N° 39
Avril

http://www.bartolini.fr/bone

Les Bords de la SEYBOUSE à HIPPONE
1er Avril 2005
jean-pierre.bartolini@wanadoo.fr
LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD
se trouve dans la page: La Seybouse,
Les dix derniers Numéros :
EDITO

A la recherche du temps passé et du temps perdu

        Chers Amis

    Nous sommes toujours entrain de dire, que le temps passe vite ; je n'ai pu faire ceci ; j'aurais pu faire cela ; est-ce que l'avenir me laissera le temps…..
    Pour les uns, le temps perdu ne se rattrape pas, d'autres diront, je profite maintenant car je ne sais de ce qu'il adviendra.
    Et, ce temps passé, ce temps perdu, qu'est-il devenu ?
    Ce sont des questions que se sont posées, tous ces voyageurs vers le passé. Des voyageurs, dont je fais parti, qui pour la très grande majorité font un retour sur le sol natal après un long exil imposé.
    Un retour qualifié de nostalgique pour les uns, souvenirs ou pèlerinage pour les autres. Il ne faut pas se voiler la face, ce retour est aussi un bienfait pour les cœurs et les âmes.
    Certains pensent que c'est leur dernier voyage sur leur terre avant de partir pour un monde que l'on dit meilleur. Pour d'autres, c'est un voyage pour se guérir définitivement et faire le deuil de cet épisode de leur vie. Pour d'autres encore, c'est une vie nouvelle qui s'ouvre avec déjà d'autres voyages en perspective.
    Au cours de ces voyages, à chacun d'évoquer ses souvenirs et toujours des mots pour dire : en quarante ans, si vous saviez ce que j'aurais pu faire dans ce pays, quelle perte de temps…. Et, c'est bien là que la recherche du temps passé rejoint celle du temps perdu.
    Nous serons encore nombreux à se poser ces questions, sans vraiment trouver les bonnes réponses. Certes, beaucoup d'entre nous pensent avoir résolu le problème en tirant un trait sur leur passé. Je suis persuadé, qu'au fond d'eux-mêmes, ils sont devenus des nostalgiques renfermés et souvent aigris. A ceux-là là, comme on parlait chez nous, je leur dirai, laissez simplement parler votre cœur, je ne vous dis pas qu'il faut oublier, mais se souvenir tout " Bônement ".
    Se souvenir, ne serait-ce que par amour pour nos ancêtres restés sur leur terre et que la France veut déraciner pour faire disparaître complètement nos racines implantées en Algérie. La France pourra nous faire toutes les saloperies possibles, jamais ces racines disparaîtront car la plupart de nos ancêtres devenus poussières se sont mélangés dans cette terre qu'ils ont façonnée avec leur labeur et leur courage. Et ce temps passé, que l'on croyait perdu est devenu éternité.

Petite ode que je dédie à nos ancêtres lointains, nos proches parents, et à nos descendances.

LE TEMPS PASSE…
Trop lentement pour ceux qui attendent
Trop vite pour ceux qui ont peur
Trop doucement pour ceux qui sont dans la peine
Trop rapidement pour ceux qui sont dans la joie
Trop lentement pour ceux qui cherchent l'oubli
Trop hâtivement pour ceux qui gardent le souvenir
Mais pour ceux qui s'aiment et qui aiment…

LE TEMPS EST ETERNITE
(auteur inconnu)

Merci à tous                                   Jean Pierre Bartolini                         

        Diobône,
        A tchao.

Après une panne survenue et due à une surcharge de courrier qui a saturé la place réservée, la boîte de réception du courrier a été partiellement effacée.
En effet les couriers reçus du mois de décembre 2004 à mars 2005 ont été effacés alors que d'habitude se sont les courriers les plus anciens qui disparaissent.
je n'avais pas eu le temps de sauvegarder tous les messages et surtout ceux auxquels je n'ai pas encore apporté de réponse ou que je n'ai pas exploité les documents joints.
Je prie mes correspondants concernés de bien vouloir renouveler leurs courriers, sans les pièces jointes dans un premier temps afin que je puisse vérifier si j'ai une sauvegarde et ensuite pour leur répondre… en leur présentant mes excuses !

Merci d'avance. J.P. Bartolini


Aprés votre visite,
(---n'oubliez pas de Cliquer --- ou de téléphoner ---)


LE DOSSIER DES CIMETIERES


"Mon père pleurait"
Paru dans Dialogue d'Alsace, le 26/03/2005
Envoyé par Roland Siniscalchi

          Chaque année, le mois de mars vient raviver de douloureux souvenirs parmi les Pieds-noirs. Une Colmarienne évoque la tragique manifestation du 26 mars 1962 à Alger (80 morts].

          Le C.B.T. de Colmar déplore le peu de place réservée aux Pieds-noirs dans les émissions télévisées qui ont marque " 2004 ", l'annee de l'Algérie en France, " Qui se souvient aujourd'hui, s'interroge-telle, de cette semaine du 19 au 26 mars 1962, hormis cette "tribu" silencieuse dont je suis, les Pieds-Noirs, et ces jeunes soldats à qui Raphaël Delpard donne la parole, quarante ans après les faits, dans son livre " Les oubliés de sa guerre d'Alqérie " Et de retracer les événements qu'elle a vécus la-bas, "dans un quartier populaire où les trois religions monothéistes se cotoyaient fraternellement partageant entre autres les pâtisseries des fétes religieuses respectives: " Ce 19 mars, la famille est rassemblée autour du poste de radio. Les accords d'Évian ont été signés la veille. Je suis dans ma 16ème année et je vois pleurer mon père pour la première fois. Mon père pleure parce qu'il sait que nous allons devoir quitter le pays de nos racines où sont enterres mes grands?parents, mes arrières -grands-parents".
        " Le 23 mars, un quartier populaire de 50000 habitants est bouclé. Il est compose de bon nombre d'opposants à l'indépendance, interdiction est faite à la population de sortir plus d'une heure par jour. Mitraillage des terrasses des immeubles par des avions de chasse, des façades par les blindés. Les volets doivent rester fermés en permanence. Une fillette de 8 ans échappant à la surveillance de ses parents, est fauchée par une rafale d'arme automatique.
        Les stocks de nourriture diminuent en dépit des provisions apportées par le reste de la population, mais qui doivent être déposées devant un barrage tenu par l'armée française. La situation devenant intenable, une manifestation pacifique de soutien destiné, à alerter l'opinion internationale, mais interdite, est organisée le 26 mars. A 15h, les mainifestants arrivent devant le barrage tenu par l'armée française et entonnent La Marseillaise. Des tirs isolés éclatent...
        Les militaires français tirent sur la foule des manifestants. La fusillade fait 80 morts et 200 blessés. Parmi les morts, des copains du quartier: Alain 15 ans, et Jacqueline 20 ans ainsi que quatre petites filles d'une même famille âgées de 10 à 14 ans.
        Chaque année, depuis 43 ans cette semaine tragique du 19 au 26 mars fait remonter dans la mémoire les photos de presse des jours qui suivirent


26 mars 1962 à Alger: face aux forces de l'ordre, des manifestants massés devant la Grande Poste s'apprêtent à se diriger vers la rue d'Isly où éclatera la fusillade.
N.D.L.R. :On remarquera, l'attitude belliqueuse des manifestants qui a justifié la boucherie ordonnée par Charles de Gaulle 1er


LES CHRONIQUES BÔNOISES
                      Par René VENTO                    N°20

L'aphrodisiaque de la Caroube

Sur le port de Bône, deux pêcheurs discutent sur un ton animé. Le plus mince, surnommé Stokafitche tient dans sa main un flacon contenant des comprimés bleus. L'autre, surnommé Tanoute, semble très intéressé par le contenu du flacon.

TANOUTE       - Oh stokafitche, qu'est-ce t'ias dans ce flacon ?
STOKAFITCHE - Un nouveau médicament.
TANOUTE       - Atso, t' ies malade toi ? ça se voit pas sur ta fugure de marbre !
STOKAFITCHE - J'ai pas mal à la fugure mais t'ias pas besoin de savoir ousque j'ai mal !
TANOUTE       - Passe-moi le flacon pour voir
STOKAFITCHE - Tiens mais entention à pas le faire tomber !

Il passe le flacon à son collègue persuadé qu'il ne comprendra pas les indications sur l'étiquette.
TANOUTE       Il saisit le flacon et lit l'étiquette. CATSORED APHRODISIAQUE extrait d'holothurie. Puis il s'adresse à STOKAFITCHE - C'est quoi un apérodisiaque ?
STOKAFITCHE - On dit un affreux disiaque, oh calamar ! C'est un médicament qui te le remonte quand tu fais tchoufa.
TANOUTE       Il continue à lire l'étiquette " extrait d'holothurie " : Qué cats l'holothurie ?
STOKAFITCHE - Tu crois pas si bien dire ! L'holothurie c'est le catsomarine !
TANOUTE       - Ah bon ! C'est pour ça que le médicament y s'appelle " catsored " ! ça m'intéresse car en ce moment je fais tchoufa ac ma femme : Ousque c'est que t'l'as acheté ?
STOKAFITCHE - A la catsocoop !
TANOUTE       - La Catsocoop t'ias dit !!! Je connais la Tabacoop, la Tomacoop, la Cotocoop, l'Oléocoop mais pas la Catsocoop ! Ousqu'elle est la Catsocoop ?
STOKAFITCHE - A la Caroube, sous le cabanon à Bébert.
TANOUTE       - Bébert le Maltais de la Colonne ?
STOKAFITCHE - Oui fils, ce gougoutse qu'il a jamais réussi à se faire une touche sur le Cours Bertagna, oila que ménant toutes les femmes elles lui courent derrière !
TANOUTE       - Pourquoi, il a gagné à la loterie ?
STOKAFITCHE - Pluss mieux encore, il a découvert que le Catsomarine il est affreux disiaque !
TANOUTE       - Aouah et comment qu'il a fait ?
STOKAFITCHE - Jure-moi sur la tombe de tes morts que tu répètes à personne !
TANOUTE       - La tombe de mes morts ! Challah que le bon Dieu y m'aveugle si je répète à personne !
STOKAFITCHE - Oila, un jour Bébert il a ramené un filet ac au moins dix kilos de Catsomarines et comme y savait pas quoi en faire , y les a faits bouillir dans une lessiveuse en dessous son cabanon.
TANOUTE       - Et alors !!!
STOKAFITCHE - Et alors, comme sa femme elle attendait le poisson pour la friture et que lui il avait rien attrapé à la pêche, il a coupé les Catsomarines en tranches et y s'en a fait un plat de résistance.
TANOUTE       - Et alors !
STOKAFITCHE - Et alors, trois jours et trois nuits il est resté couché ac sa femme en dedans le cabanon.
TANOUTE       - Pourquoi y zont eu une andigestion ?
STOKAFITCHE - Une andigestion d'amour diocamadone, Bébert y s'est transformé en pompe à vélo ! Même que sa femme elle a dit " si tu continues comme ça, direct à chez Tado tu vas et en plus, ton cercueil, personne y pourra le fermer ! "
TANOUTE       - Et pourquoi ?
STOKAFITCHE - T'ies bouché ma parole, t'ias pas compris que Bébert y s'est affogué de Catsomarines qu'il est affreux disiaque !!!
TANOUTE       - Zotche alors ! C'est Bébert qui se fabrique le Catsored ac les catsomarines !! Mais dés-moi, oh collègue, les pilules elles sont bleues et les catsomarines y sont pas bleus !!!
STOKAFITCHE - Allez va, va faire des cages va , tu comprends rien aux affaires ! Bébert il a broyé les catsomarines avec son moulin à Café , après il a fait une pâte qu'il a roulé entre ses doigts pour faire des boules et quand les boules elles sèchent, elles deviennent des pilules. Après il ajoute du collitoire, cuila-la qui l'est bleu, et les pilules elles s'appellent alors Catsored.
TANOUTE       - ça y est, j'ai tout compris, Bébert le Maltais y s'a monté une affaire qu'elle s'appelle la Catsocoop !
STOKAFITCHE - Et plus riche que Jammy il a devenu !
TANOUTE        - C'est pour ça que les femmes elles lui courent après !
STOKAFITCHE - Peut-être que c'est pas seulement pour ça !
TANOUTE       - Passe- moi quelques comprimés de Catsored pour que j'essaye ; je veux pas les acheter chez Bébert car ce coulot y louche sur ma femme depuis qui s' la vue en bikini à la Caroube.
STOKAFITCHE -Tiens voilà six comprimés ; tu prends le premier ce soir à dix heures et t'ien avales un toutes les heures comme ça tu assures toute la nuit. Allez ciao à demain.

LE LENDEMAIN AU MÊME ENDROIT
STOKAFITCHE - Alors combien de fois ?
TANOUTE       - Six fois la putain, j'ai passé la nuit à donner du corps !!
STOKAFITCHE - Donc le catsored il a marché ?
TANOUTE       Dans la rascasse de tes bises, ton Catsored, six fois au cabinet cette nuit y m'a fait aller !
STOKAFITCHE il sort le flacon et lit l'étiquette
       - Diocane à misère, je m'a trompé, j'ta donné des dragées Fuca au lieu du Catsored !!!
       Puis il se retourne et s'adresse au public en se frappant la poitrine avec l'index.
       - Ma qui c'est qui s'a pris le Catsored et qui s'a occupé de sa femme pendant qu'il était au cabinet ?

FIN

MARCEL-EDMOND NAEGELEN
N° 1 de Janvier 1950
de M. D. GIOVACCHINI
Envoyé par sa fille

A Monsieur
MARCEL-EDMOND NAEGELEN
Gouverneur Général de L'Algérie

Guidant d'illustres hôtes et sous une pluie bienfaisante de rubans et d'appels à l'union des cœurs, vous allez rendre visite à notre Ville.
La population vous saluera avec tout le respect qui est dû à un grand patriote Alsacien et à la fonction qui l'honore.
On imagine que vous ne venez pas spécialement pour dire, un bonjour cordial au Grand Maire, illustre par sa voracité à cent lieues à la ronde,
Vous ne pouviez éviter de glorifier les Bônois, qui, eux, ont vaillamment résisté aux bombardements ennemis, et qui ont souffert dans leur chair et dans leur sang.
Nous savons, que vous établirez une différence entre les vrais résistants, levant lesquels il est légitime de s'incliner et les profIteurs de cette même Résistance, les " RESISTANTIALISTES " si bien définis par l'Abbé DESGRANGES.
Comme il sied à un ancien Ministre de l'Education Nationale, votre discrétion vous empêchera de demander à ces messieurs un compte exact de leurs exploits pendant cette guerre.

Vous venez également à Bône. Monsieur le Gouverneur Général, pour inaugurer une Exposition, qui sera sûrement digne des organisateurs. Il est fort douteux qu'elle soit digne des contribuables.
Je me garderai bien d'en ternir l'éclat, mais quand les lampions seront éteints, nous demanderons aux sinistrés et aux sans-logis ce qu'ils en pensent.
Au cours de votre bref passage, vous serez renseigné, certes, Monsieur le Gouverneur-Général, sur le " moral " des populations françaises. Malgré les fines antennes, dont vous disposez, on ne vous dira pas tout. On ne vous expliquera pas, par le détail, comment BOUTALEB, candidat ami de la France, fut battu par un affilié du " Manifeste ".
Par déférence pour la " voie hiérarchique " le Sous-préfet de Bône, authentique patriote, qui a toujours su placer, la France au-dessus de tout, restera bouche close.
Mais, Monsieur le PREFET de CONSTANTINE, trop habile homme et chef intelligent, pourrait vous édifier sur les vilenies électorales qui illustrèrent cet échec. Vous livrera-t-il son secret ?

Alors que, vous porterez à travers ce pays, la parole qui réconforte, alors que vous affirmez avec tant de force que la présence françaIse prend, tel, forme de devoir impérieux, d'aucuns, sapant votre oeuvre bienfaisante, aident et secondent les plus farouches anti-Français.
Il y a à peine deux ans, lors de la discussion du Statut de l'Algérie, on accusait Socialistes et Communistes de se livrer aux propagandes les plus pernicieuses.
C'était hélas ! Vrai dans une certaine mesure.
Mais aujourd'hui, le spectacle est plus navrant. Ce sont les pourfendeurs du Socialisme qui patronnent et " travaillent " même les urnes, pour assurer le succès de cette fameuse " élite " qui a oublié, les bienfaits que la France a semés sur cette terre Algérienne.
Nous avions déjà des séparatistes. Nous avons, maintenant, des nêo-séparatistes, venant du camp de cette Bourgeoisie, dégradée, qui place ses intérêts égoïstes au-dessus du rayonnement de la Patrie.
Ces néo-séparatistes ont un nom. Et la marque infamante qu'ils portent sur le front, permettra à l'opinion publique de les dévoiler et de les juger.
M. le Gouverneur Général, en vous sait gré, d'avoir ramené la paix et la confiance dans nos villes et nos campagnes. Peut-être avez-vous donné même à votre Parti une notion plus réelle de ce qu'est " l'Union Française " et une définition plus positive des mots : émancipation et égalité.

Si l'Algérie vous avait connu assez tôt, nous n'aurions pas subi le triomphe insolent des agrariens réactionnaires ! Et nous n'aurions certainement pas eu P. à l'Hôtel de Ville !
L'affaire BOUTALEB, Monsieur le Gouverneur Général, a plus d'importance que la Foire elle-même. Elle a une grave signification. Nous sommes convaincus que vous en tirerez les déductions qui s'imposent, et que vous ne gaverez pas de prévenances les Français - ou soi-disant tels - qui se sont rendus coupables de duplicités malfaisantes, et qui sont plus méprisables que MESSALI ou Ferhat ABBAS.
Ces derniers ne surprennent pas on connaît leur but et leurs moyens.
Mais les complices de BENOTMANE et de BEY-LAGOUN !
Oh ! Les misérables !

Aussi, nous permettons-nous de vous demander respectueusement, M. le Gouverneur Général, si vous allez permettre à la maffia qui, après avoir usé, du tremplin de l'anti-socialisme en exploitant le " Péril arabe " de se mettre aujourd'hui au service du " Manifeste " et cela pour défendre de vils intérêts personnels.



Ça qu'on vous a pas dit … !
Christian AGIUS      N° 25
le Maltais de la route de Bugeaud,
y ramasse dans les poubelles de luxe…
ma, tombe de ses morts, c'est la franche vérité !!!

Une Gabonnaise de 52 ans qu'elle était atchez le Taddo de Koula-Moutou, à côté Libreville, dedans le frigidaire depuis 18 heures, elle a……..ressuscité !!! Diocane seulement elle se les était caillés… les miches, gougoutse, pas les baïtes, comment elle l'a raconté après à l'hôpital…


Le fameux avion du vol 93 de l'United Airlines qui s'est décapoté le 11 sektembre en Pennsylvanie, soit-disant à cause la bagarre entre les passagers et les fellaghas qui z'étaient en-dedans, à la franche vérité y s'est fait niquer par la chasse américaine !
C'est Donald Rumsfeld lui-même qui s'a mangé le morceau en devant les troupes américaines en Irak, à le Noël dernier…


Diocane, le canusse Condoleeza Rice, qui se promène le tafanar pour la diplomatie américaine, elle s'en a fait une superbe après le ras-de-ma-raie asiatique : elle a dit " Zeb (ça, c'est moi qui se l'ajoute…) ! C'est une merveilleuse occasion pour la diplomatie américaine… " !!!


Zotch !! Les Corses y rigolent pas ac les tirelires à Sarcloseille…Les deux radars fixes juste posés à Bastia y se sont ramassés un coup de fusil chacun……….


En 95, l'armée américaine elle a travaillé dessur un produit chimique qui rendait coulot celui qui se le bouffait…


Un zimmigré il a fait fort : ac 70 épouses et 110 enfants y s'était anscrit dedans plusieurs caisses d'allocations familiales !
Devine le flouss qu'il a engantché ?!!!!!


Tu te rappelles l'esquelette qu'elle était au lycée en-dedans la classe de sciences naturelles ?
A saoir de qui elle était ??? Mais méteunant, le premier pays producteur d'esquelettes c'est la Chine !
2000 zorros l'esquelette ! En pluss y sont honnêtes : y garantissent pas le sexe, ça qui arrange bien l'actuelle phobie de l'égalité des sexes (c'est pas la peine de mesurer ac le centimètre…) !!!!


Un franc-maçon du Grand Orient il a changé de sexe !.... Zeb ! C'est la panique pourquoi cette obédience elle admet que des mâles……………..


Le président de l'assemblée nationale, le Jean-Louis, le fils à Michou-la-colère, il a eu bon nez pour nommer le responsable de la " mission de la famille " : il a choisi le député Bloche, défenseur des coulots, inventeur du PACS, partisan du mariage homo………


Diocane oilà une idée qu'elle est bône !!!
Faut que tu choisisses un médecin " traitant " pour respecter la nouvelle loi du Douste.
Je vas te donner une idée : tu prends le docteur Douste lui-même !!!!!!!
Rien y t'empêche de le faire…
Quand y va recevoir quelques millions de demandes quelle madone de fatche y va faire !!!!!!
Y a même un site Enternet qui te propose un modèle de lettre et qui se charge à lui faire parvenir : www.le-citoyen.org.
Tia pas envie de rigoler ?!!..


Les magistrats, que soit-disant y doivent donner l'exemple, y sont devenus niqués d'la tête, diocane !
Le procureur de Bayonne il a chouravé la carte de crédit de sa secrétaire pour aller au bordel en Allemagne ; un substitut y se branlait pendant l'audience au tribunal d'Angoulême ; à Lyon y en avait un autre complètement gaz qui se pissait dessur pendant les débats……….


Des étudiantes musulmanes elles ont été virées de l'université libre de Bruxelles pourquoi le oile il est interdit à cause les risques d'incendie.
Ma, l'université catholique de Louvain il les a admises pourquoi il leur donnait des oiles ininflammables………


333 bagnoles elles ont été brûlées la nuit du jour de l'an à Paris.
Banal.
Ouais, ma ac une première : un mort calciné en dedans une !!!


Le calcul il a été fait, diocane : l'impôt dessur la fortune y provoque une perte fiscale d'un milliard de zorros…….


4,9 millions de fonctionnaires en France : 2ème place au monde, juste en derrière……..l'armée Chinoise !
La suite au prochain numéro :
te fais pas de mauvais sang,
J'en ai encore des tas en dedans les tiroirs….

LE PLUSSE DES KAOULADES BÔNOISES (25)
La "Ribrique" de Rachid HABBACHI
CONSEILS A CEUX-LA LA QUE BIENTÔT Y RETOURNENT A BÔNE

      Y parait comme ça, qu'y a une bande de FOUS qui retournent à Bône ... attends, attends, j'ai dis FOUS, j'ai pas dis fous, toute la différence elle est dans les lettes avec quoi t'y écris le mot. Quan c'est que t'y as tout en majuscule, ça veut dire que ty as le grand FEU comme y dit l'aut', le FEU sacré qu'y te brûle par en dedans et en un mot, c'est une passion qu'elle te dévore. Mais quan c'est que t'y as un p'tit feu, presqu'éteint, minuscule, rikiki, eh ben! c'est là qu'y faut penser à l'asile et en parler.
      Moi, j'vais vous parler de ces FOUS qu'y z'ont la passion et la passion de quoi, allez devinez un peu ! la passion de Bône, la FOLIE de la coquette qu'au cas où tu le sais pas, cette ville, rien que de oir son cimitière, l'envie de mourir y te donne et ça, c'est pas à de rire, j'le jure dessur la tête à Tado, le pauv'. Brèfle, pour revenir à ça que j'l'ai mis en tit', y a certains conseils que les bônois qu'y retournent là?bas, chez z'eux, y doivent écouter:

      - D'abord et premièrement - Quan on leur dit tu vas aller te coucher au Seybouse, qu'y croit pas que c'est la rivière où qu'on va chercher les vers pour la pêche et où que là aussi les rameurs y te faisaient de l'aviron. Non, le Seybouse, (chais pas si t'y as remarqué la différence entre le le et le la) c'est un hôtel juste à côté I'E G A, il a la tête dedans les étoiles, purée de bâtiment dès! d'en haut des treize étages, tu te ois toute la ville presque jusqu'à Ischke.

      - Ensuite et deuxièmement ? Quan c'est que tu descends dessur le Cours et que, bessif à l'Ours Polaire qu'il éziste toujours tu t'asseois , tu te commandes un créponnet comme en dedans le temps et avant la première cuillère, tu te fais un voeu, pas celui de pas t'affoguer non, un aut'comme par exempe çui de revenir encore et souvent à ta coquette natale. A l'Ours Polaire, t'y as toutes les chances de rencontrer des bônois comme KHATI ancien coureur à pied à la JSH, SAKROUI ancien foot-balleur à lASB, ATTOUI ancien foot-balleur lui aussi à lASB, aussi BEY de la JBAC et j'en passe et pis, si que tu reconnais personne, t'y as qu'à dire que t'y es bônois et là, tout l'monde y te reconnait.

      - Après et troisièmement - Les rues elles z'ont changé de nom mais n'as pas peur, tu te perds pas. Si que tu veux aller à la rue Bugeaud que main'nan c'est la rue émir Abdelkader, t'y as qu'à demander la rue comme tu la connais, tout l'monde y dit rue Bugeaud, comme tout l'monde y dit rue Gambetta, comme tout l'monde y dit rue Galdès et comme tout l'monde y dit la Colonne.

      - Pour finir et quatrièmement - La même chose pour les plages, t'y as toujours la Grenouillère que main'nan c'est le port de pêche, t'y as toujours le lever d'l'aurore, après y te vient Saint-Cloud, Chapuis, la Caroube, Toche etc... et l'eau elle est toujours aussi bleue, enfin c'est comme ça que j'la ois. J'vais arrêter là mes conseils à cause que le syndicat d'initiative qu'il éziste plus y va pas me payer pour ça mais j'peux finir en disant à tous qu'après ce retour dessur la terre natale, çui-là là qu'il entendra pas les sirènes de Bône (où tu vas te chercher Alexandrie toi?) on les lui f'ra entendre à de bon en lui mettant en dedans les oreilles un entonnoir à z'labias ( ça c'est l'idée de Jean-Pierre Bartolini que, tu veux ou tu veux pas, y reste le meilleur 0 R L bônois en Patosie) et bon séjour à tous et à toutes.

      Pour te sauter du coq à l'ane, qu'un y se mange et l'aut'pas, Y a une émission qu'y z'ont passé dessur France2 pour saouar qui c'est le plus grand homme de Patosie, pas par la taille, par la cervelle. Moi, pauv' tchoutche croyant que c'était quèque chose de sérieux et d'instrutif, j'me laisse aller à agader un peu, surtout tu ois pas y z'ont parlé d'Albert Camus que même si qu'y l'ont jamais vu, tous les bônois y s'le connaissent et tu ois pas qui c'est qui te prend la parole pour tchatcher dessur lui, parole, tu devines pas. Tu t'racontes un peu, diocane y z'ont rien trouvé de mieux qu'Alexandre Arcady çui-là là qu'il a fait monter en chantant ses enfants du soleil dessur le bateau qu'y leur a fait quitter leur soleil alors qu'il aurait dû les faire pleurer. Tout ça pour dire que quelqu'un qu'y te connaît pas la vérité, jamais y peut la dire et tu ois pas la première phrase qu'elle lui sort de la bouche c'est, tiens toi bien frère, ne vas pas me faire une angelure de poitrine, Albert Camus il est né dans un quartier populeux d'Alger .... Mon sang il a fait qu'un tour, celui de la corniche de Bône bien sûr et sans me calmer j'ai compris une chose, ça que c'est la désinformation, le seul prix Nobel qu'on a en dedans le département de Bône on veut nous l'enlever mais y pourront pas à cause que quan t'y es né à Mondovi, c'est pour la vie; pour la mort, tu peux aller où tu veux et encore .... y faut aussi compter avec la scoumoune.

Rachid HABBACHI

BÔNE..    TU TE RAPPELLES
Par M. JEAN PERONI (Tome 2)
           envoyé par Mme Gauchi -- et Jean Louis Ventura                     N° 3
"Je me presse de rire de tout de peur d'être obligé d'en pleurer. "
BEAUMARCHAIS
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D'HIPPONE LA ROYALE A SIDI-SALEM

        La mode est aux Villes Nouvelles .... ou aux Villes Neuves, comme on voudra. On en crée à Pontoise, on en crée à Grenoble, on en crée à Paris, on en crée à Lyon. Ce n'est pas un mal : les cités sont surpeuplées et le bon sens veut qu'elles dégorgent dans leur lointaine périphérie le surcroît humain qui les encombre.
        Mais qu'on n'aille pas nous faire croire que c'est là idée nouvelle surgie de l'esprit de nos modernes urbanistes.
        Bône, bien avant Paris, Lyon, Grenoble, Pontoise, avait décidé de jeter les fondations de sa Ville Nouvelle, baptisée du nom de sa prestigieuse devancière, Hippone la Royale.
        On peut être audacieux chef de guerre en même temps qu'administrateur prévoyant. Et sans que les armes le cèdent à la toge, il est possible de conjuguer le commandement des armées avec la gestion des affaires publiques.

        C'est donc en 1960 que le général Vanuxem décida de créer dans la périphérie bônoise Hippone la Royale. Il avait pour ce faire de bonnes raisons.
        La population de la cité était passée de 86 000 habitants en 1936 à 145 000 en 1958. Compte tenu de l'accroissement démographique normal et de l'afflux migratoire, il fallait prévoir pour 1975 une population de 300 000 habitants. Or, la ville ne disposait en 1959 que de 18 000 logements normalement habitables ou en construction.
        Par conséquent, il s'avérait nécessaire d'élaborer un plan d'urbanisme qui régirait la totalité des constructions futures, dans le cadre d'un plan directeur de la région de Bône. Il était, en effet, rationnel d'empêcher l'expansion des grands ensembles vers le Nord de la ville existante, pour sauvegarder l'indéniable valeur touristique de la côte jusqu'au Cap de Garde.
        L'extension vers l'Ouest se limitait d'elle-même à cause des terrains marécageux et inondables.
        L'extension vers le Sud était la plus rationnelle en tenant compte des projets d'implantation du complexe sidérurgique et de ses industries annexes.
        Furent donc choisis, en raison de ces multiples avantages, les terrains situés entre la route de Bône à Duzerville et les collines du Bou-Hamra. Leur superficie s'étendait sur 720 ha, de quoi construire 20 000 logements au minimum, avec tout ce qu'une agglomération comporte de services publics et privés; avec aussi des réserves possibles d'expansion, puisqu'il est bon de croire à un accroissement démographique et migratoire dû à l'industrialisation de la région.
        Il fut décidé que la réalisation de cet ensemble s'effectuerait par tranches :trois districts urbains furent déterminés. Le district central, pour des raisons de commodités d'accès et d'implantation, fut choisi comme première tranche du démarrage.
        Le général Vanuxem est soutenu par un collaborateur de grande valeur, le colonel Legrand. Cet officier du Génie a l'air de trouver dans ce grandiose projet une façon de sortir des sentiers qu'il a jusqu'ici battus dans une arme qui ne lui offrait que des débouchés restreints : le Génie. Le voici donc faisant feu de tout bois pour réussir; et c'est très bien.
        Mais il s'est découvert des qualités d'urbaniste au point que plus rien ne l'arrête. Ne voilà-t-il pas que germe dans son esprit l'idée de lancer un prolongement au cours Bertagna, par dessus la petite darse, du quai Warnier aux quais des phosphates.
        "Halte là ! crie Pancrazi. Le port, c'est mon affaire; et si j'ai tant fait pour son agrandissement, ce n'est pas vous, les militaires, qui allez en toucher la moindre parcelle".
        Pancrazi se méfie toutefois de la puissance militaire, surtout quand elle se pare des attributs du Génie Civil. Et pour mettre fin à ces velléités, il vole à Alger défendre son port. Paul Delouvrier lui donne raison. Vanuxem a suffisamment à faire avec Hippone la Royale, qu'il s'en tienne là.
        Voilà donc le projet dressé par MM. D. Badani et P. Roux. Dorlut, urbanistes en chef, assistés de M. G. Banshoya.
        La précipitation avec laquelle sont mis en route les travaux donne l'impression qu'il faut devancer les évènements, comme si l'on voulait barrer la route au cours de l'Histoire en plaçant sur son cheminement des initiatives hardies; comme si l'on voulait l'obliger à hésiter sur son parcours et mettre à profit cette hésitation pour renverser le dénouement.
        Nous sommes en 1960. Hippone la Royale, c'est un acte de foi sur lequel misent le général Vanuxem, le préfet Andrieu, l'ingénieur en chef des Ponts-et-Chaussées Pagès.
        Les bulldozers défoncent, les excavateurs creusent, les scrapers vont et viennent, les camions-bennes chargent et déchargent, et déplacent des montagnes de terre. C'est un extraordinaire carrousel sur un gigantesque chantier noyé sous un immense nuage de poussière ocre, irisé sous le soleil ardent d'un été qui se refuse à croire à un hiver trop proche.

        Et pourtant ....

        Faisant fi de la volonté, du courage et de l'espérance, les princes qui nous gouvernent en ont décidé autrement. Hippone la Royale ne verra jamais le jour, comme si Hippo Regius, son illustre devancière, craignant son prestige bafoué par la moderne cité concurrente, avait refusé de lui céder la place.
        Le grandiose projet restera mort-né.

        Avant d'être déplacé pour raison de service ou pour raison d'État, le préfet Andrieu aura pourtant tenu à laisser sa marque dans la cité bônoise.
        Les ghettos et les bidonvilles qui déshonoraient une Bône moderne et qu'avaient supportés si facilement ses prédécesseurs, lui, ne les a plus voulus.. Il s'en trouvait un peu partout qui étalaient leur misère chronique et leur population grouillante, à Joannonville, aux Lauriers Roses, au Pont Blanc, à la Choumarelle.
        Par décision de M. Andrieu, ils disparaîtront. L'intention est fort simple : créer une petite ville, modeste mais confortable, dans laquelle seront regroupés tous les miséreux. L'étude est menée rondement et le terrain choisi sur la rive droite de la Seybouse.
        Mais, lorsqu'elle est trop gonflée par les eaux de pluie, la Seybouse sort de son lit et s'en va allègrement découcher quelque part dans les environs, vers les petites maisons de la Choumarelle, ou vers l'Aluminium J.P., ou bien dans les Club House de l'Aviron et du Rowing. M. Pagès n'y va pas par trente six chemins : il décide en premier lieu de déplacer l'embouchure de la rivière, ensuite de mettre un frein à ses débordements par une digue de protection.
        Les inondations de la Choumarelle se font à dates fixes. Le spectacle est navrant quand on voit cette population de malheureux sur le qui-vive quand l'eau monte, et désemparée quand la cote d'alerte est atteinte. Alors chacun, chargé de son baluchon, cherche un ami qui l'hébergera, le temps de la décrue. Les sapeurs-pompiers interviennent, qui alourdissent leurs barques plates, pêle-mêle, d'enfants, de chiens, de linge et de vaisselle, tandis que les mères s'affolent et que les hommes prêtent main-forte aux sauveteurs.
        Lorsque tout est enfin terminé et que l'eau a laissé en partant, sur le parquet des habitations, une boue visqueuse, on fait le compte des dégâts, on évalue les indemnités à distribuer. Alors commence la chikaia. Ces malheureuses gens deviennent subitement riches comme Crésus pour tenter de toucher le plus possible de compensations.
        Ce sont les femmes qui prennent l'affaire en mains.
        "Moi, dit celle-ci, j'avais cent mille francs dans une boîte; l'eau à tout emporté, la boîte et l'argent".
        "J'avais, affirme celle-là, un coffret de bijoux, bracelets, colliers, boucles d'oreilles. Le Mont de Piété m'en aurait donné trois cent mille francs. Je n'ai plus rien retrouvé".
        "Le trousseau de ma petite, des draps brodés, de la lingerie fine, ajoute cette autre, et sa robe de mariée toute prête pour la noce ! Je l'avais achetée au Réveil du Lion, à tempérament. Tout est fichu".
        Le bureau des pleurs est ouvert à la Mairie, et comme la municipalité est bonne fille, elle paiera. Oh ! pas tout, mais de quoi soulager ces pauvres gens de leur pretium doloris et de les dédommager dans la mesure normale des dégâts subis.

        Désormais, plus rien à craindre : la digue, qui sert en même temps de route, stoppera les extravagances de la Seybouse.
        Et par la même occasion, les travaux entrepris permettront à la Cité Sidi-Salem de vivre en toute quiétude.
        Car M. Andrieu a voulu faire vite pour recaser les habitants des bidonvilles. Il n'a pas perdu de temps à la procédure d'expropriation, à la demande de crédits, à la paperasse administrative exigée en pareille circonstance. Sans un sou disponible, il a réquisitionné le terrain. Pour payer ? On verra plus tard. On lui fera des ennuis ? Tant pis. Il a décidé de loger de façon décente des gens dont il n'ignore ni les besoins ni les souffrances.
        D'avoir agi si vite et à sa guise, il perdra sans doute son crédit à Paris ; mais puisqu'il s'est mis au service de l'Algérie, il peut sacrifier sa promotion à son idéal.

        Pour l'instant, ceux qui lui causent le plus de soucis sont précisément les bénéficiaires de sa décision. Ils ne comprennent pas ce déplacement qu'on leur impose. Après avoir discuté, chicané, regimbé, ils opposent la force d'inertie à la force de persuasion.
        Ces gens-là, qui ont l'habitude du malheur, qui n'ont jamais pensé à un autre mode de vie que celui du bidonville, qui savent mieux que personne patauger dans la boue et recevoir la pluie sur la tête, qui n'ont jamais respiré d'autres odeurs que la puanteur, n'imaginent pas vivre ailleurs. Le gourbi est leur domaine; ils y ont leurs usages, leur promiscuité, leur inconfort, leur insalubrité auxquels ils sont faits depuis des lustres. Ils ne pensent pas qu'on puisse vivre autrement, qu'on puisse ne pas entendre le vent d'hiver gémir dans les tôles mal jointes, qu'on puisse ne pas rôtir derrière le zinc en été, ni regarder les enfants jouer dans les cloaques et faire des châteaux dans la boue du ruisseau.
        A leur coeur défendant, ils finirent par s'exécuter. Ainsi s'en sont-ils allés, la mort dans l'âme, vers cet inconnu qui leur faisait si peur, transportant sur la route des Salines leurs hardes, leurs frusques et leurs loques.
        S'il n'était pas si triste, le spectacle ne manquerait pas de pittoresque. Ceux qui disposaient d'une charrette et d'un âne ont entassé tout ce qu'ils possédaient sur le véhicule bringuebalant au gré des cahots : fagots de bois, sac de semoule, paillasses, linge, casseroles, canoun, cuvier et, par-dessus, attachés avec la vieille corde de chanvre, les gosses qui piaillaient de peur ; et encore derrière, le reste de la famille, poussant fort pour aider le bourricot famélique.
        Les autres ont utilisé les instruments de transport les plus hétéroclites, la carriole qu'on tire à la force des bras et du dos, la bicyclette avec un madrier qui fait porte-bagages, la carcasse d'une voiture d'enfant, la caisse de bois qui roule sur deux patins ; ou alors plus simplement, ils ont placé chacun son baluchon sur sa tête et font de longues haltes pour boire force rasades dans la gargoulette qui suinte, et reprendre leur souffle.
        Lorsqu'ils arriveront au bout du chemin, ils toucheront enfin le salaire de leur peine et de leur appréhension.
        Comme un chien hésitant qui flaire sa pâtée, ils n'entreront dans " la maison qui leur a été attribuée qu'après en avoir fait le tour, tâté le ciment du mur, secoué le volet ; ensuite, ils s'arrêteront sur le pas de la porte, jetant vers l'intérieur un regard inquiet; enfin ils entreront à la queue leu leu, tapant le sol du pied pour s'assurer de sa solidité.
        Ils seront chez eux.

        La Cité Sidi Brahim, ainsi baptisée du nom d'un marabout vénéré, trace ses rues larges et aérées entre des maisons en dur, groupées en flots. Aux carrefours, des fontaines distribuent l'eau fraîche et potable. Des cafés maures offrent aux hommes le délassement des parties de dominos et des verres de café., L'école luttera contre l'analphabétisme, et l'infirmerie contre les mille maux contractés dans le gourbi. A l'entrée, un poste de S.A.S. assure le maintien de l'ordre, fait respecter l'hygiène, participe à l'administration, fabrique l'inévitable paperasserie, remplace les P.T.T., conseille les uns, documente les autres, et hisse tous les matins le drapeau tricolore.
        Sidi-Salem avait été construit pour eux. Ils ont mis du temps à apprécier leur nouvelle cité. Mais finalement, heureux dans leur nouveau domaine, ils ont vite oublié le bidonville pour profiter tout à leur aise du confort qu'on leur faisait découvrir.

A SUIVRE

PREMIER AMOUR
(Extrait de Mektoub, saga Pieds-Noirs)
Envoyé par M. Albert Buono


         Le terrain de la rue des Prés Salés où mes parents ils ont bàti leur première maison, il était à la limite du plus grand bidonville arabe, un ghetto que les Européens ils évitaient de fréquenter. La maison elle était simple, mais son petit jardin de la façade, il s'offrait le luxe d'un bananier exotique qu'il donnait des fruits modèles réduits. En face, de l'autre côté de la rue, la fabrique de tabac des frères Alban, elle nous coupait la vue qu'elle méritait pas d'être vue. Sur le mur de la fabrique, une encoche et la date 1910 elles rappelaient la plus forte inondation qu'elle avait noyé le quartier. Sur une maison d'à côté, une plaque elle disait qu'Isabelle Eberhardt elle était passée par là dans son " désir d'Orient ". Tous les Français ils savaient qu'Isabelle elle s'était convertie en musulmane et qu'elle s'était acoquinée à un Arabe ; à cause de ces déviations de moralité personne il jetait un oeil sur cette plaque qu'elle était une insulte aux bons chrétiens de Jésus Christ.
         En compensation de sa pauvreté des maisons et de ses habitants, ce quartier il était riche d'histoire et des moustiques qu'ils revenaient en rangs de bataille reprendre les terres à marécages que la pacification française elle les avait dépossédés.
         Je sais très bien que ces lieux et ces noms, ils ont pas d'intérêt pour vous; pour moi ils se bercent dans ma mémoire et ça me donne du chaud au coeur de les écouter même si ça vous chante pas.
         Attends un peu ! je mets le casque à infrarouge pour pas troubler votre ambiance environnante. C'est mieux pour vous que je m'écoute, à la sourdine, en chien galeux que tout le monde il s'écarte, ma petite musique du temps de dans le temps, qu'elle est pas faite pour les profanes contemporains.

          Agé de cinq ans d'âge, chaque matin, sauf les jeudis et les dimanches, j'allais dans la rue des Près Salés; je tournais sur la gauche dans l'Avenue Garibaldi; avec ma petite soeur on se rendait dans l'école maternelle de cette avenue ; mes parents, ils m'ont assuré que j'avais insisté pour que Ninie, ma petite soeur de trois ans, elle rentre à l'école en même temps que moi. Ce souvenir, il me fait un peu rougir, d'avoir commis cette exigence et ce favoritisme. Pour me défendre, j'ajoute vite que Ninie elle manquait souvent l'école, soit qu'elle était malade, fatiguée ou soit qu'il pleuvait trop. Moi, vous savez tous que j'étais le prototype des enfants studieux. Je préférais la classe aux récréations.
         Pendant la récréation, je m'asseyais sur le banc qu'il était le long du mur du préau et je regardais les garçons et les filles qu'ils poussaient des rires et des cris dans la cour. Je me demandais quel plaîNir ils prenaient à s'amuser comme ça. A la maison non plus je jouais pas beaucoup. Ma mère qu'elle avait toujours la maladie à portée d'inquiétude, elle a demandé au Docteur Bonnet de m'ausculter en règle. Il s'est porté garant de ma santé. Pour plus de sécurité, ma mère elle a interrogé l'institutrice qu'elle l'a rassurée. Aujourdhui, je me dis que le médecin et la maîtresse ils avaient tort et que ma mère elle avait raison d'avoir peur. Les mères elles ont toujours raison pour la santé de leurs enfants !
         Pour préférer la classe aux jeux et aux bagarres, il fallait que je " soye " malade dans ma tête si c'est pas dans mon corps. L'expérience elle m'a appris que les bons élèves, quand ils perdent les béquilles des professeurs et des diplômes, ils ratent leur vie professionnelle où il faut tracer sa route sans les secours orthopédiques. Aussi, si vous avez des enfants qu'ils aiment mieux l'étude que la rigolade, faites les soigner quand il est temps ; les psys ils sont faits pour ça. Donc, je restais assis sous le préau, triste de voir les autres rire, courir, crier, se battre, s'insulter, se rouler par terre. Une petite fille brune, aussi sage que moi, elle se tenait à mon côté ; on se parlait jamais ; on se regardait de temps en temps et on se souriait avec des montées de rougeur sur les joues. Odile, elle s'appelait, mon premier amour. C'était mon secret que j'avais dit seulement à Ninie ; je croyais pas que notre entente, les autres ils la voyaient. Un jour, qu'Odile elle était pas venue à l'école, un vaurien de mon âge, il a pris sa place à côté de moi. Il s'est penché vers mon oreille et ricanant comme les mauvais génies des histoires des sorcières, il a versé dans ma tête l'huile bouillante du mystère abominable qu'il se cachait dans la vie d'Odile :
         - Tu sais Odile, " eh ben " mon père il a vu comme je te vois, ses parents qu'ils vont dans le " cimitière " ; ils déterrent les morts, ils emportent leurs os et quand ils sont nettoyés ils mettent les os des morts dans la soupe.
         La cloche de rentrée en classe elle m'a sauvé d'en savoir plus ; j'avais déjà mon compte.
         Ce soir-là, ma mère elle avait fait une soupe aux pois cassés, que c'était celle que je préférais avec les coquillettes qu'on appelait des " ébetches ". Jamais y avait des os dans la soupe aux pois cassés; le hasard, il a voulu que cette fois ma mère elle en avait mis un, pour faire la balance entre la graisse de la moelle de l'os et la féculence des pois cassés. Cet os, il m'obsédait. Peut-être que mes parents, ils l'avaient pris au cimetière et qu'ils voulaient me faire manger une soupe à l'os de leurs morts. Si j'aurais pas été tiraillé par les dires de mon camarade, je me serais dit que c'était pas possible : nos morts à nous, des deux côtés de la famine, ils étaient enfermés à triple tour, dans la caisse de zinc, dans le bois du cercueil et dans la pierre du caveau. Impossible de leur prendre leurs os! A cinq ou six ans, tu réfléchis pas si loin; la soupe elle a eu du mal à passer et de l'os j'en ai pas voulu ; jamais plus j'en ai mangé. Jamais plus, j'ai accepté que la petite Odile, elle " s'assoye " à côté de moi; quand elle essayait, je me levais et j'allais me mettre plus loin.

          Encore maintenant, quand je vois un os qu'il plonge dans le potage, je me rappelle de ce premier amour, dans le rose et le bleu platoniques, qu'une langue de jaloux elle en a fait un plat pas tonique du tout.


QUAND L'ORAGE PASSA
par M. Robert Antoine                  N°13

MON RETOUR

      Après la reddition du Général Challe, je laisse les "soldats perdus" retrouver leur chemin et je prends le premier avion militaire pour la France. Mon ordre de mission signé Général Challe, reste toujours valable, nous embarquons à bord d'un "Nord 2501"
      Les passagers: des militaires, mais aussi des femmes et des enfants.
      Je ne sais si le bruit des moteurs empêche toute conversation mais l'ambiance est maussade, chacun perdu dans ses pensées.
      Nous devions atterrir à Villacoublay mais notre avion est dérouté sur Orléans à titre de précaution. Des l'avion posé, on nous invite à descendre, encadrés par une double rangée de CRS mitraillette aux poings.
      On nous isole dans une pièce à barreaux, ressemblant étrangement à un parloir de prison.
      Nous y sommes restés 6 heures, après avoir expliqué notre attitude pendant le putsch à un policier aidé d'un officier du 2ème Bureau.
      Retour quelque peu humiliant mais, avec le recul du temps, je préfère cette arrivée à celle des centaines de milliers de Pieds-Noirs qui, dans un peu plus d'un an, vont devoir rentrer en Métropole.
      Moi, l'Armée m'accueille, certes avec quelques vexations, mais j'ai un toit, une solde, le soutien de vrais amis.
      969 216 pieds-noirs, 138 458 français musulmans, vont traverser la mer Méditerranée pendant l'été 1962.
      Je vous laisse le soin d'imaginer, quelles sont leurs pensées, sachant pour la plupart que personne ne les attend, qu'ils ne savent pas où aller et que le pays qui les accueille est si différent du leur.
      Les bras ouverts de la population lors du débarquement des troupes venant d'Algérie en 1944 se sont refermés; pas tous, mais beaucoup.
      L'intelligentsia parisienne, M. J.P. Sartre, M. Déferre Maire de Marseille, et bien d'autres n'ont de compte à rendre à personne sinon à leur conscience, mais on peut comprendre leur amertume, leur jalousie, quand après quelques années, ils ont vu ce peuple au travail, s'intégrer dans le pays et parfois réussir. Sclérosés par leur idéologie totalitaire et inique, les communistes ont vu d'un très mauvais oeil, ce sang neuf redonnera la France un nouvel élan, autrement que par des grèves. (période 1965/1975)

      Avant de vous quitter, je voudrais écrire encore quelques mots sur "Staoueli". Pendant ces dernières années l'ambiance a changé. L'O.A.S. au petit pied a fait quelques ravages, quelques rancunes sont assouvies, quelques vengeances se sont concrétisées, mais rien de trop grave.
      Combat d'arrière-garde fissurant un peu plus le fragile lien qui existe entre les communautés.
      Il est poignant de dire un dernier adieu à son village, à ses racines, à ses morts, à son pays. J'en parlerai plus loin dans "EXODE "
      Je retournerai plusieurs fois en Algérie. La dernière fois où j'ai posé le pied sur cette terre date de 1967, bien après l'indépendance. Hélas l'avion me posait uniquement sur l'aérodrome de Colomb Béchar, où nous avions su préserver une base de lancement de fusées.
      Invité par un Arabe de Colomb Béchar à manger, chez lui, un couscous, il me demanda "C'est quand que la révolution des Arabes s'arrête et que les Français reviennent."
      Jamais mon ami .....

ALPHA ... OMÉGA ... ALPHA

      On ne raconte pas une histoire qui dura 132 ans en quelques lignes, mais j'ai voulu laisser une trace, un témoignage, le souvenir d'un Pied-Noir à ses enfants.
      Plusieurs chapitres auraient pu être développés, étoffés, mais j'ai préféré la synthèse précise, à l'analyse débordante de détails.
      Je n'ai pas non plus la prétention de posséder la seule "vraie" vérité, mais j'expose la mienne, ouvrant à la critique des moments de débats que j'espère intéressants et de bonne foi.
      Qu'importe ces bruits, l'orage est passé, la tempête a pris fin.
      Pour ceux qui ont vécu là-bas, il reste de la nostalgie gravée au fer rouge, dans le plus profond d'eux-mêmes, avec le sentiment lancinant et insoutenable d'avoir été dupés, bafoués.
      A ceux qui savent, on n'en parle plus, à ceux pour qui l'Algérie n'évoque plus d'images, les mots, les phrases n'expriment plus ce que c'était "là bas".
      Nos enfants ont pris le ton de la région où ils vivent, c'est très bien, mais nous avec cet accent sorti d'un livre d'Edmond Brua, nous sommes un son discordant, une fausse note, un anachronisme.
      Dans un environnement qui n'est pas le nôtre nous, exilés, réfugiés, rapatriés, je ne sais, nous ne sommes pas chez nous, nous sommes simplement des étrangers qui essaient de s'adapter.
      Mais quel Pied-Noir sur cette rive de la Méditerranée, n'a pas imaginé de jeter son regard derrière l'horizon, essayant d'apercevoir un bout rien qu'un petit morceau de notre ancien pays.
      Ce n'est pas un au revoir, C'est l'adieu à l'Algérie d'hier que j'ai connue ... Je plains celle d'aujourd'hui et, fermant les yeux, je me mets à rêver. Si... Si ...
      J'ai attendu 39 ans avant de jeter sur du papier cette prose qu'il m'a coûté d'écrire.
      Que mes enfants ne rougissent pas de leurs aïeux Pieds-Noirs, ils sont issus de graines de pionniers, d'hommes et de femmes fiers de ce qu'ils ont accompli. J'espère que les générations suivantes garderont cette énergie, ce goût d'entreprendre qui ont animé leurs aînés, même si les vicissitudes de la vie sont parfois difficiles à supporter.

      Fin de la saga Algérienne.
      A la Escala le 10/04/2001

      A ceux qui y ont cru...

Photo M. Robert Antoine
Un Combattant qui y a cru

FIN DE CETTE HISTOIRE EN ALGERIE
Histoire écrite en l'an 2001 par Robert ANTOINE
Photographies de l'auteur

A ma femme, à mes filles
A M. et Mme Roger Fauthoux
A ceux qui m'ont aidé à retrouver
une documentation perdue

M. ANTOINE nous fait l'honneur de la diffusion, par épisodes sur notre site, de ce livre de souvenirs. Pour ceux qui voudraient connaître la suite du livre (post 62), il est vendu par l'auteur au prix de 25 Euros (hors frais d'envoi).
Adresse de courriel, cliquez ICI --> : M. Robert Antoine


ELLES SONT BIEN BÔNE
Par M. Fernand Bussutil dit OTTO BUS
Envoyé Par Jean Louis Ventura               N°11
ELLES SONT BIEN BÔNE
FERNAND BUS

A tous mes Amis bônois, si douloureusement éprouvés par les événements d'Algérie et dispersés dans tous les coins de France et du Monde, avec mes affectueuses pensées.

F.B.

" FUGIT IRREPARIBILE TEMPUS " (Virgile)
LA MOULE

     Un jour, Moi et Augu on se oit tsur le sable
     Une madone de moule qu'elle était formidable.
     On s'la mange des yeux, je saute pour me la prendre,
     Augu laisse-le qui crie pour me la faire rendre.
     Pourquoi et soi-disant, y s'avait vue comme moi.
     Et laisse-le qui jure. La plage est en émoi.
     " Comment te veux t'la oir, toi t'es guitche d'une oeil
     Moi je ma l'a sentue, j'a fait le zécureuil,
     Que j'y dis en colère et si t'y es pas content,
     Un coup de tète, j'te donne et j'te casse les dents "
     Comme je me disais çà, y s'amène Paolo
     Qui s'était pris le bain et se sortait de l'eau.
     On s'le prend à témoin et sérieux comme le Pape,
     Y s'ouvre le fruit de mer, s'le met dans la soupape,
     " Escusez qui nous dit, faut bien que je me cale
     Mon petit estomac ; Comme le Juge de La Calle
     Je vous fais le partage ". Y nous donne une coquille
     A chacun de nous autres, en bon père de famille.
     Ma la rage elle me vient : " Regarde, ô Dandalon !
     Si te payes pas à boire, j'te vole le patalon. "
     Et comme y se tenait une madone de frousse,
     Y' nous rinça la dalle, ac des huîtres, au " P'tit Mousse... "
Les grandes chasses...

LA BARBE BLEUE

     Y avait z'une fois, un homme qu'il avait un tas de maisons à Bône, au Pont-Blanc et à la Caroube, d'la vaisselle ac des couvercles en or. Tout riche qu'il était, c'était un gros malheureux, Pourquoi il était vilain comme les sept péchés cardinaux, ac une madone de barbe, qu'elle était bleue et quand elle se le oyaient, les femmes elle s'ensauvaient et les enfants se lui criaient: " Barbe à poux".
     De Plusque, on disait que plusieurs fois y s'était marié ma que toujours
     Y cassait la carte et les femmes on se les trouvait plus.
     Une oisine à lui, qu'elle avait deux filles, elle voulait se les marier. Un bon jour Barbe bleue y se les emmena à la campagne dans une de ses maisons à lui, à côté le Pont-Blanc. Pendant huit jours rien que des ballades, d'la dansade et d'la chasse aux tchibecks et aux tornagas. En plus de ça qui c'est pense à dormir, rien qu'ils passent la nuit à boire, à chanter et à se faire des malices. Et à la fin, la plus petite des filles, elle s'oublia qu'il avait la barbe bleue et retour en ville, elle se maria avec lui.
     Au bout d'un mois Beauvilain y dit à sa femme qu'il devait aller à Fontaine Chaude à côté Guelma, pourquoi ses rumatisses y se lui faisaient mal : " Oilà les clefs, o belle à sa mère qui se lui dit ma entention, te ois cette clef toute petite, elle rouvre mon bureau, et ben défense que te t'en sers. "
     A peine qu'il se met les oiles, la première des choses qu'elle fait oh la curieuse ! c'est de rouvrir le bureau. Elle tire les funêtres pourquoi elles étaient fermées et elle se oit un dimi douzaine de femmes si c'est pas plusque, mortes et étranglées et pendues aux parterres des portes- manteaux. D'la peur elle croyait mourir et ses jambes elles remuaient comme la gelée à Ciantar le charcutier.
     Elle s'avale sa crache, se ferme la porte, se rentre dans la cuisine pour se laver la fugure dans le lévier et enfin elle se tape un verre de Tannières ac deux pierres de sucre dedans.
     Barbe bleue y revient le soir et le lendemain y demande les clés. " Pourquoi te t'as servi d'la p'tite clé qui se lui dit ac la colère dedans les yeux ; Ah ! Ah ! te vas mourir. "
     La femme elle pleure, elle se roule par terre comme le bourricot qu'il est embêté par les mouches des chevals, elle demande pardon, ma l'homme il a le cœur plusse dure que le Rocher de l'Espion.
     " Fais ta prière à Sainte Rita, pourquoi dans dix minutes t'y es de la classe. "
     Quatre à quatre elle monte dans sa chambre et elle s'appelle Anna sa sœur, quelle se prenait le bain d'soleil en haut tsur la terrasse: " Anna, o belle ! régarde si te ois rien venir, pourquoi Gueit et Paolo, nos deux frères y doivent venir. "
     " Aoua ! que dal je ois, o ma Conchette, à part la soleil qu'il est chaud et le ciel qu'il est bleu. "
     Alors le Barbe à poux qui se tenait une madone de couteau, y se lui cri : " Eh là ! te descends vite en bas ou je monte en haut. "
     " Et oilà, je viens qu'elle disait et elle criait : Anna, o belle ! Possible te ois rien ? "
     - Je ois une grosse poussière qu'elle vient de ce côté.
     Mais t'y as pas d'la sanche, o Conchette ! c'est les chèvres à Carmelo qu'elles se rentrent à le Pont-Blanc "
     - Te descends ou te descends pas, qui criait Landru
     Attends, un petit moment, d'la patience, qu'elle disait la femme et ses dents elles faisaient le bruit, comme le truc des marchands des oublies.
     - Anna ma belle dans la somme de tes bises, à de bon te ois rien venir.
     - Ma, oui ma Conchette en or, je ois deux hommes ac les chevals, qui courent à toute vitesse,
     - Et le temps de compter jusqu'à dix les deux y rentrent dans la cour. Barbe à poux y se les reconnaît, pourquoi un il était espahis et l'autre cuirassé. Y veut donner un coup de dabbous, ma y se le tuent à coups de sabres,
     Une fois mort, la femme qu'elle était veuve, elle maria sa sœur Anna ac un gardien de la Prison Civique et elle, elle s'épousa l'adjudant des pompiers de Bouadjar.
     C'était bien, pourquoi ça finissait bien...

POUR RIRE - La fabuleuse histoire
de MOURICE BEN FENECH
Envoi de M. Marc Spina


       MOURICE BEN FENECH se présente, pour un emploi, de vendeur dans un Super Bazar où l'on vend de tout.
       Le patron lui demande s'il a de l'expérience.
       "Si j'ai de l'expérience ? Dans la vente ? Aaiaiaiaiaille, ti me demande ça à moi, Mourice Ben F'nech ? J'suis le Roi de la vente, moi !
       Mon cousin il avait une boutique, j'ai tout vendu. Maintenant il est parti au souleil tellement j'l'ai rendu riche. sir la tête de ma mère, y'a pas meilleur vendeur que moi."

       Le Patron, amusé par la situation décide d'essayer le jeune homme pour la journée.
       Le soir, il revient pour voir ce qu'il a bien pu vendre.
       " Alors, combien de ventes as-tu fait aujourd'hui ? "
       " Une seule mais sur ma tête Patron, il est v'nu qu'un client "
       " Ce n'est pas très brillant ça, et une vente de combien ? "
       " Seulement 100.000 Euros, patron "
       " Quoi ? 100.000 ? Tout rond ? Mais...comment ça ? "

       Et Mourice, il raconte :
       " Y a un type qu'est v'ni et j'li ai vendu un hameçon. Pis, j'li propose la petite canne à pêche au lancer et une série de mouches.
       Et comme j'li dit qu'il peut pas pêcher sans être bien équipé, j'li vends aussi la grande canne avec la ligne et les bouchons et un moulinet.
       " Sir la tête de ma mère, t'en as jamais vi un comme ça " , que j'li dis. " ti peux r'monter MobyDick avec ça "
       Après, pour pas qu'il ait honte devant les autres pêcheurs, j'li ai vendu l'équipement, les bottes, le ciré et le bob. Parce qu'avec sa canne toute neuve, s'il a pas l'équipement, y va passer pour un plouc, "hein chef ?"

       Et les clients de Ben F'nech, ils peuvent avoir l'air con mais pas l'air plouc.
       Pis, j'li demande où il va aller pêcher.
       I'mm dit " sur la côte " .
       Alors, j'li dis qu'il f'rait bien d'acheter un bateau pour pêcher au large, et j'li vends le hors-bord de 12 mètres avec les deux moteurs.
       Et j'li demande comment y va emmener son bateau sur la côte. Y savait pas.
       Alors, j'li ai vendu la nouvelle Mercedes et une remorque pour tracter le bateau

       Et pis on a fait les comptes. Ca faisait 101.124 Euros. Alors j'li dis:
       "comme t'es un bon client, j'ti fais un prix: 100.000 tout rond, mai ti paies cash !"
       Il a dit " j'passe à la banque et j'arrive " . Et 1/2 heure après, il est rev'nu avec l'argent et il a tout pris, patron. Les sous sont là dans la caisse. "

       Le Patron est scié, complètement ahuri, assis par terre. Il n'en croit pas ses oreilles, il regarde l'argent dans la caisse et dit :
       " T'as vendu une Mercedes et le hors bord à un gars qui venait pour acheter un hameçon ? "

        " Heu... bin non, pas vraiment, patron. L'client, y v'nait pour ach'ter une boîte de TAMPAX ! pour sa femme, alors j'li ai dit :"
       Puisque ton week-end il est foutu, pourquoi t'irais pas à la pêche ?"


BÔNE MILITAIRE
du CAPITAINE MAITROT
                              Envoyé par M. Rachid Habbachi                      N° 6

Bône Militaire                                                   44 SIÈCLES DE LUTTES
du XXIVème avant  au XXème Siècle après notre ère
Médaille de Bronze à l'Exposition Coloniale de Marseille 1906
Médaille d'Argent de la société de Géographie d'Alger 1908

Première Partie
HlPPONE ET BONE

CHAPITRE V
EXPEDITION ESPAGNOLE
1516 - 1540

        A la mort de Ferdinand le Catholique (1516), les Algérois crurent le moment venu de se débarrasser du voisinage des Espagnols.  
        Ils firent appel à Baba-Aroudj : le pirate ne tarda pas à sortir de son repaire de Djidjelli.
        C'était une occasion pour tenter d'établir son autorité sur l'Afrique septentrionale. Il fit irnmédiatement voile vers Alger, pendant que son allié, depuis 1514, Ahmed ben El Kadi amenait des contingents par terre.
        Le premier soin de Baba Aroudj, en arrivant à Alger, fût de faire étrangler celui qui l'avait appelé, Salem Ben Toumi, cheick des Taalba et gouverneur de le viIle, puis il appela, auprès de lui, Kheir-ed-Dine, dit Barberousse, son frère aîné et tous deux se mirent à organiser leur conquête. Bana Aroudj tenta de chasser les Espagnols de la province d'Oran mais, la, fortune le trahit, il fut le trahit, il fut tué entre Oran et Tlemcem, laissant son frère, seul maître du pouvoir.
        Celui-ci se trouva, un moment, dans une situation très critique ; les Arabes de Toumi et les Espagnols du Penon le serraient de près ; mais le beyde Tunis, Moujay Hassan se tournant contre lui, en fin politique, il se déclara vassal de la Porte qui lui envoya 2000 janissaires ; avec cet aide, Kheir ed Dine, devenu Pacha, (1518) chassa les Espagnols et réduisit à l'impuissance son ancien allié, Ahmed ben El Kadi, qui s'était déclaré pour le roi de Tunis. La piraterie allait régner sur la Méditerranée en maitresse incontestée.
        Le contre-coup de cet événement se ressentir sur toute la mer ; les vaisseaux restés cachés au fond des ports ; la Provence se hérisse de bastides où les veilleurs guettent de jour et de nuit ; l'Europe méridionale se dépeuple et les chrétiens courbent honteusement la tête devant cette poignéé de bandits.
        Gonflé de son importance, Kheir-ed-Dine ne voit plus de limites à son ambition. Tunis le tente.
        Le 4 août 1534, les Bônois massacrèrent leur gouverneur tunisien et appelèrent Barberousse.
        A cette nouvelle, le roi de Tunis expédia immédiatement 250 arquebusiers et 400 cavaliers qui vinrent se heurter à Kheir ed Dine.
        Celui-ci cacha dix galères dan la Seybouse et, avec le reste de ses bâtiments, attaqua Tunis qui tomba en son pouvoir le 18 août, abandonné par Moulay Hassen, en fuite.
        Charles-Quint voulut enrayer les progres du bandit ; il fut arrêté. un instant par le traité de janvier 1535, signé par Jean de la Forest avec la Porte, au nom de François 1er.
        Ce traité mettait tous les chrétiens sous la protection du consul français. Mais l'empereur passa outre et, le 31 mai 1535, il quitfa l'Espane avec une flotte portant 25.500 hommes.
        Le 21 juillet, il entra triomphalement à Tunis, mettant Kheir ed Dine en fuite et Moulay Hassen remontait sur son trône.
        Chassé de Tunis, le pirate turc se rendit à Bône pour y prendre ses dix galères.
        Après deux jours de repos accordés à ses hommes, il les réunit, leur parla, chercha à les consoler, releva leur courage, leur apprit qu'il allait remettre à flots les galères cachées dans la rivière, et qu'il s'élancerait de nouveau sur la mer pour punir les chrétiens des pertes qu'ils venaient de lui faire subir.
        Les Turcs s'écrièrent qu'ils étaient prèts à lui obéir el à le suivre partout.
        Jamais, dit-on, chef vaincu ne trouva des soldats aussi confiants et aussi disposés.
        Sans perdre de temps, il retira, donc du fleuve ses dix galères, qu'il équipa avec une incroyable célérité et il réunit encore, à cette flotte, trois galères et deux flutes qu'il trouva dans le port.
        Ce travail fut exécuté en deux jours ; il construisit, en outre, un boulevard qu'il arma de pièces de canons, pour défendre l'entrée du port.
        L'Empereur prévenu, que Barberousse s'était retiré vers Bône, et devinant ses projets, avait ordonné qu'on envoyât un nombre de galère suffisant pour arrêter sa fuite. Doria confia à Adam, capitaine gênois peu expérimenté, suivant Paolo Jovio, le soin de remplir cette mission. Il partît à la tête, d'une escadre composée de quatorze galères bien armées, et l'on jugea que ces forces devaient suffire contre Barberousse que l'on croyait surprendre au milieu de ses apprêts. Mais, quand Adam se vit en face d'un ennemi disposé à le recevoir et d'une flotte attendant fièrement le combat, il ne crut pas prudent d'attaquer et il se retira.
        Kheir-ed-Dine hésita lui-même s'il n'engagerait pas la bataille ; l'occasion était cependant favorable ; il pouvait mettre en ligne autant de galères que les chrétienis et il l'emportait par le nombre de ses hommes, mais ses pricipaux officiers l'en détournèrent.
        A peine Adam fut-il de retour à Tunis, que l'Empereur, vivement contrarié, fit partir pour Bône, Doria lui-même, avec trente galères et deux mille Espagnols. Mais, quand il arriva, la ville était déserte ; les habitants s'étaient sauvés dans les montagnes.
        Kheir-ed-Dine avait fait voile sur Alger, et quelques Turcs seulement gardaient la citadelle.
        L'amiral gênois saisit deux ou trois barques qu'il trouva dans le port et se retira, ne laissant de garnison ni dans la ville, ni dans le château. (1)
        Mais dans un conseil tenu à Tunis, il avait été décidé que " Sa Majesté irait ensuite à Bône, où l'on compte environ 3.000 feux.
        " La ville a, comme Bizerte, une rivière où les galères peuvent entrer et même hiverner. C'est une place forte et il faudrait l'occuper, en raison surtout de la rivière. "
        Aussi, Charles-Quint, très mécontent, confia-t-il, pour le ramener en Espagne, la flotte au marquis de Mondéjar, capitaine général du royaume de Grenade, en lui ordonnant de prendre Bône en passant.
        Les instructions du 16 août 1535 sont concues en ces termes :

        Toutefois, l'empereur prescrit au Marquis de Mondéjar, de passer à Bône, où s'était renforcé Barberousse (Khier ed Dine). Le Marquis n'ignore pas que le prince André Doria s'est présenté devant cette place avec des galères et qu'à son approche, les Turcs se sont hâtés de l'évacuer.
        Conformément au traité conclu avec le roi de Tunis, le capitaine général devra prendre possession de la Casbah, pour la garde de laquelle, ainsi qu'il a été convenu, il sera prélevé 8.000 ducats, sur les rentes et les revenus de la place.
        Le marquis laissera, dans la forteresse, 600 fantassins espagnols et pour gouverner, le capitaine Don Alvar Gomez el Zagal, avec les vivres et les munitions nécessaires.

        Toutefois le marqui pourra débarquer 200 hommes de plus s'il le juge necessaire et fera les réparations nécessaires aux murailles ; après quoi, il adressera un rapport à Sa Majesté, indiquant la défense projetée.

        Don Alvar de Bazan forma l'avant-garde avec les galères. Il arriva en vue de la ville, le lundi 23 août, et fut salué par plusieurs coups d'un petit canon en fer servi par les habitants, remis en confiance par le départ de Doria. " C'était un mauvais petit canon de fer qui ne nous fit aucun mal ; nous avons trouvé ce canon, qui n'est ni bon à tirer, ni même à épouvanter ",   dit Alvar Gomez, dans son rapport ; mais il n'en est pas moins vrai que les Espagnols n'osèrent débarquer et allèrent s'embosser à une demi-lieue de la ville.
        Une trentaine de cavaliers arabes vinrent caracoler sur le rivage et enlevèrent quatre ou cinq chrétiens, qui étaient venus faire de l'eau à terre. Le mardi, des drapeaux furent arborés sur la Casbah et sui la ville, et des feux furent allumés sur la montagne, pour appeler les tribus à la guerre sainte.
        Le mercredi, à la pointe du jour, le marquis de Mondéjar, retardé par des vents contraires, arriva à la tête des gros vaisseaux.

        Le débarquement se fit dans une anse " au couchant " de la ville (Lever de l'Aurore), et deux colonnes marchèrent, l'une sur la Casbah, l'autre sur la ville, qui, toutes deux, furent enlevées sans résistance.

        Don Alvar Gomez el Zagal, gouverneur désigné, resta à la Casbah avec deux compagnies, celle de Francisco de la... et celle de Jean Avellan.
        Le marquis de Mondéjar occupa la ville avec les autres troupes et une partie des marins. La cavalerie, complètement inutile dans la circonstance, fut laissée à bord.
        Trois demi-canons, dix fauconneaux et vingt barils de poudre furent montés à la Casbah ; le reste des approvisionnements fut laissé en face de la porte de la Mer, sur une petite place (place Faidherbe).
        Les Espagnols restèrent à Bône pendant douze à treize jours ; ils employèrent ce temps à piller consciencieusement. Ils enlevèrent jusqu'aux marbres des murs des maisons et des moulins grands et petits en usage dans le pays.
        Les objets trop lourds et trop volumineux furent brisés pour en avoir les ferrements. Les coffres et les bahuts furent embarqués. Les portes et les fenêtres furent enlevées. Les murailles de la ville, du côté de la mer, furent crevées de nombreuses brèches ; les portes n'étaient pas assez larges pour faire passer les sacs d'orge, de fèves et de blé. Les rues étaient parsemées de grains.
        Enfin, le marquis de Mondéjar mit à la voile en laissant à la Casbah, les deux compagnies déjà citées et dans la ville, la compagnie de Rodrigo d'Avalos, soit un millier d'hommes.
        La situation n'était pas brillante, le marquis de Mondéjar l'exprime nettement clans un rapport à l'empereur daté du 29 août 1525 :
        " Après avoir examiné la situation de la ville et la forteresse, il m'a paru que l'on devait provisoirement les occuper toutes les deux la garnison du château ne pourrait être que très difficilement secourue et ravitaillée, si les Maures étaient maitres de la ville.
        " Il faut qu'ils n'y rentrent qu'avec notre permission et qu'ils ne la trouvent pas abandonnée, attendu que, dans ce cas, il y aurait à craindre que les anciens habitants n'y revinssent pas et qu'elle servit de refuge à d'autres Maures ou Arabes qui s'y conduiraient de manière à la rendre inhabitable. Je laisserai à Bône 800 hommes, comme Votre Majesté l'a ordonné, avec 200 soldats pour le château et les 600 autres dans la ville ; je crois que l'on peut se maintenir en attendant que Votre Majesté ait fait connaître ses intentions à ce sujet. Il serait utile, si la ville doit être repeuplée de Maures, de construire une tour, sur un mamelon près de la marine, afin de pouvoir secourir au besoin ceux du château. Cette tour construite, on permettrait aux Maures de rentrer à Bône et à mon avis, 300 hommes suffiraient alors, pour garder la forteresse. Messer Benedito a dressé le plan de la ville et du château. Je l'envoie à Votre Majesté, avec un mémoire des réparations qu'il conviendrait de faire et de la dépense qu'elles coûteraient.
        " Les vivres sont avariés pour la plus grande partie ; on s'en aperçoit à la mine des soldats, pas un n'a la figure d'un homme sain.
        " Quelques-uns sont déjà morts et un grand nombre d'autres sont malades. Je me hâte de tout terminer afin que nous puissions le plus tôt possible faire voile pour lEspagne.

        " Il y a eu quelques pourparlers avec les Maures, mais ils ne veulent pas la paix. Don Alvar de Bazan nous a été très utile pour le débarquement des vivres et munitions. Avec son aide, nous avons pu, en peu de temps, mener à bien cette opération. "

        Le capitaine Gomez n'est pas plus optimiste dans son rapport du 13 septembre 1535.

        " Messer Beneditto et moi, nous avons mesuré le contour de la forteresse et l'enceinte de la ville, ainsi que la distance de cette dernière à la Casbah et celle qui existe de la forteresse à une hauteur que l'on voit sur le bord de la mer.
        " Une petite tour construite sur une hauteur protègerait efficacement le débarquement des vivres et des munitions, en élevant un mur de la dite tourelle au château qui permettrait d'aller et de venir en sûreté... La hauteur est disposée de manière qu'elle fait... où les navires sont à l'abri... de cette torteresse, si elle doit être détachée de la ville, afin qu'elle ait une sortie assurée sur la mer et qu'elle puisse être secourue en cas de besoin.
        " Une muraille en partie ruinée s'étend de la Casbah à la ville, elle paraît avoir été construite pour mettre à couvert et protéger du côté de la mer, les gens qui montent à la forteresse ou qui en descendent.
        " Du côté de la terre, il y a un terrain inculte terminé par une autre hauteur qui commande la mer (Aqueduc). On pourrait construire sur cette hauteur une forte tour et de cette tour au château, un premier mur, puis un autre qui joindrait ladite hauteur à un espolon (ouvrage avancé) lequei touche à la ville.
        " Cet espolon, comme le verra Votre Majesté, est indiqué sur le plan qu'a dressé Messer Benedito. Si l'on doit occuper la ville et la Casbah, il nous semble que cette tour serait bien placée sur la hauteur ; en reconstruisant également la muraille qui tombe en ruines et la menant jusqu'aux deux autres dont il vient d'être parlé, on pourrait remédier à l'inconvénient que présente actuellement le château qui n'a point de communication assurée avec la mer, disposition dont on pourrait se passer.
        " Votre Majesté examinera le plan et ordonnera les constructions qu'elle jugera convenables.

        " Le même plan lui fera connaître la grandeur de la Casbah.
        " Les murs sont faibles et tellement ruinés qu'ils s'écroulent lorsqu'on les pousse avec la main. Le parties les plus Iarges ont à peine trois pieds d'épaisseur. Sur le mur d'appui, il y a un certain nombre d'arcades, mais presque partout, pour aller de l'une à l'autre, il faut s'aventurer sur des poutres jetées en travers et il n'est pas possible d'y passer pour faire, les rondes. La disposition des embrasures est mauvaise. Le château renferme cinquante ou soixante cages ou cellules, quelques-unes ont des citernes très petites et dehors il y en a une autre plus grande, mais toutes sont à sec.
        " On est obligé de descendre chaque jour à la ville pour s'approvisionner d'eau. Ce n'est pas une petite besogne et il pourrait se présenter de telles circonstances où notre embarras serait grand. Tout notre temps se passe à transporter les munitions et provisions de bouche que l'on a dû laisser auprès de la porte de Mer et à monter de l'eau de la ville à la forteresse. Il nous est impossible de nous occuper d'autre chose, et cependant il y a beaucoup à faire. La maison où nous somme aurait besoin de grandes réparations ; elle n'a même pas de portes.

        " Votre Majesté a ordonné que 600 hommes me fussent accordés pour la garde de la Casbah ; ce nombre, si le marquis de Mondéjar le jugeait utile, devait être porté à 800. Elle a ordonné également qu'on me remît, pour l'armement de la forteresse, une couleuvrine, trois canons doubles, trois demi-canons renforcés et vingt fauconneaux. Quant aux munitions et aux vivres, Votre Majesté verra le peu qu'il nous en reste, par la note du pourvoyeur.
        " Le marquis m'a laissé la compagnie de Rodrigo d'Avalos, qui est forte de 200 hommes avec cette compagnie et les 600 soldats de là forteresse, il lui apparut qu'il était possible de garder le château et la ville, mais il ne m'a pas expliqué comment il pense que la chose petit se faire, j'avoue que je ne le comprends pas, les gentilshommes et les capitaines, venus avec, par la flotte, auxquels il en a parlé, ne le comprenaient pas plus que moi. Ils ont tous été d'avis que, pour défendre la ville et le château, il fallait 2000 hommes au moins et une artillerie plus nombreuse, attendu que celle qu'on a laissée pour la forteresse seulement....
        " .... et le château, la chose était évidente pour tous ceux qui s'y connaissent. On observa au marquis, qu'il me faisait tort en agissant ainsi, et, qu'avec si peu de monde, je ne pouvais pas me maintenir dans la forteresse et occuper en même temps la ville.
        " De mon côté, je lui dis que, d'après les ordres de Votre Majesté, je devais garder seulement le château avec 600 hommes, et que, conformément au traité conclu avec le roi de Tunis, la ville devait être rendue aux Maures ; mais, le marquis ne voulut rien entendre.
        " Considérant donc que les vivres étaient encore dans la ville, ainsi que la moitié de l'artillerie et toutes les munitions, que nous étions obligés de nous approvisionner d'eau aux puits de la ville, et surtout que la Casbah n'a point de communication assurée avec la mer, j'insistais fortement auprès du marquis de Mondéjar pour qu'il me donnât 1.500 hommes, que je répartirais dans les deux places, et 20 ou 30 autres pièces d'artillerie destinées à armer la ville.
        " Tous ceux qui ont vu les lieux convenaient que je ne demandais qu'une chose nécessaire et raisonnable.
        " Le marquis n'avait pas besoin, d'ailleurs, de tout ce monde qu'il emmenait, puisqu'en arrivant en Espagne, il avait ordre de payer les soldats et de les licencier, mais je ne pus rien obtenir de lui.
        " Je lui demandais alors de me laisser 200 hommes de plus, afin de pouvoir en garder 400 avec moi, dans le château, et d'établir les 600 autres dans la ville, jusqu'à ce que Votre Majesté eût été informée de ce qui se passait.

        " J'ai bon espoir que les ordres qu'elle me donnera seront tels que je pourrai remplir mes obligations, ainsi qu'il convient au service de Votre Majesté et à mon honneur. Il est impossible qu'on m'abandonne, comme je suis, au hasard des événements. Non seulement je manque de vivres, d'artillerie et de munitions, mais le petit nombre d'hommes que je commande est à peine en état de servir.
        " Les soldats sont dénués de tout, sans chaussures et sans vêtements, affaiblis par les fatigues et la faim qu'ils ont endurées et démoralisés cornplètement. Je crois et tiens pour certain que la moitié succombera cet hiver ; il en est déjà mort plus de 50 et notre pauvre hôpital est encombré de malades.

        " Je supplie Votre Majesté de ne pas oublier qu'avec ces 200 hommes de plus que le marquis m'a laissés et que je paierai, s'il le faut, de ma bourse, j'ai vu moins d'inconvénients à me hasarder à garder la ville qu'à l'abandonner.
        " Avec l'aide de Dieu, je la défendrai, ainsi que le château, jusqu'à ce que Votre Majesté ait fait connaître ses intentions.
        " Bien que nous ayons de méchants ennemis dans ces Turcs, qui sont dispersés dans…… et à Constantine, le plus grand embarras …….. nous ne pouvons nous secourir les uns les autres et tirer parti de la grosse artillerie parce que dans le château et dans la ville, il n'y a aucun cavalier préparé pour la recevoir.
        " J'ai placé quatre canons dans la forteresse et deux dans la ville ; les fauconneaux ont été rèpartis dans l'une et dans l'autre, mais les soldats, comme je l'ai dit à Votre Majesté, sont très mal disposés. J'ai surtout à me plaindre de leur désobéissance et de leur peu de courage.
        " Pendant que la flotte a été ici, il est arrivé ici certaines choses qu'il m'est impossible d'avouer à Votre Majesté. Dix chrétiens ont fui sans honte devant un Maure, comme s'ils eussent été des femmes et, chaque jour, l'ennemi ramenait les soldats, à coups de lance, jusqu'aux portes de la ville et aux proues des galères. Nous avons perdu de cette façon plus de vingt hommes.
        " La mer entoure à peu près la moitié de la ville et, naturellement, de ce côté, elle est plus forte. L'autre côté n'est défendu que par un mur sans terre-plein dans lequel on a pratiqué un grand nombre de trous. En certains endroits, le mur est très faible et offrirait peu de résistance à ceux qui voudraient pénétrer dans la ville.
        " A une petite distance de la muraille, on trouve une tour élevée sur un rocher. Elle est grande et solidement construite ; au-dessus, il y a un emplacement si vaste qu'on pourrait y disposer trois ou quatre canons et comme la pointe, sur laquelle est bâtie la tour, s'avance dans la mer, il serait facile d'empêcher tout navire, grand ou petit, d'aborder d'un côté ou de l'autre de la ville. Un pont-levis donne entrée dans cette tour dont le sommet est à ciel ouvert, ainsi que tes embrasures. Dans les fondations, il y a une citerne.
        " La muraille qui entoure la ville du côté de la terre, est en meilleur état et plus élevée que celle du château, mais elle est encore moins large. Elle a des barbacanes et un petit chemin de ronde souterrain formé d'arcades qui, comme celles de la Casbah, tiennent au rempart. Ces arcades, pour la plupart, ne sont pas solides.
        " L'une et l'autre muraille ne résisteraient pas à l'artillerie ; elles ne sont bonnes que contre les Arabes armés de lances.
        " Deux jours après le départ de la flotte, quelques Arabes, qui m'avaient demandé une entrevue, vinrent dresser leurs tentes sous les murs de la ville. Un d'eux me dit qu'il était le fils d'Abdallah, cheik des Merdês, Iequel cheik et un autre, tous deux de la tribu des Hanencha,sont les plus puissants du pays. Il m'assura que son père, bon serviteur du roi de Tunis, désirait vivre en paix et commercer avec nous…….. prix que leur avaient donné les gens des galères, à dix ou douze ducats (64 à 76 fr. 80) les boeufs et à deux ou trois (12 fr. 80 à 19 fr. 20) les moutons.
        " Pendant les deux jours que les Arabes ont trafiqué avec Don Alvar de Bazan, sur les bords de la rivière et l'autre côté de la ville, ils en sont venus aux mains plusieurs fois avec les nôtres et, de part et d'autre, trois ou quatre hommes ont été tués ; nos gens firent deux prisonniers.
        " Un de ces Arabes fut amené sur les galères, mais l'autre avant été laissé dans la ville, je le fis mettre en liberté et lui rendis moi-même ce qu'on lui avait pris.
        " Cette circonstance à tourné à notre profit. Ce Maure est le premier qui, nous ai vendu des oeufs et des poules. Quant au fils du cheik, il n'a fait avec nous aucun trafic. Au prix qu'il voulait vendre ses boeufs et ses moutons, les capitaines des galères auraient pu, seuls, en manger. Il me demanda des burnous pour lui, pour son père et pour son frère et je lui répondis que si j'étais assuré qu'ils fussent de bons serviteurs de Votre Majesté et du roi de Tunis, je les lui donnerais volontiers. Il partit en promettant de nous amener, un autre jour, de bon matin, des moutons et des boeufs à des prix raisonnables.
        " Le lendemain, au point du jour, il revint, en effet, mais avec 200 Turcs, plus de 500 Arabes à pied et 200 autres à cheval. Nous leur tuâmes trois de ces hommes. On fit aussi prisonnier un Turc, dangereusement blessé d'une arquebusade. Nous avons su par lui que les Turcs, laissés ici par Barberousse, se sont présentés pour entrer dans la ville ; ils pensaient que nous l'avions abandonnée ; mais bien qu'ils se fussent vantés auprès des Arabes, parmi lesquels ces coquins se sont fait une grande réputation de bravoure, de nous chasser de Bône, ils n'osèrent pas nous attaquer. Depuis, ils n'ont plus reparu, mais on m'a dit qu'ils sont campés à trois ou quatre heures de la ville.
        " Quant aux Arabes, nous Ies avons revus deux ou trois fois et, dans ces escarmouches, nous leur avons tué six ou sept hommes et, fait un prisonnier. Un seul des nôtres a été blessé légèrement au bras. Des petits combats ont eu lieu plutôt par nécessité que par notre volonté. Lorsque les Arabes les ont attaqués la première fois, nos hommes étaient occupés à renouveller la provision d'eau ; la seconde fois, ils faisaient la reconnaissance d'un ravin peu éloigné de la forteresse, où l'ennemi avait l'habitude de se mettre en embuscade.
        " Dans ces diverses affaires, nous avons reconnu combien il serait avantageux d'avoir ici de la cavalerie et des arbalétriers. Pour la cavalerie, il y a de bonnes plaines et, pour Ies arbalétriers, des haies de jardin et un sol montueux, le tout si bien disposé que les uns et les autres peuvent s'aider mutuellement.
        " J'ai différé jusqu'à ce jour de faire partir le brigantin espérant que j'aurais quelque chose de particulier à mander à Votre Majesté. Je voulais aussi attendre pour savoir si le roi de Tunis, en exécution de son traité avec Votre Majesté, enverrait des ordres……. ce que j'ai à dire à ce sujet, c'est qu'il y a trois ou quatre jours, il vint ici un ..... qui paraît être un homme sage ........ vu l'autorité qu'il a et la confiance qu'il mérite.

        " Après des compliments que les Maures sont dans l'usage de prodiguer, il m'a dit que le roi de Tunis l'avait envoyé à Bône comme gouverneur de cette ville ; mais il ne m'a pas appris comment il se nomme et il n'a amené avec lui aucun des Maures que j'ai connus à Tunis, ce qu'il aurait pu faire, attendu que je ne l'ai jamais vu lui-même.
        " Je ne sais s'il m'a dit la vérité ou s'il a menti. Il peut très bien mentir et dire vrai tout à la fois, car le roi de Tunis ne voit pas les choses avec beaucoup de vérité et ne les conduit pas comme le voudrait la raison.

        " Les Maures, d'ailleurs, sont si cupides que lorsqu'ils y voient leurs intérêts, ils s'exposent à tout ce qui peut leur arriver. Ce gouverneur ou soi-disant tel m'a certifié que l'Arabe qui, ces ,jours derniers, m'a dit qu'il était le fils du cheick des Merdès, était un imposteur, lequel voulait se faire donner un burnous. Je ne répondrai pas que ce soit la vérité et que ledit gouverneur ne mente pas lui-même dans un but quelconque. Quoiqu'il en soit, il perdra son temps et sa peine, car je me tiens sur mes gardes avec lui comme avec les autres. Je les connais trop bien tous.

        " Voici ce dont je puis rendre compte à Votre Majesté. Quant au motif de la venue à Bône de ce personnage, en supposant qu'il' m'ait dit la vérité, il parait que le roi de Tunis lui a remis des lettres pour les habitants de cette ville qui, presque tous, se sont retirés à Constantine, les autres ont cherché un refuge dans les montagnes voisines.
        " Quelques?uns ont accompagné Barberousse à Alger, mais ceuxlà sont revenus et si je dois croire ce qu'ils ont dit, Barberousse ne s'y trouve plus : il s'est embarqué sur les galères.
        " Ils m'ont appris aussi que 1.000 Turcs de ceux qui sont venus, par terre, de Tunis, se sont emparés de Constantine et que Hassen Agha les commande. Ce sont 200 de ces mêmes Turcs qui ont poussé une pointe jusqu'à Bône ; ils espéraient, comme j'ai dit à Votre Majesté, s'en rendre maîtres facilement et l'occuper au nom de Barberousse.
        " Le caïd apporte aussi un sauf conduit et le pardon du roi pour les habitants de Bône qui, Votre Majesté s'en souvient sans doute, ont tué leur gouverneur avant l'arrivée de Barberousse. Le roi, leur fait savoir l'amitié et l'affection que Votre Majesté a pour lui et les grâces qu'elle leur a accordées. Il leur dit en conséquence que rien ne s'oppose à ce qu'ils reviennent en toute sécurité dans la ville et qu'ils pourraient y vivre en paix ; que nous autres chrétiens, nous devions occuper la forteresse mais que nous serons pour eux de bons voisins. Le caïd a également des lettres pleines de belles promesses pour les cheicks de ces deux tribus dont j'ai parlé à Votre Majesté et qui sont les principales du pays.
        " J'ai répondu au gouverneur de faire ce que le roi, son maître, lui avait ordonné, que ce serait une très bonne chose de se concilier les Arabes et de les ramener, ainsi que les Maures, à l'obéissance du roi de Tunis mais que le but vers lequel il devait tendre surtout, c'était d'expulser les Turcs de cette contrée parce que…… nous ne pouvons garder sûre et bonne amitié……. qu'il en avertit de tout ce qu'il ferait ; je lui ai dit aussi que les Arabes qui viendraient à Bône pour trafiquer avec nous seraient bien payés de tout ce qu'ils nous apporteraient et qu'on ne leur ferait aucun mal.
        " Ils ont déjà commencé à venir et nous ont vendu quelques boeufs et des poules dont nous nous sommes régalés, car vous avions tous grand besoin de trous refaire. Mais ce n'est pas sans peine que nous pouvons trafiquer avec eux, parce qu'ils refusent notre monnaie d'or dont on ne fait pas usage dans le pays. Les Arabes ne se servent que d'une monnaie d'argent qu'ils appellent Mazarinès et qui est la trente deuxième partie (0 fr. 20) d'un ducat. Les boeufs nous ont coûté de trois à quatre ducats (19 fr. 20 à 25 fr. 60) et les poules, trois mazarinès, à peu près un réal ( 0 fr. 60).
        " Ces jours-ci, le caïd est venu me voir. Il m'a dit qu'il négociait avec le cheik des Merdès, afin d'obtenir de lui qu'il renvoyât les 200 Turcs qui sont avec ses gens dans la montagne, à deux lieues d'ici. Il a offert à ce cheick, au nont du roi de Tunis, tout ce que Barberousse lui avait donné, c'est-à-dire certains villages du territoire de Bône. J'ai répondu au gouverneur qu'il avait agi prudemment et que s'il le pouvait, il serait convenable d'ajouter quelque chose au don fait par Barberousse, que de mon côté je donnerais au dit cheick, un burnous et de l'argent s'il se montrait un loyal serviteur du roi de Tunis. La pacification du pays dépend de cette négociation et j'ai recommandé au caïd de se hâter.
        " Les choses sont dans cet état et je ne sais ce qui adviendra de tout ceci, mais de quelque manière qu'elles tournent et quand bien même ceux de Bône consentiraient à revenir habiter cette ville, je ne les remettrai pas au gouverneur. Il ne doute pas, d'ailleurs, que nous rencontrions à cet égard de l'opposition de la part des Turcs si, comme je le crains, les Maures ne savent pas s"y prendre pour en débarrasser le pays ou pour les tuer tous, ceux d'ici et ceux de Constantine, ce qui serait le nieilleur et le plus sur pour tout le monde.
        " Jusqu'à ce que Votre Majesté m'ait fait connaitre ce que je dois faire, je garderai la ville et j'amuserai le CaÏd avec cette affaire de Turcs. On dit que Barberousse a été très content de cette place et il a eu raison parce qu'elle réunit de très bonnes qualités qui s'accordent avec son nom. Elle est parfaitement assise en terrain plat. Son port est bien abrité contre les vents. Deux grandes rivières arrosent une grande étendue de terres labourables qui certainement ne le cèdent pas en fertilité à la campagne de Cordoue. Il y a aussi un bon espace occupé par des jardins auprès de la ville et la montagne a des pâturages excellents pour les bestiaux, sur les versants du côté de la mer.

        " Dans quelques gorges, on trouve également de beaux pacages... de la place est une autre montagne... autour de la ville, les Arabes font herbager leurs bestiaux, l'été ; ils les conduisent, en hiver, dans la plaine. Enfin toute la montagne est très giboyeuse. On y trouve des lions, des porcs épies, des ours. des sangliers, des lièvres, des lapins, des perdrix. Les sangliers surtout y pullulent à tel point qu'on les voit rôder par bandes en beaucoup d'endroits. Votre Majesté sait déjà que la rivière principale (Seybouse) peut recevoir autant de galères que l'on veut et qu'elles peuvent hiverner dans ce port, à l'entrée de la mer, avec la plus grande sécurité. Nous en avons eu récemment la preuve par le séjour qu'y a fait la flotte. Les deux rivières sont si abondantes en poissons qu'on en tue à coups de bâton.
        " La plus petite passe sous un pont qui a onze grandes arches (Boudjima, pont romain), mais on ne peut traverser la plus grande à gué qu'auprès de son embouchure dans la mer et cette embouchure est au plus à deux traits d'arbalète de la ville et nous donne aussi de très bons et très beaux poissons.

        " Si Votre Majesté ordonne que la ville soit rendlue aux Maures, en conformité du traité fait avec le roi de Tunis, l'occupation de la Casbah sera moins dispendieuse ; avec le revenu de trois quintos de chaque année, on pourra payer une bonne partie de la dépense de ladite forteresse. Toutefois, avant que Votre Majesté se dessaisisse de la ville, il convient de bien fortifier le château, d'assurer sa communication avec la mer et de le munir d'une artillerie plus nombreuse. Il faudrait, pour compléter son armement, dix autres fauconneaux, une demi-douzaine de sacres, trois couleuvrines, en échange des trois canons doubles dont nous ne savons que faire et quelques versos (couleuvrines de petit calibre) qui nous seraient très utiles. De cette Manière, nous tiendrons toujours la ville et les Maures ne pourront pas bouger sans notre permission ; dans l'état actuel, si l'on leur remettait Bône, nous nous trouverions à leur merci. Il importe aussi que nous soyons bien approvisionnés d'eau et de vivres qui nous font faute incessamment.
        " Pour me maintenir dans la forteresse, je n'ai besoin que de 600 hommes que Votre Majesté m'a confiés ; mais si je dois en même temps garder la ville, je la supplie de vouloir bien mettre à ma disposition 500 honimes en plus des 1.000 qui m'ont été laissés, ainsi que l'artillerie nécessaire ; celle que l'on m'a donnée, comme je viens de le dire à Votre Majesté, suffisant à peine pour la forteresse.
        " Il y aurait autre chose à faire, ce serait de repeupler Bône au moyen de, Grecs ou d'Albanais (réfugiés dans le sud de l'Italie après la mort de Scander-Beg, en 1467) ; avec 200 cavaliers de ces gens, nous serions maîtres d'une si grande partie de la campagne que……. et la forteresse qu'il faut reconstruire, l'une et l'autre étant peuplées de chrétiens, il y aurait facilité d'y entretenir bon nombre de troupeaux. Avec ces Albanais dont je viens de parler, pouvant fournir 200 cavaliers, si la Casbah était bien fortifiée et la partie des murailles de la ville, qui tombe en ruines, convenablement réparée, principalement du côté de la mer, il serait possible de les garder toutes deux avec 1.000 soldats.
        " Quoique Votre Majesté ordonne, d'ailleurs, je la supplie très humblement de me faire donner les gens, l'artillerie, les munitions et les vivres qui nie sont nécessaires, afin que je puisse, à mon honneur et comme j'y suis obligé, lui rendre bon compte de ce qui touche à son service. En tout et pour tout, je me remets entièrement à la décision de Votre Majesté. Elle sait mieux que moi, ce qu'il est convenable de faire, beaucoup mieux que je ne saurais le concevoir et le demander.
        " Le capitaine Juan Avellan est retourné en Espagne et le marquis de Mondéjar a remis sa compagnie à Pedro Fernandez de Caravajol. Le choix qu'il a fait est bon. Le capitaine de Caravajol, qui sert depuis longtemps, mérite la faveur dont il est l'objet, je prie Votre Majesté d'approuver sa nomination.
        " Francisco de Alarçon, notre trésorier, se rend auprès de Votre Majesté ; il l'informera de tout ce qui se passe ici et de la situation dans laquelle nous nous trouvons. Il remettra en même temps à Votre Majesté une note détaillée des choses qui nous manquent. Je la supplie de donner des ordres pour que les dites munitions et autres approvisionnements soient fournis le plus promptement possible, avant que le temps ne se gâte et que nos besoins deviennent plus pressants.

        " J'ai l'espoir que Francisco de Alarçon me rapportera aussi de la Cour les ordres de Votre Majesté sur la conduite que je dois tenir avec les Maures et les Arabes, dans le cas où ils accepteraient la paix ou voudraient nous faire la guerre. Le départ précipité de Votre Majesté de la Goulette ne lui a pas permise de me donner à ce sujet toutes les instructions nécessaires.
        " Notre trésorier, en ce qui concerne son office, nous laisse bien approvisionnés et son absence n'aura aucun inconvénient.
        " Son second et son frère, qu'il a chargé de pourvoir à tout pendant son voyage en Espagne, sont des gens habiles et dignes de confiance... dans I'armement de cette place.... comme Votre Majesté le verra par le plan ci-joint.
        " Je le prie de renvoyer, à Bône, Messer Benedito et de permettre qu'il dirige la construction des nouvelles fortifications. Il est très habile et Votre MaJesté peut être certaine que ses ordres seront exécutés ainsi qu'il convient. Ce sera pour moi une grande faveur ; je lui ai fait compter cent ducats pour la dépense de son voyage et il m'a promis, si l'on veut qu'il revienne à Bône, de se charger de tous les travaux et de toutes les réparations qu'ordonnera Votre Majesté, afin de mettre le château et la ville en bon état de défense. Son intention bien arrêtée était de se retirer chez lui et il n'a cédé, en venant ici, qu'à mes instances et à celles du marquis de Mondéjar.
        " Je finissais cette lettre lorsque quelques-uns de mes hommes, qui étaient allés faire de l'eau pour la forteresse, m'ont envoyé, prévenir que certains Maures, à pied et à cheval, voulaient s'y opposer. lis n'ont pas réussi et nous leur avons tué deux fantassins et un cavalier.
        " Le bijou le plus précieux que portait celui-ci, est une lance que j'envoie à Votre Majesté. Elle était aussi longue que le fer l'exigeait, mais un soldat l'a coupée, ce qui n'a fait plaisir, ni ait cavalier ni à moi. Je ne dois plus à Votre Majesté qu'une paire d'étriers et une sangle, attendu que j'ai fourni le reste à la Goulette. S'il y avait ici meilleure occasion, j'acquitterai ma dette plutôt deux fois qu'une.
        " On m'a dit que, dabs ce pays, les beaux chevaux ne sont pas rares. J'ai un poulain qui deviendra, je crois, un excellent cheval. Si Votre Majesté désire qu'on lui en cherche quelques-uns, qu'elle veuille bien le la faire savoir et je donnerai des ordres en conséquence. "

        L'empereur Charles-Quint répondit à ce rapport :
        Messine, 23 Octobre 1535.

        
        " Le Roi,

        " Nous avons vu votre lettre qui nous a été apportée par Messer Benedito et Francisco de Alarcon. D'après le compte qu'ils nous ont rendu, ce que vous nous avez écrit et le rapport que nous a fait le marquis de Mondéjar sur l'état où vous avez trouvé la ville de Bône, sur son importance et sur ce qu'il convient de faire pour la fortifier et pourvoir aux besoins de la population, ainsi qu'aux autres choses qui la concernent, après avoir considéré l'utilité, les inconvénients et les dépenses qui en résulteraient et par dessus toute notre volonté étant qu'on observe légalement de notre part le traité qui a été conclu avec le roi de Tunis,
        " Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit : On occupera seulement, comme nous appartenant, la forteresse de ladite ville de Bône, ainsi qu'il avait été d'abord décidé et ordonné.
        " La garnison sera de 600 fantassins espagnols avec leurs officiers et gens de service et dans le port stationneront deux brigantins.

        " Pour la sécurité de ladite garnison et afin que les habitants maures de la ville ne puissent lui causer aucun dommage, vous ferez démolir de fond en comble la muraille avec tours qui joint la forteresse à la ville.
        " Si vous croyez que l'on puisse garder et défendre la tour qui existe sur un rocher, au bord de la mer, près du débarcadère du château, vous la ferez fortifier et vous y mettrez 25 à 50 hommes, après vous être assuré qu'ils peuvent être secourus de la forteresse par mer et par terre, en cas de besoin. De cette manière, les deux brigantins, qui devront rester à Bône, se trouveront en sureté et les navires chrétiens qui viendront y commercer ou qui apporteront des approvisionnements pour la garnison, pourront, dans un cas de nécessité, être aidés on secourus.

        " La même disposition assurera l'embarquement et le débarquement desdits navires ainsi que la communication entre le port et la forteresse, alors même que les habitants de la ville se montreraient hostiles.

        " La troupe qui devra être de garde dans ladite tour, sera prise sur le nombre des 600 hommes de la garnison et commandée par une personne de confiance, laquelle sera responsable des soldats et du poste, mais si vous connaissez que la tour n'est d'aucun avantage pour le bien et la conservation du château, vous la ferez démolir ainsi que la muraille afin qu'aucun corsaire n'essaie de s'en emparer et que les Maures de la ville, s'ils ne sont pas en paix avec nous, ne puissent en tirer parti pour attaquer la forteresse.
        " Il est bien entendu que vous ne remettrez à ces derniers la ville de Bône que lorsque la muraille sera démolie et que la tour aura été fortifiée et munie de sa garnison, si vous jugez qu'elle doive être conservée ou détruite ; dans le cas contraire, il importe que personne ne puisse s'y établir à notre détriment.
        " Si le roi de Tunis vous écrit et si le gouverneur, qu'il a envoyé, vous parle à ce sujet, vous devez agir prudemment et leur répondre qu'incessamment vous leur rendrez la ville, lorsque vous aurez fait porter dans la forteresse l'artillerie et les approvisionnements qui sont restés en bas.
        " Lorsque vous aurez fait ce qui est dit ci-dessus, vous remettrez la ville aux Maures et vous vivrez avec eux en bonne intelligence, mais vous ne devrez pas leur permettre de recevoir des Turcs.
        " S'il était même possible de les déterminer à chasser ceux qui sont dans le voisinage de la ville ou à Constantine, ce serait une bonne chose et une grande sécurité pour nous.
        " Afin d'aviser et de mettre ordre, suivant votre manière de voir, à tout ce qui concerne la démolition de la muraille et la fortification de la tour, ainsi qu'à ce qu'il vous paraîtrait convenable de faire si la forteresse nécessite des réparations, nous avons ordonné à Messer Benedito de retourner à Bône ; il y restera jusqu'à ce que tous les travaux soient terminés. Pour revenir en Espagne, il prendra passage sur l'un des brigantins qui ont été mis à votre disposition. La distance n'est pas grande de Bône à Bougie et il s'arrêtera dans cette dernière place, pour examiner les fortifications. On nous a informé qu'il y a là des choses qui ne sont pas comme elles devraient être.
        " Pour lesdites dépenses et réparations, frais d'espionnage et de messagers, nous avons donné ordre qu'il vous fut remis immédiatement mille ducats prélevés sur l'argent qui est envoyé à notre payeur Sebastiano de Cicaguirre, ainsi que vous le verrez par le bordereau ci-joint signé du grand commandeur de Léon, notre secrétaire et de Pedro de Aïaola, notre trésorier général et notre conseiller.
        " Vous recevrez aussi par le premier navire qui partira d'ici les bois de construction, munitions et autres approvisionnements que vous avez demandés.

        " Vous aurez soin de veiller à ce que, dans la répartittion de cet argent et dans l'emploi des matériaux, il soit procédé avec la plus grande économie. Je me repose sur vous à ce sujet. Vous ne devrez dépenser que ce qui sera modérement nécessaire et qu'on ne saurait absolument éviter, d'autant plus que les travaux de réparations dont il s'agit, sont de peu d'importance et qu'il ne peut être question de rien faire de neuf hors de propos.
        " Dans un autre bordereau adressé à Miguel de Penagos, notre pourvoyeur, et signé de notre grand commandeur de Léon et dudit trésorier général, vous trouverez le détail des vivres et munitions qui vous sont expédiés par le navire ayant pour patron Jayme Gual, en attendant les autres approvisionnements que l'on réunit à Messine et vous aurez à prendre les dispositions nécessaires pour assurer le débarquement ainsi que leur transport dans la forteresse.
        " Il y a lieu de croire qu'avec les vivre qui vous restent encore et ceux qu'on vous envoie, vous serez convenablement pourvu jusquà la fin de cétte année et même au-delà.
        " Quant aux six premiers mois de l'année prochaine, des ordres ont été donnés pour que l'on se procure toutes les choses dont vous pourriez avoir besoin et pour qu'on vous les expédie sur un bon navire. Cependant on ne pourra le faire que lorsqu'il commencera à geler, à cause des viandes salées et que l'on doit vous envoyer. En ce moment, avec la chaleur qui règne en Sicile, on ne peut préparer lesdites viandes dans la crainte qu'elles ne se gâtent.

        " On aura soin, d'ailleurs, que les vivres que vous recevrez plus tard soient de bonne qualité et qu'ils vous soient expédiés le plus promptement possible.
        " Des ordres ont été donnés à cet effet au pourvoyeur de Palerme, chargé de cet envoi.
        " La garnison de la forteresse de Bône devant être seulement de 600 hommes, vous ferez embarquer sans retard, pour être transportés à Mahon avec le capitaine Pedro Erres de Caravajol, les 400 hommes que vous avez de trop, bien pourvus de vivres et payés de leur solde.
        " Dans la lettre et la cédule qui accompagnent la présente dépêche et que vous devrez remettre au dit capitaine, tout est expliqué et spécifié d'une manière particulière. Vous veillerez à ce que l'on observe exactement ce qu'elles contiennent, avec toute la célérité possible.
        " Vous vous informerez que, dans ce pays, il a de beaux chevaux mauresques, si vous en trouvez deux de tailles moyenne et de bonne allure et deux autres, grands coureurs, de haute taille et dont la robe soit remarquable, vous nous obligerez de les acheter pourvu qu'ils aient de bonnes bouches et vous nous les enverrez par les navires qui vous porteront des vivres ou par tout autre qui s'engagerait à les transporter à destination en prenant toutes les précautions pour que, du lieu de débarquement ils soient conduits bien soignés à notre Cour.
        " Si nous sommes satisfaits de ces chevaux, nous vous écrirons pour que vous en achetiez d'autres.
        " Comme il ne s'agit pas pour vous de défendre la ville, l'artillerie que vous avez doit suffire pour la forteresse. Quant aux deux couleuvrines et aux versos, que vous me demandez en échange des canons laissés à Bône, tout cela se fera quand il sera possible, en ce moment il n'y a aucun moyen de vous les procurer. Notre payeur, Sébastiano de Cicaguirre, a reçu ordre de porter en compte, à son avoir, les 200 ducats que vous avez donnés à Messer Bénédito pour les frais de son voyage et de soit relour ......
        " Défense a été faite à tous nos vaisseaux marchands ou autres, sous toutes les peines les plus graves, de commercer avec Alger ou tout autre port occupé par les Titres. Il ne leur est permis de trafiquer qu'à Oran, Bougie, Bône, La Goulette qui nous appartiennent. Ces ports sont situés dans de très beaux pays et parfaitement à la convenance des marchands. Cette mesure doit profiter également aux sujets du roi de Tunis et, de cette façon, les garnisons desdites places se trouveront toujours bien approvisionnées.
        " Je vous donne avis de cette disposition afin que, si cela est nécessaire, les Maures de paix en soient avertis et que les habitants de Bône sachent que notre intention est de les traiter avec bonté et de faire tout ce qui nous sera possible pour augmenter la prospérité de leur ville, s'ils se montrent comme ils le doivent, fidèles à notre service et à celui du roi de Tunis.
        " Ayez soin de nous informer de tout ce que vous apprendrez de nouveau et qu'il nous serait utile de connaître.
        " Je sais que je puis compter sur vous pour cela. " Moi, le Roi ".

        Don Zagal resta donc, dans la Casbah, avec 600 hommes, dont les rangs s'éclaircissaient tous les jours par suite de maladies ou de mort dans les sorties.
        La misère devint telle que les Espagnols, officiers et soldats, furent tentés de se faire musulmans.
        Les vivres diminuaient, les approvisionnements n'arrivaient pas ; on se ravitaillait par des razzias. Cela donna même lieu à des discussions entre le gouverneur du roi de Tunis et le gouverneur espagnol. Don Bernadino de Mendoza écrivit :
        " La Goulette de Tunis, le 24 Mai 1536


        " Le 16 Mai, j'ai écrit longuenient à Votre Seigneurie ; ce que j'ai à lui mander aujourd'hui, c'est que le roi de Tunis ne paie pas les soldats de la garnison de Bône. Il prétend qu'il n'y est pas obligé et que, d'ailleurs, son caïd manque d'argent, attendu qu'Alvar Gomez ne lui a pas donné ce qui lui revenait à lui et à ses cavaliers, des différentes razzias que l'on a faites.
        " Le roi n'a pas raison de se plaindre, son caïd a reçu sa part de butin calculée sur le nombre de ses gens. Ce sont les Maures eux-mêmes qui me l'ont assuré. Ce qu'ils voudraient tous deux, c'est que le produit des razzias fut partagé par moitié, mais, à mon avis, ce serait injuste. Le Caïd n'a que 60 cavaliers et les chrétiens sont au nombre de 400 à 500 fantassins et de 20 lances.
        " Votre Seigneurie peut être bien persuadée que, dans cette affaire comme dans toutes les autres choses, Alvar Gomez se conduit très loyalement, mais comme ceux de Bône n'ont pas voulu se soumettre au roi ni recevoir son gouvernement, ce qui est cause que le roi et le caïd se trouvent à court d'argent, ils cherchent des prétextes pour se dispenser de payer.

        " Je donne avis de tout ceci à, Votre Seigneurîe pour qu'elle soit informée de la vérité et qu'on n'accuse pas Alvar Gomez qui ne mérite aucun reproche. " (2).
        Quatre années s'écoulent, puis le commandant apprend que le trésorier Miguel de Penagos l'avait dénoncé à la cour, l'accusant de concussions et de trahison.
        Mais je laisse la parole à un témoin oculaire, le capitaine Pedro Godinez de Azevedo (2 et 22 octobre 1540).
        " Le 26 septembre, le commandant Alvar Gomez fit appeler Miguel de Penagos et, l'ayant enfermé dans une chambre, il le poignarda. Il sortit ensuite et dit devant tout le monde que s'il avait tué le payeur, c'était à son corps défendant parce que ce dernier voulait le tuer lui-même.
        " Il prévint en même temps le capitaine Godinez, qu'ayant l'intention de s'en aller, il lui remettrait le commandement de la forteresse. Quelques heures après, il avait changé, d'avis et déclara qu'il ne partirait pas et qu'il mourrait dans le château, l'épée à la main. Il ajouta, d'ailleurs, que personne n'échapperait à la mort, pas plus le capitaine que les autres, parce qu'il mettrait le feu à la forteresse.
        " Voyant ce qui se passait, le capitaine Godinez avertit la garnison de se tenir sur ses gardes. On avait désarmé le commandant, mais il parait qu'il avait caché une dague entre les matelas de son lit. Un clerc qui avait été laissé auprès de lui, accourut prévenir le capitaine qu'Alvar Gomez venait de se frapper de plusieurs coups de poignard. Ayant fait venir deux notaires, le capitaine leur dit de se rendre dans la chambre du commandant et de dresser procès-verbal de ce qui était arrivé.
        " Interrogé par eux, Alvar Gomez fit des aveux. Il déclara que s'il avait essavé de se tuer, c'était parce qu'il savait qu'on avait reçu l'ordre de l'arrêter, qu'il avait eu, en effet, la pensée de s'enfuir, non par crainte des soldats, mais parce qu'il ne voulait pas être conduit en Espagne, que tout ce que l'on disait d'ailleurs était vrai et qu'il méritait d'être brûlé ; mais il affirma qu'il n'avait fait aucun traité avec les Maures et qu'il n'avait rien a se reprocher dans l'affaire de la tour ".

        Le capitaine Godinez s'était empressé de donner avis à La Goulette de ce malheureux événement et, le 16 oclobre, D. Giron arriva à Bône.
        Il fit arrèter Alvar Gomez ainsi que plusieurs autres.
        Le capitaine lui exposa qu'il fallait relever la garnison, parce qu'un grand nombre de soldais étaient mariés en Espagne.
        Rodrigue de Orosco, lieutenant du trésorier de Bône, dans une lettre qui porte la date du premier octobre, raconte de la même manière que le capitlaine Godinez, la mort du payeur et ce qui s'était passé ensuite dans la chambre du commandant.
        Cet officier avait donné ordre que l'on dressât un état, de tout l'argent qu'Alvar Groniez avait en sa possession.
        On n'avait trouvé que 4.000 ducats, mais il était persuadé que plus de 10.000 autres avaient été, cachés par le commandant.
        Quant au mobilier, on n'en fit pas l'inventaire.
        Les enseignes, sergents, caporaux de la garnison écrivirent que le capitaine Godinez s'était très bien conduit dans cette triste circonstance.

        " Ils rappellent à Sa Majesté qu'ils sont à Bône depuis cinq ans et comme beaucoup d'entre eux sont mariés et ont des enfants, ils la supplient de leur permettre de rentrer en Espagne ".
        Le commandeur Giron termina ainsi son rapport :
        " Le crime dont s'est rendu coupable Alvar Gomez emporte la confiscation de tous ses biens. Le conseil pense qu'il serait juste que les deux petites filles du payeur Miguel de Penagos reçoivent, en don, une partie de cette fortune. On pourrait aussi donner à un de ses frères ou à quelque autre de ses parents, l'emploi qu'il laisse vacant ".

        Francisco de Alarcon était accouru à Bône ; le novembre, il envoya un rapport à Charles Quint

        " De Cagliari,

        " J'ai écrit à Votre Majesté pour l'informer de ce que j'avais appris relativement à la mort du payeur Penagos, mais à son arrivée à Bône, j'ai entendu un tout autre récit du capitaine Godinez.
        " Le commandeur Giron doit écrire à Votre Majesté et lui raconter les choses comme elles se sont passées véritablement. Il a fait quelques arrestations. En ce moment, il termine l'instruction de cette affaire et Votre Majesté peut être assurée qu'on ne lui cache pas la vérité bien qu'on ait essayé de la tromper à diverses reprises.
        " Aucune considération ne l'a arrêté ; il a fait résolument son devoir.
        " A mon avis, Dieu et Votre Majesté ont été bien servis par le commandeur ; on peut dire qu'il a sauvé cette malheureuse garnison d'une ruine totale.
        " Nous nous demandons tous avec étonnement ce qu'Alvar Gomez a pu faire de tout l'argent qu'il a reçu. On n'a retrouvé que 4.400 ducats, ainsi que le verra Votre Majesté par le mémoire que lui envoie le commandeur Giron, ce dont j'ai pris note dans mes livres. Le commandeur, se donne beaucoup de peine pour découvrir ce qu'est devenu cet argent.
        " Comme je sais que Votre Majesté sera contente d'apprendre l'heureux changement survenu dans la manière de vivre des soldats, je m'empresse de l'informer que ces malheureux, qui, par désespoir, voulaient se faire Maures, se confessent aujourd'hui et communient. Nous en avons tous remercié Dieu et nous espérons que le jour de la Nativité de Notre Seigneur, ils feront ce que font les autres chrétiens, car ils ont maintenant une église, grâce au commandeur Giron et ils croient en Dieu et ne blasphèment plus.
        " La venue à Bône dudit commandeur a été heureuse pour tout le monde et Votre Majesté devrait lui ordonner d'y résider quelque temps, jusqu'à ce qu'il ait pu remettre toutes les choses en bon état. On a envoyé le frère Thomas pour réformer les monastères de la Catalogne et il serait bien nécessaire qu'on laissât ici le commandeur pour faire la même chose. Les soldats l'aiment ; par lui, ils sont redevenus ce qu'ils étaient autrefois, gais et contents ".

        On trouva, un matin, Don Alvar étranglé avec sa propre ceinture ; il s'était tué pour ne pas être transféré en Espagne.
        Charles Quint ordonna l'évacuation de Bône et, en partant, les Espagnols firent sauter les remparts et les tours de la Casbah et de la ville.
        Les Turcs accourent aussitôt, relevèrent les fortifications et placèrent une garnison.

        A Bougie, les Espagnols ne furent pas plus heureux ; la garnison capitula devant les Turcs et le commandant de Peralta fut décapité pour n'avoir pas su mourir l'épée à la main.
        Enfin, le 13 septembre 1574, Tunis succomba à son tour.

(1) Ch. de Rotalier. Histoire d'Alger - 1841.
(2) Ces lettres, comme ce qui va suivre, sont tirées des documents inédits sur l'histoire de l'occupation espagnole en Afrique, d'Elie de la Primaudaie.

A SUIVRE       

PRIERE POUR L'INFIDELE
Envoyé par M. Albert Buono

Seigneur j'ai renié ta loi
Pour ma fleur sauvage de blé noir

Elle était infidèle
Et je l'ai épousée
Pour lui donner ma foi

Tu m'as puni Seigneur
Elle s'est enfuie dans son pays

Elle n'a point commis l'adultère
Mais elle était infidèle

Je l'appelle encore de son doux nom
Naïla
Mais la grande mer boit mon cri

Là-bas dans son pays qui me l'a prise
Naïla n'entend pas

Seigneur
Pourquoi n'as-tu pas changé ton ciel
Pour lui plaire
Elle était une femme avec une âme
Et dans dans ton ciel il ne courait pas de nuages
Pour la distraire
Dans son oeil je voyais les jardins promis
Avec la vierge aux yeux noirs
Qui n'enfantera pas
Et qui sera exempte des besoins de la terre
Sauf du besoin d'aimer
Son oeil était mon ciel entier

Elle était idolâtre
Et moi je lui disais m'a femme purifiée
Et je le dis encore
Et je ne l'aurais pas répudiée

Maintenant je reste tout petit
Au pied de ton haut minaret qui pleure
Comme les cierges qu'elle brûlait pour son Dieu

Je lis ta loi pour y trouver la parole
Qui la ramènera
Ma gazelle a fui
Mais elle ne pourra plus galoper sans moi
Naïla reviendra
Dans son coeur j'ai vu briller la croix du sud
J'ai pénétré sa chair d'une rose de sable
Naïla reviendra

Sur la table sacrée où la vie est écrite
Et ne s'altère pas
Les chaînes de Zaïd et de sa Naïla
Sont soudées


La petite fille de Taddo
Envoyé par M. Marc Spina

      L'autre soir avec mon copain Toto, on est allé au cinéma voir le film de Mel Gibson " La Passion du Christ ". Toto il est dentiste, il a fait la faculté de Bab-el-oued. Ma femme et la femme de Toto qui s'appelle Josette et qu'on appelle " Chaussette " elles s'étaient mises à coté l'une de l'autre pour qu'elles puissent tchatcher ensemble.

      Moi et Toto on s'était mis à coté, pour parler entre hommes. Toto y parlait un peu fort et il a gardé l'accent. Dans le cinéma si on ne comprenait pas ce qu'il disait on entendait sa voix et son accent.
      On était tout au fond de la salle… comme avant quand on voulait faire du chahut.
      Dans le rang de derrière nous il n'y avait qu'une dame qui lui dit :
      - " Vous monsieur vous n'êtes pas d'ici "
      Ô stupeur comment elle a deviné ?

     Puis continuant sa phrase
      - " Moi je suis de Bône "
      Je me retourne pour voir qui c'était
      - " Je suis de Bône moi aussi ! " que je lui dis …
      - " Je suis la petite fille de Taddo, le gardien du cimetière " qu'elle ajoute
      - " Et vous habitez où ? "
      - " A Ste Pezenne, dans un nouveau lotissement, rue du grand feu "

      Ste Pezenne c'est, pourrait-on dire, la banlieue de Niort

      Ainsi, près de chez moi ; à peine à un kilomètre, habite depuis quarante ans la petite fille du célébrissime Taddo, dont le nom " propre " et devenu un nom commun pour désigner dans le langage Bônois le " boulevard des allongés ". Cette petite-fille dont j'ignorais l'existence s'est tout à coup révélée à nous, et à moi en particulier qui suis Bônois - mon copain Toto, lui Taddo ça lui dit rien - Il est plus du coté d'Alger
      Après le film, on a fait des commentaires, La petite-fille de Taddo nous a dit que c'était pour elle un moment important, elle nous a salué discrètement et a disparu dans la foule des spectateurs… c'est quand même curieux ces rencontres. J'en suis à me demander si elle existe vraiment cette petite-fille de Taddo et si je n'ai pas rêvé - Pourtant Taddo il a bien existé et elle n'a pas pu l'inventer. Nous la reverrons peut-être dans quarante ans si Dieu nous prête vie…

      Il ne faut trop y compter sur ce prêt à long terme.

      Niort le 18 mai 2004


ASPECTS ET REALITES
DE L'ALGERIE AGRICOLE
Envoyé par M. Philippe Maréchal                    N° 7


Par cette Brochure qui sera diffusée par épisode au cours des Numéros suivants, nous allons faire découvrir des aspects et des réalités qui ont été déformées par les fossoyeurs de l'Algérie Française et dont les conséquences se poursuivent et dureront encore plusieurs décénies.
             

Les Techniciens
De l'Agriculture Algérienne
Vous présentent
ASPECTS ET REALITES
DE
L'ALGERIE AGRICOLE

" Quand je débarquai à Alger pour la première fois, il y a une vingtaine d'années, j'éprouvai une impression à laquelle, j'imagine, un Français n'échappait guère. J'arrivais dans un des rares coins du monde où nous pouvions nous présenter avec orgueil. "

Jérôme et Jean Tharaud.       

Exposés Généraux
La Conservation des Sols en Algérie
Facteur d'espoir dans la lutte
contre le paupérisme

PAR
PAR Roger PUTOD
Ingénieur Agronome (1926)
Conservateur des Forêts
Chef du Service de la Défense et de la Restauration des Sols
du département d'Alger

Les causes de l'érosion

L'homme est la cause directe de l'aggravation de l'érosion à la surface du globe terrestre. Partout, sous l'empire du besoin, il exploite le capital végétal naturel alors que celui-ci protège le sol et ralentit dans toute la mesure du possible le phénomène de l'érosion.
Partout aussi la végétation est bien adaptée aux conditions locales et peut s'établir à nouveau après sa disparition si l'on supprime les facteurs de destruction et si on lui assure une période de repos suffisante.
Cette période nécessaire de repos est infiniment plus longue sous les climats semi-arides, à saison sèche marquée, que sous les climats humides. Sur les terrains en pentes, ces périodes trop longues de dénudation du sol, entraînent la dégradation de celui-ci et son érosion. Il ne subsiste bientôt que la roche-mère et le phénomène n'est plus réversible. Le complexe sol-végétation détruit ne se refait plus à l'échelle de la vie humaine.
Ce sont en définitive la sécheresse du climat, la jeunesse du relief et la pression démographique, qui ont entraîné et qui causent de nos jours la destruction des ressources végétales, la dégradation progressive des sols des montagnes et collines du pourtour du bassin méditerranéen et surtout des grandes steppes qui caractérisent l'Afrique du Nord, l'Asie mineure...

Une grave menace : l'érosion en Algérie

La situation de l'Algérie n'est pas favorisée dans cet ensemble.
Son climat caractérisé par des précipitations orageuses très violentes (100 mm/heure), son relief âpre et ses sols tendres, la proximité du Sahara qui accroît les maxima de température qui dessèchent et délitent le sol superficiel, toutes ces conditions favorisent les possibilités de l'érosion.
On constate les dégâts de l'érosion des eaux courantes dès que la pente du sol cultivé dépasse 3 à 5 %. Des terres sont abandonnées après dix ans de mise en culture. L'érosion en nappes, en rigoles, en ravines, exerce des ravages sur toute la montagne, atteignant dans les cas mesurés comme celui du bassin de l'Oued Fodda, la moyenne de soixante mètres cubes de terres arrachées par hectare chaque année. Ces alluvions exhaussent les lits de rivières, comblent les lacs de retenue des barrages... Dans le Sud, le vent balaie les sols légers, jusqu'à la croûte calcaire sous-jacente.
En outre la population de l'Algérie s'accroît au rythme que l'on connaît de plus de 200.000 habitants chaque année. La population rurale la majorité - tend à utiliser au maximum les ressources du sol :
     - La population musulmane, qui atteint dans certaines communes de montagne cinquante, cent, et même cent cinquante habitants au kilomètre carré, cherche à étendre ses terres par le défrichement des dernières étendues forestières ou broussailleuses, même au détriment des possibilités de parcours.
     - La population agricole non musulmane s'efforce de mettre ses terres en valeur le plus rationnellement possible avec des moyens et des méthodes perfectionnés. Ces méthodes modernes, basées sur un travail puissant et soigné du sol, favorisent souvent l'érosion.
La situation de notre capital nourricier actuel est donc la suivante
Les deux tiers environ de sept millions d'hectares de cultures sont menacées par l'érosion des eaux de ruissellement.
Il reste trois millions d'hectares de forêts (à peine 10% de la surface du pays) dont une bonne partie, déjà dégradée par les incendies et le pâturage, ne remplit plus son office de protection et de production.
En outre, les friches, les broussailles, les nappes de parcours de diss, d'alfa, d'armoise et autres végétaux qui couvrent environ vingt millions d'hectares, présentent souvent le caractère de ruines végétales.

Le remède : le Service de la D.R.S.

L'Administration Algérienne s'était inquiétée depuis longtemps des progrès de ce fléau. La loi forestière de 1903 a codifié le régime forestier algérien pour s'opposer à la dégradation progressive des boisements. Mais il a fallu attendre 1942 pour voir apparaître le procédé de défense de culture à fortes pentes par réseaux de banquettes.
Dans les situations tragiques des pentes montagneuses, la cure devait être à base de remèdes énergiques. Les reboisements ou les prairies permanentes étant exclus en raison des conditions sociales, il a fallu se résoudre à employer ces procédés artificiels, au prix de revient initial élevé, qui pouvaient permettre, après l'adaptation nécessaire, de poursuivre les cultures sur les plus fortes pentes.
Et les réseaux de banquettes ont fait leurs preuves. Les banquettes échelonnées sur les pentes brisent la force de l'eau, l'obligent à s'infiltrer, conduisent l'excédent sans dommage au thalweg.
Exécutées d'abord à environ cinq mètres de dénivelé l'une de l'autre, les banquettes furent bientôt tracées d'après des règles plus nuancées tenant compte de correctifs de détails nombreux résultant de la nature du sol et du plan de culture des parcelles. .
Ces banquettes sont caractérisées en outre par leur pente longitudinale, leur section transversale d'écoulement, la forme de leur gabarit.

Autres méthodes de conservation des sols

Mais, dans ces situations difficiles, le réseau introduit des perturbations culturales, des " pertes " de place. L'arboriculture s'est révélée la meilleure mise en valeur de ces plates-formes artificielles et comme une possibilité de reproduction des petites plates-formes fruitières du Midi de la France.
En réalité, l'expression Défense et Restauration des Sols n'est pas synonyme, comme on l'entend dire quelquefois, de banquettes ou d'arboriculture fruitière seulement.
Les travaux de conservation des sols et de l'eau comprennent non seulement des réseaux de banquettes, mais toutes les façons culturales : amendements, engrais, augmentation de l'humus, cultures en courbes de niveau, cultures assolées en bandes alternées de niveau, boisements de fixation, prairies permanentes, rideaux brise-vent, aménagements des thalwegs, drainages, remembrements, réaménagements des parcellaires et des réseaux de circulation.
Avec persévérance et même opiniâtreté, l'Administration a amélioré les méthodes de correction, les a mises à la portée de l'agriculture évoluée comme de l'agriculture traditionnelle. La législation spéciale nécessaire pour l'aide à apporter aux particuliers a été édictée pour les périmètres d'utilité publique aussi bien que pour les terres situées en dehors de ces périmètres, mais aussi exposées. L'outil nécessaire, service technique, crédits de subvention et de prêts, moyens matériels indispensables, fut forgé et progressivement développé pour faire face aux besoins.

Rôle des particuliers

L'ouverture des banquettes réalisée dans les périmètres à forte pente, avec des outils de terrassiers, occupe et nourrit une nombreuse main-d'œuvre agricole. Les mêmes travaux sur les pentes faibles sont exécutés rapidement avec des engins mécaniques puissants appartenant pour le moment à l'Algérie.
La Défense et Restauration des Sols en Algérie ont été amorcée par la collectivité pour démontrer, aider au maximum et donner une impulsion vigoureuse, dans l'intérêt publie.
Mais l'exécution des travaux doit passer de la régie administrative à une organisation décentralisée et démocratique, probablement sous la forme coopérative.
Une collaboration étroite s'est instituée entre les services de l'Agriculture, surtout entre le Paysannat et le Service de la D.R.S., pour l'intensification des travaux en montagne, leur entretien, le meilleur parti à en tirer.
Aspects et réalités de l'Algérie Agricole
Travaux de D.R.S. : établissement d'une banquette. Région de Tablat (Alger).

L'utilité de ces travaux est de jour en jour mieux comprise et appréciée des usagers, aussi, maintenant, une part substantielle des dépenses qu'ils occasionnent est demandée aux propriétaires.
Cette part relative des frais s'accroît et peut, depuis 1954, faire l'objet d'un " prêt d'équipement". Ainsi les cultivateurs garantissent l'avenir de leurs terres sans effort financier gênant. Ces dernières dispositions ont contribué à accroître sensiblement, avant la crise due à l'insécurité, l'activité du service spécial.

Les résultats

On pouvait récemment mesurer ainsi le chemin parcouru depuis 1942 en matière de lutte contre l'érosion :
     - programme élaboré de la protection de un million d'hectares de terre ;
     - total déjà réalisé : 170.000 hectares, avec des réalisations annuelles atteignant 30.000 hectares et devant passer à 50.000 hectares
     - budget annuel de la D.R.S. : deux milliards de francs ;
     - tranche spéciale du crédit agricole pour travaux de D. R. S. 250.0:00 millions de francs ;
     - accroissement de rendement brut des terres traitées : 10 à 100 % moyenne générale : 25 %
     - plantations annuelles, dans les programmes de D. R. S., de 400.000 arbres fruitiers et de 4 millions d'arbres forestiers, de fixation et de rapport ;
     - proportion des travaux chez les propriétaires musulmans : ¾
     - tracteurs employés : 220 (programme des 250)
     - ouvriers employés en moyenne en sus des engins mécaniques 6.000 à 8.000.

L'avenir

Il faut encore, pour envisager l'avenir avec espoir, accélérer les réalisations en tenant compte des résultats pratiques et moraux de la première période de travail, et pour cela
     - développer les effectifs du service D. R. S. à tous les échelons
     - accroître les recherches théoriques sur les travaux ;
     - développer la propagande et la connaissance du problème, notamment à l'école ;
     - établir l'inventaire économique des dégâts, le classement en catégories et l'inventaire général des terres en érosion ;
     - reprendre la réglementation édictée rapidement et empiriquement, réorganiser le régime des subventions, du crédit, des impositions même, ne pas omettre les impératifs de la Défense des Sols dans la réforme agraire ;
     - Pousser à l'exécution parallèle des travaux par l'Algérie, les collectivités locales et les particuliers ;
     - Porter toute l'attention voulue sur les problèmes culturaux et d'entretien après la mise en défense des terres.

Conclusion

Nous espérons fermement que la vague actuelle de terrorisme qui désorganise l'économie de la plupart des régions et contraint, par prudence, à exposer de façon limitée les hommes et les machines coûteuses, prendra bientôt fin.
L'idée de la conservation et de l'accroissement de productivité des sols est bien ancrée maintenant dans l'esprit de tous les agriculteurs. L'Administration se prépare en vue d'un effort accru après la crise.
Les moyens de protéger notre patrimoine agricole sont un facteur d'espoir dans la lutte contre le paupérisme et dans le développement de l'agriculture dans ce pays. Cet espoir serait profondément déçu si, par le jeu de la politique, la France ne pouvait plus y appliquer l'activité de ses techniciens et l'aide de ses généreux moyens.
A SUIVRE       

MA FRANCE
Envoyé par M. Guy Rolland

Dieu m'est témoin
Que mon sang
Mon travail
Et ma foi
Sont à toi,
Pays de mille gloires
Et de drames immenses
Et je sais
Qu'il est plus facile
Toujours
De renoncer,
De rire de ses échecs
Que d'autres ont préparés.
Mais ta souffrance
Est mienne
Et je serre
Contre moi
Ton corps martyrisé
Par les mensonges,
La haine
De ces hommes légers.
France,
O ma France,
Grande dame vêtue de noir,
Tu pleures en silence
Tes enfants disparus.

Nous, tes fils,
Aujourd'hui,
Nous venons au rempart
Où flotte ton drapeau,
Citadelle des Anciens
Interdite aux barbares
Par nos poitrines
Et Dieu.

France des campagnes,
Des villes et des villages,
France profonde
Où dorment près de nous
Ceux qui ne sont plus,
Dieu m'est témoin
Que mon sang,
Mon travail
Et ma foi
Sont à toi.


RELATION DES PRÉPARATIFS
FAITS POUR SURPRENDRE ALGER
Par Jéronimo CONESTAGGIO en 1602
TRADUITE DE L'ITALIEN ET ANNOTEE
PAR H.-D. DE GRAMMONT - 1882
ÉTUDES ALGÉRIENNES
AVANT-PROPOS

        La plupart des écrivains qui se sont occupés de l'histoire de l'Algérie, en parlant des tentatives que l'Espagne fit à plusieurs reprises pour s'emparer d'Alger, n'en signalent que six: celle de Diego de Vera en 1516, celle de Hugo de Moncade en 1518, la célèbre expédition entreprise par Charles-Quint en 1541, la défaite d'O' Reilly en 1775 et les deux bombardements de Don Angelo Barcelo en 1783 et 1784.
        La lettre que nous traduisons aujourd'hui vient combler une lacune regrettable; elle nous apprend qu'en 1601, Philippe III dirigea contre Alger une flotte de soixante-dix galères et une armée de plus de dix mille hommes, sous le commandement du prince Andrettino Doria. On verra par la lecture de la lettre de Conestaggio combien il eût été facile de réussir, et à quels événements divers on doit attribuer l'insuccès de cette grande entreprise. Ce document, qui n'avait jamais été traduit en français, et qui semble être resté inconnu jusqu'ici(1), se classera dorénavant parmi les plus curieux et les plus intéressants; non seulement il révèle des faits entièrement ignorés de la plupart de ceux qui s'occupent de l'histoire d'Alger, mais il permet en outre de se rendre compte des véritables motifs de la petite attaque faite sur Mers-el-Fhâm, deux ans après, par le vice-roi de Minorque.
        Le rassemblement d'une aussi formidable armada avait éveillé l'attention des contemporains; la France, toujours en lutte avec l'Espagne, conçut la crainte que cet armement ne fût dirigé contre elle; elle en surveilla activement l'emploi, et nous lisons dans les lettres qu'adressait à cette époque à Henri IV le célèbre Guillaume du Vair(2), premier président du parlement de Provence: " J'avois eu advis d'Espaigne que l'armée navale rebroussoit chemin et alloit en Arger; avant-hier, il arriva bien une barque d'Arger, qui porte qu'elle a prins terre près d'Arger. Si nous en avons quelque autre nouvelle digne d'être escrite à Votre Majesté, je la lui feray promptement savoir. " (Lettre du 8 septembre 1601.)
        Le premier instigateur de ce projet, le hardi capitaine Roux(3), fût mal récompensé de son audace et de son esprit d'entreprise; après que le prince Doria l'eût écarté avec une finesse toute génoise, il se vit, à son retour en France, victime des soupçons qu'avait excités le rassemblement des troupes espagnoles. Nous lisons à ce sujet dans une lettre de du Vair du 21 mars 1602: " Sire, je vous diray que j'ay continué à faire curieuse recherche des actions du capitaine Jacques Roux, pour voir s'il se pourroit tirer quelques preuves des choses dont on l'a soupçonné, attendant l'instruction qu'il plairoit à Votre Majesté nous en donner. Après avoir soigneusement veu et reveu tous les papiers qu'étoient parmi ses hardes et enquis tous ceux qui le connoissoient, je l'ay de rechief fort particulièrement interrogé sur tout ce que j'ay estimé jusques icy estre à propos. J'en envoye un interrogatoire à Votre Majesté pour y faire la considération que sa prudence lui conseillera. "
        Il paraîtrait que le Roi trouva quelque chose de suspect dans les agissements du Capitaine, car il se trouvait encore en prison plus de deux ans après, ainsi que nous l'apprend une nouvelle lettre de du Vair qui réclame " pour le geôlier, qui en a faict les avances sur sa parole, le payement de la dépense du capitaine Roux icy prisonnier, faict deux ans et demy. "
        Peut-être l'infortuné mourut-il en prison; car depuis ce moment, nous n'en avons plus de nouvelles.
        La lettre de Conestaggio se divise en deux parties:
        La première est consacrée à une histoire succincte de la ville d'Alger; on y remarque quelques erreurs, qui peuvent paraître d'autant plus étonnantes qu'il n'y avait pas encore un siècle qu'avait eu lieu la fondation de la Régence, et que les Génois étaient en relations constantes avec les côtes Barbaresques ;
        La seconde partie fait l'historique de l'expédition; elle semble être conçue dans un esprit favorable au prince Doria et destinée à le justifier d'une partie des accusations portées contre lui. Tel qu'il est, nous espérons que ce document éveillera l'attention de tous ceux qui s'intéressent à notre histoire.
H.-D. DE GRAMMONT             

(1) De Thou est le seul historien qui ait eu connaissance de cette lettre: en tous cas, il est le seul qui raconte l'expédition de 1601. (Histoire universelle, t. XIII, P. 627 et suiv.)
(2) Lettres inédites de Guillaume du Vair, publiées par Philippe Tarnizey de Larroque. (Paris, 1873, Aubry.)
(3) De Thou l'appelle Le Roux. (Loc. cit.)


RELATION DES PRÉPARATIFS
FAITS
POUR SURPRENDRE ALGER

par Jeronimo CONESTAGGIO (1).

A NIVOLO PETROCCINO, PROVEDITOR
DI CASA D'INDIA.

1ère PARTIE

        Bien que Votre Seigneurie,, dans sa lettre datée du premier octobre, se défende de me donner aucun ordre, en alléguant que j'ai d'autres occupations, Elle m'apprend toutefois qu'Elle désire savoir exactement ce qui s'est passé dans l'entreprise qui a été dirigée contre Alger; la raison en est qu'Elle a entendu émettre sur cette armada beaucoup d'opinions différentes; je m'empresse d'obéir. Je dirai d'abord que ceux des citadins de cette République qui n'ont ni occupation mercantile ni grande ambition, sont entièrement oisifs, comme je le suis moi-même, en sorte que je vous prie, en toute autre occasion, de ne pas craindre de me donner Vos ordres.
        Encore que Votre Seigneurie connaisse, soit par sa propre expérience, soit par les livres ou les récits, les conditions dans lesquelles se trouve Alger, sa situation géographique, et combien elle moleste la Chrétienté; comment cette ville est tombée des mains des Mores à celles des Turcs, et comment, favorisée par les tempêtes, elle a été victorieuse des entreprises dirigées contre elle, je veux cependant lui raconter succinctement ces choses, afin d'éclairer mon sujet; si je dépasse les bornes fixées par votre lettre, mon récit rappellera la fable de l'Épître à la Lune, qui, pour être d'un grand format, ne fut pas trouvée disproportionnée à la grandeur du sujet.

        Alger, qui fut jadis Julia Cesarea (2), ou, selon les Mores, Gezeïr, est une ville et une province du royaume de Tremissenne, dans la Vauritanie Césarienne, région de la partie de l'Afrique que nous appelons Barbarie dans la nomenclature moderne. Elle est située sur le rivage de la mer Méditerranée, entre Oran et Bougie, celle-ci au Levant, l'autre au Ponant; elle présente son front de mer au Nord; ses côtés, se dirigeant au Midi, gravissent la montagne et s'étendent avec le territoire voisin vers le Grand Atlas. Elle est distante du détroit de Gibraltar de plus de quatre cents milles ; sa latitude est d'environ trente-trois degrés. Elle est entièrement entourée de fossés, de murs et de boulevards, qui ne sont pas aussi forts que nous les faisons maintenant, mais qui sont moins faibles cependant qu'on ne les faisait autrefois. Hors de la ville et à peu de distance, le côté du Levant est pourvu de quelques forts, mais tous de peu d'importance; seule, la partie la plus élevée de la ville possède une forteresse qu'ils appellent l'Alcasova, plus forte et plus à craindre que les autres. Devant la ville et dans la mer, à la distance d'un trait d'arquebuse, est une petite île, sur laquelle le roi Ferdinand le Catholique, à l'époque où Alger était aux Mores, fit faire une forteresse par Diego de Vera (3), capitaine de son armée, pour réfréner les corsaires dont le voisinage causait grand dommage à l'Espagne; cette construction eut pour effet, non seulement d'arrêter la course, mais encore de forcer Selim Beni (4), qui en était le Seigneur, à payer tribut et à conclure une longue trêve.
        Mais, lorsque plus tard Horux Barberousse (5) arriva en l'an 1515 à être Seigneur d'Alger, au nom du Sultan Selin (6), les Turcs s'emparèrent de la forteresse, que commandait alors pour le Roi catholique, le capitaine Martin de Vargas. Quelques années après, Salh Arraës, gouverneur d'Alger pour le Turc, unit l'île à la terre ferme avec un môle qu'il fit faire, et qui est celui qui se voit encore aujourd'hui (7).
        Au temps des Vandales, cette ville fut détruite, puis reconstruite plus tard; elle devint ensuite sujette du Roi de Tremissenne, qui la donna comme apanage à son second fils, et cela dura jusqu'à ce que Albufarez, roi de Tunis, s'étant fait Seigneur de Tremissenne, donna Bougie à l'un de ses fils avec le titre de Roi; les Algériens, après la chute de l'ancien Roi, acceptèrent volontiers le nouveau; ils reconnurent la puissance du roi de Bougie, en ne lui payant toutefois qu'un tribut annuel, presque sans autre sujétion. Ce pouvoir déclina peu à peu et les Algériens s'en affranchirent; quelques nobles citadins la gouvernèrent alors à l'aide des Arabes, et c'est en cette situation que la trouva Horux Barberousse quand il s'on rendit maître. Les villes de cet État sont peu importantes, parce que beaucoup furent détruites dans les guerres des Arabes; les unes sont presque en ruines et les autres ne présentent plus que des décombres sans nom. Le pays est tempéré et arrosé de nombreuses rivières, qui descendent des montagnes voisines et fertilisent la campagne; une fois qu'on a dépassé les collines qui sont derrière la ville, le territoire est des plus fertiles, et abonde presque en toutes choses. Le peuple est mahométan, de même que les anciens Africains, et que la race arabe qui a envahi le pays il y a six cents ans; ce sont tous des Barbares; une partie vit dans la ville, une autre à la campagne sous des tentes, dont la réunion forme des villages qu'ils nomment aduar ; ils ont beaucoup de cavalerie et de gens à pied sobres et durs à la fatigue. - Cette ville est célèbre par les prises que font ses corsaires sur les Chrétiens, et par le naufrage de l'armada espagnole qui tenta de l'occuper, en l'an 1516, alors que le cardinal François Ximenes, archevêque de Tolède, était ministre d'État de l'Espagne.
        Il venait de réussir à s'emparer d'Oran, et, sur la demande de Bû-Hamû, roi de Tremissenne, qui lui promettait grande aide, il envoya attaquer Alger par une flotte et une armée de dix mille hommes, commandée par Diego de Vera. Mais avant qu'ils eussent fini de débarquer, n'étant pas secourus par le Roi More, ils furent attaqués par Horux Barberousse, à la tête de ses Turcs, et par les Arabes; ils furent défaits et mis en pièces; le sort de ceux qui étaient restés sur les navires ne fut pas meilleur; la fureur de la mer et des vents les jeta à terre en proie à l'ennemi, et il y eut plus de navires qui se perdirent qu'il ne s'en sauva. - L'année suivante (8), la guerre ayant été heureuse en Afrique, et Martin de Argote ayant tué Horux Barberousse et rendu le royaume de Tremissenne à Bû-Hamû, qui l'avait perdu, Ugo de Moncade attaqua Ariaden Barberousse, qui avait succédé à son frère Horux.
        Avec une assez forte armada espagnole, et se confiant aux promesses qu'il avait d'être aidé du Roi de Tremissenne et du Caïd de Ténes, il alla débarquer à Alger du côté du Ponant, presque certain de s'en emparer. L'armée, une fois débarquée, passa quelques jours en de chaudes escarmouches, sans voir aucun More venir à son aide; et, comme Ariaden recevait chaque jour de nouveaux renforts de Turcs, de Mores et d'Arabes, le rembarquement fut résolu; mais il n'était pas encore commencé, qu'une tempête impétueuse et subitement venue jeta nombre de vaisseaux à la côte; ils furent la proie des Barbares, ainsi que l'armée. Quelques valeureux soldats espagnols, s'étant retranchés derrière des débris de navires, s'y défendirent vigoureusement, attendant que les vaisseaux restés intacts vinssent les délivrer; mais, trompés par Ariaden qui leur promit la liberté, ils furent, malgré la foi jurée, faits esclaves par l'Infidèle barbare (9). - Charles-Quint, après avoir chassé Ariaden de Tunis, et restitué cet État à Mulei Hascenan (10), débarqua de sa personne à Alger avec une puissante armada, au mois d'octobre de l'année 1541.
        Le Gouverneur pour les Turcs était alors Hascen-Aga, renégat Sarde; l'armée débarqua, non sans résistance, à la partie du Levant qui confine la ville. Mais, le quatrième jour, la mer commença à grossir de telle sorte que, les navires et les galères ne pouvant plus lutter, beaucoup furent jetés à terre et fracassés. L'armée, victime du mauvais temps, des pluies, ayant l'ennemi à ses flancs et peu de vivres, souffrit beaucoup; le prince André Doria, ayant rassemblé les galères restées intactes, s'en fut à Metafus, lieu vers lequel l'armée s'achemina avec grande incommodité, à cause des fleuves qu'il fallait traverser, et des Arabes, qui, avec une grande masse de cavalerie, la harcelèrent sans cesse. L'Empereur s'embarqua avec son armée, et regagna L'Espagne (11), non sans avoir eu à affronter une nouvelle tempête et de nouveaux périls. Tels furent les naufrages qui ont rendu Alger célèbre; c'en est assez pour faire juger des dangers de l'expédition qui vient d'être entreprise.

(1) Jeronymo Franchi de Conestaggio, historien génois de la fin du XVIème siècle et du commencement du XVIIème.
(2) Alger se nommait jadis Icosium.
(3) Ceci est une erreur: le Penon d'Alger fut bâti par les soins de Pierre de Navarre.
(4) Selim-et-Teumi.
(5) Aroudj Barberousse.
(6) Le sultan Selim. - Il y a ici une nouvelle erreur ; ce ne fut pas Aroudj, mais bien son beau-frère Kheir-ed-Din, qui prit le Penon aux Espagnols, et ce fut seulement en 1529.
(7) Encore une erreur. Ce n'est pas Salah Reïs qui fit construire le môle, mais bien Kheïr-ed-Din, qui se servit à cet effet dés débris, de la forteresse espagnole: Salah Reïs ne fit que l'agrandir et le réparer avec des matériaux tirés des ruines de Rusgunium,
(8) Deux ans après.
(9) Kheïr-ed-Din suivit l'ecemple que lui avait donné les espagnols, qui avaient fait tuer son frère, auquel on avait promis la vie sauve, à la capitulation de la Kalaa des Béni-Rachid.
(10) Muley Hassan
(11) Après avoir été forcé de séjourner quelque temps à Bougie.

A SUIVRE

COLONISATION de L'ALGERIE
  1843                           Par ENFANTIN                      N° 1 
SOMMAIRE DE L'INTRODUCTION

        Avons-nous droit à posséder, et devons-nous conserver l'Algérie ? - La discussion de cette question de politique extérieure et Intérieure est épuisée, et ne peut avoir de solution définitive que par la colonisation.
        Examen des systèmes coloniaux, différents selon les époques et selon le degré de Civilisation des peuples colonisateurs; et particulièrement, de la colonisation romaine en Afrique.
        Ce que peut et doit être une colonisation: faite par la France, en Algérie, au XIXème siècle.
        Notre politique n'est plus absolue, elle transige et concilie, elle veut associer. Par conséquent, deux problèmes, à résoudre.
                1) Modifier progressivement les institutions, les mœurs, les habitudes des Indigènes.
                2) Modifier aussi celles des Européens Colons de manière à faire vivre les uns et les autres en société, sur un même sol et sous un même gouvernement.
        Du gouvernement militaire, indispensable jusqu'ici et nécessaire encore aujourd'hui, pour préparer par la force notre domination.
        Du gouvernement, civil, indispensable pour la colonisation, dès que celle-ci prendra une importance semblable à celle que la guerre a dû avoir jusqu'ici.
        Les institutions coloniales, données par la France à l'Algérie, doivent faire tendre les deux populations (Indigène et européenne), vers un but commun, sous le triple rapport administratif, judiciaire et religIeux.
        L'application de ce principe à la constitution de la propriété dans l'Algérie française, sera la base de cet ouvrage.
INTRODUCTION

I. - Cet ouvrage suppose résolue, théoriquement du moins, une question capitale de politique Intérieure et, extérieure, dont la solution dépend, d'une part, de la sagesse des Chambres et de l'énergique volonté du Gouvernement, de l'autre, de la sagesse des Cabinets européens et de l'habileté de notre diplomatie. La discussion de cette question serait ici déplacée ; je la suppose résolue.
Je suppose qu'en France, aussi bien qu'en Europe notre possession de l'Algérie est considérée comme légitime et irrévocable, et qu'on est enfin arrivé au point de ne pas discuter ou contester davantage, en France et à l'étranger, là conservation de nos provinces d'Afrique, que celle de l'Alsace ou de la Lorraine.
Nous n'en sommes pas encore là sans doute ; mais si, comme je le pense, le moyen le plus puissant d'obtenir ce double résultat, est d'agir, dès à présent, comme s'il était déjà obtenu, ou du moins comme s'il était inévitable; si les résistances françaises ou étrangères doivent cesser d'autant plus vite qu'on nous verra faire oeuvre de possession, d'établissement et de conservation en Algérie il est évident alors que, sous le rapport pratique, c'est la Colonisation qui est la question capitale, et que c'est par elle uniquement que l'on pourra convaincre les opposants, français ou étrangers de l'utilité, et de la légitimité de notre prétention à remplacer les Turcs sur la côte africaine.

Chaque année la conservation de l'Algérie est remise en question, dans les débats, de la tribune et de la presse, et sans doute aussi dans quelques notes diplomatiques, et une discussion de plus sur ce sujet ne me semble d'aucune utilité. D'ailleurs, comme il faudrait en effet abandonner tôt ou tard l'Algérie si elle continuait â être uniquement un gouffre où s'engloutissent la richesse et le sang de la France, il me paraît plus important de rechercher comment cette conquête, déjà si chèrement, payée, pourrait devenir, moins coûteuse et bientôt même productive. Nous, avons délivré l'Europe de la piraterie, à nos risques et périls; nous avons dispensé presque toute la chrétienté du honteux subside qu'elle consentait à payer aux successeurs de Barberousse ; mais vraiment la chrétienté pourrait, sans injustice, nous refuser son approbation et ses louanges, si nous nous bornions à faire un désert de I'Algérie, si nous ne savions pas rendre cette côte hospitalière, si nous nous montrions plus inhabiles que les Turcs à cultiver le sol et la population dont nous nous prétendons les maîtres.
Depuis douze ans l'on discute en France sur la conservation de L'Algérie, et avec les Cabinets européens, y compris la Porte, sur la reconnaissance de notre droit de conquête. La discussion est épuisée; il faut qu'un élément nouveau vienne présenter les choses sous un nouvel aspect; il faut, à nos efforts d'occupation, joindre des efforts de colonisation, et accompagner nos actes inévitables de destruction, de puissantes tentatives de production.
J'ai donc jugé utile de me renfermer dans la question pratique de COLONISATION, et d'éviter de toucher à des questions politiques qui changeront complètement de nature, du jour où la France réalisera en fait une volonté qu'elle a déjà souvent exprimée, mais qui n'est encore qu'en parole, du jour où elle colonisera L'Algérie.

II. - J'ai besoin de définir à l'avance ce que j'entends par ce mot COLONISER.
Le système d'occupation de nos possessions d'Afrique est encore aujourd'hui le sujet de nombreuses discussions. Les uns veulent l'occupation plus ou moins restreinte, d'autres la veulent illimitée, d'autres encore veulent une occupation purement militaire, comme l'était celle des Turcs, gouvernant et administrant une population indigène; d'autres enfin. espèrent une fusion ou du moins un contact des deux populations indigène et européenne, ou bien veulent le refoulement complet des indigènes par les Européens. Il me serait, facile d'ajouter à ces divers systèmes une foule d'autres systèmes, si je voulais rappeler tous ceux qui, depuis douze ans, ont été soulevés, indiqués, effleurés : aucun d'eux, j'ose le dire, n'a été complètement développé, raisonné, démontré, et surtout aucun d'eux n'a été positivement indiqué comme étant celui que le Gouvernement voulait réaliser.

Je crois encore que sur ce sujet la discussion est épuisée ; il est temps de passer, comme on doit le faire après toute discussion, à une résolution.
Je me suis donc dispensé, de faire l'examen critique de toutes ces opinions, et j'ai préféré exposer directement et complètement la mienne.
Je crois que la colonisation de l'Algérie n'est possible, qu'à la condition d'y transporter une population européenne assez considérable ; Je crois même que la pacification entière et définitive n'est possible qu'à cette condition. C'est ce transport d'une population civile considérable, d'une population agricole, commerçante et industrielle, et des arts et des sciences qu'une semblable population apporte ou attire nécessairement ; c'est cette transplantation d'une population mâle et femelle, formant familles, villages et villes, que j'appelle la colonisation de l'Algérie. Mais ce mot comprend le Gouvernement et l'administration, par des Français, de la population, indigène, dans les villes et dans les campagnes.
Arrêtons-nous sur ce mot de colonisation, très souvent appliqué à des choses fort diverses.

III. - Les Romains, en s'emparant, de cette partie de l'Afrique, l'ont-ils colonisée ou simplement gouvernée et administrée? - l'opinion générale est qu'ils l'ont d'abord gouvernée politiquement, qu'ils l'ont ensuite administrée et enfin colonisée : c'est cette dernière phase de leur conquête qu'il m'importe d'examiner.
Les Romains ont-ils transporté sur le sol africain des familles romaines, pour la culture, combien ont-ils formé des familles avec des femmes indigènes, pour constituer des établissements agricoles, ou bien, enfin, se sont-ils bornés à quelques cultures locales et pour ainsi dire modèles, faites par des colons militaires (célibataires), autour des points occupés, intéressants pour la défense du pays ? L'examen de ces questions aidera à déterminer la valeur que doit avoir, au XIXème siècle, ce mot de COLONISATION.

Lorsque, dans deux mille ans, des archéologues et des ethnographes visiteront les États-Unis et L'Inde, les premiers trouveront bien, dans ces deux contrées, des traces matérielles de la domination anglaise; mais. les seconds retrouveront aux États-Unis, la race anglaise elle-même, tandis que, dans l'Inde, elle n'aura pas laissé de trace sensible.

IV. - En Algérie, il me parait évident que la race romaine ne se retrouve nulle part, malgré sept siècles d'occupation, malgré les ruines géantes de monuments et de routes qu'elle y a laissées.
Peut-être n'en pourrait-on pas dire autant de l'invasion des Vandales(1) quoiqu'elle ait été de courte durée, comparée à celle des Romains, et quoique les pierres ne parlent pas pour eux comme pour Rome; mais les Vandales, comme les Arabes, traînaient la famille(2) à leur suite, et alors cela s'explique.
Certainement les Romains n'ont transporté en Afrique comme en Asie, la famille que par exception, et principalement pour fonder la villa du patricien et établir la maison des fonctionnaires et administrateurs ou propriétaires de ces provinces(3) ; et ils n'ont pas agi ni pu agir autrement dans leurs innombrables conquêtes. En général, les Romains n'ont pas détruit ou refoulé les populations vaincues, comme les Anglais aux État-Unis, pour y porter un peuple tout nouveau de colons, et ils ont bien plus ressemblé aux Anglais de l'Inde, avec la différence qu'il y a entre un but et des moyens particulièrement militaires, ou un but et des moyens particulièrement commerciaux.

Les Romains donnaient place aux dieux des vaincus dans leur Panthéon; ainsi la religion ne mettait aucun obstacle, du moins de leur côté, à ce qu'ils s'alliassent, par un concubinage d'ailleurs, très légal(4), avec les femmes des nations soumises; mais ces unions formèrent-elles familles, et surtout familles de cultivateurs ? - Évidemment non ; les citations suivantes suffiront pour s'en convaincre.

V. - Ecoutons d'abord cette belle parole de Tertullien, pleine de patriotisme africain, et adressée à ses compatriotes de Carthage, de Carthage qui pourtant était le lieu où Rome avait envoyé le plus, de colons. Qu'on me pardonne la longueur de cette citation, Tertullien m'y parait sublime.
Il dit(5) : " De tout temps vous avez été les maîtres de l'Afrique; l'empire que vous y avez tenu, et qui a eu la même étendue que cette vaste et admirable partie de la terre, est de tant de siècles qu'à peine en sait-on les commencements; votre nom et votre puissance sont du même âge; on n'a pas plus tôt connu l'un qu'on a redouté l'autre : il faut que les autres nations vous cèdent en ce point, et que les plus puissantes reconnaissent, que si un peuple est illustré à proportion qu'il est ancien, il n'en est pas qui le soit davantage que le Carthaginois."

Le présent ne contribue pas moins à votre félicité que le passé à votre noblesse. Il semblait que Carthage, après de si grandes ruines, ne dût être désormais qu'une triste et affreuse solitude, et néanmoins le vainqueur qui l'avait détruite l'a rebâtie, les Romains qui l'avaient rendue déserte l'ont repeuplée et ont laissé à Carthage un nom; ce ne sont pas tant les Carthaginois qui sont devenus Romains, que les Romains qui sont devenus Carthaginois.
" Je confesse que tous ces favorables retours de la fortune me touchent beaucoup, autrement je ne serais pas Carthaginois; mais ce qui excite encore dans mon cœur de plus grandes émotions de joie, c'est la prospérité dont vous jouissez aujourd'hui ; elle est si grande que vous n'êtes plus en peine que de chercher des divertissements... La paix et le repos dont vous jouissez, et la fertilité de cette terre qui produit tout à souhait, sont cause sans doute de cet amusement ; l'empire et le ciel même vous favorisent : si l'un vous conserve cette tranquillité en laquelle il vous a mis, par le moyen de tant de victoires signalées qui le rendent puissant et redoutable, l'autre accroît sans cesse ses largesses: celui-Ici vous donne beaucoup, et celui-là fait qu'on ne vous peut rien ôter.

" …… Dieu de qui dépend la fortune a voulu que Rome trouvât dans Carthage la même obéissance que Carthage trouvait autrefois en Afrique et dans l'Espagne ; cette obéissance est un effet de la victoire que les Romains ont remportée sur vous. En l'état où vous êtes, vous ne leur pouvez plus disputer les palmes qu'ils ont cueillies dans Carthage même. sans achever de vous perdre entièrement. Il faut donc, pour plaire à votre vainqueur et rendre le joug qu'il vous a imposé plus doux et plus facile, vous vêtir à la romaine. Ce n'est pas assez, il le fallait faire sans y être ouvertement contraints, afin de lui témoigner combien sa domination vous était agréable, et mériter ami quelque sorte d'honnête liberté, dans la servitude où vous étiez, à l'heure, que Carthage fumait encore et qu'on triomphait de vous à Rome.
" Tu avoueras, Carthage, qu'Utique ta sœur raisonnait ainsi, quand on lui vit prendre la robe en un moment. Scipion était encore bien éloigné de ses murs, et elle eût peut-être rompu et arrêté le cours de ses victoires ; néanmoins elle voulut saluer ce capitaine romain, habillée de ses livrées, longtemps avant qu'il fût arrivé, et le faire triompher dans un lieu où il ne devait mettre le pied que deux ans après. Cet artifice lui réussit si bien quelle devint aussitôt une colonie(6) du peuple romain; elle était alors ta rivale, et sa grande précipitation à se soumettre à la puissance romaine était un désir d'irriter contre toi cette formidable république, et de voir, en sûreté, fondre ses aigles sur ta tète....
" Mais encore, quand as-tu changé, le manteau pour la robe? - Quand tu t'es changée toi-même. C'est après avoir succombé sous les forces romaines, cédé à ton vainqueur ce qui te faisait craindre et honorer, et reçu la grâce que tu faisais autrefois, à ceux que tu avais vaincu. Ce changement est arrivé après que tu te fus rendue risée et la fable de ceux que tu croyais t'avoir obligée de te faire subsister encore, malgré le feu et la cendre, et qui ont feint néanmoins, pour te reprocher très assurément ta lâcheté, qu'une femme était ta fondatrice, et qu'elle s'était tuée pour avoir aimé un Troyen qui allait jeter en Italie les premiers fondements de l'empire romain…
" Mais encore, quand as-tu pris cette robe? - Après les sinistrés et infâmes augures de Gracchus. Il fût envoyé d'Italie en Afrique avec une colonie romaine, pour rebâtir et repeupler Carthage, vingt-huit ans après son embrasement ; des loups enragés et furieux arrachèrent de nuit les bornes qu'il avait plantées le jour précédent(7) ....
" Tu l'as prise après les extrêmes violences de Lepidus, et après avoir vu couler les torrents de sang que ce partisan de Marius répandait dans ton sein, égorgeant à plaisir la moitié des habitants qu'on avait envoyés de Rome; après les sanglantes victoires de Pompée, un des chefs du parti de Sylla… ; après que Jules César eut été, depuis le mois de janvier jusqu'au mois de juillet, à faire la guerre en Afrique, à Juba, roi de Numidie, et à Caton, qui s'était retiré dans Carthage(8) avec quantité de factieux et de rebelles …… lorsque Statilius Taurus eut réparé les murs, du côté où Lepidus avait fait brèche et était entré d'assaut ; lorsque Sentius Saturninus, qui présidait aux augures, eut fait les cérémonies de l'inauguration, et prononcé solennellement les paroles dont la superstition se servait d'ordinaire à l'établissement d'une colonie.
" En un mot, on t'offrit la robe et tu devins Romaine, quand on commença à s'ennuyer de la guerre, à goûter la paix et à expérimenter combien c'était un bien utile et délectable; quand les Romains mêmes, qui avaient eu tous les avantages, se trouvèrent las de porter les armes et pensèrent à d'autres exercices(9), non seulement à Rome,, mais partout ailleurs où ils étaient obéis.
" Mon Dieu ! quand j'y pense, que cette robe a fait un grand tour ! Quel chemin a-t-elle fait? d'où est-elle partie? où est-elle venue? - De Grèce en Lydie, de Lydie à Rome; c'était pour passer enfin des épaules de la plus grande nation du monde sur les vôtres, et, comme elle est fort ample, pour embrasser en un seul peuple deux peuples, dont le Romain fût maître, du Carthaginois.

Cette sublime ironie ne prouve-t-elle pas évidemment que, dans le IIIème siècle de l'ère chrétienne, c'est-à-dire près de quatre siècles, après la prise de Carthage, la population de Carthage même était généralement d'origine africaine? Tertullien exprimait et cherchait à réveiller un sentiment de nationalité qui n'aurait eu ni motif ni influence, et qui devait blesser des hommes d'origine romaine.

(1) Schaw, et la plupart des voyageurs après lui, ont cru reconnaître, dans certaines tribus blondes de l'Aurès, des traces de l'invasion vandale.
2) " vandali omnes eoronque familiœ. " Idat. Chron.; Lebeau, XXXI, XVII, N° 3
3) Voir à l'Appendice la note A sur ce sujet.
4) Claude fut le premier qui accorda aux soldats les droits de citoyens mariés, parce que les lois leur défendaient d'avoir des femmes Iégitimes. Ce sont les propres termes de Dion, LX, C. 24; Dureau de la Malle, Écon. pol. des Romains. Ce fut sous Septime-sévère qu'il fut permis aux soldats de se marier.
(5) Traité du Manteau. Panthéon littéraire, Monuments de l'Eglise chrétienne, P. 108.
(6) Plutarque nous dira tout à l'heure ce que c'était que cette colonie, au temps de César.
(7) Il est probable que si des loups comblaient le fossé d'enceinte d'Alger, lis seraient de la même espèce que ceux qui ont arraché les bornes de Caïus Gracchus à Carthage.
(8) C'est Utique que Tertullien devait dire.
(9) La guerre en Algérie commence à ennuyer un peu la France ; Il est temps de songer à d'autres exercices, puisque c'est le moyen de faire endosser aux Africains la robe du vainqueur.

A SUIVRE

M. Pierre Mealier présente


       C'est en 1961 que prend officiellement naissance l'Organisation Armée Secrète qui se fera connaître dans le monde entier grâce à ses trois initiales : O.A.S.. Tout au long des années 61 - 62 l'O.A.S. publiera régulièrement des tracts, des éditoriaux, des bulletins afin de faire connaître son analyse politique face aux événements en cours et afin de donner ses consignes d'action. L'auteur a rassemblé dans cet ouvrage les textes publiés dans l'Est Algérien.
       Certains tracts concernent directement la région de Bône, (Annaba) d'autres évoquent les combats politiques menés à l'échelle de toute l'Algérie et de la métropole, les fusillades d'Alger, d'Oran, ainsi que les relations toujours complexes avec les autorités militaires.
       Très souvent sont mises en parallèle réactions métropolitaines et réactions de l'O.A.S. …Nul ne sera surpris de constater combien sont différentes les interprétations des événements de part et d'autre des rives de la Méditerranée.

SOMMAIRE DE L'OUVRAGE

       L'O.A.S. par ses textes et ses croquis nous donne une vision des événements fort différente de celle que la presse de l'époque nous a présentée. Nous revivons les craintes nées du discours sur l'autodétermination, le choc produit par l'annonce du cessez-le-feu et les journées tragiques de la rue d'Isly ; le désespoir de certains militaires pour qui l'abandon de l'Algérie est un reniement insupportable. Au fil des jours sont évoquées les actions locales de l'O.A.S. et du F.L.N., plasticages, assassinats …ainsi que la montée en puissance de la police gouvernementale. La condamnation à mort du général Jouhaut, puis l'arrestation du général Salan vont conduire Jacques Susini à des tractations et finalement au référendum du 1er juillet
       où 5.975.581 Algériens diront "oui à l'indépendance et à la coopération avec la France ".

BON de COMMANDE

Le livre" La guerre d'Algérie vue de Bône à travers les tracts OAS" est vendu dans de nombreuses librairies, en particulier dans celles appartenant au groupe Flammarion, au groupe Decitre, ainsi qu'à la FNAC et dans les Virgin.
Son prix est de 20 euros.

On peut également l'acheter par internet : à la FNAC (FNAC.com), sur Amazone, sur Alapage et Dilicom.
le commander chez l'éditeur : France Europe Edition - 1 Traverse Lympia - 06300 Nice
adresse postale : B.P. 4049 - 06301 Nice cedex


Conférences sur la Légion Étrangère
et le 1er R.E.P.
envoyé par José CASTANO
"LES SEIGNEURS DE LA GUERRE"

- De l'Indochine à l'Algérie, la Légion étrangère au combat
- L'odyssée et la fin tragique du 1er Régiment Étranger de Parachutistes en Algérie.

          Animées par José CASTANO

- Vendredi 15 avril, 17h30, Hôtel Mercure, 76, av d'Aix Les Bains - RN 201 - 74600 SEYNOD (Tel 04.50.52.09.66), organisée par le Cercle algérianiste de Haute Savoie - Entrée gratuite - un repas (facultatif) suivra. Inscriptions au 04.50.23.47.21

- Dimanche 17 avril, 11h, Hôtel Europole, 29, rue Pierre Semard - 38000 GRENOBLE (Tel. 04.76-49.51.52), organisée par la Fédération Nationale des Rapatriés de l'Isère - Entrée gratuite - Un repas (facullati) suivra. Inscriptions au 04.75.43 74.84 ou 04.75.85.70.39

- Dimanche 24 avril, 10h30, Maison des Rapatriés. 5, rue Digonnet - 26000 VALENCE, organisée par le Cercle algérianiste Drome/Ardèche - Entrée gratuite - Un repas (facuhatit) suivra. Inscriptions au 04.76.54.15.34 ou 04.76.47.55.43

- Dimanche 5 Juin, 15h, au " Centre Azur ", 149. av du Nid - PORTISSOL - 83110 SANARY sur Mer (Tel. 04.94.74.18.87), organisée par l'Amicale de Zéralda, sous la Présidence de Madame la Colonel JEANPIERRE et de Monsieur Claude GUISS. dernier Maire de Zeralda.
Cette conférence se déroulant dans le cadre du rassemblement annuel des ZERALDEENS, les 4 et 5 Juin, au " Centre Azur ", revêtira, cette année, une importance particulière puisque la légion sera conviée. Toute personne désireuse de participer à ces journées. notamment aux repas, est priée de s'adresser à Mme Danielle PACOME - Tel. 04.94.07 26.17 ou 04.94.07.31.03

- Samedi 7 Mai, 15h, Hôtel Ibis - PAU LESCAR - Rocade Est Ouest, route de Bayonne - Avenue Santos Dumont - 64140 LONS (Tel. 05.59.62.90.90), organisée par le Cercle algérianiste de PAU - Entrée gratuite Un repas (facultatif) à 12h30 précédera la conférence. Inscription au 05.59.06.25.74

          De l'Indochine à l'Algérie. le conférencier évoque le vécu, l'héroïsme et les sacrifices de ces légionnaires. Fils de France non par le sang reçu mais par le sang versé. Ces soldats-loups à la démarche souple de félins dont l'uniforme collait comme une peau de bête. accoutumés à la chasse et au guet. infatigables dans le chaos minéral de l'Aurés. acceptaient le défi de la guerre dans les défilés étroits comme des pièges, sur les pilons enneigés ou brûlés par le soleil. dans l'enfer du désert où le monde mort a chassé celui des vivants. Ces hommes "soldats pour mourir " constituaient le plus beau régiment du monde ; jalousés, admirés et vénérés parce qu'ils étaient capables de mourir avec panache en criant : " Vive la Légion ! "

          ... Puis il y eut le 22 avril 1961 et le soulèvement des meilleures unités combattantes dont le 1er RFP était le " fer de lance "... sa dissolution et celle des plus belles unités parachutistes... le "cessez-le-feu " et la fin tragique de l'Algérie française... Le génocide des harkis commençait...

José Castano       

UNE INNOVATION
dans la recherche des Amis Pieds-Noirs
Envoyé par M. Jacques Abbonato
Pour se faire une opinion, le mieux est de l'essayer...
Alors rendez-vous à : http://www.repertoirepn.net/


LES ECHOS DIVERS
Par les VIGIES DU NET
1) Commémoration de la mort des colonels Amirouche et SI El-Houas
Tassaft Ouguemoune leur rend hommage
Par : RADAR (Edition du 28/3/2005) Liberté-Algérie

      À l’occasion du 46e anniversaire de la mort des colonels Amirouche et Si El-Houas, des festivités commémoratives se tiennent depuis hier au village Tassaft Ouguemoune. Le programme concocté par les autorités locales, les comités de village, l’ONM, l’Onec et les associations culturelles et sportives de la commune d’Iboudrarène prévoit une conférence-débat sur la Révolution algérienne, des chorales, des exhibitions de judo et d’aïkido ainsi qu’un cross interécoles. La journée d’aujourd’hui sera marquée par le dépôt d’une gerbe de fleurs au Carré des martyrs du village Tassaft Ouguemoune et la remise des prix aux participants.

      NDLR: Au moment où la France permet que ses officiers qui se battaient en Algérie soient insultés et traduits en justice, l'Algérie commémore Si El Houyas ( Aurès ) et Amirouche ( Kabylie). Celui-ci est l'auteur de la purge la plus sanguinaire dans les rangs même du FLN.

      Lisez attentivement ces pages d'un forum kabyle et vous comprendrez que rien n'est résolu depuis que la France est partie:

      Lettre ouverte d'un Kabyle aux Imazighen des Aurès------------
http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=314%20-%2029k

"Bonjour/Azul, Parmi l'élite chouia, on peut dresser une longue liste d'intellectuels qui se complaisent dans le statu Quo. D'autres, moins nombreux, sont connus via leurs contributions majeurs à la comréhension de l'Histoire, de la culture et de la civilisation amazigh. Espèerons que cet appel soit entendu, notamment par Slimane Ben Aïssa, Med Harbi, yabdas Amghestan, Amar Negadi, Hicham Aboud. Azul,
On le sait maintenant que la guerre de libération de l'Algérie avait commencé simultanénement dans les Aurès et en Kabylie, les deux grandes régions amazighophones et montagneuses du pays. Elle fût également possible grâce à une alliance Aurès-Kabylie.
Malheureusement l'ingérence panarabiste (nassérisme et baathisme) a confisqué l'indépendance de l'Algérie en remettant le pouvoir à l'armée des frontières. Pour réussir ce complot, il fallait à tout prix casser l'alliance Kabylie-Aurès. C'est ainsi que les colonels Amirouche (Kabylie) et Si el Houas (Aurès) furent "donnés" à l'armée française par l'armée des frontières acquise à Nasser. Celui-ci avait auparavent donné l'ordre au chef des services secrets égyptiens (Fathi Dhib) de liquider l'idéologue du FLN : Abane Ramdane. On se rappelle que le projet de société proné par Abane Ramdane était celui d'une Algérie Algérienne, i.e. avec ses composantes amazighophones et arabophones. Ce projet était aux antipodes de celui des panarabistes qui eux voulaient "se substituer au colonialisme français" en faisant de ce pays un "pays arabe et musulman". Depuis donc qu'ils ont procédé à une véritable coup d'état en 1962 contre les vrais révolutionnaires algériens et le GPRA, ils se sont évertuer à : éradiquer tout ce qui peut rappeler l'amazighité de ce pays (arabisation des villes berberes, suppression des radios Kabyles et chaouis, interdiction des prénoms amazighs, changement du nom de la JSK, etc...) ; faire un nettoyage "éthnique" (guerre en Kabylie en 1963 contre FFS) ; Appauvrissement extrême des deux régions :aucun investissement pendant 40 ans dans les Aurès et en Kabylie ; Liquider tout dirigeant politique ou militaire venant de ces deux citadelles amazighs : Tahar Zbiri, Saîd Abid, Krim Belkacem, Mohamed Khider, etc... ou à les exiler tels Aît ahmed, Boudiaf, Med Harbi, etc... À faire taire toute élite intellectuelle de ces deux bastions amazighs : Kateb Yacin, Mouloud Mammeri, etc... Et enfin et surtout A PLANIFIER UNE DIVISION SCIENTIFIQUE DES KABYLES ET DES CHAOUIS POUR ASSOIR UNE DICTATURE ARABO-BAATHISTE d'abord et ARABO-ISLAMISTE ensuite. La stratégie machiavélique du pouvoir consistait à entretenir une "guerre fratricide secréte entre les Kabyles et les Chaouis" par sécurité militaire interposée.
Les agents Kabyles devaient s'occuper des Aurès, et les agents Chaouis s'occuper de la Kabylie. Les uns étaient taxés de "Qbayli lkarouch, Qbayli elfayeh", les autres étaient des "BTS". Les uns étaient accusés "d'être manipulés par la France", alors que le pouvoir lui même avait permis à la France de poursuivre ses essais d'armement chimique à Colom Béchar (base B2 Namous) jusqu'à tous récemment. Les autres étaient accusés "d'avoir accaparés l'armée".

Bref, le complot semble avoir bien réussi pour le pouvoir dictatorial puisqu'à la longue une "méfiance" existe bel et bien entre les deux communautés. En s'attaquant à tout ce qui est authentiquement algérien, c'est à dire en détruisant le dénominateur commun des Kabyles et des Chaouis (amazighité), les stratèges du pouvoir ont poussé les Kabyles plus vers le projet de société d'une Algérie laïque et ouverte sur l'Occident, et les Chaouis plus vers le projet de société d'une Algérie arabo-islamiste et parti intégrante du "monde arabe". On se souvient de la fameuse déclaration choquante de l'écrivain Tahar Ouattar après l'assassinat de Tahar Djaout où il disait que c'était une "perte pour sa famille et la France".

Les fanatiques islamistes, monstres enfantés par le pouvoir et dont le projet de société est le même que celui du pouvoir (une république islamique) concentrent leur massacre sur ces deux bastions amazighs parce que ce sont les seuls à même de déjouer leur plan.

Il est donc temps que les Kabyles et les Chaouis fassent leur "auto-critique" , et qu'ils tentent de renouer le dialogue afin de rétablir des rapports de confiance mutuelle. Ils représentent la colonne vértébrale de l'Algérie, et seule une nouvelle alliance Aurès-Kabylie pourrait mettre fin à la crise, au fanatisme et au terrorisme qui a déjà fait plus de 200 000 victimes. Cette nouvelle alliance Kabylie-Aurès permettre de remettre l'Algérie sur son véritable socle, et de redéfinir le projet de société en l'arrimant sur les réalités algériennes notamment l'amazighité."
Vos

(envoyé par Pierre Barisain)

2) Je demande pardon aux chrétiens pour les crimes de l'Islam

Libres propos Librespropos@groups.msn.com
e : warda (Message d'origine) Envoyé : 18/03/2005 15:19

Message tiré du site et forum ci-dessous
http://groups.msn.com/Librespropos/general.msnw?action=get_message
&mview=0&ID_Message=102026&LastModified=4675515070357036261


Il accuse le ministre Mohamed Chérif Abbas d’être lui-même un “faux maquisard” et Saïd Abadou d’être responsable du trafic des attestations communales en prévision du congrès.

et pourtant plus islamophobe que moi tu meurs ! Je demande pardon pour ce qui suit, et aussi pour tous les crimes perpétrés par les musulmans contre les dhimmis depuis 14 siècles...à propos pourquoi le dernier livre de Bat Yeor, "Eurabia : l'axe euro-arabe" n'est il disponible nulle part en France ?

"L'église Jean XXIII, située dans le quartier " sensible " du Plateau,à Sartrouville, a été sévèrement endommagée par le jet de six cocktails Molotov dans la nuit de samedi à dimanche. Bien évidemment, Dominique de Villepin n'a pas tenu à se déplacer pour manifester son indignation, ni Matignon, ni les instances de l'UMP qui n'ont pas publié de communiqués outragés…
Après tout, il faut dire aussi que cette église était une provocation, en plein Dar al-islam, comme ça, quelle outrecuidance !
Si on moins cela pouvait faire revenir le clergé français sur ses absurdes et suicidaires principes d'oecuménisme... Il faut se le dire : l'islam ne tolère par la présence d'autres religions sur son sol.
Combien d'églises en Arabie Saoudite ? Au Koweit ? Au Soudan ? Combien d'églises incendiées, de chrétiens massacrés dans les zones de conquête islamique, en Afrique centrale, en Indonésie, en Tchétchènie, en Inde ?"


3) Secret de polichinelle dans l’affaire Khalifa

voir http://www.proche-orient.info/images/img_pages/surtitre_racisme.gif 25 mars 2005 / 14 h 05
Finkielkraut, Kouchner, Taguieff, Ghaleb Bencheikh font partie des signataires d'un appel pour dénoncer des "ratonnades anti-blancs" lors des manifestations lycéennes

AFP – Paris. Des personnalités, dont Alain Finkielkraut, Jacques Julliard et Bernard Kouchner, ont signé un appel, publié vendredi à l'initiative du mouvement sioniste Hachomer Hatzaïr et Radio Shalom, dénonçant des "ratonnades anti-blancs" lors des récentes manifestations lycéennes.

"Il y a deux ans, le 26 mars 2003, quatre jeunes du mouvement Hachomer Hatzaïr venaient de se faire agresser en marge d'une manifestation parce qu'ils étaient juifs, rappelle le texte. Aujourd'hui, les manifestations lycéennes sont devenues, pour certains, le prétexte à ce que l'on peut appeler des "ratonnades anti-blancs". Des lycéens, souvent seuls, sont jetés au sol, battus, volés et leurs agresseurs affirment, le sourire aux lèvres, "parce qu'ils sont français"", poursuit le texte. "Ceci est un nouvel appel parce que nous ne voulons pas l'accepter et parce que, pour nous, David, Kader et Sébastien ont le même droit à la dignité". Il ne s'agit pas, pour nous, de stigmatiser une population quelle qu'elle soit, ajoute le texte. Il s'agit d'une question d'équité. On a parlé de David, on a parlé de Kader mais qui parle de Sébastien ?"
Les initiateurs de l'appel ont fait état, au cours d'une conférence de presse, d'une liste de 1.000 premiers lycéens signataires et du soutien de plusieurs personnalités, parmi lesquelles le philosophe Alain Finkielkraut, le journaliste Jacques Julliard, l'ancien ministre Bernard Kouchner, l'historien Pierre-André Taguieff, le journaliste Ghaleb Bencheikh.
Alain Finkielkraut, présent à la tribune de la conférence de presse, s'est défendu d'avoir voulu "stigmatiser une catégorie" mais a dénoncé "un mouvement de haine judéophobe et francophobe" tel qu'il s'est exprimé, selon lui, pendant la manifestation lycéenne à Paris le 8 mars dernier.
"La francophobie se répand comme la judéophobie et ne s'en distingue pas", a-t-il dit. "Il y a un ressentiment monstrueux qui s'exprime aujourd'hui en France". "C'est la bataille Farrakhan qui nous pend au nez", a-t-il ajouté se référant à Louis Farrakhan, leader aux Etats-Unis du mouvement raciste noir "Nation of Islam".
"Juifs et Français sont mis en cause conjointement", a-t-il répété soulignant que "la dénégation mène au pire", en évoquant la présidentielle d'avril 2001 qui avait vu le dirigeant du Front National Jean-Marie Le Pen arriver en deuxième position.


(envoyé par Pierre Barisain)


MESSAGES
S.V.P., lorsqu'une réponse aux messages ci dessous peut, être susceptible de profiter à la Communauté, n'hésitez pas à informer le site. Merci d'avance, J.P. Bartolini

Notre Ami Jean Louis Ventura créateur d'un autre site de Bône a créé une nouvelle rubrique d'ANNONCES et d'AVIS de RECHERCHE qui est liée avec les numéros de la seybouse.
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De Mme Galèa hélène

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Adresse : jp-gaudin@wanadoo.fr

De Mme Michèle Roque

Bonjour,
Avec ma soeur Michele, nous avons été très surprises et ravies de trouver votre site (M. Ventura), merveilleux d'ailleurs.
Nous pensions avoir tourné la page....il n'en est rien malheureusement et heureusement pour nos enfants
Je me présente: Je suis de la Famille ROQUE qui n'a rien à voir avec le disquaire sous les arcades - Non, mon père travaillait à la Minoterie Saint Augustin en tant que Directeur - et les bureaux se trouvaient en face du nouveau théâtre au dessous de la charcuterie ciantar -
Je suis la dernière d'une famille de quatre filles et la première a 70 ans, mariée à un Jourdan de Morris, la deuxième Colette Mariée à Vincent Buono de Bône, ma soeur Michele a 58 ans et moi meme 57 ans...mariée à un Oranais.
Ma mère de la Famille des Foucou-Chiarelli, très connu puisque Ils possédaient le Continental Hôtel dans les années 1936 et dans les années 50 et 60 - le restaurant très connu tenu par mon oncle Edmond Chiarelli - Le LAVANDOU au Lever de l'aurore et un autre restaurant de Paris en face du théâtre - (qui faisait le coin)
Nous habitions au 9 rue thiers - anciennement rue de l'ancienne sous Préfecture -
L'immeuble était connu puisqu'il y avait la clinique du docteur tcherny - BIRKUI - épicerie en gros - la Pharmacie CASANOVA - cet immeuble se trouvait juste en face de la rue Maillot qui débouchait sur le marché couvert -
Après nous habitions au Lever de l'aurore - villa en face de la place du restaurant MAJESTIC - et j'aimerai bien revoir Christian....qui se baignait avec nous - et PALEO aussi
Merci de transmettre ce message - et voici mon adresse internet hmpersonnel-piednoir@yahoo.fr
Adresse : hmpersonnel-piednoir@yahoo.fr

DIVERS LIENS VERS LES SITES

Chers amis
Le collectif Guelmois vous invite à visiter son site sur la nouvelle adresse
Vous retrouverez votre site sur la page des sites Pieds-Noirs des Pyrennées Orientales, avec Bône et Palikao à l'adresse suivante :
http://www.piednoir.net
Pour le collectif GUELMA FRANCE, le webmaster
gilles martinez
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Bonjour,
Une petite merveille de livres sur l' Histoire de l' Algérie à télécharger et notamment dans répertoire "RESERVE" liste des ouvrages et page 48 : le livre d' Or de l' Algérie
http://www.algerie-ancienne.com/livres/livres.htm
Un grand merci à M. Spenato pour ce travail considérable.
Bien cordialement
Marie-Noelle Escoffier
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le site de Bône de notre ami Jean Louis Ventura a été mis à jour
partie retrouvailles le toit collectif bônois
la marine en Algerie ajout de photos de monsieur Bonhomme son père a fait son service militaire a Bône
http://perso.wanadoo.fr/jlvbone/
Une visite à réserver.
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Bonjour, je suis en train de développer des photos
et de construire un site à cette adresse: http://pompiste.free.fr/
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Bonjour, je vous invite à découvrir le site de la Colonne à Bône
http://perso.wanadoo.fr/gabyroux.bone/accueil.htm

Ca vaut un petit détour amical. Gabriel Roux, son créateur
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Le site d'Armand Belvisi,Armand Belvisi - L'heure de sa Vérité ; Son Combat ; Ses Images, Ses Revendications ; Son Message ; Son Proces, La Prison ; Son Temoignage ; Ses Actions ; Les Reconnaissances ; Le Film De La Verite ; Son Appel A La Jeunesse ; Son Livre
http://www.armand-belvisi.com/

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Eglise catholique d'Algérie, si vous voulez savoir...
http://www.ada.asso.dz/sommaire.htm

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MISE A JOUR DES RUBRIQUES
  1. Rubrique "Pieds-Noirs Armée" : deux photos de Marc Spina
  2. Rubrique "Algérithéque" : Deux Resumés de livres
  3. Rubrique "Où sont-ils ?" : une nouvelle rubrique consacrée à Duzerville par Thérèse Sultana
  4. Rubrique "Où sont-ils ?" : 2 photos de garçons par Marc Spina
  5. Rubrique "Où sont-ils ?" : 9 photos de filles par Jacqueline Castaldi
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  7. Rubrique "Insolites" : Mise à jour des medecins et sages-femmes et ajout des notaires

Premier jour d'école dans une classe américaine.
Envoyé par Josian OLIVIER

L'institutrice présente à la classe un nouvel élève, Sakiro Suzuki. L'heure de cours commence.
L'institutrice :
- Bon voyons qui maîtrise l'histoire de la culture américaine.
- Qui a dit : "DONNEZ MOI LA LIBERTE OU LA MORT ?"
Pas un murmure dans la salle...
Suzuki lève la main : "Patrick Henry, 1775, à Philadelphia."
- Trés bien Suzuki !
- Et qui a dit : "L'ETAT EST LE PEUPLE, LE PEUPLE NE PEUT PAS SOMBRER ?"

- Abraham Lincoln, 1863 à Washington, répond Suzuki.
L'Institutrice regarde le reste de la classe et dit :
-"Honte à vous ! Suzuki est Japonais et il connaît l'histoire américaine mieux que vous !"
On entend alors une petite voix au fond de la classe :
- Allez tous vous faire f...... connards de japonais !
- Qui a dit ça ? s'insurge l'institutrice. Suzuki lève la main et sans attendre, dit :
- Général Mac Arthur, au canal de Panama en 1942 et Lee Iaccocca en 1982 lors de l'assemblée générale de Général Motors.
Dans la classe plongée dans le silence, on entend un discret :"y'm'fait vomir..."
L'institutrice de hurler : " Qui a dit ça ?"
Et Suzuki :
- George Bush Sénior au Premier Ministre Tanaka pendant un diner officiel à Tokyo en 1991.
Un des élèves se lève alors et crie : pomp'moi l'gland !!!
Et Suzuki, sans ciller :
- Bill Clinton à Monica Lewinsky, 1997 dans le bureau ovale de la Maison Blanche à Washington.
Un autre élève hurle alors :
- Suzuki espèce de merde !
Et Suzuki : Valentino Rossi, lors du Grand Prix Moto en Afrique du Sud en 2002 .
La classe tombe littéralement dans l'hystérie, l'institutrice perd connaissance, la porte s'ouvre et le Directeur de l'école apparaît.
- MERDE j'ai encore jamais vu un bordel pareil crie ce dernier !!!
Et Suzuki : " CHIRAC, aprés s'être vu remettre les comptes de la Sécu par le Premier Ministre RAFFARIN ...


Vous venez de parcourir cette petite gazette, qu'en pensez-vous ?
Avez-vous des suggestions ? si oui, lesquelles ?
En cliquant sur le nom des auteurs en tête de rubrique, vous pouvez leur écrire directement,
c'est une façon de les remercier de leur travail.

D'avance, merci pour vos réponses. ===> ICI


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