N° 31
Juillet/Août

http://www.bartolini.fr/bone

Les Bords de la SEYBOUSE à HIPPONE
1er Juillet 2004
jean-pierre.bartolini@wanadoo.fr
LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD
se trouve dans la page: La Seybouse,
Les dix derniers Numéros :
EDITO

VIVE LES VACANCES...

        L'année scolaire se termine pour " les Petits " et pour la Seybouse, voici venu le temps des vacances jusqu'au 1er septembre.

        2003/2004, la Seybouse a permis de faire revivre le passé et de répondre au présent.

        Les " Adhérents " et Sympathisants ont répondu en masse aussi bien pour partager la lecture que pour fournir de la matière, ou pour être présents dans les "manifestations " organisées dans les associations.

        Les contacts se sont multipliés. Des Pieds-Noirs ont retrouvé la mémoire et des lieux enfouis dans le tréfonds du cerveau. Les " Vieilles Branches " ont ravivé la sève qui stagnait dans des esprits chagrins. Des rires aux éclats ont envahi nos habitations grâce à " nos Chroniqueurs Maison ". Des larmes de joie ont jaillies des yeux embrumés par la vision de nos écrans.

        Aujourd'hui le constat est très positif, ce qui doit nous inciter à poursuivre dans cette voie. Que notre "Jeunesse " suive cette trace et là le travail sera gratifié par tout le bonheur de nos communautés.

        Chers Amis, continuez à fouiller les valises, greniers, vides-grenier, archives familiales ou publiques ; à sonder et enregistrer les " Anciens ". La route est encore longue, mais la voie est tracée.

        Bonnes vacances à tous.
        A tchao.

J.P. Bartolini        

Aprés votre visite,
(---n'oubliez pas de Cliquer --- ou de téléphoner ---)
Bône la coquette
A. DIDONA
Envoyé par l'A.B.C.T. N° 17 mars 2000

Tout près du port et de la Méditerranée,
Au pied de Bugeaud domine la cité
Embaumée de jardins et d'odeurs épicées,
Elle s'appelait la rue Sadi Carnot, c'était mon quartier.

A l'ombre de ces rues le soleil s'affichait
Colorant les murs de rires et d'amitié
Quelle que soit la saison, hiver, automne, été,
Elle s'appelait la colonne et c'était mon quartier.

Elle était le domaine des filles et des garçons
Jouant à la toupie, à la marelle et au ballon,
Au noyau d'abricot, à la course au bouchon,
Ces bruits, ces exclamations, c'était notre maison.

D'la rue Sadi Carnot à la colonne Randon
Le passant solitaire trouvait un compagnon,
Quelle que soit sa couleur, sa race, sa religion,
Il était le bienvenu dans notre maison.

Sur les bancs de l'école l'amitié fleurissait
Entre français, juifs, arabes, italiens et maltais
Et prenant son envol durait l'éternité,
C'était mon quartier où régnait l'amitié.

Le rire en bandoulière, le tape cinq ravageur,
Le salut mon frère et le fier bras d'honneur,
L'enfant de mon quartier respire le bonheur,
Elle s'appelait la maison du bon dieu, c'était ma demeure.

De la place d'armes au cours Bertagna
Cafés et brasseries vous offraient la kémia
Le ricard, l'anisette et le bon kaoua,
Elle s'appelait Cordina, Mustapha, Didona, Chemama, et c'était ma casbah.

Le forum, l'alhambra, l'olympia, le majestic,
Les variétés, le colisée, le jardin botanique,
Le rex, la basilique, le bijou maléfique,
Elle s'appelait la cité, c'était mon amérique.

Une vieille dame en blanc protégeant nos enfants,
Qu'ils fussent israélites, catholiques, musulmans,
Sainte Anne de Bône notre dame aux sentiments
Elle régnait sur la place et c'était mes quinze ans.

Le cours Bertagna, rue Sadi Camot, rue Garibaldi
Ont gravé leurs empreintes sur mon coeur et ma vie,
Afin que dans mes yeux ne se lise l'oubli,
Elle s'appelait Bône la Coquette, c'était mon pays.


LES CHRONIQUES BONOISES
Par René VENTO
Numéro 17

LE BÔNOIS GENTLEMAN

     C'est l'histoire d'un petit bônois enfant de la Colonne, ancien élève de l'école Sadi-Carnot et du lycée Saint-Augustin, qui réussit à entrer à Oxford, la plus prestigieuse des universités britanniques. Ce bônois hors du commun se prénommait Norbert ; Nono pour les amis. Il fut connu dans le monde entier sous le pseudonyme " the Bône's gentleman ".
     A la fin de sa première année d'étude à Qxford, Nono revint à Bône en vacances. Ses parents l'attendaient à l'aéroport des SALINES, impatients de retrouver ce fils prodigue et de l'entendre causer dans un langage reflétant son haut niveau intellectuel. Voici Nono qui sort du hall de l'aéroport et se dirige vers ses parents.
        - Oh pa, oh man, comment qu' ça va l'âme de vos morts ! La putain de plaisir que j'ai de vous revoir, 's'exclame Nono avec un accent choumarélien très prononcé.

        - Commence pas à jurer des morts qu'on en a des fraîches dans la famille, se lamente la mère à Nono.

        - Atso mon fils à moi, je me suis fait le matse pour te payer des études et toi t'ias pas perdu ce putain d'accent bônois, pleurniche le père à Nono.

        - Fais pas des necs papa, l'accent bônois je l'ai et je me le garde conclut Nono en embrassant ses parents.

     Un an plus tard les parents de Nono rendent visite à leur fils à l'université d'Oxford. Ils sonnent à la porte d'entrée et le concierge vient leur ouvrir.
        - What is it ? demande le concierge.

        - We are the father and the mother of Mister Nono.

        - Zotche vous êtes les parents de ce falso de Nono! Entrez l'âme de vos morts !

     Nono étant en cours, le concierge conduit les parents dans le bureau du directeur de l'université. Le .père de Nono interpelle le directeur qui, naturellement, comprend le français.
        - Alors, m'sieur le directeur, vous êtes content de mon fils ?

        - Poh poh poh comment qu'il apprend la rascasse affoguée de ses bises, répond le Directeur

     L'année scolaire est terminée et Nono sort major de sa promotion. Le soir de la remise des diplômes se déroule le grand bal de l'université au cours duquel sont présentes toutes les gatarelles du royaume uni pour y trouver un futur mari. Parmi les grandes familles, se trouvent la famille O'MOKE, propriétaire d'une chaîne de magasins de vêtements pour les futures maman. La fille O'MOKE, prénommée Nadine, a le coup de foudre pour Nono et c'est réciproque. Le lendemain Nono téléphone en PCV à son père à Bône pour lui annoncer la bonne nouvelle.
        - Allo papa, j'ai une bonne nouvelle à t'annoncer : je vais me marier !

        - Aouah ! Et comment qu'elle s'appelle cette gatarelle ?

        - Nadine O'Moke

        - Tu commences pas à jurer ma mère qu'elle est aussi ta grand-mère !

        - Mais papa, Nadine c'est son prénom et O'Moke c'est son nom de famille. Si tu vois la canusse que c'est, le cul y te tombe par terre et en plus elle a du flouss !!!

        - Zec mon fils si en plus tu fais une affaire, alors vas-y donne-z'y le compte

     Dans le prochain numéro vous découvrirez la suite du fabuleux destin du bônois gentleman


Ah la Camionnette
N° 6 de Juin 1950
de M. D. GIOVACCHINI
Envoyé par Georges Bailly


        La leçon est pleine d'enseignements qu'il faut précieusement retenir.
        Notre journal du matin avait lancé un appel pathétique, tout au moins dans sa forme, en faveur d'une souscription destinée à l'achat d'une camionnette pour l'Orphelinat Ste-Monique.

        Le but était fort louable, Les Religieuses qui ont " tout abandonné de la vie " et qui se dévouent sans ménager leur temps et leur force pour une oeuvre de Bien, méritaient d'être aidées et entendues.

        Hélas ! La liste de souscription ne vit jamais le jour. Toutefois, le journal, malgré son insistance auprès de ceux qui ont des oreilles pour ne pas entendre, ne publia aucun nom.

        Ce n'était pas par humilité, ni par modestie. Gênée par le peu d'empressement manifesté en l'occurrence par les mauvais riches du cru, l'opération fut menée d'une façon plus stratégique.
        On confia des listes à quelques personnes bien pensantes...

        Mais les sourds n'entendaient toujours pas. Et la honte s'étalait sur le front des croyants sincères et de cette foule qui prie avec ferveur, pour ceux-là même qui exploitent la foi populaire, afin de sauvegarder leurs privilèges.
        M. FADDA, qui sait si bien plastronner et à la meilleure place, dans les cérémonies religieuses, avait royalement lâché un billet de mille, non sans avoir subi la morsure du scorpion qu'il avait ramené de Biskra.
        Je ne cite pas d'autres noms par simple pudeur. Mais le tout fut à l'avenant. On a même narré que les meilleurs souscripteurs furent des indigènes. On ne saurait que les féliciter.
        Mais la camionnette risquait d'être en panne,..
        Le " Mécène surgit " M. MUNCK ne pouvant supporter une carence morale aussi grande, signe de sa main blanche le chèque libérateur ! ...
        Sainte-Monique lui en saura gré, au jour de l'appel nominal des Riches, dans l'au,.. delà.
        Mais, si le geste est beau, l'Au... delà est lointain.

        M. MUNCK, souhaitons-le, pourra récupérer au moins une partie de la coquette somme qui est sortie de son coffre.
        Viticulteurs, céréaliculteurs, planteurs de tabac, vous tous qui n'avez pas perdu votre temps depuis la guerre, rendez au Président des Présidents ce qu'il a versé pour vous.
        Ne prononcez pas, comme Queue-de-Cerise des paroles hérétiques : " Après tout, a-t-il dit, on est fatigué de donner, çà sent la resquille ".

        Saint-Pierre, qui entend tout, lui réserve une surprise. Il l'enverra cuire dans le four le plus brûlant avec tout son cheptel à cornes.

PAR-CI - PAR-LA

        A quoi servent les S.I.P. ? A faire renchérir le prix du blé et à caser des copains et parfois des chevaliers du fourbi.

        Quelques jeunes gens subissaient un examen pour être admis comme employés aux produits communaux. Trois furent reçus. Mais, l'un d'eux, jugeant que les appointements étaient maigres, quitta la place.
        Que fit M. De FORNEL ? Au lieu de le remplacer par le quatrième, il choisit celui qui s'était classé cinquième, sans doute pour faire un ami de plus à PANTALONI.
        Prétexte : le candidat évincé avait " une tête qui n'allait pas ".
        C'est ce que disait de vous IGNACE LABELLA, M. De FORNEL. Et il n'avait peut-être pas tort.

        Un élu de la région bônoise a refusé toute proposition pour la Légion d'Honneur.
        Fait unique et méritoire. Nous en reparlerons.. .



Ça qu'on vous a pas dit … !
Christian AGIUS      N° 17
le Maltais de la route de Bugeaud,
y ramasse dans les poubelles de luxe…
ma, tombe de ses morts, c'est la franche vérité !!!

L'éditorialiste géopoliticien auto-proclamé du Figaro, Alexandre Adler, il a dit à France-Cul-ture le 16 avril : " je suis plus proche d'un franc-maçon turc que d'un intégriste catholique bavarois… ".
Zotch ! Y en a des gougoutses de lecteurs qui se croient encore que le Figaro c'est un journal à calotins…


Diocane, elle a bien calculé l'ancienne à David Halliday, Estelle !
Son actuel mari, Maurice Essbag, euh !…. Arthur à la télé, y met en vente une de ses sociétés pour 1,2 milliard de zorros !
Ma ac une clause de 300 millions de zorros pour " complément de rémunération "……
Ca me donne le mal de mer…


Le pédé-G de Ricard y vient de se fendre d'un million de zorros pour financer les bassins d'eau du futur musée des " arts premiers " (on attend les autres..), caprice de Chirac.
Ricard ami de l'eau ? On connaît, zeb !


Y a toujours des histoires ac les coqs qui chantent à la campagne et les citadins qui z'aiment pas les chansons.
Une association anti-coq elle fait entention, du côté de Martigues, pour empêcher les coqs de chanter.
Cramponne-toi au gantche : elle est présidée par un certain M………………….Decoq !!!


Philippe Briand, il avait été nommé secrétaire d'état dans le gouvernement n°3 de Raffarin-et-Danube.
Y s'a vite ensauvé, quand il a appris qu'y devait payer l'impôt dessur la grande fortune parce qu'y devait quitter ses fonctions de dirigeant d'entreprise.
Diocane, ça c'est d'l'esprit citoyen !!!


La nouvelle loi dessur le divorce elle implique en douce la répudiation, ac la constatation que les époux y vivent plus ensemble depuis deux ans.
Zeb ! Ca ressemble pas à la charia, cette histoire ?????


Tia toujours rêvé d'avoir un pistolet Smith § Wesson, hein ?
Entention : la fonction crée l'orgasme, comme y dit Darwin…
Le président de la firme y vient d'être lourdé : huit attaques à mains armées, ac la taule à la clé…


L'amiral il a commandé 4 nouvelles hélices au porte-avion " La Grande Zohra ".
Diocanamadone, l'achkoumoune y gatse… : deux elles sont renvoyées à l'usine !……..


Tu connais Anne Schwartz, euh !…..Anne Sinclair.
Elle a tout laissé tomber pour s'occuper de la campagne présidentielle de son mari, Dominique Strauss-Kahn.
Première mesure, pour arranger le louque du candidat : une opération de la paupière " gauche ", celle-là qui fait entention à le chat pendant que l'autre elle surveille la carpe farcie……


L'observatoire régional de la santé publique de Bretagne (ouf…) y vient de tirer la sornette d'alarme : un quart des jeunes y l'est drogué ; 9%, il a tenté de se suicider…
Ma le rapport y dit que le plus grave, c'est que 90% y tient………………des propos racistes !


France, pays d'accueil…
15.000 prisonniers en 1960.
61.000 méteunant.
Ca doit être un bon métier, en tout cas d'avenir !


François Fromage, euh ! Hollande, il aime bien la rigolade… Zeb, y dénonce l' "austérité " alors que la dette publique, tous les records du monde battus, elle s'élève à……… 1000 milliard d'euros !!!!!!!


Il a pas de mauvais sang à se faire Abd-el-Aziz Chirac, copain de Jacques Bouteflika….
Les casseroles qu'il a pendues au therma, elles aboutiront à rien, même si y ramasse le saucisson pour la prochaine : y deviendra alors membre de droit du conseil constitutionnel……
Et là, tu peux t'accrocher une gargoulette pour l'épingler !


Qui c'est le champion de France des journées de grève ? Hein ?
Cherche pas : la S.N.C.F. !
40% pour elle toute seule, diocane !


Ca continue…
Patrick le Hyaric, patron de l'Humanité, y vient de mettre ses enfants dans une école de curé dans l'Orne ! Des fois que ce tanoute de Karl Marx y s'est foutu complètement dedans…………………


LE PLUSSE DES KAOULADES BÔNOISES (19)
La "Ribrique" de Rachid HABBACHI
MIEUR, T'Y ECOUTES PAS

         Entention, tout ça que moi, j'vais t'le dire c'est pour que tu comprends à de bon et une bonne fois pour toutes que nous z'aut', on peu faire ami-ami avec les gros mots et, con de leurs morts affogués….j'trouve même qu'y sont d'essence poésique (Zek, t'y as vu quan on fait des necs qu'est ce ça donne ?).
         Moi, comme tu me ois là, j'ai reçu comme on dit chez nous z'aut', par ma mère et aussi par mon père, une bonne élèvation que, diocane à misère, partout dedans le quartier, je fais des jaloux. A la maison, les ansultes on s'les z'a apprivoisées, on les met partout et à toutes les sauces même quan on fait des compliments par exempe, quan on oit une belle fille qu'elle s'a mis une belle robe, tout de suite on lui dit : purée de ta race dès… t'y as une pitain de belle robe et y'alors là, tu la oit la fille, qu'elle rougit de plaisir même si qu'elle dit rien.
         En dedans ma famille que je suis la fierté, j'ai quèque chose en plusse dessur tout l'monde à cause que les gros mots, moi, j'les invente et avant de les dire, les gros oeils j'les sors bien-bien et pis, juste après, j'te récite comme à la messe un chapelet, comme ça, sans que j'respire la bonne air qu'elle est nécessaire pour vivre. Comme une mitraillette, j'te dis la rascasse de tous les morts, celles qu'elles sont parties et aussi celles qui, pas z'encore et tu ois tout ça voler en l'air.
         Y m'arrive de regretter des fois de jurer les morts quan c'est qu'y en a des fraîches en dedans la famille et y'alors là, j'me jure mes morts à moi, juste pour que le bon dieu y me pardonne et pour qu'y me croit, j'ui jure ça dessur la vie de mes morts qu'eux aussi y z'en prennent pour leur grade de temps z'en temps quan c'est que je trouve personne à qui jurer.
         Y en a qu'un à qui je jure rien et encore, c'est par respect à cause et d'abord pasqu'il a quatre vingt quat' z'ans dieu bénisse, et ensuite pasque c'est mon maîte en ansultes, c'est lui qu'y m'a tout appris jusqu'à comment y faut attacher les hameçons dessur le bratchole en invoquant les saints mais à l'envers. Ah ouah ! tu ois pas qui c'est ? C'est le pépé Gilbert de la Seyne sur mer, ce caplate que rien qu'y jure du matin au soir, même quan il est seul pour, comme y dit l'aut, pas perdre la main même si que c'est la bouche qu'elle travaille.

Rachid HABBACHI

Rapatriés
Envoyé par M. Gabriel Chaudet
Paru sur la Revue "Trait d'Union" N°48

François MOLINES
(Alger - Marseille)

Que de larmes encore, mes frères, dans vos yeux...
Et, dans vos cœurs meurtris, que de peines cachées !
D'épines et d'affronts, vos routes sont jonchées,
Que sèment les méchants en mots calomnieux.

Déjà les premiers jours, on nous voulait noyer
Quand l'exode inhumain nous jeta sur la plage.
Des visages haineux jouissaient du naufrage
Qui frappait tout un peuple à jamais foudroyé.

Rapatriés maudits, exilés, détestés,
Condamnés durement par le "Vent de l'Histoire",
On voudrait effacer jusqu'à notre mémoire
Et, plonger dans l'oubli nos nobles vérités.

Mais la honte n'a point de place sur nos fronts.
Notre oeuvre en Algérie, à tort, les importune.
Redressez-vous enfin, mes frères d'infortune,
Et laissez braire en chœur les sots aliborons.


UZES, 6 juin 2004
Par Ginette et Marius Longo, Gabriel Roux,
André et Anne-Marie Berger et Jean Pierre Bartolini

Le soleil était encore avec nous.

      Pour les organisateurs, mais aussi pour les adhérents et sympathisants qui sont fidèles au rendez-vous du premier dimanche de juin pour notre rassemblement national, cette date est devenue synonyme de rêve.
      Alors, pour ce 6 juin 2004, ce fut bien évidemment une joie de se retrouver au camping municipal d'Uzès par un très beau temps durant toute une journée champêtre, aussi nombreux et ravis de pouvoir rencontrer ceux qui n'avaient pas pu être présents ces dernières années.
      Certes il y a eu des absentes et absents, pour cause de "Fête des Mères", mais les retrouvailles furent aussi émouvantes que joyeuses. Ne dit-on pas que les absents ont toujours tort !
      Il nous a manqué d'autres absents, qui nous ont quitté au cours de l'an écoulé. Leur souvenir a tout de même fait l'objet de larges échanges de vues, c'est peut être dans ces instants que l'on devient immortel.


      Près d'un millier de personnes ont fait le déplacement pour retrouver, qui un ami, qui un parent ou voisin si longtemps perdu de vue et avoir le plaisir de parler du Pays, celui de notre enfance.. Eh ! Oui, une année c'est très long pour ceux qui attendent ces courts instants de bonheur et de gaieté.

      Les Dieux du ciel nous ont comblés de grâce, car nous n'avons eu ni pluie, ni vent. Peut-être que le saint Patron des BONOIS a intercédé en notre faveur, les amis de l'Association des fidèles de saint AUGUSTIN, le plus illustre des évêques ; pour Nous c'est le meilleur.... en sont convaincus.



10 Heures : on inscrit son nom, sa ville d'origine. On cherche un parent, un ami, un voisin….


Photo M.G. Longo
Photo M.G. Longo
10H 30, la messe en présence de St-Augustin

      Ce traditionnel rendez-vous d'UZES par tous les enfants du Constantinois et principalement des Bônois, avec la participation de l'Association des Fidèles de Saint Augustin, à notre rassemblement annuel, nous permet chaque année de nous unir dans la prière afin de rendre un hommage à tous nos chers disparus, laissés outre-mer, mais aussi pour ceux qui nous ont quittés au cours de l'année écoulée.
      Comme à l'accoutumé, avec un autel installé en plein air, la Messe dominicale a été célébrée sous la protection de la Statue de Saint AUGUSTIN, notre cher Patron.
      Dans un pieux recueillement une nombreuse assistance a pu suivre, cette belle messe de plein Air que nos amis Renée et Pierre TURREL, responsables de l'Association des Fidèles de Saint Augustin, ont mis sur pieds.
      L'AVE MARIA, joué par Jean Pierre PACE et son SAXO, a fait couler quelques Perles sur des joues un peu flétries mais combien tendues par l'émotion. Oui ces moments nous permettent d'être en communion de pensées avec tous ceux qui nous sont chers et qui nous ont quittés prématurément.
      Un seul regret disent-ils le manque d'adhésion et de soutien à l'Association. Espérons que leur appel s'oit entendu.

Photo M.G. Longo

      Ah, quelle belle journée ! Anisette à volonté, comme les années précédentes, avec un apéritif bien Pied-Noir et des kémias bien de chez nous,

      Les pâtisseries orientales, les boissons, les merguez, tout y était, et même la bonne humeur bônoise!






Après les merguez, on vient chercher un dessert :
Plus de zlabias ?
On mangera des makrouds !

Photo M.G. Longo

13 Heures : - L'heure du repas à l'ombre des "Palmiers d'Uzès ".

      La bonne humeur et les éclats de rires, mêlés aux différents parfums des plats confectionnés avec amour pour cette occasion ont résonné et embaumé tout le magnifique site de ce camping mis gracieusement à notre disposition par la Municipalité d'UZES, dont les représentants ont pu noter l'attachement que toute la communauté porte à ces lieux de rencontres historiques.
Photo A.A.M. Berger

L'amical Fan-Club

      Nous, par nos origines, on l'a bien compris l'amitié ne s'achète pas, elle se gagne par l'affection, l'amour et le partage de nos valeurs. C'est ce que nous trouvons à Uzès avec tous nos amis.
Photo M.G. Longo

Un après-midi avec dégustation !

      Une journée radieuse, pleine d'imprévus pour certains, riche en retrouvailles pour d'autres, des plus agréables et inoubliables tant par la teneur que par la quantité..
Photo G.Roux Photo G.Roux

" Les déguisements étaient de mise "

      Oui l'an 2004, a été un bon cru, et tous les organisateurs, sont satisfaits du bon déroulement de nos agapes.
Photo A.A.M. Berger

" L'Etat-Major devant la carte des opérations "

      Comme d'habitude, nous avons pu apprécier l'animation qui avait été confiée à notre ami Bônois PACE virtuose du son, et qui s'est poursuivie jusqu'en fin d'après-midi pour le plaisir des danseurs.

      A 17 heures, le tirage de sacro-sainte tombola a eu lieu, qui a permis de remettre de nombreux lots aux plus chanceux des participants.

Photo A.A.M. Berger

" Ginette dans ses notes "

      Dans une telle ambiance la journée très champêtre fut vite achevée, avec beaucoup de regrets, la séparation s'est faite, avec la promesse bien sûr de nous retrouver l'an prochain aussi nombreux et en parfaite santé.
      Nous ne dirons jamais assez combien il est difficile pour les organisateurs de satisfaire toutes et tous.
      Merci encore à toute l'équipe de bénévoles qui chaque année se surpasse pour que reste gravée dans nos mémoires le nom d'UZES et pour la réussite de ces instants de bonheur de notre Bône à UZES..
      Chapeau au Président Jean Pierre ROZIER, qui sait parfaitement rallier à lui une équipe soudée et homogène débordant de dynamisme, malgré l'age qui s'avance inexorablement.
      Pour l'an prochain, le rendez-vous est pris : ce sera toujours le 1er dimanche de juin, sur le même site, et avec l'immense espoir que le soleil s'allie avec la venue de nouvelles générations qui voudront bien consacrer une journée pour plonger dans le bain fraternel Pieds-Noirs.

      A l'année prochaine selon la volonté divine.

On ne peut terminer cette journée sans l'évocation poètique de Ginette Longo

UZES : 6 juin 2004

Nous partîmes aux aurores,
Et par un chaud matin,
Nous nous vîmes 500
Arrivant à UZES.
Issus de PHILIPEVILLE, ORAN et SOUK ARHAS…
Nés à TLEMCEN, ARZEW et BONE la COQUETTE…
Nous étions tous venus à nouveau pour la fête.
En moins d'une heure et demie
Les noms étaient inscrits
Les tables étaient dressées
La messe commençait…
Beaucoup de cheveux blancs,
Quelques kilos en trop,
Mais dans les yeux embués,
L'étincelle des 20 ans
Face à une photo, un copain retrouvé.
Devant une anisette, on a pu évoquer
Les plages, les brochettes,
L'Orangerie, la place d'Armes
Et tous ceux du Lycée…
La journée fût trop courte pour tout se rappeler,
Il y en aura bien d'autres aussi ensoleillées.
Vivement 2005…
Reste plus qu'une année ! !


Ginette LONGO

JOURNEE UZES 13 JUIN 2004
De M. Etienne Aicardi et envoyé par M. Hervé Cuesta
Pour ne pas être en reste avec nos amis Algérois, voici un compte rendu de leur journée du 13 juin.

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Plaisance du Touch , le 19 Juin 2004.      

      Selon une tradition bien établie, le rassemblement annuel des " Enfants de l'Algérois " a eu lieu à Uzès (Gard) le dimanche 13 Juin 2004.

      Tel un pèlerinage, les Pieds noirs des différents quartiers d'Alger et ceux des villages de " l'Intérieur " (de la Mitidja surtout) ont migré de fort bon matin vers cette charmante cité gardoise pour passer la journée ensemble. Plusieurs centaines de personnes (nous étions près de 4200 selon les organisateurs) venues des divers départements du Sud de la France surtout ont ainsi séjourné là pour se rencontrer, retrouver leurs racines et évoquer des souvenirs (Ah ! nostalgie quand tu nous tiens!). Le nombre des voitures sur le parking du site était impressionnant !

      Des groupements par quartiers et par bourgades s'effectuèrent et pour notre part, nous ralliâmes celui des " Tournants Rovigo " dans le milieu de la matinée. Hervé Cuesta et d'autres amis étaient là pour nous accueillir dans la joie et l'allégresse.

      Les palabres et la tchatche allèrent bon train tout en savourant calentita, soubressades, olives, cocas, makrouds et autres spécialités de " là-bas " et appréciant l'indispensable anisette associée au rosé frais pour rafraîchir les mémoires défaillantes. Ah ! J'oubliais le Sélecto de notre enfance, notre Coca-Cola local, que certains d'entre nous ont pu ramener de ce côté-ci de la Méditerranée, de Marseille précisément, qui se dégustait avec bonheur et délectation…. Aux alentours, tout était pareil : la Redoute, le Ruisseau, Chéragas, nos voisins immédiats ne paraissaient pas être en reste. Et dans cette immense clairière les éclats de voix, les appels, les cris de joie, les rires prenaient le pas sur le Mistral qui soufflait depuis la veille. Sur le podium, très excentré par rapport à notre emplacement, les organisateurs nous avaient concocté, au début de l'après-midi, un programme de réjouissances avec un ballet polynésien de " chez nous " et une animation musicale pour faire danser les plus courageux (ou les moins bavards ?).

      L'heure de la séparation sembla arriver plus tôt que prévue et nous avons eu une pensée pour tous et toutes qui n'avaient pas pu participer à ce sympathique rassemblement. Et au terme de cette fraternelle journée, il fallait reprendre la route, très longue pour certains, en nous donnant rendez-vous à l'année suivante.

      PS : 1) Nous sommes allés, avant de nous quitter, saluer avec Hervé Cuesta, Mme Francette Mendoza qui préside aux destinées des " Enfants de l'Algérois " pour la féliciter de son organisation et la remercier de son action pour la défense des Pieds noirs.

             2) Sur la proposition de plusieurs d'entre nous, ne pourrait-on pas organiser un petit voyage (quelques jours) à l'étranger (Crète, Baléares, Grèce, Tunisie…) pour pérenniser cet esprit de camaraderie ? La tribune est ouverte…….
A bientôt.


Etienne AICARDI      


LA RUE SADI CARNOT( N° 9)
de Gabriel Belmonte

     "La Rue Sadi Carnot" est un livre écrit sur son lit d'hopital par M. Gabriel Belmonte, pour ses amis Pieds-Noirs.
     Cette histoire de la "Rue Sadi Carnot" nous est offerte par Mme Eliane Belmonte née Donadieu. Nous la suivrons par épisodes sur "la Seybouse".
     Je mentionne que cette publication est sans but lucratif, qu'elle peut être reprise par les associations ou sites Pieds-Noirs à la condition impérative que les publications se fassent de façon absolument gratuite, sans même 1 euro symbolique, tel que le souhaitait M. Gabriel Belmonte.

Léthargie ?

        Au-dessus de cette épicerie où j'avais l'habitude d'acheter des petits pains d'épice en forme de cœur et recouverts de sucre fondant, vivait la fille Maminger (madame Borg, sous toute réserve, de son nom de femme mariée) et une histoire à vous faire dresser les cheveux sur la tête m'a souvent été racontée par ma mère au sujet de cette famille. Je suis sur que ma mère nia pas inventé cette histoire qui a sûrement circulée dans le quartier vers les années 1935 à 1937.

        Voilà : le père de la fille Maminger était mort de je ne sais quelle maladie, puis enterré et sa fille, plusieurs nuits d'affilée, rêvait que son père lui disait : "Je ne suis pas mort, ma fille, viens me chercher". Au bout de trois ou quatre nuits elle entreprit des démarches auprès des autorités compétentes et on alla ouvrir le tombeau, puis le cercueil du pauvre monsieur qui, paraît-il, s'était terriblement écorché le visage avec ses ongles. On a supposé qu'il avait été en état de léthargie. Cela s'est souvent produit au cours des âges et ça ne serait pas la première fois qu'une telle chose se serait passée. Cette histoire m'a toujours profondément marqué et j'aimerais en avoir confirmation car je n'arrive pas à y croire tout à fait. Si quelques personnes qui liront ces lignes pouvaient m'apporter la preuve de la véracité de cette tragédie, je leur en serais vraiment reconnaissant.

L'école Sadi Carnot

        La rue du 14 Juillet séparait l'épicerie des Del Médico de l'école Sadi Carnot. Combien de générations ont dû défiler dans les classes de cette école de filles et garçons, avec son horloge qui a bercé mon enfance en égrenant les heures et les demi-heures ? Et son nid de cigognes qui s'enroulait autour du paratonnerre, au-dessus de l'horloge et où les cigognes revenaient tous les ans à la même époque Vous entendez encore leurs caquètements qu'elles produisaient avec leur bec chaque fois qu'elles se posaient sur le nid ! Comme tous ces bruits anciens nous rajeunissent, nous tous qui avons habité près de cette école !

        Je vais vous rappeler un autre bruit qui va vous faire plaisir et que vous n'avez pas pu oublier ! C'est la cloche de l'école, fixée contre le mur de la maison de madame Fiachetti la concierge et qu'elle a fait tinter avec tant de dextérité, de régularité, et pendant tant d'années, huit fois par jour : quinze à vingt secondes pour les garçons à huit heures du matin, puis cinq à huit secondes seulement pour les filles un peu plus tard ; mêmes choses à onze heures pour la fin des classes, puis treize heures trente et seize heures trente l'après-midi. Je suis persuadé que vous avez encore ce bruit dans les oreilles comme moi ! Ding dong ! ding ding dong ! Ding dong ! ding ding dong !

        Comment pourrais-je résister à l'envie aussi de vous rappeler quelques noms d'instituteurs que nous avons connus de 1931 à 1937 : messieurs Pruneau, Huc, Fuard, Lombroso, Poggi, Pouy, Rodriguez, Ducros, Servoni et Madame, Léonardi, Tubiana, et madame Salini dont le mari était directeur de ladite école, sévère et combien efficace, ce directeur qu'on appelait P'tit Canard boiteux parce qu'il était atteint d'une très légère claudication ; entre six et douze ans, on est méchant, c'est la loi de la nature et pourtant c'était quelqu'un monsieur Salini !

La maison Graziani

        Un mur pas très haut, sur lequel était fixée une barrière constituée de tiges de fer de dix millimètres de diamètre environ, pointues vers le haut. Derrière ce mur avec sa barrière, une cour assez longue dans laquelle se trouvaient les appartements mitoyens les uns des autres avec un rez-de-chaussée et un premier étage.
        C'est dans cette maison Graziani qu'habitait entre autres, la famille Truglio dont les fils, Xavier et Antoine étaient tous deux joueurs de foot-ball à l'A.S.B. Antoine un peu moins connu, il est vrai, mais Xavier ! c'est notre héros de la rue Sadi Carnot ! Qui, en effet, n'a pas connu, dans tout Bône et combien d'autres villes d'Algérie, Truglio Xavier, le gardien de buts de l'A.S. B. ?

        Xavier est un ami d'enfance, un intime ; nous avons fait ensemble notre première communion, passé ensemble notre Certificat d'Etudes Primaires, fait ensemble les petites bêtises que l'on fait lorsqu'on est adolescent, avec bien sûr Jeannot Allmann et Marcel Imbembo.
        Nous formions un quatuor de bons copains.
        Dédé Mâtre et Gilbert Pons étaient parfois des nôtres mais ces deux derniers étaient un peu plus jeunes.

Nos jeux d'alors

        Là je vais rompre un peu avec la description des maisons et des habitants de la rue Sadi Carnot. J'y reviendrai certainement mais, pour varier, je vais vous parler un peu des jeux qui furent les nôtres pendant de nombreuses années. Nous avions des jouets, bien sûr, pour Noël, comme les copains mais lorsque vers la fin janvier pour ne pas dire la mi-janvier, ces jouets étaient détraqués, tintin ! il fallait nous débrouiller. Heureusement que nos aînés étaient passés avant nous et je ne saurai jamais à quand remontent les jeux dont je vais vous parler et même vous raconter quelques règles, mais nous ne le saurons peut-être jamais. Certains de ces jeux étaient probablement originaires d'Italie, certains de Malte, d'autres peut-être d'Espagne.

        Ce que, je puis quand même supposer c'est que le "Quinet" au moins se jouait à Monterey en Californie au début du XIXe siècle puisque le grand auteur américain Steinbeck en parle beaucoup dans son livre "à l'Est d'Eden" et ce jeu s'appelle PEE?WEE en ricain.
        Comme beaucoup d'Italiens vivent en Californie, de là à penser que ce jeu nous arrivait d'Italie, il n'y a qu'un pas.

Le Quinet

        Commençons donc par le Quinet.
        Qui se rappelle au juste en quoi consistait ce jeu ? Voici : il fallait d'abord un morceau de liteau d'environ vingt-cinq de section et vingt centimètres de longueur, taillé en pointe aux deux extrémités puis une planche de bois assez dur d'environ deux centimètres d'épaisseur et de forme rectangulaire de cinquante sur vingt centimètre en gros, planche qu'on découpait de telle sorte qu'il restât une poignée au milieu d'une des extrémités de la planche.

        En somme, cette planche ressemblait à une raquette de tennis sans boyaux, de forme rectangulaire et avait l'avantage énorme de ne coûter presque rien. On jouait à deux : celui à qui avait échu la planche devait, avec la tranche de celle-ci frapper sur une des pointes du liteau de façon à ce que celui-ci quitte le sol verticalement et en tournoyant. Il ne restait plus qu'à frapper ce morceau de liteau encore en l'air, avec la planche à plat pour l'envoyer le plus loin possible du rond tracé sur le sol et au milieu duquel le jeu avait commencé

        Le second joueur devait remettre le quinet dans le cercle et le détenteur de la planche devait l'en empêcher. Pour ce faire, le premier joueur avait droit à trois lancés mais ce n'était pas toujours qu'il réussissait à remettre le quinet dans le cercle. S'il y parvenait, la planche lui revenait de droit et c'est lui qui envoyait loin ce petit bout de bois qu'on appelait le quinet.

        On passait de longs moments ainsi à jouer au quinet. Pendant ces années-là ou à peu près, le même jeu se pratiquait en Californie. Pourquoi ne serait-ce pas un ancien jeu italien ?

Le jeu des noyaux

        C'est de noyaux d'abricots qu'il s'agit. A la saison de ces fruits, nos poches s'emplissaient de noyaux avec lesquels on employait notre temps de plusieurs façons. Il y avait le jeu d'adresse qui consistait à former sur le trottoir, contre le mur d'une maison, un ou deux petits tas par joueur, petits tas constitués par quatre noyaux, trois placés l'un contre l'autre et le quatrième posé en équilibre sur les trois.

        Puis, à une distance de deux à trois mètres, chacun des joueurs lançait à tour de rôle un noyau, en essayant de faire écrouler un tas. Le premier joueur qui réussissait le coup ramassait, et les noyaux du tas écroulé et tous les noyaux lancés pour arriver à ce résultat

        L'autre jeu était un jeu basé sur le hasard. On prenait dans notre main fermée un certain nombre de noyaux et on disait à l'autre: Belbètche ? ce qui en gros équivalait à la question : pair ou impair ? ou bien, pour employer les mots adéquats: Zotche ou Farde.
        D'où venaient ces mots Zotche pour pair, farde pour impair ? je ne l'ai jamais su. Selon la réponse de l'autre joueur, on comptait les noyaux et si le nombre était pair alors que le joueur avait dit farde ! celui-ci devait donner à l'autre autant de noyaux qu'on avait comptés, si par contre le nombre était bien farde, il empochait les noyaux dont le nombre était impair.

        Pour quoi faire, allez-vous penser, ces jeux de noyaux d'abricots ? Eh bien tout d'abord pour occuper nos loisirs et puis aussi pour faire avec les amandes des noyaux une boisson qu'on appelait pompeusement de l'orgeat. On obtenait cette boisson en pilant ces amandes et en y ajoutant de l'eau et du sucre. On devait être résistant car l'acide prussique contenu dans ces noyaux aurait dû au moins nous donner la "Cagarelle" comme on appelait vulgairement la diarrhée dans la rue Sadi Carnot (et ailleurs, entre nous) pour ne pas dire des ennuis intestinaux assez graves. Eh bien non, nous trottions comme des lapins les jours suivants.

La terre anglaise

        Il s'agissait d'argile tout simplement ou, en d'autres termes, de terre glaise. Pour nous, c'était de la terre anglaise, c'est comme ça !

        Ce jeu, que je vais tenter de vous expliquer, se pratiquait seulement lorsque, pour une raison ou une autre, des ouvriers de la commune creusaient une tranchée dans la rue, souvent pour réparer une fuite d'une canalisation quelconque. Or, dans la rue Sadi Carnot, à environ un mètre de profondeur se trouvait une argile très souple semblable à de la pâte à modeler.
        Alors, avec les camarades, on prenait chacun quatre à cinq cents grammes de cette argile qu'on pétrissait bien et, après tirage au sort, on s'asseyait par terre sur une surface bien plane autant que possible et le premier façonnait une espèce de marmite, crachait à l'intérieur de celle-ci et la projetait sur le sol assez violemment avec l'ouverture dirigée vers le bas, ce qui provoquait une déflagration et, par suite, une ouverture plus ou moins grande selon l'adresse du joueur, dans le fond de la marmite, ouverture que le joueur suivant devait combler avec une partie de son argile.
        J'oubliais de dire que chaque fois que la marmite touchait le sol avec un bruit sourd et qu'une brèche s'ouvrait sur son fond, le lanceur disait d'une voix assez forte, en s'adressant au suivant: "Paye ça" et le suivant devait combler le vide que la déflagration avait formé. On lançait ainsi à tour de rôle notre marmite, mais comme il se trouve toujours des gars plus adroits que d'autres, certains finissaient le jeu avec un bon morceau de terre "anglaise" et les autres n'avaient plus rien.
        Ce jeu ne nous coûtait pas un sou et nous occupait un long moment pendant lequel nous ne faisions pas de bêtises. Et quel agréable bruit que cet éclatement sourd qui résonne encore à mes oreilles, lorsqu'une marmite spécialement bien pétrie et bien lancée faisait !

Les cinq pierres

        Pour le jeu des cinq pierres, on n'avait qu'à aller chez un marbrier demander une chute de marbre dans laquelle on passait déjà un bon moment à tailler selon une forme donnée cinq petits cailloux avec lesquels, tout en jouant, on développait notre adresse. Ce jeu occupait souvent nos récréations à l'école. Il fallait lancer un caillou en l'air, en ramasser deux par terre et rattraper le caillou lancé avant qu'il ne touche le sol ; puis c'était trois pierres qu'il fallait ramasser plus une bien sûr. Ensuite quatre et on recommençait. Il y avait des as à ce jeu qui nous épataient et nous écœuraient.

        

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A SUIVRE


ODEURS

1 : Le port

Juin. Bientôt l'été. Retour des journées ensoleillées, soleil - chaleur - sécheresse : les odeurs remontent. Ici c'est plutôt bitume chaud, herbes sèches, parfum de roses et de seringas…
Chaleur, odeur de goudron.
Retour au port de Bône.
Accoudé à un des vieux canons turcs plantés dans le béton au bord du quai, au fond de la vieille darse, je regarde les 'outses. Je ne sais pas comment ça s'écrit, à Bône on dit un 'outse, sans liaison, c'est le bateau de pêche typique d'ici, je crois bien que dans le Midi ils disent un pointu. Outse(1), ça doit venir du sicilien, du napolitain ou peut-être du maltais, mais dans quel dictionnaire vérifier l'orthographe ?
Je regarde les 'outses. Les matricules qui commencent par BO. Les coques blanches décorées des mêmes couleurs familières, bleu, rouge, vert. Les amarres en chanvre, usées, saumurées, mazoutées. Et l'odeur me revient, apportée par la brise ; les odeurs plutôt, parce que c'est complexe ce qu'on sent dans un port.
Le fond est salin, avec une touche iodée soutenue par la moiteur de l'air, comme purifié par la profondeur du bleu-vert de l'eau.
Je respire à fond.
L'air se fige, par réflexe mes poumons se bloquent, je me suis laissé surprendre par l'odeur presque tangible qui monte du sol chaud : les filets que les pêcheurs ont étalés sur le quai cuisent au soleil et m'envoient une odeur lourde, épaisse, gluante, comme une vague de goudron. Ils viennent d'être imprégnés. C'est du concentré… Je me dis que les poissons doivent vraiment être bêtes pour venir se faire prendre là-dedans, ça doit puer sous l'eau aussi.
Trop fort ! Je m'éloigne, en apnée, vers le Cours.

Je reprends mon souffle. Oh ! mais là je suis près du coin, là où l'eau n'est pas brassée, où le vent et les vagues envoyées par les bateaux qui se déplacent envoient tout ce qui peut flotter à la surface. Ce qui remonte c'est l'odeur de mazout, un mazout pas très raffiné, rien à voir avec le gazole que les citadins d'aujourd'hui mettent dans le réservoir de leurs gros tous-terrains aux jantes chromées. Non, un mazout de bateau, de bateau sérieux, comme le gros minéralier à quai, plus loin, en attente de charger son minerai de fer de l'Ouenza. C'est peut-être de là qu'il est venu.
Ce mazout-là, j'aime son odeur, on la sent partout dans le port, plus ou moins fort, brute quand un pêcheur nettoie son moteur et rince ses boîtes, ses chiffons et sa brosse dans l'eau en se penchant par-dessus bord, ou alors mêlée à des effluves plus subtiles, comme celle de poisson pourrissant dans l'eau ou de peinture fraîche. Dans un port il y a toujours quelque part quelqu'un qui donne un coup de pinceau à un bateau, et les poissons qui avalent un peu trop de mazout finissent ventre en l'air dans un coin abrité, vous n'avez pas remarqué ?

Tiens, ça sent la fumée. Odeur ténue de feu de bois : le marchand de cacahuètes, un peu plus loin, avec sa ruine de landau transformé en grilloir, ses caramels, ses berlingots, ses chewing-gums Globo et ses Bastos bleues vendues à l'unité.
Je lui achète un Globo avant de rentrer à la maison.
Place des Gargoulettes, quatre calèches attendent ; je fais bien attention, en passant, de ne pas me faire éclabousser par un cheval qui pisse, mais j'aime bien cette odeur d'écurie en plein air qui flotte sous les palmiers, et avant de repartir je me remplis les poumons de cette odeur de sueur de cheval et de crottin frais.
Après, en remontant le Cours, je ferai des bulles avec mon Globo au parfum de fraise de synthèse.

(1)Outse : Nom masculin de bateau. Embarcation de pêche ventrue, avec moteur, et montée par 8 à 10 hommes. (Glossaire Bônois de M. H. Cataldo). Terme de l'Est Algérien originaire de l'italien : uzzo, ventre de la barrique. Par extension : une embarcation dont la forme évoque une barrique.


COMMUNIQUE
De M. Fred ARTZ
Gérant Bénévole
DU JOURNAL PIEDS-NOIRS MAGAZINE

A nos lecteurs et à nos amis

INVITATION A POURSUIVRE AVEC NOUS
LE CHEMIN "PIEDS NOIRS D'HIER
et D'AUJOURD'HUI" c'est entre nos mains

Créé, voici bientôt 15 ans, il a succombé après une rude bataille, malgré l'aide de ses lecteurs, aux vicissitudes propres à toute vie d'une entreprise mais aussi aux difficultés de faire entendre notre Histoire particulière qui dérange.
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La rédaction

Fred ARTZ.

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LES   NOUVELLES   D'ANTAN
LA SEYBOUSE
JOURNAL DE BÔNE

Par manque de temps, cette Rubrique ne sera insérée que dans quelques jours

BÔNE..    TU TE RAPPELLES
Par M. JEAN PERONI
                envoyé par M. Roger SABATON --                     N° 2
"Je me presse de rire de tout de peur d'être obligé d'en pleurer. "
BEAUMARCHAIS
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PANTALONI et CIE

        Les élections à Bône, c'était la grande fiesta. Y a-t-il jamais eu en France ou ailleurs une circonscription où, pour élire un maire ou un député, on plongeât aussi délibérément dans le folklore ? Un folklore parfois macabre : à preuve, l'élection post-mortem du député Thomson, mort inconsidérément l'avant veille du scrutin. Annoncer son décès, c'eût été donner la victoire à son adversaire. On convint de garder le secret jusqu'à l'ouverture des urnes ; pour ce faire, le corps fut conservé dans la glace, caché dans une chambre de l'hôtel d'Orient. Ce fut donc un mort qui fut élu ; mais ce subterfuge donnait le temps aux supporters du député défunt de trouver un nouveau candidat à leur dévotion.

        Le reste du temps, c'était beaucoup plus gai.
        Durant des décennies, le grand patron de l'électorat bônois fut le Dr Paul Pantaloni. Né dans le petit village corse d'Ucciani, il avait très tôt quitté la terre natale pour se fixer à Bône. Son tempérament dynamique, frondeur, bagarreur devait y trouver un terrain tout prêt pour l'accueillir. Les Bônois avaient besoin d'un homme de sa trempe pour succéder à l'éminent Jérôme Bertagna, et au sérieux Dr Pétrolacci ; Marchis et Bulliod, braves gens, n'avaient pas fait le poids.
        Quand Pantaloni eut gagné sa première bataille, chacun comprit qu'il serait le maire à vie de cette grande commune et le député de cette vaste circonscription qui faisait la liaison entre le Constantinois et la Tunisie. Pantaloni ne fut qu'une seule fois défaillant, lorsque le raz-de-marée Front Populaire mit à sa place Raoul Borra, un instituteur intègre mais qui manquait d'envergure. L'éclipse pantaloniste fut de courte durée.
        Paul Pantaloni pouvait exhiber un diplôme de médecin ; pourtant il ne serait venu à l'idée de personne d'aller le voir en consultant. Il n'avait d'ailleurs jamais exercé. Cet esprit pétulant, qui n'admettait la discussion que si elle tournait à son profit, la difficulté seulement s'il pouvait la surmonter, et jamais la contradiction, cachait volontairement la bonté du coeur et la grandeur de l'âme. Mais il n'aurait pu subir les contingences d'une clientèle ni l'autorité d'un Conseil de l'Ordre. Pantaloni
        Il était politicien-né ; la politique, c'était sa raison d'être. Il s'était mis au service des Bônois ; il exigeait que les Bônois à leur tour fussent à sa dévotion.
        Ils le furent, et de gaieté de coeur. Sans doute Pantaloni ne manqua pas de se faire de nombreux adversaires ; mais ses ennemis eux-mêmes reconnaissaient sa valeur. Ceux qui l'ont combattu savaient le génial administrateur qu'il était. Charles Munck, grand maître de la Tabacoop dut, à son corps défendant, plus d'une fois composer avec lui parce que la Tabacoop, grosse puissance financière, avait besoin d'un support politique, comme Pantaloni avait besoin d'un support financier. L'intérêt effaça le sentiment et les dissentiments.
        Quelqu'un a trouvé le mot juste pour définir Pantaloni : cet homme-là a du sex-apeal. Il mena ses adjoints municipaux à la baguette, sinon à la trique. Ses éclats de voix passaient à travers la porte de son cabinet : un adjoint ou un chef de service était rappelé à l'ordre, et dans quels termes... Pour dire ce qu'il pensait, il ne s'embarrassait de circonlocutions académiques. Il se faisait mieux comprendre en parlant le vert langage de ses concitoyens ; et il ne se faisait faute d'en user.
        Un jour, un conseiller municipal alla confier à ses amis : "Il m'a traité de c ... " D'autres en auraient été ulcérés ; eh bien, quoi qu'on puisse en penser, celui-là porta cette injure comme une décoration honorifique. Mais de la part de Pantaloni, ce mot-là était-il vraiment une injure ?
        Alors, puisqu'on ne pouvait se dresser contre lui, firent ami-ami tous ceux qui espéraient gravir les échelons hiérarchiques de la politique. André Fadda, plein d'ambition autant que de talent, et de patience autant que d'intelligence, consentit des années durant à demeurer le second de son député-maire ; jusqu'au jour où Pantaloni, épuisé par le travail, miné par les grands événements dont il devinait l'issue, sentant le déclin de son ardente puissante, ayant perdu l'esprit combattif qui avait fait sa force, laissa à son premier adjoint la présidence du Conseil Général.
        André Fadda avait attendu son heure ; elle sonnait au mauvais moment. Dans ces derniers soubresauts, l'Algérie Française balayait tous ses vieux politiciens. Pendant le putsch d'Alger, André Fadda hésita à offrir au Général Vanuxem son adhésion ; le comité de Salut Public installa Grauby à l'hôtel de ville. Il n'empêche qu'on s'accordait à reconnaître en Fadda le seul homme qui, en temps normal, aurait pu entrer dans la grande lignée des maires de Bône.
        Paul Pantaloni, durant ce qu'on est convenu d'appeler son règne, avait donné aux campagnes électorales le ton bônois qui leur convenait. Passé le temps des tractations, des conciliabules, des alliances, des conventions, ces campagnes électorales prenaient leur départ quelque deux mois avant le jour du scrutin. L'essentiel en était les réunions publiques, la plupart du temps contradictoires. Flanqués de la meute de leurs partisans et de leurs souteneurs plus ou moins appointés, les candidats entreprenaient le circuit des écoles de quartier ; la cour de récréation devenait le forum d'un soir : une estrade, des drapeaux, un supplément de lumière, et un micro naturellement. Les gorilles ? ils existaient avant que le mot soit inventé ? faisaient barrage autour des orateurs, prêts à donner le coup de poing si des trublions intervenaient ; à l'extérieur de l'école, des gardiens de la paix, commissaire en tête ceint de son écharpe.
        Comme le même programme était partout débité de la même manière, c'est l'Ecole Vaccaro qui faisait le plein, d'abord parce qu'elle offrait asile à un plus grand nombre d'auditeurs.
        Les Pantalonistes eurent la partie belle ; rarement les contradicteurs osèrent se manifester : ils savaient ce qui les attendaient. On leur accordait pourtant la parole, mais si brièvement qu'ils étaient obligés de trier leurs meilleurs arguments. Après quoi Pantaloni ou l'un des siens balayait du geste et de la voix tous leurs griefs. Et la séance était levée.
        Le processus était tout différent quand le concurrent se croyait maître de céans. Il avait loué la salle, fait installer l'éclairage, payé les haut-parleurs. Il était en droit de se croire chez lui. Las, il déchantait bien vite. Ou bien il trouvait un nombre extraordinaire de partisans qui applaudissaient à tout rompre et à toutes occasions : comment dans ces conditions placer le moindre mot ? Ou alors c'était l'obstruction totale, cris, hurlements, vociférations, véritable tempête qui déferlait sur l'estrade. Si le candidat refusait de partir, coupure d'électricité : plus de lumière et plus de haut-parleurs.
        Il arrivait parfois, comédie bien jouée, qu'un Monsieur bons-Offices fût désigné : il prenait la présidence de la réunion avec mission de ramener le calme ; et comme de bien entendu, il n'y parvenait pas. Alors la séance était purement et simplement levée, laissant les contradicteurs sur leur faim.
        Après quoi des bandes hurlantes, candidats en tête, parcouraient la ville, de la Colonne à la Choumarelle. Malheur si les clans opposés se rencontraient. On se souvient de cette bagarre qui éclata place Bulliod, aux abords de la Brasserie Cambrinus, au grand dam de son patron Charlot Xerri, pantaloniste par intérêt et aloïste par sentimentalité. Pantaloni eut le mot de la fin en donnant à pleines mains, aux trois mille personnes rassemblées, le spectacle de sa virilité.
        Les Bônois savouraient cette façon de faire; ils demandaient du cirque, pourquoi les en priver ?
        C'est ainsi qu'on vit arriver, un beau jour, sur la scène électorale, ce brave homme d'Auguste Serpi, peintre en bâtiment ; on lui avait mis dans la tête que la mairie de Bône avait besoin d'un homme comme lui. Ayant l'esprit un peu félé, il fut facile à berner. Voilà donc notre Serpi, escorté d'une bande de joyeux drilles, sur les tréteaux de l'Ecole Vaccaro. On lui avait fabriqué un programme révolutionnaire : entre autres des piscines souterraines, des autobus aériens et des vespasiennes à tous les coins de rue.
        Après tout, ne savait-on pas qu'à l'avance les dés avaient été jetés. Pantaloni et la Tabacoop possédaient les atouts-maîtres et en plus "La Dépêche de l'Est", journal régional financé par les Coopistes. Aussi bien ceux qui nourrissaient quelques ambitions croyaient-t-ils opportuns d'être de leurs côtés. Mais nombreux furent ceux qui espérèrent en vain toute leur vie une improbable récompense au zèle dépensé et à l'argent offert.
        Quant aux autres, ils étaient persuadés que la Ville et sa région n'avaient pas à se plaindre des martres qu'elles s'étaient donnés.

MATSAGOUNES et MERGUEZ

        Lorsqu'un Bônois voyageait en Métropole, il était éberlué par le prix des crevettes ; elles se vendaient 1.500 F le kilo sur le Vieux Port alors qu'à Bône, pour le même poids, on payait seulement 300 F. Dans les rôtisseries de la rue Lecourbe à Paris, c'était pire :200 et 250 F les cent grammes. Et quelles crevettes !
        Sans tête, décortiquées ; c'était à vous en dégoûter pour le restant de vos jours. Et comme, de surcroît, elles étaient offertes cuites à la vente, pas possible d'en extraire ce bon jus parfumé qui donnait le bouillon pour les pâtes.
        A Bône, pour 300 F, on en emportait un kilo bon poids chez Esposito, le poissonnier de la rue Thiers ; si l'on les voulait plus fraîches encore, presque vivantes, on descendait sur les quais en fin d'après midi à l'arrivée des chalutiers.
        Ce qu'elles étaient appétissantes, ces crevettes ! Vincent Auriol les dégusta dans les salons de l'hôtel de ville lors de son voyage à Bône : Edmond Chiarelli, maître?queux du jour, les avait préparées sur une recette-maison ; un quatuor suffit à remplir l'assiette présidentielle.
        Les jours de bonne marée leur prix descendait à 250 francs ; les plaisanciers du dimanche en faisaient provision pour amorcer leur palangrotes; les palangriers ne lésinaient pas pour en charger leurs lignes.
        Elles étaient de différentes qualités, des petites roses, des grosses rouges ; dans les restaurants les cuisiniers du cru n'avaient pas leur pareil pour les dresser en pièces montées sur un socle jaune de solide mayonnaise.
        Pourtant malgré leur succulence, ces crevettes-là n'étaient que le tout-venant. Le fin du fin - la matsagoune, d'une belle teinte gris cendré. Une paire de matsagoune vous remplissait la main. C'était une spécialité strictement bônoise qu'on pêchait à trois mille des terres entre Joannonville et le Cap de Garde. Les chalutiers à chaque sortie n'en ramenaient même pas un casier chacun : vous pensez si la rareté en augmentait le prix !
        Inutile d'ailleurs d'en pêcher autre part, à Philippeville, à la Calle, à Djidjelli. La matsagoune était bônoise depuis toujours, et seulement bônoise. Pourquoi ? Le saura-t-on jamais ! Peut-être un don des Cieux, mais offert avec parcimonie.
        Toutefois, comme bien l'on pense, crevettes roses, crevettes rouges, matsagounes grises ne donnaient pas l'essentiel de la pêche. Les quelques douze chalutiers qui naviguaient sur le proche littoral n'auraient pu s'en satisfaire. Heureusement les fonds dragués de l'aube au crépuscule étaient poissonneux à souhait : abondaient le rouget de roche, de la couleur du marbre rose, le pageot gras et dodu, la rascasse à la fois ferme et tendre, la sole à la chair fine, le brochet de mer, le congre à torsades, la lote. Les filets ramenaient également du Saint-Pierre, de la limande, du saran, de la raie, et aussi ce menu fretin qui servait à la bouillabaisse ou à la friture à condition, dixit le garde-pêche, qu'il mesurât plus de 12 cm de l'oeil à la queue.
        Les palangriers, eux, sortaient la nuit pour être prêts, le jour naissant, à immerger leurs engins dans les grands fonds; ils se réservaient les pièces de choix, entre le mérou (on disait le mérot) qu'on traitait en soupe, au court bouillon ou bien avec le grain du couscous.
        A certaines époques de l'année, les sardines arrivaient en bancs compacts. Les lamparos les attiraient dans leurs tramails en les éblouissant à l'aide de puissants projecteurs. Ils en pêchaient des tonnes. Les marchands ambulants parcouraient la ville et ses faubourgs en ameutant la clientèle à grands cris : "sardina, sardina, la belle sardine toute fraîche". A vrai dire, la sardine était le plat des pauvres ; à trois ou quatre francs le kilo, ils pouvaient en manger à satiété.
        Il y avait encore la bonite, le caval, l'anchois, l'allache, poisson bleu qui, disaient les mauvaises langues, occasionnent des poussées d'urticaire.
        La langouste était rare et très chère, un prix quasiment inabordable ; le homard inexistant. Par contre à l'époque de la Sainte Marie, quand l'eau était claire, on "cueillait" sur les rochers, à foison, la cigale, un crustacé de l'espèce de la langouste, grise, sans antenne, à la chair aussi fine et aussi savoureuse.
        Ainsi comprendra-t-on pourquoi les Bônois n'attendaient pas le vendredi pour faire maigre. Le poisson s'inscrivait au menu quotidien, au même titre que la volaille, la viande ou le légume.
        Pourtant le casse-croûte populaire a de tout temps donné sa prédilection à la brochette, délicieuse et parfumée, quand elle était grillée à point avec un assaissonnement d'arrisa et de fel-fel.
        Retzin, chacun s'en souvient, fut orfèvre en la matière. Cheminot des C.F.A., il avait eu l'idée, pour augmenter ses fins de mois, de vendre de la brochette, sans pour autant abandonner le rail. Ce lui fut facile en n'ouvrant sa guinguette qu'en fin d'après midi ; une guinguette accotée à l'avant-port, près des chalutiers au radoub, à l'entrée de la corniche. De la ville on s'y rendait à pied, ou l'on s'y arrêtait au retour de la plage.
        Pendant des heures, sous les tièdes clairs de lune de juillet, Retzin, toute famille dehors, femme, soeurs, frères, enfants, petits enfants, Retzin et Cie vendaient de la brochette : foie rouge, rognon brun, poumon rose, taillé en dés, entrelardés, embrochés. D'un côté la foule en allées et venues, piétinant d'appétit; de l'autre, la bande à Retzin ; au milieu six fourneaux crachotant leurs escarbilles et soufflant leur fumée.
        Or un beau jour, sans crier gare, le cuistot-cheminot prouva qu'il était loin d'être sot la manipulation des abats, pensa-t-il, exige beaucoup de temps et quand on perd son temps, on perd du même coup son argent. Retzin abandonna la brochette au profit de la merguez. Oh, pas tout à fait : juste assez pour laisser croire aux retardataires qu'ils auraient du venir plus tôt.
        Après tout, ce n'était pas mauvais la merguez ; et facile à préparer. La machine à hacher mélangeait viande et piment, et le long boyau se gonflait par spasmes successifs ; après quoi, torsade ici et torsade là tous les cinq centimètres, il était transformé en collier de saucisses.
        Des hectomètres de merguez tapissaient la baraque à Retzin, faisant courir leurs farandoles des murs au plafond ; elles attendaient l'épreuve du feu. Côte à côte sur le gril, elles se fendillaient, se craquelaient, se recroquevillaient, versaient des larmes de lard en gémissant. Hop, d'un tournemain habile, Retzin les déplaçait, les retournait pour qu'elles soient frites à point, partout, dedans, à l'endroit, à l'envers. Puis d'un geste adroit, il les saupoudrait de kemoun, juste assez pour en relever la saveur. Une demi-matraque de pain fendue en long, cinq ou six merguez crevées de chaud, la mie attiédie buvait le jus qui giclait des crevasses. Il n'y avait plus qu'à mordre à pleines dents : le sandwich saignait sur la bouche et les mains.
        A l'arrivée des Français d'Algérie, les charcutiers métropolitains se mirent à l'heure de la merguez ; l'intention était compatissante. Mais acheter 300 grammes de merguez, les emporter chez soi dans un papier glacé, les faire frire à la poêle sur le gaz, quel sacrilège ! Il fallut bien s'en satisfaire, ne fut-ce que pour garder la bonne bouche d'autrefois... et se souvenir.
        Puisque les merguez de Retzin mettaient en appétit, on trouvait de quoi se restaurer copieusement dans toute une suite d'établissements balnéaires qui bordaient la Corniche. Elle se faufilait entre mer et montagne, courait en méandres audacieux dans un pittoresque décor de sable fin, de rochers marins, de forêts en friche clairsemées de jardins-potagers.
        La route, plate d'abord, arrivant à Chapuis, grimpait brutalement, atténuait sa côte, redescendait et remontait, tournait, virait, se redressait ; puis, dans un ultime effort, escaladait le Cap de Garde.
        Chaque virage était un promontoire qui dominait le golfe miroitant dans ses soleils de midi, tendant ses eaux piquées de topaze, d'or, de rubis, comme un gigantesque tapis d'Orient. Au large un cargo traînait sa fumée noire couchée sur l'horizon ; plus près, les voiles blanches picoraient l'écume.
        Au premier tournant, le P'tit Mousse s'enfonçait en bordure de l'eau. Les embruns d'hiver aspergeaient ses terrasses, son vivier à langoustes baignait en pleine mer.
        Suivait le Majestic Plage, géré par un couple sympathique, les Buttigieg ; elle, grande, droite ; lui, petit, bosselé, cagneux. Un brave homme que ce P'tit Louis, et commerçant comme pas un. Il tournait en claudicant entre les tables de ses hôtes, s'inquiétant de leur appétit, de l'à propos du menu, de la bonne cuisson des viandes. Il excellait dans la préparation du loup flambé, grillé sur un bois de fenouil.
        Sur l'autre côté de la route s'agrippait le Lavandou auquel Edmond Chiarelli savait donner un air de Côte d'Azur.
        Auguste Salem, d'un pas lourd et d'un air bonasse, régnait sur le Lido. Ses cabines eurent rarement les faveurs des baigneurs : la mode et le vêtement autorisaient la désinvolture des garçons et des filles qui se déshabillaient en plein air.
        Chemin faisant, on arrivait à Chapuis, et le décor changeait. Finis le luxe, les rougets de roche, les entrecôtes saignantes, les omelettes flambées : c'était la soupe de poisson, les anchoyades, les pizzas servies par des restaurants à meilleur marché. Mais c'était bon quand même puisqu'on profitait de la mer toute voisine. D'aucuns trouvaient plus simple d'étaler la nappe sur la plage ; et de danser après souper, les pieds nus sur les galets chauds. Les cars de Nuncie déversaient sans discontinuer cette populace sympathique, joviale, heureuse de vivre son été.
        Après quoi la Corniche redescendait pour desservir Toche, ses hôtels, ses villas, ses cabanons, et sa plage.
        Plus loin, beaucoup plus loin, la Patelle se cachait dans un contrebas de la route ; mais le Belvédère, lui, déchirait la forêt pour faire surgir du feuillage son minaret blanc serti de briques rouges.
        Et puis encore la route, des plages, des criques, d'autres jardins, d'autres cultures ; plus de forêt, mais des buissons. Tout d'un coup, terminus, c'était le phare du Cap de Garde.

La suite au prochain Numéro,

BUGEAUD                           
                 En 1958/1959
par M. Marius Longo et Ginette Gentou                 N° 6

SUITE ET FIN de cette évocation de l'Administration militaire de BUGEAUD par le Capitaine GENTOU

Merci les Amis

        Grâce à la bonne "Presse" bien pensante et anti-française, la France ne pouvait ou ne voulait pas savoir le travail de fond qui était réalisé auprés des populations !!!

Ci-dessous un extrait de la Dépêche de l'Est


EXTRAIT DE LA DEPECHE DE L'EST.

       Le Capitaine GENTOU et la Compagnie de Base du 4èREI nous quittent.
       Et voilà ! Un jour ou l'autre cela devait arriver. La compagnie de Base du 4éREI s'en va.
       Depuis deux ans et demi, nous avions pris l'habitude de voir nos rues sillonnées de " képis blancs ", et à chaque convoi, nous pouvions voir les G.M.C. et les 4x4 couleur de sable se poster aux points vulnérables et nous étions tranquilles ; la renommée de la Légion n'étant plus à faire.
       Les képis blancs ont grandement contribué à la pacification par leur sens de la fraternisation. On pouvait voir tous les jours à BUGEAUD les Légionnaires deviser amicalement avec les Musulmans. Tous les Légionnaires sans exception étaient connus de la population qui les appelait par leur nom ou leur prénom. Il n'y a jamais eu d'altercation ou de plainte au village. Bien au contraire, combien de fois avons nous vu les Légionnaires invités au café par des Musulmans.
       Dans les bals, leur tenue était exemplaire. Parfois, bien sûr, un ou deux vieux baroudeurs étaient gris, mais leurs camarades les empêchaient de faire des bêtises et les emmenaient au plus vite au cantonnement.
       Quand, pour une raison gave, accouchement, intervention chirurgicale ou autre, il était nécessaire de faire un convoi exceptionnel sur BONE, la Légion était là et fournissait l'escorte.
       Quant au capitaine GENTOU, nous croyons être le porte-paroles de toute le population, tant musulmane qu'européenne, en disant simplement qu'il est irremplaçable.
       Dans les multiples fonctions qu'il a occupées à BUGEAUD , celle où il a excellé est d'avoir été le Président de la Délégation Spéciale des jours difficiles.
       En effet, il a assumé ces fonctions avec une autorité, une compétence, une saine compréhension des affaires communales. Que nous lui doit-on pas ? La remise en état des finances et de presque toutes les affaires en suspens.
       Les musulmans lui doivent une mosquée provisoire et d'avoir eu du travail sans interruption, grâce aux crédits que le capitaine GENTOU était arrivé à obtenir de la Préfecture.
       Nous sommes persuadés que son souvenir restera dans le cœur de chacun de nous.
       Nous n'oublierons pas non plus de citer certains sous/officiers qui se sont fait remarquer par leur gentillesse, leur courtoisie et leur bonne camaraderie, tels que l'adjudant VARSI, l'adjudant PUELLO, le sergent chef WALMAR, et le caporal chef ROLLOT. Nous perdons là de bons et sincères amis.
       Nous leur souhaitons à tous bien sincèrement et bien cordialement, un bon et heureux séjour dans leur nouvelle affectation et nous terminons en criant :
       VIVE LA LEGION !
              VIVE le Capitaine GENTOU !
                     VIVE la Cie de Base du 4èREI !


SYLLOGISME
Envoyé par M. Marc Dalaut
Ecrit par M. Gaëtan Dalaut

"In vino veritas," a dit un jour Horace,
Mais Allah qui sait tout le savait bien avant.
La boisson fait parler, on s'en repent souvent
Car ce que l'on a dit parfois fort embarrasse.

Allah. Qu'il soit loué - leur accordant sa grâce
Interdit aux Croyants tout 1iquide enivrant.
Il faut suivre sa Loi, sans faiblir, en fervent
Car 1'insinuante tentation terrasse,

Sans chercher à savoir si la sévérité
S'applique au Vin tout seul, non à la Vérité.
Il faut, sans discuter que 1'âme ne modèle.

Doit-on dire le Vrai ? Sachons le désormais :
" Oui, pourtant pas toujours " répondra l'infidèle.
L Arabe en général, lui répondra " Jamais ".



QUAND L'ORAGE PASSA
par M. Robert Antoine                  N°4

Histoire écrite en l'an 2001 par Robert ANTOINE
Photographies de l'auteur

A ma femme, à mes filles
A M. et Mme Roger Fauthoux
A ceux qui m'ont aidé à retrouver
une documentation perdue

M. ANTOINE nous fait l'honneur de la diffusion, par épisodes sur notre site, de ce livre de souvenirs dont le tirage est épuisé. Pour ceux qui ne voudraient pas attendre la fin du livre, il peut être réédité et vendu par l'auteur au prix de 25 Euros (hors envoi), à condition qu'il y ait une demande.
Adresse de courriel, cliquez ICI --> : M. Robert Antoine

MON ENFANCE

      C'est un des chapitres qui me coûte le plus, un récit difficile à sortir de ma plume, comme si celle-ci avait des réticences à transcrire ma pensée, refusant de tracer mes souvenirs sur le papier.
      Est-ce de la pudeur, de la timidité, ou le refus de remuer des moments douloureux .Je ne sais. Il me faut donc faire un effort de sincérité et de vérité sur moi même et mes proches, en recommandant à mon lecteur de faire la part du feu, c'est à dire que les vérités d'un enfant ne sont pas toujours celles d'un adulte, encore moins la pure vérité.

      Il est cependant certain que des attitudes, des faits, accomplis par mes proches sont peut-être blâmables, mais je ne jugerai pas. La situation, le contexte que je ne connais pas, font que mes observations sont sans fondement.

      En outre, je n'aime pas critiquer mes parents et j'ai toujours eu beaucoup de respect pour eux. Aujourd'hui le respect pour les parents est un vieil objet d'antiquaire que l'on regarde avec étonnement mais dont l'usage est complètement démodé.

      Ce préambule établi et ne me rapportant qu'à ma mémoire (mes parents ne me parlaient jamais de leur vie commune) certains épisodes font défaut pour construire une chronologie parfaite et y ajouter des commentaires valables.

Photo de M. Robert Antoine
En 1933 à SIDI-FERRUCH - Robert, Julia, Léonie PLAT,
Hélène ANTOINE, Victor PLAT

      Quoiqu'il en soit, parti pour évoquer la vie de notre famille, j'essayerai de cerner au mieux mes propres souvenirs et j'utiliserai aussi le vieux subterfuge de faire parler les proches, tous ceux que j'ai plus ou moins connus, afin de donner un autre éclairage, une autre ambiance. Tout sera dit avec une bonne foi naïve mais qui ne doit pas être mise en doute.

Photo de M. Robert Antoine

LA FAMILLE VICTOR PLAT

      Victor PLAT fut certainement un bel homme, sportif puisque champion de France au fleuret vers les années 1910, il était aussi un fanatique des rallyes automobiles de l'époque.
      Obligé d'épouser la jeune bonne qui faisait des ménages chez ses parents, il se maria à 19 ans.
      Elle, Léonie OROSCO, de parents Espagnols, n'avait que 18 printemps le jour de son mariage, belle à faire damner un bourgeois... Et c'est ce qui arriva.
      La condition modeste de la jeune épousée ne fut pas un handicap social pour le jeune homme, bon bourgeois, qui aimait la parade, les honneurs, les réceptions.
      Léonie sut très vite s'adapter à ce nouveau monde avec beaucoup d'élégance et de maintien.

      Cuisinière hors pair, elle savait recevoir, ce qui permettait à Victor de tenir table ouverte et d'inviter beaucoup trop d'amis et de connaissances.
      Un tel mariage ne représentait pas en Algérie à cette époque une mésalliance.
      Dans un pays où les Européens ne sont qu'une minorité, les unions de ce genre étaient courantes, à la condition expresse que l'adaptation au nouveau milieu se fasse sans heurt.
      C'est ce qui se passa pour ce nouveau couple.
      Les parents de Victor et ceux de Léonie décédèrent peu de temps après le mariage. Ce jeune homme fut très tôt à la tête d'une belle fortune, lui laissant la possibilité d'assouvir ses goûts immodérés et coûteux pour les voitures, les réceptions et, un peu plus tard, pour la politique. Les femmes, peut être...
      La guerre de 14-18 prit aussi Victor dans son engrenage et c'est comme sous-lieutenant qu'il partit pour les Dardanelles combattre les Turcs puis sur le front en France.

      Il revint avec la Légion d'Honneur pour fait de guerre, et de nombreuses médailles qu'il exposait dans son salon!
      Avant de revêtir l'uniforme, il eut trois filles: Lucette, Julia et Léonie.
      Pendant ces années de guerre, sa femme sut garder et faire fructifier le patrimoine et, quand le guerrier revint, couvert de gloire, il se trouva bien aise de récupérer ses propriétés florissantes, bien gérées, ses filles grandies et en bonne santé.
      Victor, brassa beaucoup d'affaires de par son métier; il avait à BIRMANDREIS près d'Alger de grands bâtiments où il conditionnait les agrumes et les chasselas pour les expédier en France. Issu de la bourgeoisie algérienne, il fréquentait des amis comme les BORGEAUD, ou le Maire d'Alger de l'époque M.CHEVALIER.
      Les rencontres, les réceptions, se faisaient dans les salons des hôtels Aletti ou Saint-Georges, à Alger.
      Ses filles grandirent et Julia devint certainement sa préférée, ayant choisi comme sport l'escrime.
      Elle s'y distingua aussi puisqu'elle fut championne de France junior de fleuret, à la grande satisfaction de son père.

      Quand les filles grandissent on les marie.
      Lucette épousa Albert DORCE, Julia, Robert ANTOINE, Léonie prit pour mari Stéphane BURTIN.
      Comment se sont passées ces rencontres et ces mariages, je ne saurais le dire puisque je n'ai jamais eu aucun écho sur ces trois unions. Je pense qu'ils furent fastueux comme le démontre le caractère de Victor mais je n'en ai aucune certitude. De ces trois alliances, deux furent désastreuses. Mais n'anticipons pas sur les événements qui suivent et gardons le cap dans la tourmente qui va s'amplifier.
      Je rajouterai ici un mot sur le couple Léonie Stéphane.

Photo de M. Robert Antoine Famille V. PLAT Léonie et ses filles

       Ce dernier exerçait la profession de dentiste dans la maison familiale des parents BURTIN sise sur la commune de la Colonne VOIROL (près d'Alger).
      Il faut croire que la proximité du jeune ménage avec les parents BURTIN fut parfois gênante.
      Aussi, dès que la guerre 1939/1945 prit fin, le jeune couple quitta l'Algérie pour s'installer définitivement en France. Stéphane ouvrit un cabinet dentaire à BOURG EN BRESSE où il exerça pendant plus de 40 ans.
      J'ai toujours eu beaucoup de sympathie pour cette famille qui eut aussi ses moments de joie et de tristesse.
      A l'heure où j'écris, Stéphane vient de décéder, et ma tante vit près de son fils Jean Pierre, en Normandie.

Photo de M. Robert Antoine

FAMILLE ROBERT ANTOINE
Photo de M. Robert Antoine
Photo de M. Robert Antoine
Julia PLAT épousa Robert ANTOINE.

      Des commentaires sur ce mariage, je n'en ai point, personne ne m'en parla. Le jeune couple habitait STAOUELI, dans la maison familiale des ANTOINE. Au bout d'un an, naquit Christiane, ma soeur, beau poupon de 3 kilos. Dans son carnet d'enfant, notre père écrivit que sa fille avait été baptisée en l'Eglise de STAOUELI le 27 mars 1933, deux mois après sa naissance.
      D'après les photos d'époque, il semble que le ménage vivait dans une bonne harmonie.
      Robert s'occupait des propriétés avec un certain détachement, préférant les joies de la plage et de la pêche à son statut d'agriculteur.


      Son rêve, c'était naviguer sur la grande bleue comme officier de marine marchande. Il avait eu déjà une expérience de Second, sur des navires faisant du cabotage le long des côtes algériennes puis sur des "pinardiers" de la compagnie Schaffino qui assuraient le transport du vin entre l'Algérie et le port de Rouen. Ma mère n'aimait pas ce métier de marin où l'homme est absent de son foyer les trois-quarts de l'année et, avant de se marier, elle avait fait promettre à son futur époux d'abandonner cette carrière et de se consacrer à ses terres.
      Mon père devait tenir à sa future et il promit. Le mariage eut lieu en 1932.
Photo de M. Robert Antoine
Julia et Christiane

      Le 20 août 1934, Christiane nous quittait, emportée par une dysenterie.
      Ce fut un grand bouleversement chez les ANTOINE car Christiane était un lien très fort pour ses parents. Je naquis le 10 mai 1935 à Alger.
      Ma mère resta couchée pendant 4 mois avant ma naissance de peur de me perdre.
      Le Grand-père PLAT voulait me prénommer Victor, mon père refusa en disant: "il se prénommera Robert".
      J'eus donc trois prénoms, Robert pour mon père, Victor pour le grand père, et Louis car c'est le prénom préféré des ANTOINE et le prénom du grand père paternel, hélas décédé quand je vins au monde.

      La joie d'avoir un fils fut grande mais elle fut atténuée par les décès très proches de ma soeur et de ma grand mère Hélène ( 1937).
      Ce fut peut être un choc de trop pour mon père, (jeune homme de 26 ans au décès de sa mère) qui n'avait connu qu'une vie facile et pleine d'insouciance.
      Les responsabilités, les charges des propriétés, les voitures, la mort de sa fille et de sa mère, ont généré des dettes et au final un divorce. Je devais être âgé de 2 ans, quand un jour mon père, ne regagna pas le domicile conjugal.
      Ma mère me prit, et alla se réfugier chez ses parents qui habitaient un appartement au 9 de la rue Michelet à Alger.
      Victor PLAT rentra dans une colère qui lui était coutumière et exigea que ma mère demande le divorce.

      Il fit comprendre à sa fille qu'il était hors de question qu'elle envisage de rester chez lui; cela donnait une trop mauvaise image de marque face à ses relations. Une divorcée... pensez donc!
      Les dettes furent épongées en vendant tout le patrimoine acquis depuis l'arrivée des ANTOINE sur le sol algérien.
      Tout y passa : les terres, les immeubles, les voitures, même les meubles, vendus aux enchères sur la place du village...
      Les Staouéliens ont été marqués par cette vente à l'encan et, quand je revins à STAOUELI adolescent, le peu que l'on me disait portait toujours sur cette vente de nos meubles sur la place publique.
      J'ai entendu de bonnes âmes me dire "Tu vois, ce bureau ou ce buffet, il vient de la vente aux enchères".
      Pour moi ce fut comme une tache que je portais sur ma chemise, une honte profonde que j'ai eu du mal à pardonner.
      Depuis, nous avons laissé là bas bien plus que quelques meubles... mais c'était une première au village.

Photo de M. Robert Antoine

CHEZ LES SINTES

      Après les violentes discussions avec son père, ma mère dut trouver du travail et me mit en pension chez les SINTES.
      A cette époque le travail pour une jeune femme n'était pas toujours bien vu, surtout si l'emploi était celui d'ouvreuse dans un cinéma.
      Quant à moi, je me retrouvais dans une famille très sympathique de jeunes espagnols, fraîchement naturalisés français, qui demeuraient dans une petite villa, peinte en jaune clair et d'une architecture accueillante.
      Cette maison, située un peu en dehors du village de BIRMANDREIS, possédait un petit jardin avec, en son centre, une jolie fontaine de rocailles construite par M. SINTES
      Je devais rester dans ces lieux jusqu'à l'âge de 5 ans, ma mère venant me rendre visite une ou deux fois l'an, mon père jamais, sauf une fois, mais je décrirai l'entrevue un peu plus loin.


      J'étais heureux chez ces gens simples; ils me portaient une tendre affection car ils ne pouvaient pas avoir d'enfant.
      J'allais à l'école de BIRMANDREIS qui se situait à 1 kilomètre 500 de la villa, dans les classes de maternelle. Mes études s'arrêtèrent très vite puisque je fus renvoyé pour avoir embrassé une petite fille, qui m'avait montré sa culotte.
      Même aujourd'hui je ne comprends pas cette sévérité des maîtres d'école de l'époque. Ce furent, en tout cas, de merveilleuses vacances que je passai avec mon train électrique (une vraie passion) ou en allant pêcher les poissons rouges du bassin d'ornement.
Photo de M. Robert Antoine
En outre j'avais "Cadichon".

       Cadichon était un âne nain qui me fut offert pour un anniversaire. Une vraie joie car, en plus de l'âne, il y avait la charrette, les harnais, et le fouet. Je ne pouvais pas atteler Cadichon seul et l'aide de M. SINTES m'était nécessaire mais, quand tout était en place et que je prenais les rênes, quel bonheur! Bonheur décuplé quand la petite voisine s'asseyait à mes côtés et que je fouettais mon âne.
       Hélas ces moments de joies prirent vite fin car, un jour où ma voisine était assise près de moi, je dus fouetter trop fort Cadichon qui prit un galop foudroyant et fit renverser la carriole.
       Des cris, des bosses, des écorchures mais rien de grave, sinon qu'on décida de vendre Cadichon et son attelage. J'en gardai longtemps le fouet en souvenir.
       J'eus aussi beaucoup de chagrin quand Napoléon fut vendu.
       Napoléon était le cheval de M. SINTES et il avait été le compagnon d'écurie de Cadichon avec qui il s'entendait très bien. Le cheval était précieux pour nous, car il nous emmenait une fois par semaine au village, pour faire nos provisions.

       Quelquefois nous allions en promenade et M. SI NTES me passait les rênes.
       La joie.

       Depuis quelques temps je remarquais que les provisions de conserves s'accumulaient sans que j'en connaisse la raison.
       Napoléon vendu, M. SINTES bâtit un grand placard où toutes ses victuailles furent rangées.
       Je devais avoir 4 ans et demi quand, pour la première fois, je vis le maître des lieux revenir en uniforme kaki.
       Une guerre commençait.
       Nous étions donc en 1939, Madame SINTES avait donné quelques vieilles casseroles à réparer à un ferblantier ambulant.
       Il avait installé sa lampe à souder et son fer devant la maison, au fond du fossé pour s'abriter du vent.
       Je le regardais, intéressé, pratiquer son métier, quand une voiture, une conduite intérieure disait-on, s'arrêta un peu plus loin.
       Je n'y prêtais pas attention trop intrigué à regarder mon ferblantier boucher le trou de la casserole.
       De la voiture descendit un militaire qui s'approcha de moi. - "Tu t'appelles Robert"
       Je le regardais surpris mais je ne répondis pas. - "Je suis ton papa".
       A ces mots, je hurlai si fort que le ferblantier lâcha son fer, qui renversa la lampe à souder mit le feu aux herbes sèches du fossé qui s'embrasèrent très vite.
       Madame SINTES, affolée par mes cris, voyant les flammes, le ferblantier gesticuler, et un militaire qui essayait de m'éloigner du feu, commença à hurler aussi, alertant tout le quartier. Ce fut la première visite de mon père dont je n'avais aucun souvenir depuis ma naissance. Le feu éteint, les explications données, j'appris que mon père partait pour la France et que je le reverrai la guerre terminée. Il venait me voir pour que son fils puisse garder une image vivante de son père.

       La guerre est une période d'incertitude.
       Si ma mère ne venait pas me rendre visite, elle téléphonait pour prendre de mes nouvelles. Elle devait considérer que les vacances duraient trop longtemps, que ce n'était pas très profitable pour moi, et c'est ainsi que commença le temps des "demoiselles".
       Il y en eut de toutes sortes, des laides, des sympathiques, des revêches, des jolies et gentilles, bref tout un panel.
       Toutes ont essayé de m'apprendre à lire et à écrire et ce fut une tâche ardue.
       J'étais un enfant rêveur, avec beaucoup d'imagination, mais il m'était difficile de m'astreindre à écouter. Têtu et déterminé jusqu'à la bêtise, il était difficile de me faire apprendre quoi que ce fût, si la demoiselle n'avait pas su se faire apprécier.
       Par contre, quand on savait me prendre par je ne sais quelle gentillesse, j'étais, paraît-il, le plus charmant des petits garçons et je faisais un effort pour comprendre ces maudites règles grammaticales

       J'eus comme tous les enfants les maladies du jeune âge et seules deux d'entre elles sont restées dans ma mémoire. La première fut la rougeole.
       Toute la chambre avait été tapissée de tentures rouges, ce qui devait avoir un effet bénéfique sur la sortie des boutons. La pièce devenait un vrai théâtre à la fois somptueux et inquiétant.... La seconde fut la varicelle, maladie désagréable où il ne faut pas se gratter alors que tout le corps vous démange. On m'avait mis des gants rembourrés de laine pour diminuer les effets du grattage mais ce n'était pas cela l'important.
       Ma mère m'avait fait envoyer un énorme MICKEY, bien plus grand que moi et qui me servait d'ami, de confident.
       C'est à cette peluche que je confiais mes peines, celles de ne pas être comme les autres enfants, c'est à dire ne pas avoir ses parents autour de soi.
       Ma mère, avait eu des moments difficiles pendant ces années là. Coupée de ses parents par l'intolérance de son père, Victor PLAT, elle gagnait sa vie comme ouvreuse dans un cinéma.
       Sa beauté, son élégance, la firent vite remarquer par le propriétaire du cinéma et une idylle s'ébaucha.
       Edmond TENOUDJI, était Juif, riche et vivait somptueusement dans ce monde virtuel mais gratifiant qu'est le cinéma.

Photo de M. Robert Antoine
Robert Père & Robert fils

       Possesseur de plusieurs salles de spectacles et de salles de projection à Alger, il produisait aussi quelques films.
       Ma mère avait longtemps hésité à vivre chez lui puis elle avait cédé. L'appartement état magnifique. Il se trouvait au dernier étage, en front de mer, surplombant la rade d'Alger, tout près du square Bresson et de l'Opéra.

       C'est dans ces lieux dorés que j'atterris , attiré par ma mère, après avoir abandonné avec regrets les SINTES et leur gentille petite Villa de BIRMANDREIS.

       Je quittai cette famille avec beaucoup de tristesse, car j'avais passé quelques moments de ma vie, libre, sans trop de contraintes, avec des gens affectueux, j'avais été presque heureux.
       Je retrouverai cette plénitude, bien des années plus tard, mais c'est là une autre histoire.

Photo de M. Robert Antoine

FIN DU 4éme EPISODE
LA SUITE AU PROCHAIN NUMERO

ELLES SONT BIEN BÔNE
Par M. Fernand Bussutil dit OTTO BUS
Envoyé Par Jean Louis Ventura               N°3
ELLES SONT BIEN BÔNE
FERNAND BUS

A tous mes Amis bônois, si douloureusement éprouvés par les événements d'Algérie et dispersés dans tous les coins de France et du Monde, avec mes affectueuses pensées.

F.B.

" FUGIT IRREPARIBILE TEMPUS " (Virgile)
CURIEUSE EPITHETE

     A une réunion de l'A.S.B., un membre du comité directeur brandit furieusement le Réveil Bônois.
     " C'est honteux, on nous traite d'alcooliques, nous les dirigeants. "
     Bertoldo s'empare du journal, lit l'article et éclate de rire " Mais non, dit-il, il y a écrit " le président et ses acolytes... Tu confonds au choix et anchois "

CLARTÉ DE JEU

     Un Marseillais, de passage à Bône, assiste au choc A. S. B. - J. B. A. C. L'équipe de la Tabacoop amputée d'un joueur blessé et copieusement dominée, ce qui fait dire à " cet étranger " avec son accent qui sentait l'aïoli : " Evidemment, les pôvres, ils jouent à dix ". Alors, Aimé, le bourrelier, pince sans rire, qui se trouvait à ses cotés, de lui répondre le plus sérieusement du monde : " Mais Monsieur au contraire, quand on jolie à dix, on voit mieux le jeu ". Notre Marius est resté sans voix.

AU SAINT HELENE

     C'était avant tout le café de I'A.S.B. patrons et gérants étaient des plus affables. Mais on y rencontrait Binguèche, Siki, un bossu du plus beau noir, vendeur de billets de loterie, Kybilène aux paupières en " Zinc " arbitre de foot et les joyeux lurons, Christian Floss et son alter ego, Fifi Mariage, Charley Schmidt etc.
     La gaieté était de rigueur et il ne se passait luis cinq minutes, sans que quelqu'un ne fasse une blague ou ne racontant une histoire provoquant cris et rires des consommateurs.
     Si Kybilène avait la malencontreuse idée de lire son journal, aussitôt une main " criminelle " y mettait le feu.
     0n traitait Binguèche de voleurs de poule et de bourreau d'enfants.
     Siki le bossu avec son rire de gargoulette arabe que l'on vide, soutenait qu'il était champion de lutte et invaincu à ce jour, car disait-il personne ne peut me faire toucher au sol les deux épaules en même temps. On lui achetait ses billets, mais on les passait sur sa bosse pour porter chance.
     Puis c'était l'arrivée du marchand de " Caldis " " Allumettes aux anchois, caldis à l'anisette ". Un magistral pêt bônois ponctuait son offre.

UN SACRÉ COUP DE TÊTE

     Un beau jour, j'entre au Saint-Hélène, un oeuf frais en poche, et une idée derrière Ie crâne.
     Devant le comptoir, plusieurs joueurs discutaient du dernier match avec Tintin Menella, le capitaine de l'A.S.B. Discrètement, je sors mon oeuf et le pose au milieu du compotier d'œufs durs. Puis m'adressant à un joueur : " toi, l'homme fort, je te parie l'apéritif, que tu es incapable de donner un coup de tête à un oeuf dur. " L'exploit paraissant facile, il en accepte l'enjeu.
     Je prends l'œuf frais et le lances en l'air. Il donne un coup de tête et le projectile s'écrase lamentablement tout ruisselant sur son front.
     J'ai été tout naturellement mis à l'amende d'une tournée.

UN CADEAU PAS ORDINAIRE

     Ce jour-là, devant un bon apéritif-kémia, nous discutions Charley, Tintin et Baba le patron, du fameux joueur de football Di Stephano. A l'occasion de sa retraite, son club reconnaissant lui avait offert un ballon en or. Et votre serviteur de dire : " Mais, moi aussi en tant que garde-but d'élite, quand j'ai quitté l'A.S.B., j'ai eu un royal cadeau. " Quoi, me demande Tintin incrédule ? " Une passoire en argent massif ", fut ma réponse. Et dans l'allégresse générale, nous trinquâmes à l'A.S.B. et à l'amitié.

EXPRESSIONS ET PROVERBES BÔNOIS

     Qui trop embrasse, manque le train
     Tomber de Charif en Salah

     Mettre le doigt entre l'Arabe et le Corse
     Mieux un oiseau dans la main, que deux qui volent.

LES FARCES D'EDMOND CHIARELLI

     Emile Cassar, honorable commerçant en bière et spiritueux, très connu pour sa gentillesse et sa bonne humeur, avait invité huit jours à l'avance, à l'occasion de la communion de son fils, l'ami Chiarelli, ajoutant que cette petite fête toute intime, réunirait la famille et quelques connaissances.
     Notre joyeux drille accepta, et le lendemain, il fît imprimer de son propre chef, trois cents cartes d'invitation, qu'il glissa ensuite au hasard dans les boites aux lettres de la ville. Le jour " J " arrive. Emile et son épouse recevaient dès seize heures à Saint-Cloud, leurs invités.
     Beaucoup de personnes inconnues du couple, les remerciaient de leur aimable invitation. A dix-sept heures, le flot d'envahisseurs augmentait sans cesse. Champagne et vins fins coulaient à flot ; les gâteaux, petits fours et dragées fondaient littéralement comme glace au Soleil.
     Le pauvre Emile ne savait plus où donner de la tête, et ses camions, filaient à toute vitesse, vers la ville pour se réapprovisionner en champagne et pâtisseries.
     Et le malheureux hôte de dire à Edmond dans le tuyau de l'oreille " C'est à n'y rien comprendre, qui a pu inviter tout ce monde là ? " Chiarelli ne souffla mot, mais trois mois plus tard, il avouera à son copain être l'auteur de cette blague.

MARCHE FORCÉE

     Un grand concours de boules avait lieu un certain printemps à Bône. Les meilleurs quadrettes de Philippeville, Constantine, Guelma, Bougie et de Bône bien entendu, étaient représentées.
     La veille de cet évènement, à son restaurant du Lever de l'Aurore " Le Lavandou ", Edmond retrouve un ami Philippevillois, pointeur dans son équipe. Ce copain avait beaucoup de difficultés à se déplacer, car il avait les pieds plats. Après avoir bu quelques " blanches ", nos deux las.. cars décident d'aller faire en auto, le tour de la corniche. Arrivés au Cap de Garde, Chiarelli dit à son passager : " Tiens, pendant que je fais la manœuvre, vas donc visiter le phare, car en toute sincérité le spectacle en vaut la peine. " L'autre accepta et péniblement, il gravit les escaliers mettant au phare et disparut à l'intérieur du bâtiment. C'est alors que notre facétieux compère mit soit auto en marche et rentra en ville. La visite du phare terminée, le pauvre type se retrouva tout seul sur la plate-forme. La nuit tombait ; péniblement il se mit en marche et arriva exténué à Chapuis où il put trouver enfin un taxi pour le ramener à son autel...
     Edmond et pour cause ne se " pointa " pas le lendemain au Concours du jeu de boules . .

LE VOYAGE MOUVEMENTÉ

     Par un beau dimanche d'été, Ernest, dans un superbe pyjama vert, prenait le frais sur la terrasse de son cabanon de la Caroube. Edmond, toujours lui, arrive et lui dit tout de go : " Je vais en ville acheter du pain et je reviens immédiatement, allez, viens me tenir compagnie " Mais je suis en pyjama ", répond Ernest. " Qu'à cela ne tienne rétorque Edmond tu resteras dans l'auto " Ernest grimpe aux côtés du conducteur, lequel démarre en trombe, prend la route du cimetière, du Pont-Blanc, de l'Orphelinat, et la direction de Philippeville. Il arrive dans la cité rivale malgré les cris et les vociférations de son infortuné compagnon. Sur la place Marquet, le conducteur arrête sa voiture et avisant un agent de police, il lui dit : " Monsieur, il y a un fou en pyjama qui occupe mon auto et qui ne veut pas la quitter ", l'agent s'approche, oblige Ernest malgré ses protestations à le suivre au commissariat. Au bureau, Edmond, voyant que cela pouvait tourner " au vinaigre " avoue être l'instigateur de cette blague.
     Il faut croire que l'agent à l'image du boy-scout voulait faire sa B.A., car il laissa partir nos deux compères, sans verbaliser le délinquant.
     Au retour, Chiarelli, imperturbable accepta sans broncher le " tombereau " d'injures les plus grossières, qui se déversait sur lui... Malgré la chaleur de l'été, ils restèrent assez longtemps en froid.

PROPOS BANCAIRES

     J'ai travaillé trois ans à la Compagnie Algérienne. Durant ce bref délai, c'est à la caisse que j'ai pu recueillir quelques bonnes histoires.
     Un client se présente tu guichet et me dit : " Je voudrais faire un virage sur mon frère " et moi de rectifier c'est un virement sans doute que vous voulez effectuer. Et un autre : " Je désirerais voir Monsieur P. Pon de la Compagnie Algérienne ", mais Monsieur dis-je, il n'y a pas de P. Pon à la Compagnie Algérienne. Mais si, mais si insiste-t-il, sur tous les imprimés, il y a P. Pon de la Compagnie Algérienne, je pouffais de rire, car P. Pon n'était en réalité, que l'abréviation de " Par Procuration... "
     Un autre client nous écrit de Malte, pour faire virer soit compte dans sa nouvelle résidence. Dans sa lettre, qui a fait le tour de tous les services, il disait " Monsieur, je bite plus les Allées Anguilles de mer, (allées Guynemer), je bite à Malte, 13 rue des Chevaliers, etc.

AU CINÉMA

     Un Colonnois dit à l'autre : " Hier soir, j'a vu à l'Olympia un film de cape et d'épée estra " Busidan ou le z'héros de la Tour de Neslé ", çà change un peu (les films de science-friction.

AU THÉÂTRE

     Un Client : " Je voudrais deux fauteuils d'orchestre "
     Le Guichetier: " Pour Carmen ou Madame Butterfly ? "
     Le Client : " Non, pour Madame Buttigieg. "

LE CARNAVAL

     Bône, il y a plus d'un quart de siècle avait aussi son carnaval, ses bals masqués et son défilé de chars fleuris.
     Sur le cours Bertagna, on marchait ce jour là, sur un tapis de confetti. C'est Binguèche qui confectionnait sa Majesté Carnaval, la hissait non sans mal sur un charreton tiré par un âne. Il ouvrait ainsi le cortège et en fin de manifestation, son Altesse Royale était brûlée, selon la tradition, au jeu de boules de la Colonne.
     Pour assister à cet incendie volontaire, Binguèche faisait payer un droit d'entrée des plus modiques afin de récupérer ses trais généraux.

O ! ESPRIT QUAND TU NOUS TIENS

     Parmi les " rigolos " du corso, il y avait un nommé Cassar qui chaque année se taillait un succès personnel dans la catégorie des isolés. Il se présente un jour, poussant devant lui une énorme boule avec accroché sur sa poitrine une pancarte sur laquelle on lisait : " Je suis Maboule ".
     A un autre défilé, il tenait an chien attaché à un chapelet de saucisses en guise de laisse avec écrit sur un panneau " L'homme large ".
     L'année suivante le voit tirant une raciale à deux roues sur laquelle il y avait un âne " Plus bête que lui " disait l'affiche.
     Enfin au corso de la Société La Valette, il était couché dans un lit et tout à côté un autre lit avec un copain dans la même position. Ils étaient séparés par une table de nuit, surmontée d'une énorme bouteille portant l'étiquette Rhum. Au pied des " plumards - la traditionnelle pancarte portant l'inscription : " Nous causons de lit à lit et nous aimons sa Capitale Rhum... Mais où sont les " neiges d'antan !... "

J'AI MA COMBINE
Air connu

     Max Fleuriot, un copain de toujours, aimait lui aussi faire des blagues. Avec son voisin de palier Marchand, ils allaient une valise vide à la main au Marché Arabe (l'ancien) chez Madame Baldeyron. Cette brave femme Pratiquait la brocante et surtout le commerce, des livres d'occasion. Pendant que Marchand discutait de la pluie et du beau temps avec celle-ci, Maxou sans être vu de la propriétaire, emplissait dans sa valise vide les livres de l'étalage. Ayant fait le " plein ", il allait à Madame Baldeyron toujours en grande discussion avec son compère.
     " Assez de bavardages disait-il. Parlons peu, parlons bien, nous sommes venus vendre des livres. Il ouvrait sa valise et cédait à un prix dérisoire à la commerçante, sa propre marchandise.

DRESSAGE INÉDIT

     Un certain lundi matin, je sonne à la porte de chez Maxou, " Entrez me cri-t-on de l'intérieur " J'obtempère et je vois le copain qui sur son pantalon, s'était affublé d'une jupe de sa mère. D'une démarche de canard, il allait et venait dans le corridor. " Chut ! me dit-il, je dresse ".
     il soulève sa jupe et j'aperçois, un petit roquet qui sautait pour attraper un morceau de sucre attaché à une ficelle qui était fixée à la braguette du pantalon du dresseur. Le chien croquait finalement la friandise et l'opération recommençait une dizaine de fois. On attachait un nouveau morceau de sucre et le chien se précipitait sous la mise, pour satisfaire sa gourmandise.
     Le dressage dura une semaine et le dimanche matin, chien en laisse nous descendîmes sur le Cours. Maxou libéra l'animal qui à la vue d'un femme fonçait sous sa jupe en pensant y trouver son sucre. Il fit cela cinq ou six personnes qui rougissaient, tapaient du pied et hurlaient.
     Cachés derrière les ficus, nous nous fendions la pipe, Mais le lendemain, Maxou dut se débarrasser à son grand regret de cet animal trop bien dressé qui fit son numéro avec la mère et les sœurs de son maître.

UN TITRE BIEN JUSTIFIÉ

     Robert Montanelli, avait été chargé de repeindre les grandes salle de malades de l'Hôpital Militaire. Comme chacun sait elles devaient porter des noms célèbres de batailles de la grande guerre. Ce fut, la Marne, Douaumont, l'Argonne et pour la salle des maladies... honteuses, notre peintre l'intitula " Le Chemin des Dames ".

LE PONT DE LA TRANCHÉE

     Georges Fourcade, champion d'aviron et commerçant réputé, aimait lui aussi faire des farces.
     Un samedi après-midi, je vais à son bureau de la rue Perrégaux, " Salut me dit-il, j'ai une idée. Tu vas sortir et guetter la première personne qui entrera ; Tu reviendras et lorsque je te poserai la question : Tu as vu ce qui est arrivé, tu me répondras que le pont de la Tranchée s'est écroulé. Je sors, et attends à trente mètres de là, notre premier pigeon qui se pointe chez Georges, en la personne de Henri Sultana. J'arrive et j'entends le nouveau venu dire à Georges " Ce n'est pas possible, c'est une blague. " Impassible Fourcade se tourne vers moi : " Tu connais la nouvelle ? Mais oui, le pont de la Tranchée s'est écroulé. Cela est donc vrai, dit-il, je prends mon auto et j'y vais.
     Il revient bientôt et nous décidâmes tous trois de continuer notre jeu. Henri se poste sur le trottoir d'en face, quant à moi, je file au coin de la rue. C'est Monsieur Abbou, sympathique rédacteur à la Dépêche de l'Est qui entre chez Georges avec son bon sourire jovial. Georges lui fait part de la nouvelle, mais connaissant ce dernier, le visiteur est méfiant. C'est alors que j'arrive et annonce la catastrophe, Monsieur Sultana à son tour la confirme.
     " Henri, accompagne-moi, dit Monsieur Abbou et l'autre refuse prétextant qu'il n'a pas de voiture disponible.
     " Tant pis, cela en vaut la peine, je prends un taxi " et il part. Il revient un quart d'heure après et avec son éternel sourire " Vous m'avez bien eu dit-il, votre canular était des plus drôles.

Le Département de Constantine en 1908
Par M. Paul JOANNE
Envoyé par Roger Sabaton                        N°3

      Avant qu'elle ne fût nommée comme Préfecture du Département de Bône, bône notre commune fut Sous-Préfecture du Département de Constantine.
      Donc avant que dans des prochains numéros, nous fassions connaissance avec les guides de Bône, nous allons nous "instructionner" sur l'ancien Département de Constantine au travers du Guide de M. JOANNE.
      J.P.B.
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LE DÉPARTEMENT
DE CONSTANTINE

VI. - Histoire.

      
      Le département de Constantine comprend l'ancienne Mauritanie Sitifienne et la partie de la Numidie qui s'étendait de l'Oued-el-Kébir jusqu'à la frontière actuelle de la Tunisie.
      Nous n'avons point à faire ici un exposé même succinct de l'histoire ancienne;, nous rappellerons seulement que l'Afrique du Nord a subi successivement la domination des Carthaginois, des Romains, des Vandales, des Grecs-Byzantins, des Arabes et des Turcs ; que les Romains l'ont occupée pendant plusieurs siècles et qu'on retrouve encore de nos jours, mais plus particulièrement dans la partie orientale de l'Algérie, des traces ineffaçables de leur grandeur et de leur génie, notamment à Lambèse, à Timgad ( Thamugadi ), et à Tébessa où nous pouvons encore admirer le Temple de Minerve et l'arc de triomphe de Caracalla.


      Il nous paraît que ces notions générales doivent suffire, parce que les faits qui se rattachent aux époques reculées dont nous parlons appartiennent séparément à l'histoire de chacun des peuples qui, l'un après l'autre et jusqu'à l'expulsion des Turcs, ont été les maîtres du pays; et comme nous avons surtout en vue de faire connaître l'Algérie " contemporaine ", nous bornerons notre tâche à raconter les principaux événements dont l'ancien beylik de Constantine a été le théâtre depuis la conquête d'Alger.
      Le dernier bey de Constantine fut Hadj-Ahmed-Bey. Il appartenait à une famille puissante: son aïeul, Ahmed-Bey Turqui, avait gouverné la province pendant quinze ans, et sa mère était fille de Ben-Ganah, un des grands chefs du Sahara. Il était né en 1786. On l'habitua de bonne heure au commandement : en 1805, le bey Abd-Allah le créait caïd El-Aouassi et le chargeait d'administrer l'importante tribu (les Haractas; en 1818, Alimed-el-Mamluk le prenait pour son khalifat, et, en 1826, Hussein, dey d'Alger, qui le tenait en grande affection, le nommait bey de Constantine.
      Dans les premiers jours de juin 1830, Ahmed, escorté de cinq cents cavaliers, vint à Alger pour verser entre les mains du dey le tribut annuel du beylik. Il y arriva au moment même où la flotte française se présentait devant Sidi-Ferruch et prit part avec ses troupes aux combats de Staouéli et de Sidi-Khalef. Le lendemain de l'abdication du dey, il rallia les fuyards, et, refusant de répondre aux dépêches du général de Bourmont qui l'engageait à demander l'aman, regagna Constantine. Son premier soin en rentrant dans son palais fut de faire égorger en masse les janissaires qui, pendant son absence, l'avaient déclaré déchu du pouvoir; après quoi, il prépara la défense et attendit les événements.
      Marcher contre lui et porter la guerre dans un pays presque inconnu était chose périlleuse. Le maréchal Clauzel, qui avait remplacé Bourmont dans le commandement de l'armée (92 septembre 1830), n'osa pas tenter l'aventure: pensant mieux faire et se croyant investi de pouvoirs illimités, il offrit au bey de Tunis de lui céder la province de Constantine, qu'il administrerait pour le compte et sous la protection de la France. Ces propositions furent favorablement accueillies par la Cour du Bardo, mais elles furent hautement désavouées par le gouvernement français. Le maréchal résigna ses fonctions et la situation politique d'Ahmed s'en trouva consolidée.
      Le cabinet des Tuileries n'admettait point, cependant, que la prise d'Alger dût être l'unique résultat de la campagne: il fut donc décidé en principe que les points principaux de la côte seraient occupés par nos troupes, l'exécution de ce projet restant d'ailleurs soumise à certaines conditions de temps et d'opportunité.

      Le port le plus important était celui de Bône. Le général Damrémont s'y transporta avec sa brigade, débarqua sans être inquiété, puis s'installa militairement dans la ville (2 août 1830); malheureusement, le peu d'hommes dont il disposait ne lui permit pas de s'y maintenir et il fut, presque aussitôt, contraint de l'évacuer. L'année suivante (15 septembre), sur les sollicitations pressantes des habitants, une compagnie de zouaves indigènes (commandant Houder), vint occuper la place, mais elle en fut chassée peu de temps après par les partisans du bey; enfin dans la nuit du 26 mars 1832, les capitaines Yusuf et d'Armandy, à la tête de 30 matelots de la Béarnaise, escaladèrent les murs de la Casba et s'emparèrent de la forteresse. Trois mois plus tard (26 juin), le général Monk-d'Uzer s'installa dans la ville.
      On s'en tint là pour le moment, parce qu'il fallait parer au plus pressé et ne point aggraver une situation, que le moindre échec pouvait compromettre. Ahmed connaissait les causes de notre inaction : mais trop faible pour engager la lutte et trop habile pour associer sa fortune à celle d'Abd-el-Kader, il se confina dans son palais, laissant à ses aghas la garde et la défense des frontières.
      Cet état de choses prit fin en 1836, lorsque le maréchal Clauzel, qui avait remplacé le comte d'Erlon (8 juillet 1855), obtint du ministère l'autorisation d'assiéger le rocher de Constantine.
      Partie de Bône (13 novembre 1856), l'armée arriva le 21 sous les murs de Constantine, sans avoir presque tiré un coup de fusil, mais déjà à moitié ruinée par les privations et la fatigue.
      Le maréchal n'en fut point troublé : on lui avait affirmé que les habitants se rendraient sans combat, et il attendait patiemment la députation qui devait lui apporter les clefs de la ville, lorsque le feu d'une batterie, soudainement démasquée, vint détruire ses illusions.
      La première et la deuxième brigade, sous le commandement du général de Rigny, reçurent l'ordre de se porter sur le Coudiat-Aty, d'occuper les enclos et de s'emparer des approches ; inquiétée dans sa marche par les tirailleurs arabes, la tête de la colonne fut un instant repoussée; mais bientôt, soutenue par le 17e léger, elle culbuta l'ennemi, qui s'enfuit en désordre. Le reste de l'armée s'établit à Mansoura.
      Le 23, aux approches de la nuit, les troupes furent massées en silence, prêtes à donner l'assaut. Malheureusement, la lune brillait d'un vif éclat, et l'ennemi, mis en défiance par les tentatives de la veille, faisait bonne garde. Les sapeurs du génie se coulèrent sur le pont à travers une grêle de balles. Beaucoup furent atteints, et les attirails qu'ils portaient roulèrent avec eux dans le Roumel; le peu qui s'échappa parvint à se loger et se mit au travail. Le général Trézel, croyant la porte enfoncée, accourut aussitôt à la tête du 590 et du 63e de ligne; mais la porte résistait toujours, et la colonne, entassée sur le pont, fut littéralement hachée par la mitraille : la position n'était pas tenable, et c'eût été folie de s'engager plus avant. Le maréchal fit sonner la retraite. Au même moment, la colonne Duvivier partait du Coudiat-Aty et cherchait à pénétrer dans la place par la porte d'Ed-Djabia; mais, faute de moyens mécaniques indispensables pour briser les portes, l'attaque échoua complètement. Clauzel s'avoua impuissant à atteindre son but, et l'armée dut battre en retraite. Elle était à peine en marche que les assiégés, sortis en foule en poussant des cris sauvages, se jetèrent sur les flancs de la colonne. Nos tirailleurs les tinrent en respect; mais la défense était molle, et d'une minute à l'autre nous pouvions être enveloppés.
      C'est alors que le commandant Changarnier, ne prenant conseil que de lui-même, exécuta ce mouvement audacieux qui a commencé sa fortune militaire. Son bataillon (2ème léger), ainsi que nous l'avons dit, formait l'arrière-garde. Changarnier ralentit sa marche et laisse augmenter la distance qui 13 sépare du convoi. Bientôt il s'arrête, forme sa troupe en carré, l'enlève au cri de Vive le Roi! puis commande le feu, Les Arabes étaient à vingt pas : à la première décharge, les trois faces du carré furent entourées d'un glacis d'hommes et de chevaux; ce qui ne tomba pas s'enfuit à toute bride, et le bataillon rejoignit la colonne.
      L'armée poursuivit sa marche, réglant son allure sur le pas des plus faibles; peu de jours après, elle arrivait à Bône (1er décembre 1836). Il était temps : officiers et soldats étaient à bout de forces.
      Le maréchal confessa franchement son imprévoyance. Mais s'il se montra sévère pour lui-même, il fut juste pour ses compagnons d'armes. Au moment de partir pour Alger, il se fit un devoir de complimenter les troupes du courage et de la résignation qu'elles avaient montrés, et se plut à constater que tous avaient supporté avec une admirable constance les souffrances les plus cruelles de la guerre : et c'était vrai.
      Peu de jours après, le corps expéditionnaire fut dissous et le comte Clauzel se rendit à Paris. On le destitua.
      Cependant la France ne pouvait rester sous le coup d'un pareil échec, et le général Damrémont, nouvellement nommé Gouverneur (12 février 1837), reçut l'ordre de s'emparer de Constantine.
      Le corps expéditionnaire montait à dix mille hommes, divisés en quatre brigades, commandées : la première, par le duc de Nemours, la seconde par le général Trézel, la troisième par le général Rulhières, la quatrième par le colonel Combes. L'artillerie avait à sa tète le général Valée; le génie, le général Rohault de Fleury.
      L'armée partit de Medjez-Hamar le 1er octobre 1837 ; elle arriva devant Constantine le 6, sans avoir trop souffert et put mesurer dès la première heure les difficultés qu'elle aurait à vaincre. Un des combattants, M. Pélissier de Raynaud, a décrit en ce peu de lignes l'aspect que présentait la ville au moment où nos troupes prenaient position : " Constantine se présentait, comme l'année précédente, hostile et décidée à une résistance énergique; d'immenses pavillons rouges s'agitaient orgueilleusement dans les airs; les femmes, placées sur le haut des maisons, poussaient des cris aigus auxquels répondaient par de mâles acclamations les défenseurs de la place. C'est ainsi que furent salués le général Damrémont et le jeune prince qui marchait à ses côtés. Bientôt le son grave du canon, répété par des milliers d'échos, vint se mêler au bruit de ces créatures humaines, et de nombreux projectiles, habilement dirigés, tombèrent au milieu des groupes qui se présentaient sur la côte du ravin par lequel Constantine est séparée de la Mansoura. "
      Après avoir disposé l'attaque et formé les colonnes, le général en chef envoya faire aux assiégés les sommations d'usage. Ce fut un soldat du bataillon turc qui porta la dépêche. Il se hissa à une corde jetée du rempart, et fut introduit dans la place. Le lendemain il revint avec cette réponse verbale :
      " Il y a dans Constantine beaucoup de munitions de guerre et de bouche. Si les Français en manquent, nous leur en enverrons. Nous ne savons pas ce que c'est qu'une brèche ou une capitulation. Nous défendrons à outrance notre ville et nos maisons. On ne sera maître de Constantine qu'après avoir égorgé jusqu'au dernier de ses défenseurs. "
      - " Ce sont des gens de cœur, dit M. Damrémont. L'affaire n'en sera que plus glorieuse pour nous! "
      Et il se rendit avec sa suite sur le plateau du Coudiat-Aty pour examiner la brèche. Là, il mit pied à terre, fit quelque, pas en avant et s'arrêta sur un point découvert; - un boulet, parti de la place, le renversa sans vie....
      Le lieutenant-général Valée prit le commandement des troupes. Il fit canonner la ville et ordonna l'assaut pour le lendemain.

      Les troupes furent réparties en trois colonnes : la première sous les ordres du lieutenant-colonel Lamoricière; la seconde et la troisième sous ceux des colonels Combes et Corbin.
      A sept heures précises, par un soleil radieux, le duc de Nemours donne le signal : la première colonne s'ébranle, gagne la brèche au pas de course, au milieu d'une ardente fusillade, et le capitaine Gardarens plante sur les remparts le drapeau tricolore. Mais à mesure que la colonne descend dans la ville, elle se heurte contre de nouveaux obstacles: chaque maison a été transformée en forteresse, il faut briser les portes; on se bat corps à corps, et les assaillants sont décimés par un feu de mousqueterie tiré de mille embrasures. - Mais nos soldats ont juré de vaincre ; ils s'excitent les uns les autres, chargent avec furie, et font un épouvantable massacre.
      Pendant l'assaut, une partie des habitants tenta de fuir par un des côtés du ravin, à l'aide de cordages qui descendaient le long des rochers; mais les cordes, incessamment tendues, se brisèrent sous le poids des fugitifs: une grappe d'hommes, de femmes, d'enfants et de vieillards roula dans l'abîme et périt dans une affreuse agonie.


      La ville prise, le général Rulhières en fut nommé commandant supérieur : comme il arrivait, il reçut une lettre dans laquelle les autorités et les personnages influents de Constantine faisaient leur soumission et imploraient la clémence des vainqueurs. Le général fit cesser le leu et se dirigea vers la Casba, dont les derniers défenseurs furent promptement expulsés. Deux heures après, le drapeau de la France flottait sur tous les édifices, et le duc de Nemours prenait possession du palais du bey (13 octobre 1857) devenu aujourd'hui l'hôtel du général commandant la division.
      Ahmed échappa par la fuite à la captivité ; disons de suite que, onze ans après (juin 1848), il se rendit à merci et fut interné à Alger : il y mourut le 30 août 1851.

      Le général Valée avait décidé que les notables de Constantine participeraient à l'administration de la Cité, sous la surveillance de l'autorité française. Cette mesure rassura les habitants et rendit leur soumission plus facile. Les tribus voisines se sentant. surveillées de près déposèrent les armes ; les chefs se rallièrent avec plus ou moins d'empressement au nouvel ordre de choses et le cercle de notre domination s'élargit d'année en aimée. On créait Philippeville, en même temps une le général Galbois s'installait à Sétif (1858) ; La Calle et Djidjelli ouvraient leur port au commerce; plus tard, on établissait à Batna un camp retranché et le duc d'Aumale qui commandait la province, s'emparait de Biskra (1844). C'est ainsi que nos troupes s'installèrent au cœur du pays et que, de proche en proche, elles pénétrèrent jusqu'à l'Extrême Sud, leur tâche fut rude, et parfois elles rencontrèrent une résistance dont elles eurent difficilement raison ; la prise de Zaatcha (1849) et l'insurrection de 1871, qui mit à feu et à sang la province toute entière, ont laissé d'ineffaçables souvenirs.
      La colonisation a eu des phases diverses : pénible au début, elle n'a jamais autant prospéré que dans la province d'Alger, surtout que dans celle d'Oran; depuis quelques années, de meilleurs jours semblent luire pour elle.

LA SUITE AU PROCHAIN NUMERO

LA VENUE DE M. BOUTEFLIKA
A la Commémoration du 60ème Anniversaire
du débarquement de Provence
par l'Armée d'Afrique
LETTRE OUVERTE
A TOUS NOS PARLEMENTAIRES et ELUS

du Collectif ANTI-INSULTES

Mesdames, Messieurs,

Pendant 40 ans la Communauté " Pieds-Noirs " a tenté de panser ses plaies dans la dignité, mais 4 évènements graves l'ont amenée à se mobiliser et à se fédérer :

        - la date du 19 Mars proposée par le gouvernement socialiste pour commémorer la fin d'une guerre et qui fut une autorisation de massacre de nos compatriotes.

        - l'année de l'Algérie, en 2003…et la nomination de Hervé Bourges pour cet événement, alors qu'il était un fervent défenseur du FLN (il a pris la nationalité algérienne).

        - Le Président BOUTEFLIKA, à l'Assemblée Nationale, tenant des propos inqualifiables envers les Harkis, sans même que nos Députés l'interrompent. Puis, son invitation à La Sorbonne pour clôturer l'année de l'Algérie en France.

        - L'invitation de M. BOUTEFLIKA aux Commémorations du Débarquement en Provence, le 15 Août 2004 ne peut être qu'une provocation supplémentaire envers ceux qui ont défendu les valeurs de notre République et que le président Algérien considère comme des ennemis, des traîtres et collaborateurs.

Notre " Communauté " ne peut admettre ces provocations qui rouvrent nos plaies et en empêchent la cicatrisation. Elle a commencé à se mobiliser et à resserrer ses liens. NOUS NE POUVONS PLUS LES ACCEPTER, et nous vous demandons d'intervenir auprès du chef de l'Etat, pour empêcher ce que nous prendrons encore, pour une infamie la venue de M. BOUTEFIKA pour cet événement du 15 août.

Nous ne pouvons tolérer cette insulte à nos morts. Comment peut-on honorer les soldats "morts pour la France en Algérie" en invitant le chef de leurs bourreaux? Faut-il rappeler que M. Bouteflika sous le nom de " commandant Abdelkader " a fait partie du FLN, qui a émasculé nos soldats, égorgé, éventré des enfants, des vieillards, mutilé des civils innocents en posant des bombes dans les stades, les cafétérias, les dancings? Faut-il rappeler que le FLN se glorifiait de massacrer les anciens combattants, surtout lorsqu'ils étaient musulmans : combien de porte-drapeaux ont été assassinés les uns après les autres, notamment dans la région de Mostaganem? Faut-il rappeler que le FLN n'a jamais respecté le cessez-le-feu et que les crimes les plus abominables ont été perpétrés APRES le 19 mars? Faut-il rappeler que M. Bouteflika s'est permis de traiter nos compatriotes Harkis de "collabos", sur notre territoire, dans l'indifférence générale?
        - Il bénéficia de hautes responsabilités dans les gouvernements successifs de l'Algérie indépendante, qui s'ingénia à détruire, bétonner et profaner les Monuments aux Morts existants.
        - Monsieur Bouteflika à demandé officiellement à la France de faire acte de repentance, sentiment qu'il se refuse à exprimer lui même pour les atrocités commises par son parti.
        - Enfin il représente la direction du FLN coupable de n'avoir jamais appliqué les accords d'Evian notamment en ce qui concerne la libre circulation des biens et des personnes et d'avoir exterminé et enlevé après le 19 mars 1962 plusieurs milliers de personnes.

Cette protestation n'est pas dirigée contre le peuple algérien mais contre le représentant d'un parti qui n'a eu de cesse de dénigrer la France et ses citoyens.

Que se serait-il passé si un ancien nazi avait été invité à Arromanches? Les dirigeants allemands ont attendu 60 ans avant de pouvoir participer aux cérémonies du souvenir. Et pourtant, ils ont regretté officiellement les crimes commis et reconnu la responsabilité de l'Allemagne. Ce n'est pas le cas de M. Bouteflika. Les dirigeants de l'ex-Union Soviétique ont attendu, eux aussi, 60 ans, pour cause de totalitarisme. Or, l'Algérie n'est pas une démocratie : les droits de l'homme y sont bafoués tous les jours. Quant aux dirigeants italiens ils n'ont même pas été invités. Et pourtant ils n'ont pas de sang sur les mains.

Dimanche 13 juin, nous étions des milliers " Enfants de l'Algérois " réunis à UZES. Le vote de la loi sur les Rapatriés, en première lecture, à l'Assemblée Nationale le 11 juin nous a fait réfléchir pour savoir si oui ou non, nous irions voter pour les Européennes : nous ne sommes pas allés voter. Des milliers de votes en moins, pour ce qui concerne seulement cette Association, et partout en France, où les Pieds-Noirs étaient réunis, il en a été de même.

Nous tenons à remercier les Parlementaires qui nous ont défendus, même s'ils n'ont pu faire passer les amendements qui étaient primordiaux pour nous, dont :

La reconnaissance de la responsabilité de l'ETAT français, dans les massacres de la population civile par le FLN, sans laquelle il nous est impossible de faire notre deuil de ces évènements horribles, de notre exode et surtout sans laquelle il nous est impossible d'avoir des rapports normaux " avec l'Algérie.

L'Allemagne a fait son mea culpa, pour que les français puissent pardonner.

Nos pères ont fait le Débarquement. Beaucoup sont morts, heureusement pour eux. Ils ne verront pas leur sacrifice voué aux faux-semblants. Les survivants, devront-ils encaisser, des coups bas supplémentaires ?
S'ils étaient encore de ce monde, ils auraient agi. Et nous, leurs descendants, nous nous devons, pour la défense de leur mémoire, de vous demander, au nom de nos communautés, de ne pas laisser souiller notre passé. Vous avez le pouvoir de "porter, haut et fier…" tout comme eux, le Drapeau et l'honneur des Français qui se sont battus pour sa grandeur.

Au nom de leurs adhérents, tous nos amis Présidents d'associations, se joignent à cette démarche.

Nous attendons beaucoup du vote au SENAT, le vote, c'est notre seule " Arme " pour dire ce que nous attendons de nos Politiques.

Alors, nous nous adressons à vous pour vous demander solennellement de convaincre le gouvernement français d'avoir le courage de dire non, de ne pas soumettre la France à une nouvelle humiliation et de respecter nos morts, sous peine de nous voir déserter DEFINITIVEMENT les bureaux de vote.

Nous vous prions de croire, Madame, Monsieur les parlementaires et élus, à nos sentiments patriotiques.

Pour le Collectif ANTI-INSULTES
Jean Pierre Bartolini



Communiqué du Cercle Algérianiste

COMMUNIQUE DE PRESSE

Le Cercle Algérianiste dit non à la présence du Président BOUTEFLIKA, à Toulon, pour le 60ème anniversaire du débarquement de Provence.

Le 15 août prochain, à Toulon, en présence du Président de la République, sera commémoré le 60ème anniversaire du débarquement de Provence ainsi que le sacrifice de milliers de Français d'AFN pour libérer le territoire.

Comment oublier, en effet, que sur 400 000 hommes mobilisés au sein de l'armée d'Afrique, plus de 40 000 tombèrent au combat dont un grand nombre qui n'avait jamais connu auparavant la métropole ?

Comment ne pas rappeler que plus de 160 000 européens d'Afrique du Nord, représentant 17 % de la population, soit l'un des plus forts taux de mobilisation, furent envoyés au combat ?

C'est pourquoi, la communauté des Français d'Afrique du Nord attend, enfin, de la Nation le geste solennel de reconnaissance dû à ces combattants.

Or, la confirmation de la venue du Président Algérien BOUTEFLIKA, à Toulon, pour la commémoration de cet évènement, vient jeter une ombre indiscutable sur cette cérémonie qui requiert dignité et recueillement.

La Fédération Nationale des Cercles Algérianistes considère que la présence d'Abdelaziz BOUTEFLIKA, qui s'est distingué à plusieurs reprises par ses propos haineux et provocateurs à l'égard des Harkis comme des Pieds Noirs, est particulièrement déplacée et insupportable à la communauté des anciens combattants comme à celle des Français d'Algérie.

II appartient donc à l'Etat de revenir sur cette funeste invitation et de permettre que ce 60ème anniversaire se déroule dans les conditions de dignité et de recueillement que chacun est en droit d'attendre.

Le sacrifice de milliers d'enfants d'Algérie, du Maroc et de Tunisie qui ont cru en la France et ont combattu pour elle l'exige.

PROGRAMME DE CEREMONIE du 16 AOUT 2004

Hommage à l'ARMEE d'AFRIQUE

        Lundi 16 Août à 16 heures :

        Inauguration de l'Exposition sur l'ARMEE d'AFRIQUE, Salle Alberge, Centre ville de Saint-Raphaël ( face à la gare) rue Jules Barbier.

        Quartier libre ensuite..

        21 Heures : Rassemblement devant le monument de l'Armée d'Afrique, bord de mer (Bd Gal de Gaulle.. oui hélas ! ) Ravivage de la Flamme par le Général André SCIARD, Président de l'association Souvenir de l'Armée d'Afrique

        Puis.............. Chant de la Marseillaise

                         Chorale Chant des Africains

        Puis ............ Jean Paul GAVINO qui chantera plusieurs chansons ( i l vient bénévolement..)

        Puis............... Les HARKIS Dépôt de gerbe à la stèle du Bachaga Boualam

        Puis............... Encore Jean Paul GAVINO pour clôturer la soirée

REPAS ou BUFFET : à l'étude.. Ceux qui le souhaitent devront nous en informer et en fonction du nombre, nous verrons la solution

Parking : assuré mais prévoir de venir avant 21 heures....

Voilà, à vous de jouer pour que cette journée soit une réussite et une " ENAURME " réponse à la venue, la veille de M. BOUTEFLIKA et de la cérémonie sur la "planche à voile" "Charles de Gaulle" !!!...

J'ai oublié un détail : les médias.. Si vous avez la moindre ouverture, foncez ! et invitez-les.. Ou encore mieux essayez de faire passer des "Communiqués de presse" en tant que présidents d'associations invitants vos adhérents à assister à ........

..Si le message est soft, çà passera et le plus important c'est de faire connaître notre cérémonie .

Amitiés à tous, Jean Paul SELLES


LES FOURS ARABES
Envoyé par M. Marcel CUTAJAR
Paru sur la dépêche de l'Est N° 21 du 15/12/1999

      Ah !... les fameux fours Arabes

      Vous vous souvenez ?...
      Dans les années 30/40, il y en avait un tout près de chez nous, dans la petite rue du Rabbin Khan, qui reliait la Place Caraman à la rue Damrémont...
      Pour y accéder, venant de la Place Caraman, l'on passait devant la synagogue, dans un encombrement de cageots, d'étals de marchands et... de détritus de toutes sortes. Après moult bousculades à travers une foule turbulente, l'on parvenait enfin au four qui s'ouvrait sur la droite.

      Oh ! il ne payait pas de mine.
      Imaginez un local exigu meublé d'un large comptoir, de grosses tables le long des murs ; au fond, dans un renfoncement, une réserve de fagots servant à alimenter le foyer (là, collée au plafond voûté, s'entrevoyait - ce qui était ma terreur j'étais un gamin... une couche mouvante composée... de milliers de cafards volants assoupis par la température ambiante) ; face à la porte d'entrée, aménagée dans le mur, la gueule du four, protégée par une lourde portière en fonte actionnée par un contre-poids.
      Le maître des lieux accueillait les clients, debout, derrière son comptoir. Le pittoresque du personnage résidait dans une chéchia poisseuse qu'il ne quittait jamais et dont la fonction était de rendre moins visible une teigne tenace ; d'où le surnom de son porteur: FARTASSE.

      Pour apprécier pleinement l'atmosphère du lieu, il fallait venir vers dix heures du matin. A cette heure-là, une clientèle, composée de femmes et d'enfants, criarde et resquilleuse, s'y pressait, chacun voulant faire enfourner son plat parmi les premiers.
      Fartasse, maniant sa pelle avec rapidité, enfournait les plats un à un.
      Puis, selon la nature de ces derniers, c'était l'attente plus ou moins longue.

      Arrivait enfin le moment du défournement : Fartasse, toujours aussi adroit, commençait de retirer, avec un soin d'accoucheur, les premiers chefs-d'œuvre, car c'en étaient...
      Dans un silence religieux, précédé d'odeurs enivrantes, stimulant à ce point vos papilles gustatives que l'expression "en avoir l'eau à la bouche" devenait une réalité, le premier plat atterrissait sur le comptoir :
      C'était une épaule d'agneau, dorée à souhait, toute ruisselante de beurre, sur un lit de pommes de terre avec, ci et là, quelques rondelles d'oignon et de tomate ; puis apparaissait un assortiment de légumes farcis ; ah ! qu'ils étaient jolis, ces poivrons, ces aubergines, ces courgettes, ces tomates, ces pommes de terre, débordant d'une farce croustillante exhalant des senteurs à donner le vertige ; puis arrivaient des caldis maltais, bien alignés sur leur plaque, que la cuisson avait fait éclater, juste comme il fallait, juste pour laisser entrevoir la farce au "broutche" d'une appétissante couleur jaune d'or dont ils avaient été bourrés ; puis c'étaient des fougasses, épaisses et moelleuses, piquées de tomates, d'olives, d'anchois, le tout imbibé d'huile d'olive finement parfumée d'ail et de poivre ; puis une daurade au ventre garni de thym et de laurier, disposée sur un mélange de rondelles de pommes de terre, d'oignons émincés, de tomates et de citrons ; puis le fameux "bousoulouf', la tête de mouton, tranchée en deux, toute ruisselante de jus aromatisé au "kamoun" ; puis... puis...
      Mais j'arrête là, la description de ce florilège gastronomique, qu'il serait trop long de poursuivre, tant les variations culinaires étaient nombreuses chez nous...

      Parfois, un événement comique apportait une note gaie à cette ambiance laborieuse.
      Une femme entrait dans le local, un plat tendu devant elle, à bout de bras, furieuse. S'adressant au maître des lieux, elle lui lançait :
      - "C'est pas mon plat çà ! ti as donné au gamin le plat d'une autre ; moi, c'est un loup que j'ai préparé, pas un barbeau,
      où elle est la voleuse ?"

      A cet instant, une autre cliente pénétrait à son tour dans le magasin, un plat à la main. N'ayant pas encore aperçu l'auteur de la première réclamation, elle apostrophait à son tour FARTASSE:
      - "Dis voir, c'est pas mon plat, çà ; mon poisson, il était plus gros ; le gamin s'est trompé
      La première arrivée lui criait alors
      - "Ah ! c'est toi la voleuse ! Atso ! alors comme ça, ti voulais échanger un barbeau contre un loup, à l'œil !..."
      - "Qu'est-ce que ti dis ? répondait la nouvelle venue ; modère tes expressions ; c'est le gamin qui s'est trompé, un point c'est tout ; et pi, mon poisson, il est bien plus beau que ton alatche !..."
      - "Quoi !!! un loup qu'a pêché mon mari, ce matin aux Petites Pierres, une alatche !!! si ton fils, c'est un calamar de fond, tant pis pour toi, mais respète ton mari ou sinon je l'appelle, les os de tes morts !!! "

      Fartasse, qui en avait vu d'autres, séparait avec habileté les antagonistes qui repartaient, chacune de son côté, tout en continuant à s'injurier copieusement dans la rue...
      Les après-midi étaient silencieuses dans la ruelle du Rabbin Kahn ; portes et persiennes restaient closes, chacun s'adonnant sans réserve au rituel de la sieste.
      Mais, si par hasard, vous aviez eu le courage d'enfreindre cette sacro-sainte tradition, alors, en vous aventurant jusqu'au four de FARTASSE, par la porte entr'ouverte, vous l'auriez aperçu, affalé de tout son long sur le comptoir, son inévitable chéchia toujours aussi bien calée sur sa tête, dormant à poings fermés, avec comme ciel de lit, la voûte du fournil constellée... de cafards volants...

Marcel CUTAJAR

LA SYNAGOGUE DE BÔNE

     La synagogue de Bône était aussi nommée " LA GHRIBA ".

     "GHRIBA" en arabe a plusieurs définitions, pour celle de Bône c'est "ETRANGE" ou "MYSTERIEUSE" et c'est toujours comme cela qu'elle aurait toujours été appelée.
     L'histoire de la Ghriba daterait du temps de la destruction du Temple de Jérusalem. Pour celle de Bône, personne n'a jamais pu définir si c'était le premier ou le 2e temple(1), la majorité des Talmudistes penchent sur celui détruit par les Romains (le second), les survivants et ceux qui en avaient les moyens avaient affrété des voiliers, avec ce qu'ils avaient de plus précieux.
     Pour les Juifs ce qu'ils avaient de précieux étaient les rouleaux sacrés de la bible en pur parchemin, écrits à la main naturellement.

     Au large de Bône qui était largement peuplée de Juifs, un ce ces voiliers a coulé entraînant avec lui on ne sait combien de personnes, tout a disparu sauf une boite étanche qui flottait, et à chaque fois qu'un pécheur voulait l'approcher la boite disparaissait, cela commençait à devenir mystérieux et l'un des pécheurs a commencé à faire douter tous les présents que la boite pourrait contenir des objets saints que seul un juif pourrait approcher.
     Du coup ils ont été chercher un rabbin, qui a approché en barque en direction de la boite, et, miracle, la boite se rapprocha du rabbin qui l'a ouverte à l'endroit de la synagogue du quartier juif de Bône. La boite contenait un Sefer Thora préservé et étanche.

     GHRIBA SIGNIFIE POUR NOUS L'EXILEE. Cette Thora (bible) miraculeusement sauvée des eaux était exilée hors de la Terre Sainte, hors de son "terroir".
     D'où l'attachement séculaire des juifs au lieu où ce parchemin a été religieusement préservé.


Intérieur de la synagogue de Bône, l'arche sainte : le Hekhal.


L'estrade sur laquelle se tenait l'officiant et le rabin. L'officiant est l'actuel directeur du séminaire Israélite de paris le rabbin Emmanuel Chouchena fils de l'avant dernier grand Rabin de Bône décédé en 1930.
Les deux personnes assises de face sont le dernier grand rabbin de Bône Ra'hamim Naouri qui fut par la suite grand rabbin du consistoire de paris jusqu'à son décès en 1985 et la seconde (entourée d'un cercle) est M. Samuel El baze président de l'association des derniers devoirs.

(1) Le temple de Jérusalem de la rue Bouscarein ne peut être celui de la légende car à la conquête française, cette rue n'existait pas, même pas le quartier.
Le 2ème temple détruit en l'an 70 devait se trouver dans l'ancienne ville basse de Bône près de la Seybouse, là où se trouvait le port romain.

     

PETITE ESCAPADE
A BÔNE LE 10 JUIN 2004

Nous sommes partis de TUNIS, par la route et avons passé la frontière à OUM-TEBOUL.

Au travers des formalités frontalières, un douanier algérien m'a interrogée sur les raisons de mon déplacement.. Apprenant que je retournais dans ma ville natale, il a voulu savoir où j'avais habité et comme je lui expliquais que ma maison natale était proche du Brd Papier et du Lycée Saint-Augustin, il s'est avéré que lui et sa famille habitent ce secteur depuis très longtemps. Pour lui, nos mères devaient forcément s'être connues et donc, il m'a fait promettre de venir manger le couscous chez lui lors d'un prochain voyage !

Nous avons atteint BÔNE via LA CALLE qui est en pleine construction.

L'arrivée sur BÔNE a été particulièrement émouvante car les itinéraires n'ont pas changé. Revoir la gare, longer le port et remonter le Cours Bertagna font penser au rêve qui revient depuis 40 ans et il a fallu que je me force à réaliser que j'y étais, enfin.

Nous devions déjeuner à la Caravelle mais le restaurant était fermé puisqu'il s'agissait d'un jeudi. A ce sujet, j'ai pu constater que de nombreux commerces conservaient leur nom français. Mais du fait de la fermeture du jeudi, je n'ai pas pu savoir ce qu'ils étaient devenus.
L'ESCALE, en bas du Cours Bertagna, est toujours là, comme le MAXEVILLE.

Nous avons commencé par le traditionnel tour des plages, jusqu'au Cap de Garde. J'ai eu du mal à retrouver certains endroits, comme la Caroube ou Toche, tant les constructions et chantiers en cours sont nombreux. La maison PORTELLI, à la CAROUBE, disparaît derrière les immeubles.

Retour en direction du brd Papier par le brd Petrolacci et le transformateur (la station-essence SAMMUT ( ?) est toujours là ) et passage devant le cimetière….Ce fut avec, plus tard, Sainte-Anne en mosquée et la cathédrale remplacée par un centre commercial, des moments difficiles.

Rue Jaume, pour ceux qui ont connu, le pavillon du fleuriste CREMONA et le jardin de Mme ALLEMANE sont remplacés par des maisons. L'immeuble BIRKUI est toujours là et comme beaucoup de maisons, il est protégé par un haut mur de clôture. Deux jeunes d'une vingtaine d'années nous y ont accueillis et laissés entrer (sauf dans les appartements) sans difficulté. J'ai pu à loisir photographier la maison et le jardin de mon enfance. Ils ont tenu à me dire, devant mon émotion, que leur grand-mère l'avait achetée à un arabe avec tous les sous-entendus que cela supposait….

L'immeuble situé de l'autre côté de la rue, à l'angle du Brd Papier est toujours là mais les garages qui ont abrité tant de surprises-partie sont devenus des commerces.

En suivant le Brd Papier (au passage, l'école de danse de Mme SALVATI abrite un coiffeur), nous sommes ensuite allés Brd Clemenceau où l'immeuble Lavigerie mériterait un peu de peinture. Pris par le temps, je n'ai pas eu l'occasion d'y rentrer.

Direction l'Orangerie, par le Brd Lavigerie (en travaux) et la rue Galdès, pour retrouver la maison de ma grand-mère COLLET, rue Championnet. La maison est entretenue et très fleurie. Le jardin est, lui aussi, remplacé par une maison.

Nous n'avons pas pu contacter les occupants de la maison qui étaient absents mais un voisin, informé des raisons de ma présence sur place, a tenu à me dire que les deux maisons construites de l'autre côté de la rue, en direction des Lauriers Roses, avaient été baptisées " Champ Fanfan ", en souvenir de mon oncle Fanfan COLLET…. Puis il est allé chercher un autre voisin, beaucoup plus âgé, lequel a évoqué, avec beaucoup d'émotion, les souvenirs, voisins et amis qu'ils avaient eus en commun.

Retour vers le centre par l'avenue Célestin Bourgoin et la Colonne. Diane Chasseresse est toujours là. Arrêt place Marchis pour photographier l'immeuble familial YACONO. En faisant ces photos, j'ai été abordée par un homme qui m'a demandé si je prenais des souvenirs. Devant ma réponse affirmative, il m'a demandé qui j'étais et nouveau moment d'émotion partagée car il a connu tous les membres de ma famille pour habiter ce quartier depuis toujours….

Un dernier tour cours Bertagna et dernières photos depuis le 13ème étage de l'Hôtel la Seybouse (en face de la Préfecture).

Nous avons pu circuler dans la ville sans aucune difficulté. Par contre, il nous a été fortement déconseillé de monter à BUGEAUD pour des problèmes de sécurité. De même, nos accompagnateurs tunisiens ont exigé que nous repassions la frontière avant la nuit. Il n'est pas question de circuler sur les routes la nuit…

D'une manière générale, la ville est beaucoup plus propre que ce que j'avais pu entendre ou lire. Ce sentiment a été partagé par ceux qui m'accompagnaient et qui la découvraient. Les maisons sont fleuries et très souvent, repeintes.

BÔNE est toujours aussi belle depuis la Corniche, sentiment également partagé par ces mêmes accompagnateurs.

P.S. : S'il s'avère que des voisins des maisons ou anciens habitants des immeubles évoqués et photographiés sont intéressés, c'est bien volontiers que je tiens les photos numériques à leur disposition pour leur transmettre par Internet ou vous les adresserai par le site.

Anne-Marie BORG


BÔNE et son "Cimitière"
CHERS AMIS BÔNOIS

          " Le cimetière de Bône, l'envie de mourir il te donne " !
          Ce dicton (combien de fois l'ai-je entendu ?), bien sûr, vous le connaissez. Et Même s'il s'agissait du cimetière musulman du Lever de l'Aurore époustouflant de beauté au soleil couchant, par fierté, vous vous l'êtes appropriés.
          Et bien, cet illustre cimetière que je n'avais jamais vu mais m'étant si familier, où reposent tant des nôtres, je l'ai rencontré (depuis longtemps, était envisagé, ce Rendez-Vous avec ma ville natale, il ne restait plus qu'à le provoquer en rejetant les fausses excuses pouvant encore le retarder). Oui, rencontré puisque je suis allé lui rendre visite car, militant depuis plus de 10 ans avec l'A.S.C.A ( Association pour la Sauvegarde des Cimetières d'Algérie) pour laquelle j'interpelle dans toutes les directions utiles (parfois les plus surprenantes) à cette action de préservation, j'ai toujours (tout du moins depuis que j'ai conscience du problème) considéré qu'il était de mon (de notre) devoir d'agir afin de conserver, là-bas, ce qui petit encore l'être, de ces lieux de Mémoire(s), de Recueillement, d'Histoire. Mais cela ne peut s'accomplir seul, ou en minorité, et ne peut que relever du travail (du plus grand nombre, dont les Algériens.

          Alors, ne pouvant en être un jour autrement, cela coulant de source pour ceux ne souffrant pas d'amnésie ou de trous de mémoire, je suis revenu là où puisent (5 générations) mes racines les plus directes.
          Vous l'avez bien sûr compris, c'est à Bône que j'ai vu le jour il y a 41 ans. Vous comprendrez aussi par ce qui suit que, bien qu'ayant la plume facile, il ne m'a pas été simple, aujourd'hui de vous écrire cette lettre, un APPEL à agir d'urgence, les uns avec les autres, les uns et les autres....
          C'est donc à Annaba que je me suis rendu pour 48 heures courant décembre 2002.

          J'y ai été accueilli et hébergé, à Beauséjour, quartier de ma famille, par un ami (en raison de ce qu'il accompli pour nous, je peux, humblement, lui donner mon amitié) avec lequel je suis en relation depuis 2 ans : Sabri MELE.
          De père Pieds-Noirs Bônois (aujourd'hui décédé) et de mère Algérienne, homme de cœur à la confluence des cultures de l'Algérie, dont de la nôtre, Pied-Noire, dont il est avide de connaissance et un gardien fidèle, Sabri, 31 ans, vit avec son épouse dans cette ville qui nous est si chère. C'est en mémoire de son père, et par Amour, respect pour lui, que Sabri, courageusement, a repris le flambeau paternel de relance de l'Association IN MEMORIAM, d'entretien, de sauvegarde des cimetières de l'Est, dont celui de Bône. Il s'y investit beaucoup, soutenu en cela par sa belle-famille, et Bernard GASSIOT, vous connaissez, qui est resté là-bas, ainsi que par d'autres personnes. Ceci n'est pas en opposition avec l'action de l'A.S.C.A (dont le sujet intéresse tout le territoire algérien), elle la complète par une présence permanente sur place.

          Le Consulat de France s'implique à ses côtés pour ce qu'ils considèrent comme une priorité depuis sa réouverture il y a 2 ans, avec une volonté conjointe réelle de l'Algérie, due en partie à des rapports nouveaux entre les deux pays. Car il y a aussi. de la part, de nombreux Algériens, une sincère implication pour entretenir et sauver ce qu'ils jugent comme faisant partie de leur histoire, de leur mémoire, de leur patrimoine. Il suffit pour donner le " la ", et les moyens durables, que l'Etat Algérien (comme son homologue Français), sensibilisé de toutes les façons possibles joue le chef d'orchestre.

          Ce jeune " de chez nous ", mérite notre soutien et notre respect (il n'attend pas de remerciements - qui lui feraient néanmoins chaud au cœur - car il agit pour ce que sa conscience lui guide de faire). Il effectue avec sa fougue et ses modestes moyens (financiers et humains), un travail remarquable (alors que tant est à faire) de nettoyage, de remise en état, de sensibilisation aux problèmes des Autorités Françaises et Algériennes, des citoyens...
          Pardonnez-moi de parler ainsi et de paraître être donneur de leçons (ce que je ne suis nullement), mais sachez que mettant du cœur et de l'énergie à tenter, depuis longtemps (moi qu'on nomme " un jeune Pieds-Noirs " !) avec d'autres de trouver des réponses utiles et réalistes, et parce que je me sens, bien sûr concerné (les miens reposent aussi là-bas et je ne peux me satisfaire d'une telle situation), je crois de mon devoir d'être franc, et que je peux m'octroyer ce droit de parler librement, directement. Je bouscule peut-être un peu, mais j'ai tellement envie de toucher au plus profond afin de faire réagir, pour qu'ensemble, solidairement, avec tous ceux quels qu'ils soient, d'où qu'ils soient, nous puissions faire quelque chose de durable car je crois sincèrement (mon analyse, mon expérience, mes relations et mes croisement d`informations me permettent de le penser concrètement) les temps sont mûrs et qu'il n'est pas trop tard pour faire au mieux. De multiples exemples le prouvent. De plus, je suis comme un cadet interpellant ces aînés, " bougeons !!! ".

          La tâche est titanesque pour le cimetière de Bône que j'ai parcouru avec Sabri, mais aussi (sauf exceptions) pour l'ensemble des cimetières de l'Est (comme au demeurant pour un très grand nombre sur le territoire, car cela nous concerne aussi).
          Les principales allées ont été totalement nettoyées, désherbées, pour leur redonner leur aspect d'antan (pavés), des tombes réparées, d'autres repeintes, des détritus retirés ... et il est si grand (et beau dans sa solitude, son silence ... et malgré son état) ! 14 hectares dont 7 occupés, avec d'immenses cyprès. Un véritable poumon vert dans la ville, comme aiment à le reconnaître les annabis ... et la Mairie (APC) qui veut le conserver, l'arranger et en faire (avec les Autorités Françaises et les familles concernées), un cimetière de regroupement de villes et villages de l'Est où il ne sera pas possible de conserver ces lieux de repos éternel. La partie haute de notre cimetière, en raison d'un glissement de terrain et de la proximité d'une cité, ne pouffa pas être sauvée : un long mur sera prochainement édifié par la Mairie, et les tombes ramenées vers la zone sauvegardée.

          Avant de vous détailler ma visite en ces lieux, je signale qu'une accueillante famille algérienne, remercie en votre nom, " assure " le gardiennage. Je ne sais pas quelle est sa fonction exacte et qui la rémunère, selon quel cahier des charges. Mais je peux le savoir si cela vous est gré, et si nous avons à la soutenir,
          Je voudrais d'abord vous faire part de mon émotion quant à mes retrouvailles, amertume, avec la ville qui m'a ouvert les yeux à la vie et où j'ai fait mes premiers pas. " Etre né quelque, part " chante le poète. Enfin ce quelque part, familier par les photos de famille et d'ailleurs, les films, les livres, les souvenirs des uns et des autres, prenait réellement forme.
          J'ai quitté Bône à 27 mois, je l'ai retrouvé avec des yeux neufs et sans a priori à 41 ans.

          Adulte, père de famille, j'ai pu enfin mettre des lieux de mémoires, en face de choses concrètes : les Santons où je suis né, le quartier familial de Beauséjour, la maison de mon arrière-grand-père maternel, l'école Vaccaro de ma mère, le célèbre Cours Bertagna, les plages, l'entreprise familiale WAGNER FRERES, avenue de la Marne, la Mairie (sans son toit en ardoises !), l'Eglise Ste-Thérèse où j'ai été baptisé, le Cap de Garde, La Basilique Saint-Augustin préparant Noël, le lycée du même nom, la gare, Ies ruines d'Hippone, la grenouillère….. tant de lieux qui évoquent tant de choses pour vous à qui j'ai beaucoup pensé en ces moments là. Merci Sabri de ton accueil, ta générosité, la spontanéité, ta disponibilité et ta gentillesse ! Je reviendrai...

          J'invite ceux de ma génération (si, si, il y en a beaucoup car j'en ai vu en bas âge sur les photos et les films des moments douloureux de l'exode !!), ou tout proche (même ceux nés " ailleurs ", mais d'origine bônoise), et qui ne l'auraient pas encore fait, de faire cette découverte, ils ne seront pas déçus de cette expérience unique. Tout du moins, ceux qui n'ont pas perdu la mémoire en même temps que le Nord ! La chaleur humaine réservée aux " enfants de là-bas " est telle qu'elle l'emporte sur toute forme de ressentiment pouvant jaillir en nous, nous rattraper (comme lors de la visite au cimetière dont le spectacle est si triste à voir).

          La ville n'a " pas changé ", tout du moins, son centre historique bônois. Mais, que de monde !
          Et puis, quelle douloureuse absence, alors que vous sembliez si présents. J'avais l'impression que j'allais vous croiser au coin d'une rue .... mais rien. Il me paraissait facile de vous imaginer aux balcons des immeubles de la Ménadia et d'ailleurs, déambulant Cours Bertagna, ou entrain " de se taper le bain " à Toche, au rocher du lion… ou de voir mon grand-père, ses frères et mon père à la forge du 19 av. de la Marne, que, Amar, successeur autoproclamé, a conservé, telle quelle en mémoire de mes anciens. Je lui en suis, tout secoué que je sois, reconnaissant. Mais vous n'étiez pas là. Peut-être aurions-nous pu faire ce voyage ensemble, nombreux, pour pallier les absences, transmettre le flambeau et retisser des liens qui malgré les évènements, le temps écoulé depuis, n'ont pas rompu. C'est que les sentiments étaient les plus forts. Alors, sûrement une autre fois, afin d'épauler les héritiers que nous sommes de cette histoire, sereinement.
          Donc moi, enfant de Bône, amenant avec moi le souvenir des miens, les recommandations des vivants, j'allais à la rencontre des morts, pour ne, pas oublier, les oublier.
          En effet, si votre absence dans les rues était bien réelle, ces noms sur ces tombes si nombreuses me sont tellement familiers : Colombo, Galéa, Zammit, Falzon, Portelli….. J'aurais presque pu faire mon arbre généalogique ! Mais quelle tristesse et quels sentiment curieux de se trouver ainsi, tous les deux, à déambuler dans ce cimetière abandonné, tentant par la pensée de combler ce vide en se récitant les noms inscrits sur les tombes, comme pour leur donner " vie " ! Et quel douloureux spectacle en constatant, malgré ce qui est entrepris, tant de profanations essentiellement dans les contre-allées : une évaluation grossière de visu de 40% (+ ou - ?). Il n'y en aurait qu'une qu'il faudrait agir, donc en raison de ce nombre important, on ne peut pas rester inactif. Je m'en suis ouvert très franchement à M. le Consul Général de France à Annaba avec lequel nous avions un rendez-vous de 30mn, après notre visite du cimetière. Je lui ai dit que je donnerai un fort écho à ce que j'y ai vu. J'ai introduit mon propos par : " M. le Consul Général, suite au spectacle de ce que je viens de voir dans notre cimetière, tout proche du Consulat, je ne peux m'empêcher de vous demander : où est la France ?? ". Il a convenu qu'il y avait eu négligence de I'Etat français à ce sujet, et que celui-ci n'avait pas assez mis l'Etat aIgérien et les Communes, face à leurs responsabilités. Néanmoins, n'occultons pas les nôtres !

          Concernant l'état d'esprit qui change en Algérie, positivement, pour ces cimetières se trouvant occuper une place importante là où se posent des problèmes démographiques et de besoin d'espaces, voici une information toute récente de l'A.S.C.A recoupant les miennes et mon analyse sur le sujet : là où devaient être rasés des cimetières pour laisser la place à un ossuaire " ici reposent les anciens habitants de... ", les nouvelles Mairies, considérant que ceux-ci étaient leur Histoire et leur patrimoine, ont décidé de les relever, les réhabiliter, plutôt que de les raser. Voilà ce qui change et pourquoi nous ne pouvons rester absents de ce qui se fait là-bas où nous sommes espérés.

          En fait, trois solutions, et rien d'autre s'offrent à nous :
                soit être indifférent et se taire ;
                soit parler pour ne rien dire et rester sans rien faire tout en vilipendant les uns et les autres (mais en s'épargnant !) ;
                soit agir auprès de IN MEMORIAM et plus largement avec car le problème global des cimetières nous concerne. Pour ce faire il faut Ies soutenir, leur faire savoir notre engagement à leur côté, (cela renforce l'énergie qu'ils emploient), et, de façon diplomatique, mettre la pression sur les Autorités françaises et algériennes.

          De plus, il faut sans cesse battre le tambour autour de nous pour faire passer le message à tous ceux concernés par le sujet. Il ne faut pas oublier, je les trouve bien absents, ceux de ma génération (J'ai 41 ans) car même si c'est le présent qui importe (pour ma part je suis très impliqué pour ce qui est de notre quotidien), pour autant il ne faut ni nier, ni oublier là où nous puisons nos racines, leur richesse. Que les esprits chagrins pouvant penser que " je n'ai rien à faire d'autre dans la vie pour m'occuper de cela " se rassurent, je suis comblé et pas amnésique !!

          Alors, ensemble, nous y arriverons à remettre dans un digne état le cimetière de Bône (et les autres), mais pour y parvenir, AGISSONS !
          On ne refera pas l'histoire et aujourd'hui il est possible de penser un " avenir " autre que celui de l'oubli et de la décrépitude pour nos cimetières.

          Veuillez m'excuser pour le ton qui a pu en choquer certains, niais sachez que ma seule motivation est d'aider à trouver des réponses passant inévitablement par notre implication, quelle que soit la forme et le contenu qu'on veut lui donner.
          Merci d'avoir lu ou relu jusqu'au bout cet appel du " 14 février 2003 ".
          Dans l'attente d'avoir, les uns et les autres, de vos nouvelles, recevez, chers compatriotes, mes plus fraternelles pensées.

          ND . Je n'ai pas pu visiter le cimetière juif situé dans un quartier " sensible ", mais j'en ai fait part au Consul Général qui m'a informé de la présence d'un représentant du Consistoire à Alger. A voir ce qui peut être fait, aussi, pour les cimetières de nos compatriotes.

Eric-Hubert WAGNER
Le Port, à la Réunion la bien-nommée.
eric.h.wagner@wanadoo.fr

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Association ln Memoriam Annaba
*Flash d'information" du 20-09-2003

Assemblée Générale Constitutive le 19 Mal 2001, dans les locaux du Consulat Général de France à Annaba : une trentaine de membres de la communauté française d'Annaba.

Association agréée par le Ministère de l'Intérieur Algérien le 3 Mars 2003, statuts publiés: cet agrément permet d'activer légalement, percevoir des cotisations, recevoir des subventions ou des dons...

Conseil d'Administration de cinq membres : Mesdames Mari-Madeleine Chabou, Marie Ménar, Messieurs Laurent Borcher, Bernard Gassiot, Sabri Méle.

Bureau de quatre membres:
          - Président: Monsieur Sabri Méle,
          - Vice-Présldent: Monsieur Bernard Gassiot,
          - Secrétaire Générale: Madame Marie Ménar,
          - Trésorier : Monsieur Laurent Bercher.

Objet:
Sauvegarde des sépultures civiles, entretien régulier des cimetières de la circonscription consulaire d'Annaba, c'est à dire pratiquement tout le territoire de l'ancien Département de Constantine quand l'Algérie était divisée en trois Départements.

Programme :
Première priorité, veiller à l'entretien des cimetières des grandes villes, en tout, premier lieu Annaba, vu sa proximité du Consulat, ensuite ceux des villages de la circonscription consulaire,
Deuxième priorité :
          - Première étape : recensement des cimetières par commune, obtention copie des registres,
          - Deuxième étape : visite sur place et recensement des tombes
A terme, si possible regroupement des cimetières des villages pour créer un mémorial dans des cimetières sélectionnés, ceux des grandes villes, chef-lieux de wilayas: Annaba, Batna, Biskra, Constantine, Guelma, Khenchela, Jijel, M'sila, Souk-Ahras, Sétif, Tébessa.

Action à inscrire dans la durée avec la confiance et le soutien des familles :
          - Faire connaître l'association "ln Memoriam Annaba", son programme d'action, ses coordonnées postales,
          - Inviter tous ceux dont des membres de la famille sont enterrés ici à se mettre en contact avec nous, et à nous soutenir par toutes les informations qu'ils pourront nous apporter, toutes les bonnes volontés et les bonnes idées sont, bien sûr, attendues avec joie.

Ressources: le temps libre des membres actifs, tous bénévoles. Selon la Loi, les budgets des Communes pour tous les cimetières sont limités (gardiennage, mur d'enceinte), en principe tout l'entretien à l'intérieur de la clôture est à la charge des familles (seules ou regroupées en Association), notamment celui des tombes.

Moyens financiers de l'Association, Cotisation annuelle minimale de 300 DA pour être membre, de façon à permettre à un Maximum de personnes de se solidariser. Les Dons et Cotisations d'un montant plus important sont acceptés. Tout Don et Cotisation fait l'objet d'un "Reçu", tout membre de l'Association peut connaître de la situation financière.

Association "IN MEMORIAM ANNABA"

Objet de l'Association : Veiller sur les sépultures civiles des ressortissants français relevant du Consulat d'Annaba.

Adresse Postale: Association ln Memoriam Annaba C/c Consulat de France
          Rue Gouta Sebti Annaba, B.P. 347 Annaba R.P., DZ, 23000 Annaba - Algérie
          Télécopie: (213) (0).38.86.05.94

Comptes Bancaires: au nom de "'IN MEMORIAM ANNABA" chez C.P.A., Crédit Populaire d'Algérie
          - Compte Devises : N° 201.457.39,462.41 / clé 36
          - Compte D.A. : N° 201.418.39.462.11 / clé 94

Activités 2003: - Agrément du Ministère de l'intérieur N° 03-03 du 3 Mars 2003.
                    - Assemblée Générale du 15 Mai 2003:
          Confirmation du Bureau de l'Association,
          Fixation du montant de la cotisation annuelle (minlmale), 300 DA
          Engagement de ta campagne d'adhésion : au 31 Août, 35 cotisants, pour 32.600 DA, et 50 €
                    - Contacts avec les Associations de solidarité en France: A.S.CA., ACEP (Revue Ensemble), etc.
                    - Cimetière chrétien d'Annaba:
          * Nettoyage en fonction du budget alloué par le Consulat de France et des moyens mis en oeuvre par l'APC d'Annaba
          * Recensement des Tombes.

Pour plus d'informations, contacter le Bureau :

Lieu de réunion : Local des Associations, Consulat de France, Annaba


RAPPEL
Le Génocide d'ORAN 5 Juillet 1962
Communiqué de M. Jean Pierre Rondeau

Il y a quarante et deux ans, le 5 juillet 1962, plusieurs milliers d'Oranais étaient massacrés dans les rues d'Oran pendant que l'Armée française, sous les ordres du général français KATZ, avait la consigne de ne pas sortir des casernes pour protéger les français qui en furent les victimes.

"15h15 -Je vois une longue colonne d'Européens qui remontent la rue, plus de quatre cent. Les visages sont durs, fermés, certains tuméfiés. La colonne est silencieuse. C'est un spectacle poignant."

C'est sur nous qu'ils tirent! par Serge Lentz texte extrait du Paris-Match n°692, du 14 juillet 1962. (Tiré du site : http://oran1962.free.fr ) .

En tant que Président des Anciens du Lycée Lamoricière d'Oran (ALLO), j'appelle, encore une fois, avec nos amis COLLIN Jean-François (ADIMAD), GARCIA Gérard (Algériannie) , LEVY Michel (GNPI), ROCHETTE Claude ( Association du 26 mars ) et, cette année, avec le soutien du CLAN, présidée par Monsieur le Ministre AUGARDE et des associations adhérentes en son sein,et de l'UNFAN représenté par son président Jean Paul SELLES.

à venir se recueillir le Lundi 5 juillet 2004 à 18 h 00
au pied de la statue du Maréchal Lyautey


Place Denys Cochin, derrière les Invalides, PARIS 7ème
( Carrefour Av Lowendal, Av de Tourville, Bd de la Tour Maubourg, Métro : Ecole Militaire )

Tous les intéressés et notamment l'ensemble des associations sont invitées à nous rejoindre sans aucune exclusive. Celles-ci pourront déposer une gerbe. De même, chaque participant pourra déposer une fleur ( dont il voudra bien se munir )
Jean-Pierre RONDEAU - jean-pierre.rondeau2@wanadoo.fr


Visitez les liens ci-dessous en cliquant sur les images

Carte de M. Grégori

LES ECHOS DIVERS
Par les VIGIES DU NET
1) L’augmentation des tarifs en serait la cause
Par Rubrique Radar

L’hôtel Seybouse déserté par les clients .

      Décidée il y a une quinzaine de jours par l’Entreprise de gestion touristique de l’Est (EGT/EST), l’augmentation des tarifs de toutes les prestations de l’hôtel Seybouse International (Annaba) a été très mal perçue autant par la clientèle traditionnelle de cet établissement que par ses propres employés.
      Les tarifs des chambres, des repas et autres consommations, qui étaient déjà trop élevés, ont été pratiquement doublés, entraînant une baisse de la clientèle.
      Des membres du personnel n’hésitent pas à affirmer que cette décision cache, en vérité, des objectifs inavoués : précipiter la faillite de cet hôtel au moment même où le dossier de sa privatisation est remis sur le tapis.
      Selon ces employés, cet hôtel devait être cédé à un investisseur libyen, mais les intentions des pouvoirs publics avaient buté sur l’intransigeance des syndicalistes de l’EGT qui ont fait valoir “les bons résultats” réalisés en 2002 et 2003 pour convaincre ces mêmes autorités de préserver le caractère parapublic de cet établissement.

(envoyé par Pierre Barisain)

2) Examens : le port du voile autorisé

Le 04 Juin 2004 Le Télégramme de Brest
L'interdiction du port ostensible de signes religieux à l'école ne s'appliquera pas aux candidats au baccalauréat, a précisé hier François Fillon.

« La loi s'appliquera dans l'enceinte des établissements scolaires (...) mais elle ne s'appliquera pas au bac et aux examens, ce qui est compréhensible du fait que le bac est ouvert à des élèves venant de tous les horizons » , a expliqué le ministre de l'Education .

NDLR: ET si ,comme en Afghanistan, on ne peut voir le visage ? Et si elles exigent d'être examinées par une femme ? Et si ,à l'épreuve de sport, elles s'activent avec le voile ? Et si ...? En réalité, on recule, avant même d'avoir appliqué la loi. C'est Munich en permanence...


4 juin 2004 / 13 h 27, Par l'AFP

Loi sur le voile : l'Onu demande à la France de ne pas exclure de filles de l'école

Le Comité des droits de l'enfant des Nations unies demande à la France de faire en sorte que la loi sur les signes religieux à l'école ne se traduise pas par l'exclusion de jeunes filles du système scolaire.

NDLR: Comme pour l'Algérie française, en son temps, l'ONU nous désavoue...

(envoyé par Pierre Barisain)

3) Délit de banalisation

L’Algérie profonde (Edition du 15/5/2004)
Par Farid Alilat

En Algérie, le Gouvernement "banalise" le terrorisme. Dans quelques années, on lui consacrera des noms de rues, des films et des livres. Ils n'ont qu'à demander la recette à De Gaulle, et ses successeurs. Ils ont laissé bâtir un califat par le fer et le feu. ( Bessif...).
Ne te demande pas pour qui sonne le glas !...

Éditorial (Edition du 6/6/2004) Liberté-Algérie

Les terroristes profitent du moindre moment d’accalmie pour porter des coups mortels. Et surtout, ils ne renoncent pas à leur idéal : bâtir un califat par le fer et le feu.

Il est tout à fait injuste pour leur mémoire et pour leurs familles éplorées que l’assassinat de 10 militaires n’ait suscité aucune réaction de la part des officiels algériens. Pas le moindre geste solennel de compassion pour les victimes. Pas une once de condamnation. Et le Chef du gouvernement, qui organisait, hier, une conférence de presse, n’a même pas évoqué le drame. Tout comme il est juste que la classe politique et la société se taisent devant un tel drame. 10 militaires ont été arrachés à la vie, autant de familles à jamais brisées, par des terroristes islamistes. Cela n’intéresse que quelques titres de la presse indépendante.
Le terrorisme est-il donc tombé dans une telle banalité pour ne susciter que l'intérêt des journalistes et l’indignation d’une poignée d’éditorialistes ?
Taisez-vous ! semblent suggérer les officiels. L’heure est à la grande fraternité avec les islamistes. L’heure est à la réconciliation avec les égorgeurs, l’heure est à la reddition.
Les pauvres militaires, patriotes, gardes communaux et policiers peuvent bien encore se faire trucider dans l’anonymat que cela n’empêchera pas nos gouvernants de préparer tranquillement le lit de la République aux intégristes. Bien sûr, dès lors que l’on a décrété que le terrorisme ne menace plus les fondements de l’État, l’on peut aisément tolérer un terrorisme résiduel qui emporte, mine de rien, une trentaine de personnes par mois. Bien sûr, ces victimes seront passées pour pertes et profits. Des cadavres à mettre en bas de la note de la réconciliation nationale.
Il est regrettable que nous n’ayons pas encore assimilé toutes les leçons de dix ans de lutte et de résistance contre le terrorisme.
Les terroristes profitent du moindre espace vide laissé par les résistants de tous bords pour l’occuper, ils profitent du moindre moment d’accalmie pour porter des coups mortels, ils exécutent à merveille le partage des rôles entre le politique et le militaire. Et surtout, ils ne renoncent pas à leur idéal : bâtir un califat par le fer et le feu.
Hélas, ils viennent encore une fois de nous le rappeler d’une façon extrêmement brutale, comme d’habitude. Dix militaires tués, mercredi, un chef de sûreté assassiné, samedi.

(envoyé par Pierre Barisain)

4) Jean Daniel honoré HIER
par l’université d’Alger

Par Rédaction de Liberte
Le 24 (Edition du 7/6/2004) Liberté algérie
Il a été fait docteur honoris causa

L’Université d’Alger a reçu, hier, un illustre journaliste et écrivain qui a marqué son siècle par des écrits et des prises de position audacieuses. Il s’agit de Jean Daniel, un enfant de Blida. Le président Bouteflika l’a fait docteur honoris causa de l’Université d’Alger sur proposition du conseil scientifique. Le ministre de l’Enseignement supérieur et celui de l’Environnement et de l’Aménagement du territoire ainsi que d’autres personnalités du monde politique et universitaire étaient présents à la cérémonie. Tahar Hadjar, recteur de l’Université, a, au cours de son allocution, souligné que ce titre est décerné à Jean Daniel en “reconnaissance de ses travaux et positions”. Jean Daniel a tout au long de sa vie combattu par la plume et la parole l’injustice et soutenu les causes justes. Et bien sûr, l’indépendance de l’Algérie. Homme de gauche, le Français et le Juif sont un exemple d’assimilation et de plénitude intellectuelle qui n’a pas cessé d’œuvrer pour rapprocher les hommes et les peuples entre eux et faire éloigner les différends et les guerres.
Journaliste à L’Express de 1954 à 1964, des écrits sur l’Algérie lui avaient donné une notoriété internationale. Après un passage au Monde, il a fondé, en 1964, Le Nouvel Observateur dont il est jusqu’à aujourd’hui éditorialiste et directeur.
Au plan littéraire, Jean Daniel a été prolifique en écrivant plusieurs ouvrages qui ont eu un succès de librairie et un retentissement international. Jean Daniel est l’ami d’un autre Français d’origine algérienne, Albert Camus, l’auteur du célèbre roman L’Étranger.
Il faut également rappeler que Jean Daniel était l’ami intime de Pierre-Mendès France.

NDLR: Avec un tel allié, nous leur souhaitons bien du plaisir.

(envoyé par Pierre Barisain)

5) Les Israëliens , eux au moins, s'apprêtent à accueillir leurs "rapatriés". Ils ne leur disent pas: " Dehors ! Les criquets !...".

13 juin 2004 / 11 h 23
UNE DÉCISION DONT LA VOCATION EST DE PANIQUER LES JUIFS DE FRANCE L'Agence juive et le gouvernement israélien lancent une opération de porte-à-porte pour persuader les Français juifs d'émigrer en Israël Par Maariv
Roger Cukierman, président du CRIF, proteste auprès de l'ambassadeur d'Israël en France

Le quotidien israélien révèle que le gouvernement israélien et l'Agence juive élaborent activement un plan visant à encourager des dizaines de milliers de juifs de France à venir s'installer dans les plus brefs délais en Israël. Selon ce plan établi jeudi dernier lors d'une réunion au plus haut niveau à Jérusalem, des centaines d'émissaires de l'Agence juive vont « prendre d'assaut » - c'est le terme utilisé par le journal - les quartiers de Paris, les banlieues et les grandes villes de France pour convaincre la population juive de « monter » en Israël.
Parallèlement, le gouvernement israélien entreprendra des démarches officielles en vue d'augmenter les aides en faveur de ces futurs « nouveaux immigrants » de France. À cette réunion, participaient la ministre de l'Intégration Tzipi Livné, le Président de l'Agence juive Salaï Méridor, le directeur de la Présidence du Conseil Eli Cohen et le délégué général de l'Agence juive en France, Menahem Gourary, qui a exposé les résultats d'un sondage réalisé par l'Agence juive au sein de la communauté et selon lequel plus de 30.000 juifs de France voudraient monter en Israël.

Le « Maariv » détaille les éléments principaux de cette opération, dont le nom de code est « Sarcelles d'abord ».
« Tout commencera à Sarcelles : ces émissaires feront du porte à porte grâce à des listes de membres de la communauté juive préparées à l'avance.
près Sarcelles, les émissaires de l'Agence juive se déploieront à Paris et sur les grandes villes de france. Où iront ces dizaines de milliers de nouveaux immigrants français en Israël ? Réponse : une « force de frappe » d'intégration conduite par le maire de Raanana (nord de Tel-Aviv) et regroupant les maires de la région du Sharon sera formée avec pour objectif d'intégrer ces juifs de France dans les villes de cette région.
Interrogé par le « Maariv », le délégué du Département de l'Alya (émigration) à l'Agence juive à Paris, Olivier Rafovitz a déclaré : : « L'atmosphère aujourd'hui en France est mûre pour l'Aliya. C'est quelque chose qui s'intensifie. Nous parlons cette année d'une arrivée de 3.000 juifs de France en Israël. Mais les chiffres ne sont pas importants. Nous savons que les juifs de France parlent de plus en plus de quitter le pays.

Le « Maariv » publie la réaction courroucée de plusieurs dirigeants de la communauté juive de France dont celle du Président du CRIF, Roger Cuckierman, qui déclare au journal : « Israël passe au-dessus notre tête, au-dessus du leadership de la communauté et j'ai l'intention de me plaindre très vivement auprès de l'ambassadeur d'Israël à Paris, Nissim Zvilli. Il faut se calmer : le gouvernement français fait tout son possible pour vaincre l'antisémitisme ( NDLR: Il fait comme Christian Fouchet au Rocher Noir: "Faites confiance à la France...Elle vous protégera ..."') avec notre concours et ce n'est pas le moment de provoquer une crise avec les institutions françaises ». Roger Cuckierman a dit douter de la véracité des chiffres cités par Menahem Gourary. Quant à Isou Rozenman, l'un des responsables de l'Union des Juifs laïcs de France, il qualifie la décision israélienne de « folle ». Dominique Strauss-Khan, élu de Sarcelles, qui a été interrogé par le « Maariv » s'est borné à déclarer qu'il ne connaissait pas la teneur de cette décision et « qu'il s'agissait d'une décision d'un gouvernement étranger ».

Traduit de l'hébreu par Daniel Haïk

(envoyé par Pierre Barisain)


Chroniques Saïdéennes

     Ce livre retrace la vie locale, d'une petite ville française , Saïda , du 1er janvier 1960 à fin juillet 1961, au travers de textes ,de près de 100 photos et bien sûr de coupures de journaux .La plupart des évènements y seront relatés avec quelques réflexions personnelles sur cette période agitée.
image de M. Robert Jesenberger

     Arthur Smet qui a été mon compagnon de route participe à cette brochure ,avec le talent que l'on lui connaît, grâce aux photos prises durant cette période .On y trouvera le commando Georges ( et notamment la cérémonie de remise des certificats définitifs de ralliement et le discours -à lire -du colonel Brunet, en cette période où l'on dénonce avec juste raison le sort réservé aux harkis ) ; l'histoire du 8ème RIM, l'épopée de sa 8ème compagnie lors des moissons de Sidi-Mimoun ; les originaux des discours des hommes politiques et des militaires ; les activités de la MJC et des clubs ( Dynamic , Flash, Patriote, Mappemonde , Fraternel );les conseils municipaux ; la vie sociale au travers de l'action menée par les comités du Mouvement de solidarité féminine , des SAS ;l'action contre le terrorisme et la rébellion ; les différents aspects de la vie sociale .Et aussi le dernier 14 juillet de l'Algérie française à Saïda .

     Un document qui doit montrer , je l'espère , au travers de ces dix huit mois , que l'échéance douloureuse que tout le monde sentait venir , n'avait pas diminué la vitalité de notre petite ville et de ses habitants toujours prêts à élaborer des projets et à donner de leur temps .
     En annexe quelques photos de la ville et un coup d'oeil sur l'album photos de Smet , avec des clichés pris dans le sud-oranais .
     Le prix de la brochure a été fixé à 13 euros +5,25 euros pour les frais de port .Commande à adresser à Robert Jesenberger 70 rue de Ceinture 72200 LA FLECHE .
image de M. Robert Jesenberger

SOUVENIRS
Pour nos chers Amis Disparus
Nos Sincères condoléances à leur Familles et Amis

Envoi de M. Jean-Pierre Rondeau

Décès du colonel Argoud, l'un des dirigeants de l'OAS

Le colonel Antoine Argoud, l'un des dirigeants de l'OAS pendant la guerre d'Algérie, est décédé jeudi 10 juin 2004 à Vittel (Vosges) à l'âge de 89 ans, a-t-on appris vendredi auprès de sa famille.

Né le 26 juin 1914 à Darney (Vosges), ce polytechnicien avait été l'un des plus brillants officiers de l'arme blindée, cavalerie (ABC) de son époque.
Chef d'Etat-major du général Jacques Massu en 1958 à Alger, le colonel Argoud, l'un des promoteurs de l'action psychologique, avait participé au putsch des généraux en avril 1961 à Alger.

Après l'échec de ce putsch, il s'était réfugié en Espagne et avait été condamné à mort par contumace le 17 juillet 1961. Il avait participé aux dernières actions de l'OAS (Organisation de l'armée secrète, contre l'indépendance de l'Algérie) jusqu'aux accords d'Evian en 1962.

Lors de sa fuite, il avait été enlevé par un mystérieux commando à Munich (Allemagne) le 25 février 1963. Il avait été retrouvé ligoté dans une camionnette à Paris le lendemain.

La Cour de sureté de l'Etat l'avait condamné à la détention criminelle à perpétuité en décembre 1963.
Amnistié en juin 1968, il était devenu expert-graphologue auprès du tribunal de Nancy avant de se retirer dans son village natal de Darney.

C'est lundi 14 juin à 15h en l'église de Darney 88260 département des Vosges qu'a été célébré la messe pour les funérailles du colonel Argoud.

Photo Armand Belvisi
Mort du Colonel Argoud
Un Grand Homme pour nous.
Qu'il repose en Paix.




Souvenir du Capitaine Claude Barrés

Son histoire et son sacrifice valent le détour

En vous rendant rendre hommage au Colonel Argoud à Darney, dans les Vosges, arrêtez vous à Charmes, ( sur la route Nancy-Epinal, à 22 KM avant d'arriver dans cette ville) et inclinez vous sur la tombe de la famille de Maurice Barrés.

Elle abrite le capitaine Claude Barrés, son petit fils, commandant la 5 ème Compagnie du 9 ème RCP, commandeur de la Légion d'Honneur à 34 ans, mort pour la France le 26 Mai 1959 au Djebel Harraba ( Zone Est Constantinois) sur la Frontière tunisienne.

Ses obsèques eurent lieu le 11 Juin 1959 à Charmes en présence du Général d'Armée Koenig.

Il s'engage dès l'age de 17 ans dans les FFL à New-York. Promu aspirant le 1er Décembre 1943, il est parachuté le 15 Août 1944 dans la région de Lyon sur les arrières de l'ennemi, puis à nouveau en Hollande, 2 fois cité.

En 1947, il part en Indochine où il se battra durant 5 ans, puis la Corée où il sera grièvement blessé. Son "courage légendaire', ses qualités d'"excellent entraîneur d'hommes" et de " magnifique officier de combat" en font une figure légendaire.

En 1958, il rejoint le 9ème RCP, sous les ordres de cet autre héros, le Colonel Bréchignac ( interné par De Gaulle). Celui ci lira à Tébessa, la dernière citation à l'Ordre de l'Armée, du Capitaine Barrés, 10 fois cité . Le général Koenig déclarera: " Il était de la même race que son camarade,le Capitaine Bourgin, commandant la Compagnie portée du 2ème REP, tué le 1er Mars 1959 en Algérie, et qui portait sur lui une prière dont voici ces passages:

"Seigneur, vous qui êtes né au hasard d'un voyage, et mort comme un malfaiteur, après avoir couru sans argent toutes les routes, celles de l'exil, celles des pèlerinages et celles des prédications itinérantes...
Tirez moi de mon égoïsme et de mon confort...
Seigneur, je voudrais être de tous ceux qui risquent leur vie.
Que, marqué de votre croix, je n'aie pas peur de la vie rude et dangereuse où l'on risque sa vie...
Les autres peuvent bien être sages, vous m'avez dit qu'il fallait être fou,
D'autres m'ont dit qu'il fallait conserver, vous m'avez dit de donner,
D'autres s'installent, vous m'avez dit de marcher et d'être prêt à la joie et à la souffrance, aux échecs et aux réussites".

Récitons sur la tombe de Claude Barrés un acte de foi en un temps où se décide l'avenir de la France et de la Communauté française. Il n'est pas possible que l'âme de Claude Barrès ne pèse pas lourd, très lourd et du bon côté de la balance où se jouent nos destinées...In paradisum deducant te Angeli...Chorus Angelorum te suspiciat". ( Fin de citation du Général Koenig.)

Barrès, Bastien-Thiry, Argoud: 3 Lorrains.






MESSAGES
S.V.P., lorsqu'une réponse aux messages ci dessous peut, être susceptible de profiter à la Communauté, n'hésitez pas à informer le site. Merci d'avance, J.P. Bartolini

Notre Ami Jean Louis Ventura créateur d'un autre site de Bône a créé une nouvelle rubrique d'ANNONCES et d'AVIS de RECHERCHE qui est liée avec les numéros de la seybouse.
Après avoir pris connaissance des messages ci-dessous,
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sur le site de notre Ami Jean Louis Ventura


De M. Marc Donato

Quelques mots pour signaler:
1 - qu'un Bônois mort en vol; militaire en 1944 va être honoré avec tout l'équipage auquel il appartenait prochaiment dans l'arrière pays niçois. Je vous tiendrai au courant.
2 - que les personnes qui vont procéder à l'inauguration d'une stèle en l'honneur de ces miliraires vont organiser quelque chose de très important et qu'ils recherchent tout particulièrement les descendants d'un des membres de l'équipage. Ils ont retrouvé un paquet de lettres qu'ils aimeraient bien remettre à ses descendants.
Je vous donne le signalement pour diffusion dans le réseau pied-noir du Constantinois.

Copilote : adjudant-pilote CASANOVA , né le 12 JANVIER 1914 à Constantine, Algérie. Engagé volontaire à Blida en 1934, affecté à Sétif en 35, Colomb-Béchar en 37, moniteur-pilote à Tafaraoui en novembre 43, à reghaia en décembre 43.
Sa femme, Mme Paule Casanova habitait encore en 1945 à Sidi Mabrouk, 19, Rue René Amia. Elle avait, en février 45, 3 enfants âgés respectivement de 5 ans, 2 ans et 8 mois.
En cas de retrouvailles, s'adresser à M. Marc Donato :
Adresse : marc.donato@free.fr
Ou directement au site à :
Adresse : jean-pierre.bartolini@wanadoo.fr


De M. Pierre Recher

Je recherche Di-Scala jean Pierre qui a fait le même jour que moi sa communion solennelle en la cadhédrale de Bône le 10.5.1951.
J'ai gardé précieusement une image offerte, il doit d'ailleurs avoir en sa possession dans son livre de messe un souvenir me concernant.
Je suis sur que nous allions tous les deux à l'école Victor Hugo, nous étions de bons camarades.
IL est important pour moi de retrouver des anciens amis de ce temps la.
Sur ce site de Bône, j'ai retrouvé une photo n° 105 école Victor Hugo 9ème 1950, le n°6 c'est moi Pierre Recher. SI Jean Pierre me reconnait qu'il me contacte.
Pour en terminer je tiens à dire que ma famille est très connue à Bône car mon pére Louis Récher tenait dans les années 1948/1953 le restaurant La Rascasse rue Caraman juste au début du cours Bertagna.
Merci par avance de votre aide.
Adresse : jpierre.recher@tele2.fr

De M. Aldo Riboni

A la recherche d’informations sur les cimetières européens situés en Algérie, et plus précisément celui de Bône, j’ai découvert notamment votre site et l’ai parcouru avec parfois beaucoup de difficultés tant les larmes inondaient mes yeux à la lecture de certains récits et témoignages, à la vision insoutenable de certaines photographies (cimetières).
Tout d’un coup, j’ai été pris de boulimie : imprimant de nombreuses pages et photos, souvenirs d’une époque révolue mais dont certains détails que je croyais oubliés venaient de ressurgir de ma mémoire.
J’ai vécu depuis ce 4 juillet 1962 dans l’oubli total de ma terre natale et de cette ville qui a été le berceau des dix premières années d’une enfance, malgré tout, heureuse.
Ainsi, j’ai « revu » ce quartier BEAUSEJOUR où nous habitions entre la rue Jules Védrines et la rue Deutsch de La Meurthe, les yeux fermés, comme dans un rêve, depuis le Bld de Narbonne, juste après le Majestic, j’ai pris à droite la rue Clément Ader, puis à gauche la rue Nungesser et Coli et à droite la rue Jules Védrines pour prendre ensuite plus haut sur la gauche les grands escaliers qui desservent notamment en leur fin, tout en haut, trois maisons : la villa « Jocelyne », la villa « Charline » (prénom de ma sœur) et la villa ??? (ATTARD).
Comme j’aimerais encore pouvoir faire ce chemin… Et puis, je me suis rendu compte que je ne connaissais rien de cette ville, de son histoire. J’ai pu combler ces lacunes depuis. Passionné de livres anciens, et habitué des brocantes et marchés aux livres, je recherche désormais tout ce qui concerne l’histoire de l’Algérie et plus précisément de Bône, cartes postales, etc…
      - Merci à Jean-Claude PAGANO (photo saint-Augustin CE1 58/69) à sa gauche, ma cousine germaine Elisabeth ENGEL dit Babeth.
      - Merci à Patrick GERIN (photo « école Beauséjour »
      - Merci à Philippe TAUZIN (photo « Beauséjour CE2 59/60 » Je me souviens bien sûr de Monsieur GAHUZER et de son accent du sud-ouest ainsi que de l’attaque de cette école. Mais aucun souvenir de mes copains de classe, et très peu de mes camarades de jeux. Je me souviens juste de quelques noms « ATTARD, BUGEJA José ». C’est trop triste !
Merci à vous Monsieur BARTOLINI et à vous tous qui m’avaient permis de rêver. Merci pour ces moments de bonheur, même si quelques larmes de tristesse sont venues les entacher. Un grand merci pour m’avoir permis de trouver les renseignements que je recherchais initialement.
J’ai pris contact avec Monsieur Sabri MELE de l’association IN MEMORIAM ANNABA afin d’être renseigné sur l’état de la sépulture de mon père décédé en 1954 et les travaux de réfection que je souhaite faire entreprendre si nécessaire.
Je désespérais car je n’ai reçu aucune réponse à ma lettre du 14 janvier 2004 et un rappel du 1er mars 2004 faxé au consulat est resté également sans réponse.
Je m’en étonne d’autant que je m’engageais à prendre en charge les frais de remise en état dans leur totalité. Mais, grâce à un ami originaire d’Annaba, le caveau familial a pu être localisé, nettoyé et photographié fin mai 2004 (il est intact, mise à part la croix qui a disparu).
Notre maison porte toujours son nom « villa Charline ».
Merci, grâce à vous, j’ai retrouvé mes racines, ma ville, ses quartiers, ses rues, ses plages, des souvenirs que je croyais oubliés.
Adresse : aldo.riboni@wanadoo.fr

De Mme Royer

C'est à l'occasion des 80 ans de mon grand père BOSCO Nicolas que je me suis plongée dans la recherche de personnes qui auraient connu ma famille qui habitait Bône.
Mon arrière grand père BOSCO Jean Baptiste dit Jeanno était transporteur. Sa femme s'appelait Marie Françoise PINTA. Ils ont eu deux enfants Paule et Nicolas. Mon grand père aprés avoir travaillé comme transporteur a tenu différentes affaires dont un dancing "le tout va bien" il me semble. Toute la famille habitait prés de la colonne RANDON.
Mon grand père a comme vous tous une grande nostalgie de son pays et seul le fait de parler et de partager soulage sa blessure. Ma mère aussi a ce sentiment de déracinement. Elle s'appelle Marie thérèse Bosco.
Si des personnes ont connu ma famille BOSCO, PINTA, COSSU qu'ils n'hésitent pas à me contacter ça sera le plus beau cadeau que je pourrait faire à mon grand père de 80 ans.
Merci pour votre site et j'espère à bientôt.
Adresse : canet.royer@wanadoo.fr

De M. Elie El Baze

Recherche information sur la famille Elbaz partie en 1960 et la famille Seyman dont une partie a rejoint la France en 1930, toutes deux de Bône.
Avec mes plus vifs remerciements.
Adresse : gila.el-baze@wanadoo.fr

De M. Jacques Vassieux

Je viens de découvrir par hasard votre site consacré à notre chère ville de Bône.
Je suis extrêmement ému. Revoir des photos de là-bas, relire des noms de rues, de sportifs, de Bônois.
Mon père qui vient de nous quitter aurait tellement été heureux de parcourir votre site... J'en ai les larmes aux yeux.
Je suis né à l'hôpital de Bône le 15 février 1951 de Robert VASSIEUX et de Suzanne BUONOMANO. Nous avons habité les Lauriers Roses, La cité JUANOLA, le Pont Blanc... Mon Grand-Père, Alphone VASSIEUX, dit Fanfan,était directeur des Pompes Funèbres Générales de France.
Je suis allé à l'école de l'Elysa jusqu'en 1962.
Mes copains s'appelaient Guez, Zanna, Mifsud,... Un de mes instits était M. GRANIER, le directeur c'était M. APAP... Il faisait du catch, il était très sympa.
Mes cousins s"appelaient DI ROSA Louis, Sauveur, Jean et ATTARD Laurent, Francis, Pierre.
J'aimerai tant retrouver des copains pour évoquer nos souvenirs.
N'hésitez pas à transmettre mon adresse e-mail.
Merci encore pour votre fantastique travail. BÔNOISEMENT VOTRE
Adresse : jjacques.vassieux@wanadoo.fr

De Mme Anne-Marie Berger

En Ardèche,j'ai noté quelques messages de recherche:
Mr Maxime MARINI recherche Mr SCHIANO Joseph enseignant.
Mme MARINI Jacqueline recherche Anne-Marie DUMAY élève au Lycée Mercier.
Contacter :Anne-Marie Berger qui transmettra.
Adresse : amye.berger@club-internet.fr

De M. Jacques Ben

Bouteille à la mer.
Mon beau frère Yvan Carré, Callois d’origine, vient d’être victime d’une attaque cérébrale, et a perdu l’usage de la parole, ainsi qu’une partie de la mémoire.
Restant capable de lire de petits textes, j’ai pensé que de recevoir des nouvelles de personnes qui l’ont connu, ne pourrait qu’apporter un petit plus à son état de santé.
Aussi je me permets de diffuser ce message espérant qu’il trouvera un écho favorable.
Je suis également ouvert à toute proposition d’action à laquelle je n’aurais pas pensé.
Espérant, pouvoir par vous tous, prouver que la solidarité pied noir n’est pas un vain mot, je vous prie d’accepter mes remerciements.
Pour prendre contact avec moi :
Adresse : Stefanig@pt.lu

DIVERS LIENS VERS LES SITES

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De M. Jean Pierre Bartolini

RECHERCHE DE DOCUMENTS:
De même, je serais preneur des N° "de la Dépêche de l'Est", de la "Seybouse"
ou de tout autre publication Bônoise ou pas, comme : "Le Réveil Bonois"; " Le Ralliement"; "L'Indépendant de Constantine" ; "L'Oasis" ; "L'Akhbar" ; "Le Morbacher" ; "Le Courrier de l'Algérie"; "Le Commerce Algérien, de Sétif" ; "Le Sémaphore" ; "La Gazette des Abonnés" ; "L'est Algérien"; "Le Mahouna" ; "Le Progrés de l'Algérie" ; "Le Zeramna" ; "L'Electeur Libre" ; "Le Potache" ; "La Démocratie Algérienne" ; "La Dépêche de Constantine" ; "Démocratie" ; "Dépêche de l'Est" ; "Le Courrier de Bône" ; "La Liberté" ; "Le Petit Bônois" ; "Le Bônois" ; "L'Impartial" ; " Echo de Bône" ; "La Gazette Algérienne" ; "L'Avenir de l'Est" ; "Echo d'Hippone" ; "La Petite Revue Agricole" ; "Le Chêne Liège" ; "Les Clochettes Bônoises" ; ETC...
"Le Calvaire des Colons de 1848" de Maxime Rasteil.
Ces recherches sont faites pour sauvegarder numériquement, et faire connaître notre passé. Ce site en fait foi.
Il va de soi, que ces journaux devront être mis en lieu sur, accessibles facilement à tous (toutes communautés confondues d'hier et d'aujourd'hui).
Seules la connaissance et la diffusion permettront la sauvegarde de notre mémoire, de rétablir des vérités et de montrer au Monde que nos communautés vivaient trés bien ensemble.
Je remercie d'avance tous les chercheurs.


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MISE A JOUR DES RUBRIQUES
  1. Dans quelques jours la mise à jour de plusieurs pages, ainsi que des nouvelles pages

LES MÉTAMORPHOSES DU MÉROU
Envoyé par M. Gabriel Chaudet
Paru sur la Revue "Trait d'Union" N°48

Ensemble, une dernière fois,
rions un peu ... comme "là-bas"

Un mérou surnommé Prosper,
Dans les fonds poissonneux de Port-Cros subsistait.
Bien nourri, protégé, prospère,
Solidement niché dans roc qui l'abritait.

Il se savait royal poisson,
Et sa robe faisait sa fierté.
Il se nourrissait de langoustes et chapons
De poulpes, sépias, merlans et sparidés
Qui passaient à proximité.

Dans ses longues heures de veille, il songeait
A sa chance exceptionnelle
Qui lui avait fait goûter
A d'anciennes amours femelles.

Et quand l'âge avança, après nombre d'années,
Devenu mâle et séducteur, sans cesse il pourchassa
Maintes femelles en rut et comme abandonnées,
Qui venaient dans sa grotte exhiber leurs appâts.

Combien d'hommes et de femmes voudraient te ressembler
Savourer des deux sexes, tour à tour les plaisirs.
Et partir un beau jour, avec de longs soupirs,
Vers les Champs Elysées de la félicité.

Image Trait d'Union N° 48
(Bref extrait d'un recueil de fables intitulé 'Fables marines' publié en avril 2000 par notre collègue Lucien Patania, ex. Guyotville - Bandol Sanary).


Vous venez de parcourir cette petite gazette, qu'en pensez-vous ?
Avez-vous des suggestions ? si oui, lesquelles ?
En cliquant sur le nom des auteurs en tête de rubrique, vous pouvez leur écrire directement,
c'est une façon de les remercier de leur travail.

D'avance, merci pour vos réponses. ===> ICI


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