l’on avait repéré, on nous disait« Il n’est plus là… ». On demandait « Mais il est où ? ». On nous répondait : « Il a sauté du bateau ». Je répliquais « Ce n’est pas possible ! ». On avait du mal à croire qu’ils s’étaient suicidés. Lorsqu’on était au trois quart du voyage, on s’était rendu compte, qu’il en manquait vraiment…
On ne pouvait pas dire le nombre exact parce que c’était une ruche… Ça bougeait de partout dans la cale… On était ébahi, étonné que plusieurs aient sauté dans l’eau… C’était très triste…
J’ai voulu raconter cette expérience. C’était une injustice, même à l’époque… Et pourtant on ne parlait pas de politique à 20 ans… Mais cette injustice… Que de Gaulle prenne la décision de renvoyer des harkis, des gars qui normalement nous ont aidés certainement du mieux qu’ils pouvaient et de leur avoir promis de les loger, de les accueillir puis les renvoyer six mois après… Moi, j’ai trouvé ça, là maintenant, parce qu’à l’époque je ne savais pas… pour être clair… J’ai trouvé ça dégueulasse… C’est pas normal, … C’est tout !
Nous sommes arrivés à Alger dans la matinée et ils ont été débarqués purement et simplement. Et là, vogue la galère, on ne sait pas trop ce qu’ils sont devenus. On n’a jamais eu de nouvelles particulières.
En fait on n’a pas su ce qu’ils sont devenus. Je sais, qu’il y en a qui m’ont dit en sortant que de toute façon ils auraient forcément le sourire kabyle (la gorge tranchée) dans très peu de temps. Ce qui était clair. Nous, on connaissait bien l’expression… A 20 ans, on ne mesurait pas…».
Le témoignage complet de Daniel est à retrouver dans le numéro 666 de la revue « Les Temps Modernes » de décembre 2011. "
Ce qu'ils sont devenus. Lettre de Voltaire.
LE MASSACRE DES HARKIS
"Loin d'oublier ces temps abominables, il faut les remettre fréquemment sous nos yeux"
Privés par les Accords d’Evian de la nationalité française , dépouillés de leurs armes, sans protection de l'armée française qui a reçu l'ordre express de ne pas intervenir pour leur porter secours, isolés dans leurs villages au sein d'une population souvent hostile, les harkis sont à la merci de l'ALN (Armée de Libération Nationale), dont les troupes qui étaient stationnées en Tunisie et au Maroc, entrent en Algérie, après l'intervention du cessez-le-feu du 19 mars 1962. En nombre et avec leurs armes. Dans un premier temps, le nouveau pouvoir algérien alterne promesses d'amnistie et menaces. Puis les sévices, les assassinats, les enlèvements commencent, souvent du fait des "Marsiens", combattants de la 25ème heure qui veulent racheter leur passivité antérieure. Les harkis sont arrêtés et abattus. En masse, lors des deux principales vagues de répression en été et en automne 1962. Quelquefois par unité entière, par village entier, par famille entière, les femmes et les enfants n'étant pas épargnés.
Les massacres perpétrés sont d'une barbarie et d'une ampleur sans précédent.
L'HORREUR DES MASSACRES
Les supplices qui précédent la mort sont d'une cruauté inouïe et peuvent durer plusieurs heures, quelquefois plusieurs jours : corps ébouillantés, dépecés, enterrés ou brûlés vifs, énucléations, membres découpés en lanières et salés, anciens combattants contraints d'avaler leurs médailles avant d'être brûlés vifs dans le drapeau français....
Selon des témoignages rapportés par Camille Brière "certains harkis furent crucifiés sur des portes, les yeux crevés, le nez et les oreilles coupés, la langue arrachée, systématiquement émasculés... D'autres furent dépecés vivants à la tenaille, leur chair palpitante jetée aux chiens... Quant aux familles, voici ce qui les attendait : des vieillards et des infirmes étaient égorgés, des femmes violées puis éventrées, des nourrissons, des jeunes enfants avaient la tête écrasée contre les murs sous les yeux de leur mère..."
Dans un compte-rendu destiné à sa hiérarchie, M. Robert, sous-préfet en poste à Akbou, arrondissement situé en Kabylie, dresse de façon précise et détaillée la chronique macabre des exactions - supplices, assassinats, enlèvements, viols collectifs, enfermement dans des camps - subies par les harkis et leurs familles dans sa circonscription après le cessez-le-feu du 19 mars 1962, jusqu'à la fin décembre 1962. Il note parmi les victimes "la proportion non négligeable de civils qui est de l'ordre d'un tiers, constitué d'élus de tous rangs, de chefs de villages, d'anciens combattants..." . S'agissant d'un document officiel, établi par un haut fonctionnaire concernant des faits dont il a été amené à avoir connaissance dans l'exercice de ses fonctions, il ne peut être soupçonné d'exagération.
L'aspect cathartique des massacres est souligné par Mohand Hamoumou : "la plupart furent humiliés et torturés publiquement, longuement avec un luxe de raffinement dans l'horreur. La mort était une délivrance, d'où la recherche de morts lentes pour faire durer l'expiation. Le supplice est destiné à rendre infâme celui qui en est la victime et à attester le triomphe de celui l'impose. Plus le doute est permis sur le l'infamie de l'accusé plus le supplice doit être démesuré pour persuader l'assistance de la culpabilité de la victime".
D'autres sont faits prisonniers et enfermés dans des camps , dans lesquels la Croix Rouge recensera, en 1965, 13 500 personnes. Certains seront employés à des taches dangereuses telles le déminage, à mains nues, avec une jambe coupée préventivement. D'autres enfin sont enlevés : ce sont ainsi des milliers de harkis et de pieds-noirs qui disparaissent dès après le cessez-le-feu du 19 mars 1962, puis au cours des deux principales vagues de répression qui interviennent en été et en automne 1962, et de celles qui interviendront plus tard entre 1963 et 1966. Sans que les autorités françaises pourtant souvent informées des lieux de leur détention ne s'en inquiètent, et donnent même des ordres pour qu'aucun secours ne leur soit apporté (6), et pour que soient sanctionnés ceux des militaires, souvent anciens responsables de SAS, qui de leur propre initiative, achemineront leurs hommes et leurs familles vers la métropole et vers le salut . Et pour que soient chassés des bateaux les harkis qui auront embarqué clandestinement, et renvoyés en l'Algérie ceux qui seront parvenus à rejoindre clandestinement la France...
L'AMPLEUR DES MASSACRES : 150 000 VICTIMES
Les chiffres peuvent toujours donner lieu à controverse. Il est cependant possible d'avancer le nombre de 150 000 victimes, en s'appuyant sur différentes estimations rappelées notamment par Abd-El-Azziz Meliani, et par Mohand Hamoumou : celle du service historique des armées qui, dans une note officielle en 1974, estime à environ 150 000 le nombre des harkis et leurs proches disparus ou assassinés ; celle du chef du 2 ème bureau à Alger qui retient également ce chiffre de 150 000 ; celle de monsieur Robert, sous-préfet d'Akbou, qui dans le compte-rendu officiel où il relate les faits survenus dans son arrondissement après le cessez-le-feu, fait état de 2000 victimes en moyenne par arrondissement, soit 150 000 environ pour les 72 arrondissements algériens (3) ; celle de l'historien Guy Pervillé qui situe ce chiffre entre 30 000 et 150 000 ; celle d'Anne Heinis qui, dans un mémoire de 1977 sur l'insertion des français-musulmans (10) situe également ce chiffre entre 30 000 et 150 000 ; celle enfin d'André Santini Secrétaire d’état aux Rapatriés en 1986-1988 qui, pour les harkis et les pieds-noirs massacrés ou disparus au moment de l'indépendance de l'Algérie, donne les chiffres de 150 000 et 10 000.
Dans un rapport officiel de mai 1962 le contrôleur général monsieur de Saint-Salvy a pu écrire : "les crimes de guerre commis en Algérie depuis le 19 mars 1962 sont sans précédent depuis la dernière guerre mondiale, dépassant tout ce qui avait pu être constaté en Asie ou en Afrique noire" (10). De ces crimes de guerre, l’état français s'est rendu coupable de complicité par sa passivité volontaire, alors qu'il connaissait parfaitement la situation et qu'il disposait encore des moyens militaires suffisants en Algérie pour protéger et secourir ses ressortissants.
Raphaël DELPARD a enquêté sur le drame de ces 25 000 français enlevés et jamais retrouvés.
Communiqué pour ceux qui se réfèrent encore aujourd'hui à DE GAULLE et à MACRON qui nous traitent de « criminels contre l’Humanité !»
Alain ALGUDO ex Président fondateur Comités de Défense des Français d’Algérie
ex Vice Président du Comité et de la revue VERITAS VERITAS
Auteur de « Mon Combat »
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NATIONALISME ET
SÉPARATISME ALGÉRIENS
(Envoyé par M. C. Fretat)
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DES ORIGINES
AU 1er NOVEMBRE 1954
L'Etoile Nord-Africaine (E.N.A.) (1926-1937). Association des Oulama d'Algérie (1931).
L'Etoile Nord-Africaine, association apparemment indépendante, mais en réalité d'émanation communiste et filiale de l'organisation d’extrême gauche « Le Secours Rouge Inter-national », est créée en mars 1926.
Elle déclare avoir pour but l'émancipation des Musulmans de l'Afrique du Nord, la défense de leurs intérêts nationaux, matériels, sociaux et politiques ; elle apparaît cependant, dès le début, connue une formation ne visant qu'à obtenir la libération complète de l'Afrique du Nord.
Messali Hadj ben Ahmed, émigré à Paris en 1923 (il avait alors vingt-cinq ans), prend la tête du mouvement en 1927. Tout en ménageant l'orthodoxie communiste du parti, qui lui vaut l'appui des organisations moscoutaires, il ne tarde pas à s'en dégager en secret, pour obliquer vers l'idée panarabe.
Dès 1928, l'opposition aux directives communistes se manifeste, le caractère nationaliste de l'organisation se précise. Cette activité justifie des poursuites judiciaires : un jugement du 2 novembre 1929 du tribunal correctionnel de la Seine prononce la dissolution de l'Etoile Nord-Africaine, pour « atteinte à l'intégrité du territoire national ».
L'Etoile Nord-Africaine ne reprend son essor qu'en mai 1933, sa propagande ne s'inspire plus des thèses communistes, mais des idées panislamistes et nationalistes. Son journal (« El Ouma : la communauté musulmane) se prononce nettement dans ce sens.
Messali aura profité de son passage au P.C.F. pour parfaire son instruction politique et s'imprégner des méthodes d'organisation «officielles» et clandestines, dans lesquelles les communistes excellent.
Ayant, dès juillet 1933, substitué à l'appellation Etoile Nord-Africaine celle de « Glorieuse Etoile Nord-Africaine », Messali et ses amis multiplient les meetings, où les appels à la révolte deviennent courants. Dans le journal « El Ouma », ils réclament l'indépendance totale de l'Afrique du Nord. Mais de nouvelles poursuites sont intentées, en octobre 1934, pour « reconstitution de ligue dissoute ». Messali est arrêté en novembre.
L'Association des Oulama d'Algérie (1931).
Mais déjà, un groupement de tendance nationaliste existait en d'Algérie depuis 1931 : l’Association des Oulama d’Algérie. Celle-ci, dont le but avoué était essentiellement la réforme de la religion musulmane par un retour à sa pureté primitive, n'avait pas tardé à s'engager dans le domaine politique, adoptant une attitude nationaliste et séparatiste fondée sur des préoccupations d'ordre religieux et la propagation des thèmes pan-islamiques et panarabes.
L'Union Nationale des Musulmans Nord-Africains.
En février 1935, l'Etoile Nord-Africaine dissoute en 1934 est reconstituée sous le nouveau titre d'Union Nationale des Musulmans Nord-Africains.
En 1936, à la faveur de l'amnistie générale, Messali, qui s'était retiré à Genève, rentre en France, puis en Algérie. Il se remet à la tâche, reprend en mains le mouvement, et se prépare à l'étendre à l'Algérie (mais à l'Algérie seulement, car ni la Tunisie, où s'impose le Destour, ni le Maroc, travaillé par l'Action Marocaine, n'ont répondu à son appel : l'Etoile Nord-Africaine, dont tous les dirigeants sont algériens, leur est encore suspecte d'inspiration communiste, et leur parait étrangère à leur propre action).
C'est alors, en Algérie, l'apogée du mouvement revendicatif, dans le sens de la fusion et de l'assimilation à la Métropole. Messali prend le contre-pied de ces tendances. Il se déclare contre le rattachement à la France, contre la représentation parlementaire, pour la création d'un « parlement algérien élu au suffrage universel, sans distinction de races ni de religions » : c'est donc l'émancipation totale de l'Algérie qu'il revendique.
L'Etoile Nord-Africaine, qui compte alors trois « secteurs » (Alger, Oran, Constantine), dirigés chacun par un comité exécutif, progresse malgré l'opposition du Congrès musulman, des communistes et des Oulama réformistes ; aussi, sa dissolution, prononcée par décret du 26 janvier 1937 (pris en exécution de la « Loi sur les ligues paramilitaires »), n'arrête ses activités ni dans la Métropole, ni en Algérie.
Son activité jusqu'à la guerre. — Messali reconstitue aussitôt son parti sous le nom d'« Association des Amis d'El-Ouma », puis de « Parti du Peuple Algérien » (P.P.A.), créé le 11 mars 1937, et strictement algérien.
Le Parti du Peuple Algérien (P. P. A. ) (1937-1946).
Des sections se créent dans les trois départements, « El Ouma » est largement diffusé, et 3 000 adhérents participent au cortège du Front Populaire du 14 juillet 1937.
« Le Parlement Algérien », puis « L'Action Algérienne » remplacent « El Ouma ».
Sa dissolution (1939). — Après la déclaration de guerre, le P.P.A. est dissous le 26 septembre 1939 (en exécution de la loi sur les ligues paramilitaires), à la même date que le parti communiste. Il se réfugie alors dans la clandestinité la plus complète.
Après le 8 novembre 1942, Messali et ses amis, qui avaient été condamnés à des peines de prison en 1941, bénéficient, au printemps 1943, « d'une remise de peine », et sont envoyés en résidence surveillée dans des centres de l'intérieur (Messali à Reibell), où ils reprennent bientôt une propagande occulte.
A Alger, un comité directeur se reconstitue, qui coordonne les activités éparses, stimule les endormis, et tient en haleine les impatients en attendant que l'occasion s'offre de reprendre la lutte ouverte.
L'ordonnance du 7 mars 1949, qui attribue la pleine capacité politique, avec maintien du statut personnel, à quelque 40 000 Musulmans, et promet à tous la citoyenneté, est à l'avance dépassée. La vague revendicatrice va bien au-delà. 1.e P.P.A. développe ses antennes dans l'intérieur, et met en place une organisation solide, hiérarchisée, cloisonnée, copiée sur celle du P.C. clandestin.
Les Amis du Manifeste et de la Liberté.
Ferhat Abbas, de son côté, crée, en août 1944, les « Amis du Manifeste et de la Liberté » (A.M.L.). Il recherche les contacts avec les messalistes, dans l'espoir de les intégrer à son parti. Mais les militants du P.P.A., beaucoup plus dynamiques que les siens, ne tardent pas à noyauter son mouvement. Abbas s'en aperçoit trop tard. Les A.M.L., ainsi pris en main par le P.P.A., sont pour une large part dans la rébellion sanglante du Constantinois (une centaine de victimes européennes).
Les désordres de 1945.
Inscriptions subversives, lettres de menaces, massacres de Sétif (8 mai), constitution d'un dépôt d'armes à Djidjelli (12 mai), complot de Cherchell (15 mai), coupure de fils téléphoniques à Saïda (18 mai), à Haussonvilllers (25 mai), flambée de banditisme en Basse-Kabylie (12 morts et 9 blessés de juin à septembre 1945), etc., entretiennent pendant de longs mois un climat d'inquiétude chez les Européens et les Musulmans loyaux.
Les élections municipales, cantonales, législatives de 1945 donnent l'occasion au P.P.A. d'appuyer son mot d'ordre d'abstention par une action terroriste : en Basse-Kabylie surtout, la situation est inquiétante.
La loi d'amnistie du 9 mars 1946 rend la liberté aux chefs nationalistes incarcérés, et permet à ceux qui avaient pris le maquis de reprendre au grand jour leur propagande qui se fait plus active (tracts, journaux clandestins, inscriptions murales).
L'Union Démocratique du Manifeste Algérien (1946).
Ferhat Abbas, placé en résidence surveillée à la suite des désordres de mai 1945, est libéré en mars 1946. 11 fonde à cette date l'Union Démocratique du Manifeste Algérien (U.D.M.A.) en prenant soin de n'accueillir que ses seuls partisans à l'exclusion totale des extrémistes du P.P.A. Ce nouveau parti prit dès sa création une part active à la vie politique et participa à toutes les consultations électorales : le succès certain qu'il obtint à ses débuts alla sans cesse en diminuant et il ne put bientôt conserver de représentation qu'au sein des conseils municipaux et généraux et de l'Assemblée algérienne.
Le Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques (M. T. L. D.) (1 946- 1 954)
Création et essor. Après la loi d'amnistie de mars 1946, le P.P.A. se décide à participer à la vie poli-tique française. Messali préside à la campagne en vue des élections générales d'octobre 1946. Le P.P.A. étant toujours dissous, ses candidats se présentent sous l'étiquette nouvelle du « Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques » (M.T.L.D.). C'est sous la même étiquette que se présentèrent par la suite les candidats du mouvement aux diverses élections.
Le parti comporte désormais :
1° le P.P.A., noyau central, clandestin ;
2° le M.T.L.D., antichambre et couverture légale du P.P.A. ;
3° des « groupes de choc », prélevés sur les effectifs du P.P.A., mais autonomes ; embryon de la future « Organisation Spéciale » (O.S.) ;
4° des filiales plus ou moins avouées (voir plus loin).
Dans l'hiver 1917-1948, le M.T.L.D., qui n'avait d'autre but à l'origine que de permettre au P.P.A. clandestin d'aborder la vie politique sans se découvrir, prend un essor considérable. Messali fait une importante tournée de propagande en Kabylie ; les élus du parti se déplacent, l'agitation s'accentue. Des attentats ont encore lieu en Basse-Kabylie (quatre assassinats et deux tentatives en novembre et décembre 1947). Des tribunaux clandestins jugent les « traîtres » au parti (amendes, mises en quarantaine, peine de mort) ; les succès électoraux sont indéniables quoique obtenus par la menace.
Doctrine. La France impérialiste a usurpé les droits souverains de la «Nation algérienne » qui, depuis 1830, « ne fait qu'affirmer son existence et sa volonté de reconquérir une vie nationale ».
Les objectifs qui en résultent sont :
Abolition du régime colonial et rétablissement de la souveraineté algérienne.
Election au suffrage universel, et par un collège unique, sans distinction de race ni de religion, d'une Constituante souveraine.
Institution d'un Etat républicain indépendant, démocratique et social avec tous ses attributs (exercice du pouvoir exécutif, législatif et judiciaire).
Position face aux blocs mondiaux.
1° Neutralité vigilante à l'égard des deux blocs occidentaux, aucun d'eux « ne soutenant par des actes la lutte de libération ».
2° Renforcement des relations avec le bloc arabo-asiatique. 3' Recherche de la réalisation d'une Union nord-africaine.
Organisation ; En fait, le théoriquement distinct du P.P.A., ne peut à cette époque être dissocié de ce dernier, dont il constitue un adroit camouflage.
Organisation centrale. — Elle est ainsi constituée au II" Congrès du parti (avril 1953) :
1° Le « Comité central » élu par le Congrès et dont l'effectif peut atteindre quarante membres. C'est « l'organisme suprême » (entre les Congrès), chargé de la direction de la politique et de toutes les activités du parti, conformément aux dispositions arrêtées par le Congrès. Il désigne le secrétaire général qui forme ensuite :
2° Le « Comité directeur » OU « Bureau politique » (huit à douce membres), chargé, avec le secrétaire général, de l'application des décisions du Comité central.
Le président du parti est élu par le Congrès.
Organisation locale. — En partant de la base, on a : la cellule (de 5 militants en principe) ;
le groupe de plusieurs cellules (5 à 7) ;
l a section de 3 ou 4 groupes ;
la localité (ou région) ;
la kasma (« Secteur »), cheville ouvrière de toute l'organisation, avec un responsable à l'organisation locale (R.O.L.), un responsable à la propagande et à l'information (R.P.I.), un responsable aux assemblées locales (A.R.L.), un responsable au finances ;
la daïra (cercle), 33 pour l'Algérie (Alger 17, Oran 9, Constantine 7) ;
la wilaya (gouvernement), 9 prévues. 5 mises sur pied (Alger 3, Oran 1, Constantine 1).
Toute cette organisation est sérieusement cloisonnée. Le militant ne connaît que ses camarades de cellule et son chef.
Fédération métropolitaine. — Implantée en France, elle semble jouir d'une certaine autonomie et être la mieux organisée (80 kasmas d'environ 85 membres). Ses troupes, instruites par des spécialistes venus des pays musulmans, participent aux manifestations du ler mai 1953 (40 blessés à Valenciennes) et du 14 juillet à Paris (7 morts).
Presse. — Le M.T.L.D. dispose successivement de :
La Nation Algérienne, « organe clandestin de libération nationale », mensuel, en français (juin 1946 à octobre 1948).
El Maghreb El Arabi, en arabe (nombreux numéros spéciaux en français), théoriquement hebdomadaire (juin 1947 à fin 1949).
El Manar, en arabe (d'une haute tenue littéraire), bi-mensuel, en principe indépendant, mais pratiquement contrôlé par le parti (mars 1951 à novembre 1953 où il reprend son indépendance).
L'Algérie libre, en français, bi-mensuel, puis hebdomadaire (18 août 1949 à 6 novembre 1954), qui fait l'objet de nombreuses saisies, niais demeure vivace, violente et toujours de mauvaise foi.
Enfin, le quotidien communisant Alger républicain ouvre largement ses colonnes au M.T.L.D. pour la publication de ses communiqués.
Le parti diffuse irrégulièrement des bulletins intérieurs (d'information, d'éducation, de presse) et des brochures diverses. Toutes publications doivent être obligatoirement achetées par les militants.
Filiales et organisations parallèles.
« Comité de soutien aux Victimes de la Répression » (C.S.V.R.), régulièrement déclaré le 13 avril 1948.
« Association des Femmes Musulmanes d'Algérie », constituée le 24 juin 1947. Cette association, qui exerce une propagande dans les milieux féminins, se préoccupe de secourir les familles des détenus politiques. Certaines de ses dirigeantes paraissent par moment s'efforcer de se dégager de l'emprise du M.T.L.D.
Syndicats d'artisans et commerçants musulmans, créés de 1943 à 1945, groupés en une Fédération des Syndicats Musulmans (F.S.M.), cotisaient largement au parti. Rihani, qui songeait davantage à s'enrichir qu'à servir la « cause nationale », a rompu ensuite avec les messalistes. La situation de ses syndicats est juridiquement peu claire : ils restent en sommeil.
La Fédération des Scouts Musulmans Algériens (S.M.A.), qui compte environ 1 500 membres, comprend quelques groupes inféodés au parti et utilisés en certaines circonstances. Dès 1953, le mouvement s'efforce de se « dépolitiser », excluant même certains membres pour leur appartenance au parti.
L'« Association des Etudiants Musulmans Nord-Africains » (A.E. M.N.A.), dont le bureau est longtemps formé d'éléments favorables au P.P.A. et au M.T.L.D., paraît s'être libéré un peu de cette obédience après le schisme berbériste.
Fusion définitive avec l'ex - P.P.A
Les décisions prises au cours du II' Congrès National (avril 1953) confirment l'identité absolue, sinon la fusion (réalisée en principe depuis 1949) du P.P.A. et du M.T.L.D. Celui-ci devient un « parti » totalitaire, organisé à la base en cellules clandestines.
Méthodes d'actions.
Action officielle. — Se sert de toutes les facilités que les libertés de presse et d'expression autorisent. Aucun moyen de propagande n'est négligé, et les différentes tribunes (Assemblée nationale, Assemblée algérienne) sont d'abord largement utilisées, ainsi que les différents Congrès internationaux.
Chadli Mekki, représentant du P.P.A. au Caire, garde le contact avec la Ligue arabe, et joue sur le sentiment de solidarité islamique pour amener les pays musulmans indépendants à s'intéresser à l'Algérie.
Le parti présente des candidats aux élections et obtient quelques succès.
Action violente. — A côté de son organisation proprement politique, le M.T.L.D.-P.P.A. a toujours constitué des « groupes de choc » autonomes et même une véritable formation para-militaire, découverte en 1950.
En fait, jusqu'à la grave crise qui affectera le M.T.L.D.-P.P.A. à partir de 1953, ce dernier se manifestera essentiellement par les désordres et les violences qu'il suscitera en divers points du territoire algérien, et même en Métropole.
Les groupes de choc sont intervenus chaque fois qu'une action directe pouvait être réalisée : élections, tournées de propagande des leaders, jugements de militants, organisation de « journées de protestation », organisation de manifestations de masse, etc...
Parallèlement à ces actions, des manifestations de « petit terrorisme » se produisirent, se traduisant par des attentats individuels contre des fonctionnaires (policiers, caïds, gardes-champêtres), notamment en Kabylie et dans l'Aurès où le M.T.L.D.-P.P.A. eut recours au service de bandits (tueurs à gages, insoumis, déserteurs) qui trouvaient traditionnellement refuge dans ces régions et qui d'ailleurs remplissaient souvent les fonctions de « responsables » du P.P.A. clandestin.
Relations avec les autres partis
Avec l'U.D.M.A. et les Oulama. — « Opposition (sic) souple, avec dénonciation intelligente de la ligne politique de la direction de ces partis. »
(Le caractère intellectuel et bourgeois des cadres de l'U.D.M.A., le refus opposé par ce parti aux méthodes de violence, ne pouvaient permettre une entente sincère et durable. Quant aux relations avec les Oulama, si une rivalité certaine a existé, notamment entre les établissements d'enseignement soumis à l'une ou à l'autre tendance, les dirigeants ont affecté en public de vouloir marcher la main dans la main.)
Avec le P.C.A. — Méfiance et jeu serré. Les dirigeants messalistes ne veulent pas donner l'impression d'avoir partie liée avec le bloc soviétique, mais ils s'efforcent de profiter de leur concurrent, en évitant néanmoins de lui laisser «prendre des initiatives propres à renforcer sa position auprès du peuple».
Le « Front de la Liberté » (1951-52). — En 1951, le parti adhère avec U.D.M.A., P.C.A., Oulama, au «Front Algérien pour la défense et le respect de la liberté ». Il ne s'agit pas d'une véritable union, mais d'un accord de circonstance ; il constitue toutefois pour le M.T.L.D. un « organisme d'allégement » qu'il va s'efforcer. « d'envelopper ». Sans unité d'action, le Front s'effrite en 1952.
Activité para - militaire.
L'Organisation Spéciale (O.S.) (1947-49). — Organisation super-clandestine se préparant à l'action directe, à côté du M.T.L.D. légal et des groupes de choc. Créé en décembre 1917, elle est mise à jour en 1950, (enlèvement à Tébessa). Elle devait constituer des groupes d'hommes prêts à tout, les armer, les instruire et les lancer dans l'insurrection à la première occasion.
A la tête, un chef national était assisté d'us Service général comprenant :
Un réseau «complicité», et les sections « Matériel », « Transmissions », « Artificiers », « Sanitaires ».
Le gros des effectifs (qui aurait atteint à un moment 1 800 hommes) constituait l'infanterie de l'O.S., organisée comme suit :
- demi-groupes (unités de base) formés de trois hommes, dont un chef ;
- groupes formés de trois demi-groupes et d'un chef ;
- sections ou localités formées de plusieurs groupes ;
- zones (trois dans le département d'Alger, deux dans ceux d'Oran et de Constantine).
Tentatives locales de reconstitution d'une armée secrète (1952-5-1). Une action para-militaire se développe à nouveau après 1952. Des exercices sont organisés (la nuit notamment). 11 est question de « commandos », « groupes et cellules de choc », « groupes de sabotages », « groupes de renseignements », constitués de « légionnaires » à l'instruction desquels participent certains chefs S.M.A.
On parle aussi des organisations dites « Djounoud Allah » (soldats de Dieu), El Ied Es Souda (la Main Noire, Constantine).
Toutes ces formations s'entraînent au terrorisme et au sabotage.
Dissensions internes au sein du M.T.L.D.-P.P.A.
Le caractère clandestin de l'O.S. allait s'accentuant ainsi que son indépendance à l'égard du parti ; elle finit par constituer une force très importante. Il en résulta des frictions, puis des conflits et une hostilité affirmée à l'égard de l'organisation politique et de ses dirigeants.
Aussi, lorsqu'en 1950, l'O.S. fut anéantie dans la plupart des régions d'Algérie, Messali et ses amis n'en furent-ils pas mécontents. Les chefs de l'O.S. (Ben Bella et Boudiaf notamment) ne pardonnèrent jamais cette « trahison » à leurs auteurs.
Parallèlement, la rupture avec la doctrine de non-coopération avec la France que constituait la participation du M.T.L.D. à la vie politique, dans le domaine électoral en particulier, suscita une opposition de la part de certains militants, à Alger d'abord, dans la Métropole ensuite, d'autant que le pouvoir quasi absolu et très autoritaire qu'exerçait Messali sur le parti mécontentait de nombreux éléments de l'organisation.
Dans la Métropole, les opposants se recrutèrent principalement parmi les Kabyles (qui forment l'essentiel des travailleurs musulmans algériens). Une tentative fut faite par certains dirigeants ou responsables pour mettre la main sur la direction métropolitaine du M.T.L.D.-P.P.A., mais échoua. Les chefs du parti, qualifiant cette entreprise de berbérisme », prirent aussitôt des mesures sévères d'épuration contre tous ceux qu'ils soupçonnaient d'avoir été mêlés à cette opposition. C'est ainsi que furent exclus du parti une grande quantité de Kabyles, en Algérie comme en Métropole. Le docteur Lamine Debaghine, dont le succès et l'ambition portaient ombrage à Messali, dut démissionner du parti et de son mandat de député et fut aussitôt exclu du parti.
Messali, sentant combien son autorité avait pu être ébranlée par ces difficultés successives, jugea utile de reprendre ses troupes en mains. C'est pourquoi, au début de 1952, il entreprit une vaste tournée de propagande qui devait atteindre l'ensemble du territoire algérien. Mais les incidents violents qui se déroulèrent à Orléansville interrompirent cette tournée et Messali fut astreint à résider d'abord à Niort, puis à Angoulême. Il se trouve actuellement à l'île de Belle-Isle.
Pendant ce temps, et l'Association des Oulama poursuivaient leurs activités propres. Néanmoins, à deux reprises, des tentatives de rapprochement furent opérées entre M.T.L.D.-P.P.A., U.D.M.A., Association des Oulama et même Parti Communiste Algérien.
Ce fut d'abord, en 1951, la constitution éphémère d'un « Front Algérien pour la Défense et le Respect des Libertés » (F.A.D.R.L.). Puis, en 1952, la création à Paris d'un « Comité d'Unité et Action Nord-Africaine» (C.U.A.N.A.). Ces deux tentatives connurent un échec complet.
Crise du M.T.L.D.-P.P.A. et scission
En 1952-53, Messali, éloigné dans la Métropole, perdit encore tut peu de son influence.
Le Comité directeur du M.T.L.D.-P.P.A. et le Comité central, dont la plupart des membres, conduits par Lahouel Hocine, avaient été désignés par cooptation, se montraient de moins en moins P.P.A. (ancienne doctrine extrémiste) et de plus en plus M.T.L.D. (doctrine réformiste), au point qu'ils envisagèrent la constitution d'un nouveau parti, le Congrès National Algérien, dont Messali aurait été exclu et auquel aurait été transféré tout l'appareil du M.T.L.D.-Y.P.A. (militants locaux, moyens financiers, archives, etc...).
Messali, informé du danger, soutenu et conseillé dans la Métropole par Filali Embarek, entama une campagne contre les maîtres réels du parti.
Commencée en août 1953, cette campagne fut marquée par les étapes suivantes:
- au cours de la conférence fédérale du parti à Paris, en décembre 1953, première attaque de Messali qui condamna la politique suivie par le Comité central et Lahouel. Les attaques se multiplient, Messali accuse la direction d'Alger (« Chaouchs sans uniformes ») d'avoir abandonné les principes révolutionnaires et adopté une politique d'abdication et de renoncements » ;
- tournée de propagande en Algérie, au profit de Messali, par Filali Embarek, en janvier 1954 ;
- création, à la même époque, à Paris, d'un « Comité de Salut Public » messaliste ;
- remise par le Comité central, le 28 mars à Alger, de la direction du parti à une « délégation provisoire » chargée de réunir un congrès avant le 15 juillet 1954 ;
- organisation, par les messalistes, d'un congrès à Honni (Belgique) du 15 au 17 juillet 1954, au cours duquel furent exclus les adversaires de Messali conduits par Lahouel ;
- organisation, par ces derniers, à Alger, le 15 août 1954, d'un congrès qui déclara sans valeur le congrès d'Hornu et nulles les décisions qui y avaient été prises, et prononça l'exclusion de Messali et de ses partisans (Mezerna et Merbah).
La rupture était dès lors consommée et des heurts violents (agressions, expéditions punitives) opposèrent les partisans des fractions rivales, notamment à Alger.
Préparation et déclenchement de l'Insurrection.
Ces dissensions avaient placé à l'arrière-plan les activités plus importantes encore du C.R.U.A.
Le Comité Révolutionnaire pour l'Unité et l'Action (C.R.U.A.) fut créé en mars 1954, dès que Ben Bella apprit les conflits intérieurs du M.T.L.D.-P.P.A.
Ancien chef de l'O.S., Ben Bella avait réussi à s'évader de la prison de Blida. Il avait gagné le Caire depuis le début de l'année 1953.
Il apparaît rapidement comme certain que Ben Bella est utilisé et dirigé par les services spéciaux égyptiens.
Le gouvernement égyptien était convaincu que la seule intervention possible en Afrique du Nord était une action armée. Entre le Maroc et la Tunisie, victimes à des degrés différents de la rébellion et du terrorisme, l'Algérie conservait pourtant sa tranquillité.
L'occasion offerte par la scission du M.T.L.D.-P.P.A. fut saisie. Ben Bella, soutenu par les services spéciaux égyptiens, fit appel à ses anciens compagnons de l'O.S., et notamment à Boudiaf Mohamed, Ben Boulaïd Mostefa, Ben Mahidi Larbi, Didouche Mourad.
La doctrine du C.R.U.A. se fondait sur la nécessité de rester neutre entre les deux tendances du M.T.L.D.-P.P.A. et de réunir un congrès ouvert à tous les militants, ceux-ci représentant véritablement le parti.
De plus, il était proclamé que le parti (levait devenir un instrument révolutionnaire et efficace, qui pût lutter contre le colonialisme français avec les partis frères du Maroc et de la Tunisie.
En fait, cette doctrine cachait les buts réels du C.R.U.A. qui se découvrirent seulement le 10 juillet 1931 à l'occasion d'une réunion organisée à Alger par Boudiaf et ses amis. La décision y fut prise d'engager une action armée partout où il serait possible en Algérie, et une organisation fut mise sur pied, sous le commandement de Boudiaf, divisant le territoire algérien en six zones dont chacune fut dotée d'un responsable.
Les mois suivants, de nouvelles réunions groupant les dirigeants du (C.R.U.A. se tinrent à l'étranger, permettant d'achever la mise sur pied d'une « Armée de libération Nationale » destinée à déclencher l'insurrection.
Cependant, des contacts furent pris avec les leaders de chacune des tendances rivales dia dont le concours fut sollicité, mais qui répugnaient à se lancer dans une aventure qu'ils considéraient comme prématurée.
Boudiaf décida de brusquer les choses et, quittant l'Algérie pour le Caire, donna l’ordre de passer à l'action le 1er novembre 1954, à 1 h. du matin.
Algérie 1957, cabinet du ministre de l’Algérie
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Petite mise au point historique
PAR MANUEL GOMEZ
3 mars 2025
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A l’attention d’Aphatie !
Je me pose la question de savoir dans quel bac des ordures ménagères il me serait possible de déposer le APHATIE ? Le gris, le vert, le jaune ou le bleu ? J’hésite encore. Mais avant de prendre ma décision qu’il me soit permis de l’informer sur ce que je pense de lui : à une époque précédente, avant 1962, il aurait, sans aucun doute, fait partie des « porteurs de valises » du FLN. Par ses déclarations ordurières il pourrait rejoindre Jean-Paul Sartre dans le même bac, le talent en moins bien sûr. Pourquoi expulser vers l’Algérie les minables influenceurs alors que le véritable « porte-parole » du gouvernement algérien, Jean-Michel Apathie, se pavane quotidiennement sur certains médias nationaux français ? Qu’il me soit permis tout de même de l’informer que l’Algérie n’existerait pas sans la colonisation française. Tout ce qui s’est produit, construit, développer, dans ce territoire devenu « Algérie » en 1839, ne l’a été que grâce à la colonisation française et les images, les films, les documentaires, présentés sur l’Algérie indépendante, le prouvent, puisque tout ce que l’on voit a été réalisé par la colonisation française.
Je n’en veux, pour preuve irréfutable, que le seul hôpital fonctionnant en Algérie indépendante, est l’hôpital de Mustapha, fondé en 1854. Quant au « génocide » organisé par la colonisation française, il est facilement comptabilisé : moins de 2 millions d’Arabes avant 1830. Plus de 2 millions 300.000 en 1856, après la guerre de conquête. 4.500.000 en 1900, plus de 8.500.000 en 1954 et, enfin, près de 10 millions en 1962. Comme « génocide » on peut faire mieux, non ? Qu’il se renseigne auprès des Turcs en ce qui concerne le génocide arménien et l’actuel génocide Kurdes !
Oui, il y a bien eu un « Oradour-sur-Glane » en Algérie. C’était le 28 mai 1957. Ce jour-là, à Melouza, plus de 300 enfants, femmes, vieillards furent massacrés, démembrés, décapités, parce qu’ils refusaient de rejoindre l’ALN. Et je pourrais offrir d’autres « Oradour-sur-Glane » à l’APHATIE à l’actif de l’ALN et du FLN.
Pour information à l’APHATIE : bien plus d’Arabes se sont massacrés entre eux dans les années 1995/1998 que durant toute la guerre de conquête. Mais il s’agit là d’une autre histoire, n’est-ce-pas ?
Pour conclure, un conseil à Olivier Dartigolles, qui a le privilège d’être présent dans « L’heure des pros 2 » : Qu’il sélectionne de bonnes informations afin de ne pas débiter quelques absurdités : il n’y a jamais eu de villages (avec femmes et enfants) « enfumés » dans des grottes, lors de la conquête de l’Algérie. Il est préférable quelquefois de se taire afin de ne pas passer pour l’idiot de service.
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SOLDAT... ATTENDS'
Par VERITAS N° 30 de février 1999
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L'aube a dissipé les ténèbres,
Le jour se lève sur la terre
L'âme des morts en temps de guerre
Est présente en ces lieux funèbres.
Attends soldat, attends, attends encore un peu,
C'est un meurtre qui se prépare,
Attends donc un moment avant d'ouvrir le feu
Avant que la mort ne s'empare
De cet homme au poteau que tu dois fusiller,
Que ton tir fera vaciller.
Attends soldat. attends donc un moment
Ce condamné qui te fait face
Là-bas, en Algérie, avait fait le serment
De ne jamais quitter sa place
De garder cette terre et de la protéger
Malgré le risque et le danger.
Attends, soldat, attends encore un bref instant
Avant de commettre ce crime ! On t'a menti soldat.
Tu te montres hésitant
Car c'est le sang d'une victime
Que tu devras verser.
Où donc est ton devoir ?
Vas-tu tirer sans t'émouvoir ?
Soldat attends. Sais-tu combien de nos soldats
Se sont battus en Algérie
Et combien de Français valeureux aux combats
Sont morts, là-bas, pour la Patrie ?
Ceux qui sont enterrés dans le sol algérien
Sont-ils vraiment tombés pour rien ?
On t'a trompé, soldat. Tu vas verser le sang
D'un combattant pur et sans tache
D'un officier français. Cet homme est innocent
Ce condamné que l'on attache
Avait mis une croix de Lorraine en son cœur
Sous sa vareuse d'aviateur.
Soldat, attends un peu.
Souviens-toi des Pieds Noirs
Quittant leur province natale
Leurs maisons et leurs champs, leur terre et leurs espoirs
Echappant à une mort fatale
Quand ils ont dû choisir valise ou bien cercueil
L'exil, la misère ou le deuil.
Attends, soldat, attends. Souviens-toi des Harkis
Livrés sans arme et sans défense
Quand on leur ordonna de rendre leurs fusils
Ils croyaient encore à la Franco
Ils furent par milliers vendus aux massacreurs
Au couteau des égorgeurs.
Soldat, n'hésite plus. Pourquoi donc trembles-tu ?
Il porte sa Croix de Lorraine
Sous ce pesant fardeau, il avait combattu
Il a dépouillé toute haine
Il n'a jamais trahi, il s'est bien préparé
H ne s'est pas déshonoré.
Soldat, qu'attends-tu donc ? Vise bien droit au cœur
Cet homme affamé de justice
Qui refusa le crime et sauva notre Honneur
Est prêt pour le dernier supplice
Il n'espère plus rien de ces vils magistrats
Et de ces lâches scélérats.
Soldat, épaule ton fusil, vise bien droit
Plus tard, tu verseras ta larme.
Soldat, ne tremble pas en appuyant le doigt
Sur la gâchette de ton arme
Soldat ne pense à rien, ajuste bien ton tir,
Après, viendra le repentir.
Soldat, tu ne sais pas que la majorité
Voulait rester française et la fraternité
Des habitants de l'Algérie
Fut détruite par barbarie
Et trahison pour les Pieds-Noirs abandonnés
Et les Harkis assassinés.
Soldat, tu dois tuer ce juste au Fort
Pour s'unir à jamais aux récents morts d'lsly
Un sang pur va couler encore
Derrière un drapeau tricolore
En mars de l'an dernier marchaient des Algérois
Ils sont tombés les bras en croix.
Lieutenant Louis de Condé,
Ecrit en 1965, prison de Fresnes, cellule 23
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POINT DE VUE
PAR MANUEL GOMEZ 10 avril 2025
Envoyé par Mme A. Bouhier
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Algériens, la colonisation française
vous a offert un pays viable
et vous n’en avez rien fait !
« La France est un ennemi traditionnel et éternel »
Décidément après plus d’un demi-siècle vous n’avez toujours rien compris et, mais cela j’en suis persuadé, vous ne comprendrez jamais rien : c’est votre président qui vient d’asséner cette absurdité et c’est, hélas, ce que l’on a enseigné, et que l’on enseigne, aux Algériens, depuis l’indépendance. Non, les ennemis traditionnels et éternels de l’Algérie, ce sont les gouvernements successifs qui vous dirigent, s’enrichissent et vous appauvrissent. Il y a eu une guerre de conquête, une guerre barbare, cruelle, meurtrière, comme le sont toutes les guerres depuis que les hommes se tuent.
L’armée de la France, commandée par le maréchal Bugeaud, a été impitoyable : « Si ces gredins se retirent dans leurs cavernes, fumez-les à outrance comme des renards » et ils vous ont « enfumés » dans vos grottes imprenables. Des milliers de morts de votre côté.
Mais également des milliers de morts du nôtre, par Abd-el-Kader, près de Sidi-Brahim par exemple : les têtes coupées, détachées des troncs et emportées, les poignets, les oreilles, le nez, arrachés et les nuques tailladées.
Après la défaite de 1870, 250 tribus bédouines se soulèvent, des centaines de familles de différentes nationalités, des civils, femmes, enfants, massacrés, près d’Alger ou dans la région de Palestro. Le 21 avril 1871, des indigènes hystériques découpent les corps « hachés en morceaux ». Le curé de l’église éventré et le sexe dans la bouche, la tête du maire jetée dans une fosse d’aisance.
Et ne parlons pas des juifs, vos « dhimmis », que vous aviez le droit de voler, de violer leurs femmes et leurs filles, de les empaler, quand ils n’obéissaient pas.
Oui, toutes les guerres sont cruelles, souvenez-vous du Viêt-Nam et des bombes au napalm, d’Hiroshima et de Nagasaki, des nazis et de l’holocauste, des soviétiques en Pologne et en Prusse et celles récentes, entre musulmans, en Syrie, Irak, au Liban, en Lybie et actuellement et depuis des années au Yémen.
Mais après la guerre s’est installée, pour nous, la paix, la colonisation, la construction.
Mais pas pour vous !
Permettez-moi de vous faire souvenir certaines déclarations vous concernant :
Lamartine s’exprimait, le 29 avril 1834, devant l’Assemblée nationale. Il avertissait : « Remettre les rivages et les villes d’Afrique à des princes arabes, ce serait confier la civilisation à la barbarie, la mer à la garde des pirates et nos colons à la protection et à l’humanité de leurs bourreaux ? La France répondant par la colonisation à un devoir moral d’arracher le Maghreb aux ténèbres. »
En 1841, Victor Hugo s’enthousiasmait : « C’est la civilisation qui marche sur la barbarie. C’est un peuple éclairé qui va trouver un peuple dans la nuit. Nous sommes les Grecs du monde ; c’est à nous d’illuminer le monde. »
En 1847, Alexis de Tocqueville, dans un rapport sur l’Algérie, notait : « La société musulmane « n’est pas incivilisée, elle a seulement une civilisation arriérée et imparfaite. »
Du 17 au 19 septembre 1860, lors de son premier voyage en Algérie. L’empereur Napoléon III préconisait l’éducation des uns et la sécurité des autres : « Notre premier devoir est de nous occuper de trois millions d’Arabes que le sort des armes a fait passer sous notre domination. Élever les Arabes à la dignité d’hommes libres, répandre sur eux les bienfaits de l’instruction, améliorer leur existence en faisant sortir de cette terre tous les trésors que la Providence y a enfouis et qu’un mauvais gouvernement laisserait stériles, telle est notre mission, nous n’y faillirons pas. Quant à ces hardis colons qui sont venus implanter en Algérie le drapeau de la France et avec lui tous les arts d’un peuple civilisé, ai-je besoin de dire que la protection de la métropole ne leur manquera jamais ? »
Ernest Renan lors une conférence, en mars 1883, à la Sorbonne, sur le thème « l’islamisme et la science » : « Toute personne un peu instruite des choses de notre temps voit clairement l’infériorité actuelle des pays musulmans, la décadence des États gouvernés par l’islam, la nullité intellectuelle des races qui tiennent uniquement de cette religion leur culture et leur éducation. Tous ceux qui ont été en Orient ou en Afrique sont frappés de ce qu’a de fatalement borné l’esprit d’un vrai croyant, de cette espèce de cercle de fer qui entoure la tête, la rend absolument fermée à la science, incapable de rien apprendre ni de s’ouvrir à aucune idée nouvelle. »
Guy de Maupassant, en 1884 : « Les Arabes passent, toujours errants, sans attaches, sans tendresse pour cette terre que nous possédons, que nous rendons féconde, que nous aimons avec les fibres de notre cœur humain. »
Le socialiste Jules Ferry proposait aux colons de participer à « l’émancipation des indigènes qui manquent d’équité de l’esprit et du cœur ». Il estimait que c’était « la mission éducatrice et civilisatrice qui appartenait à la race supérieure ». C’est sur le socle d’une France maternelle et généreuse de ses « héroïques colons », que s’est appuyée la colonisation en Algérie.
En 1930, en commémoration du centenaire du débarquement, sur le monument érigé à Sidi-Ferruch, ces lignes gravées dans le marbre : « Ici le 14 juin 1830 par l’ordre du roi Charles X sous le commandement du général de Bourmont, l’armée française vint arborer ses drapeaux, rendre la liberté aux mers, donner l’Algérie à la France. Cent ans après la République française ayant donné à ce pays la prospérité, la civilisation, avec la justice, l’Algérie reconnaissante adresse à la mère patrie l’hommage impérissable de son attachement. »
Le 10 mai de cette même année du centenaire, le président de la République, Gaston Doumergue, déclarait à Alger : « la prospérité et la grandeur de l’Algérie unie pour toujours à la mère patrie indivisible et républicaine. Derrière la façade somptueuse qui se mire dans la mer, il n’y a plus ni la misère, ni la terreur, ni la violence, ni la paresse qu’on y trouvait avant nous. »
Amédée Froger, maire de Boufarik, dans la plaine de la Mitidja, dévoilant un monument « à la gloire de la colonisation française », déclarait : « Alentour, c’était le marécage avec sa vase épaisse et ses eaux dormantes. C’était la solitude morne et impressionnante, c’était la brousse qui cachait le pillard, c’était la fièvre, c’était la nuit, c’était la mort. Au milieu de ce chaos, les Français vinrent construire. Dès lors, partout, du levant au couchant, du nord au sud, la lutte fut entreprise, âpre et sévère. Pendant des décennies, sans relâche, il fallut assainir, cultiver et bâtir. La mort devant tant d’audace réclamait sans cesse son tribut. Les colons disparaissaient, mais de nouveaux arrivants venaient à chaque moment prendre la pioche de ceux qui tombaient. »
Le 28 décembre 1956, c’est Amédée Froger qui tombait, sous les balles d’un tueur du FLN, Ali la Pointe.
En un siècle, le nombre des indigènes s’était multiplié par cinq grâce aux bienfaits de la colonisation.
Cela pour répondre au dictateur turc Erdogan qui a accusé la France de « génocide » en Algérie, mais également à tous les dirigeants de ce pays qui depuis plus d’un demi-siècle n’ont fait que s’enrichir en l’appauvrissant.
Jeunes Algériens, posez-vous cette question, et surtout posez-là à « vos anciens » : Est-ce que les Algériens fuyaient leur pays, vers la France, l’Espagne, l’Europe, à l’époque « si malheureuse » de la colonisation ?
La colonisation française vous a « offert » un pays dans lequel vous vivez « libres » depuis plus d’une soixantaine d’années, si vous n’arrivez pas à le conserver tel qu’il était au moins ne permettez pas qu’on le détruise !
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Guerre d'Algérie
Envoyé par Mme E. Saurel
| Quand la République célèbre l'abandon des Français
Tribune de Julien Odoul
Le 19 mars 1962 entrait en vigueur le cessez-le-feu définitif entre la France et les indépendantistes algériens. 63 ans plus tard, dans un contexte de vives tensions diplomatiques, le député de l’Yonne Julien Odoul exhorte le gouvernement à cesser tout discours de repentance vis-à-vis d’Alger.
Chaque année, la même falsification. La France commémore ce qui devrait être pleuré, honore ce qui devrait être condamné. Le 19 mars 1962 n’a pas marqué la paix, mais l’ouverture d’une autre guerre. Ce jour-là, la République a baissé les armes, mais les bourreaux, eux, se sont déchaînés. FLN, milices, foules hystérisées : ils n’ont pas cessé le feu, ils l’ont intensifié.
Harkis, Pieds-Noirs, soldats, civils fidèles à la France : tous ont été sacrifiés sur l’autel d’une reddition honteuse. Et aujourd’hui encore, l’infamie se perpétue. Alors que l’Algérie continue d’exiger des excuses, d’entretenir la haine contre la France, d’ériger en héros ceux qui ont massacré et torturé nos compatriotes, la République persiste à commémorer cette trahison.
Pourquoi maintenir cette mascarade alors même que l’Algérie refuse la réciprocité, insulte notre mémoire et piétine nos décisions de justice en refusant de reprendre ses délinquants sous OQTF ? Chaque gerbe déposée le 19 mars est une humiliation supplémentaire, un signal de faiblesse envoyé à ceux qui n’ont jamais cessé de nous mépriser. Il ne s’agit plus seulement de boycotter cette date : il faut mettre un terme à cette commémoration. Le temps du renoncement est fini. Il est inconcevable que la France continue à célébrer l’un de ses plus grands abandons alors même que le régime algérien persiste dans son chantage et son ingratitude.
Pendant que l’Algérie ordonne des excuses, réclame des réparations, protège ses criminels et entretient sa francophobie, notre pays s’apprête, une nouvelle fois, comme si de rien n’était, à commémorer cette trahison. Le 19 mars ne doit plus être un jour de commémoration, mais un jour de rupture. Boycotter ces cérémonies, c’est refuser une fois de plus de baisser la tête.
« De l’Algérie, on ne guérit jamais. » Albert Camus l’avait compris. Nous aussi. Pour lui, l’Algérie n’était pas une nation, mais une patrie partagée, où deux peuples, nés sur la même terre, ne pouvaient être arrachés l’un à l’autre sans déchirer l’Histoire. Pourtant, la France a tranché. Premières victimes de cette déchirure, les Harkis ont eu à choisir entre le bateau ou le cercueil, entre l’oubli et la mort.
Dès le cessez-le-feu, la traque des terroristes du FLN s’est intensifiée. Dans les villes et les campagnes, ceux qui avaient combattu pour la France ont été livrés aux pires supplices. Égorgés devant leurs familles, écartelés, brûlés vifs, leurs corps mutilés exposés en trophées. Certains furent jetés vivant dans des fosses, d’autres emprisonnés dans des camps où l’agonie dura des mois. Ils étaient 200 000 à avoir servi la Grande Nation qui allait de Dunkerque à Tamanrasset. Entre 60 000 et 150 000 ont été exterminés. Seuls 40 000 ont revu leurs familles. Ceux qui ont réussi à s’échapper furent abandonnés dans des camps de transit en métropole, relégués comme des parias sur la terre pour laquelle ils avaient risqué leur vie.
Pour les Pieds-Noirs, le 19 mars, c’est l’exil ou la mort. Un million de Français d’Algérie ont été contraints de fuir en quelques semaines. Des familles entières sont montées sur les bateaux en laissant tout derrière elles, chassées par la peur des enlèvements, des viols et des assassinats. D’autres n’ont pas eu cette chance. Le 5 juillet 1962, à Oran, des centaines d’Européens ont été raflés, abattus dans des caves, éventrés dans les rues, jetés dans des charniers anonymes. Des femmes furent enlevées, torturées, violées, réduites en esclavage dans une barbarie que l’Histoire officielle s’obstine encore et toujours à dissimuler.
Pour les soldats français qui ont combattu en Algérie, le 19 mars 1962 marque le commencement de la négation de leur héroïsme et de l’occultation de leur bravoure. Durant huit ans, ces hommes ont lutté contre la terreur du FLN, protégé les populations civiles en dépit des ordres reçus, risqué leur vie dans les djebels. Ils n’ont eu ni reconnaissance, ni gratitude, seulement l’amertume de voir leur pays s’humilier et trahir ses propres enfants.
Et pourtant, chaque année, l’État français ose commémorer.
En 2012, la gauche a réussi, une fois de plus, à ajouter l’insulte à la trahison. Plutôt que de garder la date neutre du 5 décembre instaurée par Jacques Chirac en 2003, François Hollande a fait du 19 mars une commémoration officielle. Un premier pas dans la soumission mémorielle, qui s’est depuis transformée en une véritable capitulation.
Chaque année, la République dépose des gerbes sur une mémoire qu’elle a piétinée. Mais il ne suffit plus de se flageller, il faut encore s’agenouiller. En 2017, Emmanuel Macron n’hésitait pas à qualifier la colonisation de « crime contre l’humanité », offrant sur un plateau la repentance qu’Alger exigeait depuis des décennies. En 2020, Gérald Darmanin franchissait un nouveau cap dans l’ignominie en rendant hommage aux « martyrs du FLN », ceux qui, par la terreur, ont arraché l’Algérie à la France en égorgeant, torturant et massacrant des milliers de nos compatriotes. Et l’apothéose de cette soumission fut atteinte lorsque le président de la République a reconnu « la responsabilité de la France » dans l’exécution de Larbi Ben M’hidi, rebaptisé « Jean Moulin algérien » par la propagande d’un régime qui glorifie encore ceux qui ont assassiné nos soldats, nos civils, nos familles.
Jusqu’où ira cette repentance servile ? À force d’autoflagellation, la France ne se contente plus de courber l’échine : elle creuse elle-même sa tombe. Pendant que la France s’entête à clamer la réconciliation, l’Algérie persiste dans l’humiliation. Elle ne veut ni justice ni vérité, elle veut une reddition sans condition. Et année après année, la République s’exécute, reniant son histoire, trahissant sa mémoire, sacrifiant son honneur.
L’Algérie réclame excuses et réparations, comme un bourreau exigeant que sa victime implore pardon. Après la repentance, elle exige des milliards, après l’argent, des concessions diplomatiques. Pendant que l’Algérie réclame encore et toujours, la France de Macron et de Retailleau plie : elle accepte l’humiliation, elle renonce à expulser, elle cède du terrain. Alger protège ses délinquants mais refuse de reprendre ses criminels sous OQTF, transformant la France en refuge de ses indésirables. Alger bloque systématiquement les expulsions, laissant des centaines de criminels algériens sous le coup d’une OQTF en liberté sur notre sol. Dernièrement encore, des individus condamnés pour des agressions et du trafic de drogue ont vu leur expulsion annulée faute de laissez-passer consulaires.
Elle enferme Boualem Sansal, coupable d’avoir pensé, pendant que les égorgeurs du FLN sont célébrés en héros. À 75 ans, l’un des derniers intellectuels libres du pays croupit en prison, tandis qu’Alger exige toujours plus de reconnaissance pour ses « martyrs ». Et la France ? Elle regarde ailleurs, trop préoccupée à honorer les bourreaux d’hier.
Elle laisse prospérer des influenceurs attisant la haine de la France, vomissant leur rancœur en toute impunité. Sur les réseaux sociaux, des figures algériennes, suivies par des centaines de milliers de personnes, appellent ouvertement à la violence contre la France. Et pendant ce temps, notre ministre des Affaires étrangères bafouille, hésite, tergiverse et tremble à chacune de ses interventions médiatiques. Assez d’abaissement. Assez de soumission. Assez de mensonges.
Le 19 mars n’est pas un jour de paix, c’est un jour de honte ! Un jour où la République a trahi ses soldats, livré ses fidèles, abandonné son honneur. Un jour qui nous rappelle le traumatisme d’une guerre inachevée et d’un déracinement.
Nous appelons au rejet total de cette commémoration étrangère à nos valeurs et à notre mémoire combattante. Ne plus honorer la trahison, ne plus légitimer l’abandon, ne plus se soumettre. On nous demande d’oublier. Nous refuserons. On nous demande de nous excuser. Nous accuserons. On nous demande de baisser la tête. Nous relèverons la mémoire.
Il est temps pour la France de se relever, d’assumer son Histoire, d’honorer ses soldats et d’avoir enfin la fermeté de briser l’engrenage du chantage d’Abdelmadjid Tebboune, qu’il soit mémoriel, diplomatique ou migratoire.
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Ras le bol des « méfaits de la colonisation »
« Je ne parle pas aux cons, ça les instruit ! » (Michel Audiard).
Il y a quelques jours, j’ai écrit un article intitulé « De la repentance », dans lequel j’exprimais, pour la énième fois, mon ras-le-bol de voir nos dirigeants et les partis de gauche se livrer à une auto-flagellation honteuse, un « mea-culpa » indigne et des salamalecs larmoyants envers nos ex-colonisés et leurs descendants, noirs ou maghrébins (1), pour se faire pardonner notre épopée coloniale et/ou notre passé esclavagiste. Une repentance qui, de surcroît, n’est pas toujours sincère car c’est aussi, pour ces gens-là, une façon de s’attirer les suffrages des Français « de papiers » issus du jus solis ou du regroupement familial ; ces Français de fraîche date dont beaucoup détestent la France.
Depuis des décennies, c’est une surenchère à qui battra sa coulpe le plus fort ; qui saura le mieux baver sur notre pays, l’insulter et cracher sur nos morts. Si notre pauvre nation se meurt, elle le doit essentiellement à une nomenklatura que certains appellent « élites » alors qu’ils sont des traîtres, des salopards et des fossoyeurs qui jouent contre leur camp, ou plutôt contre NOTRE camp.
Cette servilité reptilienne, cette attitude indigne devant des immigrés plus ou moins récents, qui nous insultent, manifestent contre leur pays d’accueil et déboulonnent les statues de nos grands colonisateurs, a démarré dès la fin de notre empire, au tout début des années 60, mais elle s’est amplifiée avec l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand et la création de « SOS-Racisme » en 1981. Ensuite, tant Jacques Chirac que Nicolas Sarkozy n’ont pas cessé de donner des gages à la gauche en condamnant le racisme supposé des Français. François Hollande, conseillé par Benjamin Stora, a été encore plus loin quand, sur le sol algérien, il a condamné la France pour les massacres de Sétif le 8 mai 1945. Peu après, il reconnaissait la responsabilité de nos forces de l’ordre dans la tuerie de fellaghas qui manifestaient, en plein Paris, le 17 octobre 1961. Comme s’il était anormal, en pleine guerre d’Algérie, de mater une tentative de rébellion d’une troupe ennemie (2) dans la capitale. Avec Hollande, je pensais que nous avions touché le fond et qu’il serait difficile de faire pire en matière de veulerie compassionnelle et de repentance honteuse ; je me trompais lourdement, hélas !
Emmanuel Macron nous est arrivé en mai 2017. Marionnette de Davos, pantin du Nouvel Ordre Mondial, il avait pour mission de détricoter notre histoire pour tuer ce qu’il restait encore de la France éternelle et de son passé glorieux, pour en faire un vulgaire land européen. Avant même d’être élu, en février 2017, il annonçait la couleur en déclarant que notre colonisation en Algérie était un « crime contre l’humanité ». Une telle infamie aurait dû le disqualifier mais la « démo-crassie » est une illustration, parmi d’autres, de la loi de Pareto (3). Macron a été élu et réélu. Pauvre France !
Depuis, cet avorton narcissique, frappé d’une logorrhée sentencieuse – une véritable diarrhée verbale – passe son temps à critiquer les « Gaulois réfractaires », surtout lorsqu’il est à l’étranger.
Il a, entre autres méfaits, rendu visite à la veuve du traître Audin et sali l’armée française en l’accusant de l’avoir tué. Notons, au passage, que la suppression d’un traître en temps de guerre est une chose assez courante, pour ne pas dire normale. Puis, il a fait déposer une gerbe sur la tombe du terroriste algérien Larbi Ben M’hidi, l’un des fondateurs du FLN, responsable de plusieurs attentats durant la bataille d’Alger qui a tué des dizaines d’Européens. C’est proprement scandaleux !
Macron a également fait rendre à l’Afrique des biens que nous aurions soi-disant « pillés ».
Plus récemment, en déplacement au Maroc, ce détracteur de toute forme de colonialisme a vanté, avec des trémolos dans la voie, les bienfaits pour l’Europe de l’invasion musulmane d’Al-Andalus : sept siècles d’une colonisation brutale, aussi terrible pour les chrétiens comme pour les juifs, ne semble pas l’émouvoir. La colonisation, pour lui, c’est comme le racisme ; ce n’est condamnable que si le colon est blanc. Emmanuel Macron déteste le « mâle blanc » (4) et le fait savoir.
Pour se dédouaner aux yeux des nouveaux arrivants, il n’a de cesse que de déclarer que sa génération « ne porte pas le poids de la colonisation ». Les salauds, pour lui, ce sont les Français d’avant, ceux qui ont fait la gloire et la grandeur d’un pays qu’il s’ingénie à détruire.
Il se trouve que, malgré mon âge, je ne porte pas, moi non plus, le poids de la colonisation. Je n’ai jamais fait le coup de feu dans une de nos anciennes possessions. Je connais plusieurs de nos ex- colonies ou protectorats, mais seulement en touriste. Mon père, lui, s’est battu en Indochine et en Algérie, pour défendre des populations amies qui ne voulaient pas du communisme. Des populations que nous avons abandonnées au nom du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes », cette tarte à la crème lénifiante imposée par l’URSS au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
Tout gamin, j’ai eu la fierté de notre empire, puis, plus tard, mes voyages en Afrique ou dans « notre » Indochine m’ont permis de constater que tout ce qui tient encore debout dans ces pays est l’œuvre de la France. C’est moins vrai de nos jours puisque ces territoires sont devenus le terrain de chasse des Américains, des Russes ou des Chinois. La plupart de ces pays ne veulent plus de nous.
Aujourd’hui, chaque fois qu’il m’arrive de parler de notre ancien empire, des imbéciles pétris de la doxa officielle, culpabilisés par les discours ambiants contre la colonisation, me rétorquent que nous aurions retardé le développement des contrées colonisées ou sous protectorat français.
Et bien, le retard que nous aurions fait prendre à nos ex-colonisés, parlons-en ! Je ne saurais mieux l’illustrer que par une anecdote que j’ai racontée dans un de mes livres (5).
L’histoire se passe lors d’un dîner mondain. Un de ces dîners où je m’ennuie comme un rat mort car le bavard impénitent, le passionné que je suis, n’a absolument RIEN à dire : on m’a appris, jadis, qu’en société, il ne faut parler ni de politique, ni de religion, ni de son travail. L’humour gaulois est également mal venu et le rire, carrément déplacé. Que reste-t-il alors ? Rien, nada, que dalle ! Des généralités sur le temps qu’il fait, des fadaises, des lieux communs, bien consensuels, pour ne froisser personne. On y caquette allègrement, comme dans une volière.
Avec le temps, je constate que, finalement, rien ne change : lorsque j’avais 30 ans, les gens qui m’emmerdaient avec les couches-culottes de leurs rejetons sont les mêmes (en plus décatis) qui me bassinent aujourd’hui avec celles de leurs petits-enfants. Mais heureusement, dans ces dîners d’un ennui mortel, il y a souvent le con de service : il parle fort, avec assurance et emphase. Il est pontifiant, sentencieux et moralisateur. On sent celui qui sait tout et qui a vécu. Les autres convives l’écoutent avec respect et un brin d’admiration car il est officier supérieur ou haut fonctionnaire. Habitué à commander, il n’aime pas être contredit. Il faut donc l’écouter religieusement, sans jamais l’interrompre et le regarder avec un air bovin qu’il prendra pour de l’admiration.
Ce soir là, c’est un « général-quart-de-place » issu du service du Matériel (6). Je le connais de réputation : il considère les paras comme des têtes brûlées et la Légion comme un repaire de brutes apatrides.
Durant sa carrière d’embusqué, il n’a jamais risqué sa précieuse peau dans une « Opex » (7) mais il arbore fièrement deux rosettes qu’il doit sans doute à la souplesse de son échine: « la Rouge » et « la Bleue » (8), glanées sans avoir un coup de feu à se reprocher sinon à l’exercice (ou sur des perdreaux s’il est chasseur)(9). Il ressemble aux bidets Jacob Delafon : un robinet bleu pour l’eau froide et un rouge pour l’eau chaude ; ou aux fines porcelaines de Chine qui « supportent bien les décorations mais craignent le feu ». Je l’écoute sans piper mot, mais je réagis quand il déclare, péremptoire : « Reconnaissons que notre colonialisme n’a servi à rien sinon à retarder l’évolution de nos colonisés ». J’avance timidement : « L’état actuel de l’Afrique Noire et de l’Afrique du Nord, après plus d’un demi-siècle d’indépendance, ne me pousse pas à la culpabilisation et à la repentance… »
« Pour les Nègres et les B... (10), je vous l’accorde, me rétorque-t-il, mais vous ne connaissez pas le Vietnam. Les Vietnamiens sont créatifs avec rien : regardez le cyclo-pousse. »
Je lui demande naïvement : « Vous avez vécu là-bas, mon général ? ». Et il me répond :
« Non mais j’y suis allé, en voyage organisé, avec ma femme, il y a 5 ou 6 ans. Ces jaunes sont des bosseurs. D’ailleurs, on le voit bien, chez nous, dans les restaurants asiatiques… ».
Diantre, j’ai affaire à un ancien d’Indo : respect ! Je n’ai plus qu’à la fermer. Et pourtant…
J’aurais pu dire à ce con glorieux que je connais, mieux que lui sans doute, la belle histoire de « notre » Indochine française. Et qu’en 2009, avant d’écrire mon premier livre (11), j’ai fait un long voyage en Indochine (je me refuse à dire Vietnam) : du delta du Mékong au Tonkin, de Saïgon (que je me refuse à appeler Hô-Chi-Minh-ville) à Hanoï, via Hué et Haïphong.
J’ai terminé mon périple dans la magnifique baie d’Along. J’ai succombé au charme de ce pays et de ses habitants. Et je comprends que nos colons, nos missionnaires, nos soldats aient pu attraper là-bas le « mal jaune ». J’aurai pu expliquer à ce con pontifiant que je n’ai rien contre les bureaucrates, les gratte-papiers, les fourriers et autres compteurs de chaussettes – il en faut – mais je leur demande simplement de ne pas cracher sur le pays qui les paie (avec NOS impôts !). J’ai eu la chance, dans ma vie, de connaître ou de côtoyer plusieurs grands soldats : les généraux Jouhaud, Langlais, Caillaud, le colonel Château-Jobert, le capitaine Sergent, et tant d’autres encore…
Certains m’ont même honoré de leur amitié. J’ai un profond respect pour les gens capables de mettre leur peau au service d’un idéal, et ceux pour qui le patriotisme n’est pas un vain mot.
J’aurai, enfin, pu dire à ce con ramenard et inculte qu’en l’écoutant j’ai pensé au vieux slogan soixante-huitard : « La culture c’est comme la confiture, moins on en a, plus on l’étale. » car le cyclo-pousse qu’il a cité en exemple est un bienfait du colonialisme. Il est arrivé en Indochine juste avant la Seconde Guerre mondiale, et il est l’œuvre d’un génial inventeur… charentais, Maurice Coupeaud, une « face de craie », un « Souchien ». Coupeaud n’a pu exporter son cyclo-pousse, avec l’agrément de Georges Mendel, le ministre des Colonies, qu’après l’avoir fait tester dans les allées du bois de Boulogne par deux champions cyclistes, vedettes du Tour de France de 1937, Georges Speicher et Maurice Le Grévès. Une expérimentation a ensuite été tentée, à l’automne 1938, à Phnom Penh. Quelques semaines plus tard, Maurice Coupeaud faisait fièrement son entrée dans Saïgon, à l’issue d’une course-marathon mémorable de 27 heures. Dans l’esprit de son inventeur, comme dans celui du ministre Georges Mendel, le cyclo-pousse constituait « un progrès dans le respect de la dignité de l’homme » qui n’était plus, tel l’antique coolie, « attelé comme une bête de somme à ses brancards », mais assis, trônant à l’arrière de l’engin. Voilà la véritable histoire du cyclo-pousse, inventé en métropole, par un Français !
J’aurai pu raconter ça, mais… je n’ai rien dit. Oh, pas par courtoisie vis-à-vis de nos hôtes ! Pas par lâcheté non, plus ! Disons, par lassitude, car j’en ai ma claque de tous ces « idiots utiles », ces collabos même pas honteux, qui contribuent, par veulerie, à la dégénérescence de leur patrie ; patrie qui accessoirement est aussi la mienne, hélas !
Eric de Verdelhan
1) Je note que les Asiatiques de notre Indochine se sont plutôt bien intégrés, qu’ils étudient, travaillent et ne passent pas leur temps à nous reprocher de les avoir colonisés ;
2) Rappelons que c’est la Wilaya 7 du FLN qui organisait cette manifestation ;
3) Lisez Le Procès de la démocratie de Jean Haupt ; publié en 1971 et réédité par DPF en 1977 ;
4) Surtout s’il est hétérosexuel, car il affectionne les invertis ;
5) Sauf erreur, dans Devoir de Colère ; publié en 2020 ;
6) Ce service est indispensable au bon fonctionnement de nos armées mais admettons que les héros y sont relativement rares ;
7) « Opex » = Opération extérieure ;
8) « la Rouge » est la Légion d’honneur et « la Bleue », l’Ordre national du mérite ;
9) Ou à son appartenance à la franc-maçonnerie ?
10) Je ne fais que transcrire ses propos car chez ces gens-là, on n’est « pas raciste mais… »
11) Au capitaine de Diên-Biên-Phu ; publié chez SRE-éditions en 2011.
Eric de Verdelhan - 5 février 2025
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UNITES TERRIORIALES
Par VERITAS N° 9, janvier 1997
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Déjà s'éclaircissent les rangs de ceux des nôtres qui ont servi dans Ies U.T. Bientôt, il faudra expliquer aux jeunes que ces initiales sont celles des Unités Territoriales qui en Algérie, dans toute I'Algérie, ont fait, consciencieusement, leur devoir, permettant, ainsi, à I'Armée de faire le sien et, ce n'est plus un secret pour personne de rappeler qui, si la guerre fut gagnée sur le terrain, elle fut, diplomatiquement, perdue par la volonté d'un homme pour lequel nous avions, pourtant, déblayé les avenues du pouvoir. Il ne nous aimait pas et il nous a, sciemment menti.
DES MILIEUX AFRICAINS AUX U.T.
Il faut bien reconnaître, d'ailleurs, que la participation de la population civile à la défense de l'Algérie ne fut pas une invention de cette guerre. Déjà, en 1830, le Général Clauzel avait eu recours aux « Milices africaines ».
Elles surent se battre si bien qu'elles purent s'emparer d'un étendard brandi par des Hadjoutes qui se croyaient invulnérables parce que I'ensemble de l'Armée guerroyait en Oranie. Ils ne savaient pas que, dans les murs d'Alger restait, avec le Général Rapatel, un escadron de Chasseurs d'Afrique et l'escadron des Milices africaines.
Non loin de Boufarik, ils rejoignirent les agresseurs, les défirent et leur étendard resta entre nos mains.
A chaque fois, la paix revenue, les milices furent dissoutes, sauf les pompiers qui ont, là, leur origine.
Il convient de se souvenir que l'Algérie a répondu « présent » à toutes les demandes lancées par la Patrie, que ce soit en 1870, en 1914 ou en 1940 et, à chaque fois, les Algériens rentraient chez eux - moins nombreux, certes - mais le cœur gonflé par les propos chaleureux qui les avaient accompagnés : sacrifice inoubliable.... auxquels ils crurent mais durent déchanter quand ils virent une partie importante de la métropole refuser de leur venir en aide.
Il est vrai que les gouvernements de la France ont bien souvent exprimé qu'ils n'aimaient pas l'Algérie, que ce soit les Orléanistes en 1830, les républicains en 1848, le Front populaire en 1934, les communistes, toujours et, enfin, les gaullistes.
Parce que je fus aux U.T. un des leurs et même, un certain temps, leur chef, j'ai pensé qu'il était de mon devoir, avant I'oubli, de dire aux jeunes générations ce que furent leurs pères ; mais si j'aborde ce travail en témoin, je le fais, aussi, en historien c'est-à-dire que tous mes propos sont vérifiables, certifiés par d'authentiques preuves ou d'irrécusables témoins.
LES U.T.: POURQUOI ?
Face à la guerre révolutionnaire qui nous était imposée, l'Armée avait deux missions essentielles. L'une, mission active s'il en fut imposait de courir aux katibas rebelles et de les détruire ; l'autre, passive, consistait à protéger la population comme le terrorisme. C'était ure mission sans gloire, tout aussi indispensable que l'autre mais qui se montrait grande dévoreuse d'effectifs car il fallait être présent et en armes partout, être vigilant, de jour et de nuit, à la porte des écoles, bien sûr, mais, aussi, sur les marchés, dans les transports publics et même devant les cinémas ou les bals, faire la chasse aux paquets abandonnés, se méfier de circulations intempestives, agir de telle sorte que, avec la sécurité revenue et la peur éradiquée, renaissent le calme, la confiance et par eux, une santé morale à toute épreuve. En un mot c'était mettre la population toute entière et d'un bout à l'autre de l'Algérie dans des conditions telles que, réagissant comme un humain attaqué par un virus, elle en vienne à sécréter, elle-même, les anticorps qui la délivrait de ses agresseurs ou les réduirait à quelques foyers localisés que l'Armée, alors, viendrait détruire.
Comme on ne sait pas ou les terroristes vont frapper, il faut être présent partout pour démoraliser les agresseurs, dépister les lanceurs de grenades, contrôler les identités, pour déceler des déplacements inopportuns, quadriller toute la ville, se montrer, ostensiblement partout.
Ce devraIt être la mission de la police mais elle n'a, évidemment, pas les effectifs suffisants pour ce faire. La gendarmerie encore moins et le gouvernement ne veut pas mobiliser plus avant les réservistes métropolitains car cela coûterait trop cher et, surtout, serait impopulaire.
Alors, quelqu'un qui avait sans doute, des réminiscences historiques, a ressorti la solution des Milices africaines qu’eut, aussitôt, la faveur unanime du Gouvernement sous la seule réserve d'en modifier le nom car le nom de « milice » avait pris, dans un proche passé, une connotation qui n'était guère désirable et, ainsi, naquirent les UNITES TERRIORIALES, les U.T.
LES U.T. COMMENT ?
Ainsi fut décidée la mobilisation, en Algérie, de toute la population masculine en état de porter les armes, jusqu'à 48 ans mais il ne devant être demandé à ces réservistes qu"un service partiel dans le temps, trois ou quatre jours par trois, quelquefois davantage, selon les circonstances. On n'avait pas à craindre d'une popularité d’une telle mesure puisqu'elle consistait à associer la population à la sécurité de ses propres foyers.
La métropole ignora tout de cette charge pesant sur les Français d'Algérie, impôt du sang, heureusement limité mais, aussi, impôt de temps et d'argent car, pour ceux de ces réservistes qui était à salaire horaire, cela représentait une charge importante mais c'était vrai, aussi pour les commerçants et les professions libérales ;
Quant aux réservistes à salaire mensuel, je ne pense pas qu'il y ait eu un seul patron pour retirer la paye des journées passées au service commun mais cela se traduisait par des heures supplémentaires ou des vacations des dimanches.
Pour s'en tenir à Alger, il y avait 25.000 U.T. fournissant un travail quotidien de 2.500 hommes soit l'équivalent de ce qu'auraient pu fournir trois régiments.
Le commandement eut l'heureuse initiative de grouper ces réservistes, toutes armes confondues, dans des compagnies dont les P.C étaient à proximité de leurs résidences. Il en espérait un quadrillage plus efficace ; Non seulement ce résultat fut acquis mais, par elle, de surcroît, les habitants d'un même quartier apprirent à mieux se connaître et à faire, dans la bonne humeur un service, parfois, lassant.
Comment pouvait-il en être autrement puisque le contrôleur d'hier devenait le contrôlé du lendemain. Au-delà de cette efficacité se réalisait une entente profonde qui n'avait plus qu'une seule volonté : éradiquer le terrorisme et un seul slogan dont la traduction sonore : ti,ti,ti,ta,ta résonnait partout.
Il y eut aussi, une autre conséquence, imprévue mais très importante : chacun prenant son service apportant avec lui, les préoccupations de sa famille, de son entourage, de ses clients et ainsi les P.C. devinrent autant de centres d'écoute pour mesurer le pouls de la population, à I'inverse, rentrant chez lui, il apportait les consignes de l'Armée et ainsi s'établit, entre I'Armée et la population, une entente profonde, une véritable symbiose qu’était l'antidote essentiel contre le terrorisme.
Le 13 mai 1958, dans I'atmosphère politiquement surchauffée de I'Algérie, une manifestation d'une ampleur jusqu'alors inconnue va bouleverser toutes les données et se transformer, le 16, en une gigantesque manifestation de fraternité. Tous, mains jointes, dans un élan de patriotisme et une charge émotionnelle sans précédent, sentir s'évanouir la peur et crurent que plus rien ne pourrait dissoudre cette fraternité retrouvée dans ure Algérie définitivement française. Et, en conséquence de cela, on créa, dans la Casbah d'Alger, un 20ème bataillon d"U.T. en y incorporant des musulmans qui, jusqu'alors, avaient été tenus en dehors de cette mobilisation.
Franchissant un nouveau stade dans l'étroitesse des relations Armée-population, le commandement décida de faire participer les U.T. à diverses prises d'armes.
C'était marquer la considération dans laquelle il tenait les U.T. Le succès de cette mesure fut considérable.../...
En 1959, on confia aux U.T. un drapeau tout neuf. Mais déjà le doute et l'angoisse étreignaient les cœurs et nombreux étaient ceux qui se demandaient si ce drapeau resterait, longtemps planté sur la terre algérienne..../...
Nous sentions tous que la digue que nous nous efforcions de construire allait être, rapidement, battue par les vagues de I'abandon qui, de métropole, se gonflaient.
Par MICHEL SAPIN-LIGNERES
N.D.L.R. LES U.T. DEVAIENT ÊTRE DISSOUTES PAR LE GOUVERNEMENT FRANCAIS AU DEBUT DU MOIS DE FEVRIER 1960, APRES LES BARRICADES ET, AINSI, FUT REDUIT A NEANT L'IMMENSE TRAVAIL DE PACIFICATION ACCOMPLIS PAR TOUS CES PATRIOTES AUXQUELS VERITAS REND UN VIBRANT HOMMAGE.
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« Piqûre de rappel »
Envoyé par M. Alain ALGUDO
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LA GRANDE POSTE D’ORAN
5 JUILLET 1962
Il est 11h30. Le soleil règne sur la place de la Grande Poste. Une légère brise marine empêche encore la grosse chaleur de dominer l’atmosphère.
Brusquement, alors qu’un silence lourd, compact, inhumain, vient de s’établir pour une seconde, un immense tapage, comme un brusque coup de tonnerre, déclenche l’enfer sur le centre ville.
Plus de klaxons, plus de voitures, de vélos, de poussettes, un ouragan recouvre tous les bruits.
Des rues adjacentes, de la place, de partout, des femmes, des vieillards, des enfants, des hommes de tous âges, se mettent à courir de tous les côtés, en tous sens, se croisent, se bousculent, paraissant agir comme des déments.
Déjà le sang est omniprésent, il gicle des gorges ouvertes, des poitrines, des bras, des jambes, des visages défigurés. De profondes blessures transforment les êtres humains en mannequins rouges.
La foule, dense à cette heure, se rue vers la Grande Poste, espérant y trouver un quelconque salut. Les employés n’ont guère le temps de fermer les lourdes portes d’entrée, les tueurs sont déjà mêlés aux victimes.
Tous pénètrent comme des bolides dans le hall. En un instant, il n’y a plus d’employés des Postes, plus de visiteurs, plus de clients. Ce n’est qu’un grand troupeau poursuivi par des hordes de bouchers hurlant, fous de rage et massacrant tout être vivant !
Le sang est partout. Il recouvre les comptoirs, les tables, les tableaux, les vitres. Il coule à flots. Les postiers, mêlés aux clients, tentent en vain d’échapper à l’holocauste débutant.
Les clients, d’abord, sont abattus, malgré leurs hurlements de douleur et de terreur, leurs supplications. Les femmes ont les seins coupés, puis sont achevées. On leur arrache les yeux, le nez. Les visages ne sont plus, bientôt, que bouillies sanglantes…
Après les clients, les fonctionnaires des deux sexes, par centaines, sont achevés de la même manière. Beaucoup tentent de survivre, aveuglés par leur sang, ils courent dans les couloirs, les toilettes, les moindre recoins … Ils sont tous tués !
Un homme a tout vu, il a compris que son heure était venue. Il est préposé à la radio, tout en haut de l’édifice :
IL ENVOIE IMMÉDIATEMENT DES S.O.S. AU MONDE ENTIER. Le bruit du massacre lui parvient de plus en plus fort. Il déverse dans l’unique escalier de fer, seul moyen de l’atteindre, le contenu de tous les extincteurs d’incendie qu’il détient. IL SAIT QU’IL A PEU DE TEMPS POUR ALERTER LES AUTORITÉS COMPÉTENTES et reculer ainsi, le plus possible, l’échéance atroce qui l’attend.
Sa longue agonie commence ! Il appelle à l’aide la police, l’Armée, les Autorités navales de Mers-el-Kébir, les journalistes du monde… Par tous les moyens, il essaie de faire comprendre la situation dans laquelle se trouve Oran.
Il hurle au monde entier ce qui se passe à Oran, il hurle que l’enfer s’y est déchaîné, qu’une ville entière sombre dans la folie ! Aucune réponse. Les ordres venus de l’Autorité supérieure française « Ne rien faire quoi qu’il se passe » seront appliqués * !...
Les assassins, au pied de l’escalier, hurlent de rage et essaient, en vain, de monter les marches… Pendant longtemps, ils piétineront et se bousculeront avant d’y arriver…
Alors, lentement, l’homme comprend que tout est fini, que le monde entier, ce monde dit civilisé, abandonne à un sort atroce toute une population dont le seul crime est d’être française. Il persiste pourtant à appeler sans cesse AU SECOURS !
Rien… Seul le silence… Un silence de mort …Pas une seule réponse ! Un silence qui le condamne à mort, après la multitude déjà sacrifiée, par l’obéissance aveugle à des ordres criminels, au nom d’une prétendue discipline militaire qui, à ce niveau, n’est plus qu’une complicité avec des assassins !
D’un instant à l’autre, sa porte sera abattue. Il prie. C’est un croyant. Il revoit sa chère chapelle du Saint Esprit, de l’autre côté de la place où il allait si souvent prier avec sa famille…
La porte s’abat avec fracas, l’escalier vient d’être franchi. En un instant, il n’est plus qu’une boule de chair et d’os… Ce nouveau martyr, dernier fonctionnaire des Postes d’Oran, se nommait M. Brosse. Ce sacrifié là fut, comme des milliers de Français d’Oran, livrés à une barbarie sans nom le 5 juillet 1962. POURQUOI ?
Deux jours après que l’indépendance de l’Algérie soit déclarée par Charles De Gaulle ! Qui portera, dans l’Histoire, la responsabilité d’avoir donné, ou d’avoir fait appliquer les ordres criminels de non-intervention, bien que sachant parfaitement ce qui allait se passer, et s’est bel et bien passé !
L’Histoire est têtue comme l’est aussi LA VÉRITÉ. Elles doivent tout remettre en place !
SI LA JUSTICE EXISTE, IL FAUT QUE CETTE ABOMINATION SOIT RECONNUE ET EXPIÉE !
Témoignage retrouvé et transmis par Alain ALGUDO
Nous possédons une Attestation sur l’honneur du témoignage Lieutenant Colonel Robert FOURCADE, Officier de l’Ordre National du Mérite à titre militaire à qui le Général KATZ a déclaré : « Le 5 juillet 1962, j’ai été mis au courant dont étaient victimes un grand nombre de citoyen Français d’Oran : J’ai téléphoné personnellement au Général DE GAULLE pour lui rendre compte de ces assassinats et pour lui demander si je pouvais faire intervenir les troupes placées sous mon commandement afin de rétablir l’ordre dans la ville. Le Chef de l’État m’a répondu simplement : « SURTOUT NE BOUGEZ PAS ! » Et une fois de plus j’ai obéi. »
· Le Comité VERITAS a alors entamé, contre le général Katz, une procédure judiciaire pour OBÉISSANCE A DES ORDRES CRIMINELS. Malheureusement Katz est décédé pendant la procédure !
· Charles De Gaulle, donneur de cet ordre criminel, alors qu’à Oran se trouvaient 22.000 soldats français consignés dans leurs casernes dont la seule présence aurait empêché les massacres, serait-il considéré, comme RESPONSABLE, MAIS PAS COUPABLE ???
Et pourtant voilà ce qu’avait déclaré DE GAULLE lors de son discours à ORAN le 7 juin 1958 :
« OUI, OUI, oui, La France est ici pour toujours, elle est ici avec sa vocation millénaire qui s’exprime aujourd’hui en trois mot : Liberté, Égalité Fraternité….Vive ORAN, ville que j’aime et que je salue, bonne, chère, grande ville d’ORAN, grande ville Française. »
· Extrait des déclarations, entre autres, de Charles De Gaulle :
· « Moi vivant, jamais le drapeau du FLN ne flottera sur Alger ! »
« Je ne livrerai jamais l’Algérie au FLN, cette clique de gens qui n’existent pas,
et qui sont incapables de se gouverner »
Puis, le 3 juillet, dans ses félicitations à l’état algérien :
« Cette indépendance nous l’avons voulue et aidée ! »
Cerise sur le gâteau, définition du Gaullisme par Michèle Alliot Marie :
« Le Gaullisme, ça n’est pas la détestation de l’autre, au contraire, c’est la main tendue à l’autre »
Vous apprécierez !!
En souvenir de la petite Myrtille DUBREUIL qui, ce jour là, a perdu 14 membres de sa famille !
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Algérie, 9 mars 1962
Par M. Manuel Gomez
Envoyé par Mme A. Bouhier
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Sacrifice programmé d’une unité de jeunes appelés.
Il faut que cela se sache.
Cet épisode de la guerre d’Algérie a été soigneusement occulté par le gouvernement français et par tous les médias, (mais l’ont-ils su ?).
Dix jours avant la signature des « accords d’Évian », l’armée française allait commettre, sur ordre de De Gaulle et de son gouvernement, la plus odieuse forfaiture de son histoire.
Voici comment le chef de l’État français avait décidé de refaire un nouveau Dien Bien Phu, en laissant massacrer une unité d’infanterie, composée essentiellement de jeunes appelés du contingent, basée non loin de Souk-Ahras, dans l’Est algérien, face au village tunisien de Sakhiet-Sidi-Youssef.
(Rien à voir bien entendu avec le fameux bombardement de ce même village le 2 février 1958 qui mobilisa toute la presse internationale et attira l’opprobre de nombreux pays contre la France)
Depuis le lever du jour de ce 9 mars 1962, une pluie d’obus tirés par l’artillerie lourde de l’ALN, installée en Tunisie,pleut avec une intensité sans précédent sur cette unité composée de jeunes recrues, des appelés pour la plupart.
Le commandant de l’unité n’a pas les moyens matériels de riposter car ses hommes ne sont équipés que d’armes légères.
En effet, sur ordre du gouvernement, on lui a retiré quelques jours plus tôt son artillerie lourde plus un régiment de la Légion étrangère et une demi-brigade de blindés.
Ordre bien singulier puisque les services secrets avaient signalé une concentration inhabituelle de forces adverses en territoire tunisien, juste en face de ce secteur.
Sans cesse, le commandant demande par radio à sa hiérarchie basée à Constantine et à Bône l’appui de l’aviation pour le dégager.
La situation devient désastreuse à l’aube du 10 mars. Les tirs redoublent de violence.
Puis c’est le silence.
-« Je vous en prie, réagissez ! Nous risquons une attaque massive des fellaghas ».
De son poste d’observation le commandant constate, à l’aide de ses jumelles, qu’à moins d’un kilomètre plusieurs brèches ont été ouvertes dans le barrage électrifié qui délimite la frontière entre les deux pays. Sur les collines environnantes des milliers de combattants de l’ALN progressent à découvert dans sa direction.
Ils sont à moins de deux kilomètres à vol d’oiseau. Il sait qu’il ne pourra pas résister à une attaque de cette envergure et que tous ses hommes vont se faire massacrer. Il se demande pourquoi on ne lui envoi aucune aide.
Ce qu’il ignore c’est que l’état-major militaire a reçu l’ordre de ne pas intervenir. Pour quelles raisons ?
Des négociations sont engagées avec les nationalistes algériens et Louis Joxe discute en ce moment même à Evian avec les représentants du GPRA.
Pour amadouer les dirigeants nationalistes, le gouvernement français a décidé quelques jours plus tôt un « cessez-le-feu unilatéral ».
Ainsi l’ALN (Armée de libération Nationale) peut agir en toute impunité et tenter une opération spectaculaire afin de négocier dans de meilleures conditions.
Et c’est pour cette raison que De Gaulle va sacrifier sans aucune pitié, sans aucune émotion, quelques centaines de jeunes soldats appelés du contingent dans le seul but de démontrer à la métropole la nécessité urgente de terminer cette guerre quel qu’en soit le prix.
Informé de tout cela, le lieutenant-colonel Lisbonis, commandant la base aérienne 213 de Bône, hésite à intervenir.
Un an plus tôt, au moment du putsch des généraux, il était resté fidèle à De Gaulle.
Mais sa conscience le tenaille et il ne peut concevoir de ne pas se porter au secours de ces jeunes soldats français sacrifiés au nom d’une odieuse politique d’abandon.
Dès le lever du jour, il donne l’ordre aux escadrilles de décoller.
En quelques heures la victoire change de camp. Les pilotes des T-6 arrosent de leurs mitrailleuses les fellaghas, surpris par une attaque aérienne qu’ils n’attendaient pas, et les A-26 franchissent la frontière, les poursuivant et lâchant leurs bombes sur les positions de l’artillerie adverse.
Les soldats du contingent et la population civile sont sauvés. Quant au lieutenant-colonel Lisbonis, il s’envole pour Paris.
Non pas pour être félicité mais par mesure disciplinaire.
Le gouvernement lui reproche d’avoir enfreint les ordres et d’avoir gravement compromis les pourparlers d’Évian, même au prix de la vie de quelques centaines de jeunes soldats français.
Le 14 mars 1962, le commandant de la base aérienne de Bône-les-Salines est mis aux arrêts pour avoir riposté aux attaques de l’ALN contre le barrage et sauvé quelques centaines de jeunes soldats et de civils français.
(Source : « J’accuse De Gaulle », édition 2016)
Manuel Gomez
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LIVRE D'OR de 1914-1918
des BÔNOIS et ALENTOURS
Par J.C. Stella et J.P. Bartolini
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Tous les morts de 1914-1918 enregistrés sur le Département de Bône et la Province du Constantinois méritaient un hommage qui nous avait été demandé et avec Jean Claude Stella nous l'avons mis en oeuvre.
Jean Claude a effectué toutes les recherches et il a continué jusqu'à son dernier souffle. J'ai crée les pages nécessaires pour les villes ci-dessous, des pages qui pourraient être complétées plus tard par les tous actes d'état civil que nous pourrons obtenir. Jean Claude est décédé, et comme promis j'ai continué son oeuvre à mon rythme.
Vous, Lecteurs et Amis, vous pouvez nous aider. En effet, vous verrez que quelques fiches sont agrémentées de photos, et si par hasard vous avez des photos de ces morts ou de leurs tombes, nous serions heureux de pouvoir les insérer.
De même si vous habitez près de Nécropoles où sont enterrés nos morts et si vous avez la possibilité de vous y rendre pour photographier des tombes concernées ou des ossuaires, nous vous en serons très reconnaissant.
Ce travail fait pour Bône, Guelma, Philippeville, etc. a été fait pour d'autres communes de la région de Bône et de Constantine.
POUR VISITER le "LIVRE D'OR des BÔNOIS de 1914-1918" et du Constantinois
Le site officiel de l'Etat a été d'une très grande utilité et nous en remercions ceux qui l'entretiennent ainsi que le ministère des Anciens Combattants qui m'a octroyé la licence parce que le site est à but non lucratif et n'est lié à aucun organisme lucratif, seule la mémoire compte :
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Albert et Julie viennent de se marier.
Ils arrivent enfin à l'hôtel après une longue journée de célébrations.
Ils passent une nuit torride ! Julie était encore vierge mais elle a vite compris !.
Une nuit d'extase !!!
Lorsqu'elle ouvre les yeux, Albert est sous la douche. Il chante comme un grand ténor.
En sortant de la douche, il constate qu'il n'a pas de serviette.
Il va dans la chambre.
Julie est assise sur le bord du lit.
Albert est nu.
Julie le regarde, lentement, attentivement, de haut en bas pour enfin, fixer son regard sur sa zigounette.
Mais, mais..... Albert, c'est quoi ça ?
C'est la chose avec laquelle tu as eu tellement de plaisir cette nuit lui dit-il en rougissant
Elle lui répond:
« Mon Dieu, ça s'use si vite; et c'est tout ce qui reste ??? »
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Notre liberté de penser, de diffuser et d'informer est grandement menacée, et c'est pourquoi je suis obligé de suivre l'exemple de nombre de Webmasters Amis et de diffuser ce petit paragraphe sur mes envois.
« La liberté d'information (FOI) ... est inhérente au droit fondamental à la liberté d'expression, tel qu'il est reconnu par la Résolution 59 de l'Assemblée générale des Nations Unies adoptée en 1946, ainsi que par les Articles 19 et 30 de la Déclaration universelle des droits de l'homme (1948), qui déclarent que le droit fondamental à la liberté d'expression englobe la liberté de « chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit ».
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