N° 29
Avril

http://www.bartolini.fr/bone

Les Bords de la SEYBOUSE à HIPPONE
1er Mai 2004
jean-pierre.bartolini@wanadoo.fr
http://www.seybouse.info/
LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD
se trouve dans la page: La Seybouse,
Numéros Précédents: 1 , 2 , 3 , 4 , 5 , 6 , 7 , 8 , 9 , 10 , 11 , 12 , 13 , 14 , 15 , 16 , 17 , 18 , 19 , 20 , 21 , 22 , 23 , 24 , 25 , 26 , 27 , 28 ,
EDITO

LA PISTE AUX ETOILES

        Au cours de notre existence nous traversons des périodes tragiques, et depuis quelques mois nous voyons partir nombre de nos Amis.

        Quelles que soient les causes, la perte d'un être cher est l'épreuve la plus cruelle que l'on puisse vivre.

        On ne guérit jamais de la perte de cet être, mais on ne peut rester triste à vie. On doit garder un lien avec nos cœurs et intégrer cette disparition dans notre vie quotidienne et surtout reprendre goût à la vie car pour nous aussi le temps est compté.

        Pour l'avoir vécu trop souvent, hélas, je comprends le vide laissé par celui qui part et respecte la violence de l'état de choc ressenti par les proches. Face à ce désarroi, la présence et le soutien des amis sont indispensables dans les premiers temps. Puis la terre continue de tourner, l'exil et la douleur des restants doivent faire place à la réalité implacable.

        La mort fait partie de la vie, c'est un cycle. Accepter cette idée, car personne n'y échappe c'est se rendre compte que nous ne sommes pas grand chose sur l'immensité de notre planète ou de notre cirque interplanétaire. Une simple graine qui a un temps de vie plus ou moins long au travers de ce voyage. Dans une société où tout ce qui touche la disparition ou la mort est banni des discours officiels, il n'est pas aisé d'en faire son deuil et d'accepter que la mort est au bout du voyage.

        Dans notre langage Bônois, les morts sont toujours mis à toutes les sauces et à toutes les contributions. C'est bien la preuve qu'ils sont en nous, que le cycle fonctionne bien car eux aussi ont semé la graine que nous sommes.

        Roger, aussi homme du cirque, est arrivé au bout de son dernier voyage et il a rejoint nos autres êtres si chers à nos cœurs sur la "Piste du Grand Jardin des Etoiles" de notre galaxie.
        Ainsi va la vie.

        Diobône, par tous les morts.
        A tchao.

J.P. Bartolini        

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LES CHRONIQUES BONOISES
Par René VENTO
Numéro 15

L'idée géniale de Paris-Soir

        Un jour funeste de 1942, une bombe tomba sur le théâtre de Bône. Très endommagé, l'édifice resta debout mais ferma ses portes au public. Cependant, lorsque la guerre fut finie, un cabaret fut aménagé au rez-de-chaussée. Dans ce cabaret, disaient les mauvaises langues, de jolies créatures pouvaient à l'occasion rendre les mêmes prestations qu'au Chat Noir mais à un tarif plus élevé en raison du cadre culturel dans lequel se déroulaient les ébats. Aussi, ce cabaret était-il fréquenté par ceux qui avaient les moyens.

        Un après-midi de l'an 1949, monsieur Tanoute, commerçant de la rue neuve Saint-Augustin, s'échappe furtivement de son magasin et se dirige vers le cabaret afin d'y passer un agréable moment.
                Une demi-heure plus tard sa femme, s'apercevant de son absence, se plante devant son magasin et braque son regard en direction du cabaret d'où elle espère voir sortir son polisson de mari afin de le prendre en flagrant délit de dévergondage.
                Monsieur Tanoute, sa besogne accomplie, s'apprête à sortir du cabaret lorsqu'il aperçoit sa femme qui l'attend de pied ferme. Il mijote alors une stratégie qui va lui permettre de sortir du cabaret sans être vu par son épouse. Pour cela, il demande à un serveur d'aller quérir une calèche stationnant le long de l'allée Est du cours Bertagna. La calèche démarre, fait un demi-tour sur la gauche et se place devant l'entrée du cabaret. A l'abri du regard de sa femme, le mari volage s'engouffre dans la calèche qui démarre, descend en longeant l'allée Ouest du cours, tourne à gauche au niveau du Maxéville, remonte du côté Est du cours avec les arcades à sa droite et enfin tourne à droite pour s'engager dans la rue neuve Saint-Augustin. La calèche s'arrête devant le magasin et monsieur Tanoute, confiant dans son stratagème, descend avec un sourire innocent tandis que sa femme commence à faire tournoyer un rouleau à pâtisserie au dessus de sa tête.
        - D'où c'est que tu viens, grand fumier ? lance t-elle à son mari.
        - Crie doucement aussinon j'va devenir tchégate des oreilles ! répond monsieur Tanoute.
        - Où t'ias été espèce de falso ? les cornes elles me poussent, s'exclame madame Tanoute en baissant le ton.
        - J'ai été faire le tour des plages en calèche car aujourd'hui l'air de la mer elle est bonne diocane, avoue le mari.
        A cet instant passe un célèbre marchand de journaux, surnommé Paris-Soir.
        - Zotche y a cinq minutes devant le théâtre j'ta vu et déjà le tour des plages t'ias fait ! crie Paris-Soir de sa voix rauque tout en postillonnant.
        - Caisse de mort, tout le travail tu m'as cassé, chuchote monsieur Tanoute, le visage écarlate, dans l'oreille du vendeur de journaux.
        A ces mots, Paris-soir comprend qu'il vient de faire une gaffe dont les conséquences seront graves. Non seulement il risque de briser un ménage mais aussi il va perdre son meilleur client de la Loterie Algérienne ! Une idée géniale lui vient alors à l'esprit : il se hisse sur le siège du cocher, brandit un journal plié en deux et se met à haranguer les passants :
        - Record de vitesse à Bône, une calèche elle a mis cinq minutes pour faire le tour des plages et revenir !

        Autour de la calèche les badauds attendaient que Paris-Soir descende pour acheter le journal afin d'y lire le reportage du fabuleux exploit. Mais notre Paris-Soir restait comme pétrifié sur la calèche car, tant que les époux Tanoute étaient encore présents, il devait continuer à rendre crédible cette stupéfiante nouvelle.

                Parmi ces badauds, il y avait un certain Diopèpe, ingénieur aux CFA (chemins de fer algériens). Il sortit de sa poche un crayon et un carnet sur lequel il nota le raisonnement suivant :
        " Cinq minutes pour faire le tour des plages et revenir, soit un trajet de 20 km environ, cela fait 240 km/h. Si une calèche elle peut faire 240 km/h avec un cheval, alors un train, avec quelques centaines de chevaux (vapeur), il peut encore aller plus vite. "

                En 1962, monsieur Diopèpe fut nommé à la SNCF tandis que Paris-Soir arpentait la Canebière pour y vendre " Le Méridional ". Monsieur Diopèpe, devenu directeur de la SNCF, suggéra l'idée d'un train roulant à plus de 240 km/h.
        A l'instar de Bône qui eut sa CGV ( calèche à grande vitesse) en 1949, la France eut enfin son TGV en 1985.

                L'idée géniale de Paris-Soir a donc été à l'origine d'une des plus grandes réalisations techniques de notre époque. Certains prétendent que c'est De Gaulle qui a eu l'idée du TGV : on n'est pas à un mensonge près !!!!!

Le théâtre et la calèche sous le regard malicieux de Paris-Soir
(création de René VENTO)


SOUS LE SIGNE DU MARTEAU
Gabriel PALOMBA,
Histoire de cerveau et de larynx
N° 6 de Juin 1950
de M. D. GIOVACCHINI
Envoyé par Georges Bailly


        Les Communistes, riches en vocabulaire, qualifient souvent leurs adversaires de " vipères lubriques ". Un mot bien ouaté de fine courtoisie !
        Et la " vipère lubrique " que je suis s'adresse à l'Ange Gabriel, avec toute la dévotion que l'on doit aux Gens du Ciel.
        Je connais PALOMBA depuis son jeune âge. Il fit ses premières armes, dans cette salle pauvre et froide de la Rue Montpensier, sous la houlette du " traître "
        - Dieu ! pardonnez-moi que je suis.
        L'élève n'était pas fort intelligent, mais il avait de la bonne volonté et promettait de devenir un " dur ".
        Il reste dur. Mais déjà il est suspect, parait bien " mou " et se trouve en surveillance spéciale depuis Gennevilliers.
        Un " dur " trouve toujours un plus " dur " qui l'épure.
        Gabriel n'est cependant pas sans qualités et sans mérites.
        Court sur pattes, un visage sans aucune caractéristique de finesse et de placidité, un sourire sarcastique qui dépouille l'homme de tout attrait, il reste pourtant plein de vitalité et d'allant.
        Bien qu'ayant troqué le bleu prolétarien pour le complet veston traditionnel du fonctionnaire, il est propre et même coquet quand il veut.

        Beaucoup d'ordre dans son emploi du temps, ses archives. Et il travaille Gabriel ! Combien d'heures, combien de nuits même n'a-t-il pas passées à éplucher, à classer les rapports, les ordonnances du " Centre " ! Il a lu, il a entassé; il a relu et ressassé sans relâche tout ce qu'il ne savait pas et qu'il lui fallait débiter là où le Devoir du " Parti " l'appelait !
        Je souhaite de tout cœur que tous les ouvriers manuels et même intellectuels fassent le même effort que PALOMBA ; qu'ils lisent autant que lui et qu'ils s'instruisent comme lui. Il peut se flatter du savoir qu'il a acquis et bien des pontifes locaux pourraient lui envier ses connaissances dans le domaine politique, social, économique et syndical.
        Gabriel n'est pas sans éloquence. Devant un auditoire calme et attentif, il " posséderait " PANTALONI, MUNCK, ALOI, PANCRAZI, et sans peine.
        Seul, René MAYER, le mettrait knock-out en quelques phrases ! Parce que l'homme des banques a de l'esprit et que le " responsable ", communiste confond trop souvent le larynx avec le cerveau.
        Par ailleurs, le disciple, ne fait que réciter, à la seconde indiquée, les leçons dictées et dactylographiées de la " Région " ou du " Centre ".
        Les Communistes n'ont plus leur libre arbitre : ils obéissent à la loi du knout spirituel qu'est l'Evangile de St-Joseph STALINE.
        Gabriel, mon cher camarade, écoute-moi bien.
        En parlant de moi, vous vous mordez l'index, en regrettant d'avoir été mes élèves. C'est vous qui le dites.
        " Ah ! S'il était resté avec nous ", ajoutez-vous avec une certaine colère faite de déception.
        On m'impute tant de paternités ! Je fini par croire que je suis coupable d'adultères multiples.
        BORRA, PALOMBA, des militants que j'ai paraît-il élevés et guidés, puis abandonnés, en père ingrat, ne seraient que des fils adultérins.
        Et pour compléter la liste de mes actes incestueux, je reconnais même avoir donné le jour au parti radical bônois. Vincent FRULO en est témoin.
        Après tant d'enfantements, j'ai " tourné ". Et mal tourné.
        D'abord, ne tourne pas qui veut. Mais je ne, veux pas citer ce vieil adage : " il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas ". C'est d'un usage trop facile et trop usuel.
        Mais, dans l'art de " tourner ", les Communistes excellent. Ils sont plus forts que le tournesol et gagnent en vitesse giratoire le temps et l'espace.
        Ah ! la belle, main pieuse de THOREZ tendue aux Catholiques !
        Et le criminel baiser du père des peuples. à HITLER !
        Et la " Marseillaise " remplaçant l'" Internationale " !
        Et le Kominterm supprimé pendant la guerre parce qu'on avait besoin de l'Amérique.
        " Travaillez, travaillez toujours, disaient DUCLOS et THOREZ, aux ouvriers en état d'alerte. Produisez davantage. Il faut savoir terminer une grève ".
        Il faudrait des volumes pour dénombrer leurs variations de tactique et de doctrine.
        Mais le but est demeuré invariable : affaiblir la France et semer la haine parmi les, hommes. Sur le plan local, PALOMBA, prenant le bras de BORRA, lui disait pour charmer mes oreilles - cela se passait rue Sadi-Carnot - : " Vous serez toujours Maire de BONE ". !
        Hélas ! le temps passe vite.
        Les Socialistes ne sont plus aussi, aujourd'hui, que " vipères lubriques " et je ne donnerai pas cher de la peau du député socialiste, le jour où le " parti des masses " prendra le pouvoir.
        Chez de simples mortels, " tourner " est un acte exceptionnel. Chez les enfants de chœur de STALINE, le même acte est un état d'âme normal.
        D'ailleurs, à la fin de cette série de brochures, j'étalerai " mes trahisons ". Je prouverai que mon seul tort fut d'avoir raison, et ma joie est grande quand elle provoque la colère des sectaires et des nigauds.
        Je ne dirai même pas comme des sots, que PALOMBA " ne travaille plus ", qu'il n'est qu'un parasite.

        Dans ce domaine, les bourgeois feraient bien de prendre de la graine dans l'organisation communiste.
        Ils ont de l'argent, ils ont le temps, ils ont les usines, et demeurent incapables, d'organiser leur action, de créer des équipes de permanents et de propagandistes. Et sans l'immense force morale qu'est l'Eglise, il y a, belle lurette que les ventres dorés connaîtraient la hauteur des réverbères.
        Il faut rendre justice aux Communistes. Leur discipline fait leur force, et leur violence faite avec le levain de la haine, aguerrit leurs troupes en leur conservant un perpétuel état d'esprit d'agressivité.
        En face d'eux, des bourgeois amorphes et invertébrés. Ceux-ci ne paraissent en général qu'en période électorale, armés de billets de banque, avec comme troupes de choc, des mercenaires et des soldats sans foi.
        Trouvez donc, dans les clans des satisfaits, des dévoués pour vendre seulement des journaux, pour coller, des affiches, et distribuer des tracts !
        C'est mal porté pour les repus que de descendre dans la rue, pour faire le coup de poing. Ma chère !
        Leur couardise leur vaudrait d'être pris au saut du lit, et d'être pendus avec art !
        Mais ce n'est pas pour défendre Ies végétariens des Banques et des Trusts que la grande majorité des Français fait la chaîne contre le Communisme.
        C'est parce que ce dernier est une menace contre la civilisation humaine et chrétienne, c'est parce que le danger slave est plus grave que ne le fut le danger hitlérien.
        La lumière, Gabriel, ne saurait, venir du pôle, du pays des glaces. Et la Russie peut disposer de la bombe atomique, Moscou peut avoir son métro - toujours en retard -, jamais elle ne laissera connaître à ses habitants le sentiment de la liberté de la justice et surtout de la fraternité.
        Le Russe - et l'élite ne fait pas la masse - n'est qu'une machine.

        Le Français veut demeurer un homme qui pense et qui agit sans, contrainte.
        Le Français n'a pas l'âme du moujik.
        La Russie peut avoir de grands écrivains, de grands artistes, de grands techniciens : la masse slave aura toujours un siècle de retard sur la civilisation française et européenne.
        La musique russe a orchestré des chœurs merveilleux ! pris isolément, chanteurs et artistes ont des âmes d'ilotes.
        Dites donc à un cellular de, notre douce France, d'aller vivre dans le paradis stalinien ? Il préfèrera s'incruster à la Cité Chancel ou à Joannonville ! Et pour cause.
        La guerre a bien tout bouleversé : les cœurs et les esprits. Un pays qui a connu le malheur est devenu un pays de mécontents.
        Et le tort, la grande faute du Communisme, c'est d'avoir exploité avec démagogie la misère et la souffrance. Un parti qui mise sa doctrine sur de bas sentiments matérialistes, faits de jalousie et de bestiale atrocité, n'a que la valeur d'une mode folâtre et passagère.
        Voyez le processus de la propagande stalinienne.
        On dit à l'ouvrier tout ceci : " Viens au Syndicat, on te parlera: d'union et de revendications professionnelles ". L'amorce est belle et légitime. Et puis on y va du couplet sur l'Amérique, l'Indochine, la trahison socialiste etc... On commande le sabotage de nos armements, on noie les puits de mines, on multiplie les provocations, on se livre à de petites manœuvres de grèves perlées ou tournantes, pour tâter le pouls d'une classe ouvrière toujours impulsive.
        Mais celle-ci finît par flairer le danger. Elle ne marche plus...
        Le mal serait plus efficacement enrayé si, on avait des gouvernants clairvoyants et énergiques.
        Nos Ministres tolèrent l'appel à la désertion et tremblent devant des commandos de guerre civile.
        La nouvelle féodalité moscoutaire est riche à milliards... C'est le trust de la barbarie. Ses grands Chefs qui ont de riches villas, de luxueuses autos, des valets, des poules de luxe et des gardes du corps font des ripailles et vivent sur le dos des malheureux syndiqués...

        Un exemple sur place.
        Nous avons à BÔNE un Syndicat de Dockers puissant et organisé.
        Le chef a une 302 flambant neuf. Et il chante la chanson : " Enfin, j'ai une auto ! Quel bonheur inattendu pour ce " damné de la terre ! ".
        Pensez-vous, ami lecteur, que ces Dockers soient communistes! J'affirme qu'il n'y a aucun !
        Seulement, ils suivent ! Et Bernard est prophète, c'est à dire profite en récoltant " gloire et promenades ".
        Si un Marabout venait demain sur les quais rappeler à ces braves gars que le Syndicat est en fait contre la Religion, j'ai bien la conviction que BERNARD-902, aurait ses repas bien troublés.
        Si également des acconiers tremblant de peur, faisaient leur devoir d'homme tout court, au lieu de flirter avec des militants communistes, on ne verrait plus de bateaux repartir à vide, et des profiteurs de sueur prolétarienne, prendre lieu et place des profiteurs capitalistes....
        Car, en somme, les princes du communisme vivent aujourd'hui sur le dos des cotisants. Et notre Bernard n'aspire qu'à une chose : devenir un nouveau TUCCI, sans même avoir les qualités d'un producteur ou d'un créateur.
        Gabriel, cher camarade, écouté bien.
        Tu fais ton métier. Parfait.
        Je ne veux pas suspecter ta sincérité. Tu ne peux plus changer pour l'instant. La profession fait trop souvent l'homme.
        Réfléchis cependant.
        Si vous nous laissiez la paix avec l'U.R.S.S., nous serions tous communistes.
        Contre le capitalisme, soit.
        Tous d'accord.
        Mais Français avant tout !

        Quand vous parlez du problème algérien, vous commettez, les plus enfantines et les plus criminelles hérésies.
        Si la France était absente, en Afrique du Nord, qu'adviendrait-il ? Une autre puissance la remplacerait, sans contestation possible.
        En raisonnant par l'absurde, il faudrait que nos nationalistes musulmans, P.P.A. ou Amis du Manifeste, connaissent la douceur du régime des Soviets. Je gage qu'ils ne demanderaient plus de slips dans leur geôle, et qu'ils n'auraient pas le loisir de faire la grève de la faim !
        Et si l'Algérie, privée de la tutelle française, se gouvernait d'elle-même, je gagerai également que fellahs et habitants des douars seraient bien plus malheureux sous la domination des féodaux indigènes que sous le régime de ceux que l'on appelle injustement les " colonialistes ".
        Gabriel, je t'aime bien. Et s'il est donc vrai que je fus ton " maître ", il te faudra m'écouter au moins par déférence. Je suppose encore qu'un communiste qui a perdu toute liberté d'esprit, conserve toujours l'élémentaire notion de la courtoisie et du respect.
        D'ailleurs, je sais que tu es aimable, et que tu n'as rien d'une brute encartée.
        Vous dites que la France n'a rien fait dans ce pays... Le mensonge est trop grossier. La Russie en fait bien moins : il y a belle lurette que les MESSALI et les BOURGUIBA auraient perdu l'usage de la parole. L'Angleterre même met les séditieux hors d'état de nuire et au nom de la Liberté S. V. P.
        Vous vous dites anti-racistes dans les meetings. Mais, isolément, vous dites en parlant des indigènes : " Si on les laisse faire, ils nous jetteront à la mer ". Chaque jour, en famille, dans le car, dans la rue, vos adeptes disent : " sale bicot ", expression lourde de honte et puant le plus sinistre des racismes.
        Ce vocabulaire n'est pas le nôtre, il n'est pas celui des citoyens qui donnent encore quelque Prix à l'éducation et à la véritable fraternité.
        Tu sais bien, PALOMBA, que les indigènes ne voteront pas pour vous. Alors, pourquoi cet entêtement dans l'excitation, dans la mise en panneaux de réclame des misères qui sont communes avec celles de tant d'Européens ?
        Tout simplement pour faire plaisir à I'U.R.S,S., pays du bagne, par excellence. Tout cela aussi pour nuire au régime républicain et affaiblir la France dans son prestige et dans ses forces les plus vives.
        Mais qu'avez-vous donc dans les entrailles pour vous donner une autre patrie que la France ?
        Alors que cette même France, libérée à peine des chaînes du malheur, essaie de se tirer, du chaos dans lequel le pacte germano-soviétique l'a plongée, vous nous donnez en exemple et le pays des ours et des fellahs de kolkhoze.
        Gabriel, mon camarade, approche de moi ta large oreille.
        Il m'arrive tous les jours de parler à un communiste, ou plutôt à un bon zig qui se croit communiste. Et je lui pose les questions suivantes sans commentaires.
        " Dis-moi vraiment, si tu aime mieux la Russie que la France ? ".
        - Oh ! non alors !
        " Dis-moi si tu as acheté un beau cierge à ton gosse qui fait sa première communion ? "
        Bien sûr, sa maman est si heureuse ! Tu es mon invité du reste.
        " Dis-moi si tu veux que les Français soient jetés à la mer par tous les nationalistes et ultra-racistes d'Algérie ? "
        " Dis-moi si tu veux que MESSALI ou FERHAT ABBAS soient Présidents de la future république algérienne ? "
        - Oh ! non alors ! Ce serait un malheur pour les chrétiens et surtout pour la masse indigène.
        Et j'enchaîne : " Pourquoi, alors, arbores-tu un drapeau qui n'est pas le tien ? "
        - Parce que, parce que... je ne sais, pas. Parce que si je ne vais pas au meeting, on dira que je suis un " jaune ". Parce qu'on m'espionne à l'atelier et à l'usine, et puis parce que n'ayant pas la force de réagir, on me fait hurler avec des loups. Parce que, à force d'entendre parler de St-Maurice THOREZ et de St-Joseph STALINE, j'ai fini par y croire.
        Mais, au fond de mon cœur, la France et Ste-Anne avant tout !

        Voilà, beau Gabriel, la vérité dans toute sa brutalité.
        J'abrège, car la place me manque.
        Quand je militais dans ma jeunesse, parcourant villes et villages, à pied, à cheval, parfois dans des pauvres autos bien poussives que l'on nous prêtait, avec un vrai bâton de pèlerin à la main, on ne recevait comme récompenses que représailles et gêne matérielle.
        J'aurais pu - et je m'excuse d'avoir à le dire - avoir de bonnes places et beaucoup d'argent.
        Si je n'ai pas d'autres fiertés à étaler devant des yeux voilés de haine et d'égoïsme, j'ai au moins celle de la probité.
        Le communisme et le socialisme ne payaient pas de, notre temps. Aujourd'hui, l'idéal n'est trop souvent devenu qu'un vil motif d'embauche. A nous les prébendes et les bonnes places, les délégations parasitaires et des appointements de rentiers !
        Gabriel, relis parmi tes papiers la vie des MEERHEIM, des GRIFFUELHES, des YVETOT, des LORIOT!
        Après leur journée de labeur, ils accomplissaient leur besogne syndicale. lis sont morts à la tâche presque toujours dans la misère. C'étaient des apôtres.
        Aujourd'hui, le métier de propagandiste et de " responsable" est devenu une sinécure. II faut une mignonne " 302 " à ce trop vertueux YACONO !
        Une auto ! Et pourquoi faire ? Pour percevoir la dîme, comme au temps des seigneurs, disent des ouvriers qui ne sont pas aveugles.

        Allons, allons, brave Gabriel, que ta prunelle retrouve donc vite une clarté plus vive.
        Tes bons copains t'appelleront ",traître " un jour proche. Donc, n'attends pas.
        Dis adieu à I'U.R.S.S. Sois communiste mais Français.
        Le jour où la classe ouvrière, consciente de ses devoirs beaucoup plus que de ses droits, ne parlera plus une langue de slave, le jour où vous direz " France d'abord, ", les René MAYER, les PANTALONI, les MUNCK et les TUCCI, ne pèseront pas lourd dans la balance sociale.
        Ne faites plus leur jeu.
        Si vous voulez les vaincre, unissez les prolétaires au lieu de les désunir. Mais en parlant " français " et toujours sous les beaux plis du drapeau tricolore.

        Gabriel, mon cher élève - puisque vous le dîtes - je te propose ceci : réunis le ban et l'arrière ban de tous les militants du parti. Je me présenterai en accusé devant eux, en tenue de " vipère lubrique ". Je serai peut-être intimidé, car il y a longtemps que je n'ai guère parlé en public, alors que ta voix est sonore et que ton cran est réel.
        Je viendrai seul. Je ne demanderai pas aux séides de MUNCK et aux nervis de PANTALONI - c'est ainsi que vous les appelez - de m'accompagner.
        Ils ne me réservent pas leurs tendresses, du reste, car ils savent qu'au fond, j'ai la classe ouvrière dans les moelles, dans la peau et dans le sang.
        J'exposerai, en enfant gêné, devant un si bel auditoire, mes faiblesses pour la girouette, et aussi les vôtres.
        Vous me répondrez, en faisant donner tous les ténors.
        Allez, chiche Gabriel.
        Tape cinq ! Et souris



Ça qu'on vous a pas dit … !
Christian AGIUS      N° 15
le Maltais de la route de Bugeaud,
y ramasse dans les poubelles…
ma, tombe de ses morts, c'est la franche vérité !!!

Ariel Sharon il est pas dans la rhla…
Il a une casserole pendue au therma à cause une histoire de pot de vin ac un affairiste israélien qui s'appelle…Appel !
Jusque là, y a rien d'extraordinaire pourquoi nos hommes politiques y z'ont tous des batteries de casseroles au cul.
Ma, dans le monde, quand un truand juif il a des ennuis ac la justice du pays où y vit, y s'ensauve vite en Israël ! C'est pas les exemples qui manquent, diocane !
Ma…… où Sharon y va s'ensauver, hein ???


Wolfovitz, cuilà d'la bande à Ba-Bush qui veut casser la fugure à tout le monde, il a une haute opinion des Espagnols !
Après la busherie de Madrid, il a déclaré à toutes les dépêches, même celle de l'Est : " les Espagnols sont courageux. La preuve, c'est qu'ils aiment les corridas "……
Isabelle la Catholique, Charles Quint, le Greco, Sainte Thérèse d'Avila, Cervantès, Vélasquez, Goya, Picasso, Miro, Dali, Garcia Lorca… c'est tous d'la matsame !!!


Le professeur Padioleau, de l'université Dauphine, il a fait une étude dessur " l'individualisme collectif des automobilistes français " dedans le cadre du programme public de recherche dessur les transports terrestres. Conclusion : y met en doute la validité des radars…
Diocane, ça n'a pas traîné : viré illico et tous les crédits tintin…


Pourquoi Perben, le Garde des Sots, il est resté au gouvernement n° 3 de Raffarin-et-Danube, alors que tout les espécialistes ils le donnaient partant ?
Cherche pas trop loin…
C'est Juppé qu'il a formé ce nouveau gouvernement qui gouverne rien du tout, pourquoi toutes les décisions importantes c'est les gatarelles de Bruxelles qui nous les imposent !
Donc ce Garde des Sots y……doit bien quelque chose à son bienfaiteur… En échange de quoi ???


Le département des Hauts de Seine y propose un " contrat d'accueil et d'intégration " en échange d'un permis de séjour aux estrangers. Ceux-là, y doivent s'engager à apprendre le français, celui de l'éducation nationale 1er haras de bourricots du monde, et d'assister à……UNE(!!) journée d'instruction civique !!! Quand tu déduis les pauses-pipi, la bouffe gratoss à midi et les temps de prière……

Fillon il a appelé cette trouvaille (là tu mets ta bouche en cul de poule pour l'imitation) : " la clef de voûte de la refondation de l'intégration dans le cadre de l'état républicain au pays de l'égalité "…


La banque de l'Algérie elle avoue…………………………………………… :
33 milliards de dollars US de réserve !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Diocane, comment l'Algérie elle arrive à 24 % de chômeurs par rapport à la population active et que les jeunes là-bas (60 % de la population a moins de trente ans) y z'émigrent… ???


L'Europe elle est en train de s'élargir… Et quand on s'élargit, on s'élargit même du cul……
10 nouveaux états qui rentrent y vont faire monter le nombre de langues officielles de 11 à 20. Pour les traductions entre toutes les langues, tu dois compter dessur 380 combinaisons possibles. Zotche ! Y a de l'avenir pour les interprètes, qui sont déjà 1200 et qui vont devenir…2190 !
Le budget prévu y va passer de 500 à 800 millions de zorros… fatalement à trouver dans ta poche, eh ! tanoute !


Les cireurs de pompes du journal L'iMonde et du Trombinoscope 2003 y zont sacré Nicolas Sarcloseille diplômé de " Sciences Po ".
La franche vérité, c'est qu'il est bien rentré en dedans cette école, ma qu'il en est ressorti tchoufa de diplôme……

Coca-Cola, l'arme de destruction massive, il a fait tchoufa ac le lancement en Angleterre de son eau minérale Dasani .
L'analyse demandée par les associations de consommateurs elle a conclu : eau du robinet, puisée dedans la Tamise !…

Tu vas m'espliquer : le dernier rapport de la Cour des Comptes y dit que l'INSEE y comptabilise 10,5 millions de retraités en France, alors que dedans le même temps la Sécurité Sociale verse 11,6 millions de pensions !!!
Diocanamadone, la différence elle doit être passionnante à étudier, tu crois pas ?


Ba-Bush, qui fait campagne dessur la défense des produits américains, il a acheté tous ses supports de campagne (t-shirts, casquettes, etc..) en……………………….Birmanie !


LE PLUSSE DES KAOULADES BÔNOISES (18)
La "Ribrique" de Rachid HABBACHI
MEMOIRE EN DOUBLE

         Moi, que j'ai, comme tout l'monde y sait une madone de mémoire qu'à de bon chais plus quoi z'en faire, j'me rappelle de tout ça que moi j'le veux et j'oublie tout ça que j'le veux aussi. Aga par exempe, quan c'est que j'étais à l'école, j'te dis pas laquelle ou lesquelles dedans j'étais pasque chais plus, à cause que tu ois, j'ai changé des écoles comme j'ai changé des chemises, deux fois par an des fois et des z'aut' fois trois tout ça, la faute à des maîtes qui z'ont jamais compris les choses comme moi je m'les comprends. T'y en as, y te compliquent tout, y te racontent comme ça que deux fois z'un deux, une fois deux, deux, un et un deux et quat' demis y te font deux et tourne et vire et tourne et vire tout ça pour tomber dessur la même chose que moi j'la sais, c'est que deux, c'est deux mais quan c'est toi qui dis ça, eh ben ! t'y as zéro pasqu'y faut en plusse espliquer comment que tu l'as eu, ce purée de résultat.
         Tu comprends main'nan pourquoi j'ai deux mémoires, tu vas te dire, mauvaise langue que t'y es, que c'est une mémoire pour faire chier l'aut' eh ben ! non, t'y as tout faux, j'ai deux mémoires pour, si que toi t'y en as qu'une, que tu peux te rappeler au moins ça que j'l'ai écrit au début c'est, une pour me rappeler et l'aut' pour oublier. En dedans la mémoire que j'me rappelle avec, j'ai mis tout ça que les tellectuels y s'l'appellent, la lettre à Arthur comme celle-là là, l'histoire où qu'y a une belle au bois dormant habillée tout en rouge….Où j'ai été chercher ça ? Va, va t'en ô tchouche, va demander au p'tit chapeau rond comment y s'est mangé une tannée de la part de la princesse qu'elle l'y a enlevé de force la galette, le pot du miel et même le chapeau de la couleur que tu sais et qu'après peut-ête, empoisonné par la galette, qu'y faut pas la confonde avec la kesra, elle s'a endormie jusqu'à y vient le prince la réveiller.
         Dedans tout ça que moi j'l'ai lu et écrit que par des macadémiciens, je me rappelle que de ça qu'y faut, comme la fin de l'histoire, comment y se sont mariés, comment y z'ont beaucoup des enfants et ça que j'l'ai oublié, c'est toutes les fôtes d'orthografle qu'y a dedans les texes, par exempe : au lieu de dire aga le, Terro (c'est l'auteur) y te dit regarde le…. Qué c'est ? Qué c'est ? Tu connais pas Terro ? à de bon ou à de rire ? pasque là comme t'y es , tu me tues. Terro il a écrit plein des histoires qu'on s'les appelle, à saouar pourquoi, les contes de Terro et en plusse pour pas qu'on s'l'oublie à cause qu'y en a qui savent pas lire, y nous z'ont fait une moto avec le même nom, tu ois que c'est bon pour la mémoire tout ça. Atso, pauv' malheureux misquinette, tu savais pas ? Eh ben ! main'nan tu sais et sans rien payer encore.
         Bon pour revenir un peu à nos motos, j'disais donc qu'y avait plein des fôtes et j'dirais même qu'y avait que ça mais les histoires elles sont tellement bonnes que bessif, tu pardonnes.

Rachid HABBACHI

KOTUKU
Envoyé par M. Albert Buono


Il est un héron blanc
De Nouvelle Zélande,
Si blanc, si rare,
Qu'en pays Maori
La légende le pare,
D'une existence
Aux couleurs de mystère.

Personne n'a jamais vu
D'où il arrive au printemps.
Il niche, solitaire,
Dans l'arbre millénaire,
D'une lagune triste.

Quand il part à l'automne,
Les Maoris affirment
Qu'il déserte son nid
Pour rejoindre le Ciel
D'où il était venu...

Heureux ceux qui le voient!
Mais on ne peut le voir
Qu'une fois dans sa vie ...

Pourquoi t'ai-je aperçu
Si tôt
Kotuku ?
Bel oiseau dont personne ne sait
Où tu nais
Ni même si tu nais
Ni si tu meurs,
Ailleurs
Que sur la Terre.

Adieu
Kotuku
Beau héron blanc de ma légende
Je ne te verrai plus ...

Pourquoi t'ai-je aperçu
Si tôt, si loin ?
J'ai encore tant d'années à vivre !
Tant de chemin à parcourir
Sans blanc
Sans fin !


" LE PARDESSUS DE SAINT-SAËNS "
Par MENIPPE du Réveil Bônois 25 novembre 1935
Envoyé par M. Pierre Latkowski

        On a commémoré, le 9 octobre dernier, le centenaire de la naissance du grand compositeur Camille Saint-Saëns et 1es journaux, à cette occasion, ont publié mainte anecdote le concernant.
        En voici une qui intéressera sans doute les bônois parce que 1eur ville en fut le théâtre, et que, de p1us, elle est à la fois inédite et strictement authentique. Tel certain interlocuteur d'une célèbre épigramme de Racine ayant assisté " à 1'Aspar du sieur de Fontenelle ", l'auteur de ces lignes peut dire, lui aussi : " J'y fus, j'en suis témoin fidèle ".
        C'était en février 1901 ; contrairement à la commune expression, j'affirme que cela nous rajeunit beaucoup puisque nous sommes ainsi reportés à 35 ans en arrière : heureux temps que cette quinzaine d'années d'avant-guerre, dont nous pourrions dire. comme Talleyrand de celles qui précédèrent la Révolution : " Ceux qui n'ont pas connu cette époque là ignorent la douceur de vivre ! "
        Donc en février 1901, Saint-Saëns passait l'hiver, le second, je crois, à Bône. Il avait été attiré dans cette aimable ville par la douceur d'un climat favorable à sa santé et par ses sites évocateurs des scènes colorées de 1'oeuvre lyrique, les Barbares, qu'il était en train de composer.
        Il était descendu dans un modeste étab1issement, l'Hôtel Bellevue (place Faidherbe), situé au fond d'une placette s'ouvrant sur le Port, au bas de l'Hôpital militaire et un peu avant d'arriver à la pittoresque porte du Fort Cigogne, si malencontreusement disparue quelques années plus tard sous le pic des modernes vandales.
        Là, dans ce coin ensoleillé et paisible, hors des bruits et de l'agitation du centre de la ville, il travaillait à loisir. Mais, le labeur du jour achevé, il revenait à la vie citadine et allait prendre son repas du soir à l'Hôtel d'Orient que M. Mercier, bien connu de tous les Bônois d'âge mûr, dirigeait avec autant de compétence que d'affabilité. Le Maître s'asseyait seul à une table qui lui était réservée au centre de la vaste salle, et nul, à moins d'être prévenu, ne pouvait reconnaître l'un des plus grands techniciens de la musique contemporaine dans ce convive silencieux, à la barbe blanchissante, à la tenue sobre, mais distinguée, aux manières un peu distantes.
        Les rares personnes qui n'ignoraient point son identité respectaient son volontaire incognito et ne lui témoignaient qu'une déférence admirative et discrète. Or l'Hôtel d'Orient, justement réputé, était particulièrement fréquenté à cette époque de l'année tant à cause du passage des touristes hiverneurs que de la présence de nombreux Anglais et Belges venus pour chasser la sauvagine sur le lac Fezzara ou le gros gibier dans la région boisée qui s'étend de Bône à Aïn-Mokra. Chacun sait combien les Anglais en particulier sont curieux de tout ce qui a trait aux personnages illustres ou simplement notoires, et avec quelle avidité, parfois peu scrupuleuse, ils recherchent souvenirs et documents plus ou moins historiques. Tout Anglais qui se respecte possède au moins une longue vue ayant appartenu à Nelson, un chapeau de Wellington ou une tabatière de Napoléon. Cette manie, ou plus exactement cette anglomanie collectionneuse explique ce qui va suivre. Je dois ajouter, pour authentifier le récit, tout en m'excusant de me mettre en scène, que j'étais alors, avec quelques collègues célibataires, pensionnaire à l'Hôtel d'Orient, et que de notre table, située dans un angle de la salle à manger, nous pouvions voir tout ce qui se passait.
        Ce soir-là, Saint-Saëns, ayant terminé son repas un des derniers, comme à l'ordinaire, se dirigea vers le porte-manteau placé à côté de la porte d'entrée pour y prendre son pardessus parmi les quatre ou cinq qui s'y trouvaient encore.
        Il parut d'abord surpris, puis chercha, hésita : il y avait bien un pardessus gris-foncé qui ressemblait an sien. mais que cependant il ne reconnaissait pas comme lui appartenant. Le personne1 s'empressa, nous ne perdions rien de la scène. M. Mercier était contrarié, les garçons anxieux, Saint-Saëns perplexe : il prit enfin le pardessus, l'endossa, le quitta, l'essaya de nouveau : non, décidément, ce n'était pas le sien. Pourtant il avait bien, dans la poche habituelle, ses gants et, à la boutonnière, sa rosette rouge. Une méprise involontaire semblait impossible : d'autre part, tout vêtement garde en ses plis familiers le moule, peut-on dire, de son possesseur, et, à n'en point douter, ce pardessus n'épousait pas exactement l'anatomie de Saint-Saëns.
        Celui-ci ne pouvant sortir en costume d'intérieur sous peine de s'exposer à un dangereux refroidissement, finit, sur les conseils de M. Mercier, qui promit de faire toutes recherches utiles, par endosser le vêtement anonyme en attendant qu'on découvrit le sien. Le lendemain on eut la clef du mystère : On ne retrouva point le pardessus de Saint-Saëns, non plus que le propriétaire du " sosie " vestimentaire, si j'ose dire : mais, le musicien, rentré chez lui et se livrant à un examen plus minutieux. avait constaté d'abord que l'étiquette d'origine, cousue au revers du collet, portait l'adresse d'un tailleur de Londres, alors qu'il se faisait habiller à Paris ; puis, dans la poche intérieure, il avait trouvé billet de cinquante francs qu'il était absolument certain de n'avoir point laissé dans son propre vêtement. Dès lors, tout s'expliquait : un des Anglais pensionnaire de l'Hôtel, chasseur de gibier algérien, autant que collectionneur d'objets ayant appartenu à des personnages célèbres et pouvant, à ce titre, figurer dans un musée particulier, avait identifié Saint-Saëns, remarqué la ressemblance des deux pardessus, et escomptant l'excuse d'une méprise très vraisemblable en la circonstance, avait opéré la substitution pour orner sa galerie d'une pièce rare, originale et authentique. Mais comme cet insulaire, peut-être quelque négociant de la Cité, était, commercialement parlant, un honnête " businessman ", il avait en comparant la valeur marchande des deux vêtements, estimé que le sien, soit plus usagé. soit d'étoffe moins fine, justifiait une indemnité de 50 francs en faveur du " concessionnaire " involontaire de l'autre objet. Je ne jurerais pas qu'au fond il ne fût pas persuadé que Saint-Saëns gagnait à ce troc car nul n'ignore qu'un vêtement fait à Londres est bien supérieur à l'article parisien. .Je n'ai pas su ce que fit Saint-Saëns du pardessus londonien, non plus que du billet de 50 francs (songez : deux livres sterling, soit 250 francs actuels !) mais j'imagine facilement l'usage que fit du manteau d'Euterpe notre Anglais sans doute mélomane. En quelque riante villa du Pays de Galles ou résidence opulente du Yorkshire, voire dans le castel romantique d'un laird écossais, on peut admirer, parmi les trophées cynégétiques rapportés de l'Afrique du Nord, sous un héron bihoreau empaillé, entre deux peaux bigarrées d'hyène et de panthère, une autre dépouille, opime celle-là, la peau, je veux dire la pelure de Saint-Saëns, sous les espèces de son pardessus gris-foncé, et conquise non pas avec un fusil à deux coups, mais avec une double livre sterling, et, ce qui en augmente la valeur, arrachée au gibier vivant et non prise sur la bête morte. Je me plais à croire qu'une étiquette en indique l'origine, et qu'on y peut lire " offert " par Camille Saint-Saëns en personne, ce qui est conforme sinon à la vérité, du moins à l'humour britannique. D'ailleurs pour un Anglais tout est de bonne prise, que ce soit " per fas aut ne fas " ; en matière privée comme en affaire coloniale, 1'industrieuse Albion ne tient compte que du résultat : " business ". Les événements actuels illustrent siugu1ièrement cette morale d'Outre-Manche, et même d'Outre Deux-Manches, c'est bien le cas de le dire. puisqu'il s'agit d'un pardessus, ainsi que s'exprimait Alphonse Allais, familier du regretté Cap'tain Cap.
        Pour conclure, il nous a paru intéressant pour les lecteurs du " Réveil Bônois " de rappeler cette piquante aventure, mésaventure plutôt, arrivée à Saint-Saëns et dont il ne reste sans doute que bien peu de témoins à l'heure qu'il est. S'il m'est permis d'ajouter un mot personne1, j'avouerai que je suis heureux de l'occasion m'est offerte de me rappeler au souvenir des anciens lecteurs du "Réveil Bônois " qui ont jadis accueilli avec une faveur dont je leur sais gré les chroniques bônoises de Ménippe.
        Peut-être l'Hôtel Bellevue existe-t-il encore : il doit toujours rester l'immeuble. Ne serait-i1 pas séant et opportun d'y apposer une modeste plaque rappelant le séjour qu'y fit un hôte illustre pour lequel Bône fut un lien de prédilection et d'inspiration, puisqu'il y séjourna à deux reprises et y composa l'un de ses chefs d'œuvre ?
        Je donne l'idée pour ce qu'elle vaut.
MENIPPE.        

(1) M. Mercier est mort il y a quelques années dans sa propriété de Montfavet, près d'Avignon, où j'étais devenu son voisin. Il avait conservé à 80 ans passés, une étonnante activité physique et intellectuelle. Estimé de tout le monde, il présidait en dernier lieu l'importante Association du Canal Crillon.



LA RUE SADI CARNOT( N° 7)
de Gabriel Belmonte

     "La Rue Sadi Carnot" est un livre écrit sur son lit d'hopital par M. Gabriel Belmonte, pour ses amis Pieds-Noirs.
     Cette histoire de la "Rue Sadi Carnot" nous est offerte par Mme Eliane Belmonte née Donadieu. Nous la suivrons par épisodes sur "la Seybouse".
     Je mentionne que cette publication est sans but lucratif, qu'elle peut être reprise par les associations ou sites Pieds-Noirs à la condition impérative que les publications se fassent de façon absolument gratuite, sans même 1 euro symbolique, tel que le souhaitait M. Gabriel Belmonte.

Le buraliste indigène

        Après la boucherie Borg, je dois oublier un commerce, ou une maison mais un peu plus loin, toujours sur le côté droit était la rue du Général Chanzy puis le buraliste indigène chez qui on trouvait un peu de toutes les cigarettes mais entre autres : des "Camélia sport", des "Job", des "Juan Bastos", des "Florida", des "Star" (rappelez-vous ce paquet de couleur vert tendre avec une étoile à cinq branches et une belle fille aux cheveux cendrés au milieu de l'étoilé), des "Dream", des "At Home" (avec un chat sur le paquet), des "Annick dénicotinisées", des "Balto", des "Paméla", des "Celtiques" et tant d'autres marques presque toutes disparues à présent mais qui nous rappellent tout un passé.

Le café de Marseille et le "bouchon"

        Puis le "café de Marseille" dont le patron s'appelait - ou tout au moins on l'appelait Lazero - et les clients allaient ordinairement boire un coup chez Lazero.
        Dans ce bar s'est déroulé un petit drame qui va vous faire rire mais qui n'a pas dû faire rire en son temps le pauvre gars à qui cela est arrivé. Comme c'est une histoire assez ancienne, toujours vraie, je vous l'assure, (mes oncles me l'ont bien racontée cinq ou six fois) je ne me souviens plus du nom du gars. Pour la circonstance, appelons-le Jean-Jean et je vais essayer de faire revivre ce mélodrame en faisant parler quelques personnages d'une manière un peu imaginaire, bien sûr, mais je le répète encore, cette histoire est réelle.

        Un matin donc, vers onze heures, arrive dans le bistrot Jean-Jean. Le patron à celui-ci :
        - Qu'est-ce qui t'arrive, Jean-Jean, ti es tout pâle !
        Oh assez ! ça fait trois jours que je suis bouché, impossible d'aller à la selle. Je me demande comment je vais m'en sortir !
        Qu'est-ce que ti as mangé ces derniers jours, Jean-Jean ?
        J'y ai déjà pensé mais d'habitude je mange facilement douze à quinze figues de Barbarie et jamais encore j'ai "chopé" ce bouchon mais voilà le pire, tu connais ce con d'Allaouah, celui de l'Oued Begra (1), la plage qu'il y a derrière Bugeaud ?
        - Sûr que je le connais, il descend des fois ici avec son bourricot et alors ?
        - Alors ? il avait deux sacs de caroubes et il m'en a donnés quelques-uns (2), j'en ai mangés deux ou trois, j'te jure c'était du miel ! et c'est sûrement ça qui, avec les barbaries, m'a collé le bouchon.

        Des clients entrent dans le bar :
        - Qu'est-ce que c'est Jean-Jean ti es tout pâle !
        - Explique-leur Lazero, moi j'en peux plus, j'ai le ventre qui va éclater !
        - C'est rien, il a le "bouchon" mais un bon, je crois !
        - Tu t'en fais pour ça ? allez viens boire avec nous, deux ou trois anisettes et tu vas voir! C'est pas rare en septembre le bouchon, qui ne l'a pas eu ?
        Et tous les copains et lui se tapent quelques anisettes bien tassées.
        Le lendemain, Jean-Jean, toujours rien, et de pâle qu'il était la veille, il était un peu verdâtre maintenant.
        - Mon vieux, tu peux pas rester comme ça, lui dit Lazero, va voir le docteur il te débouchera.
        - Montrer mon cul à un docteur, tu veux rire ? ça, jamais !
        - Alors écoute, va au W.C. au fond du couloir et essaie de toutes tes forces, ça doit venir !
        Et mon pauvre Jean-Jean de partir au fond du couloir pour essayer encore une fois de se dégager.

        Pendant ce temps, les clients et le patron boivent l'anisette en mangeant quelques kémias et chacun de raconter la sienne :
        - Moi j'ai eu le bouchon il y a peut-être trois ans, je m'en souviens encore ; depuis tu me vois plus manger une figue de Barbarie, sur la tête de ma mère !
        - Parce qu'il faut manger du pain avec, ça passe mieux il paraît, mais surtout pas du raisin, des caroubes ou des jujubes !
        Cette conversation durait depuis une vingtaine de minutes, quand tout le monde s'arrête soudain de parler ; un bruit sourd, comme une bouteille de Champagne qu'on vient de déboucher venait de se faire entendre. Galopade de tous les clients et du patron lui-même vers les W.C.
        - Jean-Jean, ça y est ? comme tu as dû souffrir mon pauvre !
        Aucune réponse, ils ouvrent la porte et voient Jean-Jean, la chemise trempée de sueur, le pantalon jeté par terre, le mur plein de sang qui arrivait presque au plafond ; je vous fais grâce de l'odeur.
        - Enfin, Jean-Jean, C'est fini, tu l'as fait ? Remets-toi doucement et viens avec nous au comptoir où on te prépare une anisette taiba !
        Et cinq minutes plus tard, tout le monde riait (sauf lui) devant une rangée de "momettes" (3) remplies de ce liquide blanchâtre qu'on aimait là-bas !

        Un plaisantin comme il s'en trouve toujours :
        - Eh bien, tu vois Jean-Jean, ce qui vient de t'arriver à toi, ça s'rait pas arrivé à la "Grande Germaine" ! Gros éclats de rire, bien entendu.

        Pour ceux qui ne savent pas qui était la "Grande. Germaine", qu'ils ne s'en fassent pas, ils le sauront dans un prochain chapitre.

        Afin de faire connaître à quiconque qui ne se doute pas de l'importance de ces fameux "bouchons" qui étaient chose assez courante en Algérie à la saison des figues de Barbarie, je vais vous citer l'aventure qui est arrivée au fils d'une famille que nous connaissions bien et pour cause, le père de ce garçon était un collègue de mon père, tous deux travaillaient au "Bône-Guelma", à la "Compagnie" si vous préférez, cette dite "Compagnie" comme on disait, étant la Compagnie des Chemins de Fers Algériens ou C.F.A. Et la mère du garçon était une amie d'enfance de ma mère, elle s'appelait Lucie Di Scala de son nom de jeune fille et vit toujours à Vallauris dans les Alpes-Maritimes au moment où cette histoire (encore vraie) vous est racontée.

        Il s'agissait de la famille Fontana qui vivait près de la chapelle Sainte-Anne et le fils, à qui est arrivé l'aventure, s'appelait (et s'appelle toujours) Vincent.

        Donc ce Vincent, fils aîné de la famille avait " attrapé " le bouchon et depuis plusieurs jours se tordait de douleur, essayant d'apaiser un peu ses souffrances en se mettant d'instinct à quatre pattes sur le lit, le postérieur le plus haut possible. (Dixit madame Fontana, je vous le jure).

        Il fallut faire venir le médecin qui réussit à le "déboucher" moyennant des honoraires qui s'élevèrent à cent francs, ce qui représentait tout de même une somme rondelette puisqu'à cette époque le papa Fontana (Veuzeuh ou ' même V'zeuh, pour les intimes) ne gagnait que mille francs environ par mois. Il faut quand même préciser que le docteur en question en avait pris (si je puis me permettre de dire pareille chose) plein la figure et la blouse et avait peut-être sauvé Vincent de la péritonite, qui sait ?

        Voilà quelques figues de Barbarie qui, malgré tout, étaient revenues chères à la famille Fontana.

(1)En arabe : la rivière de la vache. C'était le nom donné à une plage au milieu de laquelle coulait un oued.
(2) Caroube est féminin mais à Bône on disait un caroube.
(3) Petits verres de cinq à six centilitres dans lesquels on servait l'anisette.

L'épicerie Lazero

        Le propriétaire de cette épicerie avait pour surnom Leppo en appuyant bien sur la première syllabe. Dans son épicerie, on y trouvait un peu de tout mais surtout du son, de l'orge, de l'avoine, du mais, tous les légumes secs, des pâtes alimentaires et j'en oublie

        On voyait souvent devant ce magasin des Arabes avec leur mulet qui achetaient des provisions, autant pour leur famille que pour leurs bêtes. Ces mêmes Arabes venaient régulièrement en ville vendre leurs sacs de charbon de bois qu'ils faisaient dans la montagne. On cuisinait encore beaucoup au charbon de bois à l'époque dont je parle.

        Autant Leppo était grand et fort, autant sa femme était de petite taille. Ma mère disait d'elle que c'était une belle brune avec de très beaux yeux et ceci était vrai.

        Un jour que j'étais allé faire des courses, je devais entre autres ramener de la farine et des ebetches (1) de chez Zammith mais comme l'épicerie Lazero était plus proche de chez moi que l'épicerie Zammith, je vais chez madame Lazero. De ce temps-là on vous servait des denrées au détail dans de grosses feuilles de papier gris qu'on appelait papier d'épicerie, rappelez-vous, ce papier épais qu'on ne voit plus du tout car maintenant, presque tout est vendu pré-emballé.
        Je reviens avec mes courses et ma mère, voyant les paquets, me dit sans hésiter :
        - Tu n'est pas allé chez Zammith mais chez Lazero ! et ne me dis pas le contraire !

        "Comment, me demandai-je, peut-elle deviner que je suis allé chez Lazero ?"

        La réponse ne se fit pas attendre
        - Tu vois, madame Lazero est gauchère et j'ai de suite reconnu sa façon de plier les paquets ... Observatrice ma mère !

(1) Pâtes alimentaires en forme de petits coudes troués.

Brahim, le fils de l'épicerie Mozabite

        Entre Lazero et l'épicerie Mozabite il y avait la maison Palomba où habitait bien sûr la famille Palomba mais c'est aussi là qu'habitaient monsieur et madame Garcia, cette dernière, infirmière à l'hôpital de Bône (l'ex hospice Coll).

        De l'épicerie qui suivait cette maison, je ne vais pas dire grand chose sinon que le fils aîné, Brahim, avait à peu près mon âge et que nous jouions souvent avec lui, Jeannot Allmann, Marcel Imbembo, Xavier Truglio et moi-même, quand son père le lui permettait car, pour les Mozabite, le travail est quelque chose de sacré.

        Il y avait aussi avec nous Dédé Mâtre, Gilbert Pons et parfois Zézé Muscat quoique ce dernier fût un peu plus jeune que nous.

        Je reviendrai plus loin à Xavier Truglio que vous avez tous connu bien sûr, autant les gens de la rue Sadi Carnot, que ceux de Bône et même d'autres villes d'Algérie.

        Par la suite, Brahim monta une autre épicerie à Saint-Cloud et je passais de temps en temps saluer lorsque j'allais me baigner devant le Lido.

        

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A SUIVRE


COMMUNIQUE
De M. Fred ARTZ
Président de l'UNFAN
LE JOURNAL PIEDS-NOIRS MAGAZINE
EST DE RETOUR

Le Journal Pieds-Noirs Magazine N° 118 est sorti.
Ce périodique, qui est le seul journal entièrement consacré aux Rapatriés.
PIEDS-NOIRS, si vous voulez voir aboutir nos préoccupations qui perdurent depuis plus de 40 ans, il faut nous prendre en mains.
Et la seule façon de le faire, c'est d'avoir nos propres médias. Aujourd'hui la relance de ce journal est un début, demain ce pourrait être la radio.
Soutenez-nous en achetant ce journal Pieds-Noirs. Merci d'avance.

Fred ARTZ.

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LES   NOUVELLES   D'ANTAN
LA SEYBOUSE
JOURNAL DE BÔNE
Samedi 29 décembre 1860 - N° 800
Envoyé par Pierre LATKOWSKI

EXTRAITS du Journal
Par Dagand

CHRONIQUE LOCALE.

        L'Akhbar, dans son numéro du 10 décembre, a inséré les lignes suivantes :
        " L'Echo d'Oran, l'Africain, la Seybouse proposent comme moyen de favoriser l'immigration en Algérie, l'exemption du service militaire pour les jeunes gens nés en Algérie. Nos confrères semblent ignorer que la conscription militaire n'existant pas dans les colonies, l'Algérie s'en trouve exemptée à ce titre, et qu'une loi qui interviendrait pour l'y établir n'aurait pas, dans tous les cas, d'effet rétroactif. "
        Notre confrère a mal lu notre article; nous n'avons pas demandé l'exemption du service militaire seulement pour les jeunes gens nés en Algérie, mais encore pour ceux dont les familles y sont établies depuis plusieurs années.
        L'Akhbar ajoute à l'alinéa précédent :
        " Pour le dire en passant, n'y a-t-il pas là de quoi faire réfléchir les partisans, quand même, de l'assimilation complète de l'Algérie à la France? "
        Nous ne croyons pas du tout qu'une assimilation complète fût encore un bienfait pour l'Algérie. Nous croyons qu'une colonie naissante a besoin, pour attirer l'immigration, d'avantages particuliers, d'immunités et surtout d'une grande somme de liberté ; mais nous croyons en même temps que la nécessité où elle est de travaux publics et de main-d'œuvre privée exige des institutions spéciales qui facilitent sa mise en valeur.
        La même feuille, dans son numéro du 22, rappelant un apophtegme de M. Mercier-Lacombe, dit que la colonisation de l'Algérie est une question de travaux publics, et elle ajoute :
        " Mais ces grands travaux qui devront être accomplis largement, rapidement, par des masses imposantes de travailleurs obéissant à une direction unique et absolue, où sont-ils les bras qui les exécuteront? Où est-elle cette force intelligente et disciplinée accomplissant son oeuvre au commandement, à l'heure dite, mettant en avant les efforts de bras multiples, abondamment pourvue de matériel de travail, d'approvisionnements de toute sorte, guidée par des chefs réunissant la science et la pratique, la théorie et l'application, et armés d'une autorité sans réplique? Cette force est-elle à créer, où existe-t-elle ? Elle existe! C'est l'armée. "
        Quand nous soutenons qu'une colonie ne peut se développer qu'avec une main-d'œuvre organisée et réglementée, nous ne sommes pas seul de notre avis, à ce qu'il paraît.

OLIVIER.

        Extrait des minutes du greffe du tribunal de Bône ( Algérie).
        D'un jugement définitif rendu le six décembre mil huit cent soixante par le tribunal de première instance de Bône, jugeant en matière correctionnelle, à la requête du ministère public,
        Contre Honoré-Césaire Carlavan, âgé de 46 ans, restaurateur débitant de liquides, né à Mongins, arrondissement de Grasse (Alpes-Maritimes), demeurant à Guelma, non repris de justice,
        A été extrait ce qui suit :
        Le tribunal
        Déclare Honoré-Césaire Carlavan coupable, mais avec circonstances atténuantes, du délit de falsification d'une certaine quantité de vin destiné à être vendu et de mise en vente de ce même vin, sachant qu'il était falsifié,
        Et, par application des art. 1er §§ 1 et 2, 5, 6 et 7 de la loi du 1227 mars 1851, 423 et 463 du code pénal, le condamne à la peine de quinze jours d'emprisonnement, cinquante francs d'amende et aux frais ;
        Déclare confisquées les deux bouteilles de litre contenant le vin falsifié et ordonne qu'elles seront mises à la disposition de l'administration pour être attribuées aux établissements de bienfaisance;
        Ordonne l'affiche du présent jugement en dix exemplaires, dont cinq seront apposés à Bône et cinq à Guelma, un de ces derniers, notamment, à la porte du magasin du condamné, et son insertion par extrait, une fois, dans le journal la Seybouse; le tout aux frais du condamné.
        Pour extrait conforme délivré à M. le procureur impérial, à Bône :
        Vu au parquet :                              Pour le greffier,
        Le procureur impérial,                        E. BRISSET.
        A. LETOURNEUX.                                      Commis-greffier.


Pour consulter, le N° 800 de la Seybouse du 29 décembre 1860
CLIQUER ICI


BÔNE..    TU TE RAPPELLES
Par CHARLES DELUC
                envoyé par M. Roger Brasier --                     N° 3
Cette évocation de " Bône tu te rappelles " est une conférence avec diapositives que M. Charles Deluc a fait le 9 janvier 1982 à Perpignan pour le Cercle Algérianiste.
M. Roger Brasier en a retranscrit le commentaire qui a été édité par le C.A. de Perpignan le 11/01/1997.

Merci M. Deluc, Merci M. Brasier.

Nous en retrouverons l'intégralité sur plusieurs numéros, sans les diapositives. Il n'y aurait pas assez de place sur la Seybouse.


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Deuxième Partie

PLAGE GASSIOT

        La Corniche desservaient toutes les plages se trouvant à l'Ouest de Bône.
        Et, c'était d'abord, en continuant la route longeant le port,
        - La Grenouillère.
        La Grenouillère était, au début du Siècle, une belle plage spacieuse, largement incurvée et très fréquentée.
        Elle était desservie par un service de breaks, traînés par deux ou trois chevaux, et également, par un service de petits bateaux, qui partaient du bas du Cours Bertagna.

        Personne parmi les Anciens, n'a dû oublier les scènes folkloriques, que provoquait chaque départ, ni les appels répétés, cent fois, par l'homme chargé d'attirer la clientèle sur le bateau, et ponctués de vibrants coups de corne,
        "Allez Msieu, Dames, rien que quelques places y reste - Dépêchez, Montez vite que nous s'en allons, fissa ".
        Et puis, tarif espécial pour les ceusses qui ont des enfants, Un franc au lieu de vingt sous.
        C'est la faillite pour le Patron.
        Vite, Diocane, cette fois, définitif on se lève l'ancre"

        Et pourtant on ne partait pas encore, et la litanie se poursuivait, tant que le bateau n'avait pas fait son plein de passagers téméraires pour affronter la traversée du Port, jusqu'à la Grenouillère où l'on débarquait sur ce ponton, qui a résisté de longues années encore, à l'agression de la Civilisation.

        Mais, avec la construction de la grande jetée du Port, la Grenouillère a perdu une grande partie de son attrait, le mazout a irisé la belle Mer bleue.
        Et il ne reste plus grand chose de ce petit coin de sable, si joliment évocateur du temps de la douceur de vivre, pas même les joyeuses marchandes de frites et leurs slogans publicitaires savoureux:
        " C'est moi qui les fais, c'est moi qui les vends,
        C'est mon mari qui s'encaisse l'argent .... . "

        Après la Grenouillère et le tournant de la vieille batterie du Lion, on embrassait, d'un regard, le Golfe tout entier.
        Et c'était vraiment un beau spectacle, lorsque la mer démontée grimpait à l'assaut de la grande jetée.

        Immobile et rigide, un superbe lion, que les flots et le vent avaient sculpté dans le roc, semblait monter la garde à l'entrée de la rade.
        La batterie fortifiée du Lion fut d'ailleurs construite juste au-dessus de lui.
        La pointe du lion contournée, c'était le Lever de l'Aurore avec, sur la droite, le joli Cimetière Musulman, au pied de la Fontaine romaine, et, au fond, sur le flanc de la colline, que gravirent, en 1832, avec d'Armandy, les 26 marins de la goélette "La Béarnaise" et qui, après avoir pris d'assaut la Casbah, recevaient, quelques heures après, la soumission des Chefs Turcs.

        C'était le plus beau fait d'armes du siècle.
        Bône était devenue Ville Française,

        Le Cimetière Musulman, qui surplombait la plage du Lever de l'Aurore, était vraiment un lieu de repos éternel, et si simple dans sa beauté.
        Ses tombes blanches et la verte colline sacrée aux sombres cyprès funéraires offraient, le matin au lever du soleil, un spectacle extraordinaire et inoubliable.
        C'était d'ailleurs, de ce cimetière qu'on disait jadis:
        "Il est tellement beau et paisible que, rien qu'en le voyant, le goût de mourir y te donne "

        Mais, peu à peu, et sans que l'on sache pourquoi, c'est le Cimetière Européen qui bénéficia de cette réputation.
        Et il n'en avait pourtant pas besoin ce Cimetière Européen.
        Car il était déjà très célèbre par sa dynastie de gardiens chefs, les THADDO, syndicalistes de l'au-delà, et vrais monuments historiques, que tous redoutaient un peu.
        A Bône, n'avait-on pas coutume, en effet, lors d'une dispute, d'un différent quelconque, ou pour tout autre motif, de stopper net l'interlocuteur, en le menaçant de l'envoyer, pour le compte, et définitivement, chez Thaddo ?

        Et en effet cet argument suprême tempérait un peu la discussion.
        On aimait bien Thaddo, certes, mais quant à finir, prématurément, ses jours auprès de lui, çà, la tombe de ses Morts, on en avait toujours le temps.

        Mais voilà que cette digression nous a éloignés du circuit touristique des plages.

        Après le Lever de l'Aurore, et par une route sinueuse surplombant la Mer, on entrevoyait, à peine, dans son immense massif de verdure, l'ancien Hôtel Transatlantique, devenu Lycée d'Alzon.
        Ce Lycée, qui s'apparentait plus à une maison de repos, qu'à un sévère Institut de bachotage, a-t-il dû en produire de Jeunes Poètes,
        - avec ses horizons incitant, tantôt à la mélancolie, les jours de mauvais temps, ou le plus souvent à la joie, quand la Mer et le Ciel, d'un bleu radieux, inondaient de bonheur les cœurs des Adolescents.

        La Plage Cassiot, rocheuse, faisait, suite au promontoire du Lycée d'Alzon, et le Chemin de la Corniche redescendu jusqu'au niveau de la mer, longeait à belle plage de Saint Cloud, bercée par les flots et venait butter contre un mamelon, désigné sous le nom de Colline des Anglais, à cause d'une jolie et pittoresque villa qu'un industriel Britannique avait fait bâtir sur le sommet.

        Très sûre, d'un bout à l'autre, on pouvait se baigner, sans risque sur la Plage de Saint Cloud, la plus fréquentée en été, et la mieux desservie, et où les Jeunes, après une baignade vivifiante, aimaient à flirter et faire des projets, tout en bronzant leurs corps d'adolescents sur le sable doré et chaud.

        Donnant sur la plage se dressait l'Hôtel dancing, le Mauritania, où, avant la Guerre 1939-1945, on allait danser tous les dimanches, aux accents de Orchestre endiablé,
        - Istre, Salfati, Sagnol et Monmon.

        Saint-Cloud dépassé, et chemin faisant, on arrivait à la Plage militaire, puis à la Plage Chapuis, lieu ombragé par ses pins et célèbre par ses petits cafés-restaurants, où l'on dégustait fruits de mer et oursins succulents, fraîchement ramassés sur les rochers voisins.

        Au départ de Chapuis, et après un large tournant, la route grimpait sérieusement, découvrant, entre ses falaises s'avançant dans la mer, un rocher à fleur d'eau, ressemblant étrangement à une gueule ouverte de crocodile.

        Puis, après une belle descente, on aboutissait à la Plage Fabre, ou Caroube, gros village de pêcheurs, bordé à une extrémité par de superbes pins que le vent avait inclinés vers la mer, et, à l'autre, par un fort désaffecté, presque invisible de la mer.
        Cette plage était le lieu béni des réunions familiales ou amicales, où l'on se retrouvait, parfois, plus de cent convives.
        Et, au milieu des filets de pêcheurs, séchant sur le sable, on s'y faisait des pantchas terribles de macaronades à l'italienne, numéro ouahad, comme personne ailleurs il en fait pareil,
        - pas vrai, la rascasse de vos bises ?

        Mais avec les kémias et les anisettes, et aussi le Sidi-Brahim et le Royal Kébir, bons pour la sieste, on était après.
        D'ailleurs, la sieste à Bône, elle était sacrée.
        Et, tellement, elle faisait du bien que, rien que pour ça, la Sécurité Sociale, elle aurait dû la rembourser.

        De la Caroube, la route allait desservir la Plage Toche, ses chalets-restaurants, ses cabanons et son rivage, au sable si fin, et à l'eau si limpide, si bonne et si calme,
        Car la mer qui bordait toutes ses plages, atso, c'était une vrai mer, et le Soleil, c'était un vrai Soleil.
        Bien sûr, on n'avait peut-être d'iode , comme sur l'Atlantique ou sur la Manche.
        Par contre, pour le bonheur des nageurs, y avait pas ce varech envahissant et désagréable comme là-bas.

        Et puis, nos ôtres, les Bônois, on n'avait pas besoin de consulter l'agenda, l'emploi du temps et le planning, pour savoir si la marée elle est basse, si la marée elle est haute, ou si le drapeau on allait se le mettre vert ou rouge.
        Du temps qu'à la Baule ou à Biarritz, les baigneurs y se faisaient les formalités, nos ôtres, à Bône, déjà trois bains on s'était tapé.

        Après Toche, et son petit château perdu dans la verdure,
        - c'était la Patelle et encore beaucoup de merveilleuses petites criques,
        - paradis des pêcheurs à la ligne, qui s'échelonnaient le long du rivage.
        Les jardins et les cultures devenaient plus rares et cédaient la place à la garrigue avec ses bruyères, ses genêts et son thym si odorant, et aussi, à ses figuiers de barbarie aux fruits succulents, mais si dangereux, pour les profanes, à cause de leur duvet d'épines microscopiques.

        Et, tout d'un coup, après une longue et forte rampe, c'était le Fort Génois, et le phare du Cap de Garde qui balayait l'immense baie jusqu'au Cap Rosa.
        Et du Phare, si l'on regardait vers l'Ouest, c'était une vision fantastique que l'on avait sur les falaises imposantes qui plongeaient à pic dans la Méditerranée.

        Oui, BÔNE, c'était vraiment une ville merveilleuse et si variée.
        Mais Bône, c'était aussi ses alentours.

        Le quartier Sainte Thérèse, par exemple, construit autour de la belle Eglise qui dominait toute la baie, était devenu un vrai joyau.
        Rien que des villas avec de beaux jardins et quelles villas
        Hélas, le progrès, si l'on peut dire, est passé par là, pour envahir, avec ses cités dortoirs, ce beau quartier résidentiel, et substituer à la magnifique vue sur la côte, ses horribles horizons de béton.
        Qu'est devenue l'Eglise Sainte Thérèse ? une Mosquée sans doute.
        Savez-vous, cependant, que ses imposantes cloches, dues à la générosité des Paroissiens bônois, carillonnent, maintenant, de ce côté de la Méditerranée, à Sète, dans une Eglise récente, dédiée, elle-aussi, ô miracle, à la même petite Sainte ?

        On ne pouvait, également, séparer Bône de sa station estivale: le joli village de Bugeaud.

        Mais, pour accéder à la route de Bugeaud, il fallait traverser toute la Ville, en passant par la Place Marchis, ancien Maire, Place qui a remplacé les portes et remparts fortifiés, qui séparaient autrefois, la nouvelle ville de la colonne Randon.
        Voici, d'ailleurs, les anciennes Portes de la Colonne Randon qui s'ouvraient, jadis, sur des terrains marécageux, si souvent inondés, autrefois, ainsi qu'en témoigne cette vue ancienne, prise rue Carnot.
        C'était au bout de cette rue que commençait la route de Bugeaud, route tortueuse au possible, avec des rampes de 15 % parfois et qui, après douze kilomètres, seulement, vous élevait à 900 mètres d'altitude.
        Avant le règne de l'automobile, pour se rendre à Bugeaud, on prenait la diligence, qu'il fallait souvent suivre à pied, pour ménager les chevaux épuisés.

        Une longue halte avait toujours lieu à cet endroit, dit Col des Chacals, situé à mi-route environ.
        De là, on avait une vue générale sur l'immense plaine de Bône, avec comme toile de fond, la longue et large plage de Joannonville qui s'étendait, depuis l'embouchure de la Seybouse, le fleuve bônois, sur plus de 45 kilomètres, en direction de La Calle.
        La grimpette reprise, et après avoir traversé une splendide forêt, on arrivait, enfin, à Bugeaud, et on débouchait sur cette place centrale,
        - toujours enneigée en hiver,
        - mais, par contre, lieu de fêtes et kermesses endiablées et nombreuses durant tout l'été.

        Donnant sur la place, le vieil Hôtel Kronstadt, dont les Anciens se souviennent certainement encore.
        Les principales rues du Village partaient de la place comme celle allant au Rocher, lieu privilégié des promeneurs, et à l'Hôtel du Rocher.
        Le panorama y était très beau, avec ses couchers du soleil presque irréels, ou ses brouillards qui rendaient, parfois, la terre invisible.

        Sur cette diapo, prise en 1982, et due à nos amis LAVERGNE-JOURDAN, vous découvrez une piscine récente au premier plan, devant l'Hôtel du Rocher et, en arrière plan, le rocher de la voile noire ainsi que la montagne qui avait été baptisée du nom de l'Egyptienne.
        Cette montagne représente, en effet, avec un peu d'imagination, une femme allongée sur le dos, seins bien dressés, et chevelure au vent derrière la tête.

        Et, au pied du Rocher, elle était bien belle cette forêt de Bugeaud, aux essences multiples, qui descendait jusqu'à la mer,
        Et aussi, vers les plages splendides et très vastes, peu fréquentées il est vrai, et malgré leur beauté, en raison des difficultés d'accès.
        Mais Bugeaud, c'était si près, que c'était encore Bône.

        Beaucoup plus loin à l'Ouest, c'était la ville sœur, Philippeville, bien abritée dans sa baie,
        - avec son important Port de voyageurs,
        - et ses belles plages bien équipées, telle celle de Jeanne d'Arc, dotée d'une piscine et de très belles installations sportives.

        Au Sud-Ouest, c'était aussi Constantine, perchée sur son rocher coupé en deux par le tumultueux Rhumel.
        - avec à l'entrée des gorges, l'immense Pont en arc de cercle de Sidi Rached, et à la sortie des gorges, surplombant l'abîme de ses 175 mètres, le majestueux Pont suspendu.

        Hammam Meskoutine, se situait entre Constantine et Bône.
        Ses sources sulfureuses, presque bouillantes. Elles coulent à 96°, sont si chargées en calcaire et kaolin, qu'au fil des ans, se sont constitués d'énormes dépôts.
        Et ses cascades pétrifiées, avec leurs stalactites, leurs aiguilles, leurs nappes figées, leur ton varié, ici d'un blanc de lait, là d'une couleur de rouille claire, sont un spectacle réellement fait pour ravir la vue et très apprécié des curistes venus soigner leurs rhumatismes ou leurs maladies respiratoires.

        Enfin , à l'Est de Bône,
        - c'était La Calle, petit village de pêcheurs, entouré d'une immense forêt, où régnaient encore les panthères au début du siècle.
        La Calle rappelle Port-Vendres pour la disposition de ses constructions, partie au niveau de la mer, partie sur les collines avoisinantes.
        Et c'est pourquoi, on disait que la petite ville avait deux quartiers:
        La Calle Haute et La Calle Basse.
        Mais La Calle, c'était, en Algérie, le seul lieu de culture des arachides, et surtout, le Paradis des crevettes impériales, les fameuses "Matsagounes" que, Diocane, trois ou quatre, çà suffit pour faire le kilo.

        Vignobles, jardins maraîchers et fruitiers, telle cette magnifique orangeraie, bordée d'oliviers, jalonnaient la plaine de Bône à perte de vue.
        Et, il n'était pas rare que ces orangeraies soient équipées de voies Decauville, avec locomoteurs, pour transporter et centraliser lors de la récolte, les oranges et agrumes, mises en caisse sur place.

        Près de Bône, il y avait encore un lieu de rendez-vous très prisé, l'aérodrome civil de l'Allélick, encadré, lui aussi, de magnifiques jardins.
        On s'y réunissait très souvent, et surtout, à l'occasion de meetings.
        Mais, après les grandes manifestations, bessif, c'était le méchoui bien doré et bien juteux.
        Mais, déjà, tant des anisettes le monde y s'était tapé, pour enlever la brûlure qu'elle vient des merguez et des kémias, que le régime, ouallah, il était cassé, et que le méchoui, manque on se le laisse aux Zaoualis, les pauvres, si vous préférez.
        Et les gavatchos qui n'étaient pas d'ici, accrabi, obligés y s'avalaient trois gargoulettes d'eau, avant qui va roupiller trois jours pour que la bouffa et l'harissa y s'en va.

        Ces D.C.3 dans le ciel, annoncent l'Aérodrome international des Salines, fief de notre grand ami Jean Palomba, Agent général; d'Air France.

        Et voici l'aérodrome lui-même, lui aussi, lieu habituel de promenade le dimanche, ... quand il faisait beau.
        C'était, par contre, une autre histoire les jours de grande pluie ... Presque y fallait le bateau pour arriver à l'avion,
        Et, c'est pourquoi, le soleil revenu, ce marchand ambulant s'éloigne, au plus vite de l'aérodrome, en bousculant son moteur à crottin, de peur qu'on ne lui réquisitionne les bidons, les gargoulettes... et la femme, pour épuiser l'eau des pistes.

        Une autre belle promenade à Bône était le circuit de l'Orphelinat, dont voici la dernière belle allée qui débouche sur la Route Nationale Bône-Philippeville, tout près du Cimetière Américain, où reposent les nombreux tués d'Outre Atlantique, venus défendre la France en 1942?1943.

        Et, l'on ne peut, enfin, évoquer Bône, sans faire un petit pèlerinage à Saint Augustin, magnifique basilique élevée à la mémoire du Grand Evêque Berbère, mort en 430, alors qu'Hippône était assiégée par les Vandales.
        Cette basilique, de style arabo-byzantin, inaugurée en 1909, se dresse, avec une indiscutable majesté, dans le cadre le plus harmonieux qui se pouvait concevoir, face au Levant, comme il sied en ce pays.
        L'intérieur, tout de marbre de la région, et la Chaire surtout, sont de pures merveilles, dues, tant à la variété et à la couleur des matériaux, qu'au travail minutieux et aux soins que leur assemblage a nécessités.
        Une chasse et une statue, dans laquelle a été encastrée une Sainte Relique, le cubitus droit de l'Evêque d'Hippône, permet une évocation, encore plus émouvante du premier Marabout Chrétien.
        Derrière la Basilique, s'élève un hospice, où les Petites Sœurs des Pauvres entretiennent, avec leur dévouement habituel, de nombreux vieillards, femmes et hommes.
        Devant la basilique, et en contrebas, se dresse le Monument appelé à tort, le tombeau de Saint Augustin, puisque la dépouille du Grand Saint, transportée en Sardaigne, puis à Pavie, n'y a jamais été inhumée.

        Et, plus loin, vous découvrez les bâtiments et installations des Coopératives agricoles de la Plaine de Bône,
        - Tabacoop, Tomacoop, Cotocoop, Vinicoop, Oléocoop, Labourcoop, etc... dont l'action économique et sociale, était la plus sûre garantie d'ordre, de travail et de permanence de l'Algérie Française.

        La basilique d'Hippône a-t-elle été construite sur l'emplacement du Monastère du Grand Augustin?
        On l'espère, sans en être sûr.
        Un jour, peut-être, pourra-t-on le savoir avec certitude.
        Des travaux, entrepris, au pied de la colline, ont permis, en effet, la découverte de nombreux et intéressants vestiges de la Ville romaine, disparue, de Saint Augustin, et qui s'étendent, déjà, sur une très importante surface.
        Voici, par exemple, des vestiges,
        - des thermes
        - des colonnes,
        - le baptistère,
        - encore d'autres vestiges,
        - des statues de marbre,
        - une mosaïque,

        Le tout d'une très grande beauté.
        Et les fouilles restant à entreprendre, si elles sont poursuivies, réserveront, sans doute, encore beaucoup de surprises agréables et insoupçonnées pour l'heure.

        Avec Saint Augustin se termine la visite de Bône.
        Visite trop sommaire, bien sûr.

        Tous ces documents donnent, tout de même, un léger aperçu de ce qu'ont pu réaliser les pionniers français en 130 ans.

        Bône et ses habitants, Chrétiens, Musulmans ou Israélites, travaillaient en paix et en bonne entente, plus unis par le sang versé, au cours des trois terribles guerres, que par les liens du sang.
        Et l'avenir semblait se présenter, pour tous, sous les meilleurs auspices.
        Mais c'était vraiment trop beau.

        Et, un jour, sous les attaques insidieuses de l'Etranger, jaloux, et aussi, de Français, préférant le drapeau rouge au drapeau tricolore, vint le temps du F.L.N. dont la plupart des Chefs, formés dans nos écoles, parlaient mieux le Français que l'Arabe.

        Et, avec le F.L.N. commencèrent et se multiplièrent les exactions, les destructions, (là, c'est un train déraillé), les attentats à la bombe, et les assassinats et viols, assortis des pires tortures et des pires outrages,
        - ceux dont on ne parle jamais, hélas.

        Ce fut la triste guerre d'Algérie, la guerre des promesses non tenues et des lâchages criminels, les barouds d'honneur pour s'accrocher, coûte que coûte, à la Terre natale
        - jusqu'au jour où,
        - à Bône, comme ailleurs, l'Indépendance descendit dans la rue.

        Là, la foule excitée vient de dépasser l'Eglise et se dirige vers le cours Bertagna.

        Et vous, Bônois, barricadés chez vous, la mort dans l'âme et la peur au ventre, ne pouviez qu'assister, par vos fenêtres à peine entrebâillées, à la défaite de la France, et vous représenter l'avenir affreux qui vous attendait.

        Alors, malgré les serments solennels de rester, quoiqu'il arrive, sur le sol de vos aïeux, il vous fallut partir, peu à peu, envisager un repli sur le sol de la Patrie,
        Cette Patrie qui ne vous avait pas compris, et que, beaucoup d'entre vous, ne connaissiez même pas.

        Et ce fut, un jour, le dernier matin et l'insurmontable détresse des adieux...
        Et, la valise à la main, à ton tour, mon frère, tu t'es dirigé vers le Port.

        Tu es passé devant l'Eglise, portes closes.
        Elle était encore intacte. Mais depuis quelques années, elle a été complètement rasée.

        Et puis, tu as vu l'Hôtel de Ville, ce superbe édifice, récemment incendié.
        Jean Bertagna, sur sa barque de bronze, t'a regardé passer, tristement.

        Et tu as longé le cours Bertagna, vide de ses groupes joyeux.
        Souviens-toi, tu as croisé Monsieur Thiers, tout seul, entouré de petits cireurs, sans clients et désœuvrés.

        Et tu as revu, avec infiniment d'émotion, la Gare, et , au fond, et par dessus, ... toute petite,... la Basilique d'Hippône.

        Plus loin, le Monument aux Morts a regardé ta fuite.
        Et toi, gêné, tu n'as pas osé lui jeter un dernier regard, peur que tu avais que tous les Morts de la Guerre, et les autres, et ceux assassinés par les Fellaghas, peur que tu avais que tous ces Morts y te dit:
        - "Ti as pas honte, tu t'ensauves sans une pensée por nos ôtres
        - l'honneur de la famille, alors, pour toi, y en a plus ?
        - A de bon, Diocane, maintenant, pour nous, c'est bien la mort de nos os".

        Et, du temps que tu croyais entendre ces voix, tu as vu, devant toi, tout près, l'El Mansour, le bateau qui allait emporter, avec toi et ton petit bagage, toutes tes illusions et tes remords.
        Encore quelques pas... dix, huit, six,... puis deux.. et le dernier.
        C'était fini, tu venais de passer de l'autre côté.

        Et tu avais les yeux tout humides, comme ces pauvres vieilles qui ne pouvaient contenir leurs larmes, et essayaient d'embrasser, d'un dernier regard, cette Ville où elles étaient nées, et qu'elles avaient tant aimées.

        Et puis les sirènes ont mugi trois fois.

        Le bateau a largué ses amarres et s'est éloigné doucement du quai.
        A petite vitesse, tu es passé devant le petit môle du Sport Nautique où, jadis, se côtoyaient bateaux de plaisance, fiers voiliers, et aussi, chatines et petits bateaux de pêche.

        Tu as abordé la grande darse.
        Et tu l'as traversée... tu as regardé, sans les voir, les installations portuaires, les chais à vin, les docks silos, tandis que les mouettes, s'envolant au passage du bateau, semblaient te dire "Adieu".

        Tu as revu la jetée Babayaud et ses chantiers de réparation de bateaux, la Grenouillère et la grande jetée, avec ses eaux tumultueuses vers la pleine mer, et si calme côté port.

        Et enfin, à petite vitesse, ton bateau a franchi les deux promontoires et les phares de la dernière passe du Port.
        Et ce fut, bientôt, le Grand Large.

        Le temps d'apercevoir, encore, la route de la Corniche, surplombée par la Promenade des Caroubiers, et le Ptit Mousse, ce fameux restaurant, bâti sur pilotis, en pleine mer,
        Et aussi, la Plage de Saint Cloud et sa cité récente des Mille logements.
        Rappelles-toi, tu es resté plongé dans tes souvenirs, accoudé au bastingage.
        Combien de temps, tu n'en sais rien.

        Et tu as vu, une dernière fois, le Cap de Garde, son phare et ses récifs dangereux que tu avais contournés, si souvent lors de tes joyeuses parties de pêche au large d'Aïn Barbar, la Voile Noire ou Herbillon.
        Puis.... comme ce jeune couple d'Instituteurs, Pieds-Noirs d'adoption, tu as vu la côte s'estomper.

        Et, bientôt, n'est resté sous tes yeux, qu'un long trait de brume qui se tendait de la plage de Joannonville à celle de l'Oued El Kébir,… et qui s'est enlacé à son tour.

        Seule, restait la longue traînée argentée que laissait le bateau derrière lui.

        Comme une fragile chaîne d'eau qui te reliait encore un peu, à ta Ville, à ton Pays, à ton passé, à Toi d'avant.

        Et puis, le temps, le vent, la nuit ont effacé le sillon blanc.
        Alors, ne pouvant rien voir, tu as fermé les yeux comme pour mieux emprisonner tes souvenirs.

        C"était fini..
        Et le temps a passé, et ta vie a changé, et la sérénité, timidement, a pris le pas sur l'amertume...

        Et maintenant, mon frère, après tant d'années, BONE... tu te rappelles encore ?

Les enluminures sont de OMAR RACIM
Edition: par M. Roger Brasier et le
Cercle Algérianiste des Pyrénées Orientales,
52, rue Maréchal Foch, 66000 Perpignan - 11 Janvier 1997.

Fin

Au prochain Numéro,
une autre évocation de Bône tu te rappelles


BUGEAUD                           
                 En 1958/1959
par M. Marius Longo et Ginette Gentou                 N° 4

La protection et le social allaient bien ensemble...

       Les problèmes de la population franco-musulmane.
       Crédits pour travaux et le social.
       Une demande de remise d'impôt.
       Un aperçu du quotidien en plus des harcellements.
        Grâce à la bonne "Presse" bien pensante et anti-française, la France ne pouvait ou ne voulait pas savoir le travail de fond qui était réalisé auprés des populations !!!

Ci-dessous les lettres.

LETTRE N° 1

Lieutenant GENTOU J. Louis
Commandant de la Base de
       BUGEAUD

à     Monsieur le Directeur des Compagnies Minières               
60 rue Chaussée d'Autun                            
PARIS 9°                                                     

       Monsieur le Directeur général,

       C'est au titre de président désigné de la D.S. de BUGEAUD que je e permets de vous écrire.
       Les devoirs de ma charge m'ayant imposé une visite à AIN BARBAR le 12/10/1958 et ayant étudié sur place les problèmes de la population franco-musulmane, j'ai dû constater les faits suivants :
       Trois heures à AIN BARBAR ne m'ont pas permis d'étudier tous les problèmes, mais il est certain que je dois rendre hommage à vos cadres européens qui remplissent en plus de leur fonction celle de représentant de la France.
       J'ai proposé à M. de Saint DENIS 50 chômeurs de la ville de BUGEAUD, originaires d'AIN BARBAR, afin de pousser votre production.
       M. de St Denis m'a répondu de lui soumettre un projet d'embauche sur lequel il aurait mis son avis afin de vous le soumettre.
       Je n'ai pu transmettre ce projet pour les raisons suivantes :
       Au cours de mon enquête personnelle à BUGEAUD, j'ai découvert que vos manœuvres dits de jour, gagnaient 600F par jour et que vos manœuvres dits de fond gagnaient 610F par jour.
       Ce sont les chômeurs de BUGEAUD eux-mêmes qui m'ont fait remarquer que comme chômeur ils gagnaient 639Fet qu'ils ne pouvaient accepter de se rendre en zone d'insécurité pour gagner 39F de moins.
       Ce sont les raisons pour lesquelles je sollicite votre haute compréhension pour étudier si possible l'embauche de ces chômeurs sur une base vitale minima de 1000F par jour.
       En ce qui me concerne dans mes fonctions, dont les jours sont comptés, je vais tenter de faire le maximum pour porter mon effort sur AIN BARBAR dans les projets que j'ai déjà ébauchés, dans l'intérêt des familles musulmanes et de ce fait de la mine :
       Liaisons régulières, création d'une école, crédit pour chômeurs, projet de cité de recasement, déblocage de semoule, rénovation provisoire des vieilles écoles.
       Pour Noël 58, la situation financière de la commune de BUGEAUD ne permet pas d'envisager une organisation de fêtes au profit des élèves déshérités d'A.B
       Si, sur le plan social, vous pouviez faire quelque chose, je vous en serai reconnaissant. Cela me permettrait de ne pas couper en deux le maigre bonbon de BUGEAUD.
       Dans l'espoir, M. le Directeur Général d'une étude favorable de ma correspondance, et vous en remerciant à l'avance, veuillez agréer l'assurance de mes sentiments les plus respectueux.

Lieutenant J.L GENTOU      

LETTRE N° 2

Lieutenant GENTOU J. Louis,                                                                       
Président de la Délégation Spéciale
       BUGEAUD

à     Monsieur De Saint DENIS               
Mine                                               
AIN BARBAR                                  

       Monsieur,

       J'ai l'honneur de vous rendre compte de la communication verbale de Monsieur le chef de gendarmerie de ce jour :
       J'ai effectivement décidé de vous affecter un crédit pour les travaux d'urbanisme au profit de la population d'AIN BARBAR.
       Vous pouvez d'ores et déjà tabler vos dépenses sur une première tranche de 130 000 F.
       Monsieur le chef de gendarmerie a du lui-même désigner le responsable musulman qui devra pointer les chômeurs.
       Je vous autorise à désigner un chef de chantier qui sera payé au-dessus de 639 F.
       Dans la mesure du possible ; il me serait agréable que les chômeurs soient pris dans les catégories suivantes :
       - Pères de famille nombreuse.
       - Personnes âgées.
       - Personnes légèrement infirmes.
       Si ce crédit est débloqué, le travail vient en 2ème point, le 1er point restant le social.
       Je vous serai reconnaissant de trouver quelqu'un pour enregistrer les naissances, les décès et transmettre tous les papiers intéressant la mairie.
       Cette personne serait rétribuée par mes soins dans les conditions que je fixerai à ma prochaine visite.

       En m'excusant du travail que je vous donne et en vous remerciant à l'avance, recevez Monsieur de saint DENIS mes salutations amicales.

Lieutenant J.L GENTOU      

LETTRE N° 3

Lieutenant GENTOU J. Louis
Président de la Délégation Spéciale
       BUGEAUD

à     Monsieur l'inspecteur des impôts directs               
13 rue Pinglet                                              
CONSTANTINE                                         

       Objet : demande de remise sur l'impôt taxe locale année 1958 concernant Mme LAVIGNE Joseph : Ste Croix EDOUGH route de BUGEAUD

       Monsieur l'inspecteur,

       J'ai l'honneur d'attirer votre attention sur la situation particulièrement pénible de Mme veuve LAVIGNE épouse de M. Joseph LAVIGNE tué par les terroristes voici quelques mois.
       Mme LAVIGNE reste seule et sans travail pour élever ses deux enfants dont aucun ne travaille : l'un est au régiment, le deuxième à l'école.
       Ce sont ces mêmes raisons qui m'incitent à vous demander d'étudier particulièrement la façon de réduire au strict minimum la taxe locale de Mme LAVIGNE.
       De toute façon, quel que soit le résultat de votre étude, Mme LAVIGNE ne possède pas les moyens de vous régler.
       Dans l'espoir d'une réponse très favorable, recevez Monsieur l'inspecteur l'expression de ma considération distinguée.

Lieutenant J.L GENTOU      


LETTRE N° 4

Capitaine GENTOU Jean Louis,                                                         
Président de la Délégation Spéciale
       BUGEAUD

à   Monsieur le Capitaine DESJEUX  

           

        Je réponds à votre correspondance du 4 avril 1959 et je vais essayer de vous expliquer ce que j'aurais voulu pouvoir faire de vive voix.
       En plus des harcèlements faisant l'objet de ma note N° ?, il faut noter :
       - Que depuis le 13 mai, les 2 porte-drapeaux musulmans du Comité de Salut Public ont été enlevés et égorgés.
       - Que 2 gamines musulmanes Pro-françaises ont été enlevées et probablement égorgées.
       - Qu'un membre de la Délégation Spéciale de 60 ans, père de famille nombreuse a ce mois ci, été enlevé et probablement égorgé.
       - Qu'un 2ème membre influent a dû être dégagé d'urgence de BUGEAUD et reclassé par les soins du Cdt de la base, dans une SAS du secteur.
       - Que certaines familles de la Légion vivent avec des musulmans dans les caves de leurs maisons.
       - Que pour se rendre à la Douane, les Légionnaires doivent être en groupe et armés.
       - Qu'il leur est interdit de se rendre au plateau.
       - Que lorsqu'il y a ouverture de la route sur BONE ou AIN BARBAR, les permissionnaires sont consignés au quartier en état d'alerte.
       - Qu'ils assurent la protection des travaux de la municipalité. qu'ils font des embuscades entre l'Hôtel du Rocher et l'Edough.

        Je vous présente, mon capitaine, mes très respectueuses salutations.

Lieutenant J.L GENTOU      


MONSIEUR DE MARCHAINOIR
Ode d'argent
Envoyé par M. Marc Dalaut
Ecrit par M. Gaëtan Dalaut

Monsieur Untel de Marchainoir
N'a que peu fréquenté l'école
Sous la coupe d'un barbacole
Sauf au piquet au promenoir.

A quoi bon sert tout le savoir ?
Il se moque du protocole.
Conquérant à la Picrochole,
Il est plus fier de son avoir

Qu'il gagna derrière un comptoir,
Vendant cher une babiole
Ou quelque liquide en fiole
Au dernier carat d'ajustoir.

Il sut aux sentiments surseoir
Lorsque Bellone eut la parole
Et remplissant très bien son role
Sur sa conscience s'asseoir.

Riche, il habite, un vieux manoir.
Il reçoit, hôte bénévole
Jouant toujours à pigeon - vole,
Discret comme un Cabinet Noir.


A plein nez, il sent son terroir
Mais a son yacht en gloriole,
Sa Rolls, qu'il nomme cariole,
Et des bijoux plein un tiroir.

Dans les plats d'or de son dressoir,
Plus de sardines qu'on rissole,
Il ne mange que de la sole
Chaque matin et chaque soir.

Et sa femme, sous son pouvoir,
Plutôt métisse que créole
D'un blond platiné s'auréole
Qu'on peut, de loin, apercevoir.

Mais, quand Satan va le vouloir
Mettre enfin dans sa casserole,
Une puante fumerolle
Sortira seule du brûloir.

Si l'on voit pourtant un mouchoir
A ses obsèques ce symbole
D'un pleur il ne vaut pas l'obole
N'évoquera plus qu'un crachoir.

gaëtan Dalaut

Le 13 Mai 1958
tel que je l'ai vécu à Constantine
Envoyé par J. B. Lemaire

               J'avais 11 ans, j'étais en 7ème dans les classes primaires du Lycée d'Aumale et je préparais avec l'abbé Jeanne, aumônier du lycée, ma communion solennelle faite en Juin 1958 à la cathédrale.

               Depuis que le soleil existe, depuis que notre Cirta dresse sa silhouette massive et altière en haut de son légendaire rocher, les mois de " Mai " ont dû se succéder sans que jamais un évènement ne vienne perturber leur cours aussi calme que celui du Rhummel pouvait être tumultueux en période de fortes pluies.

               Les différentes communautés de la ville, que ce soit les Arabes, les Juifs ou les Européens, qu'ils soient fonctionnaires, artisans, commerçants, ou piliers de bar, avaient toujours sembler en ces débuts d'été, s'appesantir et tomber dans une torpeur qui durait parfois jusqu'à la fin du mois d'Octobre.

               Ce jour là, tout semblait indiquer que rien ne dût être différent des autres années et comme tous les enfants de mon âge, je fréquentais l'école où la classe dans un demi sommeil se forçait à écouter le maître qui répétait ces choses déjà tant de fois expliquées.
               A quatre heures et demi, ma mère vint m'attendre à la sortie de l'école, comme c'était son habitude lorsque ses horaires de travail le lui permettaient.
               Nous avons remonté la rue du sergent Atlan (rue de France) passant devant l'étal de bonbons où officiait encore peu de temps auparavant un marchand de brochettes, célèbre sous le sobriquet de Lilo, toujours vêtu en tenue orientale avec une chéchia au pompon de longs fils noirs lui retombant au niveau de l'épaule, puis à droite les rues Zévaco et Richepanse et à gauche la rue Ksentina.
               Nous nous arrêtions assez souvent dans une pâtisserie avant le Monoprix ou dans une autre plus loin dans la rue Caraman. Dans cette artère, toujours noire de monde, nous fîmes quelques emplettes en flânant comme tout un chacun.
               Au bout de la rue, entre les brasseries Excelsior et Alex nous avions une vue à peu près générale de la place de la Brèche (officiellement du Duc de Nemours). Cette grande esplanade, était pratiquement le centre vital de la vie Constantinoise jusqu'à cette époque : regroupant la grande poste, le théâtre, le Crédit Foncier, la Bnci, les 2 brasseries citées plus haut, un autre grand café, la Banque d'Algérie, le monument du corps expéditionnaire de la dernière guerre mondiale et non loin l'Hôtel de ville avec son beffroi sur le boulevard Joly de Brésillon.
               Juxtaposé, en haut de quelques marches, une espace carrelé (esplanade Leclerc) avec quelques baraques de glaces et de créponet le long du parapet à gauche en montant et quelque commerces à droite sous le boulevard ; plus tard un " foyer militaire y a été installé.

               En effet c'est en s'y promenant, en la traversant que nos concitoyens se rencontraient et devisaient sur toutes les choses de la vie, en de long palabres appuyés de forces gestes et un haussement de ton parfois excessif qui laissait transparaître leur passion , expression de leur âme incontestablement latine et méditerranéenne avec des influences arabe et juive pour les Européens, juive et latine pour les Musulmans, arabe et européenne pour les Israélites car personne n'est sorti inchangé de ces rencontres, les trois ethnies ayant irréversiblement bénéficié des apports de leurs voisins.
               Sans occulter les influences " Amazigh " (Berbère, Kabyle et Chaouïa), le mélange serait encore plus complexe et détonnant !

               Des groupes assez importants commençaient à se former sur notre belle place et malgré l'habitude du spectacle de la foule que nous avions, ce jour là ce n'était pas la même ambiance. Non pas que les costumes, les bruits, les mouvements fussent changés mais plutôt qu'un sentiment inhabituel s'en dégageait.

               Je demandai alors à ma mère ce qui pouvait bien se passer ; bien sûr je savais que depuis bientôt quatre ans, des évènements graves secouaient notre pays, bien sûr j'avais l'habitude d'entendre parler des attentats terroristes qui se perpétraient presque quotidiennement dans tous les quartiers les plus animés. Il y avait même eu à plusieurs reprises des manifestations empreintes d'exaspération où l'on exigeait une meilleure protection des populations civiles et une action plus efficace à l'encontre de la rébellion dans ses repaires montagnards aux cris de " CRS dans l'Aurès " mais je n'imaginais pas que ce mouvement anormal aurait pu avoir les conséquences que nous connaissons.

               Répondant à ma question maman me fit savoir que les différentes et nombreuses associations patriotiques avaient décidé de se réunir en ce jour pour honorer la mémoire des trois malheureux soldats tombés entre les mains des rebelles, passés en Tunisie, sommairement jugés et récemment exécutés dans ce pays.

               Autour du " Coq ", monument de la victoire te du C.E.F. commandé par le regretté Maréchal JUIN également constantinois, ancien élève de notre lycée et partisan de l'Algérie Française, les présidents des différentes associations terminaient leurs classiques professions de foi et de fidélité éternelle à la " mère patrie " qui se montrera si brutalement ingrate malgré leur confiance et leurs sacrifices.

               Enfin pour clôturer la cérémonie, un clairon entonna la sonnerie aux morts. A ce moment, le silence le plus absolu s'établit dans la foule et il était si lourd, que pour nous qui étions à l'extérieur, cette masse humaine semblait enfermée sous une épaisse cloche de verre qui ne laisserait percer aucun son. Tous les assistants, du plus jeune au plus vieux, du plus traditionaliste au plus progressiste, étaient figés dans une attitude de respect et de dignité que notre éducation patriotique nous avait inculquée au-delà de tous les clivages socioculturels pouvant exister.

               Tous les hommes s'étaient découverts, tous écoutant cette triste mélopée regardaient au loin vers le ciel, comme pour y chercher le lueur d'espoir qui ramènerait le calme, la sérénité dans leur âme et la sécurité dans leur vie quotidienne. Tous, qu'ils soient pères, mères épouses, enfants ou proches, tous en effet, vivaient dans l'anxiété de voir, un jour ou l'autre, l'une des personnes qui leur sont le plus chère, ne pas rentrer à la maison pour avoir été l'une des nombreuses et innocentes victimes immolées à l'autel ignoble de la cruauté fanatique.

               Le clairon cessant sa plainte triste, le silence continuait à planer sur la foule, le silence oui mais pas l'inertie; en effet les groupes éparpillés du début de la cérémonie formaient maintenant une masse de plus en plus dense qui se mouvait et déferlait par un mouvement de flux et de reflux comparable à la houle furieuse des mois d'automne sur la côte d' " IFRIQIA " (dénomination arabe des territoires englobant grosso modo la Tunisie et le constantinois actuels par déformation du latin " Africa ").

               Les couleurs de la fin d'après-midi donnaient à la scène, par leurs lueurs rouges, par l'allongement infini des ombres, un aspect encore plus dramatique et troublant que son importance réelle n'aurait dû lui en conférer.

               Tout à coup, sortant du ventre de la foule, une voix de femme, empreinte de toutes les souffrances, de toutes les passions et de toutes les forces de la terre, lança dans un cri ces deux mots qui firent couler tant de larmes, pour lesquels tant d'hommes n'hésitèrent pas à donner tout ce qu'ils avaient de plus précieux, ces deux mots qui virent naître et mourir les espoirs les plus grands, ces deux mots à l'ombre desquels s'échafaudèrent puis s'écroulèrent lamentablement à cause de la méchanceté, de la cruauté et des intérêts bas et ignobles de certains, les plus grands projets de fraternité et d'union tendant à réunir deux communautés qui se virent divisées et jetées l'une contre l'autre alors qu'elles auraient très bien pu, sans le fait des menées égoïstes de certains, cohabiter et bâtir en commun le destin des générations futures, ces deux mots qui par leur but déjà affirmé depuis plus d'un siècle, n'auraient pu que servir les intérêts communs, ces deux mots enfin,

" ALGERIE FRANCAISE "

qui seuls pouvaient faire oublier à tous tant de morts sacrifiés à une patrie qui allait devenir aussi indigne qu'une mère abandonnant ses enfants.

               Ils allaient devenir célèbres, scandés selon le futur rythme des concerts de casseroles aux fenêtres et de klaxons dans les rues : _ _ _ __ __ qui de nous les a oubliés ?...

               Le silence rompu par ce cri ardent, la foule retrouvant toute sa violence et son audace se mit à le reprendre en cœur et jusqu'à la nuit il ne fut pas un seul instant qui ne le vit retentir.

               Peu après la seconde que dura cette action, une forte délégation d'anciens combattants de toutes les guerres et de tous les fronts où la France avait affirmé sa présence, drapeaux tricolores en tête, portés aussi bien par de vieux européens aux poitrines bardées de décorations prouvant leurs actes héroïques et leur présence fidèle sous le drapeau de cette France à la fois aimée malgré ses trop nombreuses infidélités et haïe pour ses exigences toujours plus capricieuses, que par de vieux musulmans aux moustaches aussi denses que les palmes et les étoiles sur leurs croix de guerre, déboucha de la ruelle entre le théâtre et la grande poste.
               Vétérans de 14-18 en France, en Belgique, en Italie ou Poilus d'Orient, plus récemment de 39-45, campagne de 40, captivité, parfois France Libre souvent Tunisie et Italie puis débarquement en Provence, libération de Toulon, Marseille, Jura, Vosges, Alsace et enfin Allemagne, Rhin et Danube jusqu'à Berchtesgaden et Autriche grâce à l'aide des Américains.
               Il y avait aussi des anciens d'Indochine où cette fois les Américains ont limité leurs fournitures de matériel.
               Ces braves qui avaient vu tomber, sous tant de cieux, de nombreux camarades de toutes origines, qui avaient vu jaillir de leurs blessures le même sang, le même tribut payé au drapeau, avaient encore malgré le poids de l'âge et des souffrances endurées en commun, la force d'entonner puissamment, comme entraînés par un pouvoir surnaturel, un des chants qui avaient conduit leurs pères puis eux-mêmes sur les champs d'honneur où ils moissonnèrent tant de gloires aujourd'hui méprisées.
               Ces grands hommes par la noblesse de leurs sentiments et la fierté de leur cœur, se retrouvaient aujourd'hui encore, au coude à coude comme jadis; ils savaient, eux qui partaient ensemble vers un destin incertain que le fossé creusé entre eux artificiellement, par des procédés que leur âme loyale ne pouvait que réprouver, qu'ils étaient, sont et seront toujours demain dans la paix, frères pour le meilleur comme pour le pire.
               Mais ce qu'ils ignoraient, ce dont ils ne pouvaient pas se douter, c'est la noirceur de la rupture finale, l'atroce plaie faite à un peuple abandonné en dépit des promesses solennelles.
               A la vue de ces vieillards altiers la passion qui animait la foule ne fit que s'amplifier. Une foule en délire, tout le monde sait qu'il est impossible de l'arrêter. Surtout lorsqu'elle est animée de sentiments aussi purs que ce jour là, point d'orgue après quatre ans d'anxiété et de menaces.

               Naturellement pour " l'ordre public " la situation devenait critique. Le préfet de l'époque, également I.G.A.M.E. du constantinois, fit donner les C.R.S. afin de calmer tous ces gens et les inciter à rentrer chez eux. En ces temps ces compagnies de répression anti-émeutes encombraient les casernes de Sidi-Mabrouk et du Mansourah, ils étaient chargés du maintien de l'ordre dans les villes sans avoir une action réelle dans l'éradication du terrorisme (voir plus haut les manifestations de 56 aux cris de " CRS dans l'Aurès ").
               Leurs Officiers crurent bon de leur donner l'ordre de disperser par tous les moyens cette manifestation qui risquait de faire mauvais effet pour l'administration du département. Ils prirent donc leur belle matraque et s'élancèrent avec beaucoup de bonnes intentions sur la foule très supérieure en nombre. De ce fait, ils n'eurent pas le dessus et par un retour providentiel des choses, durent battre en retraite. Avant leur intervention, ils étaient arrivés dans leurs cars Land-Rover en remontant l'avenue Liagre et se retiraient par la même voie, ventre mou de la manifestation qui prenait une tournure nettement insurrectionnelle.

               Plusieurs voitures officielles (dont l'une, me sembla-t-il, portait le sigle du général Gilles; je n'ai appris que récemment l'intervention d'une délégation qui était allé le chercher sur la place du Palais pour l'adjurer de bien vouloir se prononcer en faveur de l'Algérie Française, ce à quoi, selon toute vraisemblance, il se prêta bien volontiers, dans la mesure de ses compétences, bien entendu ) s'avancèrent alors vers la place. A la vue de celui que tous considéraient comme un de leurs plus loyaux amis, les premiers rangs de la foule se mirent à scander : " les paras avec nous ! .. Les paras avec nous ! … ". Naturellement, le général ne manqua pas de prononcer quelques paroles d'apaisement. Les parachutistes entrèrent alors en scène, leurs officiers fringants dans leur " tenue léopard " si prestigieuse ne manquèrent pas eux non plus d'affirmer l'affection qu'ils portaient à cette terre et à ce peuple si attachants.
               Ils dépêchèrent leurs hommes parmi les manifestants dans le but de contrôler la situation en rétablissant l'ordre et éviter que la rébellion ne saisisse l'occasion pour commettre quelque méfait. Les " bérets rouges ", grâce au prestige dont ils jouissaient dans les populations civiles eurent tôt fait de canaliser les énergies et d'exécuter les ordres reçus.

               Personne ou presque dans la foule ne se doutait du scénario habilement monté dans le but de renverser la IVème République déjà ébranlée.

               La nuit venait et la foule était toujours présente, bien sûr la violence était tombée mais dans les jours et les semaines à venir, allaient se produire de nombreuses autres manifestations, pacifiques heureusement et bien organisées. Prise en main, la volonté du peuple allait être " DOMPTEE " et utilisée dans le sens voulu par les vrais instigateurs ou plutôt bénéficiaires du COMPLOT DU 13 MAI 1958.

J.B. LEMAIRE                       
Mai 1970 - Janvier 2001               


QUAND L'ORAGE PASSA
par M. Robert Antoine                  N°2

Histoire écrite en l'an 2001 par Robert ANTOINE
Photographies de l'auteur

A ma femme, à mes filles
A M. et Mme Roger Fauthoux
A ceux qui m'ont aidé à retrouver
une documentation perdue

M. ANTOINE nous fait l'honneur de la diffusion, par épisodes sur notre site, de ce livre de souvenirs dont le tirage est épuisé. Pour ceux qui ne voudraient pas attendre la fin du livre, il peut être réédité et vendu par l'auteur au prix de 25 Euros (hors envoi), à condition qu'il y ait une demande.
Adresse de courriel, cliquez ICI --> : M. Robert Antoine

Photo de M. Robert Antoine

L'ARRIVEE A STAOUELI

      Leur concession en poche, Louis et Clara prirent la diligence à Alger pour STAOUELI.
      Quelques bagages fixés sur le toit, et fouette cocher. Parmi les passagers une famille qui venait d'Alsace, un militaire, un chasseur d'Afrique avec sa veste bleue, son pantalon rouge, ses bottes noires et un képi rouge, qui regagnait son camp.
      Les quatre chevaux peinaient à tirer le lourd véhicule dans les hauteurs d'Alger. Les virages étaient en lacets assez serrés avant de passer devant la nouvelle caserne des zouaves.
      Après 2 heures de route, on s'arrêtera à CHERAGAS, pour changer les chevaux.
      CHERAGAS est à l'époque, une véritable commune. C'est le centre administratif d'un territoire assez vaste puisqu'il administre outre, le centre de peuplement de STAOUELI, le groupement de pêcheurs de SIDI-FERRUCH, et la colonie agricole de ZERALDA.
      La diligence a repris sa route et, après une descente bien prononcée avec quelques virages, on arrive à destination.
      Clara retient un cri ! Louis fait une mine sévère.
      Le rêve bleu de l'Aventure n'est pas sans quelques gros nuages.
      Finis les ors des Palais Russes, finis le travail intellectuel et les conversations mondaines autour d'une tasse de thé, finies les promenades du dimanche dans de beaux habits, le long de la Moskova...
      Elle se retrouve seule, avec des rustres, des gibiers de potence, des militaires...
      - Pas si sûr Clara...
      Le chef de camp les invita à venir sous sa tente pour prendre les consignes et les habitudes de vie du camp. Voila déjà 5 ans que ce campement existe. Réveil à 6 heures le matin, arrêt à midi, reprise à 13 heures, extinction des feux à 22 heures. Il faut être de bonnes mœurs, ne pas boire etc...
      Louis explique sa situation et celle de Clara et l'officier est très intéressé tant par leur démarche que par le fait de rencontrer des colons instruits sinon lettrés.
      L'entretien terminé, un courant de sympathie s'était déjà établi. Il est constant que, dans ce pays rien de durable ne peut être construit sans une osmose totale entre l'Armée et les colons. Accompagnant les nouveaux venus, le Chef de camp présenta Louis et Clara aux quelques colons déjà installés. SENGEISSEN, SCHNEIDER, PICARD, MONTAGNAC, GOMEZ, VIDAL, BERTHIER, et d'autres. En entendant ces noms, on peut se faire une idée de la nationalité d'origine des premiers occupants. La proportion de Français est importante, et ne représente pas ce que la suite sera.
      Ce noyau d'émigrants était en train de créer un nouveau peuple que l'on appellera "les pieds noirs". On pourrait le comparer avec la création des peuples américains, un mélange de races n'ayant pas de passé, vivant pour l'avenir.
      Western...
      L'accueil fut chaleureux. Les pionniers aimaient voir arriver d'autres émigrés.
      On parlait des difficultés du défrichage, du manque de moyens mécaniques (en particulier de grosses charrues), de l'insécurité, des maladies et, comme il y avait des Français, de politique.
      Pour la France, l'Algérie est encombrante, coûte cher; c'est une constante entretenue par la haute administration, de la Royauté à la République et à l'Empire.
      Napoléon III se servira de ces nouvelles terres pour y envoyer les opposants à son régime, ainsi que des criminels de droit commun, des religieux, ou même des étrangers tels des Suisses.
      Louis apprend par des anciens, que le territoire du Centre de peuplement de STAOUELI s'étend sur 536 hectares de friches. Il est découpé en lots et concessions.
      Louis a, dans sa poche, une concession de 4 hectares attribuée par le Bureau des émigrés à Alger.
      Il achètera bien plus tard un autre lot de 8 hectares à un colon et, maintenant au travail !!!.
      Le travail ne manque pas. Les terres offertes ont un aspect sauvage et désolé. Quelques mamelons pierreux en partie dénudés ou recouverts de broussailles inextricables, repaire de bêtes fauves, Chacals, renards, fouines pullulent et l'on ne parle pas des vipères, scorpions, moustiques qui abondent.
      Louis s'attaque au défrichement, puis aux semailles, et ce fut la joie de la première récolte.
      Pendant les 5 ans qui suivent son installation, il plante de la vigne, sème du blé, achète quelques vaches, et deux bœufs pour les labours. Simultanément il loue les services d'un maçon pour construire sa maison. Il se lie d'amitié avec le père François REGIS, Directeur de la congrégation trappiste implantée sur le territoire du Centre de peuplement de STAOUELI.
      C'est sous l'égide du général BUGEAUD que cette congrégation vint s'implanter en Algérie en 1843. "Pauvres religieux, disait-on, savent-ils ce que pourront leur coûter de peine les défrichements, drainages, assainissements et mises en culture".
      Le Père REGIS a une idée. Il fait venir des pénitenciers, des bagnards en costume rayé, et moines et forçats travaillent côte à côte. Le Domaine est grand, les moyens sont à la hauteur de l'entreprise. "Trois paires de bœufs tirant une grosse charrue défonceuse, tandis que derrière, à la pioche à trident, on extrait les racines des sillons".
      On allait par curiosité voir la façon dont les moines et les forçats travaillaient. Malgré la malchance, la malaria, les morts, la perte des récoltes prêtes à être vendangées, les religieux, sans se décourager, continueront le travail commencé en donnant à STAOUELI un splendide exemple de courage.
      Ceux qui en ont été témoins en restent éblouis"
      Ainsi, parlait Charles BEZARD, un pionnier de la première heure. Louis bénéficiera de l'aide de la Trappe et des conseils du Père François REGIS, tant sur les moyens mécaniques que sur les initiatives agricoles à prendre.
      Cette aide était dispensée à tous les colons des alentours et, cependant, ce sont ceux qui ont reçu le plus qui ont apporté leurs voix au parti qui fit chasser les Trappistes du lieu qu'ils avaient construit... , mais ceci est une autre histoire.

      La concession de Louis est maintenant complètement défrichée, la maison est construite et Clara a quitté sa tente depuis 2 ans. C'est que nous sommes en 1865, déjà 5 ans...
      Malgré les aléas du temps, avec les premières récoltes, grâce à leur labeur, leur foi, leurs mains, Louis et Clara ont transformé une terre aride, en un outil qui les fera vivre.
      Ce patrimoine neuf, sans souillure, leur appartient de plein droit.
      Je vais donner encore la parole à ce bavard de Charles BEZARD, qui écrira de si belles choses, que je ne me lasse pas de les relire.
      S'agissant des Trappiste, mais j'y associe les colons, il écrit : " Leur terre, prise inculte, est aujourd'hui une corne d'abondance, d'où coule le blé, l'huile, le vin, le miel, les oranges, sans parler du bétail. A qui profite cette abondance si ce n'est à la Colonie, aux Français, aux Arabes".
      Dans ce pays sans aucune industrie, seule l'Agriculture pouvait donner un essor au pays entier. Certains l'ont oublié, ils doivent le regretter. Aujourd'hui ils le savent.
      Le Père François REGIS se fait vieux, mais tous les jeudis de la première semaine du mois, il viendra prendre le café à la maison de Louis. Après sa mort et tant que les trappistes seront là, la famille ANTOINE recevra un religieux le premier jeudi du mois.
      Le Dimanche, un père Trappiste vient dire la messe sous la tente dressée tout près de l'emplacement du futur projet de l'église. Louis et Clara ne sont pas encore mariés, et c'est cette année que l'événement se produira. Le 2 novembre 1865, le mariage civil a lieu à CHERAGAS. Le numéro d'ordre d'enregistrement porte le chiffre 1.
      Le mariage religieux, célébré par un prêtre trappiste, et les réjouissances qui suivront, se dérouleront à STAOUELI. Ce jour là dans ce Centre de peuplement, c'est la fête, car un mariage est un événement rare dans la petite communauté. Civils et Militaires danseront tard dans cette douce nuit du novembre algérien, où mes arrières-grands-parents étaient les principaux acteurs.
      De nouveaux émigrés sont arrivés.
      Tous ne sont pas attirés par la terre, certains sont des artisans, de petits commerçants, et on ne parle plus de dizaines d'habitants mais d'une centaine. Le melting pot est né, d'où sortira un peuple méditerranéen, qui hélas ne se mélangera pas aux indigènes. L'islam est une religion très puissante qui fixe le quotidien de chaque croyant, qui impose des règles de vie strictes, soumises aux regards des autres croyants. Le catholicisme n'a pas eu prise sur cet état, malgré le Cardinal LAVIGERIE et ses Pères blancs et, plus tard avec le Père de FOUCAULT, et ses petits frères.
      Le progrès arrive de la métropole.
      Dans ce siècle des inventions tout va vite et, ce qui était immuable hier devient désuet aujourd'hui. Ne dit-t-on pas que le chemin de fer viendrait à STAOUELI ?
      Déjà parmi les colons qui ont dû se rendre à Alger, certains ont vu ces étranges machines soufflant et crachant comme des dragons.
      - Qui a raconté l'odyssée des ces hommes ayant porté le rail jusqu'au bord du plus grand vieux désert du monde ils auraient pu le traverser si l'argent, la politique, voire la guerre, ne s'en étaient mêlés. Western certes, mais silencieux et sans écho. Pour autant, on s'active à construire des voies ferrées, celles qui desserviront mon village passeront par la côte et l'on ne mettra plus que 4 heures 1/2 pour rejoindre la capitale...

      Le jour de son mariage, Louis à 47 ans. Il porte une belle barbe, la moustache et il est blond.
      Si ses cheveux deviennent rares c'est qu'ils sont fins car il n'est pas chauve. Les années ont creusé quelques cernes autour des petits yeux bleus ce qui lui donne un regard profond mais agréable. D'allure plutôt râblée, ni gros ni maigre, il émane de sa personne une volonté douce et déterminée. Un peu prof, un peu paysan, il cultive avec bonheur la véritable amitié, redoutant cependant la politique et ses arcanes, même municipaux.

      Les tâches saisonnières rythment le travail quotidien, les ennuis du jour font place aux petits bonheurs du lendemain. Pour l'heure Louis se préoccupe de son épouse : Clara est enceinte. Elle donnera le jour à Clara ANTOINE qui découvrira le monde le 12 novembre 1866 à Alger. Le Bébé se porte bien, la Maman aussi, le père est ravi. C'est la première "Pieds- Noirs" de ma famille, et comme pour tout fondateur de race, je salue.
      Je salue aussi l'achèvement de la construction de l'église de STAOUELI en 1869.
      Le jour de la bénédiction, les ANTOINE avaient revêtu leurs plus beaux habits, et Clara ses atours les plus chatoyants. C'est que dame ANTOINE était marraine d'une cloche, pas la plus grosse, mais celle que l'on agitait lors des baptêmes. Ces petits riens de la notoriété sont parvenus jusqu'à mes oreilles par la tradition orale dont je suis friand. Ces anecdotes, racontées par Mémé Dencausse, sont gravées dans ma mémoire.
      Il fallait bien une église, et des cloches pour enterrer tous les jeunes enfants et parfois les adultes, atteints par le paludisme. La MALARIA, terrible maladie en ces premières années de colonisation, où l'assainissement était inexistant et le sanitaire personnel, un luxe.
      Mal connue des Européens, l'on sut bien plus tard, grâce à un médecin Militaire servant en Algérie, que la quinine en était le remède. En attendant la découverte de LAVERAN, cette épidémie décimait des villages entiers. Les échos de cette époque sont parvenus jusqu'à moi, ils décrivent avec horreur la période où le glas ne sonnait plus et où les cadavres étaient jetés dans une fosse commune et recouverts de chaux vive.
      La petite Clara, a évité la fosse commune. Elle est partie dans sa cinquième année, rejoignant les autres.
      Petite Pied-Noir à jamais ensevelie en terre d'Algérie, elle eut un enterrement comme on les faisait alors.
      Le cheval était recouvert d'un drap noir et son harnachement portait pompons noirs, il tirait un corbillard de la même couleur ; suivait l'Harmonie du village avec ses cuivres puis le drap mortuaire tenu par la famille, enfin les proches et tous les gens du village.
      Ah ! j'allais oublier, le garde champêtre qui marchait devant le cheval. Cette fonction imposait un bicorne de cérémonie, un baudrier avec plaque en cuivre où le mot "loi" était gravé. Les moustaches étaient recommandées. Nos gardes, ont toujours sacrifié à cette élégance.
      Quand les enfants n'étaient pas sages ou faisaient les capricieux, on menaçait de les présenter à l'homme de loi.
      Cet homme avait pour moi qui ai connu un de ces successeurs, le POUVOIR.
      C'était, en premier lieu, un savant. Il connaissait la loi qui régissait la communauté. Un roulement de tambour,"Un avisss à la population" retentissant au milieu des carrefours, et l'on savait ce que le futur proche nous apporterait.
      Lors de ces "Avisss" il était entouré d'une ronde de gamins, Européens et Arabes mêlés que le spectacle amusait. Quand le garde reprenait sa marche, il redevenait croque-mitaine, la nuée qui l'entourait s'égaillait pour se reformer au prochain croisement de rues.
      Jeux puérils mais souvenirs attendrissants d'une enfance libre dans un village en paix.
      L'homme moustachu avait aussi des menottes, des vraies, bien luisantes, qu'il mettait aux poignets des voleurs de poules. Là il faisait peur.
      Clara eut une autre fille qui naquit le 26 novembre 1869 à STAOUELI, toujours Centre de Peuplement. Louise Lydia fut déclarée par son père à la Mairie de CHERAGAS mais, cette fois, elle fut baptisée dans la toute nouvelle église de STAOUELI.
      Les cloches Impériales, toutes récentes, sonneront pour son baptême. Fait banal me direz-vous mais combien important pour ces petites gens qui, jour après jour, créent leur cadre de vie, leur Histoire. Louise est un beau bébé et j'ai le souvenir de l'avoir vue, en photo sur une peau de mouton comme c'était la mode de l'époque. Louise est ma grande-tante qui savait tout et je feuilletais allègrement dans ses souvenirs. Gamin, elle fut ma confidente, celle à qui l'on confie ses secrets et ses trésors, celle qui voit tout, qui pardonne tout.
      Elle ne me livra que des bribes de son vécu, un peu par excès de pudeur, beaucoup par une gène due à une époque réservée et compassée.
      Décédée en 1964, elle aurait pu raconter 95 ans d'Histoire de l'Algérie, sur les 130 ans que dura la présence Française ce n'est pas si mal. Malgré l'indépendance accordée en 1962 à l'Algérie et les troubles qui suivirent pour les Européens, Louise restera chez elle, dans son village. Elle fut enterrée 2 ans après l'indépendance dans le STAOUELI qui l'avait vue naître. Les mêmes cloches sonneront encore pour elle mais pour une des dernières fois.
      L'Aigle Impérial a brisé ses ailes à SEDAN, en 1870. Une troisième République, bien hésitante à ses débuts, a pris le pouvoir politique en France.
      Clara et Louis ont toujours gardé des contacts épistolaires avec les Vosges et Moscou. Ils ont appris le mariage de Julia ROONEY, la sœur de Clara, avec le jeune Russe Serge OLENINE.
      De ce couple naîtront Alexis en 1865 et Valérian en 1866, des cousins bien lointains pour Louise.
      Côté la Cense de Frison, la guerre de 1870 n'a rien arrangé mais là aussi la vie continue, et les naissances se succèdent. Même à STAOUELI, on a reçu le contre coup de la défaite de SEDAN, l'Armée n'est plus aussi présente puisque les besoins sont ailleurs.
      Les colons subissent, outre les gênes d'une défaite, les avatars d'un pays qu'ils connaissent mal et dont ils doivent tout découvrir. En écrivant cela, je pense aux "Lettres de mon moulin" d'Alphonse DAUDET publiées à partir de 1866. Tout le monde connaît le "Secret de Maître Cornille" mais le récit sur "Les sauterelles" est beaucoup plus discret dans nos mémoires.
      C'est celui, pourtant, qui décrit le mieux cette plaie venue du ciel. Quelle ruine, elles laissent derrière elles - plus une fleur, plus un brin d'herbe..."
      J'ai vécu par deux fois ce phénomène, et j'avoue que rien n'est plus désolant que ce saccage.
      M. DAUDET, avant ce paragraphe si tragique, parle d'un déjeuner plantureux avec un beurre de STAOUELI aussi prestigieux que celui de Normandie...
      Le beurre de STAOUELI ?
      Une renommée vite éteinte qui montre les hésitations des colons dans leurs choix agricoles. Créer des prairies à STAOUELI me paraît être aujourd'hui une hérésie tant l'eau, cet élément si précieux en Algérie, était une des préoccupations de tous les jours.
      J'ai toujours entendu parler de canaux d'arrosage, de puits, de norias, de sources avec beaucoup d'animation et parfois avec les accents africains d'un "Jean de Florette ", pas encore écrit, mais vécu.

      Le mélange de races a parfois de bons résultats. Les Arabes ont appris aux Espagnols à arroser à l'aide de canaux d'irrigation, ces derniers, en ayant encore la pratique, ont beaucoup enseigné aux colons Français. Il en fut de même pour les cultures en terrasse et les soins que la vigne exige. Faire de l'élevage à STAOUELI relève du défi, pas longtemps tenu, mais le vin eut son heure de gloire.
      A notre départ en 1962, la commune était un jardin potager agrémenté d'un verger d'agrumes, entouré d'un vignoble fameux " les vins de la Trappe".
      Pour la famille Antoine l'élément majeur fut l'arrivée d'un fils. Louis Prosper, vit le jour le 17 janvier 1873 sur la commune de CHERAGAS au centre de peuplement de STAOUELI.
Photo de M. Robert Antoine
Louis Antoine à droite,
et ses frères

      L'héritier tant attendu est enfin arrivé. Son père a 55 ans et Clara 41; il était temps.
      C'est donc la joie dans le ménage et Louise qui a 4 ans joue à pouponner ce petit frère.
      Les cloches de la République sonneront pour annoncer la nouvelle naissance.

      Ami lecteur, j'ai besoin de souffler, faire une pose. Vous aussi je suppose? Tant de choses se passent dans ce que l'on croit être un quotidien morne. Je vous promène d'une Royauté vers une République, qui se mue en Empire, pour redevenir République. Avouez-le, nous manquons d'imagination !
      Je ne vous parle pas du social, ce serait ennuyeux; de l'anticléricalisme, on friserait la bêtise; de la politique de la France, aucune importance, c'est toujours la même. Bref, je vous parlerai de ce qui fut notre sport national et individuel de tous les temps : la DEBROUILLE.
      Une débrouille honnête, sans léser quiconque, se prendre en main et ne compter que sur soi ou quelques rares vrais amis, faire de tout avec rien, un couteau, un morceau de bois, une ficelle, voilà ce qui sauva plusieurs fois la France et, ici, l'Algérie.
      Il me semble que ce sport a moins d'adeptes qu'autrefois, mais cela doit être une erreur de mes sens abusés.
      La petite communauté s'organise. Louis cède une part de sa concession pour faire construire l'école de garçons qui sera inaugurée en 1887.
      Les enfants du centre de peuplement pourront bénéficier de l'éducation républicaine que dispense la IIIéme République
      C'est le décret du 1er Mars 1888 qui donne naissance à la Commune de STAOUELI.
      Cette dernière gardera sous son administration la Colonie agricole de ZERALDA et le village de pêcheurs de SIDI-FÉRRUCH.
      La mairie est en fonction en 1888.
      Vers cette époque la nouvelle commune de plein exercice comptait 423 habitants français et 470 étrangers européens, les indigènes n'étant pas comptés dans cette statistique.
      Le Préfet d'Alger émet cette observation générale sur l'activité de la commune "Bonne situation agricole mais l'étendue des terrains appartenant à la commune est insuffisante pour lui permettre de se développer beaucoup plus".
      Cet homme avait vu juste, STAOUELI est resté jusqu'en 1962 un village.
      Un village comme beaucoup d'autres en Algérie, construit sous un mode militaire, avec des rues larges, rectilignes, des carrefours perpendiculaires où l'on sent que l'espace urbanistique n'est pas restreint. STAOUELI possède une gare de voyageurs, avec deux trains, un le matin, l'autre l'après-midi, qui relie, en moins de 3 heures 1/2, le village à la capitale ALGER. 22 Kms en s'arrêtant à Guyotville, Cap Matifou .

Photo de M. Robert Antoine
Clara ROONEY épouse Louis ANTOINE
      Nous progressons. Le train aura un rôle essentiel pour le transport des fûts de vin qui sont déjà expédiés vers la métropole. C'est ce que l'on appellera plus tard des vins médecins qui, langés à d'autres vins moins alcoolisés, feront la fortune des négociants en vins. Ceci ne met pas en cause la qualité intrinsèque des vins d'Algérie, mais il faudra un certain temps avant que la qualité prime sur le degré d'alcool. Pour mémoire je citerai ici quelques vins prestigieux "le Domaine de la TRAPPE, le SIDI BRAHIM, le RABELAIS...

      J'arrête ici ma pause pour reprendre la saga des ANTOINE,..... au Numéro suivant.

Photo de M. Robert Antoine

FIN DU 2éme EPISODE
LA SUITE AU PROCHAIN NUMERO

ELLES SONT BIEN BÔNE
Par M. Fernand Bussutil dit OTTO BUS
Envoyé Par Jean Louis Ventura               N°1
ELLES SONT BIEN BÔNE
FERNAND BUS

A tous mes Amis bônois, si douloureusement éprouvés par les événements d'Algérie et dispersés dans tous les coins de France et du Monde, avec mes affectueuses pensées.

F.B..

" FUGIT IRREPARIBILE TEMPUS " (Virgile)
AVANT PROPOS

     30 Septembre 1962. Je prends l'avion qui m'emporte vers la France; car ici, hélas ! Ce n'est plus la France.

     Penché sur mon fauteuil, je fixe par le hublot et pour la dernière fois, les paysages qui me sont familiers : les Salines, la Centrale électrique et ses énormes cheminées pointées vers le ciel, le Lever de l'Aurore, Saint-Cloud, la Caroube, le Cap et son phare semblable à une grosse bougie grise et puis, s'estompant dans le lointain, la Voile Noire et le Pin de Sucre.

     Ma gorge se serre, les larmes perlent à mes yeux, Adieu Bône ma chère ville, je ne te reverrai jamais plus.

     La veille de mon départ, j'étais allé me recueillir une dernière fois sur la tombe de mes parents et j'avais ramassé un peu de terre que j'avais déposé dans un vase de Nabeul. Tel le romain de jadis, je conserve dans cette urne non pas les mânes de mes ancêtres, mais une terre imprégnée de souvenirs inaltérables.

     Brusquement, le décor change. Nous naviguons dans un ciel bleu intense et à nos pieds la tuer et ses blancs moutons. Puis c'est une courte escale à Marseille et le "Transit", sur Ajaccio...

     Dix-sept ans ont passé. Malgré son climat, ses paysages enchanteurs, ses plages de sable doré, la Corse ne me fera jamais oublier ma chère ville de Bône, dont je suis fier de compter parmi ses enfants.

     Rares sont les jours où ma pensée vagabonde ne s'envole pas vers les rives de la Seybouse, Saint Augustin, le cours Bertagna, la place d'Armes, la Colonne et la ferme de l'Hospice Coll où j'ai passé presque toute ma jeunesse turbulente.

     C'est pourquoi, en souvenir des jours heureux, j'ai décidé d'écrire très simplement, un peu tardivement peut-être, ce petit livre truffé de mots, d'expressions, " bien de chez nous ", de farces, d'histoires drôles rigoureusement authentiques, dont j'ai été le témoin et le principal acteur.

     En ma compagnie et avec celle de tous mes copains dont certains, hélas ! ne sont plus de ce monde, nous ferons un retour sur le passé pour revivre ensemble les moments inoubliables empreints, de la plus folle gaieté, dans une ambiance que nous ne retrouverons plus jamais.… " Bône lecture ".

Fernand BUS




     Je suis né à la Colonne. Chemin de Ceinture. Peu de temps après, nous nous installions à la campagne près de Hospice Coll. Cette petite propriété acquise par mon Grand-père (né à Bône) était devenue grâce au travail opiniâtre de mon père, le Domaine - Sainte-Marie ".

     Nous habitions une grande maison toute blanche, aux tuiles rouges, perchée sur un monticule d'où l'on pouvait découvrir une partie de la ville.

     Cadet d'une famille de cinq garçons j'étais le plus farceur de la bande, comme en témoignent mes premiers exploits.

LE GIBUS

     J'avais trouvé dans une armoire un gibus " la mesure de fèves ", que mon père coiffait pour les grandes occasions.
     l faisait très chaud ce jour là et malgré l'interdiction paternelle, nous avions décidé avec deux de mes frères, de prendre un bain dans le grand bassin voisin de la maison. Arrivé sur les lieux, en caleçon de bain, je plongeais. Au contact de l'eau, le galurin dont je m'étais coiffé s'était mis en accordéon nous riions tous, à gorge déployée. Je recommençais l'expérience dans les cris et l'allégresse générale lorsque tout à coup, celui que l'on n'attendait pas, mon Père, parut sur les bords du bassin, cravache à la main. Vous devinez la suite.

     

LES INDIENS

     Comme tous les enfants de notre âge, nous jouions aux Indiens. L'arc était une longue branche d'olivier, les flèches fabriquées avec des tiges de " diss " au bout desquelles un morceau de figuier sauvage faisait office de contre?poids. Les couvertures arabes choisies parmi tant d'autres dans une grosse malle, nous servaient de tente, nous fumions le calumet de la paix dans des pipes de roseau, bourrées de barbe de maïs. Mais il nous manquait l'essentiel : les plumes, car un indien sans plumes, n'est pas un indien. L'idée me vint d'aller au poulailler où trônait, orgueil de la basse-cour, un coq de taille imposante doté d'une magnifique queue de bersaglière. Aidé de mon frère Pierre je coinçais le coq dans un angle, puis ma capture sous le bras, lui arrachais toutes les plumes de son royal croupion et l'abandonnais à son triste sort. Le lendemain, ma mère entrant dans le poulailler voyait son coq honteux et craintif à la fois, rasant les murs. Croyant à l'intrusion d'une belette, elle alertait le Paternel qui découvrait aussitôt le pot aux roses. Une volée de bois vert récompensa mon exploit.

LA TORNADE BLANCHE

     Mon père ne souffrait pas que l'on ait peur. Aussi nous mettait-il souvent a l'épreuve. L'été durant, nous dînions sur la terrasse, mes deux plus jeunes frères allaient chacun leur tour dans le noir, une bûche à la buanderie. Un petit jardin séparait celui-ci de la terrasse. Par contre les trois autres frangins devaient ramener un roseau, choisi parmi les paquets entreposés à environ cent mètres, sous d'immenses pins. A proximité de ces arbres, se trouvait la maison des ouvriers et les garages.
     Au moment où à mon tour, j'allais choisir un roseau et le rapporter je vis devant moi une forme blanche, surgir, s'élever puis redescendre lentement. La peur me clouait au sol, les cheveux se dressaient sur la tête, ma respiration devenait haletante. Je mis quelques instants à réaliser que c'était Ali, un de nos plus fidèles ouvriers, lequel en gandourah blanche faisait sa rituelle prière du soir, penaud et vexé, je décidais de me venger.
     Quelques jours après je prenais un drap dans une armoire, j'allais sous les pins, pliais celui-ci en accordéon ; à une des extrémités, j'attachais une longue ficelle que je faisais passer à la branche supérieure d'un arbre et tendais un fil à vingt mètres en contrebas pour être définitivement fixé à une pierre blanche. Je dissimulais mon drap plié avec les aiguilles du pin qui jonchaient le sol. Le piège était prêt... Il n'y avait plus qu'à attendre ma victime.
     Il faut vous dire que non loin de là, il y avait un joli petit marabout, tout blanc, très connu et vénéré de la population musulmane de Bône. Des oliviers centenaires lui offraient leur parure verte ; et beaucoup de peintres bônois lui, Maître Bariteau et Madame Ricoux entre autres l'ont fixé sur leurs toiles. Il y avait aussi sur ce marabout une légende qui disait que tous les vendredis, le saint " Sidi Boumelah ", un grand nègre sortait de son tombeau. On entendait alors une musique étrange avec une raïta plaintive et un accompagnement de tam-tam ; peu après La musique cessait brusquement et le saint s'endormait de nouveau.
     J'allais donc trouver Ali, lequel se targuait d'être courageux, je lui parlais du fantôme que j'avais vu sous les pins. Il se contentait de hausser les épaules et d'éclater de rire. J'insistais et rendez-vous fût pris pour le soir. Vers dix heurs, j'appelais l'ouvrier qui s'armait d'un manche de pioche et nous nous dirigions vers l'endroit de mon choix. Je m'arrêtais brusquement à la pierre blanche, tandis que mon compagnon continuait d'avancer. Je saisissais alors la ficelle et tirais brusquement.
     Une immense torche s'élevait devant mon arabe qui lâchant son debbous improvisé, s'enfuyait à toutes jambes, hurlant et heurtant de la tête le grand portail de fer, qui était à peine entrouvert... il s'effondrait comme une masse, et restait plusieurs jours couché avec une jaunisse et une énorme bosse sur le front.

LE SANGLIER

     Nous avions à la ferme, un sanglier qui à huit mois était de taille très respectable, " Baptiste ", tel était son nom. Il faisait bon ménage avec nos chiens de Chasse et accourait lorsqu'on l'appelait.
     L'idée me vint un jour, de faire une blague à un copain citadin, qui ignorant tout de la chasse, désirait venir chez nous, tuer à défaut de gros gibier, des grives très nombreuses à cette époque de l'année. La veille, je confectionnais deux cartouches à blanc, calibre 10, car l'apprenti chasseur n'avait ni arme, ni munitions. Le lendemain mon Nemrod se pointait, je lui donnais son fusil chargé à blanc et nous partîmes. A quelques cent mètres de là, je criais : " Baptiste, Baptiste "
     Que fais-tu me demande mon invité ?
     J'appelle mon chien, 0 chasseur de casquette !
     Tout à coup, nous vîmes notre sanglier nous rejoindre ventre à terre, je montrais la bête au chasseur. Affolé, blanc comme un fromage Maltais, il tirait sans épauler, les deux coups en l'air en grimpait dans un olivier en hurlant " Au secours, au secours. "
     Je revoyais toujours, mais en ville, ma victime d'un jour. " Tout compte fait, je préfère la pêche à la chasse, m'assurait-il.

LA BOMBE

     Bône, pendant la " Drôle de guerre " a été durement éprouvée. En effet, d'après les statistiques, plus de cent trente bombes ont été déversées par les avions ennemis sur la ville et sur ses environs immédiats, faisant bon nombre de victimes, surtout parmi la population civile.
     Des projectiles de fort calibre ont été largués sur notre propriété. L'un d'eux explosant à une centaine de mètres de la maison détruisit vitres et fenêtres, et mettant à mal plusieurs orangers en plein rapport.
     Fort heureusement, un second éclata dans un petit Oued encaissé, projetant terre et cailloux sur une grande surface. André le vieux Maltais en a été à la fois le témoin et un peu la victime...
     Il habitait une petite maison située sur notre Domaine. Elle était solide, quelque peu vétuste, mais dépourvue de W.C. (ce petit détail a son importance). Vu la condition modeste d'André, mon père la lui avait louée, ainsi qu'un petit arpent de terre pour la symbolique somme de cent francs anciens pas an.
     Mais il ne fallait pourtant pas que le locataire en oublie l'échéance, car le Paternel, " Baba Charlot " comme on l'appelait, se chargeait en temps voulu de rafraîchir amicalement une mémoire défaillante.
     Souvent, André venait prendre le café à la maison et invariablement, je lui demandais de nous raconter l'histoire de la bombe. Il se faisait tirer un peu l'oreille, mais finissait néanmoins par céder, il nous disait avec son accent bien de chez nous :
     " Eh ben ! oilà. Par respect pour vot' fugure, pourquoi vous êtes à table, c'était le matin bonne heure et je me faisais mon besoin sous l'arbre des amandes. Tout d'un coup, je me ois une madone de boule de feu qu'elle se descend du ciel Boum ! Tout remplis de terre, je me remonte le pantalon et sauve qui pleut à la maison... et oilà "
     Et moi de lui demander toujours :
     " Mais, Monsieur André. Vous êtes-vous essuyé au moins ?
     Et qui pense à s'essuyer dans ce moment-là me répondait-il. "

A L'ECOLE

     La Maîtresse : Elève Debono, sur la carte muette fixée a tableau,
                    Montrez-moi l'Amérique.
     Debono          : C'est là, M'dame
     La Maîtresse:      Très bien. Papalardo, qui a découvert l'Amérique ?
     Papalardo :     C'est Debono, M'dame.
     La Maîtresse :     Kadour, qu'appelle-t-on source thermale ?
     Kadour :               C'est là où on se lave la terma, M'dame.

EXAMEN DE SONDAGE AUX C.F.A.
(Chemins de Fer Algériens)

     L'examinateur traçant au tableau un cercle
     Missud, que représente cette figure ?
     - Une roulé M'sieur
     - L'examinateur traçant un losange, Et çà Buttigieg ?
     - Çà M'sieur, c'est une macroude
     - L'examinateur, vous Galéa qui m'avait l'air intelligent, parlez-moi de la racine carrée ?
     - Où de ta vie, t'y as vu une racine, qu'elle était carrée.

Le Département de Constantine en 1908
Par M. Paul JOANNE
Envoyé par Roger Sabaton                        N°1

      Avant qu'elle ne fût nommée comme Préfecture du Département de Bône, bône notre commune fut Sous-Préfecture du Département de Constantine.
      Donc avant que dans des prochains numéros, nous fassions connaissance avec les guides de Bône, nous allons nous "instructionner" sur l'ancien Département de Constantine au travers du Guide de M. JOANNE.
      J.P.B.
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LE DÉPARTEMENT
DE CONSTANTINE

I - Nom, Formation, Situation, Limites. Superficie

      Ce département doit son nom à la ville de Constantine, son chef-lieu. Il est formé des tribus qui constituaient avant l'occupation française le beylik du même nom.
      Il est situé dans la partie orientale de l'Algérie, entre le département d'Alger et la Régence de Tunis. Il borde la mer Méditerranée, sur une longueur de 460 kilomètres environ, de l'Oued-Kérouli, par 2°l7' de longitude orientale, au cap Roux par 6°17' (même longitude).
      Il est borné : au nord, par la Méditerranée, à l'ouest, par le département d'Alger, à l'est par la Tunisie, au sud par le Désert.
      On évalue sa superficie à 19.174,765 hectares, dont 6.208,614 en territoire civil comprenant tout le Tell et la majeure partie des Hauts-Plateaux, et 12.966,149 en territoire de commandement. Quant à son territoire du Sud, dit territoire de Touggourt, il comprend les deux parties communes indigènes de Biskra et de Touggourt.

II. - Physionomie générale.

      Les grandes divisions du département de Constantine sont, comme dans les deux autres départements, mais avec des différences essentielles dans leur constitution physique, le Tell, les Hauts-Plateaux, le Sahara.
      On se rendra compte des formes différentes que présente la charpente du sol, si l'on suppose, avec Mac-Carthy, que le pays est traversé dans toute sa profondeur par deux lignes perpendiculaires à la mer, l'une, partant de Bougie et allant se perdre au sud de Ouargla, la seconde, se dirigeant de Philippeville sur l'Oued-Souf.
      " En suivant la première de ces deux lignes, on traversera :
une région de montagnes élevées et de vallées profondes, qui n'est autre chose que le Tell, avec une largeur de 125 kilomètres ;
un bassin de forme ovoïde, d'une physionomie toute particulière, appelé Hodna;
un lambeau du massif saharien, tout près de l'endroit où il va former l'énorme pâté montagneux du Djebel-Aurès;
enfin le Sahara, couvert de dunes, de collines et de plateaux écrasés auxquels succède le vaste bas-fond qui reçoit les eaux de l'Oued-Mia, de l'Oued-Mzab et de l'Oued-Nsa, et que ferme cette épaisse ligne de dunes de sable appelée El-Areg ou El-Erg (les Veines).
      " La seconde ligne coupe:
en premier lieu, un pays en but semblable à celui que traverse la première à son point de départ, c'est-à-dire une continuation du Tell, mais moins large, puisqu'il n'a que 90 kilomètres au plus;
de vastes Plaines, où l'on reconnaît les Hauts-Plateaux avec leurs plantes, leurs sebkhas et leurs chotts;
le massif de l'Aurès, dans sa plus grande épaisseur, qui est de 90 kilomètres;
la plaine inclinée des Zibans, lisière du Sahara; puis le Sahara même, couvert d'abord de chotts et de vastes sebkhas, puis de sables amoncelés. "
      Ainsi, d'après Mac-Carthy, la partie tellienne du département de Constantine n'est que le prolongement du Tell des deux autres provinces; elle s'arrête d'une part à la limite septentrionale du bassin du Hodna, et d'autre part, dans l'est du département à une série de grandes plaines, qui la séparent du massif de l'Aurès, et qui représentent ici la région des Hauts-Plateaux de l'ouest et du centre, mais avec cette différence essentielle que sur les Hauts-Plateaux du département de Constantine les céréales se mêlent à l'alfa.
      Toute la région maritime fait partie du Tell : en font également partie les territoires situés autour de Bordj-bou-Arréridj et de Sétif, ceux de Constantine, de Guelma et de Souk-Ahras. -- Appartiennent aux Hauts-Plateaux la partie méridionale des territoires de Bordj Bou Arreridj et de Sétif, ceux de Saint-Arnaud, Aïn-Mlila, Aïn-Beïda; puis, plus bas, sur une seconde ligne allant de l'ouest à l'est : M'sila, le Hodna, Barika, Ngaous, Batna, Lambèse, Khenchéla, Tébessa.
      Le Sahara fait suite aux Zibans et s'étend jusqu'à la mer de sable. Sa constitution physique diffère de celle du Sahara algérois et du Sahara oranais en ce qu'il s'affaisse en son milieu et forme une sorte de cuvette dont le chott Melrir occupe le fond, Il comprend trois régions distinctes : les Zibans, le bassin de l'Oued-Souf et le bassin de l'Oued-Rir. Les Zibans (singulier : Zab) s'étendent du pied de l'Aurès, à l'Ouest et à l'Est, sur une plaine qui a 150 km de longueur, et dont la largeur varie entre 18 et 45 km. Ils se divisent en quatre fractions : le Zab de Biskra, le Zab-el-Chergui ou de l'Est, le Zab-el-Guebli ou du Sud, et le Zab-edh-Dharoui ou du Nord, et comprennent 32 oasis, placées pour la plupart en dehors des routes suivies. La population est d'origine arabe avec beaucoup de croisements ; le berbère (dialecte chaouïa) n'est parlée que dans la région des Hauts-Plateaux et dans les massifs montagneux qui les séparent du Hodna et des Zibans. L'oasis de Biskra forme, avec la ville française du même nom, qui lui est contiguë, une commune de plein exercice : on y a compté, au dernier recensement, 9.935 Hab. Biskra est la capitale des Zibans qui comptent plus de 500.000 palmiers, sans compter les 450.000 de l'oasis de Biskra même.
      L'Oued-Souf est situé entre le 4° et le 5° degré de longitude Est, au Sud-Est des Zibans et au sud du chott MeIrir. Il comprend 7 oasis. Son bassin est, à proprement dire, une agglomération de montagnes de sables, hautes et larges dunes qui absorbent instantanément les pluies tes plus abondantes. La capitale est El-Oued) ; l'ensemble des palmiers des oasis du Souf est de 190.000; les dattes en sont excellentes.
      L'Oued-Rir est à l'Ouest du Souf. Il comprend une suite d'oasis rapprochées les unes des autres et s'étend du Nord au Sud, jusqu'à Touggourt, sur une bande sablonneuse de 120 km avec 20 km. de large. La capitale est Touggourt.
      En 1856, la plupart des puits étaient ensablés ou taris ; les palmiers dépérissaient à vue d'œil et les habitants, réduits à la misère, songeaient à abandonner leurs oasis. Sur l'ordre du maréchal Randon, alors gouverneur général, le forage de puits artésiens fût entrepris sur plusieurs points du territoire : le succès le plus complet couronna cette généreuse entreprise et le pays tut sauvé grâce à la nappe d'eau souterraine fort abondante due à la rencontre sous sol des vastes bassins sahariens de l'oued Igharghar et de l'oued Mia. Les 43 oasis possèdent ensemble près de 700.000 palmiers et des dizaines de milliers d'arbres fruitiers.
      Au sud de Touggourt est l'oasis de TEMASSIN avec plus de 50.000 dattiers. C'est à Témassin que se trouve la zaouïa du grand maître des Tidjania.
      Le système orographique du département est formé de chaînes irrégulières, dont les rameaux se projettent confusément dans toutes les directions avec prédominance, comme de juste, de l'Ouest-Sud-Ouest-Est-Nord-Est, qui est la direction normale de tout le système de l'Atlas. Les montagnes les plus remarquables, en allant de l'Ouest à l'Est sont :
       Dans la région maritime proprement dite : le Tamesquida (16226 et 1693 m.) au Sud de Djidjelli ; le Goufi (1.183 m.) à l'Ouest de Collo; le Filfila (661 m.), qui s'avance jusque sur la plage, dans la partie centrale du golfe de Stora ; le Djebel-Zhila (550 m.), près du cap Takouch ; I'Edouqh (1.008 m.), au-dessus de Bône; les cimes les plus élevées du littoral s'élèvent tout à fait à l'Ouest du département, à toucher, celui d'Alger, dans la Petite Kabylie, au massif du Babor : le Babor à 2.004 m., le Tababort 1.969 m. ; ce groupe de montagnes est tout à fait grandiose, d'autant qu'il domine la mer et qu'ainsi il ne perd rien de sa grandeur par l'élévation de son socle.
       Dans le massif qui s'étend autour de Sétif et au sud de Bordj-bou-Arréridj : le Mégris, au Nord de Sétif, à 1.757 m.; le Bou-Thaleb, au Sud, en a 1586 ; le Maadid, qui est le " Pic du Midi " de Bordj, atteint 1.848 m. ; les monts au Sud de Mansoura s'élèvent, plus ou moins, à 1.800, tandis qu'à leur midi, la grande lagune du Hodna ne domine les mers que de 400 m. environ.
       Dans la partie du massif qui s'étend de Constantine à la frontière de Tunis on remarque ? le Djebel-Ouach (1.181 m.). à l'Est-Nord-Est, . de Constantine; le Taya (1.208 m.), à l'Est-Nord-Est de l'Ouach, au-dessus des bains célèbres d'Hammam Meskhoutine; la Mahouna (1.411 m.) au Sud-Sud-Ouest de Guelma; les monts de Souk-Ahras qui culminent, au Nord de cette ville, dans le Msid (1.405 m.), en une belle région boisée qui se ressent du voisinage de la mer.
       Le Djebel-Aurès, formé de plusieurs chaînes pour la plupart parallèles entre elles, orientées obliquement de l'0uest-Sud-Est à l'Est-Nord-Est et comprises entre Batna et Khenchéla, au Nord, et les Zibans, au Sud. Son point le plus élevé, le Chelia (2.329 m.), est situé au Sud-0uest de Khenchéla; le Touggourt ou Pic des Cèdres, voisin de Batna, en a 2.094; le Réfaa, à l'Ouest du Touggourt, 2.180.
      " L'Aurès, dit le capitaine de Magron, était en 1879 le pays le plus ignoré de la province de Constantine. C'est un massif montagneux, d'environ 100 lieues carrées, aux crêtes nombreuses, aux pentes rapides et très escarpées, aux vallées rares et très étroites. C'est une sorte de Kabylie placée aux limites du Désert, habitée de temps immémorial par des races autochtones, près desquelles sont venus s'établir les éléments étrangers, sans qu'une fusion se soit jamais opérée d'une manière sensible et de façon à absorber le peuple primitif. " La population (50.000 hab.) est exclusivement composée de Berbères et d'Arabes berbérisants parlant le dialecte chaouïa.
      Quoique moins nombreuses dans le département de Constantine que dans les deux autres départements, les plaines occupent de vastes espaces. Nous citerons :
      Dans la région tellienne : la plaine de l'Oued-Senhadja qui s'étend du golfe de Stora au lac Fetzara ; la plaine de Bône qui, sous des noms différents plaine de Bône, plaine des Kharésas, plaine des Beni-Urgine, plaine de la Mafrag, plaine de l'Oued-el-Kébir, s'étend du lac Fetzara jusqu'au massif' qui avoisine La Calle ; la plaine ou, pour mieux dire, le haut plateau de la Medjana dont la ville de Bou-Arréridj commande la partie centrale : elle ondule à de telles altitudes que les hivers y sont fort rigoureux; il en est de même de la plaine de Sétif, qui s'étend au sud de cette ville et où commence une série d'ondulations plus ou moins accentuées qui se prolongent, dans la direction de l'est, jusqu'aux environs de Tébessa; enfin, au nord de Biskra, la grande plaine d'El-Outaya, où se trouve l'oasis du même nom ; au pied occidental des escarpements de l'Aurès, cette plaine féconde avoisine le Sahara.
      Dans la partie méridionale du département, on voit aussi de grandes plaines, dont quelques-unes sont couvertes d'alfa. Les plus remarquables sont celles du Hodna, qui entourent le chott du même nom. Sous la domination romaine, et même quelques années après la conquête de ce pays par les Arabes, le bassin du Hodna était populeux et fertile. On y récoltait, dit un historien du dixième siècle, des fruits de toute sorte, des céréales et du coton; on y cultivait aussi la canne à sucre. Mais, de cette ancienne splendeur, il ne reste plus que des décombres. Les bouleversements du sol ont changé le cours des eaux et tout a fini par disparaître sous une couche de sable. Grâce à l'administration française, cet état de choses change peu à peu ; de nombreux puits artésiens ont été forés dans cette région et les habitants ont pu reprendre la culture dit dattier.

      La superficie des forêts domaniales et communales est évaluée à 810.288 hectares. Les essences dominantes sont:
- le chêne-liège (242.959 hectares) ;
- le chêne vert (234.155 hectares);
- le chêne-zéen (37.550 hectares) ;
- le pin d'Alep (146.885 hectares) ;
- le pin maritime (2.206 hectares);
- le cèdre (26.592 hectares).
- On compte, en outre, 119.941 hectares peuplés d'essences diverses.

      Les forêts les plus importantes sont celles
- de l'Ouennougha, au sud de Béni-Mansour et à l'est de l'Oued-Okris (12.200 hectares);
- d'Akfadou (8.100 hectares):
- du Babor (6.900 hectares);
- de Guergour, au sud de Bougie (14.000 hectares) ;
- de Dréats, au sud-ouest de Bou-Arréridj (14.500 hectares);
- des Beni-Fourhal, au sud-ouest de Djidjelli (8.229 hectares);
- de Collo (40.000 hectares) ;
- les massifs qui s'étendent au sud de Jemmapes (17.744 hectares);
- à l'est de Duvivier (12.598 hectares) ;
- entre Souk-Ahras et Tébessa (23.826 hectares);
- les forêts du Bou-Thaleb, au sud de Sétif (28.720 hectares);
- du Djebel-Bou-Arif, au nord-est de Batna (10.000 hectares);
- de l'Aurès (25.000 hectares); celles situées :
- à l'ouest de Khenchéla (20.780 hectares);
- au sud-ouest d'El-Kantara (19.481 hectares);
- au sud de Tébessa (20.164 hectares).

      Dire que toutes ces forêts sont vraiment et partout forêt dépasserait beaucoup la vérité; les hommes ont ici grandement dégradé les bois.

      Le tableau ci-après indique, suivant la région à laquelle elles appartiennent, l'altitude d'un certain nombre de localités :

Région maritime.
Région montagneuse.
Région saharienne.
Bougie
Djidjelli
Philippeville
Bône (Quais)
La Calle
Mondovi
Duvivier
Guelma
67
3
60
2
12
24
94
279
Bou-Arréridj
Sétif
Constantine
Le Kroubs
Souk-Ahras
Batna
El-Kantara
Tébessa
915
1.693
660
680
598
1058
517
880
Biskra
Chott Melrir
Touggourt
El-oued
Témassin



124
6
51
68
72



LA SUITE AU PROCHAIN NUMERO

RAPPEL La Saint-Couffin !
A UZES le 6 JUIN 2004
Communiqué de l'A.B.C.T
RETENEZ BIEN CETTE DATE 6 JUIN 2004 ET RESERVEZ-LA
Rassemblement national des Bônois, Constantinois et anciens de Tunisie

Cher(e) Compatriote et Ami(e) de l'Est Algérien

     J'ai le grand plaisir de vous annoncer, que pour la 37ème année, l'Amicale des Bônois, Constantinois et Anciens de Tunisie, du Gard, organise le grand rendez-vous national d'UZES. C'est donc le:

dimanche 6 juin qu'aura lieu la traditionnelle journée champêtre

     Comme les années précédentes, c'est dans le cadre verdoyant du camping municipal d'UZES , mis à notre disposition par la Municipalité de cette ville, que nous vous accuelikrons.

Le programme est le suivant:
8 heures 30 :Entrée libre et accueil des participants.
10 heures 30 : Grand-messe en plein air avec la statue de Saint Augustin : Evêque d'Hippone.
11 heures 30 :Accueil des personnalités Gardoises et des représentants des amicales de rapatriés de toute la région.
12 heures :Repas tiré du sac.
15 heures 19 heures: Animations diverses
17 heures : Tirage de la tombola. 10 lots de grande valeur (prix du billet 1 Euro 50)

Vous trouverez sur place .: Boissons, merguez et pâtisseries orientales et café.
Pains, Boissons, merguez, pâtisseries orientales et café.
La recette des différents stands, nous permet de couvrir les frais de cette organisation (assurances ? animation?sécurité, agencements etc.) Nous comptons sur vous pour les faire " tourner ".

Bônois, Constantinois, anciens de Tunisie, Pieds Noirs de tous horizons, amis et sympathisants, venez nombreux participer à cette journée, afin de retrouver des visages connus, d'échanger des souvenirs impérissables et d'assurer dans la joie et la bonne humeur le succès complet de cette manifestation.
Qu'on se le dise ! ! ! de bouche à oreilles ou par Tam-Tam....

Merci d'avance de votre participation
Le Président, J.P. ROZIER

Bônois, Constantinois, anciens de Tunisie, Pieds Noirs de tous horizons, amis et sympathisants, venez nombreux participer à cette journée, afin de retrouver des visages connus, d'échanger des souvenirs impérissables et d'assurer dans la joie et la bonne humeur le succès complet de cette manifestation.

Cette journée nationale, Campagnarde et conviviale, se déroule au Camping Municipal d'UZES (dans le Gard).
Chacun apporte son "Couffin" ou sa "Cabassette",
sa petite table et chaises pliantes.
N'oubliez pas les verres pour l'Anisette (se délecter avec modération)


L'ANISETTE
par MARIE-JEANNE GROUD
Paru sur l'Algérianiste N° 82 de juin 1998

       L'heure de l'anisette en Afrique du Nord et en Algérie en particulier était devenue une habitude incontournable.

       Consommé dans les " cafés " par une population essentiellement masculine, ce breuvage laiteux et parfumé, plus ou moins épais, emplissait des verres de petite contenance (15 cl) qui s'alignaient, à l'heure de l'apéritif, sur les comptoirs, avec les soucoupes de kémia.
       Mais l'anisette ouvrait aussi dans des verres à eau les repas dominicaux en famille, les pique-niques à la plage ou sous les oliviers, marquait la conclusion de bien des marchés. Les samedis soirs et dimanches matins, autour des comptoirs, on refaisait le monde devant cette boisson typiquement méditerranéenne, cousine de l'ouzo grec ou de l'arack chypriote et prisée même par bien des musulmans.
       Pourtant, l'engouement pour ce breuvage rafraîchissant n'a pas toujours été de même nature. Il a d'abord figuré dans la pharmacopée parmi les remèdes utilisés par les premiers habitants européens du pays. C'est la population maltaise qui, dès le milieu du 19e siècle, a distillé une liqueur à base de fenouil sauvage, d'aneth, censée prévenir ou combattre la fameuse fièvre des marais, c'est-à-dire le paludisme. Ses vertus étaient multiples : préventive, on l'ingérait pure, en petites quantités, d'où l'expression " boire l'anis à la maltaise ". On l'utilisait en compresses calmantes pendant les accès de la maladie. Diluée, on en faisait des gargarismes, des bains de bouche. Pure, elle combattait les maux de dents. A peine allongée d'eau, elle soulageait gastrites et coliques. Enfant, j'ai observé un vieux rebouteux espagnol, venu soigner la cheville de ma mère gonflée par une entorse. Il absorbait de grandes lampées d'anisette pure qu'il chauffait dans sa bouche et soufflait ensuite sur la jambe avant de la masser vigoureusement. Mon père qui examinait le niveau de la bouteille disait en riant qu'il devait en avaler un bon peu au passage...
       Par la suite, c'est l'essence d'anis étoilé ou badiane qui donna à l'anisette sa composition définitive et l'usine Gras d'Alger, fondée en 1872, fut une des premières à commercialiser cette boisson. Vint ensuite l'usine Cristal, créée en 1884 par la famille Liminana d'Oran.
       Mais cette liqueur blanche fut longtemps détrônée par la verte, c'est-à-dire l'absinthe, qui se consommait aussi beaucoup en Algérie, passée sur un sucre dans la cuillère percée, réservée à cet usage. Jusqu'à ce que la nocivité de cet apéritif très alcoolisé (70°) aboutisse à son interdiction, après la Première Guerre mondiale.
       C'est alors que l'anisette devint pour les usines un marché florissant. La marque Phénix des frères Timsitt d'Oran était même largement consommée par la communauté israélite puisqu'elle avait reçu l'agrément des rabbins. Pendant la Seconde Guerre mondiale, quelques " accros ", ne supportant pas d'en être privés plus longtemps, s'étaient même appliqués à une fabrication clandestine maison. Bref, ralliant les amateurs de toutes les communautés, l'anisette était devenue le breuvage typique du pays, la boisson " nationale ".
       On la buvait de différentes façons. Les grands amateurs y ajoutaient seulement une quantité égale d'eau fraîche. Dans le Constantinois, certains la coloraient d'un peu de grenadine et appelaient cela " une tomate " et pour ne pas être en reste, dans l'Oranais, on y ajoutait de la menthe, ce qui donnait " un poivron " ; dans l'Algérois, l'anisette additionnée de menthe devenait " un sulfate " ; plus tard, on y mit des glaçons, en prenant la précaution de les faire glisser dans le verre seulement après avoir versé l'eau, le liquide pur se cristallisant au contact de la glace.

       Quoi qu'il en soit, l'anisette bien diluée pouvait aussi être cette boisson rafraîchissante qui étanchait merveilleusement la soif, les jours de grande chaleur. On ne pouvait la déguster que sous un ciel lumineux et sur une terre brûlée de soleil. On a du mal à lui trouver le même goût ailleurs.

MARIE-JEANNE GROUD

Si dans votre région, vous avez un jour l'occasion d'aller voir la conférence de Marie-Jeanne et Hubert Groud sur les vins d'Algérie, ne la manquez pas. Ces conférences sont organisées par les Cercles Algérianistes locaux.
L'abus d'alcool est dangereux, boire l'anisette avec modération et une bonne Kémia.


Le Palmares du Collège d'Alzon - 58/59
Envoyé par M. Marius Longo


DISCOURS DE DISTRIBUTION DES PRIX
prononcé par M. l'Amiral E. MAREC


          Mes Révérends Pères,
          Mesdames, Messieurs,
          Mes jeunes Amis,

     Il y a de cela à peine un peu plus d'un lustre, j'avais, une première fois déjà, eu l'honneur de présider la distribution des prix de votre belle Institution. Et voici que, par une attention qui me touche autant quelle me remplit de confusion, les Pères d'Alzon m'ont appelé aujourd'hui à assumer à nouveau des fonctions infiniment flatteuses, certes, mais qui n'en comportent pas moins l'obligation d'infliger, uns fois de plus, à toute une jeunesse impatiente de liberté le redoutable et traditionnel discours d'usage sans lequel nul n'a jamais voulu se résoudre à lui remettre les récompenses qu'elle attend, puis, à lui rouvrir toutes grandes les portes ensoleillées de l'été sans contrainte.

     Bien d'autres, j'en ai pleinement conscience, mes jeunes Amis, auraient été beaucoup mieux qualifiés que moi pour faire de cet inévitable prélude oratoire aux grandes vacances une manière de leçon de clôture à vos études, dont la pertinence et l'opportunité auraient pu, à la rigueur, en être la justification. Je ne saurais, pour ma part, avoir une telle prétention. Du moins, l'occasion. m'est-elle ainsi donnée - et ce sera là mon excuse à retarder l'heure de vos libres ébats - d'apporter au R.P. Directeur et à ses distingués collaborateurs qui vous ont pris en charge, corps et âmes, au cours de cette année scolaire, l'hommage qui leur est dû, car ils ont bien mérité eux aussi, n'est-ce pas, de recevoir ici, ce matin, leur part de lauriers.

     Leur vraie récompense, à eux, elle est évidemment dans vos succès, mais ils la trouvent aussi, soyez-en persuadée, dans l'affectueuse reconnaissance que vous leur portez et qu'ils ont conscience d'avoir tellement méritée, tout en la partageant, cela va sans dire, avec vos familles, dont ils n'ignorent pas les charges si dignement consenties, comme avec tous ceux dont Ie généreux concours leur permet de remplir leur rude tâche dans des conditions qui vous assurent une situation à tant d'égards privilégiée.

     Je l'avais dit à vos anciens ; j'aurais mauvaise grâce à me répéter, mais croyez-vous qu'il existe beaucoup d'établissements comparables à celui dans lequel vous avez le bonheur de passer votre temps d'école, auprès d'éducateurs qui peuvent se permettre de se consacrer exclusivement à vous et avec qui vous formez véritablement équipe - votre alerte petite revue " Echos d'Alzon " en est la preuve - dans un site exceptionnel où vous demeurez en contact permanent avec tous les prestiges de la nature et toutes les magies de la lumière ? qu'ils sont loin, les sombres collèges métropolitains dont, même à Paris, les grises murailles retiennent captive derrière leurs grilles une jeunesse qui n'a d'autre échappée sur le plein air que les cours dites " de récréation ", où quelques pauvres arbres en pénitence sont seuls à lui marquer, de leur feuillage étique, la marche des saisons !

     Ici, dans le décor incomparable du golfe qui vit passer jadis les galères de Tyr et de Sidon, et qui fut, au cours des siècles, le théâtre de tant de hauts faits, vous avez toute latitude de vous abreuver constamment aux sources les plus pures de l'histoire antique, à l'ombre des nobles frondaisons méditerranéennes dont, partout autour de vous, les branches touffues encadrent harmonieusement la mer, " la mer toujours recommencée "... comme a si bien dit le poète, et qui vous est une récompense non pas seulement de chaque journée, mais de chaque heure de classe et de chaque instant de détente.

     Combien il peut être facile, en de telles conditions, dans une telle ambiance où le Passé se confond si bien au Présent, de faire ce qu'on appelait autrefois ses " humanités " ! Mais, à de rares exceptions près, on ne saurait, en notre dure époque, se contenter de cette culture désintéressée, de cette formation exclusivement classique qui apparaît un peu désormais comme une culture de luxe, adaptée aux brutales exigences modernes. Il devient de plus en plus malaisé d'affronter la vie sans un bagage scientifique, d'ailleurs plus immédiatement rentable pour l'instant, mais dont le poids ne cesse de s'alourdir au fur et à mesure que s'élargit le champ de nos découvertes.
     Il faut bien l'avouer, Mesdames et Messieurs, l'Enseignement, qu'il soit public ou qu'il soit privé, se heurte actuellement à des problèmes redoutables, qu'on ne parviendra pas à résoudre sans le concours, l'union, l'étroite collaboration de toutes les compétences : partout, à tous les échelons, constant accroissement du public scolaire ou susceptible d'être scolarisé, avec risques d'embouteillage au niveau des grandes écoles ; multiplication des connaissances qu'il devient indispensable d'acquérir ; complexité des programmes et spécialisations excessives, parfois prématurées, qui en découlent.

     Il en résulte un certain déséquilibre dans les anciennes disciplines, en partie périmées, constamment dépassées, un certain désarroi dans l'objet des examens et dans la valeur des diplômes, mais les tâtonnements qu'on peut observer dans l'élaboration des réformes de base actuellement en cours prouvent à quel point il est difficile d'innover en pareille malière. Il ne l'est pa moins de guider les jeunes dans le choix d'une carrière et de leur révéler à eux-mêmes, s'il y a lieu, où se trouve leur véritable vocation.

     La révolution qui, avec l'avènement du machinisme, a profondément bouleversé l'économie du XIXème siècle n'aura rien été en comparaison de celle qui se joue, de nos jours, à l'échelle mondiale, sous le règne à peu près exclusif de la technique, que dis-je, de toutes les techniques en inlassable gestation, en perpétuel renouvellement, dont le vertigineux essor a de quoi confondre et désorienter les meilleurs esprits, tout en les grisant d'un dangereux orgueil.

     Deux idéologies s'affrontent, ambitieuses également d'exploiter au maximum les conquêtes démesurées de la science. Mais si l'une aboutit inéluctablement à dresser devant nous le spectre de la termitière, en réduisant l'homme, sournoisement dépouillé de toute conscience individuelle, à n'être plus qu'un " robot ", l'autre, Dieu merci, tout en ne se montrant pas moins soucieuse d'adaptation réaliste aux exigences du progrès, s'efforce d'orienter ce qu'on peut appeler les néo-techniques vers un équipement industriel qui sera davantage à la mesure humaine, où la qualité pourra l'emporter à nouveau sur le nombre, et qui, sauvegardant les valeurs spirituelles et morales de nos enfants, leur permettra ainsi de ne pas se laisser emporter dans un tourbillon infernal et de résister aux assauts d'un matérialisme universel dont la victoire signifierait la fin de notre civilisation telle que nous la concevons et entendons la maintenir. Il est très beau, sans nul doute de parvenir à lancer dans le ciel des satellites artificiels, ainsi que s'y emploient avec, une ardeur égale, la Russie Soviétique, d'une part, les Etats-Unis, d'autre part mais, comme l'a dit un penseur brésilien, M. Gustave Corçao " On ne vit pas seulement de satellites artificiels ". J'ajouterai qu'on ne vit pas non plus d'expériences nucléaires ; ce pourrait être même tout le contraire ! Le Professeur Portmann, une des sommités de la Science médicale, déclarait ces jours-ci au Sénat que, si ces expériences continuaient, la situation sanitaire, dans vingt ans, deviendrait inquiétante.

     Aux dérèglements des esprits uniquement mathématiques, il faut savoir trouver un contrepoids. Et c'est alors qu'on s'aperçoit que, malgré tout, notre vieil humanisme décrié, fondement de toute culture équilibrée, n'a pas encore dit son dernier mot. D'autre part, il n'est pas douteux que, dans les conjonctures présentes. " L'Europe occidentale, menacée à l'Ouest presque autant qu'à l'Est par un scientisme exclusif, n'a de chance de survivre qu'en rassemblant et en unissant toutes ses richesses intellectuelles et en permettant aux générations montantes de disposer de tous les moyens pour atteindre à leur totale mise en valeur ". Ce sont, à peu de chose près, les termes mêmes de la déclaration dont le Premier Ministre de Belgique, le 18 novembre dernier, a fait précéder le vote du " PACTE SCOLAIRE "qui, mettant définitivement un terme en ce pays à la querelle séculaire de l'enseignement libre et de l'enseignement officiel, y a désormais assuré le développement rationnel des deux réseaux d'enseignement.

     C'est vers une semblable union de toutes les forces éducatives, appelées à oeuvrer ensemble pour assurer au plus grand nombre possible l'instruction et la culture, que tendent, chez nous aussi, les meilleurs esprits de notre temps. Un Ministre de la V° République, le Ministre des Anciens Combattants, qui est venu récemment à Bône, a pu écrire qu'il ne comprenait pas comment des divergences d'opinions pouvaient subsister encore à ce sujet. Et il ajoutait : " Les fruits de l'enseignement d'Etat dispensé dans les régimes totalitaires sont trop amers et trop abondants pour qu'aucun démocrate puisse travailler au monopole de l'enseignement ".

     Mais le rôle de vos Maîtres n'en deviendra ici, mes chers Enfants, que plus lourd et plus difficile, puisqu'il ne se sont pas donnés seulement pour mission de vous développer intellectuellement, et même physiquement, mais qu'ils ont également l'ambition d'élever vos âmes, de leur permettre d'atteindre, à l'exemple de Saint Augustin, par un seul bond du cœur, " toto ictu cordis ", à la source des vérités éternelles, de maintenir enfin en vous cet idéal chrétien conforme au génie de notre nation, à ses traditions, qui, seul, est capable de l'opposer valablement aux propagandes subversives.

     Quand il n'était encore que professeur au Séminaire de Pleaux, S.E. le Cardinal Saliège, Archevêque de Toulouse, rappelé à Dieu il y a trois ans, et qui s'y connaissait en matière éducative, avait pour méthode essentielle, a-t-il dit, de former avant tout des hommes " qui par surcroît, mais seulement par surcroît, devenaient des bacheliers ".

     Oui, ce sont bien en définitive des hommes que les Pères d'Alzon ont également l'ambition de faire de vous, des hommes instruits, certes, et bien armés pour les tâches qui vous attendent dans les diverses branches d'activité offertes à vos espoirs - et elles sont nombreuses en un pays dont l'équipement agricole et industriel va prendre une extension incalculable - mais, avant tout, des hommes de cœur, des hommes de foi, capables de vous imposer par vos qualités morales, et par la dignité de votre vie aux populations musulmanes avec lesquelles vous serez appelés à collaborer, capables aussi de vous faire aimer.

     Vous, les jeunes, vous n'avez pas seulement un rang éminent à tenir, vous avez un devoir exaltant à accomplir en cette " Aimée et souffrante Algérie " où vous à conduit votre destin, cette Algérie nouvelle promise au plus magnifique avenir à partir du jour où se dénouera enfin le drame qui l'ensanglante depuis trop longtemps. Tout la désigne pour réaliser harmonieusement la synthèse entre le génie occidental et le génie oriental dont son plus illustre enfant, Saint Augustin, avait déjà apporté le témoignage et pour montrer au monde ce que la France est capable d'y créer dans une atmosphère de compréhension mutuelle et d'estime réciproque.

     Votre terre d'élection, qui, pour la plupart d'entre vous. est également la terre natale est, ne l'oubliez pas, et paraît avoir toujours été une terre de haute spiritualité. Le grand Evêque d'Hippone avait pu faire de sa ville épiscopale un véritable pôle religieux, au point qu'aux heures tragiques des premières invasions barbares et de l'effondrement de l'Empire romain elle fut, pour un temps, le bastion suprême de la chrétienté. Quelques siècles plus tard, le déferlement des hordes nomades des déserts d'Arabie, attirées en ce pays fertile par leurs instincts de pillage, allait anéantir son oeuvre, réduire les populations décimées, et ne laisser partout que décombres ; mais, dès le X' siècle, à deux pas des ruines de la Basilique de la Paix et peut-être même avec ses pierres, un pieux ermite musulman fondait une sorte de monastère islamique où Sidi bou Merouane allait du moins s'efforcer de réfréner les instincts sauvages des nouveaux occupants, d'élever leurs esprits et leur enseigner les vertus de la prière.

     En juin 1076, le Pape Saint Grégoire VII, s'adressant à Hanadir, prince régnant aux confins de l'Aurès, pouvait lui écrire : " Dieu tout puissant, qui veut que tous les hommes soient sauvés, n'apprécie rien tant chez chacun de nous que l'amour du prochain après l'amour de Dieu, et le soin de ne pas faire à autrui ce que nous, ne voudrions pas qu'on nous fît. Or, cette charité, Nous et Vous, nous nous la devons mutuellement plus encore que nous ne la devons aux autres peuples, puisque nous reconnaissons et confessons, de façon différente, il est vrai, un Dieu unique que nous louons et vénérons chaque jour comme Créateur des Siècles et Maître de ce monde ! ".

     Ces paroles d'un Vicaire du Christ, vieilles de près de neuf siècles, n'ont rien perdu de leur actualité et sont encore capables d'inspirer votre conduite. Ce n'est pas en vain, croyez-moi, que, dans notre Algérie française, persiste l'élan parallèle vers Dieu que symbolisent le clocher et le minaret montrant pareillement du doigt le ciel et d'où tombent presque en même temps, aux heures de prière, la voix des cloches et la voix des muezzins. Elles sont une solennelle et quotidienne affirmation d'une foi agissante, capable d'opposer un bloc de résistance irréductible à la vague d'athéisme et de nihilisme qui menace, d'ailleurs, de submerger le monde.

     Mais je m'en voudrais, mes jeunes Amis, de retenir plus longtemps votre attention sur ces graves problèmes au moment où vos esprits sont irrésistiblement tournés vers les riantes perspectives des joyeuses flâneries estivales. Le Cardinal Saliège, dont j'évoquais il y a un instant la mémoire, ne vous aurait pas donné tort, lui qui disait : " Il faut savoir flâner quelquefois ". C'est là, n'est-ce pas, un conseil que vous êtes tout disposés à suivre? Mais je me souviens d'une autre parole du spirituel prélat, déclarant : " Je me suis souvent repenti d'avoir trop parlé, je ne me suis jamais repenti de m'être tu ". A moi de faire, un peu tard profit de cette remarque en mettant un terme à ce trop long propos et en cédant la parole... au palmarès.

E. MAREC
POUR VOIR LE PALMARES COMPLET
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LES BENI-RAMASSES (suite)

          Je vais essayer de situer un quartier de Bône qui doit être mal connu de la plupart des Bônois mais qui tient à mon cœur car j'y ai vécu de 1937 à 1955 et j'y suis même né en 1933, les Béni Ramassés ou Béni Mahfer.
        En effet, ma mère y a été Directrice d'école et j'y ai passé toute mon enfance. Le quartier des Béni Ramassés se composait d'une partie inférieure habitée par des Français de souches Européenne diverses et au-dessus de l'école le quartier musulman.
        La route principale partait du chemin de Ceinture à la fin de l'avenue Jean Mermoz cette route montait presque tout droit dans la colline jusqu'à la deuxième fontaine puis obliquait sur la gauche jusqu'à un embranchement sur la droite menant au château Chancel ou château de l'Ouenza qui jusqu'aux années 54 servait d'hôpital militaire. Il y avait aussi l'arrivée de petits wagonnets en téléphérique venant d'une carrière plus haut dans la montagne. Au nouveau de cet embranchement on redescendait en pente douce en laissant un petit lotissement sur la droite jusqu'au pont de l'oued Kouba au milieu de jardins potagers et de vergers. Après le pont, un chemin en terre repartait dans les collines vers Sidi-Aissa et les premières pentes de l'Edough ; la route goudronnée obliquait à droite bordée d'eucalyptus à la senteur si agréable puis on débouchait sur la mer au niveau de la plage Chapuis en laissant sur la gauche le garage Nuncie où les transports urbains de la ville de Bône avaient leur base. A droite une cité qui donnait sur la plage militaire avait été construite au début des années 50. Par contre, je me souviens d'un camp de prisonniers militaires Italiens et Allemands en 43/44. Ce tour de l'oued Kouba je l'ai fait souvent en vélo en été pour aller à la plage.
        Revenons aux Béni-Ramassés proprement dits ; la partie basse était constituée de petites villas simples sans grand luxe. Pour monter à l'école, on prenait la rue Lamoricière tres pentue au-dessus de la marbrerie Galano ou Garguillo je crois, on pouvait accéder à l'école soit par une petite rue à droite soit par des escaliers car la rue Voirol avait cela de particulier qu'elle était terminée de chaque coté par des escaliers. Les deux écoles étaient symétriques avec un péristyle cubique, un jardin sur le devant les séparait avec des bougainvilliers violets ; les deux porches s'ornaient de glycines aux teintes pâles, le bureau du Directeur, 5 classes dont deux dans des préfabriquées, une grande cour.
        J'ai revu sur une vidéo l'école des filles où j'ai vécu ; vidéo faite par un de mes frères en 1985 ; par contre l'école des garçons qui donnait sur le cimetière Européen a disparu pour laisser passer un nouveau Boulevard donnant accès à des tours construites en haut sur la colline au-dessus du cimetière vers Beausèjour.
        Rue Lamoricière habitait mes grands-parents maternels et plus bas un oncle et une tante. En face sur la route de Sidi Aissa un frère de ma mère avait aussi une villa c'est dire qu'une partie de ma famille était là. Au-dessus c'était le quartier musulman si typique, j'ai parlé de fontaines ; il y en avait trois où les gens venaient chercher l'eau car l'eau courante à la maison était quasi inexistante dans ce quartier pauvre de mème que le tout-à-l'égout. En hiver les pluies lavaient tout, mais en été cela ne sentait parfois pas tres bon. Les habitations basses étaient parfois en dur, parfois des bidonvilles plus misérables, mais il y avait beaucoup d'arbres eucalyptus et figuiers et beaucoup de petits jardins potagers. Il y avait encore à cette époque deux enseignements en Algérie et aux Béni Ramassés. Il s'agissait de l'enseignement franco-musulman. Les gens que nous connaissions étaient tres gentils ; je me souviens de la famille Bouakadia au-dessous de l'école. Je me souviens qu'à chaque mariage et à l'Aid Kebir ma mère recevait des couscous et des pâtisseries (zlabias et Makrout). En montant la côte de Sidi Aissa il s'est construit entre les deux premières fontaines une petite mosquée avec son école coranique. Voilà ce qu'étaient les Béni Ramassés un quartier de petites gens, tant européens que musulmans, tous simples et gentils mais nous n'avions pas peur d'y vivre. Maintenant les Tours, les nouveaux boulevards ont, sans doute, modifié ce paysage d'autant plus que Annaba compte maintenant plus de 400.000 habitants. le 17/9/99

Pierre.Leonardelli     
le 17/9/99                  


PROMOTION 1962....
Publié par L'Esprit Public en 1962
Envoyé par M. Marcel Metzger

La première liste alphabétique des prisonniers politiques de ce temps (1962)

"L'esprit public publie une première liste alphabétique des soldats perdus et des civils patriotes qui se trouvent actuellement enfermés dans les prisons gaullistes.
Cette première liste ne comprends que les prisonniers de Fresnes (1ère Division), de la Santé (3éme, 4éme et 6éme Divisions)et de Tulle.
Il y a d'autres prisons en France ; nous publierons ultérieurement les listes de ceux qui y sont enfermés.
En ce qui concerne Fresnes, la Santé et Tulle, nous laisserons parler les chiffres.
Les listes de Fresnes et de la Santé que nous publions sont sans doute incomplètes. Il y a en effet des mouvements d'une prison à l'autre. Il y a également de nouvelles incarcérations.
Notre journal n'est pas tenu au courant de l'actualité pénitentiaire."
Sur 560 prisonniers :
        209 sont mariés.(parmi eux des couples)
        356 sont célibataires
Ces 560 prisonniers totalisent 421 enfants parmi lesquels 59 enfants pour les 13 officiers généraux ou supérieurs enfermés à Tulle.
Parmi ces 560 prisonniers, il y a :
       111 soldats
        62 ouvriers
        50 employés
        49 cadres moyens
        49 officiers
        44 artisans
        43 sous-officiers
        40 étudiants
        27 représentants
        23 fonctionnaires
        18 commerçants
        15 ingénieurs ou cadres supérieurs
        10 agriculteurs
         7 professions libérales
         5 professeurs
         7 diverses professions ou sans.

Photo de M. Marcel Metzger

N.B. : Par respect pour tous ces Soldats ou Civils qui ont été emprisonnés, je ne publie pas la liste nominative car en France, la personne qui défend le territoire National ou le drapeau est considéré comme un terroriste alors que les ennemis de ces symboles sont portés aux nues.

Beaucoup d'entre eux sont morts, une grande majorité ont été torturés, d'autres ont été fusillés par les gaullistes.

Je recherche des Numéros de cette revue "L'ESPRIT PUBLIC". J.P.B.

60ème Anniversaire
du débarquement de provence

Textes envoyés par Jean Claude Lahiner,
Luc Demarchi et Jules Cazard

LES PIEDS-NOIRS ENCORE ET TOUJOURS OUBLIES ?

       Le 15 août prochain le Président de la République honorera à Toulon le 60ème anniversaire du débarquement de Provence et de la libération de la France par l'Armée d'Afrique.
       Symboliquement, Jacques Chirac a souhaité associer à cet hommage une vingtaine de chefs d'état du Maghreb et d'Afrique Noire dont les populations étaient alors une composantes de cette armée.
       Les Européens d'Afrique du Nord constituaient en 1944 environ la moitié des effectifs de L'Armée d'Afrique.
       Or, à notre connaissance, le gouvernement n'a aucunement marqué à ce jour sa volonté d'inviter officiellement la communauté Pieds-Noirs en tant que telle à ces cérémonies.
       Cette absence des Pieds-Noirs si elle se confirmait, serait absolument intolérable et serait une nouvelle preuve de l'éternel mépris que cette prétendue " mère patrie " nous porte.

       L'un de nos compatriote, René Mayer, dans son excellent livre " Algérie- Mémoire déracinée " (L'Harmattan) à très bien décrit ce qu'était l'Armée d'Afrique et les raisons de l'ignorance de la Nation à son sujet.

       Le Président de la République, son gouvernement et avec eux tous les français devraient lire le chapitre de ce livre intitulé :

" SILENCE SUR UN SACRIFICE "
Par M. René Meyer
" Algérie- Mémoire déracinée " (L'Harmattan)

       Y a-t-il un français sur mille - à part ceux qui se sont trouvés mêlés à ces évènements - pour connaître les épisodes de notre histoire que je viens de rapporter ?
       Qui sait qu'à de multiples reprises, en Tunisie, en Italie, lors du débarquement en Provence et sur le Rhin, le sacrifice de l'Armée d'Afrique a permis de rapprocher sensiblement le jour de la Victoire, a raccourci les souffrances de la France occupée, a contribué à lui rendre sa place et son honneur dans le concert des Nations, lui a valu notamment de détenir cette place privilégiée qu'elle occupe au Conseil de sécurité des Nations Unies ?
       Pour certains, c'est le moment, bien sûr, de soutenir que ce sont les Indigènes qu'on a envoyé se faire tuer en première ligne, les Européens restant à l'arrière comme officiers ou pour assurer la logistique. La vérité est assez différente. D'une part, la plupart de ces Indigènes étaient volontaires. Ils n'ont pas été expédiés de force. S'ils avaient été contraints de s'engager dans ces tueries, les occasions de déserter auraient été nombreuses. Ils ont répondu à l'appel. La plupart en étaient fiers. Aujourd'hui encore, dans les défilés Harkis, les survivants arborent des croix de guerre gagnées en Italie, en Provence ou en Alsace.
       D'autre part, les taux de pertes en vies humaines n'ont été ni plus ni moins lourds dans les rangs des Français d'origine européenne que dans les rangs des Français musulmans d'Algérie, des Marocains et des Tunisiens. Pour des effectifs équivalents, il y a eu environ 20.000 tués européens, et 20.000 tués d'origine nord-africaine.
              Antony Clayton, un historien anglais chargé de l'enseignement de l'histoire à l'école d'officiers de Standhurst, le Saint-Cyr britannique, a procédé à un examen minutieux des carnets de route de différentes unités françaises de l'Armée d'Afrique. Voici comment par exemple il rend compte des pertes subies par deux régiments algériens de cavalerie :

3ème régiment de spahis algériens
Pertes

en Italie
en France
en Allemagne
Total

Européens

54
27
9
90

Indigènes

9
4
0
13

7ème régiment de chasseurs d'Afrique
Pertes

en Italie
en France
en Allemagne
Total

Européens

52
28
10
90

Indigènes

9
3
3
15

       Dans ce cas des deux régiments examinés ici, les Européens ont supporté 87,5% des pertes, alors qu'ils représentaient, tous grades confondus, 85,9% des effectifs.
En somme les balles allemandes ignoraient le racisme.
              Il est infiniment désagréable d'avoir à tenir une comptabilité aussi macabre. Ou, pire encore, face au sacrifice suprême, de paraître vouloir confronter, ce qu'à Dieu ne plaise ! les mérites et le courage des uns et des autres. Tous les morts méritent le même respect et la même reconnaissance. Seule l'intolérable mauvaise foi de certaines insinuations peut contraindre à surmonter cette répugnance.
              Si le courage et parfois l'héroïsme des engagés Musulmans ne l'ont en rien cédé à ceux des Européens, en revanche, au niveau des communautés respectives, l'intensité du sacrifice n'a pas été comparable. Dans ses mémoires, le Maréchal Juin écrit : " l'effort de mobilisation a été dix fois plus intense chez les Européens que chez les Musulmans ".
              La population musulmane de toute l'Afrique du Nord était de 18,5 millions de personne et celle des européens de l'ordre de 1,1 million. Le nombre de soldats engagés dans la guerre et le nombre de victimes ont été sensiblement les mêmes. Le coefficient dix avancé par Alphonse Juin est donc encore au-dessous de la vérité.
              Pour être en mesure de jeter dans la grande mêlée une armée française capable de tenir son rang à côté de celles de nos puissants alliés, il a fallu, dans la population européenne d'Afrique du Nord, recourir à une ponction à laquelle on ne connaît aucun précédent. Au niveau des simples soldats, on a appelé l'ensemble des Français valides de 18 à 45 ans. Les gradés, eux, ont été mobilisés par convocation individuelle, bien au-delà de la cinquantaine, à un âge variable suivant les besoins et suivant les armes.
              Au total, l'armée française de 1943-1945 était composée de la manière suivante :
- 173.000 Tunisiens, Algériens, Marocains et Noirs Africains (AOF et AEF),
- 168.000 Français d'Afrique du Nord,
- 20.000 Français de la France continentale, évadés, officiers d'active, fonctionnaires en mission,
- 35.000 Français de Corse (à partir de janvier 1944).
       La population d'Européens d'Afrique du Nord étant à cette époque de 1.076.000 personnes, l'effectif sous les drapeaux en représentait donc 15,6% , soit une personne sur six ou sept, hommes, femmes, enfants et vieillards compris. Pour prendre conscience de ce qu'a représenté un tel effort de mobilisation (ou d'engagement volontaire), on peut évaluer ce que donnerait ce même pourcentage, s'il était appliqué aujourd'hui à l'ensemble de la population française : 56,6 millions d'habitants x 15,6/100 = 8,82 millions de soldats.
       Jamais , à aucun moment de notre histoire, un tel chiffre n'a été approché. Même aux pires heures de 1917, quand les femmes prenaient en France le relais des hommes dans les usines d'armement, le nombre de soldats sous les drapeaux est resté inférieur à huit millions. Or il comprenait les effectifs des unités coloniales qui débarquaient par cargos entiers dans tous les ports de France.
       En 1944 et 1945, en Afrique du nord, pratiquement tous les Européens en état de porter les armes ont été appelés. Rapidement instruits, équipés par les Etats Unis, entraînés suivant les méthodes aussi proche que possible du combat réel, " Ils subissent un entraînement intensif et rapide avec tirs réels à balles traçantes, attaque de blockhaus, simulation aussi proche que possible du vrai combat ". Cet entraînement fait " de nos divisions un outil de guerre qui ne le cédait en rien à ceux de nos alliés ". Dès que leur entraînement est terminé, ils sont embarqués ou parachutés sur l'autre rive de la Méditerranée afin d'aller libérer leur patrie. Aussi, quand le 8 mai 1945, le jour même de l'armistice, éclatent les émeutes de Sétif, il ne reste pratiquement plus dans la population européenne d'Algérie que des femmes, des enfants, des hommes ayant passé la cinquantaine, quelques invalides, des blessés en convalescence et des jeunes recrues en formation. La gendarmerie, comme toutes les autres armes, a été projetée au-delà du Rhin.
       On ne peut pas comprendre la panique qui s'est emparée des autorités gouvernementales et militaires françaises, ni la brutalité de la répression qu'elles ont improvisées, si on ne sait pas qu'il n'existait plus à ce moment-là sur le sol de l'Algérie aucune force de l'ordre organisée pouvant être opposée aux émeutiers.
       En 1914-1918, les Français d'Algérie avaient perdu une première fois 22.000 morts (ou 25.000, les chiffres varient suivant les sources). Entre 1942 et mai 1945, ils en ont perdu une deuxième fois plus de 20.000. Leur population étant environ cinquante fois moindre que la population française totale, c'est comme si la France, après avoir perdu 1.357.000 morts au cours de la première guerre mondiale, en avait perdu à nouveau pratiquement autant durant la seconde.
       Personne ne sait cela. Personne ! à quoi tient cette ignorance ? A défaut de la justifier, différentes raisons permettent de la comprendre : - 1/ La coïncidence de date entre la prise de Rome et le débarquement en Normandie. La portée de la première a été éclipsée par le retentissement du second.
- 2/ l'effet perspective déjà évoqué. Dix résistants mitraillés place de l'Hôtel de Ville pèsent plus lourd dans l'imaginaire national que mille soldats français se faisant hacher menu pour enlever un sommet des monts Aruncins.
- 3/ L'hégémonie américaine sur les moyens modernes de communication (cinéma, télévision, etc.). Hollywood règne sur la distribution mondiale des films. Sa production véhicule une stratégie de communication qui prend les plus grandes libertés avec la vérité historique.
       A trois reprises, la télévision française a diffusé un film issu des studios californiens et traitant de la campagne d'Italie. On peut y voir des soldats américains encordés comme pour escalader l'aiguille du Dru, s'attaquer à l'ascension des murs du monastère de Monte Cassino. Inutile de préciser que parmi les rambos alpinistes et cinégéniques, on n'aperçoit pas l'ombre d'un français.
       En vérité, lors de la prise du Monte Cassino, le malheureux monastère n'existait plus. Le 15 février 1944, il avait été stupidement transformé en un monceau de ruines par cinq cents forteresses volantes américaines qui avaient déversé sur lui 576 tonnes de bombes ! Ce carnage répondait à la demande insistante d'un général nééo-zélandais, le général Freidenberg, dont le nom ne passa pas à la postérité pour celui d'un grand défenseur de la Culture. Car ce monastère ne présentait strictement aucun intérêt stratégique. Les seuls militaires qui l'occupaient appartenaient à la Feldgendarmerie. Sur les ordres du feldmarschal Goering, qui comptait sans doute se les approprier ultérieurement, ils avaient pour mission de protéger du pillage les œuvres d'art qui y étaient accumulées.
       Quand Clark et Juin déclenchent leur offensive de printemps, il n'y avait pas l'ombre d'un soldat américain dans les environs du monastère en ruine. Au reste, s'il s'en était trouvé un, un solide mulet marocain lui aurait sans doute été plus utile qu'un harnachement de varappeur.
- 4/ La stratégie de communication gaulliste. Le général de gaulle a été l'un des premiers à comprendre l'importance de la communication et la portée que lui assuraient les nouveaux moyens d'information, la radio et plus tard la télévision. Dans l'intérêt même de la France dont de Gaulle se voulait le héraut, il fallait valoriser l'importance des " Français Libres " qui avaient courageusement rejoint Londres dès les premières heures de la défaite, et gommer tout le reste. Le reste, c'était la lamentable défaite de juin 1940, la collaboration avec les Allemands, la marine préférant se faire couler (à Mers-el-Kébir) ou se saborder (à Toulon) que de continuer le combat, l'amiral Darnan servant Laval et collaborant avec l'ennemi, Noguès faisant tirer sur les américains. Tout cela devait être tu. Tout, sauf l'appel du 18 juin à radio Londres et l'épopée de Leclerc, devenu le libérateur de Paris.
       Devait en revanche être minimisé le rôle de ces Résistants, trop souvent FTP, qu'il avait voulu empêcher non sans mal de faire basculer le pouvoir en France du côté de Moscou. Devait être totalement occultée, l'ambiguïté, pour ne pas dire plus, de certaines ambitions présentes dans les allées de Vichy, certains zèles préfectoraux et policiers pro-nazis, certaines participations, au titre du STO, à l'effort de guerre allemand. Toutes vilenies que le Général ne pouvait ignorer, mais dont il ne se servit jamais pour discréditer ses adversaires politiques, afin de ne pas risquer, par ricochet, de porter atteinte à l'image de la Nation.
       Dans cette logique, le rôle-clé qu'avaient joué les Français d'Afrique de Nord devait également être estompé.

       L'effet de ces stratégies convergentes fut un mur de silence sans faille. Si vous ouvrez le Larousse encyclopédique en un volume, vous trouverez une colonne entière sur les différentes " guerres d'Italie " et sur les " campagnes d'Italie ". Vous saurez tout sur le traité de Cateau-Cambrésis. Vous trouverez des cartes décrivant l'itinéraire des armées de François 1er, une reproduction du tableau montrant Bonaparte brandissant un drapeau tricolore pour franchir le pont d'Arcole, des plans représentant les positions respectives des armées sur les champs de bataille de Rivoli, de Magenta ou de Solférino. Mais sur la revanche prise sur le nazisme par les armes françaises après leur défaite de juin 1940, vous devrez vous contenter de ce commentaire laconique :

1943-45 : Une dernière campagne oppose les alliés (sic) aux Allemands qui sont chassés d'Italie.
       " Les alliés ". Certes, on peut soutenir que ce terme embrasse aussi les Français. Mais ce qui va sans dire aurait été mieux encore en le disant. Un mot sur les sacrifices consentis par cette Armée française venue d'Afrique, composée pour moitié d'Africains et pour moitié d'Européens, sur la victoire qu'elle permit de remporter et sur les conséquences de cette victoire, n'aurait peut-être pas été malvenu.
       A défaut d'une reconnaissance plus explicite de la part de la Métropole, rapportons ici celle d'un étranger qui fut le témoin direct de l'aventure. Ridgeway Knight, qui fut par la suite ambassadeur des Etats-Unis à Paris, appartenait à l'époque à l'état-major de Clark. Parfaitement bilingue, il figura parmi les officiers chargés d'assurer la liaison avec les Français. Il a déclaré à France 3, au cours d'une émission de la série " La planète chaude " : " Ce que le corps expéditionnaire français a fait en Italie n'a été surpassé par aucune autre force française dans son histoire ".

       Du silence qui a couvert cette guerre est issu un lourd malentendu qui, de 1956 à 1962, va séparer les appelés du contingent et les Européens d'Algérie (et leurs alliés musulmans). Les premiers ignoraient tout des sacrifices des seconds et n'avaient pas le sentiment d'avoir une dette envers eux. En revanche, ceux-ci prirent le refus des premiers de venir se battre à leur tour, les trains dont on tirait le signal d'alarme en rase campagne, les jeunes soldats éparpillés dans la nature et que les gendarmes devaient aller rechercher un à un, la grève des dockers de Marseille refusant d'embarquer du matériel militaire, l'immobilisation de l'armée en gare de Grenoble les 15 et 30 mai 1956 etc. comme autant de signes d'ingratitude.
       Sans même évoquer " les porteurs de valises " qui transportaient des bombes destinées à tuer femmes et enfants pieds-noirs aux arrêts d'autobus. "




"Extraits de la lettre de De Lattre à de Gaulle
expédiée de Montbéliard, le 18 décembre : "

Par M. Raymond Muelle aux Presses de la Cité
Bataillons de choc et commandos de la 1ère Armée
Des Vosges à l'Allemagne 1944-1945

       "D'un bout à l'autre de la hiérarchie et particulièrement chez les officiers, même de haut grade, l'impression générale est que la nation les ignore et les abandonne. Certains vont même jusqu'à s'imaginer que l'armée régulière, venue d'outre-mer, est sacrifiée de propos délibéré. La cause profonde de ce malaise réside dans la non-participation apparente du pays à la guerre.

       Le combattant venu d'Italie ou d'Afrique du Nord voit ses camarades tomber autour de Iui sans que jamais un Français de France vienne combler les vides causés par la bataille. Certes il n'ignore pas que les unités FFI, maintenant en nombre substantiel, viennent se battre avec vaillance à côté de son régiment, mais, dans le créneau de son unité, il ne voit toujours personne venir re compléter les effectifs qui fondent. Le malaise est aggravé par la fatigue de quatre mois de campagne ininterrompue, sans aucune relève, et par des conditions atmosphériques particulièrement inclémentes... je me permets d'insister d'une façon particulièrement insistante auprès de vous pour que la 1ere armée française reçoive au plus tôt les 8 000 ou 10 000 jeunes Français qui lui sont indispensables pour retrouver son équilibre moral et sa valeur combative du début de la campagne."




" LES COLONIAUX
DANS LA BATAILLE DE LIBERATION "

Par M. Louis Garros
(Historama H.S. N°4 Avril 1968)

       En juin 1944, le C.E. d'Italie est relevé, la 1ère armée française se forme sous le commandement du général de Lattre de Tassigny.
       Elle comprend deux corps d'armée : le 1er est commandé par le général Béthouart, le 2ème par le général de Monsabert.
       Les éléments dont ils vont disposer sont les suivants :
       1ère Division Française Libre, appelée depuis quelque temps Il division d'infanterie motorisée, général Brosset.
       2ème division d'infanterie marocaine, général Dody, puis général Carpentier.
       3ème division d'infanterie algérienne, général Guillaume.
       4ème division marocaine de montagne, général Sevez.
       9ème division d'infanterie coloniale, général Magnan, puis généraux Morlière, Valluy.
       1ère division blindée, général du Vigier, puis général Sudre.
       5ème division blindée, général de Vernéjoul, puis général Schlesser.
       Réserves générales : trois groupements de tabors, un régiment de zouaves (9ème ), un régiment de tirailleurs algériens (1er ), deux régiments de chasseurs d'Afrique (chars), trois régiments de spahis, un régiment colonial de chasseurs de chars, et le 2ème dragons.

       C'est cette armée imposante qui va effectuer le débarquement de Provence. Le 16 août à 17 heures, les côtes de France sont en vue, depuis la veille, les groupes de choc français et les Américains ont débarqué.

       Le travail de préparation a été considérable. Le premier échelon des troupes françaises a embarqué à partir du 9 août à Tarente et à Brindisi, à Ajaccio et à Bastia, à Oran et à Alger, il comprend 30 000 hommes de la 1ère D.F.L., 3ème DIA., 1ère D.B., groupe de commandos, groupe naval d'assaut. Le deuxième échelon doit débarquer trois jours après le premier, tabors et partie de la 9ème D.I.C. Deux autres échelons débarqueront dans les quinze jours qui suivront. Puis, à partir du vingtième jour et jusqu'au quarantième, le reste des unités combattantes : 2ème D.I.M., 4ème D.M.M., reliquat des 1ère et 5ème D.B., mettront à leur tour pied à terre.
       Dès le premier jour, Américains et Français vont se trouver en présence de huit divisions allemandes appuyées par de puissants retranchements et disposant d'une artillerie terrestre dix fois supérieure à la leur.

       Le général américain Patch commande l'ensemble de la VIIème armée qui comprend le 6e corps U.S. et l'armée française. Cette dernière doit débarquer son premier échelon de forces à partir du 16 août sur les plages de Cavalaire, de Saint-Tropez et de Sainte-Maxime. Sa mission est de s'emparer de Toulon puis de Marseille, ensuite d'exploiter par la vallée du Rhône en direction de Lyon. La côte fourmille d'organisations défensives. Toulon est l'un des camps retranchés les plus forts d'Europe, il est tenu par les matelots de la Kriegsmarine. On prévoit que la lutte sera acharnée. L'armée française devra attaquer avec 30 000 hommes un ennemi très supérieur en nombre fortement retranché dans du béton. Deux solutions s'offrent à elle : attendre le regroupement du premier échelon débarqué et l'arrivée du deuxième pour, attaquer; ou profiter du désarroi initial de l'ennemi et attaquer immédiatement Toulon. C'est à cette solution audacieuse que se rallie le général de Lattre, qui décide de pousser rapidement vers l'ouest sur l'axe Cavalaire, Solliez, Le Beausset.

       Dans la nuit du 14 au 15, l'aviation bombarde massivement la côte entre Marseille et Menton. Dans la même nuit, se produit le débarquement des forces aéroportées U.S. dans la région de Muy et de Grimaud, et le débarquement par mer du groupe de commandos français au cap Nègre. Le matin du 15 août, le 6ème corps d'armée U.S. donne l'assaut par mer avec ses trois divisions, renforcées par un élément de la 1ère division blindée française.
       Le débarquement du premier échelon français commence le 16 août à 19 heures et, le 18, à midi, la majorité du personnel est à terre, mais la moitié seulement des véhicules et du matériel. Le général de Lattre décide cependant de brusquer l'attaque de Toulon. Il a vu juste. En six jours, le camp retranché, défendu par la 242ème division allemande, par 200 canons et 5 000 marins, sera enlevé de haute lutte. Ce sera l'œuvre d'une partie de la 3ème division algérienne, de la 1ère D.F.L. et d'une partie de la 9ème D.I.C. Les Sénégalais du général Magnan s'empareront de La Valette, de Saint-Jean-du-Var et pénétreront dans Toulon par l'Est. La 1ère D.F.L. progressera jusqu'à La Garde et l'un de ses détachements s'emparera de l'arsenal maritime. Le 26 août, la bataille de Toulon s'achève, la résistance ennemie s'écroule progressivement avec la chute des ouvrages de La Brux, du Balaguier, du Peyras, du Brégailon. Le 27, l'amiral allemand Ruhfus, commandant la place et le front de mer Méditerranée, réfugié à Saint-Mandrier avec son état-major et 2 500 marins, se rend au général Magnan, commandant la 9èmedivision d'infanterie coloniale. Ce seront donc des coloniaux qui auront officiellement repris Toulon, leur vieille ville de garnison, notre grand port militaire dans la rade duquel on voit les épaves de la flotte sabordée. A Marseille, la garnison a capitulé le 28 au matin. Près de 35 000 Allemands, dont 690 officiers, ont été capturés.
       Dans l'ordre du jour qu'il adresse à ses troupes le 3 septembre 1944, le général de Lattre cite les hommes de la 9ème D.I.C., les vainqueurs de l'Ile d'Elbe, qui n'étaient que 500 à peine lorsqu'ils s'enfoncèrent au cœur même de Toulon, et qu'ils se mirent à réduire méthodiquement, obstinément, les centres fortifiés de l'ennemi.

       LA POURSUITE

       Le 28 août, la Provence était libérée. Deux semaines après, l'armée française, poursuivant l'ennemi en retraite par les vallées du Rhône et de la Saône et par la route des Alpes, s'emparait du plateau de Langres, atteignait les contreforts des Vosges et arrivait au contact des défenses couvrant les places de Montbéliard et de Belfort, réalisant une avance de 750 kilomètres, malgré la résistance acharnée des arrière-gardes ennemies, remportant un succès stratégique décisif le 12 septembre en opérant, à Châtillon-sur-Seine, sa jonction avec les forces alliées du Nord. Elle coupait ainsi toute ligne de retraite aux formations allemandes refluant du centre de la France vers la trouée de Belfort.
       Un premier groupement (1ère D.B. et 1ère D.F.L.) remonta la vallée du Rhône par la rive ouest, tandis que le deuxième (3ème D.I.A. et tabors) progressait par la route Napoléon. L'ennemi évacuait le Languedoc, ses éléments blindés s'accrochaient à Montélimar et à Valence. Le 31 août, le Rhône fut franchi en Arles et Avignon sur des ponts de fortune. Saint-Etienne et Saint-Chamond furent libérées le 2 septembre et, le lendemain, le 2ème corps d'armée entrait dans Lyon par l'Est et le nord-ouest tandis que le 6ème corps U.S. y pénétrait par le sud-est. Le bassin industriel de Saint-Etienne était totalement libéré le 4 ainsi que l'agglomération lyonnaise. La 3ème D.I.A. avait franchi le Rhône vers Lagnieu le 2, l'Ain à Pont-d'Ain le 3, le Jura était atteint. Dans les Alpes, la 2ème D.I.M. était à Guillestre le 31 août, à Larche le 1er septembre.
       Le général de Lattre décida d'exploiter à fond en direction de Belfort et de Saverne par la vallée de la Saône. Le groupement Monsabert agit sur la direction Dijon/Epinal pour réaliser la liaison avec les forces américaines du Nord; le groupement Béthouart agit en direction de Besançon et Belfort afin de pénétrer en Haute-Alsace. Les Américains entre les deux groupements, sur la direction Bourg-Besançon-Vesoul.
       Le 9, Autun était occupé, le 11, Dijon tomba à la suite d'un raid audacieux du bataillon de choc dans la région de Plombières et le 12, ainsi que nous l'avons dit, la jonction avec les armées du Nord avait lieu à Châtillon-sur-Seine. Le 14, la 1ère D.B. était à Langres, le 15 à Chaumont.
       A partir du 14, la 1ère armée, essoufflée, se regroupe sur là ligne Blamont-Pont-de-Roide et région de Lure.

       LA 9ème DIVISION D'INFANTERIE COLONIALE

       Cette grande unité fut l'une des plus belles parmi celles qui inscrivirent dans nos livres d'histoire les pages glorieuses de la Deuxième Guerre mondiale. Commandée successivement par des chefs énergiques et humains, les généraux Blaizot, Magnan, Morlière et Valluy, elle était essentiellement de formation coloniale. Et ce fut un véritable tour de force d'y substituer, une fois en France, des éléments divers, jeunes volontaires des F.F.I., venus des quatre coins du pays.

       La 9ème D.I.C. était née en Oranie au printemps de 1943. Alors strictement formée de tirailleurs sénégalais prélevés sur l'Afrique du Nord (6ème et 13ème R.T.S.) ou l'A.O.F. (4ème R.T.S.) elle fut mise au point par le général Blaizot et son régiment de reconnaissance fut le fameux R.I.C.M., de Rabat. Lorsque fin avril elle s'embarqua pour la Corse, c'était une formation solide qui allait entrer en lice.
       Le 17 juin, qui deviendra le jour anniversaire de la division, elle partit à la conquête de l'Ile d'Elbe et ce coup d'essai fut concluant. Deux mois plus tard, c'était le débarquement en Provence, la chute de Toulon, puis le 5 septembre, le regroupement à Vierzon.
       Le 13 septembre, rejoignant le 1er corps d'armée, la 9ème division d'infanterie coloniale s'engageait dans la boucle du Doubs. Autour du fort de Lomont, des combats furieux se livrent. Cependant l'été touchait à sa fin et, formée en majorité de Sénégalais peu résistants au froid, elle dut les renvoyer dans le Midi. Ce fut alors la période de " blanchiment " effectué sans quitter les lignes. Les régiments changèrent de nom. Le 4ème R.T.S. devint 2ème R.I.C.; le 6ème R.T.S. devint le 6ème R.I.C.; le 13ème R.T.S. devint 23ème R.I.C.
       Le 14 novembre au matin, le général de Lattre de Tassigny, commandant la 1ère armée française, brusquant l'attaque. Perce le dispositif ennemie. C'est la 9ème D.I.C. qui a cet honneur. Son régiment de reconnaissance, le R.I.C.M., atteint le Rhin. Fin novembre, l'ennemi est chassé du Sundgau et la division monte à Mulhouse qui devient un môle invulnérable.
       Au début du mois de janvier 1945, les attaques allemandes s'amorcent sur tout le front; l'ennemi joue ses dernières cartes. La 1ère armée reprend son offensive le 20 janvier dans le secteur de Colmar. La 9ème D.I.C. s'empare alors de toutes les cités ouvrières de la banlieue nord de Mulhouse, combats acharnés et coûteux. Le 6 février, l'Ill est franchi, Ensisheim enlevé et le 19 février, le Rhin de Chalampé est atteint.
       Il s'agit alors de garder Strasbourg et de préparer la grande offensive contre l'Allemagne.
       Déjà le 2ème corps du général de Monsabert a pénétré dans le Palatinat. La division se dirige vers Lauterbourg et, le 2 avril au matin, un bataillon du 21ème R.I.C. traverse le Rhin et occupe par surprise les blockhaus de Leimersheim. Le 4, la moitié de la division saute sur Karlsruhe et sans perdre de temps, une colonne s'engage sur la route de Rastatt où elle se heurte vers Morsch-Neubourgweier à une bretelle de la ligne Siegfried.

       Empruntant la route la plus longue et la plus dure, elle enlève successivement Durlach, Burlach, Gernsbach, enfouies dans des vallées étroites. C'est ensuite Sessart et Volkensbach qui tombent. Le 10 avril le pont de Kuppenheim, sur la Murg, est saisi, Les blindés s'engouffrent dans la vallée et d'autres éléments occupent Baden-Baden et Rastatt.

       Quatre jours plus tard, après avoir forcé Bühl et Achern, le 23ème R.I.C. s'empare d'Oberkirch et ouvre la route de Wurtemberg au 1er corps d'armée.

       La 9ème D.I.C. a été ainsi un des instruments déterminants de l'audacieuse manœuvre qui, après avoir porté des unités jusqu'au Neckar, foncera de Freudenstadt et prendra à revers le Jura souabe. C'est alors la désagrégation du front allemand et le défilé rapide des villes conquises : Fribourg, Lôrrach, Neustadt, Waldshut et le lac de Constance. En vingt-neuf jours, la division a conquis en pays de Bade les trois quarts du massif montagneux réputé pour son impénétrabilité. Elle s'est emparée de près de 200 villes ou villages, parcourant environ 300 kilomètres, anéantissant cinq divisions allemandes.
       Nous en aurons fini avec cette énumération des contingents coloniaux lorsque nous aurons rappelé que les dernières formations prirent part aux opérations de réduction des poches de la pointe de Grave et de la forteresse de Royan après de durs combats. Ce furent

       - Le régiment d'Afrique Equatoriale Française, colonel Candau.
       - Le bataillon de marche d'Extrême-Orient, lieutenant-colonel Metayé.
       - Le bataillon Somali.
       - Le bataillon des Antilles, lieutenant-colonel Tourtet.
       - Le bataillon de marche N°2 d'A.E.F., commandant Amiel,

       Nous devons maintenant rendre hommage aux formations coloniales de la Division Française Libre en rappelant toute l'étendue de leurs sacrifices et leurs nombreux titres de gloire.

LOUIS GARROS



"J'AI VU DES FRANÇAIS D'ALGERIE... "
Par M. le Général De Linarés
(Livre, Le crépuscule du Coq, Yves Rémy)

       Par exemple:
       "J'ai vu des Français d'Algérie, conduire à la bataille des indigènes, qu'ils encadraient la veille au champs, et à l'atelier.
       Sortis pour la plus part, du creuset où se sont fondues les races d'origines Méditerranéennes:
       Espagnols, Italiens, Mahonnais, issus pour la plupart de familles importées de la Métropole, tous habitués à la lutte pour la vie.
       Les Français d'Algérie, ont compris que, plus que leurs frères Musulmans, ils se devaient de participer à la délivrance de la Mère Patrie.
       Epaulés par leurs camarades évadés de France, et sorties de geôles Espagnoles, ces fils de colons, d'ouvriers, et de fonctionnaires, souvent imbus de susceptibilités particulières, pour ce qui est de leur droit de cité, sont partis avec enthousiasme.
       Tous ces Français, Métropolitains, et Algériens, ont payé, un lourd tribut à l'autel de la Patrie.
       12 000 Des leurs, pour la seule 3eme D.I.A., ont été meurtris dans leur chair.
       4 000, ne reverront plus leur chaud soleil d'Afrique.
       Fraternellement unis, Chrétiens et Musulmans, de l'Empire ont fait bloc contre l'Allemand, pour la France.

              Général De Linarès, commandant le 3eme R.T.A., au cours de la campagne d'Italie, et du débarquement en Provence."
              Chef d'Etat Major, du général commandant la 1ere Armée Française commandant la 2eme D.I.M.


Afin que nul n'oublie
Envoyé par M. Gabriel Chaudet
Paru sur la Revue "Trait d'Union" N°48

A la Gloire de "Rhin et Danube'.
Maryse RICHE MULLER

Au pied des monts bleutés, en un site historique,
Il est une colline où flottent nos couleurs...
Endormis à jamais, abattus loin des leurs,
C'est là que sont couchés ceux de " l'Armée d'Afrique ".

Alignés sous la Croix ou la Stèle hébraïque,
Arborant le Croissant du soldat musulman,
De modestes tombeaux sont les témoins du sang
Que versèrent pour nous ceux de " l'Armée d'Afrique ".

Et sur ce tertre obscur, morne et mélancolique,
Ils ne sont pas tous là : les autres, par milliers,
Ont jalonné de gloire en usant leurs souliers,
La route de l'Honneur, chère à " l'Armée d'Afrique ".

Quand ils ont débarqué, courageux, magnifiques,
Venus de Kabylie, d'Alger, venus d'Oran,
De Tunis, de Rabat, de Dakar, d'Abidjan,
Ils étaient de chez nous, ceux de " l'Armée d'Afrique !"

Ils s'appelaient, Heitzler, Ginart ou Bou-Haïke,
Bacri, Pouey, Müller, Bouyssou, Villebourg,
Dont l'idéal était de planter sur Strasbourg
Leurs drapeaux glorieux : ceux de " l'Armée d'Afrique !"

A leurs rangs s'ajoutait le peuple nostalgique
Ayant quitté la France en fuyant l'Étranger,

Fier de rejoindre aussi ceux de " l'Armée d'Afrique !"
Leurs grands chefs égalaient les héros de l'Attique :
C'étaient Juin et Leclerc, De Lattre ou Monsabert,
C'étaient Giraud, Brosset, Jouhaud, de Boislambert,

Qui menaient au combat ceux de " l'Armée d'Afrique"…
Ils ont rétabli Rome en sa grandeur antique.
On les a vus à Sienne, au Monte Cassino,
Dans la neige et le froid du Garigliano,
Dans Mulhouse et Colmar, ceux de " l'Armée d'Afrique"…

Après avoir vécu l'Aventure Homérique,
Sur les Champs-Élysées quand ils ont défilé,
Le peuple de Paris a longtemps acclamé
Et serré dans ses bras ceux de " l'Armée d'Afrique "…

Mais tant d'autres sont morts en n'ayant pour musique,
Que la voix du canon et la plainte du vent
Passant, arrête-toi sur leurs tombes souvent :
Prie et recueille-toi : là dort " l'Armée d'Afrique" .


PIEDS-NOIRS, IL EST TEMPS……
A mes chers compatriotes Pieds-Noirs


       Je pense mes amis, qu'il va être temps de nous réveiller.
       Arrêter, de déteindre, sur les gens qui nous ont " accueilli " sur une terre qui soit dit en passant devait être la nôtre, alors que nous savons pertinemment, qu'elle ne le sera jamais.
       On nous le démontre, on le dit et le répète, sans arrêt, et, tous les jours.
       Nous faisons partie d'une ethnie, qui ne peut intégrer, le format demandé.
       Nous devons nous dire, une fois pour toute, que l'on ne nous aime pas, tout simplement parce que l'on ne nous a jamais aimé.
       Nous représentons, des concepts, des idées, et des valeurs qui n'existent pas, en terre de France.
       Ils ne peuvent avoir les mêmes, ils ne les connaissent pas, et bien souvent, n'en ont pas la moindre idée.
       Peut-être n'en sont-ils pas responsables.
       L'héritage de Mai soixante huit, est tellement lourd.
       Tant que cette génération, ne sera pas passée, ainsi que la suivante, leurs descendants ayants reçus, la même éducation :
       Les Français d'Algérie, seront toujours des Pieds-Noirs dans le sens le plus péjoratif du terme.
       Regardons autour de nous, la télé, la radio, la presse, les politiques, les syndicats, les artistes.
       Tous sont unanimes, pour dire :
       " Si l'Algérie, connaît aujourd'hui, cette situation de désespérance, c'est tout simplement à cause, des Français d'Algérie.
       Cela dénote très exactement l'état d'esprit qui les anime :
       On injecte le virus, à un malade, on le tue, et on lui fait porter la responsabilité de sa propre mort.
       Nous serons peut-être un jour des Français, oui peut-être, mais ils n'oublierons pas de rajouter :
       Ce qui sera toujours pour eux " La tare ; d'Algérie. "
       Alors, il faut arrêter de nous diviser, pour que chacun, tire la couverture à soi.
       Vous n'êtes pas sans ignorer, qu'il y a en France, plus de huit cent associations, croyez-vous, qu'avec une telle quantité, une telle diversité d'opinions, nous pouvons être efficace, et par là même, nous faire entendre ?
       Certaines, sont même, d'obédience politique.
       La politique vous n'en avez pas, un peu assez ?
       L'on nous a bouffé, à toutes les sauces.
       Un Pieds-Nnoirs, communiste, socialiste, ou autre, n'est-il pas un pléonasme ?
       Ou alors, il n'a pas connu, ce que quatre vingt quinze pour cent de notre population, a enduré, durant les dernières années de la grande braderie.
       Gauche, droite, centre ou extrême, tous pour avoir vos votes, vous promettent " l'el dorado ", pour finalement vous donner " l'el djezaïr " .
       Pourquoi, ce nombre invraisemblable, d'amicales, sections, ou autres associations ?
       Notre communauté, est en train de faillir.
       Tout ce qui a été fait depuis notre arrivée dans ce pays, l'aura été en vain.
       Là-bas, nous fûmes, ici aujourd'hui nous sommes, pour quelques uns, ce qui reste de notre culture, et surtout de notre MEMOIRE.
       Demain, que serons-nous :
       Même pas un souvenir..
       Continuons, à nous comporter de la sorte, et demain, nous ne serons plus rien.
       Alors, que vous soyez d'Alger, d'Oran, de Constantine, de Bône, ou d'ailleurs, mais, bien de chez nous ; n'oubliez jamais que nous sommes tous des Pieds-Noirs, c'est-à-dire des proscrits.
       Il ne suffit pas de nous plaindre, de nous lamenter sur notre sort, ni de se complaire dans ce carcan de riches profiteurs, tortionnaires, et colonialistes, dans lequel l'on nous a enfermé.
       La France, était colonialiste. !!
       Nous, n'étions que les artisans qui servions les intérêts, de ce Pays, puisque nous l'habitions.
       Cinquante cinq millions de Français de Dunkerque, à Tamanrasset…
       Ça n'est pas moi qui l'ai dit, "c'est de qui vous savez".
       Des gens de bonnes volontés, essayent de fédérer tous ces mouvements, ils n'hésitent pas, à payer de leur personne, et bien souvent de leurs deniers, afin que nous soyons plus fort.
       Ils ne récoltent pas, en retour le fruit de leurs efforts.
       Ce ne sont, que défections, et bonnes excuses, à ne pas participer à l'union.
       Comme si la fédération de notre mouvement devait précipiter dans l'oubli et l'anonymat, nombres de petits chefs..
       Adieu honneurs, et moi je rajouterai :
       Adieu fanfaronnades.

       C'est RIDICULE.
       Cette discorde, et ces chikayas, ne peuvent que nous desservir..
       Le plus malheureux, est que tout le monde le sait, parce que cela fait l'unanimité de toutes les conversations, lors de réunions.
       Plus nous serons divisés, et moins l'on nous entendra.
       C'est d'ailleurs sur ce concept, que les politiques, de tous les gouvernements successifs, que nous avons connus, et connaissons, ont joué.
       Ils ont appris à connaître certains d'entre nous :
       Ils savent, que des caresses, allant dans le bon sens du poil, amènent, les résultats probants, que nous connaissons tous aujourd'hui.
       Quelques honneurs, ou autres substances sonnantes, pour décorer, un orgueil, un petit confort, et une certaine fatuité, ont vite saccagés,
       Une mémoire, déjà bien défaillante.
       Chaque pot à son couvercle, chaque association à son revers.
       N'oublions pas non plus, le petit côté lucratif, souvent bien présent.
       L'enfer est pavé de bonnes intentions, paraît-il..
       Il en est, qui assimilent très vite… les us et coutumes, du pays qui les hébergent.
       Il faut arrêter de nous disperser, on est en train de creuser nos propres tombes. Tombes dans lesquelles, beaucoup rêvent d'ensevelir cette Algérie qui fut plus Française, que cette France-ci ne le sera jamais.
       Nous devons penser, tous autant que nous sommes, que nous avons eue la chance de nous sortir vivant de ce piège.
       Beaucoup ne peuvent en dire autant :
       Plus de 25 000 d'entre nous, n'ont pas eue l'opportunité, d'y adhérer à ces associations..
       Tous les jours que Dieu a fait, fait ou fera,………
       N'arrêtons pas d'y penser..
       Pieds-Noirs nous sommes, Pieds-Noirs vous êtes, et Pieds-Noirs nous resterons, et…
       Comme dirait l'autre, plus je connais les autres, et plus je m'adore..

DES NOUVELLES DE LÁ-BAS...
Par « le Fouineur »

Chers amis Bonois, vous trouverez dans cette partie de la Seybouse, un recueil d'articles des quotidiens de Là-bas. Il est impossible de dévelloper la totalité du contenu de chaque journal, chaque jour, et puis ce n'est pas le but de cette rubrique.
Nous voulons seulement faire suivre l'information transmise par la presse locale, qui, comme vous allez le découvrir, fait ce qu'elle peut pour informer, malgré une rigoureuse contrainte de la censure.
Et oui, ça existe aussi là-bas, et heureusement que Internet existe…….
Quatre quotidiens sont parcourus chaque jour, et l'essentiel est retransmis pour vous informer des faits les plus marquants du mois.
Nous espérons que cela vous satisfera, et si vous le souhaitez, faites-nous part de vos remarques ou suggestions en ce qui concerne cette rubrique.
Le fouineur.

Avant propos :

Chères lectrices et lecteurs de cette rubrique, si vous souhaitez formuler des remarques ou me transmettre vos appréciations, vos idées, contactez-moi à l'adresse suivante :
LE FOUIN83@AOL.com
Comme les articles à caractère politique ne nous intéressent pas sous cette rubrique, nous 'zappons ' (pour employer une expression à la mode) ceux-ci volontairement.

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1) L'élection présidentielle vue à partir de l'étranger / La presse française ironise

      La presse française est très mitigée sur les résultats du scrutin présidentiel en Algérie. Elle n'écarte pas le recours à la fraude par le président sortant. Le Parisien, sceptique, titre en une : "83,49%... Vraiment ?", et en pages intérieures sur "l'ahurissant triomphe de Bouteflika".
      "Si la réélection de Abdelaziz Bouteflika, plébiscité dès le premier tour... n'est pas vraiment discutée, l'ampleur de sa victoire suscite, en revanche, la perplexité, voire le malaise. Laminés, les opposants crient à la fraude". "Abdelaziz Bouteflika réélu avec 83,49 % des suffrages exprimés : à Alger comme à Paris, personne n'avait imaginé un tel scénario. Les uns (notamment du côté de Ali Benflis, l'ex Premier ministre, devenu l'opposant numéro un) se disaient persuadés qu'il y aurait deux tours de scrutin. Les autres pariaient sur une victoire de "Boutef" d'emblée, mais de peu." Pour Le Parisien : "La vraie question : qu'est-ce qui a bien pu se passer pour que, dans un pays miné par le chômage et aspirant au changement, Bouteflika, discuté par les siens, contesté par les jeunes, lâché par le FLN, honni par le gros de la presse algérienne et surveillant en permanence une armée officiellement "neutre", ait rassemblé sur son nom huit Algériens sur dix ?" "Une bien étrange victoire" titre L'Humanité qui cite "de nombreux observateurs pour qui une victoire au premier tour du président sortant ne pouvait être que la conséquence d'une fraude massive". Sous le titre "Bouteflika, plébiscité et contesté", France-Soir estime que "plébiscité avec un score impressionnant de 83,49%, le président algérien n'a pas acquis cette légitimité après laquelle il court depuis cinq ans". "La réélection "triomphale" de Abdelaziz Bouteflika annonce-t-elle un nouveau départ pour l'Algérie ?
      Ou, entachée par le bourrage des urnes, confirme-t-elle seulement l'impasse d'un régime incapable de se réformer ?", se demande Le Figaro… Et encore" Après un premier quinquennat chahuté, le président Bouteflika veut remodeler la scène politique à sa main. Et mener les réformes annoncées durant sa campagne, pour asseoir un pouvoir sans partage : révision de la Constitution qu'il veut "plus présidentielle", réduction du champ politique à deux grandes formations et mise au pas des voix contestataires.
      A commencer par les journaux privés qui l'ont traîné dans la boue en révélant les frasques de son clan. "Pour justifier cette restriction des libertés, le candidat Bouteflika a invoqué un vieil argumentaire stalinien : assurer d'abord le pain, la santé et l'éducation. Mais, surtout la stabilité, qui a fait du régime tunisien du général Ben Ali un modèle salué l'an dernier par le président français, Jacques Chirac, malgré les violations répétées des droits de l'homme. Pour les Américains, cette stabilité de la région reste la priorité de la feuille de route élaborée pour le "Grand Moyen-Orient" dont l'Algérie fait curieusement partie." Dans un éditorial intitulé "Façade", Libération considère que "toute élection par 83,5% des voix invite, hors conditions politiques exceptionnelles, au soupçon de fraudes massives". "Le "système" militaro-bureaucratico-affairiste dont Bouteflika fut un des fondateurs et qui gère, ou plutôt ruine, le pays depuis l'indépendance est d'une formidable stabilité. Quand il change, c'est pour que rien ne change… Le Président réélu a certes pu cueillir les fruits de trois phénomènes dans lesquels il n'est pas pour grand-chose : la fin de la sale guerre, qui a permis à l'armée d'éradiquer l'opposition islamiste, et aux Algériens de revivre (presque) normalement. La situation internationale, qui a poussé les Etats-Unis et la France à l'adouber comme allié dans la guerre contre l'islamo-terrorisme. Enfin, la hausse du pétrole, qui a rempli ses réserves en devises et nourri la croissance économique."
      Toujours dans Libération, cet autre article "Ecarté de la succession de Boumediene, "Boutef" semble mû par son désir de revanche"... "Exerçant un chantage à l'amnistie sur les militaires, il exige de passer, cette fois encore, au premier tour. Sans dissimuler que son modèle demeure le même : une aversion des libertés, qu'il manifeste à l'égard de la presse comme des partis politiques. Et le verbe, toujours le verbe. Messianique. Comme dans les années 1970. Mais dans un pays exsangue, et dont 70 % de la population ont moins de 30 ans."

Par Nadjia Bouzeghrane
2) LUTTE CONTRE LE TRAVAIL DES ENFANTS / Installation d'une commission nationale

     La fédération nationale des parents d'élèves, en collaboration avec le ministère des Affaires religieuses et celui de l'Emploi et de la Solidarité sociale, prépare un colloque sur le thème " Lutte contre le travail des enfants ".
      Ce colloque sera organisé à Oran et verra la participation de 14 wilayas ainsi que des représentants des dits ministères. L'objectif tracé par les organisateurs est d'établir une plate-forme et une stratégie pour lutter contre ce fléau. Cette rencontre sera l'occasion d'installer une commission nationale qui prendra en charge la mise en œuvre et l'exécution des sanctions contre les employeurs et même les parents complices. Des propositions sur la réalisation d'ateliers et de centres pour la formation de ces enfants qui n'ont aucun niveau d'instruction dans la majorité des cas, seront étudiées afin de leur permettre d'apprendre des métiers. Par ailleurs, des conférences seront animées par des spécialistes sur l'enfant dans la société ainsi que sur les conventions signées par notre pays et l'ONU dans ce contexte.

Par M. O. Gh.
3) PUBLICATION / L'Histoire urbaine d'Oran de R. Lespes

     "Oran, étude de géographie et d'histoire urbaines", le livre de référence de René Lespes édité au milieu des années 30 vient de faire l'objet d'une réédition. Lors de sa présentation, jeudi, au CRIDSSH, M. Kouider Metayer a tenté d'expliquer l'opportunité d'une telle initiative qui ne devait pas relever des prérogatives du mouvement associatif.

     Une réédition a été faite à Paris mais, ajoute-t-on, eu égard au prix public (38 Euros) et aux frais de port en cas d'importation, l'exemplaire reviendrait à près de 4 000 DA en Algérie. La version qui va être mise sur le marché local est certainement de moindre qualité mais reviendra beaucoup moins cher. M. Soufi estime que " le choix de Lespes d'opter pour une discipline embryonnaire l'a empêché d'entamer une carrière universitaire pour rester, jusqu'à sa retraite, un enseignant de lycée (Bugeaud). " De son côté, M. Benkada rappelle que des études similaires devaient concerner d'autres villes comme Constantine mais que l'auteur n'a pas pu réaliser en décédant en 1944. Ironie du sort pour quelqu'un qui est né ( un fait relevé) en 1870 alors que la France était en bute contre les armées prussiennes. " Il était, pense M. Soufi, le premier à faire remarquer la place de plus en plus importante que commencent à prendre les populations autochtones algériennes dans les villes coloniales, l'un des facteurs qui ont permis, plus tard, le développement du nationalisme. "

Par Djamel Benachour
4) JACQUES CHIRAC RENCONTRERA BOUTEFLIKA CE JEUDI A ALGER

     La caution de Paris

      Le président français Jacques Chirac sera jeudi à Alger pour y rencontrer le président Abdelaziz Bouteflika qui vient d'être réélu pour un second mandat, a-t-on appris hier. La Présidence de la République française annonce tout juste que M. Chirac déjeunera avec M. Bouteflika et regagnera Paris dans la journée même. Ce sera là certainement la visite la plus courte que le chef de l'Etat français effectuera en Algérie, mais, selon les spécialistes, cela n'atténue en rien sa portée et son sens politique.
      C'est "un signe de confiance", dit-on à cet égard, et "un signal politique fort". L'on se plaît aussi à relever que "le courant passe très bien" entre les deux hommes qui se sont rencontrés à maintes reprises aussi bien en France qu'en Algérie, mais également en d'autres endroits de la planète comme à l'ONU, le sommet du G8 et la réunion de mise en œuvre du NEPAD, le nouveau partenariat pour l'Afrique. En d'autres termes, il s'agit pour eux de "consolider les bonnes relations" existant entre les deux pays en pleine refondation. Premier chef d'Etat étranger à rencontrer à Alger le président Abdelaziz Bouteflika une semaine à peine après sa réélection, M. Jacques Chirac a effectué une visite d'Etat en Algérie en mars 2003. A cette occasion, les deux présidents avaient signé la Déclaration d'Alger qui fixe le cadre concret de la refondation des relations entre l'Algérie et la France.

Par S. Menouar
5) LA VISITE ECLAIR DU PRESIDENT FRANCAIS JEUDI A ALGER

     L'offensive de Chirac

     L'annonce du président français Jacques Chirac de son souhait de transformer "la Déclaration d'Alger" en "un traité d'amitié" a contribué à répondre en quelque sorte à l'étonnement manifesté par une partie de l'opinion située des deux côtés de la Méditerranée quant à la rapidité avec laquelle l'Elysée avait réagi après l'annonce officielle des résultats de l'élection présidentielle vendredi dernier. La chaleur et l'enthousiasme contenus dans le message du président français Jacques Chirac à son homologue algérien Abdelaziz Bouteflika ont surpris des milieux qui y ont vu un parti pris. De même que l'annonce de sa visite une semaine après le jour du scrutin. Il faut remonter au mois de mars 2003 pour s'expliquer le réalisme du chef d'Etat français. Un réalisme qui serait mu surtout par la symbolique de l'histoire. En effet, le 2 mars 2003 à Alger, M. Jacques Chirac, pour la partie française, et M. Abdelaziz Bouteflika, pour la partie algérienne, avaient signé une déclaration commune appelée "Déclaration d'Alger". L'initiative répondait à une idée qui avait mûri à partir de l'année 2000 lors de la visite du président algérien en France. Le terme de "refondation" de la relation d'ensemble entre les deux pays avait fait son apparition et il était répété à satiété à l'occasion des rencontres de responsables des deux pays à plusieurs niveaux. La visite d'Etat du président français en mars 2003 et le succès populaire qu'elle avait rencontré avait éclipsé les discours politiques. Pourtant, le contenu de la "Déclaration d'Alger" endossée par les deux chefs d'Etat était déjà un grand pas vers l'amélioration des relations malgré de grandes divergences sur les dossiers aussi sensibles que la question du Sahara-Occidental ou celle de la coopération dans le domaine sécuritaire.

Par Liès Sahar
6) TIPAZA / Le patrimoine archéologique agressé

      En dépit des recommandations de l'Unesco et de l'existence de toute une série de textes de lois relatifs à sa préservation et à son entretien, le patrimoine archéologique du chef-lieu de la wilaya, érigé en patrimoine culturel mondial depuis 1982, fait l'objet de multiples agressions de la part des institutions de l'Etat qui engagent des constructions sur des terrains normalement protégés, quitte à le faire disparaître.

     Cela donne l'exemple à suivre aux citoyens qui, à leur tour, se lancent dans des travaux. L'absence de communication entre les différentes parties prenantes éloigne toute volonté de conciliation qui devrait réunir les initiateurs de projets et les responsables de la protection du patrimoine. Tipaza est l'exemple parfait de la destruction des sites archéologiques. Le nouveau concept qui s'est développé dans certaines contrées où la société est soucieuse de la préservation des témoins civilisationnels pourrait inspirer les Algériens. Ce concept est "l'archéologie préventive" qui donne des résultats positifs sous d'autres cieux. Dans le cadre des manifestations culturelles organisées dernièrement en France, des archéologues algériens et français se sont engagés à mettre en œuvre ce concept pour préserver et mettre en valeur le site de Cherchell. Le diagnostic archéologique a été réalisé à l'issue des travaux de fouille effectués par une équipe algéro-française.

Echanges algéro-français     

     Des cadres et des techniciens algériens et français ont échangé leurs expériences durant cette première étape de l'opération de sauvetage d'un site archéologique grâce à l'archéologie préventive. Les recherches entamées sur le site d'une superficie de 1200 m2 ont révélé beaucoup de données, jusque là inconnues. Les bulldozers continuent à détruire de véritables phares de l'histoire de cette partie de la Méditerranée. Il est évident qu'à ce rythme les innombrables trésors archéologiques disparaîtront rapidement. C'est en raison de ce caractère d'urgence que l'action de sauvetage des sites historiques est devenue impérative, pour faire face à la menace qui pèse sur le patrimoine. En plus de la formation du personnel durant les différentes étapes inhérentes à l'archéologie préventive, des cartes spécifiques seront réalisées pour déterminer le potentiel de chaque site. Ces cartes guideront les projets futurs d'aménagement urbain. Par ailleurs, un projet de partenariat de coopération algéro-française a été remis aux autorités au mois de mars 2004. Les recherches archéologiques préventives et les sauvetages urgents constituent le thème de ce projet. Le développement des aménagements publics et privés, la modernisation du territoire à Alger, Tipaza, Constantine, Batna, Tlemcen, Annaba, Souk Ahras, Chlef, Béjaïa, Tizi-Ouzou ont entraîné systématiquement la destruction des vestiges et monuments des civilisations anciennes. L'archéologie préventive tend à éviter cette catastrophe. Maintenant.

Par M'hamed H.
Chères lectrices et lecteurs de cette rubrique , si vous souhaitez formuler des remarques ou nous transmettre vos apréciations, vos idées. Faites-le dans un but constructif, car cette rubrique est très utile pour faire connaître notre passé, comparé à ce qui se passe actuellement.
J.P.B.


LES ECHOS DIVERS
Par les VIGIES DU NET
1) Michel Rocard et la Laïcité...

Interview de Var Matin du 20 Avril 2004 de Michel ROCARD, désigné tête de liste PS aux Européennes dans le Grand Sud-Est :

- Vous retrouvez vous dans le programme élaboré par Fr. Hollande qui met la barre haute toute ?

- Je partage en tous points les grandes lignes de notre programme. Les pessimistes de l’Europe , quelque soit leur camp, doivent œuvrer pour une paix durable, un développement économique et une solidarité que les outils existants noue permettent d’asseoir définitivement.

- L’arrivée imminente des ex-pays de l’Est dans l’Europe et peut-être plus tard de la Turquie, participe-t-elle de cette volonté ?

- Evidemment, mais concernant la Turquie, il est urgent d’attendre. Je ne comprends pas que l’UMP s’oppose à cette adhésion avant même que l’on sache si ce pays est en mesure de remplir de cahier des charges demandé. Mais dans cette période où Georges BUSH met le feu à la planète, je considère comme un bon signe d’amitié et de gage de paix, la main tendue vers un pays musulman, mais rappelons le, laïque…

NDLR : Je ne sais les commentaires que vous inspire ces propos, mais pour ma part, je retrouve le même esprit faux qui impute le désordre actuel ou plutôt " l’incendie planétaire " ( excusez du peu !…) à G.W. Bush , et non à l’Islam qui ne saurait être laïque. C’était déjà ce sympathisant-FLN, dont le parti , le PSU, accueillait les rapatriés d ‘AFN à Nîmes en 1962 avec des affiches : " Dehors les criquets ", magnifique gage de paix et main tendue du plus bel effet.

(envoyé par Pierre Barisain)

2) EDIFIANT

RADAR (Edition du 25/4/2004)
Après les propos jugés xénophobes de deux de ses membres
Les musulmans français rebaptisent le HCI

Plusieurs associations de musulmans de France viennent de rebaptiser le Haut conseil à l’intégration (HCI) en Haut conseil à l’islamophobie (HCI). Deux membres importants de cet organisme qui dépend directement du président français Jacques Chirac ont, en effet, tenu des propos ouvertement antimusulmans, sans qu’aucune sanction soit prononcée à leur encontre. Pis, les membres d’origine maghrébine du HCI n’ont même pas jugé utile de réagir à ces dérapages.

RADAR (Edition du 21/4/2004)
Propos xénophobes en France
Des journalistes maghrébins ciblés

“Certains journalistes français issus de l’immigration maghrébine sont confrontés à la discrimination, sans doute parce qu’ils sont proches des tendances islamistes.” Ces propos choquants ont été tenus récemment par la “philosophe” française Blandine Kriegel, présidente du Haut conseil à… l’intégration (HCI), qui dépend du président français Jacques Chirac. Après le directeur de l’hebdomadaire français Le Point, Claude Imbert, qui avait déclaré sur la LCI être “islamophobe”, Mme Kriegel est le deuxième membre du HCI à tenir des propos ouvertement xénophobes.

NDLR: Blandine Kriegel dans le collimateur pour des propos jugés racistes !... Jugez vous-même.

Pendant ce temps:
Par Mourad Kezzar (Edition du 25/4/2004)
Constantine
Affrontements entre étudiants palestiniens et algériens

Des affrontements ont eu lieu dans la nuit de jeudi, suite à un conflit entre deux étudiants, l’un Algérien et le deuxième d’origine palestinienne, à cause de la file d’attente dans la cantine universitaire dit le “resto-U” de la résidence universitaire Mentouri de Constantine. Le conflit s’est transformé en un affrontement généralisé qui a opposé 35 étudiants de nationalité palestinienne et des étudiants algériens. Par ailleurs, vendredi en fin de journée, M. Abou El-Iz, ambassadeur de l’état palestinien en Algérie, était attendu à Constantine pour des concertations avec les responsables algériens afin de trouver une solution au sort des 35 étudiants considérés comme des personnes “indésirables” par le reste des étudiants algériens.
Il est à signaler qu’afin de régler ce problème, il a fallu l’intervention des forces de l’ordre pour transférer les 35 étudiants palestiniens de la cité universitaire de Mentouri vers la résidence de Zouaghi, vendredi dernier, après avoir transité, pour certains, par les urgences du CHU.

NDLR: Ce n'est pas "la loi du retour" mais c'est déja la loi du départ...Chirac va leur envoyer le Haut Conseil à l'Intégration...

(envoyé par Pierre Barisain)

3) Deux présidents à plus de 80%

M. Chirac a rencontré M. Bouteflika à Alger pour parler affaires.
Un entretien non prévu, qui marque l'enjeu stratégique que représente l'Algérie.

Dans ces domaines, il y a urgence pour la France. Malgré le dernier voyage triomphal de Jacques Chirac en 2003, malgré l'Année de l'Algérie en France, les hommes d'affaires hexagonaux demeurent très discrets dans les grands hôtels de la capitale. En revanche, leurs homologues américains s'affichent tandis que l'Algérie décolle économiquement. Les caisses de l'Etat sont remplies. Grâce aux cours du pétrole, le pays possède 33 milliards de dollars de réserves. De telles sommes permettent de financer des investissements publics et semi-privés.
En témoigne le plan de construction destiné à résoudre progressivement la crise endémique du logement. L'Etat finance actuellement un plan d'accès à la propriété de 55 000 logements dont la réalisation durera dix-huit mois. Ce chantier fantastique a été remporté par trois entreprises chinoises. Elles respectent les délais grâce à la venue sur place de 5 000 maçons, originaires de l'Est de la Chine, qui travaillent en trois huit, sept jours sur sept à raison de quatre semaines de vacances tous les dix-huit mois.
" Nous regrettons que les entreprises françaises n'aient pas concouru pour l'obtention de ce marché", ironise poliment Kamel Touhabi, directeur général des opérations techniques à l'Agence nationale de l'amélioration et du développement du logement, la Société maîtresse d'ouvrage du projet. Celle-ci s'apprête à lancer un deuxième programme de construction de 65 000 appartements à réaliser dans des conditions identiques. Tous ces projets modifient la physionomie d'un pays qui reste comme son président profondément attaché à la France. Malgré ses relations douteuses et ambiguës avec les islamistes, Abdelaziz Bouteflika a réintroduit le français dans l'enseignement, seule opportunité, selon lui, pour éviter de former des "analphabètes bilingues ".

NDLR: L'esclavagisme d'état algérien envers des chinois, est mieux apprécié que le colonialisme P.N. qui civilisait les " analphabétes bilingues". Avec le chomage qu'il y a dans le pays, ils font venir des " émigrés " pour faire le sale boulot.

(Extrait d'un texte de M. Jean-François Gintzburger)


SOUVENIRS
Pour nos chers Amis Disparus

J'ai le regret de vous apprendre le décès de notre ami Jean DUBROCA A son épouse et sa famille nous adressons nos condoléances attristées et toute notre amitié
Jean-Pierre RONDEAU : jprondeau.megara@wanadoo.fr
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J'ai le regret de vous faire part du décès de mon père Robert PAGANO à 81 ans le 18 avril 2004 à Marseille. Né le 28 octobre 1922 à Bône, il avait travaillé jusqu'à l'indépendance à la Maison de l'Agriculture (équivalent du Crédit Agricole).
Comme beaucoup de ses amis de son âge, en 1939, âgé de 17 ans il fut désireux de s'engager pour libérer son pays (qu'il n'avait jamais vu) ; il participera au débarquement avec les alliés en Sardaigne, puis dans le midi, puis sur Lyon et Paris. Libéré à la fin de la guerre, il rejoindra sa ville natale.
Comme bénévole, il s'occupera de clubs sportifs. Grand supporter de foot-ball, son équipe préférée était la JBAC (Jeunesse Bônoise Athlétique Club), et le demeurera, après plus de 40 ans passés à Marseille, il suivait bien sûr l'OM.
La cérémonie religieuse pour son enterrement s'est déroule le mercredi 21 avril 2004 à 14h30 rue Saint-Pierre à la chapelle de la maison funéraire
Jean Claude Pagano :pagano.jean-claude@wanadoo.fr

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Notre Ami Alexandre Proust nous a quitté. Avec lui disparait l'une des figures les plus marquantes du milieu associatif pied-noir. Inlassable défenseur des harkis et des pieds-noirs, Alexandre Proust et son épouse Muguette sont les créateurs de la Maison Maréchal Juin à Aix-en-Provence, inaugurée en 1994 à l'occasion de l'exceptionnelle rencontre et du spectacle "Rendez-vous à Sidi-Ferruch" dont ils étaient aussi les concepteurs, les producteurs et réalisateurs.
Alexandre Proust restera dans nos mémoires l'exemple des plus grandes qualités du vrai pied-noir : entreprenant, courageux, et déterminé. Mais ce tempérament de lutteur s'accompagnait d'une très grande sensibilité le rendant attentif et solidaire de la souffrance et de la douleur de nos compatriotes les moins armés pour surmonter leur cruel destin d'exilés.
Son engagement sans esprit de retour et les nombreux sacrifices qu'il a consentis avec son épouse pour la défense de notre communauté n'ont malheureusement pas toujours été reconnus à leur juste valeur. Il en a souffert et cela a marqué les dernières années de sa vie. Son oeuvre restera et ses amis veilleront à ce que sa mémoire se perpétue auprès des jeunes générations.
Nous invitons tous nos amis à se rendre à la cérémonie religieuse qui aura lieu mardi 20 avril à 14H30 à la Cathédrale Saint-Sauveur d'Aix-en-Provence ou, pour ceux qui ne pourront venir, de s'associer par la pensée et pas la prière.
Jeune Pied-Noir sera représenté par Mme Taouès Titraoui et par Bernard Coll. Les messages de condoléances et de soutien à son épouse Muguette, à ses enfants et à sa famille peuvent être adressés à JPN BP4 91570 Bièvres qui les fera suivre.
jeunepiednoir: jeunepiednoir@wanadoo.fr

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Chers Amis, Le petit clown est parti.
Le 7 avril 2004, j'ai eu le triste privilège d'annoncer la mort de Mon Ami, Notre Ami Roger Sabaton 62 ans.
Roger est décédé dans la nuit du 6 au 7 à 3 Heures à Ste-Marie-la-Mer (66) après ce que l'on a l'habitude de dire une longue maladie. Il avait été opéré d'une tumeur au cerveau.
Au début de l'année dernière, Roger avait émis le désir de me rejoindre dans les P.O. avec un de ses objectifs, celui de m'aider dans le travail du Site et de la Seybouse.
Pendant les préparatifs de ce départ de Paris, recherche de villa etc., il y a juste un an, la catastrophe. Suite à un malaise, les médecins découvrent une tumeur au cerveau et décident de l'opérer. Tout semblait rentrer dans l'ordre. Au mois de juillet, il venait dans les P.O pour trouver "sa villa de rêve", lui qui vivait dans un appartement à Paris. En septembre, un coup de foudre à Ste-Marie prés de Canet, l'affaire conclue il repart à Paris préparer son déménagement.
Le 1er décembre 2003, avec son admirable épouse Maryse et son fils Philippe, ils étrennent leur "Paradis". Les projets vont bon train.
Quelques jours après on décide pour le 27 décembre de passer cette journée ensemble avec nos amis Henri Lunardelli et Gilles Martinez.
Patatras, Roger fait une nouvelle crise et est hospitalisé de nouveau. Une nouvelle tumeur fait son apparition et depuis c'est la descente de son "enfer sanitaire".
Pour la Seybouse N°27 du 1er mars et pour ce qui a été son dernier acte associatif, il avait tenu à dicter à sa petite nièce, avec la difficulté que vous imaginez, la liste de nos jeux de jeunesse.
Roger, durant toute sa vie, a oeuvré sans compter dans des associations. Il était un AMI du cirque. Il s'est dépensé sans compter pendant de très très longues années pour le cirque Gruss. C'était un adorateur des Clowns et de l'éléphant. Cet animal besogneux et généreux était son symbole.
Le Samedi précédent, lors de notre visite, à la suite du regard qu'il m'a péniblement offert pour me dire au revoir, j'ai compris que c'était plutôt un adieu.
Après bien d'autres Amis et parmi eux Norbert, Paulette, Christian, Marcel-Paul et maintenant Roger, tous décédés prématurément dans notre tranche d'age (de 55 à 62 ans), c'est à se demander si nous ne sommes pas une génération marquée par le sceau du malheur.
C'est pourquoi, comme le voulaient Roger et nos Amis disparus, nous devons continuer notre travail de mémoire en balayant tous les obstacles. Le temps nous presse.

A Maryse sa courageuse épouse, à son fils Philippe et à son extraordinaire mère qui l'on soutenu et assisté jusque dans les derniers instants de sa vie, par ces quelques mots, je tiens à leur apporter toute notre amitié et à leur présenter nos condoléances les plus sincères.
Adieu Roger, dis à tous nos Amis que nous pensons aussi à eux.
Les obsèques ont eu lieu le vendredi 9 avril à 16 Heures 30 à l'église de Saint-Etienne de Fontbellon (dans l'Ardèche, à 1km d'Aubenas) où il a été inhumé auprès de la famille.
Jean Pierre Bartolini

Cher Jean-Pierre
A la lecture de ton message, je n'ai pu retenir mes larmes !
Tu te souviens en effet que grace à toi, j'avais retrouvé la trace de Roger, que je n'avais pas vu depuis 45 ans, et voilà qu'il m'échappe à nouveau.
Nous avions eu le temps, au mois de Juillet de correspondre par mail et par téléphone.
Il devait même venir me voir à Tours, il n'a pas pu à cause de son déménagement, mais il m'avait promis que nous nous verrons dans le Sud.
Il m'avait fait part de ses ennuis de santé...
N'ayant plus de nouvelles, j'ai envoyé un mail à son ancienne adresse.
N'ayant plus eu de réponse, mon pessimisme est apparu, je ne m'étais donc pas trompé ...
Je connaissais son amour pour le cirque et il m'avait dit que depuis des années il rendait visite à un patron de cirque qui se trouve prés de TOURS et nous ne nous étions jamais vu, quel dommage !
Je suis content qu'il ai pu connaitre, vivre ne serait-ce que quelques instants, dans la maison de ses rêves.
Que sa famille ne doute pas qu'il sera tout le temps avec eux, dans ce bel endroit.
Si Maryse et Philippe reviennent un jour à Tours, il seront les bienvenus chez moi.
Bien que ne les connaissant pas, le les embrasse trés fort.
Chiao mon ROGER ...
Si tu veux Jean-Pierre, tu peux faire figurer ce message dans le prochain n° de la Seybouse, afin que nos amis bônois soient au courant de ce rendez-vous manqué !
Claude LAHACHE.

Chers Amis Pieds-Noirs,
Je profite de la diffusion de la Seybouse par notre ami Jean Pierre qui vous a fait partager notre grand chagrin pour le départ de notre Petit Clown Roger.
Vous avez été tellement nombreux à manifester votre grande sympathie que je ne trouve pas les mot pour apaiser notre immense chagrin.
Vos paroles chargées d'Amitié m'ont fait beaucoup de bien. Hélas, la vie doit continuer sans lui, mais je vais poursuivre son chemin, lui qui était tellement bon et généreux.
Je suis sur que là où il se trouve, il aura un petit sourire en lisant ces paroles, en pensant aussi à sa ville qu'il chérissait.
Chers Amis, encore merci de la part de Philippe son fils, Maryse son épouse et de sa Mére.
Maryse Sabaton :


Nos Sincères condoléances à leurs Familles et Amis


MESSAGES
S.V.P., lorsqu'une réponse aux messages ci dessous peut, être susceptible de profiter à la Communauté, n'hésitez pas à informer le site. Merci d'avance, J.P. Bartolini

Notre Ami Jean Louis Ventura créateur d'un autre site de Bône vient de créer une nouvelle rubrique d'ANNONCES et d'AVIS de RECHERCHE qui sera liée avec les numéros de la seybouse.
Après avoir pris connaissance des messages ci-dessous,
cliquez ICI pour d'autres messages.
sur le site de notre Ami Jean Louis Ventura


De Mme Mireille Adam née Benveniste

Enfant j'ai passé 5 ans à Bône, à partir de 42. J'en ai des souvenir très vagues, avoir traversée la mer (Marseilles-Bône) par le dernier bateau qui a fait la traversée, ( le Djebel Dira ??). Avoir été à la messe avec une petite fille qui habitait en face de chez nous (a-t-elle une meilleure mémoire que moi?).
Mon père étant médecin il n'a pu pratiquer que bénévolement au début, puis s'est établi rue Ampère (ou est la rue Ampère?). Je suis allée au lycée près de la maison donnant sur une place (quel est le nom de ce lycée?).
J'ai des photos avec un petit garçon qui était notre voisin rue Ampère (a-t-il une meilleure mémoire que moi?)
Merci de m'aider à retrouver ma mémoire, toute information sera la bienvenue.
Je cherche à savoir d'où est parti le dernier bateau faisant la traversée, la date et le nom du bateau.
J'ai un souvenir de petite fille où on a été accueillie par la fanfare, croyez-vous que ce souvenir est exact?
Merci
Mme Mireille Adam née Benveniste
Adresse : amiadam@free.fr

De M. Joseph Davidsen

Je m'appelle DAVIDSEN Sylvio; je suis mauricien. J'ai été interne en chirurgie chez le Dr Molandre à l'hopital du pont blanc en 1958 1959 puis je suis allé faire un long remplaçement à Souk-Ahras jusqu'à aôut 61 date à laquelle j'a regagné l'ile Maurice que j'ai quittée en 67 pour m'installer à la Réunion, où je suis toujours.
J'ai gardé un excellent souvenir de Bone et j'en ai la nostalgie. Quelqu'un saurait-il ce que sont devenus deux bonois qui étaient mes collègues internes: Mme Marie Jeanne VITALI et M. P. TUNETTI ?
Merci
S.DAVIDSEN
Mon adresse est: joseph.davidsen@wanadoo.fr

De M. Gérard Dupontreue

En consultant les différents sites " GENERAL DAMREMONT", je suis arrivé sur le site de Bône.
Ancien sous-officier de gendarmerie à l'école de gendarmerie de CHAUMONT (Haute-Marne) caserne Damrémont, j'effectue des recherches sur une statue de ce général qui aurait trouvé place en Algérie (sans autre précision). Cette statue aurait été offerte par la municipalité de CHAUMONT pour honorer sa mémoire.
Déjà à l'époque où j'étais en activité, des recherches avaient été entreprises avec un collègue pour savoir ce qu'était devenue cette statue après la fin du conflit. Peut-être qu'avec internet maintenant ce sera plus facile
Peut-être pourrez vous m'apporter quelques précisions.
Veuillez croire en l'expression de mes meilleurs sentiments.
GERARD
Adresse : gege.d@tele2.fr

De M. Marcel Laporte

Bonjour, je suis Marcel Laporte, j'ai habité de 1937 à 62 Cité Bona, rue Pandolfo.
Mon père était instit à Victor Hugo, il s'appelait Raimond LAPORTE.
Je recherche des camarades qui habiteraient dans le 13.
Merci de me renseigner .
Adresse : joub@tele2.fr

De Mme Marie-Reine Tardieux

Bonjour
Je suis Pied-Noire de la 5eme génération, née à Nice en 72. Mes parents sont de Bougie.
Je suis à la recherche de CD des chansons militaires des tirailleurs ou de la légion mais surtout d'un CD comportant "c'est nous les africains" car j'ai été élevée avec cette marche et je voudrai la faire connaître à mes amis de France.
Pouvez m'indiquer si ce CD existe si oui, à quel endroit je pourrais le trouver et où le commander???
Merci beaucoup ! Marie-Reine
Adresse : viane.t@wanadoo.fr

De Mme Danielle CEBRON

Bonjour,
je m'appelle Danielle CEBRON, née MILANO à Bône 4/8/1951. Je visite pour la première fois votre site. Je recherche des photos et noms de camarades de classe de l'école primaire du Marché aux blés de 1957 à 1961. Avez-vous des contacts? J'habitais rue Gambetta.
Merci, bien cordialement
Danielle
Adresse : sylviecebron@hotmail.com

De M. Henri Vincent.

Je vous communique ci dessous le détail du travail de mémoire entrepris par notre adhérent M. Henri Vincent ainsi que la requête correspondante, requête adressée à tous nos compatriotes Français d'Algérie dont l'existence, à un moment ou à un autre, est passée par Aïn-Seynour...
On retrouvera ces indications sur notre site :
http://www.cerclealgerianiste-lyon.org/recherches.htm#Aïn-Seynour
Bien Cordialement. Luc Demarchi
www.cerclealgerianiste-lyon.org

j'ai commencé la mise en oeuvre d'un projet concernant mon village de l'Est Algérien AÏN-SEYNOUR (Aïn-Seynour se trouve dans le Constantinois sur la route de Bône à Souk Ahras, plus précisément à douze kilomètres de Souk Ahras).
Je me suis fixé comme objectif de reconstituer l'histoire de ce village depuis le début de la colonisation jusqu'à l'indépendance en 1962.
Pour mener à bien ce travail, Il s'agit donc pour moi, de retrouver des écrits, des récits, des témoignages, des souvenirs faisant référence à cette période et à ce lieu. Il s'agit également de retracer l'administration de ce village à travers ses maires, postiers, gardes forestiers, instituteurs, agriculteurs, son armée, ect...
Décrire et expliquer les raisons de l'arrivée en Algérie de cette population et de son départ de ce pays.
Ce travail sera parachevé par une publication au travers d'un site Internet et par la présentation de cette étude auprès de la descendance des familles d'Aïn-Seynour afin d'expliquer et de faire comprendre pourquoi beaucoup de nos aïeux se sont retrouvés en Algérie.
Pour m'aider dans cette tâche, je fais donc appel à toutes les personnes ayant habité ce village afin de recueillir leurs récits, leurs souvenirs, leurs témoignages et éventuellement emprunter leurs documents manuscrits ou photographiques.
Je vous remercie par avance. Henri Vincent.
Pour me joindre par émail : henri-ph.vincent@wanadoo.fr


De M. Philippe Tardy de Montravel

Bonjour,
je me permets de vous signaler une source trés interessante pour les étudiants et chercheurs de "chez nous" :la bibliotheque nationale. Dans la section des documents électroniques (Gallica)
j'y ai trouvé " Le Livre d'Or de l'Algerie " de Narcisse Faucon.
Les ouvrages peuvent non seulement être consultés sur l'écran, mais téléchargés voir imprimés page par page, avec, bien sur les réserves habituelles.
Taper www.bnf.fr puis choisir gallica et faire sa recherche comme indiqué.
Avec du temps et l'ADSL on se regale.
Amicalement, Philippe Tardy de Montravel
Adresse : t.de-montravel@wanadoo.fr

De M. Rachid Habbachi

Un ami de bône,Zizi Abdennour recherche ses amis d'enfance ayant habité avec lui au 7 rue Desaix, cité Gatt à bône.
il s'agit de messieurs Paul Raynaut et Gilles Licari.
Amicalement,
Pour tout contact : Rachid Habbachi
Adresse : caroube23@yahoo.fr

DIVERS LIENS VERS LES SITES

Jean Pierre Ferrer a trouvé ce site. Connaissez vous? Il n'est pas mal. Site armée AFN http://membres.lycos.fr/aamafn/page66.html
Jean Pierre Ferrer nous signale un autre site, sur le foot à Oran, avant... http://anciensducalo.free.fr des souvenirs pour les Oranais.
A voir, un site sur le vieil Alger : http://vieilalger.free.fr/histalger/conquete.htm

De M. Jean Pierre Bartolini

RECHERCHE DE DOCUMENTS:
De même, je serais preneur des N° "de la Dépêche de l'Est", de la "Seybouse"
ou de tout autre publication Bônoise ou pas, comme : "Le Réveil Bonois"; " Le Ralliement"; "L'Indépendant de Constantine" ; "L'Oasis" ; "L'Akhbar" ; "Le Morbacher" ; "Le Courrier de l'Algérie"; "Le Commerce Algérien, de Sétif" ; "Le Sémaphore" ; "La Gazette des Abonnés" ; "L'est Algérien"; "Le Mahouna" ; "Le Progrés de l'Algérie" ; "Le Zeramna" ; "L'Electeur Libre" ; "Le Potache" ; "La Démocratie Algérienne" ; "La Dépêche de Constantine" ; "Démocratie" ; "Dépêche de l'Est" ; "Le Courrier de Bône" ; "La Liberté" ; "Le Petit Bônois" ; "Le Bônois" ; "L'Impartial" ; " Echo de Bône" ; "La Gazette Algérienne" ; "L'Avenir de l'Est" ; "Echo d'Hippone" ; "La Petite Revue Agricole" ; "Le Chêne Liège" ; "Les Clochettes Bônoises" ; ETC...
"Le Calvaire des Colons de 1848" de Maxime Rasteil.
Ces recherches sont faites pour sauvegarder numériquement, et faire connaître notre passé. Ce site en fait foi.
Il va de soi, que ces journaux devront être mis en lieu sur, accessibles facilement à tous (toutes communautés confondues d'hier et d'aujourd'hui).
Seules la connaissance et la diffusion permettront la sauvegarde de notre mémoire, de rétablir des vérités et de montrer au Monde que nos communautés vivaient trés bien ensemble.
Je remercie d'avance tous les chercheurs.


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MISE A JOUR DES RUBRIQUES
  1. Rubrique "Seybouse d'Antan" : Numéro 800 du 29 décembre 1860 envoyé par M. Pierre Latkowski
  2. Rubrique "Où sont-ils" : 2 Photos de l'Ecole Saint-Cloud envoyée par M. Jean Pierre Brenot
  3. Rubrique "Où sont-ils" : Photo de Saint Augustin Identification par M. Gérard Bonnici
  4. Rubrique "Associations" : Mise à jour des calendriers de l'AEB d'Aix et de l'ABCT d'Uzès

Leçon d'Instruction Civique

Petit Pierre rentre de l'école et demande à son père :

" Papa, Je dois faire un devoir sur la politique et expliquer le fonctionnement de notre gouvernement, peux-tu m'expliquer ? "

" Rien de plus facile " répond le père, " il suffit de comparer le gouvernement et notre société à notre famille " " Tu vois, moi je ramène de l'argent : Je suis le capitaliste. Ta mère gère notre famille et fait les dépenses : elle est le gouvernement. La femme de ménage, qui travaille pour nous, est : la classe ouvrière. Toi, tu es le peuple. Ton petit frère Hector est la génération future. " " As-tu compris ? " " Oui, je pense " répondit petit Pierre.

Dans la nuit, petit Pierre est réveillé par Hector qui pleure. Il se lève et va voir son petit frère qui a besoin que l'on change sa couche qui dégage une forte odeur ! Il se rend dans la chambre de ses parents et tente de réveiller sa Maman qui dort profondément. Voulant réveiller son Papa, il constate qu'il n'est pas dans le lit avec sa Maman. Il le cherche et le trouve faisant de la gymnastique tout nu dans le lit de la bonne. Entre-temps, Hector, fatigué, s'est rendormi. Petit Pierre se recouche.

Le lendemain, au petit déjeuner, petit Pierre dit à son père " Tu sais Papa, J'ai tout compris de la politique ! " " Ah oui et qu'as-tu compris ? " demande son Papa " C'est simple, j'ai compris que le capitalisme baise la classe ouvrière pendant que le gouvernement roupille, restant sourd aux appels du peuple et laissant la future génération dans la merde !! "

A méditer ......



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c'est une façon de les remercier de leur travail.

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