La presse Algérienne sur mai 1945
à Sétif et sa région
Journaux du 8 au 10 mai 2005

Boutef dérape encore.
ALGÉRIE Lors des commémorations des massacres de Sétif.
Bouteflika compare la colonisation française au nazisme.

Lors des commémorations des massacres de Sétif, Abdelaziz Bouteflika n'a pas hésité à franchir la ligne jaune en comparant la colonisation française en Algérie à l'Allemagne hitlérienne. «Les massacres du 8 mai 45 étaient-ils la récompense des Algériens pour avoir défendu héroïquement la France, un héroïsme que l'histoire a retenu et que les historiens du colonisateur ont eux-mêmes reconnu ?, (...) Qui ne se souvient des fours de la honte installés par l'occupant dans la région de Guelma (...) ? Ces fours étaient identiques aux fours crématoires des nazis», a déclaré le président algérien dans un message lu lors d'un colloque organisé samedi à l'université de Sétif.Le président algérien voulait sans doute marquer son exaspération face à la présentation de l'occupation française en Algérie comme une «oeuvre civilisatrice». La loi du 23 février 2005, adoptée par le Parlement français, et qui tend à «positiver» la colonisation, a été ressentie par nombre d'Algériens comme une provocation. Pour l'historien Mohamed Harbi, «dans la mesure où les officiels français invitent d'autres pays à réviser leur histoire, ils devraient donner l'exemple et se départir d'un rapport schizophrénique à la leur».

Au-delà de cette volonté de «décoloniser l'histoire», la déclaration d'Abdelaziz Bouteflika est d'abord destinée à rassurer ses compatriotes. A commencer par les islamo-conservateurs, qui rejettent la réconciliation en cours avec la France et dont les chefs de file sont d'autant plus prompts à partir en croisade contre l'ancien colonisateur qu'ils ont été tièdes durant la guerre d'indépendance. Alors que les deux pays s'apprêtent à signer un traité d'amitié avant la fin de l'année, les islamo-conservateurs mettent la pression, accusant le chef de l'Etat «d'attacher le wagon Algérie à la locomotive française». Il y a quelques semaines, le président algérien, qui a réhabilité l'usage de la langue française dans la vie publique et son enseignement dès la deuxième année primaire, était contraint de lâcher du lest, en menaçant de fermeture les écoles privées qui refusent d'arabiser leurs programmes.

Pour beaucoup d'Algériens, la France officielle lèverait le dernier obstacle vers la réconciliation en faisant acte de repentance. «Dans leur majorité, ils ne comprennent pas que la France qui a demandé pardon aux juifs, victimes du régime de Vichy, ne procède pas de la même façon avec eux», explique un analyste algérois. Pour Abdelaziz Bouteflika, ce serait là «un geste qui libérerait la conscience française des cauchemars de la longue nuit coloniale et des remords du monde, et effacerait ainsi cette tache noire dans le cours d'une histoire étincelante».

Malgré le ton martial de son message, le président algérien veut garder le cap sur l'avenir : «Grand est notre souhait de transcender ce passé dont nous avons été les victimes, a-t-il déclaré. Nous voulons le transcender, nous voulons que les autres le transcendent avec nous en affrontant la vérité avec courage et sens des responsabilités.»

Alger : Arezki Aït-Larbi [10 mai 2005]

Source de cet article :
http://www.lefigaro.fr/international/20050510.FIG0218.html


DEBAT
Un certain 8 mai 45 en Algérie

Le 8 mai 1945, jour de l’armistice signifiant la fin de la guerre en Europe, l’Algérie allait connaître un des événements les plus sanglants de son histoire. Suite à un soulèvement des Algériens contre l’occupation coloniale française, une répression hallucinante devait s’abattre sur les populations de Sétif, Guelma, Kherrata, dans l’est du pays.

Une répression qui devait s’espacer sur près de 10 jours et qui provoqua l’extermination d’au moins 45.000 civils. Pour les autorités coloniales de l’époque, il fallait frapper fort pour dissuader toute nouvelle tentative de révolte. On croyait ainsi sauver le régime colonial dans tout ce qu’il avait de plus banal, le racisme institutionnalisé, le mépris absolu des vies algériennes. N’est-ce pas le général Duval en personne qui déclara à sa hiérarchie: «on est tranquille pour 10 ans». Tout en prévenant: «je vous ai donné la paix pour 10 ans, mais il ne faut pas se leurrer, tout doit changer en Algérie». Il ne croyait pas si bien dire.

Sétif allait marquer une étape cruciale, rien ne sera plus comme avant. Le fossé allait se creuser considérablement entre Algériens et colons. La guerre de libération devait commencer 10 ans plus tard, elle avait en fait joué son premier acte à Sétif. Nul d’ailleurs ne pouvait mieux l’exprimer que le grand écrivain algérien Kateb Yacine lorsqu’il écrivit: «à Sétif, se cimenta mon nationalisme, j’avais 16 ans».

Pour comprendre les raisons de cette prise de conscience chez le peuple algérien, il faut revenir sur l’essence profonde de ce que fut le système colonial français. Tout d’abord, il faut voir que la présence française ne reposait sur aucune légitimité. L’Algérie a été conquise par la force dès 1830 et allait se voir imposer une domination et un joug qui devait aboutir à la déstructuration complète de sa société.

Avec la colonisation, non seulement les cadres politiques traditionnels ont disparu, mais les structures profondes de l’ordre social ont été violemment attaquées, que ce soit avec l’interdiction progressive des «medrassas», la confiscation des propriétés collectives et la remise en cause du système tribal.

A cela, il fallait rajouter une situation économique désastreuse et de plus en plus précaire pour les Algériens.
En fait, deux Algérie existaient, celle des colons européens minoritaires et maîtres du pays, et celle des Algériens majoritaires condamnés à la plus terrible des misères. Pour ce qui était du droit, «l’apartheid républicain» était de mise.
Les Algériens dépendaient du code de l’indigénat. Un code officialisé en 1881 qui prévoyait l’instauration de pénalités exorbitantes de droit commun et d’une série de mesures relevant d’un droit parallèle discriminatoire ne s’appliquant que pour les Algériens musulmans. En fait, plus de 90% de la population se trouvait exclue de tous les droits civiques et civils fondamentaux sur le seul critère de l’appartenance raciale et religieuse.

C’est parce que ce système ne pouvait plus être reconduit que déjà se multipliaient dans l’Algérie de l’après-Deuxième Guerre mondiale, des mouvements de contestation qui tournèrent souvent à de sanglantes émeutes anti-européennes dans l’est algérien. De fait, la donne internationale avait profondément évolué. La guerre a remis en question la place des puissances coloniales. Les multiples défaites de l’armée française ont non seulement prouvé aux Algériens que le colonisateur n’était pas invincible, mais, surtout, l’appel massif de conscrits algériens pour libérer l’Europe confortait le désir des Algériens d’en finir avec le statut quo colonial. Les Algériens, de retour chez eux, attendaient des changements à la hauteur du prix du sang que leurs camarades morts ont versé. Ils exigeaient l’égalité des droits avec les colons et le respect de leur identité.
Pour toute réponse, rien, la barbarie coloniale continue. L’après-guerre allait donc sonner le glas de la révolte et du changement. C’est comme cela que les Algériens voulurent marquer leur 8 mai 1945, jour de la reddition allemande et fin de la guerre en Europe.
La mort d’un scout tué par la police française mettra le feu aux poudres à Sétif.
Ce sera l’émeute. Un soulèvement spontané, appuyé par des militants nationalistes, laissera place aux frustrations trop longtemps contenues. On s’en prendra aux colons européens, à Sétif, Kherrata, dans les campagnes environnantes et même à Guelma, pourtant éloignée de plus d’une centaine de kilomètres. Le 8 mai au soir, on relèvera parmi les colons européens 103 morts et 110 blessés.
Dès le 10 mai, la réaction française allait prendre forme par une répression sans pitié sur la population civile. A Sétif, Guelma, Kherrata, de terribles massacres ont été exécutés. L’armée coloniale, conduite par le général Duval, «le boucher de Sétif», fusille, exécute, torture et viole tandis que l’aviation et la marine bombardent les villages. A Guelma, les B23 ont mitraillé des journées entières tout ce qui bougeait.
A Kherrata, ce furent des familles entières que l’on jetait du haut d’un précipice.
Des dizaines de milliers de morts à comptabiliser, plus de 45.000 d’après les sources algériennes et américaines. Sans oublier non plus, les milliers de blessés, d’emprisonnés envoyés dans des camps. Ces massacres allaient marquer un tournant irréversible dans l’histoire de la colonisation de l’Algérie. Les Français ont voulu frapper fort, du fait même qu’ils appréhendaient déjà cette révolte.

Appréhension compréhensible quand l’on connaissait les recrues limitées dont pouvait disposer à ce moment la puissance coloniale pour un pays aussi grand et aussi rebelle. Il fallait massacrer le plus pour assurer la survie du système.
En fait, le premier acte de la guerre d’Algérie venait d’être joué. Pour les Algériens, la lutte armée devenait le seul moyen de libération.
La révolution algérienne était en marche...

Hicheme Lehmici

Le massacre de 45.000 Algériens

Le coup d’envoi à Sétif des manifestations officielles programmées dans le cadre de la commémoration du 60ème anniversaire des massacres du 8 Mai 1945 a été donné samedi à l’université Ferhat Abbas de Sétif à travers la tenue d’un colloque international.
Placées sous le haut patronage du Président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, ces manifestations ont été inaugurées par le ministre des Moudjahidine, M. Mohamed Chérif Abbas.
D’autre part, des enfants et petits-fils de victimes des massacres du 8 Mai 1945 ont été honorés en cette occasion. La cérémonie a été organisée en présence du ministre des Moudjahidine, en marge des travaux du colloque.

Le Président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, avait souligné, samedi, que «le peuple algérien n’a eu de cesse d’attendre de la France une reconnaissance des actes commis durant la période de colonisation, y compris durant la Guerre de libération, pour voir s’ouvrir de larges et nouvelles perspectives d’amitié et de coopération entre les deux peuples». Dans un message adressé aux participants au colloque, le Chef de l’Etat a affirmé que l’occupation «a foulé la dignité humaine et commis l’innommable à l’encontre des droits humains fondamentaux».

Par ailleurs, à Guelma, un rassemblement a eu lieu au cimetière des martyrs en présence de nombreux citoyens, des autorités locales, des membres de l’Association du 8 Mai 1945 et d’invités. La délégation s’est rendue sur différents lieux où furent torturés et massacrés des milliers d’Algériens.
Des gerbes de fleurs ont été, à cette occasion, déposées au niveau de plusieurs de ces lieux, tels le CEM Mohamed Abda, la place du 8 Mai 1945, le boulevard Souidani Boudjemaa et la carrière de la ligne ferroviaire.
Une marche symbolique était par ailleurs programmée pour l’après-midi, de la cité El-Karmat où ont été tirés les premiers coups de feu contre les manifestants, sur les hauteurs de la ville de Guelma, puis à travers différentes artères de la ville, pour s’achever sur le lieu où est tombé le premier martyr de ces événements sanglants, le chahid Boumaâza Mohamed.
Toutefois, si la ville de Sétif, où était organisée la marche pacifique du 8 Mai 1945, a constitué le point de départ de la vague de massacres perpétrés par l’armée coloniale française sur les populations algériennes, les campagnes qui ont payé un lourd tribut n’ont pas été épargnées par le carnage délibéré des forces armées, de la gendarmerie, de la police et des milices coloniales.
Au moment où les colons de Sétif (Mazucca, Fage, Carbonnel, Barrala...), constitués en milices, tiraient à vue sur des Algériens sans armes, les plus fascisants d’entre eux assassinant même des Européens (à l’exemple du maire Deluca et d’un contrôleur communiste des PTT, selon un procès-verbal établi par la police), et à l’heure où des Algériens en colère ripostaient comme ils le pouvaient, des crimes abjects avaient pour théâtre les régions de Amoucha, de Aïn El-Kebira, d’El-Eulma, de Béni Aziz, des Babors, de Kherrata et de leurs environs. N’ignorant évidemment pas que le mardi 8 mai 1945 était jour de marché hebdomadaire à Sétif, l’armée coloniale française avait unilatéralement décrété que l’essentiel des effectifs ayant grossi la marche provenait des douars et des villages.
Cela a suffi pour qu’une véritable «expédition punitive», selon les termes de M. Abdelhamid Salakdji, président de la section locale de la Fondation du 8 Mai 1945, soit organisée dès l’après-midi de cette journée sanglante, pour s’étendre rapidement jusqu’à la mer, en passant par le nord et le nord-est de Sétif».
M. Salakdji poursuit qu’au large des Falaises (aujourd’hui, Melbou, chef-lieu de daïra côtière dans la wilaya de Béjaïa), des croiseurs avaient jeté l’ancre et pilonnaient sans relâche les villages arabes, tandis qu’à Kherrata, des dizaines de citoyens ligotés étaient «ramassés» dans des bennes de camions puis jetés dans les ravins abrupts des gorges». Enfumages de villages, arrestations, exécutions sommaires ont été, une dizaine de jours durant, le lot des populations algériennes sans défense. «L’expédition punitive orchestrée par l’armée coloniale, appuyée dans les montagnes par l’aviation et l’artillerie, ne fera aucun quartier».
Guelma et sa région ne seront pas en reste de la férocité des hostilités qui s’étendront ensuite jusqu’à l’ouest du pays, avec pour seul «fait d’armes» le massacre de 45.000 Algériens sans défense.

Synthèse: M. Mazari

Source de cet article :
http://www.quotidien-oran.com


«C’est un autre souvenir historique extrêmement douloureux»,
souligne le maire de Paris

Le maire de Paris, M. Bertrand Delanoë, a souligné hier que "le 8 mai 1945, c’est la liberté de l’Europe, de la France" mais "c’est un autre souvenir historique et extrêmement douloureux. C’est mai 1945 à Sétif". "On a parfois oublié dans la vérité historique que des milliers, des dizaines de milliers viennent d’Afrique, d’Afrique du Nord, des Antilles, et toutes ces personnes, au-delà de leurs différences, de la couleur de la peau, de religions, d’origines, ont tout fait pour qu’aujourd’hui la France est libre", a indiqué à la presse le maire de Paris à l’issue d’une cérémonie de dépôt de gerbes de fleurs devant une plaque commémorative apposée au quai Henri-IV à Paris, et qui rappelle le sacrifice de milliers de combattants, dont des Algériens, des Marocains, des Tunisiens, des Sénégalais, engagés aux côtés des forces françaises pour défendre la France contre le nazisme.

M. Delanoë a relevé que "si nous disons un merci sélectif, nous trahisons le message de cette liberté qui a été chèrement acquise". " Et puis, parce que l’histoire et le courage de la vérité, c’est le seul moyen d’être debout tous ensemble, car le 8 mai 1945, c’est la liberté de l’Europe, de la France. C’est un autre souvenir historique extrêmement douloureux. C’est mai 1945 à Sétif, l’insurrection pour demander la liberté, l’indépendance de l’Algérie, suivie d’une répression d’une force, d’une violence, d’un aveuglement qui ont fait des dizaines de milliers de morts parmi les Algériens", a-t-il souligné.
Par : EL MOUDJAHID Le : dimanche 08 mai 2005



60e anniversaire des massacres du 8 mai 1945
La France va-t-elle reconnaître son génocide ?

La France va-t-elle faire sa repentance et assumer enfin toutes les pages sombres de son histoire coloniale ? Aujourd’hui plus que jamais, face à la conspiration du silence, il s’agit de continuer à mettre au grand jour ces événements douloureux qui s’apparentent bel et bien à un véritable génocide.
60 ans après… Bien que l’on ne puisse plus dire que la guerre d’Algérie soit restée toujours en France un sujet tabou, il n’en faudra pas moins de 60 ans pour que la France officielle daigne évoquer, par le biais de son ambassadeur en Algérie, M. Hubert Colin de Verdière, en visite officielle à Sétif le 27 février dernier, une «tragédie inexcusable» et reconnaître, pour la toute première fois, sa pleine responsabilité dans les massacres du 8 mai 1945. D’ailleurs, le représentant de l’ancienne puissance coloniale semble en prendre son parti depuis. Pour lui, il n’était sûrement pas trop tard de rappeler opportunément cette vérité historique qui, depuis 1945, a été «collectivement et délibérément occultée» selon ses propres dires. En France, cela s’entend bien sûr. Car en fin diplomate, M. de Verdière ne manquera pas de citer, à cette occasion, le philosophe français Paul Ricœur qui se disait lui «troublé par l’inquiétant spectacle que donne le trop de mémoire ici, le trop d’oubli ailleurs». De leur côté, les Algériens qui en prendront acte n’en exigent pas moins, aujourd’hui, une repentance ainsi que des excuses officielles. Cela dit, faut-t-il attendre soixante ans encore ? Quoi qu’il en sera, il faudra admettre également qu’il ne se passe pas un jour en France sans que la guerre d’Algérie revienne dans l’actualité sous forme de révélations, témoignages, manifestations, récits,… Une chose est sûre jusque-là : jamais, au grand jamais, il n’y avait eu autant d’images, de paroles et de textes se focalisant sur la «question».
Un bombardement du reste très significatif sur les excès de la colonisation française en Algérie. Un foisonnement accompagné par la résurgence d'un passé souvent douloureux qui ne va pas sans susciter, notons-le, des suspicions quant à la présence d’arrière-pensées politiques et de considérations de politique interne. Chacun sait, en effet, que dans les cerveaux de certains, la guerre continue… C’est pourquoi on ne peut expliquer pour l’heure que quatre jours seulement avant la déclaration de son ambassadeur, une loi inique a été «préalablement» votée au Parlement français (voir nos précédentes éditions). Elle se résume ainsi : «La nation exprime sa reconnaissance aux femmes et aux hommes qui ont participé à l’œuvre accomplie par la France… en Algérie.» Une légitimation inattendue et sûrement très dure à avaler de ce côté-ci de la Méditerranée. Cela donne à penser à un discours à deux vitesses, voire à un dialogue de sourds. Une cacophonie où, malgré les antagonismes, tous les lobbies trouvent pourtant leur compte. Une gageure qui n’en est pas moins une vile hypocrisie. Chez nous, à cause des séquelles et autres traumatismes, certains d’entre nos concitoyens ont du mal à discerner l’esthétique ou encore la robustesse des édifices coloniaux. En fait, ils sont nombreux à retenir de la France le racisme, l’humiliation et la violence. Mais qu’on se le dise entre nous, cela n’a rien à voir avec la haine. Ceux-là, ce sont les nôtres, et on peut le dire, ils font semblant de ne pas voir…
Comme quoi, il ne suffit pas de grand-chose pour se rendre compte, en effet, de l’ampleur de la blessure, d’autant que la douleur est là encore vivace. Est-il alors possible de pardonner ? Pour le moment, nos dirigeants qui semblent engager notre pays dans un processus de réconciliation ne se sont jamais attardés sur les luttes fratricides et les assassinats politiques qui avaient miné le mouvement national. Ces clivages auront fait, notons-le, plus de morts que la répression du 8 mai 1945. On peut en dire autant d’ailleurs pour la décennie du terrorisme. Pour beaucoup, aucun crime ne doit rester impuni, non par besoin de vengeance, mais parce que des comptes doivent êtres rendus par respect pour la justice et le droit qui doivent régir le monde moderne. On peut étendre ce principe à toutes les abjections, mais à quoi bon lorsque l’on sait que les nouvelles générations mettent quasiment sur un pied d’égalité moudjahidine et harkis (assimilés par le président Bouteflika aux collabos de la Seconde Guerre mondiale). C’est pourquoi il sera toujours bon pour le moral de la nation de titiller encore une fois l’ego national en rappelant à la face du monde que la révolution algérienne a réussi. Mieux, elle aura servi d’exemple à tous les peuples en lutte contre le colonialisme, vaincu et condamné à jamais par l’histoire qui s’écrit de jour en jour.

Reconnaissance par la France des massacres du 8 mai 1945
Des officiels français le souhaitent

A la veille de la ratification du traité d’amitié entre l’Algérie et la France qui devrait, selon toute logique, avoir lieu à la fin de l’année, les premiers signes précurseurs d’une convergence de vues sur leur histoire commune deviennent remarquables.
A commencer par les débats émanant des officiels à propos de la répression sanglante qui s’est abattue le 8 mai 1945 sur les manifestations pro-indépendantistes à Sétif, Guelma et Kherrata. A ce sujet, le maire de Paris, Bertrand Delanoë a été on ne peut plus clair en souhaitant que la France reconnaisse sa responsabilité dans les massacres survenus dans l’Est algérien. Ajoutant que «les sociétés du XXIe siècle qui ont d’autres maux à gérer doivent avoir le courage de la vérité». La reconnaissance par le président français de la responsabilité de la France dans la déportation des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale est un geste honorable, a-t-il dit. Alors pourquoi pas un élan identique à l’égard de l’Algérie ? C’est ce que souhaite M. Bertrand Delanoë qui considère que le pays doit regarder en face la vérité et demander pardon à l’Algérie pour les violences commises le 8 mai 1945.
Autre ténor de la politique qui va dans le même sens, le ministre français des Affaires étrangères Michel Barnier qui a déclaré dans un entretien à El Watan que les Algériens et les Français doivent surmonter les pages les plus douloureuses en rappelant que les événements en question étaient une «tragédie inexcusable». Le fait que l’ambassadeur de France en Algérie, M. Hubert Colin de Verdière, se soit rendu en février dernier sur les lieux où était tombé le premier manifestant du 8 mai 1945 montre toute l’importance attachée au travail de mémoire dans les relations entre l’Algérie et la France, a indiqué M. Michel Barnier. Le chef de la diplomatie française invite les deux pays à examiner ensemble le passé pour construire un avenir commun. Ce qu’a évoqué dans son message de samedi le président A. Bouteflika lequel a souligné que «pour ouvrir de larges et nouvelles perspectives d’amitié et de coopération entre les deux peuples, le peuple algérien n’a eu de cesse d’attendre de la France une reconnaissance des actes commis durant la période de la colonisation». Le pas vers un mea culpa va-t-il être accompli pour des relations futures ne souffrant d’aucune tache ? Ces premières déclarations semblent aller vers cet objectif et la sémantique dont elles se sont illustrées dénote un certain optimisme.

60e anniversaire des massacres du 8 mai 1945
La prise de conscience de Kateb Yacine

Kateb Yacine, lycéen à Sétif, écrira à ce sujet : «C’était la fête à Sétif. La victoire contre le nazisme. On a entendu sonner les cloches et on nous a annoncé qu’on allait nous libérer. (…) Et puis, à un moment donné, j’ai vu arriver un immense cortège – c’était jour de marché, beaucoup de gens venaient de la campagne, c’est vraiment énorme.» «Et c’est en 1945, à Sétif, que mon humanitarisme fut affronté pour la première fois au plus atroce des spectacles. J’avais seize ans. Le choc que je ressentis devant l’impitoyable boucherie qui provoqua la mort de milliers de musulmans, je ne l’ai jamais oublié. Là se cimenta mon nationalisme. Il y avait certes d’autres facteurs : l’aliénation économique et politique, par exemple. Mais c’est surtout ce démenti à tout ce qu’on m’avait enseigné qui m’ouvrit les yeux. En prose, cela donne : J’ai ressenti la force des idées
Je suis parti avec des tracts,
Je les ai enterrés dans la rivière,
J’ai tracé sur le sable un plan,
Un plan de manifestation future.
Qu’on me donne cette rivière et je me battrai,
Je me battrai avec du sable et avec de l’eau
De l’eau fraîche. Du sable chaud. Je me battrai.
J’étais décidé. Je voyais donc loin, très loin.»
Kateb Yacine, Sétif, 8 mai 1945

A. A.

Pour que nul n’oublie

Le prix lourdement payé par le peuple algérien au cours des manifestations du 8 mai 1945 reste gravé dans les tablettes de l’histoire en dépit des efforts de «réconciliation» entre l’Algérie et la France.
Si le génocide orchestré par Achiari et consorts a touché les grandes villes de l’Est, notamment Guelma, Sétif et Kherrata, il n’en demeure pas moins que d’autres régions ont suivi le mot d’ordre même si les événements n’ont pas connu l’ampleur des zones sus-citées. Dans la wilaya de Mila, plus particulièrement dans la région de Ferdjioua, le tribut a été chèrement payé avec le sacrifice de 123 martyrs et 157 prisonniers dont 16 sont restés sous les verrous jusqu’en 1962. Dans ce sens, on note cinq exécutions dans la région de Tassadane. Quant aux initiatives prises par les citoyens à cette occasion, les actions ont été menées par environ 300 citoyens au cours de la nuit du 9 mai, à 22 heures, avec notamment l’attaque de la poste et du pavillon administratif, l’objectif étant d’incendier ces infrastructures. Actions qui ont également engendré 3 martyrs et 10 blessés. Néanmoins, et suite à cette «intifadha», les autorités françaises ont procédé à l’arrestation de 200 citoyens environ dont 57 ont été jugés par le tribunal de Constantine en septembre 1945. Certains ont été condamnés à des peines allant de 5 à 20 ans de prison ferme, alors que d’autres ont été versés aux travaux forcés. Enfin, pour que nul n’oublie

Guelma se souvient encore

Soixante ans après les massacres du 8 Mai 1945, les habitants de toute la région de Guelma, notamment ceux qui ont vécu ces événements sanglants, n'ont pas oublié les crimes commis, ce jour- là, contre des milliers d'innocents.
«Nous étions encore très jeunes et nous ne saisissions pas les raisons qui ont poussé l'ennemi à commettre des crimes aussi odieux», raconte l'un des témoins directs de ces massacres, dont le nombre diminue d'année en année. «Ce triste souvenir est reste ancré dans ma mémoire comme une plaie dont les stigmates sont ravivés par une profonde douleur et un grand chagrin, chaque fois que cette date anniversaire est commémorée», explique ce même citoyen qui a perdu son père durant ces terribles journées.
Ces événements sanglants resteront à jamais dans la mémoire de tous ceux qui ont été témoins de ce génocide. Ni le temps ni l'âge n'arriveront à effacer cette triste date que tous ceux qui l'ont vécue se remémorent dans le moindre détail et avec une forte émotion. Durant ces journées sanglantes, 18 000 chouhada de la ville de Guelma et des communes limitrophes sont tombés au champ d'honneur, contre seulement dix colons, selon des sources historiques citées par l'association 8 Mai 1945 qui s'attelle, depuis sa création, de perpétuer la mémoire collective et de lui redonner sa véritable signification afin que les générations montantes sachent et n'oublient pas les sacrifices consentis par leurs aînés pour le recouvrement de l'indépendance.
La région de Guelma, rapporte un professeur d'histoire à l'Université 8-Mai-45 dans son livre intitule Guelma de l'aube de la civilisation jusqu'à l'indépendance et le recouvrement de la souveraineté nationale, a joué, à cette époque, un rôle important dans la lutte de Libération nationale.
L'auteur de ce livre, édité récemment, a, par ailleurs, rappelé la lettre de protestations transmise le 4 mai 1945 par des militants de Guelma au ministre de l'Intérieur français de l'époque, et dans laquelle ils dénoncent les agissements et intimidations que subissent les Algériens.
D'autres sources historiques émanant de l'ONM indiquent que des rapports des services de sécurité découverts dans les archives de la ville de Constantine font état de l'existence, à Guelma, d'éléments appartenant au mouvement national «jouissant d'un haut niveau d'encadrement et d'organisation sont devenus source d'inquiétude» pour les autorités coloniales de l'époque.
Tout avait été minutieusement préparé pour réprimer et venir à bout de ces éléments actifs. On sollicita pour ce faire le préfet de Constantine, qui regroupait à l'époque tout l'est du pays, pour préserver et rétablir l'ordre et la sécurité.
Dans cette région, les massacres furent orchestrés par le tristement célèbre sous-préfet Achiary qui a profité de la manifestation pacifique à laquelle ont pris part de nombreux citoyens pour revendiquer le droit à la liberté et l'indépendance, pour tuer et massacrer des centaines d'innocents.
Rappelez-vous de cette journée du 8 Mai 1945, la Seconde Guerre mondiale, dont l'humanité entière a souffert, venait de prendre fin. Alors que l'Allemagne nazie capitulait et l'Europe fêtait sa libération, le peuple algérien, dont de nombreux enfants ont laissé leur vie pour cette libération, s'apprêtait à réclamer, pacifiquement, son droit à l'existence et à la liberté. A Guelma et plusieurs régions limitrophes, des milliers de personnes commençaient, ce jour-là, à défiler pacifiquement, drapeau algérien et banderoles déployés. Quand une folie meurtrière s'est emparée de certains policiers, encouragés et aidés par des colons, ils ont commencé à tirer sauvagement sur la foule, conduisant à un bain de sang. La nouvelle s'est aussitôt répandue à travers toute l'Algérie, jusqu'aux coins les plus reculés.
Face au mouvement qui se développait de plus en plus, la réaction des autorités coloniales a été des plus féroces. L'armée de terre, l'aviation et la marine ont participé à ce massacre collectif, au cours duquel des centaines de villages ont été incendiés avec des milliers de morts, de blessés et d'arrestations. Kef el Bomba, le petit pont, le four à chaux d'Héliopolis et bien d'autres lieux encore, devenus tristement célèbres, pour avoir servi de lieux de carnage collectifs de milliers d'Algériens, estimés à 45 000 à travers le pays, témoignent, encore, pour les générations futures, des sacrifices endurés par leurs aînés pour recouvrer la souveraineté nationale.
Aujourd'hui, 60 ans après ces massacres collectifs, Guelma se souvient encore de ce génocide. Un groupe d'étudiants de troisième année de la faculté de droit de l'Université 8-Mai-45, a saisi cette opportunité pour demander que justice soit rendue et que tous ceux qui ont été à l'origine de ces événements sanglants soient poursuivis en justice pour crime contre l'humanité.
L'une de ces étudiants, Kalkaoui Meriem, troisième année droit, a précisé à ce sujet que «les victimes de ce génocide n'ont pas encore, à ce jour, été indemnisées. La France se doit, a-t-elle ajouté, d'ordonner une enquête, afin que justice soit rendue aux victimes de ces tueries».
Ces étudiants ont été unanimes pour souligner la nécessité d'appliquer le droit international en faveur des peuples touchés par les guerres tout en insistant sur l'importance de l'indemnisation des victimes et «la nécessité de considérer ces événements sanglants comme des crimes contre l'humanité».
Source de cet article :
http://www.lanouvellerepublique.com/



Massacres du 8 Mai 1945
L’Algérie commémore le carnage
et demande un geste probant à la France

Plusieurs milliers de personnes ont participé, hier à Sétif, à une marche commémorant le 60e anniversaire des massacres du 8 Mai 1945 lors desquels des milliers de personnes avaient été tuées par les forces françaises dans cette région.

Les participants à cette marche ont emprunté le même parcours qu’avait suivi les manifestants qui s’étaient rassemblés dans la ville pour demander l’indépendance de l’Algérie alors que les alliés célébraient leur victoire sur le nazisme. En présence des ministres et d’anciens combattants, cette marche s’est suivie d’un recueillement à l’endroit où avait été tuée la première victime des massacres, le jeune scout Bouzid Saal.

La wilaya de Guelma était, elle aussi, à l’heure de ce rendez-vous commémoratif. En effet, plusieurs manifestations ont été organisées pour commémorer cet événement sanglant. Dans ce contexte, plusieurs citoyens, des autorités locales, des membres de l’association du 8 Mai 1945 et d’autres invités se sont rendus au cimetière des martyrs de la glorieuse Guerre de Libération nationale notamment sur les lieux où furent torturés et massacrés des milliers d’Algériens par le colonialismes français.

Les festivités commémoratives de ce douloureux événement ont également été marquées par l’organisation de plusieurs manifestations culturelles et sportives. Un séminaire international sur ces massacres et un autre portant sur la réconciliation nationale ont été animés. Cette commémoration n’a pas été célébrée uniquement par des Algériens. En effet, une cérémonie de dépôt de gerbe de fleurs s’est tenue devant une plaque commémorative apposée au quai d’Henri IV à Paris, rappelant le sacrifice de milliers de combattants dont des Algériens.

A l’issue de cette rencontre, le maire de Paris, M. Delanoë, a souligné que le 8 Mai 1945 est un souvenir historique extrêmement douloureux. "C’est l’insurrection pour demander la liberté et l’indépendance de l’Algérie qui s’en est suivie d’une répression, d’une force, d’une violence et d’un aveuglement qui ont fait des dizaines de milliers de morts permis les Algériens, a appuyé M. Bertrand Delanoë.

Pour sa part, le ministre français des Affaires étrangères, M. Michel Barnier, a appelé à "surmonter les pages les plus douloureuses" entre Algériens et Français à l’occasion du 60e anniversaire des massacres du 8 Mai 1945.
Parlant de tragédies inexcusables à propos des ces évènements, M. Colin de Verdière, ambassadeur de France en Algérie, avait regretté qu’un abîme d’incompréhension entre les communautés algérienne et française ait pu produire cet enchaînement de climat de peur, de manifestation, de répression, d’assassinat et de massacre. A titre de rappel, ce dernier avait, le 27 février dernier, rendu visite aux mêmes endroits du massacres où il a rendu hommage aux victimes de ce drame impardonnable.

Les carnages du 8 Mai 1945, notamment à Guelma , Sétif et Kherrata, ont catalysé le sentiment que seule la lutte armée était la réponse qu’il fallait à la colonisation, a souligné la sociologue française André Michel qui avait milité dès les années 50 au sein des réseaux de soutien logistique du FLN. Celle-ci a indiqué qu’il lui a été impossible d’admettre que l’on puisse tirer non seulement sur des manifestants pacifistes mais aussi sur des combattants algériens qui avaient contribué à la libération de la France du joug fasciste. Cependant, il est à rappeler qu’au moment où le peuple algérien célèbre le 60e anniversaire de la sanglante répression des manifestations pro-indépendantes ayant fait plus de 15 000 morts le 8 Mai 1945, l’Algérie demande un geste plus probant de la France pour reconnaître toutes ses responsabilités dans ce drame

Rym H.

Source de cet article :
http://www.horizons-dz.com/rubriques/actualite.htm#5


Actualités : LE N° 2 DU FFS A KHERRATA
“Le pouvoir reproduit les mêmes méthodes répressives”

Le premier secrétaire national du Front des forces socialistes (FFS), M. Ali Laskri, a animé dans la journée d’hier à l’occasion de la commémoration des manifestations du 8 Mai 1945 un meeting populaire dans une salle de cinéma à Kherrata.

A. Kersani - Béjaïa (Le Soir) - Une occasion pour le numéro deux de passer en revue les sujets brûlants de l’actualité nationale. “Nous sommes là aujourd’hui par devoir de mémoire pour ne pas absoudre les crimes perpétrés par l’armée coloniale”, lâche d’emblée le numéro deux du parti d’Aït Ahmed devant une foule nombreuse composée de sympathisants, militants, élus et des cadres du parti. Evoquant les massacres du 8 Mai 1945 commis par la France coloniale le même jour de la victoire sur le nazisme après une guerre dévastatrice qui aura fait des dizaines de millions de morts parmi lesquels figurent des milliers d’Algériens ayant combattu aux côtés des forces alliées, l’orateur rappellera que les revendications soulevées à l’époque étaient d’ordre politique. “Des Algériens sont sortis dans la rue pour réclamer la libération et l’armée coloniale leur a répondu par la mort”, lance-t-il avant de souligner que “les mêmes revendications de liberté sont encore d’actualité”. Pour le premier secrétaire national du FFS, “le pouvoir reproduit les mêmes méthodes répressives”. “La situation en Algérie aujourd’hui est encore marquée par la répression politique, économique et syndicale”, fait-il observer tout en citant au passage, pour étayer ses propos, “le refus des pouvoirs publics d’agréer le Cnapest, la privatisation des secteurs stratégiques du pays, notamment les hydrocarbures, le pacte social en préparation sans la concertation et la participation des principaux acteurs sociaux et politiques”. “En un mot, le régime agit seul”, clame-t-il.
Parlant du projet d’amnistie générale, le numéro deux du FFS rappellera à l’occasion que la réconciliation nationale est une revendication du FFS exprimée au lendemain de l’arrêt du processus électoral. Une réconciliation nationale toutefois, selon le même orateur, qui “ne peut se faire sans l’identification des principaux responsables mais aussi les auteurs des crimes doivent être punis”, indique-t-il en substance. Abordant les évènements de Kabylie, Ali Laskri descendra en flammes le mouvement citoyen qui n’est, selon lui, “qu’une structure fabriquée de toutes pièces par le pouvoir et dont les conséquences se résument aujourd’hui à la fermeture du champ démocratique et des espaces de liberté chèrement acquis en 1988”, martèle-t-il. Par ailleurs, une marche a été improvisée avant l’entame du meeting vers le cimetière des chouhada où une gerbe de fleurs a été déposée à la mémoire des martyrs de la Révolution.

A. K.

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http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2005/05/09/article.php?sid=22825&cid=2


Actualités : TRAGÉDIE DU 8 MAI 1945
La France “sensible” à l’exigence de vérité

La France, à travers sa représentation diplomatique en Algérie, rend hommage aux victimes des massacres du 8 mai 1945 à Sétif, Guelma et Kherrata. Commémorant, en effet, l’armistice du 8 mai 1945, l’ambassadeur de France, prononçant une allocution devant le personnel de l’ambassade, a affirmé que «puisque nous servons ici en Algérie, nous ne pouvons, moins que quiconque, oublier la tragédie qui a marqué ici la légitime célébration de la victoire.
Gardons la mémoire de toutes les victimes, dans une démarche exigeante, donc volontaire, celle de la vérité». Quelque part, cette déclaration de l’ambassadeur de France en Algérie se veut une réponse au président de la République algérienne, Abdelaziz Bouteflika qui, la veille, a soutenu que «le peuple algérien attend de la France un geste qui libérerait la conscience française». Mais, du coup, elle consacre également un autre pas de franchi par l’Hexagone vers la «libération de la conscience française », la reconnaissance, après plusieurs décennies, de la guerre d’Algérie étant le premier pas. Rappelons que le 8 mai 1945, l’armée coloniale française a réprimé dans le sang les populations algériennes qui manifestaient pour réclamer l’indépendance de l’Algérie. On estime à 45000 le nombre de personnes tuées à Sétif, Guelma et Kherrata. L’ambassadeur de France en Algérie, qui a souligné une exigence de vérité, a, par ailleurs, rendu hommage aux artisans de la victoire sur le nazisme. «Je salue, en notre nom à tous, le courage des artisans de cette victoire, français, algériens et militaires alliés. 135 000 Algériens ont combattu à nos côtés pendant la Seconde Guerre mondiale. Nous leur rendons un hommage, comme aux militaires, français et alliés.»
S. A. I.

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