N° 201
Janvier

http://piednoir.fr
    carte de M. Bartolini J.P.
     Les Bords de la SEYBOUSE à HIPPONE
1er Janvier 2020
jean-pierre.bartolini@wanadoo.fr
http://www.seybouse.info/
Création de M. Bonemaint
LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD
se trouve dans la page: La Seybouse,
Écusson de Bône généreusement offert au site de Bône par M. Bonemaint
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EDITO
  2020 est arrivée !    

         Chères lectrices, chers lecteurs, une année bien remplie s'est terminée alors que commence la nouvelle année.
         La Seybouse, ses fidèles collaborateurs, que je remercie chaleureusement, et son webmaster vous présentent leurs vœux, de bonne et heureuse année et de bonne santé, les plus sincères.
         Que tous vos résolutions, vos passions, vos projets, petits et grands, se concrétisent.
         Que vous puissiez, dans la sérénité, surmonter les difficultés qui vous préoccupent.
         Que vos espoirs s'ouvrent, sous les meilleurs auspices, sur des perspectives porteuses d'avenir pour vous-mêmes et vos proches.

         Aussi émettons nos Vœux les plus chers, pour notre communauté, afin que soient, sur cette terre d'exil, bannies à tout jamais, la colère des hommes, la misère sociale, les souffrances physiques et morales, l'injustice, l'hypocrisie, la jalousie, la méchanceté, la bêtise humaine, l'indifférence, la discrimination, l'intolérance, auxquels nous devons encore faire face plus de 50 ans après notre exode.

         Vous me direz que de vœux pieux qui malheureusement mettront certainement encore des dizaines d'années pour se réaliser, si l'on veut bien admettre qu'il nous est permis de rêver d'accéder un jour à cette grande et généreuse sérénité au bénéfice de tous sans exception pour la reconnaissance de ce que nos ancêtres ont réalisé en Algérie.

         J'en profite également pour vous remercier de vos visites quotidiennes, hebdomadaires ou mensuelle. Réaliser la Seybouse me passionne toujours autant car c'est mon adrénaline et vous, lectrices et lecteurs, êtes ma source d'inspiration et de motivation première.

MES VOEUX LES PLUS CHALEUREUX
BONNE ET HEUREUSE
ANNEE 2020

Jean Pierre Bartolini          
        Diobône,         A tchao.

Carte créée par M. Henri Pallés d'Oran en compagnie de "Camembert et Va et vient"


2019 CRÊCHES et TRADITIONS
Envois Divers

Crêche de M. Lucas





Crêche de M. zammit avec Saint Augustin



Saint augustin en santon


Crêche de M. Lunardelli avec le blé

Crêche de Jeannine




JOYEUX NOËL
Par Hugues Jolivet


             Jour de Fête des Chrétiens, car Joseph et Marie
             Offrent, à l'Humanité, le Messie attendu !
             Youpi, disent les enfants, leur attente assouvie,
             En courant au sapin, qu'y a-t-on suspendu ?

             Un jouet mécanique ? Une tablette numérique ?
             Xylophone et mailloches pour le fan de musique ?

             Nous pensons à nos vieux, en Maison de Retraite,
             Où une visite s'impose, quand ils sont dépendants.
             En famille, en vacances, une promenade parfaite :
             Les Marchés de Noël pour un ultime présent !
            

Hugues JOLIVET
Noël 2019
 


 " L'effacement de l'Eglise en Algérie ",
par Jean-Boisson-Pradier, 1968 :
Envoyé par M. Piedineri

         " Les événements, inscrits dans l'Histoire, ont montré et montrent que ces catholiques qui ont aidé les nationalistes algériens à conquérir leur indépendance ont, en définitive, contribué à l'effacement de l'Eglise en Algérie.

         C'est là l'une des conséquences les plus tragiques de cette " collusion " puisque les faits prouvent qu'en quelque sorte les catholiques ont fait eux-mêmes leur propre malheur.

         Cette conséquence aurait dû préoccuper ceux des Occidentaux qui ne sont pas communistes et qui, par-delà telle ou telle croyance, telle ou telle forme de pensée, se rattachent à une certaine idéologie. Elle aurait dû, en particulier, bouleverser les catholiques, qu'ils soient de droite ou de gauche, de France ou d'Italie, d'Allemagne ou d'Espagne.

         Or, à de très rares et très courageuses exceptions près, cette situation n'a été abordée qu'avec beaucoup de discrétion, comme si une pudeur tardive et une honte soudaine retenaient l'aveu.

         Il aurait été pourtant normal que chacun prit conscience de ce drame qui le concernait personnellement. Car qui pouvait rester insensible devant le fait que, depuis l'indépendance de l'Algérie, l'Eglise n'ait cessé de reculer au point d'avoir pratiquement disparu, après tant d'années de présence.

         Cette présence s'exerçait d'abord par le million d'Européens répartis à travers toute l'Algérie. Dans chaque ville, dans chaque village, il y avait une église, un prêtre, des fidèles. Ainsi, dans un pays essentiellement islamique, l'Eglise avait-elle réussi à s'implanter solidement.

         Cette présence, qui s'étendait à toute l'Algérie, était extrêmement importante pour l'Eglise. Son intensité, son dynamisme, son efficience correspondaient en effet à la doctrine évangélique qui incite l'Eglise à s'implanter et à se développer à travers le Monde. Or, en Algérie, cette implantation et ce développement avaient été réussis avec un succès certain dû à l'importance numérique et à la vitalité intellectuelle de la communauté européenne qui s'y était établie.

         L'Histoire avait démontré cette nécessité d'une présence fortement marquée. Sous les Romains, l'Eglise avait connu en Algérie un essor extraordinaire. L'Algérie donne ainsi à l'Eglise un pape, des évêques, des dizaines de milliers de fidèles autochtones, des saints même, dont le plus illustre sera le grand saint Augustin qui, comme tous les chrétiens de ce lieu, était de race berbère.

         Vinrent les invasions des Vandales et des Arabes qui étouffèrent totalement l'Eglise en détruisant les lieux de culte et en massacrant ses adeptes. Cet étouffement dura plus de dix siècles. En s'implantant en Algérie, en 1830, la France permit à nouveau à l'Eglise d'y vivre et de s'y développer. Le 5 juillet 1830, le Pape faisait d'ailleurs célébrer par un " Te Deum ", à Saint-Pierre, " la résurrection de l'Eglise d'Afrique " et le cardinal Pacca déclarait : " Je puis mourir maintenant que mes yeux ont vu se redresser le siège de saint Augustin. " (...)

         Ainsi grâce à la présence française avait été réussie en Algérie une implantation solide de l'Eglise dont le caractère universel se trouvait établi tel que le souhaitait la doctrine évangélique qui demeure l'inébranlable base. (...)

         L'octroi de l'indépendance à l'Algérie a fait que le million de Français y habitant fut obligé de quitter précipitamment ce territoire.

         Ainsi la plupart des églises ont-elles été fermées et la plupart des prêtres sont-ils partis.

         Plus de fidèles, plus d'églises, plus de prêtres. Une nouvelle fois l'Eglise disparaissait brutalement de l'Algérie, chassée par le vide qui l'engloutissait. "

Jean-Boisson-Pradier, L'Eglise et l'Algérie,
Etudes et recherches historiques,
Paris, 1968, p. 295-297



PHOTOS DE BÔNE
Envoyées par M. Jacky Béna
   
VUES AERIENNES
LE PORT


BEAUSEJOUR



STADE - CIMETIERE EUROPEEN


SAINT AUGUSTIN



VUE GENERALE

Sur la vue générale, on voit non seulement le cours Bertagna mais aussi au fond la cathédrale, le lycée Mercier et les Santons. A droite, la place d'Armes.





Le Vieil homme et l'enfant
ECHO D'ORANIE - N°280

         C'est un petit village en haut de la vallée
          Où les jours, les saisons s'écoulent tranquillement,
          A la faveur du temps... qu'on aimerait arrêter...
          Car la vie qu'on y mène est un enchantement.
          Là sont inscrites mes plus belles années, celles de mon enfance,
          Empreintes de bonheur près de mes grands-parents.

         Je les revois encore... Elle, petite femme tout de noir vêtue,
          Affairée aux fourneaux dès tôt le matin, pleine d'entrain.
          Lui, mon grand-père "Popaul" comme on l'appelait,
          Ce monsieur à casquette, superbe moustachu, qui fut brave "Poilu".
          Revenant de ses vignes éreinté mais serein.
          Mes plus doux souvenirs... c'est d'eux que je les tiens !

         Dans ce petit village au creux de bois de pins,
          Aux larges coteaux de vignes, aux figuiers odorants,
          C'est là que j'ai grandi et vécu mes plus heureux printemps.
          Ma grand-mère, "Grany" comme je la surnommais,
          Est toujours en mon cœur, malgré l'absence depuis de longues années.
          De grand-père j'ai gardé des images, des moments et aussi des silences...

         Des instants de tendresse, près de lui devant la cheminée...
          Mais les plus attachants, ceux qui me hantent, me tiraillent,
          C'est ce calme vieillard assis sur sa chaise de paille,
          Absorbé, minutieux à tirer d'une botte de longues tiges d'Alfa
          Qu'il tressait adroitement, devant le vieux portail,
          Aux beaux jours... c'était sont passe-temps.

         Il murmurait tout bas, pour lui seul, feignant d'ignorer ma présence.
          Je le regardais nouer inlassablement les fragiles brindilles,
          J'admirais l'agilité de ses grandes mains burinées et sa patience,
          Quand l'objet désiré prenait forme... sans fil, sans aiguille,
          Cet artiste de grand âge avait des doigts de fée,
          Pour tresser des paniers, des corbeilles de mille utilités.

         Bien des années sont passées... le vieil homme n'est plus.
          Exilé de ses vignes, de son village, de son natal pays...
          A un nouveau destin, sur une nouvelle terre, il n'a pas survécu.
          Mais en moi il demeure comme un précieux trésor, ce petit paradis
          Que j'entrouve quelquefois, quand mon coeur grelotte...
          Alors je les rappelle à moi, je les retrouve aussi présents
          Et je les aime aussi fort que quand j'étais enfant,
          Mes chers grands-parents, dans notre petit village tant regretté qui s'appelait
         
BELLE-CÔTE.

Mme ROUAVROUS-EYMARD Chantal
34290 VALROS - MOSTAGANEM



LE MUTILE N° 9, 1916


UNE BELLE FIGURE
Le Général Nivelle

        Nous avons la bonne fortune d'avoir comme chef de notre beau 19e Corps, le général Nivelle qui fut généralissime des armées françaises et mérita la reconnaissance infinie de la nation pour sa haute science militaire et les coups redoutables qu'il portait à nos ennemis.
       Nous, nous faisons un plaisir de donner à nos lecteurs quelques lignes biographiques du grand chef qui travaille en silence à la haute mission que le gouvernement de la République lui a confié dans L'Afrique du Nord.

        Né à Tulle (Corrèze), le 15 octobre 1858, petit-fils et fils d'officier, il était destiné, dès l'enfance, à porter l'épaulette.
        Il entra à l'Ecole Polytechnique, puis suivit en qualité de sous-lieutenant d'artillerie,
        Les cours d'application de Fontainebleau pour aller ensuite s'instruire de la cavalerie à l'Ecole de Saumur.
        Revenu à son régiment, le 4ème d'artillerie à Bourges, il prépara l'Ecole de Guerre et s'y présenta avec succès.
        Pourvu du brevet d'état-Major avec des notes des plus élogieuses cet officier d'élite saisit toutes les occasions qui s'offrirent à lui de servir, outre-mer.
        Parti pour l'Afrique Septentrionale d'abord, ensuite après un séjour à l'état-major de l'armée, il participa à l'expédition de Chine en 1900-1901, et passa la plus grande partie de sa carrière militaire en Algérie, à Oran, enfin à Alger, où il était chef d'état-major de la division.
        Entre temps, il fut détaché auprès du général Voyron, membre du Conseil Supérieur de la Guerre.
        Cet officier complet chez qui se rencontrent, harmonieusement partagées, les forces et les habitudes de travail et d'action était, au début de la grande guerre, colonel commandant à Besançon le 5ème régiment d'artillerie à la tête duquel il partit en campagne et se distingua déjà particulièrement.
        Voilà ce que dit de lui M. G. Nordmann si bien qualifié pour prétendre au droit d'analyser les qualités d'un chef.
        "Le colonel Nivelle est le type le plus accompli du " chef " que j'aie rencontré dans cette guerre, du chef tout court, mais surtout du chef français en qui les qualités militaires et viriles se teintent harmonieusement d'humanisme.

        ."Grand, solide cavalier, intrépide, silencieux, avec une belle tête noble et grave, un sang-froid et un calme étonnants sous la mitraille, il s'est couvert de gloire à la bataille de la Marne. Il est adoré de tout le régiment ne laissant à personne le soin de faire des reconnaissances, d'aller juger des effets du tir dans les tranchées de première ligne, toujours en route dans les batteries, Il a, sur toutes choses, des idées, aussi justes qu'originales.
        "Par exemple, il professe, contrairement à l'opinion courante sur le front que jamais autant qu'en temps de guerre, les marques extérieures de respect ne sont indispensables des hommes au chef car c'est l'heure où, plus que dans le paisible formalisme de la vie en garnison, le chef a besoin de tout son prestige sur ceux qu'il commande.
        "Tel est le général Nivelle. Il a de l'ascendant, de la méthode et de la suite, de l'inspiration, de la sérénité, la force d'âme et le caractère, ces rares vertus sans lesquelles les plus beaux dons ne sont rien. "
        Avec un tel chef, nos belles troupes d'Afrique sont en de bonnes mains, aussi la France peut-elle compter sur lui en toute confiance.
        Disons, pour terminer, qu'à notre humble avis, un chef qui fait montre de telles qualités et qui a donné de si hautes preuves de sa science militaire, est tout qualifié pour un haut commandement aux armées et que nous le verrons bientôt guider, la marche victorieuse de nos glorieux soldats sur le Rhin via Berlin.

        N. D, L.R. - Cet article était composé avant la Victoire.

J. ASCIONE               


FALICON : CRECHE 2019
Par Hugues Jolivet
             Bâtisseurs passionnés d'une crèche monumentale
             Qui attire les touristes, telle une cathédrale,
             Pour la dixième année, nos fidèles créateurs
             Proposent le Renouveau aux nombreux visiteurs !

             Ce n'est pas Santa Claus que verront les enfants,
             Mais la fragilité d'un bébé innocent,
             Au cœur de Falicon, ce village haut perché,
             "La douceur de la vie", ce lieu tant recherché !

             Crèche azuréenne que l'équipe créative
             Affine, an après an, la rendant attractive,
             But d'une promenade familiale et joyeuse
             A l'annonce d'une naissance divine et radieuse !

             Merci à Marie-Jo et Muriel, les mains d'or,
             Aux ingénieurs François, Morghan, qui collaborent,
             A cette équipe unie nous offrant ce cadeau
             De Noël, cette Crèche géante, leur Credo !
            
Hugues JOLIVET
Noël 2019
 


Le brocanteur juif
ou le marchand de botilles
Types algériens
Envoyé par M. Christian Graille

                  Au milieu du brouhaha de la rue on distingue une voix dolente, nasillarde et traînante dont la finale semble ne devoir jamais s'achever dans une sorte de chant nasal. Y en a des boutilles !

                  Voilà ce que dit indéfiniment cette voix dont le possesseur est le brocanteur juif, espèce d'acheteur et de marchand de bric-à-brac indigène.
                  - Un large turban à la tête,
                  - un nez autant que ses doigts, crochu,
                  - une chemise sans col, ouverte sur le devant,
                  - par-dessus, un paletot court défraîchi ou
                  - une vieille redingote râpée, achetée de rencontre,
                  - aux jambes un serre bouffant retenu à la ceinture par une corde usée,
                  - des tibias nus et bronzés et
                  - des savates aux pieds,

                  Telle est la tenue la plus ordinaire du marchand de botilles algérien.

                  Il porte en outre sous le bras gauche une espèce de panier en osier à deux anses, de forme rectangulaire et destiné à contenir les objets de toute sorte qu'il peut obtenir à vil prix. Ce panier est transmis de père en fils pendant plusieurs générations et n'est mis hors d'usage que quand l'osier a tout à fait été rongé par le temps.
                  Pour mieux signaler sa présence le brocanteur juif se fait un porte-voix de sa main restée libre et crie autant qu'il peut afin de dominer le bruit de la rue. Il se tourne et retourne constamment de droite et de gauche, dirigeant fréquemment son rayon visuel vers les fenêtres et les balcons élevés d'où il espère être appelé par une ménagère à court d'argent cherchant à vendre une partie de son mobilier ou par un étudiant en rupture d'école qui désire bazarder de vieux bouquins poudreux pour en retirer de quoi faire une partie de noce.

                  Le plus souvent le brocanteur juif est suivi d'un autre compère, habillé à l'européenne celui-là et marchant derrière clopin-clopant ; c'est presque toujours le bailleur de fonds. Ils se consultent avant de faire le moindre achat, en supprimant à l'avance le bénéfice à retirer, et décident entre eux s'ils doivent acheter ou non.

                  Ils excellent à trouver des défauts, quelques imperceptibles soient-ils aux objets qu'on leur soumet afin de les avoir à plus bas prix.

                  Ils trouveraient des défauts à un meuble neuf sortant de magasin. Ils vous jureront par le dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob qu'ils n'arrivent pas à gagner leur vie, ayant toujours une foule d'enfants à nourrir, qu'ils n'ont aucun bénéfice avec vous, les affaires allant si mal, et que s'ils vous achètent ce n'est que pour rendre service. Pour un peu ils vous feront croire qu'ils vous font l'aumône.
                  - Vieux meubles,
                  - vieilles ferrailles,
                  - vieilles bouteilles,
                  - ustensiles de ménage,
                  - vieux habits,
                  - souliers,
                  - livres, etc., etc.

                  Le brocanteur juif achète tout jusqu'à l'or et l'argent.
                  Tous ces objets sont entreposés dans un pêle-mêle pittoresque et fantastique dans une espèce de grand bazar qui a nom Bazar Mantout ou mieux Bazar Juif, attenant à la place de Chartres, véritable cour des Miracles où ces objets passent un dernier :
                  - lavage,
                  - polissage
                  - ou vernissage pour être ensuite revendus à un bon prix sur la place de Chartres, voire même en magasin.

                  Quand les deux copains ont fait une bonne affaire, ils s'acheminent tout guillerets et pliant sous le poids des objets achetés vers le fameux et légendaire bazar juif ; et là, sur un zinc d'un Yacoub ou d'un Bouchara quelconque, après avoir poussé la générosité jusqu'à inviter un troisième collègue. Ils absorbent pour deux sous, trois miquettes de mahia ou anisette juive de figues.

                  Et après avoir repris des forces, ils retournent de nouveau exploiter les pauvres gens besogneux.

Alger le 6 octobre 1892
J. Terzualli.
Les Annales algériennes (13-11-1892)


Le Moutchou
Envoyé par M. Christian Graille

               A chaque coin de nos rues d'Alger se trouve une espèce d'épicier indigène qu'on est convenu d'appeler moutchou.
               Êtes-vous embarrassé pour un achat quelconque, allez chez le moutchou et vous trouverez sûrement votre affaire :
               - toutes sortes de fruits et légumes,
               - des aiguilles,
               - du fil d'Alsace,
               - des objets de mercerie et d'épicerie etc., tout enfin jusqu'à
               - des bobèches dorées et
               - du papier à lettres bien blanc… avec enveloppes.
               En un mot, c'est un petit bazar universel.

               L'étalage et le décor au dehors sont à peu de chose près, partout les mêmes. En haut, suspendus à une longue tringle de bois, toute une série de couffins de différente grandeur sont rangés en ligne droite comme des sentinelles avancées.

               Par côté, quelques balais arabes pour la chaux et des balais de cuisine ornent le mur en compagnie de quelques éventails arabes aussi qui servent à raviver le feu. Autour une étagère en bois vermoulu et ne tenant plus guère que par un clou, s'étalent au premier rayon :
               - des choux d'un vert appétissant, au second
               - des bottes de radis ruisselantes, et enfin au troisième,
               - les salades de la saison.
               - Plus bas encore sont les autres légumes, fraternisant ensemble : les carottes avec les carottes, les navets avec les navets, et ainsi de suite.

               Enfin dans un petit baquet à moitié rempli d'eau est à tremper de la morue d'une fraîcheur plus que douteuse, et tout auprès baigne dans de l'eau, une poignée de pois-chiches.
               Voilà pour le dehors.

               Quant à l'intérieur de la boutique, c'est une véritable Babylone ; un amoncellement grotesque de fruits, légumes etc., qui rappellent en petit les halles immenses du ventre de Paris de feu d'Emile Zola.
               Le patron de l'établissement coiffé du turban est facilement reconnaissable à sa gandoura un peu moins tachée de charbon, d'huile, de pétrole et autres matières grasses.
               Il se tient derrière son comptoir occupé à rendre la monnaie. Le service est assuré par un autre confrère et un petit yaouled dont les vêtements sont enduits des matières graisses ci-dessus, au point d'en être luisants.
               Attenant au magasin du moutchou proprement dit est le magasin de charbon où se tient un autre yaouled en permanence. Il n'est pas rare de voir le yaouled ou l'associé, après avoir mesuré un litre d'huile ou de pétrole, avec les mains encore toutes imprégnées de ces liquides, peser une livre de riz ou un quart de gruyère.

               Malgré cela le moutchou de nos jours semble s'être civilisé. On ne voit plus dans sa boutique, appendue au plafond, au-dessus de la planche qui lui tient de comptoir, cette corde à nœuds graisseuse devenue noire par le frottement, et après laquelle le patron se pendait, tel un gros singe, pour sauter lourdement d'un côté à l'autre de son comptoir.
               Certains magasins mozabites ont été jusqu'à installer le gaz chez eux.

               Cependant le moutchou se multiplie pour satisfaire sa nombreuse clientèle distribuant d'affreuses grimaces qu'il prend pour des sourires, donnant par-ci par-là tantôt une figue, tantôt une datte à des enfants qui viennent acheter à seule fin de les engager à revenir.
               Il va parfois jusqu'à se permettre de pincer d'un air lutin la taille d'une jolie cliente tout en lui adressant, en mauvais sabir, un petit compliment flatteur, subissant sans broncher toutes les récriminations qu'on lui fait, tutoyant et mettant chacun à son aise, connaissant en un mot le secret de contenter tout le monde.
               Voilà comment le moutchou d'Alger est arrivé à faire une triple concurrence aux épiciers européens établis dans le voisinage.
Jacques Terzualli.
Les clochettes algériennes et tunisiennes (04-01-1903)


Le Moutchou
Envoyé par M. Christian Graille

                 Lequel d'entre vous, fils de cette terre ensoleillée, ne se souvient du temps heureux du Lycée, où sortant de classe, libres et l'esprit taquin, nous allions troubler la quiétude de son petit commerce maître Moutchou.
                 Moutchou en arabe signifie " garçon " car tous les officiants des boutiques mozabites, ne sont que des sous-ordres, des fondés de pouvoir du propriétaire Bata : Celui-ci, enrichi et retiré des affaires, promène dans la ville et à la terrasse des cafés, voir au Casino, la blancheur de ses burnous, il ne suit que d'assez loin le cours des affaires prodiguant aux jeunes débutants battah ses conseils et le fruit de sa longue expérience.
                 Nous ne nous occuperons que du vrai moutchou, du pur, de celui qui trône et officie dans la boutique.

Ce qu'est physiquement le Battah

                 On ne distingue d'abord :
                 - qu'un ventre, ventre énorme qui fait rêver !… sur lequel est tendu
                 - la gandoura bariolée et crasseuse, puis
                 - les yeux habitués… si l'on peut dire, à cette énormité,
                 - on découvre la tête bouffie, au teint jaune et huileux,
                 - lèvres lippues,
                 - nez épaté,
                 - le tout assez agréablement entouré d'un collier de barbe assyrienne.

                 Viennent les jambes ; imaginez deux piliers de cathédrale soutenant l'édifice, et vous aurez une bien pâle idée des mollets nus et imposants dont s'agrémente notre sire.
                 Je crois, et mon ami Paul Ehrem, le distingué spécialiste des maladies de jambes de moutchou, estime que ce développement anormal des mollets du Battah est tout simplement de l'éléphantiasis à l'état chronique et atavique.

                 Je vous signale en passant les pieds fort intéressants quant à leur forme et à leurs orteils drôlement relevés et provocants. Ils sont généralement chaussés de sandales spéciales qu'aucun autre être humain ne serait capable d'ajuster à son pied.
                 Ne croyez pas cependant que tous les moutchous soient gros et gras : il en est de squelettiques, de diaphanes, mais ils sont si peu nombreux que je ne crois pas devoir m'arrêter sur un spécimen qui n'offre aucun intérêt et qui d'ailleurs est renié et vu d'un mauvais œil par ses volumineux coreligionnaires.

Il vaut mieux dormir que…courir

                 Sédentaire, essentiellement commerçant, ayant horreur de tout ce qui nécessite un effort violent, le Moutchou guette du fond de sa boutique la pratique qui se laissera prendre au sourire cauteleux de sa face huileuse.
                 - Marchand
                 - charbonnier,
                 - boucher,
                 - il affectionne particulièrement le métier d'épicier où il excelle.
                 Là, le Moutchou s'étale dans toute sa splendeur ; il est né pour vendre des légumes, il vit dans cet idéal et y meurt.

                 Sous l'épaisse enveloppe que nous avons vu, une âme rusée et mercantile sait attirer à elle les ménagères par mille menus services :
                 - Battah porte à domicile les commandes,
                 - Battah fait de temps en temps de petits cadeaux,
                 - Battah vend à crédit,
                 Enfin toute chose que le commerçant européen ne consentirait jamais à faire.

Le sanctuaire trois fois saint

                 Entrez dans sa boutique ou plutôt essayez ; pas le plus petit espace de perdu, soigneusement empilées, rangées dans un contraste souvent comique, les marchandises les plus diverses voisinent :
                 - bocaux fêlés,
                 - tiroirs branlants,
                 - rayons vermoulus.
                 Tout est plein à craquer ; sacs bastionnant la porte , balais et couffins en portique ; un tout petit espace libre permet de se faufiler à l'intérieur, encore non sans avoir glissé sur les feuilles de salade et les pelures d'oignons qui jonchent le sol, voir s'écraser la queue d'un chat étique qui, las d'avoir cherché une imaginaire potence, s'est endormi contre une caisse.

                 Une fois dans la place, une odeur mitigée d'huile rance, de fromage râpé et de moisissures stagne dans l'atmosphère et vous surprend désagréablement ; les yeux encore mal habitués à la quasi-obscurité qui règne dans le sanctuaire, vous distinguez vaguement par-dessus le comptoir, dans l'arrière- boutique, des ombres s'agitant autour d'un quinquet (lampe à huile) fumeux : ce sont eux… les Battah pardi ! Des coups sourds vous parviennent, ils pilent… ils pilent on ne sait pas trop quoi dans des mortiers de cuivre, et les coups de pilon scandent quelque vieille cantilène du Mzab.
                 Le bruit que vous avez fait en entrant a fait se précipiter l'un d'eux, il arrive l'œil soupçonneux, mais, rassuré par votre bonne mine il se met en frais, s'agitant derrière son tabernacle et s'empresse de vous servir.

De la fâcheuse manière dont il entre en relation
avec la gente escholière

                 D'un naturel méfiant, et pour cause, il est en butte aux tracasseries de tous les gamins du quartier. Qui nous dira jamais toutes les niches dont le Moutchou est la victime le plus souvent passive.
                 Lequel d'entre nous ne se souvient d'un mauvais tour entre les mille autres qu'il a à son actif, où, dans un écroulement de sacs de pois chiches, dans l'effondrement de piles de salades et de paquets de carottes, le Moutchou furieux surgissait en apothéose, brandissant son couteau à fromage, vomissant des injures, maudissant vos aïeux jusqu'à la quatorzième génération.

Son âme… c'est le grand mystère

                 Vivant entre eux, ne frayant avec personne, les mœurs des Moutchous nous sont à peu près inconnues ; derrière le comptoir c'est le mystère ; que peut-il bien se tramer dans l'ombre propice des arrière-boutiques ?
                 Des légendes courent, on raconte qu'ils se rassemblent le soir, porte close, dans leur cave et là, assis autour d'une caisse, se livrent à de machiavéliques complots.
                 Personne à notre connaissance n'ayant encore pu pénétrer dans leur tanière, nous n'avons que des renseignements assez vagues sur leur vie domestique et la manière dont ils allaitent leurs petits.
                 Il arrive qu'on en rencontre en ville ; ils vont par deux… le soir, en cadence, traînant les pieds, se confiant d'un air grave le dernier cours des salades, hochant la tête en se frisant la barbe. Où vont-ils ?.?.?.?.?
                 Ah ! Moutchou !… éternel mystère
Marc Klein.
Alger Étudiants (Pâques 1925)


El tio Vicente
Envoyé par M. Christian Graille

         Avez-vous vu devant les terrasses de nos grands cafés un musicien d'origine espagnole, jouant du pandéro en compagnie d'autres musiciens plus ou moins aveugles ? C'est le tio Vicente, soixante-dix ans,
         - grand,
         - brun,
         - légèrement voûté par l'âge,
         - orné d'une forte barbe grisonnante qu'on laisse pousser en digne de deuil d'une épouse récemment décédée,
         Coiffé d'une casquette à visière de zéphyr qui le ferait ressembler si ce n'était l'âge à un gamin de Paris ou à un vendeur du Petit Journal, le tio Vicente semble avoir retrouvé ses jambes et son agilité de vingt ans quand il opère avec son pandéro. Le pandéro est un tambour semblable à un tambourin mais au cadre plus profond et plus large.

         Ce sont alors des contorsions impossibles à rendre. Par un tour de force et une adresse incroyable son pandéro heurte à la fois ses genoux, sa tête, ses coudes, et la pointe de son post-targum (postérieur) tandis que le tio Vicente évolue sur lui-même avec une agilité surprenante et exécute des bonds comparables à ceux de Baba-Salem.
         En le voyant se trémousser de la sorte, il est malaisé à croire que cet homme soit âgé de 70 ans sonnés.

         Mais le grand succès du tio Vicente est sa chanson du Général, qu'il chante en s'accompagnant du pandéro et qu'il est toujours obligé de bisser car on la lui redemande sans cesse.
         Il raconte dans cette chanson les exploits d'un Général espagnol qui s'illustra dans une campagne militaire par de hauts faits d'armes.
         Mais malheureusement pour le gros public, cette chanson est dite en espagnol, de sorte que les initiés seuls peuvent en comprendre le sens. Chaque couplet termine par ces mots que le chanteur détaille d'une voix chaude et vibrante : Qué viva ! Qué viva le Général !

         A la fin de chaque couplet aussi le tio Vicente imite une marche militaire, la marche du Général,
         - faisant de grands pas,
         - balançant de grands bras,
         - levant et baissant la tête d'un air des plus martiaux.
         L'illusion est presque complète et on croirait voir le Général en personne à la tête de son bataillon.

         A la fin de la chanson, le tio Vicente fait la quête dans un petit plateau en cuivre, faisant toutes les tables, ayant un mot flatteur pour chacun et trouvant toujours le sésame ouvre-toi pour délier les cordons de la bourse des consommateurs.
         La recette qui se fait passe toujours pour un bon quart dans la poche du tio Vicente, avant tout partage. C'est pour ces motifs que le tio Vicente, qui est un roué, choisit presque toujours ses compagnons parmi les aveugles ou peu s'en faut. Le tio Vicente ne joue pas seulement du pandéro.

         Il est encore un musicien émérite pour le trombone ou la basse et se rend, sur commande à des noces ou à des baptêmes, en se chargeant de fournir un orchestre complet et choisi.
         Il fut un temps où les affaires allaient mieux et tio Vicente faisait fureur dans tous les quartiers de la ville. Le tio Vicente était de toutes les noces, de tous les baptêmes.
         Le jour de grande fête, il jouait avec son orchestre devant les cafés, voire même en pleine rue et un bossu que tous les vieux algériens ont connu, se chargeait de faire la quête.

         Le tio Vicente a eu aussi ses revers. C'est ainsi qu'il dut faire deux fois la route à pied, en mangeant du pain noir et en buvant de l'eau du torrent. Une autre fois il signe un engagement de fournir un orchestre de cinq musiciens pour un baptême et un bal à Saint-Ferdinand pour le prix convenu de cinquante francs.
         Pendant tout un jour et toute une nuit le tio Vicente et ses compagnons s'époumonèrent à souffler dans leurs instruments en cuivre
         Au matin, au petit jour, l'organisateur de la fête avait pris la clef des champs, sans oublier bien entendu, la recette du bal. De sorte que nos pauvres musiciens perdirent non seulement leurs cinquante francs mais durent faire à pied la route de Saint-Ferdinand à Alger et revenir bredouilles. Je vous laisse à penser si les compagnons de tio Vicente durent lui faire une scène.
         Malgré cela le tio Vicente est toujours d'humeur joyeuse et je vous le recommande, si vous aviez jamais besoin de ses services.

Alger le 19 juillet 1892
Jacques Terzualli.
Les Annales algériennes (07-08-1892)



El tio Zydro
Envoyé par M. Christian Graille
Ou l'Écrivain de la Cantéra

                 Il n'est pas âme qui vive à la Cantéra qui ne connaisse le trop fameux et légendaire tio Zydro (en français Isidore), - le cuisinier, - l'écrivain public, - l'agent d'affaires, - l'avocat de la Cantéra.
                 L'homme n'a rien de bien particulier en lui-même ; ce qui fait sa renommée, c'est la multiplicité des talents quasi universels qu'il exerce presque simultanément.

                 Garçon de café et cuisinier de sa profession, il saura fort bien vous accommoder une sauce à l'ail ou au piment, excellente surtout dans l'apprêt d'une ross piquante à l'espagnole et pouvant suffire presque seul à un repas de corps ou de noce.
                 Il ne se fait guère de banquet à la Cantéra où que le tio Zydro ne soit appelé pour mettre la première et la dernière main au service de la cuisine et de la table.

                 Il est de toutes les fêtes, car il sait joindre à ses talents culinaires de véritables talents de société. Et de fait, il pince divinement de la guitare ; doué d'une voix mélodieuse et d'une prodigieuse mémoire, il vous chantera délicieusement à la fin d'un repas copieusement arrosé, une romance espagnole ou un morceau du Trouvère.

                 Il vous déclamera aussi à ravir avec forces gestes dramatiques une scène de Ruy Blas ou de la Maison du Baigneur.
                 Bien plus, si vous l'exigez, il se transformera en toréador, et vous présentera, de manière à vous donner l'illusion, le simulacre d'une course de taureaux ; il vous jouera à merveille le rôle d'une prima spada de Madrid.
                 En un mot, il sait tenir sous le charme ses auditeurs émerveillés.

                 Entre temps el tio Zydro, délaissant le comptoir, le pot au feu ou la queue de la poêle, se transforme en écrivain public et en agent d'affaires. Sous le bras :
                 - un sous-main garni de papier à lettres et d'enveloppes,
                 - un encrier et
                 - un porte-plume en sautoir,

                 Le voilà parti, visitant toutes les maisons de la Cantéra, l'une après l'autre dans la cour de chacune d'elles, après s'être fait un porte-voix de sa main libre, il crie en espagnol d'une voix de stentor : " Quien quire cartas por Espagna ? Qui a des lettres à faire écrire pour l'Espagne ?
                 Absolument sur le même ton que le brocanteur crie : Qui en a di bootil ! "

                 El tio Zydro est un finaud, il arrive ainsi à la fin de sa tournée à faire une recette assez fructueuse, sans avoir à payer ni taxe, ni patente, ni loyer de magasin.
                 Les novios qui ont besoin de conter fleurettes à leurs novias et vice-versa, les bonnes vieilles gens écrire en Espagne pour le rendement de leurs terres etc., etc. ont recours à son ministère.

                 El tio Zydro monte à l'étage où on l'appelle, s'installe de son mieux, sur une silla, espèce de chaise basse que l'on trouve dans tout intérieur espagnol, et se met en mesure d'écrire sur ses genoux, le sous-main tenant lieu de table. La lettre finie, il en donne lecture à voix haute au milieu d'une assistance recueillie, il a soin d'entremêler ses phrases d'une foule d'expressions sonores à effet et des mots heureux qu'il sort de sa tête, mais qu'il n'a pas écrit sur le papier.
                 Aussi les auditeurs enchantés de sa lettre qu'ils trouvent très bien, le complimente par toutes sortes d'exclamations laudatives : " bien ! Zydro ! Muy bien ! Guapo ! " Fort ! Bien ! Parfait !

                 Ces braves gens n'y voient que du bleu et le croient sur parole. Il trouve ainsi le moyen d'abréger ses lettres et de contenter ses clients. Quand je vous disais que le tio Zydro est un roué de première classe !

                 Quand on lui remet des pièces importantes avec une somme d'argent, soit pour des mariages, soit pour des naturalisations etc., on risque fort de ne plus voir revenir ni pièces, ni argent, ni tio Zydro. Ce dernier en possession d'une certaine somme n'est plus son maître ; les cantines de la Cantéra l'attirent comme un aimant, il les passe toutes en revue l'une après l'autre et y laisse jusqu'au dernier sou l'argent qui lui a été confié.

                 Voilà pourquoi le tio Zydro n'a pas encore fait fortune, car tout son bénéfice s'écoule par le goulot de la divine bouteille !
Jacques Terzualli.
Les Annales algériennes (28-05-1893)



PHOTOS de BÔNE
Envoyée par M. JL Ventura


Les vacances
Envoyé par Monique

           Un ours, un dauphin et un crocodile sont en train de discuter des vacances qui approchent.

           L'un d'eux demande au dauphin :
           « Tu vas où en vacances cette année ? »
           « Hé bien, tu sais, ma femme a des nageoires, mes enfants ont des nageoires, moi aussi j'en ai, donc on va aller du côté de la mer ! !
           L' ours et le crocodile : « Oh c'est bien !

           « Et toi l' ours, où tu vas en vacances ? » demande le dauphin.
           L' ours : « J'ai beaucoup de poils, ma femme et mes enfants aussi,donc je pense que je vais aller au pôle nord. »
           Les autres : « Cool ! ...

           Et toi le crocodile tu vas où ? » demande l' ours.
           Le crocodile : « Ma femme a une grande gueule, mes enfants ont une grande Gueule, moi j'ai une grande Gueule, je crois qu'on va aller en France pour manifester! »



Calentetta.
Envoyé par M. Christian Graille
Types algériens.

               Tac ! tac ! tac ! tac ! tac ! Tac ! Calentetta !

               C'est le marchand de calentetta qui passe. On l'entend venir de loin, grâce à cette série de petits coups de lame de couteau sur le rebord de son grand plat.
               Croquons-le au passage :
               - Sur la tête, un chapeau mou renforcé,
               - sur le devant, un tablier gris, long et montant qui lui prend du cou au bas du pantalon ; dans ce tablier une poche réservée à de petits bouts de papier gris d'égale grandeur, destinés aux morceaux de calentetta qui seront vendus ;
               - sous le bras allongé et replié un immense plat en fer blanc ou tourbière contenant la calentetta dont la belle croûte dorée, croustillante et appétissante, semble inviter les gamins et les yaouleds à se fendre d'un sou. Tac ! tac ! tac ! tac ! tac ! tac ! la calentetta !

               Calentetta est un diminutif de l'espagnol calenta qui veut dire chaud.
               La calentetta est donc une espèce de gâteau ou mieux de galette immense faîte de bouillie de pois chiche et de lait, cuite au four et restée molle après cuisson, de manière qu'on peut aisément la découper au couteau.
               A côté de la calentetta dans le plat se trouve un petit pot en fer blanc, garni de trous par le haut, contenant un mélange de poivre et de sel et servant à saupoudrer les morceaux de calentetta que l'on débite. Tac ! Tac ! Tac ! Tac ! Tac ! Tac ! Calentetta !

               Le marchand de calentetta la sort du four toute chaude et fumante encore et commence à parcourir la ville avec son plat. Il connaît les bons endroits, ceux où il est sûr de bien vendre. Il va de préférence :
               - aux abords des marchés,
               - à la pêcherie ou sur les quais
               - à la marine, car il sait les Arabes, biskris, cireurs, portefaix et autres, friands de calentetta. Tac ! Tac ! Tac ! Tac ! Tac ! Tac ! Calentetta !

               Il a hâte de vendre sa calentetta pour aller en chercher d'autre chaude au four.
               D'un plat de calentetta il tire en moyenne une cinquantaine de morceaux à un sou. Défalcation faite de 1,25 de frais de marchandise et de cuisson, il lui reste donc 1,25 de bénéfice net par plat vendu ; ce qui explique son empressement à vendre le plus de plats possibles dans sa journée.

               Le comble de l'habileté pour un marchand de calentetta est de finir son plat tandis que sa calentetta est encore chaude. Il en est de dégourdis qui vendent ainsi jusqu'à huit ou dix plats dans leur journée, ce qui leur fait, ma foi, un assez beau bénéfice.
               J'ai connu un vieil Espagnol qui, après avoir exercé ce métier pendant une vingtaine d'années, s'est trouvé à la fin de sa vie, possesseur d'une trentaine de mille francs. Le jour où l'on découvrit cela, une centaine de personnes pour le moins se mirent à vendre de la calentetta.
               On ne voyait plus dans les rues d'Alger que plats de calentetta et on n'entendait plus qu'une seule et même musique. Tac ! Tac ! Tac ! Tac ! Tac ! Tac ! Calentetta !

               Heureusement que cette ardeur s'est un peu calmée, ce qui n'empêche que l'on entende encore de temps à autre retentir ce son sonore. Tac ! Tac ! Tac ! Tac ! Tac ! Tac ! Calentetta !

J. Terzualli.
Les annales algériennes (25-06-1893)


Yaouled Blaça
Envoyé par M. Christian Graille


               Ainsi que son nom l'indique, le yaouled blaça se tient aux abords de la place de Chartres ou du marché de la Lyre. Il diffère peu du yaouled ; l'accoutrement est à peu de choses près le même, seulement ici la boite à cirer est remplacée par une série de couffins de différentes grandeurs, entrés les uns dans les autres par ordre de grandeur et destinés à contenir les provisions des ménagères :
               - viandes,
               - fruits,
               - légumes etc., etc.

               
               La mine éveillée, l'œil au guet et le nez au vent, voyez-le en quête d'une ménagère jeune ou vieille, peu importe, qui consente à mettre dans ses couffins ses provisions du marché.
               Il essuie bien des refus mais ne se rebute pas pour cela. Loin de là, il revient à la charge, s'adresse à d'autres, le sourire toujours aux lèvres en disant d'un air obséquieux : borti, madame, borti ; puis entrouvrant ses couffins il en montre le fond quand celui-ci n'est pas trop maculé. Que ce soit à une jeune et charmante ménagère qu'il ait à faire ou une personne d'un âge respectable, c'est toujours madame qu'il l'appellera.

               Il montre avec ostentation une plaque en cuivre jaune qu'il porte attaché à son bras gauche, laquelle contient un numéro matricule et qui lui a été délivrée par la mairie d'Alger. Il l'appelle ma bermission et l'entretient avec un soin presque religieux, la polissant et repolissant sans cesse et aimant à la faire briller au soleil.
               Pour le yaouled blaça, cette plaque c'est comme un certificat de bonne conduite, une sorte de passeport, ce qui ne l'empêche pas, quand l'occasion s'en présente, de soulever très adroitement à la tire, le porte-monnaie d'une ménagère jeune novice, comme ferait le plus habile de nos pickpockets.

               D'autres fois il détourne à son propre compte et profit les marchandises et provisions confiées à ses couffins. Aussi pourquoi la ménagère prend-t-elle une allure si accélérée, trottinant menu, tandis que lui, le pauvre yaouled, gémissant sous le poids de ses couffins plein jusqu'au bord, ne peut la suivre ?
               Au détour d'une rue, à un passage obscur, le yaouled blaça a vite fait de rebrousser chemin et s'égarer volontairement. On peut alors le voir courir d'un pas, malgré son lourd fardeau ; il me souvient d'avoir lu dans un journal d'Alger qu'une dame fort riche de la ville avait rempli deux grands couffins d'un yaouled blaça de toutes sortes de provisions :
               - côtelettes,
               - gigots,
               - filets et
               - autres viandes on ne peut plus succulentes,
               - fruits des plus exquis et
               - légumes du meilleur choix.
               En un mot de quoi faire un grand nombre de repas de vrai Lucullus.

               La dame s'était arrêtée pour affaire dans un magasin de chaussures de la rue Bab-Azoun et avait dit à son porteur de l'attendre à la porte du magasin. Celui-ci avait-il trouvé le temps un peu long, lui qui n'était pas payé à l'heure, comme les cochets des fiacres ?
               Le fait est que quand la dame sortit du magasin au bout d'une dizaine de minutes elle ne trouva plus à la porte ni porteur, ni provisions. Le yaouled avait fait du chemin du côté du bois des eucalyptus sur les hauteurs de la ville, et là je suppose qu'en compagnie d'autres yaouleds de ses camarades, il dut se livrer à une véritable bombance de Gargantua à la santé de la bonne dame.
               Comme le cireur algérien, le porteur indigène saura, moyennant une légère rétribution, faire parvenir un billet doux à destination, et à mains propres, ou porter votre lettre à la boîte du bateau en partance.

               En grandissant le yaouled blaça se transforme :
               - en commissionnaire à la gare d'Alger,
               - en portefaix à la marine ou en ville, ou encore
               - en porteur d'eau ;
               Mais il reste toute sa vie rusé, menteur, fourbe et souvent voleur.

Jacques Terzualli.
Les Annales algériennes (21-05-1892)


Ah ! zoiseaux ! Ah ! di lauriers
Envoyé par M. Christian Graille

Types Algériens

                 Il vous a pu être donné, ami lecteur et aimable lectrice, de voir déambulant par les rues de la ville et des environs, une vieille mauresque boulotte, sur le retour de l'âge, marchant péniblement, courbée sous le poids de la marchandise qu'elle débite :
                  - Un visage découvert, contrairement à la loi de Mahomet, tout ratatiné et marqué par la cruelle main des ans,
                  - des jambes et des pieds nus et gonflés d'éléphantiasis,
                  - en guise de robe un sac graisseux enroulé autour du corps et lui descendant à peine jusqu'aux genoux,
                  - sur le dos un autre sac rempli d'herbes ménagères, médicinales et autres qu'elle porte attaché en bandoulière, comme ses congénères portent leurs enfants enveloppés dans de sales guenilles,
                  - un abdomen suffisamment bombé ce qui lui fait deux bosses très prononcées comme à Polichinelle, une devant et l'autre derrière, tel est le croquis de cette marchande d'herbes ambulantes.

                  Elle marche lourdement traînant péniblement sa masse, les pieds en dedans et dodelinant de droite et de gauche. De temps à autre on l'entend proférer un cri aigu ; c'est un mince filet de voix que l'on ne croirait jamais sortir d'un aussi grand corps. Elle crie sa marchandise d'une voix fine et nasillarde : Ah ! Oiseaux ! Ah ! Di lauriers ! , en changeant d'intonation avant la finale ; et, d'une main, elle vous présente des tiges de graines d'oiseaux encore vertes, tandis que de l'autre elle vous offre quelques rameaux de laurier.

                  Il est vraiment à regretter qu'elle n'ait pas été à l'école française, car alors elle vous dirait en bon français, de sa voix argentine :
                  " Achetez-moi, mesdames et messieurs. Voici de la graine d'oiseaux pour vos merles et vos serins dont les doux chants vous plongent dans d'agréables rêveries. Voilà des feuilles de laurier qui embaument votre potage et votre ragoût. Maintenant j'ai dans mon sac une infinité d'autres herbes odorantes et fraîchement cueillies. Désirez-vous des feuilles d'eucalyptus pour calmer vos maux de tête ou les infuser en tisane ? Ou bien est-ce de la sauge que vous préférez de la rue ou de la centaurée pour vous rafraîchir le sang, ou encore des mauves ? Demandez à la marchande d'herbe. "

                  Voilà ce que nous dirait cette marchande. Mais malheureusement, bien qu'elle date de l'époque de la conquête française en Algérie, elle n'a pu encore assimiler notre langue.
                  Aussi pour vous engager à lui acheter sa marchandise, pour vous la faire apprécier, est-elle obligée de vous la fourrer jusque sous le nez d'une manière qui est certes fort peu engageante.
                  C'est là un de ces petits métiers dont abonde notre bonne ville d'Alger.

J. Terzualli.
Les Annales algériennes (09-10-1892)


Les M'zabites.
Envoyé par M. Christian Graille

                 Vers l'an 900, expulsés de l'Islam à la suite de profondes divergences pour la désignation du quatrième calife, successivement chassés de Tiaret, de Sédrata aux environs de Ouargla, fidèles à leur langue, leurs traditions et leur religion rigoureuse, ils choisirent de s'installer dans le Belad el Djerid.
                 Le M'zab est une région située dans le désert du Sahara à 600 kilomètres d'Alger.
                 Vaste étendue pierreuse, c'est un plateau rocheux dont l'altitude varie entre 500 et 800 mètres ; Ghardaïa en est la capitale. Les autres villes de la région sont : Mélika, Béni-Isguen, El Atteuf, Bou Noura, Berriane et El Guerrara.

                 Chacune de ces cités est protégée par une muraille. La mosquée, point stratégique, est située sur la partie la plus haute est reste la tour de guet indispensable qui assurait, telle une tour de guet, la protection de la ville. C'est autour de cette édifice que sont construites les maisons en cercles concentriques jusqu'à la muraille. Les habitants du M'zab, appelés Mzabites ou Beni-Mzab, forment un petit peuple de Berbères de cinquante à soixante mille âmes qui ont toujours su se préserver de toute contamination étrangère.
                 Comme tous les Berbères ils ont accepté l'Islam. Au moment de l'invasion arabe en 643 le Maghreb tout entier était occupé par des populations chrétiennes ou juives ; il est certain que tous les Chrétiens et presque tous les Juifs se sont fait mahométans.

Vue partielle de Ghardaïa.

                 Tous les voyageurs ont remarqué que les villes du M'zab sont éclairées la nuit au moyen de lampions huileux disposés dans les encoignures de murs.
                 Les maisons assez vastes et bien bâties n'ont d'ouverture sur la rue qu'une porte toujours hermétiquement close. Quelques-unes spécialement affectées au gros commerce de dattes et de céréales possèdent de vastes caves servant de magasins.

                 Chaque maison se compose d'un rez-de-chaussée et d'un étage avec cour intérieure ; toute pièce donne sur la cour. Dépourvues de fenêtres et obscures elles sont un logement de choix pendant l'été.
                 Durant quatre mois la nuit doit être passée à la belle étoile. Les moellons calcaires ont absorbé pendant le jour un degré de chaleur tel que le repos à l'intérieur devient absolument impossible. Les maisons généralement faites en bonne maçonnerie offrent de particulier que les murs sont formés de couches horizontales et stratifiées au moyen de pierres de dimension à peu près égales, posées sur champ et inclinées les unes sur les autres. Ils s'élèvent graduellement sans qu'une portion quelconque de la couche inférieure pénètre dans la supérieure.

                 Un M'zabite possède ordinairement deux maisons. Dans l'une il enferme les femmes, dans l'autre il reçoit ses hôtes et ses amis. En outre chaque propriétaire se construit dans son jardin un abri où il séjourne pendant les chaleurs.
                 Les maisons sont loin de présenter beaucoup de confort. Le logis ferme au moyen d'une porte très lourde et en général grossièrement faite avec des planches de palmiers. Une grosse serrure la commande ; Le M'zabite tient la clé constamment suspendue au poignet par un bracelet de cuir.

                 Dans l'intérieur des habitations ne se trouvent ni lits, ni tables, ni chaises.
                 Un escabeau en bois, une natte en feuilles de palmiers pour se coucher ; une espèce de traversin en laine où l'on enfonce les guenilles, un ou plusieurs djebines (Petite armoire.) Pour caser argent et papier. Dans un coin le métier à tisser les burnous.

                 La boutique des marchands toujours basse et paraissant trop petite par l'entassement des objets est divisée en deux parties par un long comptoir derrière lequel le M'zabite passe toute sa journée.
                 Il prend un soin particulier de ses balances et tient admirablement ses livres.
                 Le récipient par excellence est la peau de bouc.
                 Deux grosses pierres réunies forment le foyer au milieu de la pièce ou dans la cour car il n'existe généralement pas de cheminées. On installe sur le feu une marmite dans laquelle se fait le repas. Le bois est rare et pour combustible on emploie soit des branches de palmiers, soit de la fiente de chameau. Cette dernière a une valeur réellement marchande ; c'est par tas plus ou moins gros que les Indigènes le vendent sur les marchés.

                 La série des ustensiles de cuisine est constitué par quelques tasses en bois ou en terre, un récipient en tronc de cône fabriqué avec une feuiller de palmier nommé " gouné ", un plat en bois ou " dzéoua. "
                 Si le M'zabite est riche, il possède quelques tapis, des tentures ; tout propriétaire doit avoir en tout cas une série de " guerbaas ", (Outre en peau), de poulies, de cordes pour extraire l'eau du puits de ses jardins.
                 Le vêtement est d'une assez grande simplicité. Il se compose : d'une chemise sans manches, généralement en coton, laissant le cou à découvert, d'une pièce de laine unie faisant deux fois le tour du corps et venant encadrer la figure, d'une calotte rouge recouvrant la tête, d'une corde en poils de chameau roulée tout autour du burnous, manteau à capuchon, fermé sur la poitrine.

                 Le costume est à peu près semblable à celui des Arabes. Il convient d'ajouter que les gens de position aisée s'en affublent seuls. Le M'zabi de condition médiocre n'a que la chemise, la calotte et un modeste morceau de cotonnade dont il se couvre les parties supérieures.
                 Les riches, les lettrés se distinguent de leurs coreligionnaires par l'absence de " brima ", corde de chameau formant turban.
                 Leurs vêtements sont en outre d'une blancheur irréprochable.

Fidèles à la mosquée.

                 Quelques-uns d'entre eux se paient le luxe de porter des chaussettes avec leurs savates jaunes en peau de mouton. Ces dernières varient de forme ; on rencontre tous les états intermédiaires depuis les simples sandales jusqu'aux vrais brodequins.

                 Quant aux femmes Ibadites, (Forme d'Islam différent du Sunnisme et du Chiisme) les voyageurs ont pu difficilement parler de leur costume ; nous devons, à notre profession médicale, de posséder des renseignements précis sur leur manière de se vêtir à l'intérieur.
                 Une pièce d'étoffe unie entoure le corps, retenue à la ceinture et nouée sur les deux épaules ; elle s'ouvre sur le côté au point de laisser voir, au moindre mouvement, les jambes nues et les parties que la pudeur commande de cacher.

Femmes se promenant.

                 Un voile placé sur la tête et descendant à droite et à gauche en formant manteau, sauvegarde le tout dès qu'elles sortent ; Tenu avec la main au-dessous du menton, il ne laisse voir qu'avec un seul oeil. Le tissu de cotonnade bleuâtre, dont la M'zabi se revêt parfois est d'ordinaire destiné aux noires et aux petites filles..

                 Sa chevelure est tressée une fois pour toutes dans un inextricable écheveau, souvent arrosé d'huile ; celle de la petite fille retroussée à la Chinoise laisse deux grosses boucles séparées au-dessus des tempes.
                 Le M'zabi a les cheveux coupés très courts, si ce n'est au niveau du sinciput (Partie supérieure de la tête) où l'on trouve en mèches plus ou moins longues. La barbe et la moustache sont généralement taillées assez ras et en pointe. L'homme n'a pas d'ornements. Ils ne sont permis qu'aux femmes mariées et aux jeunes filles. Les unes et les autres peuvent se mettre dans les cheveux une sorte de fleur en or dont la forme est celle d'une marguerite.
                 Elles ont des boucles d'oreilles, en corail et en or, des bracelets de mains et de pieds en corne, en argent ou en or. Sans parler du noir avec lequel elles se colorent le bord des paupières pour rendre leurs yeux plus langoureux et plus doux, sans rappeler la coloration jaune-rougeâtre qu'elles aiment à donner à leurs ongles et à leur main avec du " henné " (Arbuste épineux dont les feuilles, de couleur jaunes rougeâtres, réduites en poudre servent de teinture pour les cheveux).

                 Elles considèrent comme le nec plus ultra de la beauté de se barbouiller l'extrémité du nez d'un peu de goudron et de se mettre avec la même substance petites mouches sur le front et les joues.
                 Les femmes préparent à peu près tous les aliments à peu près identiques à ceux des Arabes. La " berboucha " n'est autre que le " kous-kous ".
                 Ce plat, d'un goût assez agréable, est très long à préparer. Après avoir moulu le grain et l'avoir réduit en farine la M'zabi mouille légèrement ses mains qu'elle promène au-dessus du dzéoua. Peu à peu la farine s'agglutine en formant de petites boules dont la grosseur varie suivant le plus ou moins de perfection de la mouture. La farine ainsi transformée est versée dans un plat posé en guise de couvercle sur la marmite contenant l'eau dans laquelle cuit la viande ; la vapeur vient l'imbiber en traversant les interstices. Quand la viande est bouillie, le dîner est préparé.
                 On sert d'abord la berchoucha, après l'eau dans laquelle la viande a cuit. La berboucha est disposée dans le dzéoua, la viande placée au-dessus, le bouillon versé dans un plat en terre de petite dimension et le tout présenté au maître de céans.

Commerçant en action.

                 Le mets véritablement exquis de la cuisine M'zabite est le mouton rôti, le méchoui des Arabes. Ce mouton est enduit de beurre et rôtit dans un grand feu de brindilles et de broussailles allumé de manière à produire une vive chaleur qui en saisit la chair ; il ne reste plus qu'à faire cuire doucement en tournant au-dessus des charbons ardents.

                 Le mouton rôti n'est offert que dans des circonstances tout à fait exceptionnelles et il faut être un important personnage, Gouverneur par exemple, pour qu'on vous offre un chameau tout entier préparé d'une semblable façon.
                 Quand le repas est servi les enfants en bas âge se retirent à l'écart.
                 L'homme mange seul Il se sert quelquefois d'une cuillère en bois mais plus volontiers de sa main qu'il plonge dans le plat ; la retirant, il tasse par un léger balancement la berboucha sur laquelle il a préalablement versé du bouillon, puis d'un mouvement saccadé, l'introduit dans sa bouche et ainsi de suite jusqu'à ce qu'il soit repu.

                 On boit de l'eau dans une écuelle commune à tous les convives puis il est procédé au lavage des doigts, des dents, au rinçage de la bouche. Après cette opération, les femmes se regroupent et se pressent avec les enfants autour de ce qui reste du repas paternel.
                 La berboucha est parfois servie dans un plat dit " metred " ayant la forme d'une coupe antique. Elle est souvent faite avec de la farine d'orge, celle de froment étant plus chère et exigeant une certaine aisance.
                 Le lait, le miel, les figues sèches, les dattes et quelques fruits de la saison complètent l'alimentation.

                 L'abadisme n'est point l'exagération de l'islamisme mais l'interprétation exacte de la loi d'Allah n'admettant ni additions, ni diminutions, excluant ainsi les excès de zèle que les relâchements de discipline. Le Coran est la propre parole d'Allah : pas de discussion religieuse que ne puisse être résolue par la lecture attentive du texte sacré. Les peines sont aussi éternelles que les récompenses et les jugements restent irrévocables. Personne ne sera admis à intercéder auprès de lui.

                 Il interdit l'orgueil et stigmatise le luxe. Allah a prescrit de flageller le libertin et de punir de mort l'adultère. Les femmes doivent être enfermées et voilées ; Allah le veut.
                 Impies sont les hommes qui ne se conforment pas à ses ordonnances,
                 impie encore celui qui boit du vins ou des liqueurs,
                 impie celui qui obscurcit son intelligence avec la fumée du tabac,
                 impie celui qui se livre à la colère,
                 impie celui qui se plait au milieu de joueurs de flûte, de chanteurs,
                 Impie qui s'adonne à la danse.
                 Une âme saine est seule admise à présenter ses hommages à Allah.

                 Les M'zabites ne reconnaissent aucun commentateur et n'admettent nullement la noblesse religieuse des Marabouts : ils ne croient pas que la vertu puisse être donnée comme un nom par filiation. Dans la pratique de leur religion ils ont conservé plusieurs coutumes qui paraissent dérivées du christianisme ou du judaïsme qu'ils ont très probablement professé
                 La bastonnade doit être donnée par celui qui a infligé la peine ou par quelqu'un qu'il délègue. L'instrument destiné à frapper doit être un fouet ou à défaut une tresse de cuir composée de trois lanières, une corde d'alfa, (Plante herbacée servant à la fabrique de papier d'impression) une branche de palmier dépouillée de ses feuilles, ni trop rigide, ni trop flexible. Le patient devra se mettre à genoux et découvrir ses épaules.
                 Dans le cas où par suite de blessures ou toute autre cause le patient ne pourra pas recevoir la bastonnade sur les épaules, il sera frappé sur la partie postérieure qui devra rester couverte. Lorsqu'un homme a commis quelque faute grave le bannissement est prononcé : il devient complètement étranger à la communauté ; ses biens sont confisqués au profit de la mosquée ou distribués à ses héritiers ; il est considéré comme mort. Il ne peut plus entrer dans aucune ville du M'zab ; aucun de ses concitoyens ne peut, sans encourir des peines sévères, loger sous le même toit que lui ; lui donner une nourriture quelconque, ne serait-ce que de l'eau, est considéré comme une faute grave.

                 Toute faute, depuis la plus grave jusqu'à la plus légère, peut être rachetée d'une façon bien curieuse. Un Béni-M'zabi qui se sent la conscience peu en ordre se rend un vendredi au moment de la prière à la mosquée ; il se met au milieu du temple, dans la posture d'un suppliant, quand tous les fidèles sont réunis ; le prêtre avant de commencer lui demande ce qu'il veut ; le patient déclare devant toute l'assistance qu'il est coupable ; il énumère les fautes qu'il a commises et finit par demander pardon. Il est admonesté par le prêtre qui lui promet le pardon s'il veut s'astreindre à la pénitence qui lui sera imposée et qui consiste à rester pendant un temps plus ou moins long privé de tout rapport avec ses coreligionnaires, quoique vivant parmi eux. N'est-ce pas là la confession publique et la pénitence du Christianisme des premiers siècles ?

Un M'zabite.

                 L'autorité des prêtres (la Djemâa, assemblée de notables) qui prennent le nom modeste de Tolba (étudiant) est considérable au Mzab tandis que le pouvoir civil est retreint à l'administration d'une seule ville.
                 La Djemâa a une domination complète sur la confédération toute entière. Le pouvoir judiciaire est tout entier dans les mains des prêtres. C'est eux qui condamnent sans appel les infractions aux lois du Mzab.

                 Quelques-unes de ces lois doivent être indiquées ici :
                 Il est interdit aux Béni-Mzab d'épouser une femme de race étrangère.
                 L'infraction à cette loi est punie du bannissement perpétuel.
                 Les femmes mariées et les filles ne peuvent quitter le Mzab sous quelque prétexte que ce soit ; La peine est encore le bannissement perpétuel. Un Mzabite ne peut voyager avant d'être marié et s'il n'a pas d'enfant il doit, avant de partir, jurer qu'il laisse sa femme enceinte ; cette dernière loi est depuis quelque temps tombée en désuétude.

Hommes du désert.

                 Le mariage est au Mzab un acte sérieux ; la famille y est fondée sur des principes analogues à ceux des occidentaux. Le Mzabite est monogame, n'achète pas sa femme, au contraire elle lui apporte une dot et quoique la femme mariée ne sorte point du Mzab elle a une grande influence sur toute sa famille et se laisse voir des parents et des amis qui fréquentent sa maison.
                 Les esclaves mâles pourront, à volonté, être frappés sur les épaules ou sur la partie inférieure. Les femmes libres recevront la bastonnade sur les épaules ; elles devront ramener leur voile sur la tête et rester entièrement couvertes.

                 Avant de commencer l'exécution on devra s'assurer en les faisant examiner par des femmes désignées qu'elles n'ont pas un vêtement épais susceptible d'amortir les coups. Pour empêcher les femmes de montrer leur nudité en se débattant on les obligera à s'asseoir dans un grand panier presque sous les bras.
                 On prendra à l'égard des hermaphrodites les mêmes précautions que pour les femmes. La M'zabi allaite son propre enfant. Le mari met un certain orgueil et un véritable amour propre à exiger de la femme l'accomplissement de tous ses devoirs ; il admet que dans le seul cas de nécessité démontrée l'enfant puisse être confié à une nourrice.
                 C'est à l'âge de trois ou quatre mois que le maillot enveloppant est définitivement enlevé pour être remplacé par la " gandoura " ou chemise sans manches descendant jusqu'aux talons. C'est la première pièce du vêtement musulman qui sera complétée vers l'âge de deux ans par le " burnous " de même forme et de même sévérité que celui des grandes personnes.
                 Cette investiture islamique coïncide d'habitude avec la première coupe de cheveux chez les jeunes garçons et avec l'instant où soustrait aux soins et à la surveillance de la mère il passe sous la direction et la protection paternelle.
                 A sept ans il sera circoncis ; Cinq à six ans plus tard apparaîtront les premiers signes de puberté et avec eux l'obligation au jeûne, le droit de prier, le droit de témoigner. .

Fillette en habits traditionnels.

                 Dès lors, se conformant aux prescriptions du Coran et de la " Sounna " il devra surtout observer le Ramadan, faire ses prières et les ablutions prescrites en y adjoignant quelques soins de propreté appropriés au climat qui consistent à raser les cheveux et les poils qui apparaissent sur les régions réputées honteuses.

                 Le Ramadan comparé à notre Carême dure tout un mois lunaire. Au M'zab on occupe manuellement tous les jeunes garçons mais on est loin de négliger leur éducation intellectuelle : ils passent chaque jour plusieurs heures dans les écoles tenues par les Tolbas et qui sont situées près des mosquées. Là on leur apprend, avec les préceptes de la religion et les lois particulières du pays, à lire, à écrire et calculer en langue arabe.
                 L'idiome berbère étant considéré comme un patois ne s'enseigne pas, Le M'zabite doit faire abstinence du lever au coucher du soleil.


A l'école coranique.

                 Bien que jouissant de tous les droits religieux et moraux, le fils devra à son père les plus grands égards : S'abstenant de paraître en public dans la même assemblée, ni mangeant ni à la même table, ni à la même heure, il lui donne toujours le nom de seigneur. Ce dernier a une telle autorité que le fils ne peut rien posséder en propre, s'il n'a pas été affranchi.
                 En cas de mort sans l'accomplissement de cette formalité, le père hérite au détriment de la famille que pourrait laisser le mari.

                 Jusqu'à l'âge de vingt à vingt-quatre mois, les garçons et les filles sont exclusivement confiés aux soins de la mère ; mais tandis qu'à partir de cet âge les existences se séparent, que l'attention et les prévenances se portent toutes entières sur les premiers, les secondent continuent d'être considérées comme des déshéritées de la fortune.
                 Tandis que le jeune fils sera cajolé, choyé par le père, la petite fille sera habituée peu à peu aux travaux de l'intérieur ; elle sera utile dans la mesure du possible et, dès l'âge de quatre à cinq ans, elle suivra sa mère au puits, ayant sur ses faibles épaules chargées d'une petite outre spécialement taillée pour elle.
                 Alors que l'on sera plein d'égards pour le fils, la fille sera traitée avec rigueur. La nubilité arrive de fort bonne heure et marque l'époque où cette dernière se doit au mariage.

                 Les femmes adultes sont occupées aux soins du ménage. Leur situation, pour n'être pas enviable, est moins dure que celle faite par les Arabes. Elles vivent constamment enfermées dans les maisons à tisser et à filer.
                 Ces mille commissions qui obligent les ménagères à sortir à chaque instant du jour sont faites par les petites filles ; c'est elles qui donnent aux villes du M'zab de l'animation et de la gaieté ; elles sont fort gentilles, ayant de grands yeux noirs et des traits réguliers, vêtues à peu près comme les autres filles du désert d'une robe en laine rouge ou bleue retenue par des agrafes de métal et serrée à la taille par une ceinture ; elles n'ont aucune autre coiffure que leurs cheveux qui sont arrangés de façon assez bizarre ; derrière la tête elles en font une sorte de couronne et de chaque côté des tempe une grosse coque ; cela leur donne une physionomie étrange ; elle est encore augmentée par l'usage où l'on est de leur badigeonner le bout du nez avec du goudron pour les préserver du mauvais œil.

                 La M'zabi se marie entre dix à douze ans. Comme en pays arabe les conditions varient entre le père et le prétendant. Ce dernier apporte tout en dot, soit en argent, mais le plus souvent en palmiers ou en dattes et il est stipulé dans le contrat, qu'en cas de divorce, tout ou partie de la dot sera rendue par le père.
                 Le M'zabite, quoique par nature monogame, devient parfois polygame, surtout parce que le Coran l'autorise ; il admet aussi deux façons légales de se séparer de sa femme : la répudiation et le divorce ; cependant la coutume des M'zabites ne tolère pas plus de deux divorces.

Filles devisant calmement.

                 Le premier est l'acte par lequel la femme et purement et simplement chassée du toit conjugal, soit pour un certain laps de temps, soit de façon définitive.
                 Le divorce sépare le mari de la femme, détruit en un mot l'effet du mariage.
                 En pratique il peut être obtenu soit par rachat, soit par autorisation de justice.
                 C'est généralement contre le mari qu'on prononce le divorce, soit à cause de son inaptitude à remplir les devoirs conjugaux, soit parce qu'il lui refuse la nourriture, le logement ou les vêtements.

                 Il est interdit aux femmes de se marier en dehors du pays ; il est même des villes comme Ghardaïa et Béni-Isguen qui ne permettent pas de mariage en dehors de leurs murs. Les hommes qui enfreindraient cette règle ne pourraient cohabiter dans la ville avec la femme étrangère.
                 Une femme mariée ne peut, sous aucun prétexte, quitter la ville même pour suivre son mari.
                 Il est prescrit aux M'zabites lorsqu'ils quittent leurs femmes de revenir tous les deux ans au moins pour passer quelques jours au milieu de leurs coreligionnaires.

Ghardaïa vue générale.

                 Les savants ont déjà discuté sans conclure pour savoir à quelle race primitive l'on peut rattacher les Beni-Mzab ; pourraient-ils appartenir à la race sémite et que ce sont ou des anciens Israélites ou des descendants de ces peuples qui habitaient la Palestine et avaient une foule d'usages communs avec les Hébreux tels que la circoncision.
                 Ne seraient-ils pas des Mozabites qui vécurent longtemps dans l'amitié d'Israël et furent tributaires de David ?
                 Et pourquoi ne trouverait-on pas dans les Mzabites des descendants des anciens Carthaginois ? Quelques colonies de ces riches et fiers marchands n'auraient-elles pas pu chercher après la destruction de Carthage un asile dans le Sahara ?
                 Cette hypothèse expliquerait le soin religieux avec lequel il ont toujours conservé la pureté de leur race et la tradition commune chez eux qui les fait originaires de l'Orient ?

L'Algérie occidentale : Algérie, Mzab, Tidikelt par Paul Soleillet.
Edition 1877.
Le M'zab et les M'zabites par le Médecin Major Charles Amat.
Edition 1888.

Galerie de photos.

Ghardaïa.

Poteries.

Dédalle de ruelles.
 
Tapis

Surprenant panorama.                 Aux abords de Ghardaïa.


Vue générale de Ghardaïa.

Une tour de guet.               La grande place.

Théière.                   Epices et productions locales.

Maison de M'zabite aisé.

Mur d'enceinte.                                     Ruelle pittoresque de Ghardaïa.


Placette.


Vue lointaine de la capitale du M'zab.

Mariage.

Jeune fille.                                Fillettes.

M'zabites.

Un Sage médite.                               Commerçant en tapis.


Fête                               Ghardaïa.


Assemblée de notables.

Réjouissances.                              Sages songeurs.

Festivités.

Le souk.

Une rue animée.

Sable à perte de vue

Désert rocailleux (un reg).

Carte d'Algérie.


Plata chivani
Envoyé par M. Christian Graille

                 Vous avez pu voir, ami lecteur, déambulant dans les rues d'Alger, un vieux juif :
                 - habillé à l'indigène,
                 - coiffé du turban,
                 - légèrement voûté par l'âge,
                 - les yeux chassieux,
                 - des lèvres sensuelles et pendantes,
                 - une barbe longue, grisonnante et sale, longeant les murs des maisons mauresques,
                 - un petit couffin sous le bras et suivi de près par un jeune homme, presque un enfant, également porteur d'un couffin.

                 De temps à autre, le vieux fils d'Israël crie d'une voix cassée à qui veut l'entendre: Rack maldinaldi ! J'ai longtemps cherché ce que pouvait signifier un tel charabia.
                 Mais en écoutant de plus près, j'ai cru distinguer ces deux mots : Plata chiva ! composé d'un mot espagnol plata, argent et d'un autre mot hébreu : chivani, vieux.
                 Ainsi donc plata chivani signifie :
                 - vieil or, vieil argent,
                 - juif,
                 - bracelets cassés,
                 - boucles d'oreilles dépareillées, etc..

                 Le vieux juif achète et paie comptant.
                 Ces restants de vieilles parures hors d'usage sont ensuite revendus avec bénéfice à un bijoutier indigène qui fait refondre le tout et en retire de nouveaux bijoux neufs et brillants qui étincelleront demain aux devantures des joailliers. Ce juif qui semble avoir l'âge de Mathusalem et dater de la prise d'Alger, a principalement affaires dans des maisons juives et mauresques qui forment sa principale clientèle. Il s'aventure parfois le long des maisons européennes et, dans ce cas, le jeune homme lui sert d'interprète, car le vieux juif ne comprend pas un mot de français. Il fait une terrible concurrence aux marchands de bouteilles sur l'article or et argent dont ceux-ci sont également amateurs et il leur enlève plus d'une bonne betite affire.
                 Il va s'en dire, que s'il se présente une bonne occasion, l'achat d'un meuble, d'un objet quelconque qui serait appelé à lui donner un bon bénéfice, il l'enlève prestement avant même que son concurrent, le marchand de bouteilles en ait vent. De son côté, le brocanteur juif lui rend la pareille, en tâchant d'accaparer tout ce qu'il peut acheter sur son passage de vieil or et d'argent ; car ces matières précieuses trouvent toujours un écoulement plus sûr et plus rapide. Enfin, l'un aussi bien que l'autre s'entendent très bien entre eux à spéculer sur la misère humaine et ils en vivent.
Jacques Terzualli. La Revue mondaine oranaise (04-06-1906)

Le citron pressé
Envoyé par Mme Monique

         Le barman est réputé pour avoir une poigne terrible , à tel point qu’un concours a été ouvert dont le prix est quand même de 1000 euros ; la barman presse dans sa main un citron en faisant couler le jus dans un verre.
         Si quelqu’un est capable de faire donner un goutte de plus au citron après le barman, alors il gagne 1000 euros.
         Alors tout le monde des gros bras (Les forts des halles, les dockers et autres haltérophiles) s’est essayé à ce petit jeu mais personne n’a encore gagné.

         Un beau jour, un petit bonhomme tout mince, tout fragile, avec des lunettes aux verres épais d’un centimètre, se présente au barman et lui dit : « j’aimerais tenter ma chance au concours ».
         Après que les rires se soient tus, le barman accepte ; il attrape un citron et le presse complètement, ensuite il tend les reste du citron au petit bonhomme.
         La foule qui regarde la scène pousse un +hoo+ d’étonnement lorsqu’elle voit une, puis deux puis trois…puis six gouttes tomber du citron pourtant sec !!!
         -Et qu’est-ce que vous faites comme métier ? bûcheron ou quelque chose comme ça ?

         Et le petit bonhomme répond :
         NON – NON..
         Je travaille aux impôts


PHOTOS D'AVION
Envoyée par M. J.L. Ventura
            


Le marchand de " zallimettes "
Envoyé par M. Christian Graille

           - Sept à huit ans d'âge,
           - Le visage émacié,
           - Respirant la précocité du vice avec des lèvres sensuelles et proéminentes,
           - En tête un chapeau melon acheté de rencontre ou
           - Une casquette à visière gardant un reste de galon usé,
           - Un paletot râpé jusqu'à la corde,
           - Un pantalon graisseux et rapiécé retenu à la ceinture par une vieille courroie,
           - Les pieds nus, tel est le marchand de zallimettes.

          
           A la main il tient une boite en bois de forme carrée, contenant alignées quelques douzaines de boites d'allumettes chimiques en bois ou en cire, ainsi que des anneaux de clés, des boutons de manchettes et des cartes postales illustrées.
           Jusqu'à douze ans il déchirera le tympan de vos oreilles de sa voix nasillarde, monotone et criarde :
           "Zallimettes bougie ! zallimettes en bois ! Trois boites pour un sou ".
           - Sur la terrasse des cafés,
           - sur la voie publique,
           - Sous les arcades,
           - Sur les boulevards,
           - Partout on rencontre le marchand de zallimettes :
           - Harcelant les passants,
           - S'attachant à leurs pas,
           - Marchant quand ils marchent,
           - s'arrêtant quand ils s'arrêtent,
           - Leur offrant sa marchandise,
           - Jamais rebuté, qu'il soit arrivé à ses fins ou qu'il ait été vertement repoussé.
           Dans ce dernier cas il recommence avec le suivant et ainsi de suite jusqu'à ce qu'il ait écoulé sa marchandise.

           Familiarisé avec la règle des mélanges et des proportions, il saura fort bien, pour augmenter son bénéfice, de deux boites d'allumettes en tirer quatre. Quand vous vous en serez aperçu, il sera déjà loin. Outre :
           - les allumettes chimiques,
           - les boutons de manchettes et
           - les cartes postales illustrées,
           Le marchand de zallimettes tient encore en réserve et soigneusement caché au fond de sa boite une marchandise d'un genre bien différent : J'entends parler des cartes transparentes. Pour le juif, dont la conscience est des plus élastiques, tout ce qui rapporte de l'argent est bon à vendre ; aussi spécule-t-il sur les vices humains.
           Le marchand de zallimettes dont l'esprit est corrompu et vicié avant l'âge, ne craint pas de vendre des cartes transparentes, objet d'immoralité et d'impudeur. Il va sans dire qu'il s'entoure des plus grandes précautions pour n'être point pris ; car il sait fort bien qu'il y va de la prison. Aussi, voyez-le, après avoir jeté des regards furtifs autour de lui, s'adresser à cet homme isolé, lui offrir d'abord des boites d'allumettes pour la forme et bientôt lui présenter d'un air confidentiel une espèce de jeu de cartes enveloppé de papier et sur la nature desquelles il n'y a pas à se tromper.

           Parfois le passant achète, vous voyez alors le petit juif se sauver en courant comme s'il venait de commettre un crime. Mais j'aime à croire plutôt que c'est par crainte qu'on lui rende ses cartes transparentes ou qu'on appelle la police.
           Le plus souvent on refuse ; et alors vous voyez l'enfant d'Israël courber l'échine, insulter, souvent en hébreu pour n'être point compris, celui qui n'a pas voulu sa marchandise et aller plus loin en criant toujours de sa voix nasillarde :
           " Zallimettes bougie ! zallimettes en bois ! Trois boites pour un sou ! "

Jacques Terzualli.
Les Clochettes algériennes et tunisiennes (10-05-1903)


Bons figues ! Bons figues !
Envoyé par M. Christian Graille

                 Après les figues sèches de Bougie que les Kabyles mangent en trempant la pointe dans de l'huile d'olive, il n'est rien dont les Arabes soient plus friands que les figues de Barbarie, autrement dénommées figues du désert, figues des chrétiennes : " karmous en neçara ".
                  Aussi le marchand de figues de Barbarie est-il sûr de faire de bonnes affaires pendant les deux mois de l'année où il débite ce fruit exotique armé de dards menaçants. Sur une table boiteuse et vermoulue, elles sont rangées en tas symétriques de cinq, sept, huit suivant le cours du jour et aussi la qualité.
                  Aux deux bouts de la table s'épanouissent deux figues modèles, artistiquement épluchées à l'avance et destinées à attirer les amateurs car elles servent de réclame. L'une est d'un beau rouge vif et l'autre d'une blancheur alléchante. Par terre, dans un bidon à pétrole, aux trois quarts rempli d'eau baignent d'autres figues de Barbarie qui se dépouillent dans l'eau de leurs épines en attendant de figurer sur la table de consommation.
                  Près de là, d'un chouari (1) à demi éventré émergent d'autres figues qui attendent également leur tour d'immersion dans l'eau. De temps en temps, le marchand de figues prend un petit balai arabe qui sert d'ordinaire pour la chaux à blanchir, le trempe dans l'eau et en asperge chacun des tas de figues mis en vente. Il crie alors d'une voix enrouée sa marchandise :
                  " Bons figues ! Bons figues ! Ah ! Qu'il y bon ! Qu'il y friche ! Karmous en naçara ! ".

                 Le nec plus ultra de la bonté dans la qualité des figues de Barbarie c'est d'avoir été cueillies, d'après les Indigènes, sur les coteaux de la Bouzaréa.
                  Mais voici venir les clients : Un, deux, trois. Sans perdre la tête, le marchand sert tout le monde à la fois : Une figue à l'un, une à l'autre et ainsi de suite à tour de rôle.
                  D'une main habile il dépouille lestement à l'aide d'un couteau affilé les figues de Barbarie de leur enveloppe épineuse et les présente nettes et propres à ses clients. La petite fille les met dans son assiette à dessert, un autre les mange gloutonnement sur place en les accompagnant d'un petit pain, un troisième, un Arabe celui-là, empiffre figues sur figues sans compter.
                  Les tas succèdent aux tas, et bientôt la table se vide pour recevoir de nouvelles rangées de figues fraîches et ainsi de suite jusqu'à la tombée du jour.

                 Comme rien ne doit se perdre, le marchand met de côté dans une corbeille les pelures de figues pour les revendre le lendemain matin, pour quelques sous, à l'ouvrier maltais. Ce dernier les donne en pâture à ses chèvres et à ses porcs qui les croqueront à belles dents sans crainte des épines.
                  Chouari : bât formé de deux couffins ou paniers que l'on place sur le dos des ânes et des mulets.

Jean Terzualli.
Les Clochettes algériennes et tunisiennes. (21-06-1903)


Le choléra en 1832
Envoyé par M. Christian Graille

                 Au moment où il est question d'une nouvelle invasion du choléra, il n'est pas sans intérêt de rappeler les faits qui se sont passés en 1832 d'après les journaux du temps. On sait qu'à cette époque le peuple ne voulait voir dans l'épidémie, ainsi que cela a lieu actuellement en Russie, que le résultat d'empoisonnements criminels.
                 Un journal de l'époque raconte ainsi les faits suivants :

                 " Sur le quai de la Ferraille, un malheureux est renversé par terre, puis déchiré par les dogues qu'on excite contre lui. Enfin on le lie sur une planche de sapin et on la jette à la rivière, afin que du haut des ponts et des quais, tout le monde vit quelle punition on savait infliger aux empoisonneurs du peuple.
                 J'ignore si cette victime appartenait à notre corps ; mais dans d'autres quartiers plusieurs médecins étaient, au même moment, l'objet de l'animadversion populaire.
                 Le docteur Pravas était assommé et laissé pour mort au milieu d'un groupe où il avait vainement parlé de la réalité de la maladie et de l'innocence du gouvernement et des médecins. M. Royer-Collard, qui était reconnu près du passage Vero-Dodat, était assailli, et comme membre du gouvernement et comme médecin.
                 Le peuple voulait absolument, comme en Hongrie, nous croire complices des mauvaises intentions du gouvernement.
                 - Un de nos confrères ne devait son salut qu'à sa stature et à sa force herculéenne.
                 - Le docteur Caron du Villars, traqué dans un sixième étage de la rue Saint-Denis, avait rencontré, au lieu d'un malade qu'on l'avait prié de venir soigner, quatre ou cinq assassins qui voulaient le jeter par la fenêtre, comme les Moscovites l'avaient fait à quelques-uns de leurs médecins.
                 - Enfin un jeune étudiant en médecine, attaché en permanence à un poste médical du faubourg Saint-Germain, était poignardé et jeté à la rivière.

                 Ses amis, inquiets de son absence, crurent un instant que cédant à la crainte et aux invitations réitérées de sa famille, il était parti pour Sedan, sa patrie. On écrivit à Sedan pour demander s'il y était retourné.
                 Son père alarmé par cette lettre, accourut à Paris, chercha son fils partout et finit par retrouver son cadavre à la morgue.
                 Le corps entier des étudiants a d'autant plus profondément partagé la douleur de ce pauvre père, que la disparition du fils avait servi de considérant à une circulaire offensante pour le corps entier. Cette circulaire accusait quelques étudiants d'avoir quitté leurs postes. "

La gazette algérienne (12-10-1892)


Les Biskris
Envoyé par M. Christian Graille

                  Biskri veut dire habitant de Biskra.
                 Le Biskri a généralement entre huit et douze ans. Il a pour costume une chéchia rouge et une gandoura. La chéchia est une simple calotte et la gandoura une simple chemise taillée sur un patron primitif. Les colons prétendent que le Musulman a une horreur instinctive pour l'eau, et la gandoura est blanche juste le jour où on la met pour la première fois.
                 Le Biskri n'a pour toute fortune qu'une petite boîte où il loge deux brosses et une boîte à cirage. Armé de cet engin, il vous observe au coin de la rue.

                 A peine êtes-vous sorti de votre chambre le matin que vous entendez le cri : "Cirer, m'sieu ? " et quand vous avez fait cinquante pas dans la rue, vous avez à vos trousses douze galopins qui vous montrent leurs boîtes en répétant :" Cirer, m'sieu ? ".
                                  Si vous faites un geste d'acquiescement, c'est une lutte homérique : chacun veut avoir le m'sieu et vous prenez deux cireurs pour en faire au moins deux heureux. Aussitôt que le brillant de vos bottes se ternira un peu, le cri recommencera. Je ne crois pas, pendant tout le voyage, être arrivé à me faire cirer moins de trois fois par jour.

                 Le Biskri a une autre ressource ; il s'aperçoit tout à coup que vous avez un objet à la main ; si menu qu'il soit il s'élance : " Porter, m'sieu ? ", vous l'arrache et galope derrière vous. Enfin s'il n'a aucun moyen décent de vous extraire un sou, il le mendie carrément, il tend la main : " Un sou, m'sieu ! ".

                 Pour l'avoir il s'improvisera saltimbanque ; il nouera les pans de sa chemise entre ses cuisses et tous les tours que vous admirez chez nos acrobates, il vous les fera. Ce jeune corps, un peu grêle, mais généralement admirablement fait, a la souplesse de l'osier.
                 Pour cinquante centimes, vous pouvez exécuter une entrée sur une place avec un cortège faisant la roue.

                          Je me souviens qu'à Miliana nous étions sur la terrasse qui surplombe la pente du Zaccar d'au moins quinze mètres ; l'un de mes amis dit, en riant, à un Biskri qui le harcelait : " Jette-toi en bas ". Il regarda l'abîme, en mesura la profondeur et répondit sans sourciller : " Combien donnes-tu ? ".

                 D'abord la familiarité du gamin choque, son insistance importune, mais on s'y habitue. Il n'y a rien de laid ni de déplaisant dans la pure lumière de l'Afrique.

                 La physionomie du petit Biskri est presque toujours charmante. Sa tête rasée a des rondeurs bouffonnes, ses yeux noirs pétillent d'intelligence. Il ignore la mauvaise humeur, et un sourire épanouit éternellement ses grosses lèvres ; avec cela il est leste et infatigable.

                 Vous vous surprenez quelquefois à jouer avec cette nuée de moucherons dont la turbulence quémandeuse finit par amuser.

                 Ces jeunes garçons sympathiques, espiègles, joueurs mais parfois frondeurs faisaient partie intégrante du paysage de l'Algérie et qui peut dire qu'il n'éprouva jamais une réelle sympathie à l'égard de ces gamins ?

A TRAVERS L'ALGÉRIE
Souvenirs de l'excursion parlementaire (septembre-octobre 1879)
Paul Bourde Edition 1880



ALGERIE MEDICALE ET SANITAIRE
Envoyé par M. Christian Graille
XIXème et début du XXème siècle (1830-1929)

                  Au cours des IXème et Xème siècles, plusieurs intellectuels arabes essaient de rassembler les connaissances dans plusieurs domaines. Al-Mas'ûdi est un homme instruit. Il fait ses études à Bagdad et entreprend de nombreux voyages. Il écrit un petit récit de géographie qui est parvenu jusqu'à nous. Le savoir et les connaissances sont immenses. Les savants étudient :
                 - la philosophie, les sciences, les mathématiques, la chimie, la médecine héritage des Grecs, -
                 le Coran, base de la vie intellectuelle,
                 - la littérature, l'architecture, l'histoire, la géographie.

                 Le Xème siècle représente l'âge d'or qui leur donne un certain éclat qui brille même en Europe. La médecine quant à elle s'enrichit de découvertes. Les Arabes donnent les premiers une bonne description de la petite vérole, de la rougeole et de la lèpre. On leur doit le séné, la casse et le tamarin
                 Séné (senna cassia) arbrisseau de petite taille. Le fruit est une gousse aplatie renfermant 6 à 8 graines brunâtres. Le séné et ses nombreuses préparations sont employés comme laxatif. Originaire d'Inde.
                 La casse (cassia angustifolié). C'est un petit arbrisseau originaire de Soudan, utilisé aussi comme laxatif.
                 Le tamarin, fruit tropical qui provient de l'Inde. On le trouve aussi à la Réunion, formé de gousses à l'intérieur desquelles la pulpe entoure plusieurs graines. La saveur de la chair est acidulée et très agréable. Laxatif.

                 Bagdad est le foyer de ces chercheurs. A partir du XVème siècle, survient la domination turque, époque de grande décadence où tout est abandonné.

                 Après avoir joui d'une enviable prospérité, l'Algérie (1529-1830) est ruinée, pillée, dévastée, avec une médecine qui n'existe plus. Les beys d'Alger font de leur ville le fief des pirates, ce qui vaut à de nombreux navires des pays d'Europe d'être capturés ; les équipages sont alors vendus comme esclaves. En 1580, on dénombre 25.000 esclaves chrétiens à Alger. Alors que les Turcs d'Alger vivent en conquérants, isolés du reste des populations autochtones, les Turcs de Tunis sont finalement assimilés par le pays qu'ils ont conquis.

                 En 1827, l'affaire des céréales exportées de la Régence vers la France, de 1793 à 1800, n'est toujours pas réglée. Le Dey Hussein considère Deval, Consul de France, comme responsable de la situation. Le 29 avril 1827, une discussion orageuse entre le Dey et Deval se termine par un coup de chasse-mouches : le fameux coup d'éventail. La France exige des excuses. Sur le refus du Dey, elle met le blocus devant Alger. Opération onéreuse et inefficace. Le 3 août 1829, les batteries côtières bombardent le vaisseau parlementaire " La Provence " à sa sortie du port d'Alger.

                 Le 31 janvier 1830, il est décidé d'entreprendre une action contre la Régence d'Alger.
                 Le 25 mai 1830, la flotte française quitte Toulon sous les ordres de l'Amiral Duperré.
                 Le 14 juin 1830, le corps expéditionnaire commandé par le Général de Bourmont débarque sur la presqu'île de Sidi-Ferruch à 26 kilomètres d'Alger.
                 Le 5 juillet, la capitulation du Dey livre la ville.
                 En quelques semaines, la domination d'une caste militaire s'est effondrée sans même laisser de traces apparentes dans la société arabe et berbère.

                 Pour désigner cette conquête la Monarchie de juillet devait créer un vocable qui est désormais entré dans l'histoire ; c'est ainsi que la Régence d'Alger devint l'Algérie (1839).

                 Quand les Français débarquent en Algérie en 1830, ils ne trouvent qu'une grande dégradation. Les Arabes sont victimes des " toubibs " qui ne sont même pas de bons charlatans mais de " malins sorciers ", des rebouteux, des marabouts qui arrachent les dents, font des saignées, placent des ventouses…
                 Quant aux chirurgiens, ils ne sont que des " barbiers " qui pratiquent la circoncision sans la moindre précaution d'asepsie. Ils voient dans le déchaînement des fléaux la volonté Divine et la sorcellerie revient. Peuple miséreux à la merci de multiples fléaux. Le besoin d'assistance médicale est criant. La mortalité y est effrayante.

                 Arrivée dans un pays hostile, non sécurisé, face à une population fanatique et excitée, combattant sans cesse, l'armée durant la pacification donne des consultations médicales gratuites, crée des hôpitaux, des infirmeries. Les indigènes vivent dans des gourbis aux pierres mal jointes, sans lumière et même parfois sans air. On trouve à l'intérieur des nattes qui recouvrent le sol, on s'y assoit, on dort, on mange. Les nomades, quant à eux, vivent sous la tente faite de lambeaux déchirés qui n'abrite ni du froid, ni du vent, ni de la pluie. Mal logés, les indigènes ne sont pas mieux vêtus, ni mieux nourris. Ils ne se lavent pas et vivent dans une malpropreté extrême dans ces habitations surpeuplées. Les douars, les casbahs, les ruelles étroites sont envahies par toutes sortes de détritus qui empestent et attirent des nuées d'insectes. Les pèlerinages se réunissent dans des conditions lamentables et sont bien entendu une cause supplémentaire de redoutables épidémies. Quant aux femmes, prisonnières des traditions, elles vivent dans l'ombre des logis malsains, sans soleil et sans soins.

                 Au début de notre occupation aucune organisation médicale n'existe. Nous trouvons l'Algérie telle que l'a laissée le déclin du XVème siècle.
                 L'Algérie apparaît comme le théâtre habituel d'épidémies diverses, incessantes, fréquentes et graves faisant des milliers de morts et qui ne cessent de ravager les campagnes et les villes.
                 Ce ne sont que de vastes étendues de terres arides et sauvages, verdoyantes au printemps mais le plus souvent desséchées parcourues par des nomades. Les adultes dont l'espérance de vie n'excède pas 40 ans sont des vecteurs inconscients de nombreuses contagions mortelles : vérole, syphilis, peste, choléra qui en 1835 fut extrêmement meurtrier, typhoïde, typhus, tuberculose et paludisme transmis (on l'ignorait encore) par l'anophèle, redoutable moustique favorisé par tous ces marécages alentour qui aggravent bien entendu la situation. Les soldats français paient un lourd tribut à ces maladies endémiques (le corps expéditionnaire est composé de 31.000 hommes et un tiers est mis hors de combat). Grâce aux ingénieurs par leurs travaux d'assainissement des marais, aux colons par la mise en valeur des terres au péril de leur vie, aux médecins par la réduction des épidémies et des endémies, la population s'est développée.

                 Après le débarquement des Français à Sidi-Ferruch, les émigrants suivent l'armée. La nouvelle communauté grandit lentement. En 1842 on dénombre 198.000 arrivées, 118.000 départs et plus de morts que de naissances ; la population est décimée par le paludisme et le choléra.

                 L'assistance publique commence dès la pacification ; soins donnés aux indigènes et aux premiers colons par les médecins militaires dont le dévouement est au-dessus de tout éloge. Ils rencontrent d'ailleurs dans les campagnes de grosses difficultés à exercer. Des contrôles sanitaires sont installés par la suite dans les principaux ports.
                 Mais au fur et à mesure que la colonisation se développe, que la population européenne s'accroît, la tâche de ces médecins devient de plus en plus ardue. Il y a bien quelques médecins civils mais leur nombre trop restreint surtout en période d'épidémies n'allège pas sérieusement cette lourde tâche.

                 La France déverse sur le sol africain ses médecins militaires confrontés à des situations difficiles, chargés d'accomplir leur mission avec dévouement. Leur œuvre fut immense et féconde. Malgré leurs moyens réduits, eux-mêmes puis les médecins de colonisation, les chercheurs et tout le corps médical participent à enrichir la science grâce à d'admirables découvertes : prémices de la maladie du sommeil, étude expérimentale du cancer, de la rage, recherches fructueuses sur les champignons, infections et diverses contagions, sur le caractère filtrant du virus grippal ; ils l'enrichissent de la pathologie exotique. Certains vaccins sont sortis des laboratoires nord africains, les uns préventifs (typhoïde, choléra, dysenterie) et d'autres curatifs (coqueluche, blennorragie.)

                 Le 15 novembre 1830 est créé par le Général Clauzel le " bureau de santé " qui deviendra le service de contrôle sanitaire aux frontières. C'est une des premières manifestations de l'administration civile algérienne. La protection du littoral algérien est réglementée. Les ports d'Oran, d'Alger et de Bône sont munis d'un matériel pour la désinfection des navires, des marchandises et des passagers. On y effectue la visite et la désinfection des pèlerins revenant de la Mecque.

                 En 1839 des quarantaines s'instituent pour la moindre suspicion.
                 Le nombre de filles publiques à Alger est estimé entre 300 et 500. Les maladies vénériennes s'ensuivent. Un service de salubrité est instauré et la charge du mézouar est renforcée ainsi que la réglementation de la prostitution, et des lupanars (locaux vétustes). En 1835 un nouveau décret, face aux maladies vénériennes qui s'accroissent, surtout dans l'armée, abroge le mézouar, remplacé par un colon, fixe l'inscription des prostituées sur un registre et le nombre de visites mensuelles pour constater leur état de santé. En 1860, il y avait 44 garnisons et le nombre de militaires hospitalisés pour maladies vénériennes est ahurissant (plus spécialement dans les ports).En 1858 : 2.158 cas, en 1859 : 2.890 cas, en 1860 : 2.600 cas.

                 L' assistance publique est d'abord organisée dans les villes : à Alger avec la création de l'hôpital de la Salpetrière en 1832, puis celui du Dey qui en 1833 est cédé à l'administration civile.

                 1835, année désastreuse où les premiers colons furent gravement décimés ; l'administration fit venir quelques sœurs de Saint Joseph de l'Apparition qui par leurs compétences et leur dévouement suscitèrent l'admiration chez tous les musulmans. Elles furent congédiées en 1842 et remplacées par les Filles de la Charité de Saint Vincent de Paul au cours d'une violente épidémie de choléra.

                 En 1839 tandis que l'on ouvre à Alger un hospice, on s'occupe également des premiers dispensaires antivénériens.

                 En 1844, on trouve 32 hospices et 418 médecins militaires. L'assistance aux indigènes s'instaure au fur et à mesure que les troupes avancent. Grâce aux campagnes du Maréchal Bugeaud la colonisation s'enhardit.

                 Par décision du 12 avril 1845, le Ministre de la guerre prescrit " l'organisation d'un service spécial dont la mission est de visiter gratuitement les colons et de leur administrer les soins désirables. "
                 Le corps des médecins de colonisation est créé le 21 janvier 1853 par décret du ministre de la guerre alors compétent pour toutes les affaires algériennes. Les territoires de colonisation doivent être divisés en 27 circonscriptions médicales pour 267 officiers de santé, réparties comme suit : 15 pour le département d'Alger, 5 pour Oran, et 7 pour Constantine. Les titulaires de ces circonscriptions sont nommés médecins de colonisation par le ministre de la guerre. Ils perçoivent un traitement de 2.000 francs, un cheval et une indemnité leur est allouée suivant l'étendue de la circonscription. En contre-partie, ils doivent gratuitement leurs soins, faire des tournées périodiques, tenir un lieu de résidence à des jours et heures fixes, propager la vaccine, constater les décès, fournir à l'administration tous les renseignements et statistiques. L'Algérie dispose à cette époque de 85 médecins civils dont la plupart se trouvent dans les villes : 25 à Alger, 13 à Oran, 4 à Constantine, et 1 à Bône. Seuls 42 médecins exercent dans le bled algérien.

                 En 1844 création des bureaux arabes avec un service médical. En 1847 on ouvre les hôpitaux français aux indigènes. A cette époque, l'hôpital civil d'Alger, étroitement installé, est transféré, d'abord dans des baraquements puis dans des bâtiments en dur, à partir de 1853, dans les jardins qui avaient été ceux de Mustapha Pacha, d'où son nom de " hôpital Mustapha ". Des hôpitaux militaires furent créés en 1861 comme ceux d'Aïn Témouchent, Saint Denis du Sig, et en 1869 un hôpital civil à Constantine. A peine l'hôpital arabe était-il installé (181 malades au début), on passa à 2.472 en 1858. Les médecins pratiquaient la vaccination antivariolique (2.203 personnes en 5 ans.)

                 Le 19 mai 1858 le nombre de circonscriptions est porté à 49 (18 dans la province d'Alger, 16 dans celle d'Oran et 15 dans celle de Constantine.) Craignant un manque de médecins de colonisation, il est ordonné que ces circonscriptions soient desservies par des officiers de santé de l'armée.
                 Après 1858 il y eut une période assez confuse dans l'histoire de la médecine de colonisation.
                 En 1859, l'infirmerie privée de crédits suspend son fonctionnement.
                 En 1860 on confia aux Préfets le soin de créer des circonscriptions médicales.

                 Le 14 mai 1865 Napoléon III est reçu triomphalement à Oran. Une jeune fille, Melle Dragutini lui offre un bouquet de fleurs. Très touché, Napoléon III offre en retour à la famille une maison.

                 Par décret du 23 décembre 1874 une ère de réorganisation définitive stipule que le service médical de colonisation est une des branches de l'assistance hospitalière.
                 L'arrêté du 24 mai 1875 crée et/ou maintient 59 circonscriptions médicales dont 18 pour le département d'Alger, 21 pour le département d'Oran et 20 pour celui de Constantine.

                 En 1853 un premier hôpital musulman avait été créé à Alger. De 1853 aux années 1870 sont construits ou agrandis les hôpitaux de Mustapha, Bône, Constantine, Aïn Témouchent, Saint Denis du Sig, Ménerville, Bougie. Grâce aux efforts du cardinal Lavigerie et des Pères Blancs l'organisation médicale se développe à la suite des épidémies de choléra et de typhus de 1867 et 1868. Vers 1870, la colonie travaille à sa prospérité. Un vaste travail d'assainissement s'effectue.
                 L'administration crée des orphelinats, des hospices. L'assistance générale a fait de grands progrès, la charité privée avait organisé les hôpitaux indigènes en respectant habitudes et mœurs. Le premier hôpital établi est Sainte Marguerite dans le village de Saint Cyprien des Attafs à l'usage exclusif des musulmans avec l'aide des Pères Blancs chargés de créer et d'administrer.

                 En 1874 l'hôpital de Mustapha à Alger est muni d'une installation très complète de traitement par les rayons X. Parallèlement le secours à l'enfant se développe. (Loi Roussel.)
                 En 1880, Laveran démontre la fréquence de la typhoïde et après de longues recherches découvre l'hématozoaire parasite du sang. En 1884 il soupçonne le rôle transmetteur du moustique (l'anophèle) dans le paludisme.

                 En 1894, on fonde sur l'initiative du Dr Trolard et du docteur Soulié l'Institut Pasteur d'Alger avec des services antirabique et microbiologique pour la fabrication de vaccins et de sérums. L'organisation de la lutte antipaludique et la recherche appliquée aux maladies fréquentes s'intensifient. Il est la " sentinelle vigilante " qui signale l'invasion des maladies pestilentielles que l'Orient peut apporter, dénonce les maladies contagieuses, prépare les remèdes, fait des enquêtes épidémiologiques, mène des missions d'études et d'analyses micro- biologiques. Il édite des tracts dans un triple but : scientifique, hygiénique et prophylactique avec des conférences qui instruisent les futures institutrices. Les sciences médicales récoltent sur ce champ d'études et d'expériences une ample et féconde moisson de notions nouvelles et des résultats pratiques de la plus haute utilité. Combien de découvertes ne doit-on pas à l'activité de ce merveilleux organisme qu'est l'Institut Pasteur ! De nombreuses vies humaines seront sauvées grâce à des données thérapeutiques qui jaillissent des laboratoires.

                 En 1895 Perrin écrivait " la création de médecins arabes marquera une étape de plus dans les progrès de la civilisation française en Algérie. " Cette année-là 6 hôpitaux indigènes voient le jour. Les hommes consultent régulièrement ; par contre les femmes, esclaves des préjugés et des coutumes séculaires, s'en tiennent éloignées. Jonnart crée alors 4 infirmeries indigènes pour les femmes (Alger, Oran, Tlemcen et Constantine.) Quant aux consultations, il y en a 7 dans le département d'Alger, 3 dans celui d'Oran et 3 dans celui de Constantine.

                 Dès 1896 à Bedrabin, on utilisa 3.000 ha pour construire un village avec conduite d'eau, écoles, silos, abreuvoir. Un peu plus tard, on créa à Sétif une cité indigène de 38 maisons et l'on constate alors une mortalité en nette régression.
                 Au tout début du siècle le Gouverneur Général Jonnart organise l'assistance publique aux indigènes en créant des centaines d'infirmeries. La lutte antipaludique est confiée à l'Institut Pasteur. Le Dr Raynaud dans un rapport du 31 janvier 1902 qu'il adresse au Gouverneur dit " les toubibs indigènes possèdent des notions médicales fort intéressantes et susceptibles d'être utilisées …, leur donner des notions d'hygiène, enseigner l'asepsie, et les renvoyer au milieu de leurs semblables pour y répandre un léger bien-être … " Cela n'est pas nouveau, d'autant plus que le 14 juillet 1846 le Ministre de l'Instruction Publique proclamait l'avantageuse nécessité de propager parmi les indigènes l'instruction médicale.
                 Le Maréchal Lyautey estime que l'assistance et l'armée sont des facteurs de pacification.

                 Entre 1901 et 1903 le Gouverneur Général Révoil augmente le nombre de médecins de colonisation et crée le corps des auxiliaires médicaux indigènes, aides, interprètes et secrétaires du médecin de colonisation. Pour alléger la tâche des médecins de colonisation le Gouverneur Général Jonnart organise par arrêté du 14 septembre 1904 le corps des auxiliaires médicaux indigènes.
                 Dès 1906, tous les mois paraît un bulletin sanitaire de l'Algérie qui est échangé avec l'Office International d'hygiène de Paris et le bureau sanitaire de la Société des Nations de Genève. C'est ainsi que le dépistage et l'organisation défensive jugulent les épidémies fréquentes parmi la population.

                 C'est en 1909 à la suite de pourparlers entre le Gouverneur Général Jonnart et le Dr Roux (de l'Institut Pasteur à Paris) qu'on aboutit le 31 décembre à la transformation de l'Institut Pasteur d'Alger en annexe de celui de Paris avec la dénomination Institut Pasteur d'Algérie. Le Général Varenne déclare : " L'Institut Pasteur est l'un de nos meilleurs agents colonisateurs. "
                 Le territoire est partagé entre la zone civile (régions nord fertiles, colonisées, peuplées de 5.522.640 habitants dont 865.125 européens) et la zone militaire (territoires du sud, région saharienne très peu peuplée, 542.255 habitants).

                 Parallèlement, Charles Nicolle s'efforce de mettre au point la vaccination préventive de la conjonctivite et de la lèpre.
                 La science vétérinaire progresse sur les ovins (lutte anticlaveleuse), sur la trypanosomiase et la gale du dromadaire (transmissible par les taons), sur les équidés, et l'identification de la fièvre bilieuse du bœuf. Le Nord de l'Algérie possède deux organismes d'hygiène :
                 - un service sanitaire maritime chargé d'empêcher les maladies exotiques ou contagieuses,
                 - un service de protection du territoire.

                 En 1911, existent 3 inspections départementales : Alger, Oran, Constantine, chargées de surveiller les provenances maritimes et de veiller aux dangers d'apparition des maladies endémiques : 3 bureaux principaux, 103 médecins de colonisation, des médecins communaux, des médecins militaires, 43 infirmières visiteuses, 93 auxiliaires médicaux. C'est à eux qu'incombe la mission de combattre les maladies locales, mener la lutte pour l'hygiène et contre les épidémies.
                 Les médecins de colonisation ont une tâche considérable. Certaines circonscriptions comptent plus de 50.000 âmes.

                 En 1923, 43 postes d'infirmières visiteuses furent créés, rôle social important pour répandre l'hygiène élémentaire.
                 En 1926, création de 75 hôpitaux (23 dans le département d'Alger, 22 dans celui d'Oran et 30 dans celui de Constantine). Ils furent édifiés sur un plan-type dressé par le Professeur Soulié et un architecte : 34 lits dont 25 pour les indigènes, 7 lits pour les européens et 2 pour le service maternité.
                 A leur entrée les malades sont lavés, désinfectés et reçoivent des vêtements propres. Le service est assuré par un médecin que secondent une infirmière visiteuse et un auxiliaire médical indigène, un infirmier ou une infirmière européenne. Ces hôpitaux auxiliaires sont aussi des centres de dépistage notamment pour la syphilis.

                 Désireux d'améliorer l'assistance médicale, Monsieur Violette divisa tout le territoire en circonscriptions médicales et chacune eut un médecin. Il créa 50 circonscriptions rurales et un asile d'aliénés vit le jour à Blida.
                 En 1927 installation de postes de secours.

                 L'Algérie a été atteinte au cours des siècles par de grandes épidémies qui frappèrent le bassin méditerranéen. Les périodes les plus critiques furent les suivantes :
                 1831-1832 variole région d'Alger
                 1834 choléra, variole plus de 300 cas. Se prolonge avec intensité jusqu'en 1837
                 1842 typhus exanthématique
                 1849-1853 choléra assez nombreux cas
                 1868 typhus exanthématique
                 1893 choléra environ 15.000 cas et 6.000 décès.

                 La syphilis.
                 De tous les maux qui affligent les populations indigènes d'Algérie, la syphilis est l'un des plus dévastateurs. Les Indigènes, les Kabyles demeurent pour le tréponème un vaste terrain de culture et un inépuisable réservoir de virus : affreuses lésions donnant un visage hideux, tumeurs déformant les membres, plaies rongeant les tissus, nouveau-nés condamnés. Les indigènes voient une punition infligée par la main de Dieu d'où fatalisme. Dès que les médecins militaires se rendent compte de l'importance du fléau, ils organisent la lutte avec le dépistage, surtout en Kabylie où l'on note les plus grands ravages.
                 En 1860, on traite 208 malades à l'hôpital et 2.343 à domicile. L'année suivante 437 et 3.739, chiffres éloquents du Dr Lagarde à Tizi-Ouzou. Cela prouve la confiance qui s'installe entre la médecine française et la population. Les thérapeutiques n'existent pratiquement pas, l'iodure de potassium étant le seul remède. La lutte est entreprise contre le relâchement des mœurs, la fausse pudeur d'avouer certaines lésions, encouragement pour les femmes privées de soins, explications diverses, et comment par insouciance on se retrouve face à ce terrible mal avec ces ravages. Des efforts sont accomplis pour développer l'hygiène. De nombreux dispensaires sont créés en insistant sur la gratuité et l'importance de se faire dépister avec une recommandation toute particulière surtout chez les femmes enceintes.

                 Le choléra.
                 Le choléra lui aussi fait de grands ravages ; transmis par l'eau, les aliments contaminés et le mauvais assainissement, il se traduit par des vomissements et une diarrhée brutale. Cette infection intestinale due à une bactérie (vibrio cholerae) constitue un difficile obstacle à l'entreprise coloniale. En 1834 une grande épidémie éclate à Oran : 724 cas, 481 mortels. C'est par la mer qu'il pénétra (immigrants venus de Carthagène et de Gibraltar). Cette épidémie transmise par la malnutrition, la misère, le manque d'hygiène se propage à Mostaganem (48 cas, 32 morts), dévaste Mascara où il périt plus d'un septième de la population. On le retrouve à Alger en 1835 ; épidémie importée de Marseille et de Toulon par les vaisseaux. La mortalité est effrayante : 2.576 morts, plus spécialement chez les Juifs (100 morts par jour). On dut recourir à l'évacuation en masse de la population juive en dehors de la ville (à la Bouzaréah.) Puis c'est au tour de Constantine où l'on dénombre 14.000 morts sur une population de 50.000 âmes. Quant à Blida 1.600 morts en 22 jours. Dévastation cruelle à Aumale, Arzew, Tlemcen, Orléansville, Sidi-Bel-Abbès, Saint Denis du Sig, Perrégaux, Mascara, Marnia. Les médecins eux aussi sont frappés sévèrement (30 dont 12 décès). La surveillance des mesures sanitaires et celle de pèlerinages s'accroît.

                 Le choléra est importé en Algérie. Le foyer : l'Orient. Quant au réservoir d'origine : le Delta du Gange. Il gagne l'Algérie transporté par les caravanes, chariots, pèlerins. Le contrôle des eaux de consommation est rigoureusement pratiqué. Les égouts font l'objet d'une surveillance régulière. Le Service sanitaire surveille attentivement les navires. En 1892, 304 navires étaient inspectés et en 1910, 946 (choléra qui sévit à cette époque en mer Noire, en Italie et en Tunisie), surveillance étroite des pèlerins et des lieux Saints. On bénéficie de mesures internationales décrétées par les grandes puissances. De 1892 à 1921, 8.094 navires suspects sont visités. Après l'épidémie de 1911, on organise dans chaque commune des locaux d'isolement et dans le département une ambulance mobile pour les soins, la désinfection et des prélèvements pour une surveillance à l'Institut Pasteur d'Alger ainsi que dans les hôpitaux d'Oran et de Constantine pour les recherches microbiologiques. Quant aux services de voirie, ils s'emploient au nettoiement des villes.

                 Le paludisme.
                 Dès 1830, les médecins militaires isolent les fièvres des marais parmi les maladies endémiques. En 1834, les recherches cliniques et thérapeutiques établissent le rôle spécifique de la quinine dans le traitement du paludisme (la quinine médicament exclusif du paludisme durant près d'un siècle est extraite par Pelletier et Caventou en 1820 de l'écorce de " quinquina ") ; les effets de cette écorce sur les fièvres sont connus depuis 1630, découverte par les Indiens du Pérou qui l'appelaient " quina-quina ".

                 L'armée a à lutter non seulement contre l'homme mais surtout contre un sol et un climat meurtrier. Ignorant sa nature et sa cause, les médecins militaires assistent impuissants à ses ravages. Les fièvres intermittentes apparurent en juillet 1830 à Alger avec une certaine fréquence. En 1831 la Mitidja s'avère inhabitable. En 1834 Maillot prend la direction de l'hôpital militaire de Bône et entreprend l'emploi du sulfate de quinine à haute dose, il précise enfin la thérapeutique du paludisme ramenant à 1 sur 20 la mortalité. Ceci a permis de sauver des milliers de soldats et fut le salut de la colonisation. Parallèlement l'assainissement du territoire commence. De 1830 à 1840 les épidémies s'intensifient à Boufarik, Philippeville, Médéa, Tlemcen, Tiaret, Saïda où le paludisme se manifeste avec une extrême intensité. Certaines mesures sont prises avec la destruction des marais et la tentative d'irrigation. Les premiers colons sont les bons ouvriers de la prospérité et de la richesse en Algérie par le défrichement, les travaux agricoles, la culture intensive des terres. Les méfaits de ce fléau sont limités. Bientôt l'Algérie étale ses merveilles agricoles et sa terre pleine d'avenir. Un million quatre cent milles francs est employé à l'efficacité des travaux d'assèchement des marais malsains durant 2 ans. Par la suite, malgré des crédits réduits, la quinine bien que distribuée avec parcimonie contribue à enrayer cette maladie. En 1900, Jonnart transforme un service antipaludique à l'Institut Pasteur sous la direction des frères Sergent. En collaboration avec les Ponts-et-Chaussées, il réussit l'assainissement du sol par des travaux anti larvaires ; avec les médecins de colonisation, une quininisation systématique ; avec les instituteurs l'assainissement des réservoirs de virus par une vaste information.

                 La peste.
                 La peste se manifeste à diverses reprises et y reste endémique après l'arrivée des Turcs faisant grand nombre de victimes Aucune disposition sanitaire à l'égard des navires, des marchandises et des voyageurs susceptibles de contamination n'est prise. L'épidémie de 1816 dure jusqu'en 1822 puis s'éparpille partout sur le pourtour méditerranéen. Elle emporte en un seul mois 2.048 victimes. Les pèlerinages à la Mecque, source d'invasion pesteuse, ont été suspendus, un service sanitaire maritime sévère se met en place : contrôle des navires, des passagers, des marchandises. De 1899 à 1904 on ne relève plus que quelques cas, soit 25. En 1907 les mesures de prophylaxie se sont multipliées et leur apparition répandue. En 1926 petite invasion à Oran avec 43 cas.
                 Le Service sanitaire maritime s'emploie à la destruction permanente et méthodique par l'examen bactériologique des rats. La surveillance des rongeurs est décidée en 1907, on bâtit de nouvelles constructions sur les quais, une vérification accrue des égouts s'installe. Les laboratoires à Alger, Oran, Bougie, Philippeville, Bône, La Calle font des recherches microbiologiques. Il existe un personnel local et à Alger une brigade mobile capable de se transporter sur tout lieu menacé. La dératisation fonctionne grâce à des crédits spéciaux. A l'aide de nasses, on peut capturer de 1908 à 1927 plus d'un million de rats. Ces mesures sont jointes aux possibilités d'isoler les malades et les suspects, de poser un diagnostic précoce, de désinfecter rigoureusement locaux et objets contaminés, de vacciner ceux que leur métier expose. La lutte organisée contre le rat avec le concours de toutes les administrations est active grâce aux mesures intérieures, extérieures et internationales.

                 Typhus exanthématique.
                 Les connaissances de cette maladie avant que l'Institut Pasteur de Tunis aborde l'étude n'existent pas. Typhus, maladie de la misère, de la faim, de la malpropreté. Il faut ravitailler les miséreux, soigner et isoler les malades sans attendre l'épidémie et poursuivre la destruction systématique des poux. Postes sanitaires de part et d'autre de la frontière, assurer visite et désinfection des nomades et ouvriers agricoles Ce n'est qu'en 1861 que fut observée et identifiée cette maladie avec une mortalité de 1 sur 2. Le but principal est de détruire le pou responsable de tant de morts. Charles Nicolle réalise en 1909 la première reproduction du typhus chez les animaux. La même année en collaboration avec Comte et Conseil il démontre le rôle capital du pou de corps dans la transmission de la maladie. En 1910, Nicolle et Conseil avec l'aide de Conor et Blanc fixent les conditions d'infection des poux et le pouvoir préventif du sérum. Après les essais de Legain et de Raynaud, l'Institut Pasteur de Tunis permet de faire disparaître ce fléau.

                 Kala Azar.
                 Maladie transmise par le chien chez qui Nicolle retrouve le parasite. L'infection canine se fait par les puces. Cette maladie est rare en Algérie. En 1924 un sixième cas est signalé.

                 Bouton d'Orient.
                 Des essais sont faits sur le singe et le chien. La leishmaniose est transmise de façon indirecte surtout l'été et la nuit. L'humus, les déchets organiques, l'eau, les sols humides et les fissures des murs constituent les gîtes larvaires les plus fréquents pour se développer.

                 Fièvre méditerranéenne.
                 Fièvre ondulante, maladie qui se propage par contact des malades aussi bien que par le lait. Infection des chèvres laitières. Vaccination préventive.

                 La rougeole.
                 Les études montrent la sensibilité au virus et surtout la contagion prééruptive. En 1919, les propriétés préventives du sérum qui est préconisé, ainsi que la préservation de l'entourage des malades sont connues.

                 Le trachome.
                 Les populations de certaines régions de l'Afrique septentrionale en sont cruellement atteintes. Les larmes sont infectieuses et le rôle des mouches amplifie l'extension de la maladie. Conjonctivite granuleuse fréquente en Afrique du Nord. Les terribles conséquences sont des lésions avec une cécité partielle ou totale qui sévit dans les milieux sordides, malpropres Cette lutte est difficile du fait de la dissémination des malades sur de grandes superficies sans moyen de communication. Dès 1903 des instructions pour la prophylaxie s'installent. Dans chaque agglomération une personne désignée est chargée de préparer et de distribuer les lotions d'acide borique. Les instituteurs sont invités à collaborer. Dès 1908 une véritable inspection oculistique est organisée dans le département d'Oran et en 1909 dans celui de Constantine. Les trois hôpitaux ont un service spécial ainsi que les dispensaires communaux que subventionne la colonie : Aïn-Témouchent, Arzew, Mascara, Mostaganem, Perrégaux, Relizane, Saïda, Sidi-Bel-Abbès. Il existe des " maisons des yeux ", une par département à titre d'expérience. La continuité du traitement est assurée par un auxiliaire médical ou une infirmière visiteuse. Les résultats obtenus ne sont pas à la hauteur des espoirs surtout dans les régions particulièrement atteintes.

                 La variole.
                 Au début du XIXème siècle elle se montre la plus grave et la plus répandue. Infection que les premiers médecins combattent avec science et dévouement. Dès 1830, les médecins militaires constatent tous les ravages de ce fléau qui gagne tout l'Algérois et qui s'étend malgré les vaccinations pour éradiquer cette infection. Les nomades échappent trop souvent à la vaccination. Les Arabes qui venaient déjà en nombre ne s'opposaient pas à ce que l'on vaccinât leurs enfants. Cela marque un grand progrès. Dès 1908, tout immigrant doit subir un contrôle et une vaccination à son arrivée. Le Service maritime a vacciné ainsi 561.474 individus (Espagnols, Marocains, Français, Italiens).

                 La rage.
                 De 1910 à 1926, 27.248 personnes sont traitées. Il convient de se montrer sévère vis-à-vis des chiens et des propriétaires. Les chiens errants sont un danger. Il faut sans faiblesse appliquer la loi, c'est-à-dire les abattre.

                 La fièvre récurrente.
                 Encore une maladie infectieuse dont l'étude a progressé grâce aux recherches. En 1908 des travaux menés à Béni-Ounif et à Alger par Edam et Foley de l'Institut Pasteur découvrent l'agent transmetteur, le pou. Le microbe en cause est une espèce nouvelle. Ils montrent également l'existence des poux typhiques. Ils apportent ainsi la première notion de l'origine microbienne des virus filtrants. De 1908 à 1920 on résout la transmission et les origines des autres fièvres récurrentes. Ainsi est identifié le typhus récurrent.

                 La tuberculose.
                 Une polémique s'installe : la tuberculose s'est-elle manifestée depuis la conquête ou existait-elle avant ? Elle est provoquée par le bacille de Koch. De toute façon, il faut apprendre à se préoccuper de l'hygiène surtout dans les quartiers de la Casbah, surveillance des cafés maures, des fondouks, des écoles indigènes. La tuberculose est en Algérie un gros problème : alimentation, propreté, danger des excès, alcoolisme. Dans chacun des 3 départements, dans trois dispensaires on isole et on traite les tuberculeux en attendant que se construisent des sanatoriums. L'introduction de la vaccination par le B C G est une véritable avancée. Sur 100 enfants, 32 mouraient issus d'une mère tuberculeuse.

                 La fièvre typhoïde.
                 Fléau terrible pour les habitants qui apparaît au moment des chaleurs, son évolution reproduisait celle des fièvres palustres d'où la confusion avec le paludisme. Après quelques années de fausses interprétations et d'erreurs, la fièvre typhoïde éclate en 1864 à Constantine et en 1890 à Nemours où les populations juives et espagnoles réfractaires aux règles d'hygiène sont particulièrement atteintes. En 1891 c'est Médéa qui est frappé puis à leur tour les régions d'Oran, de Tlemcen, de Sidi-Bel-Abbès, Batna. Oran est l'un des plus grands foyers, puis Constantine. En 1903, c'est Alger. La mauvaise hygiène, la misère, l'entassement des populations aggravent la situation : dans certains quartiers arabes, ruelles étroites, égouts non étanches et défectueux, réservoirs exposés aux souillures extérieures. Provoquée par le bacille salmonella enterica typhi, la contamination humaine se fait soit de manière directe ou indirecte soit par une personne infectée, soit par la consommation d'aliments contaminés ou par les légumes crus et des eaux souillées par les matières fécales. Grâce à la découverte de la pénicilline le 3 septembre 1928 par Alexander Fleming, on a pu plus tard enrayer cette terrible maladie.

                 Coloniser, c'est civiliser. Le médecin est le premier agent colonisateur. Amélioration de la vie matérielle, morale et sanitaire, ouverture des hôpitaux, création de dispensaires et d'assistance, éradication des maladies endémiques. Après près d'un siècle d'efforts, la conquête de l'Algérie par la France a fait baisser considérablement le taux de mortalité.

                 La population indigène est passée de 2.328.091 en 1856 (premier recensement) à 5.199.710 en 1926. Cet accroissement et la prospérité qui en découle sont pour une grande part l'œuvre des médecins qui poursuivent leur lourde tâche avec tous les risques encourus. Tout d'abord les médecins militaires, ensuite les médecins de colonisation, les médecins communaux, les médecins libres, les internes et externes des hôpitaux, les auxiliaires médicaux, les infirmiers et infirmières. Tous réalisent une œuvre considérable, conscients des lourdes difficultés au mépris de leur vie. L'Algérie est dotée d'un vaste système d'hygiène et de prophylaxie. La lutte contre les épidémies bénéficie d'une organisation assez complète qui a donné les preuves de son efficacité.

Recherches et rédaction d'Anne-Marie Valle

                 Bibliographie
                 - Encyclopédie pratique illustrée des colonies françaises de Maurice Allain, éditeur Quillet 1931.
                 - Des maladies vénériennes, de la prostitution dans l'Algérie coloniale par Abid, professeur à la Faculté de médecine d'Alger (12 janvier 2007).
                 - La Régence d'Alger et le monde turc (fin de la période turque).
                 - Alger, Algérie : santé publique - luttes contre les épidémies - janvier 1952. Alger Bâb El Oued, hôpital Maillot extrait de AFN, juillet 2007.
                 - Historique des circonscriptions médicales de colonisation par le Dr Jean Lartigue.
                 - Dr Jean Tremsal ; thèse de Doctorat du 7 décembre 1928. Un siècle de médecine coloniale en Algérie 1830-1929.


Le Congé
Envoyé par Mme Eliane

         J'ai un urgent besoin de quelques jours de congé
         Mais je sais que mon patron ne voudra pas me les donner.
         J'ai alors pensé qu'en agissant comme une "folle", il me les accordera afin que je puisse me reposer.
         Alors, je me suis suspendue au plafond, tête en bas, et j'ai fait de drôles de bruits.

         Ma voisine de bureau (qui est blonde) me demande ce que je suis en train de faire.
         Je lui dis que si je prétends être une ampoule électrique, le patron pensera que je suis folle et me les donnera ces jours de congé.

         Quelques minutes plus tard, le patron entre dans le bureau et demande :
         - Bon Dieu ! Mais qu'est-ce que tu fais là !
         - Je suis une ampoule électrique... dis-je.

         Il me dit :
         - Il est clair que tu souffres d'un stress énorme.
         Retourne chez-toi et repose-toi quelques jours.

         Je me redresse, prends mes affaires et traverse le bureau en direction de la sortie..
         C'est alors que ma voisine de bureau (la blonde) me suit.

         Le patron lui demande alors :
         - Eh toi! Où crois-tu aller comme ça ?"
         Elle lui répond :
         - Je retourne aussi à la maison car je suis incapable de travailler dans le noir !!! ...



PHOTOS SOUVENIR
Envoyée par M. Charles Ciantar

Bône avant la conquête




QUELQUES PAGES D'UN VIEUX CAHIER

Source Gallica

Souvenirs du Général Herbillon (1794 - 1866)
Publiés par son petit-fils

        CHAPITRE XXIV
ÉPILOGUE

        A partir du retour de Crimée, les notes du général restent presque muettes sur les événements qui se sont succédé. Il fit partie de plusieurs commissions, en particulier de celle chargée de la révision du service des places.
        Le 8 mars 1859, le maréchal Vaillant lui faisait connaître que, par décret du 5 mars, l'Empereur l'avait maintenu définitivement dans la 1ére section du cadre de l'État-major général.
        Il y ajoutait ces mots :
        "Je me félicite d'avoir à vous donner avis d'une décision qui conserve à l'État le concours de votre longue expérience et assure la continuation des services distingués que vous avez rendus pendant le cours de votre carrière militaire. "

        Mais la campagne d'Italie est décidée. Certaines difficultés s'étant produites avec le Prince Napoléon, chargé du commandement militaire de Gênes, l'Empereur fait demander au général Herbillon s'il accepterait ces fonctions. Ayant reçu une réponse affirmative, le maréchal Vaillant la transmit au Souverain; et il envoyait le soir même ce billet au général :

        "Paris, le 30 avril 1859.
        "Mon cher Général,
        "L'Empereur a paru satisfait de votre acceptation ; je viens de la lui faire connaître. Il désire beaucoup que vous puissiez partir dès demain. Je lui ai laissé l'espérance de votre prochain départ.
        Votre vieux camarade,

        Le Maréchal Ministre, VAILLANT.
        Le général partait immédiatement, et le 6 mai, il arrivait à Gênes.
        Il eut à fournir un travail intensif qui lui valut à diverses reprises des félicitations du maréchal Randon et dès son retour en France, reprend des occupations dans diverses commissions.
        Le 24 octobre 1863, il avait été élevé par l'Empereur à la dignité de sénateur et le 23 décembre il était nommé président du Comité d'Infanterie.
        Le 17 décembre 1864, il recevait l'avis suivant qui clôturait sa vie militaire :

        "Paris, le 17 décembre 1864.
        "Général,
        "L'Empereur a cru devoir déterminer une limite d'âge absolue au-delà de laquelle, en temps de paix, les officiers généraux employés par le département de la Guerre, soit en vertu de l'article 1 de la loi du 4 août 1839 ou de l'article V du décret du 1er décembre 1852, soit à tout autre titre, seront de plein droit remplacés dans leurs fonctions ; et, par une décision en date du 15 mai 1853, Sa Majesté a fixé cette limite à soixante et dix ans.
        " J'ai l'honneur de vous annoncer que, par application de cette disposition, une décision impériale du 10 décembre courant vous met en disponibilité à partir du 1er janvier 1865.

        Je ne veux pas, Général, que vous quittiez le Comité d'Infanterie sans emporter l'expression sincère de mes regrets. Vos longs services qui datent d'une époque glorieuse et qui ont été couronnés par les campagnes d'Orient et d'Italie, n'avaient en rien affaibli votre zèle ni votre activité ; mais l'heure du repos est arrivée et elle doit être envisagée sans peine quand on a comme vous, la conscience d'avoir dignement payé sa dette à la France et à l'Empereur.
        "Recevez, Général, l'assurance de ma considération la plus distinguée.
        Le Maréchal de France, Ministre,
        Secrétaire d'État à la Guerre,
        RANDON.

        Au Sénat, il s'associa activement aux travaux de ses collègues et on signale particulièrement son rapport du 18 février 1864, où il présentait les conclusions d'une Commission chargée d'examiner la pétition par laquelle les officiers en retraite demandaient que le bénéfice de la loi du 25 juin 1861 sur les pensions militaires fût étendu aux officiers dont la pension était déjà liquidée avant cette époque.

        Il mourut à Paris, le 24 avril 1866 (Il avait épousé en secondes noces à son retour de Crimée, Mme veuve Chavant, qui mourut en 1886.) et fut inhumé à Châlons-sur-Marne sa ville natale, qui lui fut toujours fidèle de souvenir. En 1857, elle l'avait nommé membre honoraire de la Société d'Agriculture, Sciences et Arts de la Marne. Elle tint à lui élever son tombeau qu'elle entretient toujours pieusement.
        Voici comment M. Tisseron, directeur de l'Histoire du Sénat, termina son article nécrologique en s'inclinant sur la tombe de ce soldat :

        " Il n'est pas d'exemple plus saisissant de ce que peuvent l'amour du devoir et le dévouement à la Patrie. Le général Herbillon, en servant noblement son pays pendant cinquante-deux ans, a conquis un à un et par son seul mérite, tous les grades, jusqu'aux plus élevés de la hiérarchie militaire. Il compte vingt-six campagnes les plus rudes et les mieux remplies. Cette grande figure militaire peut être comparée aux héros du premier Empire, et le vainqueur de Zaatcha doit être cité à ceux qui se sentent au cœur l'amour de la gloire et le mépris des dangers. Il laisse à son fils aujourd'hui chef de bataillon dans la Garde impériale, un nom qui, pour un noble cœur, est le plus magnifique héritage (1)."
        Paris, 4 janvier 1826.
        J. Herbillon.

        (1) Ces pages seraient incomplètes si je ne les terminais par un rapide exposé des états de services du fils du général.

        Né à La Rochelle, le 7 janvier 1825, il entrait à l'École Centrale en 1845; il quittait cette École pour s'engager le 4 juin 1847, était reçu à Saint-Cyr où il entrait le 5 décembre 1848 et d'où il sortait avec le no 16. Sous-lieutenant le 30 décembre 1852, faisait colonne avec le général de Mac-Mahon et était décoré chevalier de la Légion d'honneur le 20 janvier 1855. Il rejoignait son père en Crimée, comme officier d'ordonnance au titre du 478 régiment d'infanterie, était nommé capitaine le 30 août 1855, puis chef de bataillon le 13 août 1863, au 38e. Il passait au 3e régiment de grenadiers de la Garde, le 21 décembre 1865, était nommé officier de la Légion d'honneur le 20 décembre 1867. Pendant la campagne de 1870, il était blessé à Rezonville, puis nommé lieutenant-colonel au 2e de ligne le 11 septembre. Il avait la consolation, après les dernières affaires sous Metz, de brûler le drapeau de son régiment, refusant de croire à la décision du maréchal Bazaine que nos étendards seraient brûlés à l'Arsenal. Il quittait le 20 de ligne pour passer au 1368, où il était nommé colonel le 1er mai 1874.

        Au moment où il quittait le 2e de ligne, le colonel Lebelin de Dionne mettait à l'ordre du régiment :
        "Le colonel tient spécialement à exprimer à M. le lieutenant-colonel Herbillon les sentiments d'estime et d'affection qu'il laissera parmi nous. Nous n'oublierons pas que c'est lui, qui à Tulle, au milieu de circonstances douloureuses et difficiles, a réorganisé le régiment. Nous n'oublierons pas que, pendant ces deux années, il a dirigé avec un rare mérite l'instruction du régiment.
        "Nous n'oublierons pas surtout ses qualités de cœur, l'élévation de ses sentiments et la droiture de son esprit. "

        Atteint par une grave maladie, il devait prendre sa retraite en 1877, alors que les étoiles lui avaient été promises. Il mourut à Paris, en 1893.

FIN


ALGER DECEMBRE 1959
Par M. Bernard Donville

            
            Dernier mois de l'année.
            En couverture le cinquantenaire de l'université endeuillé par l'attentat devant la fac et coincidence la catastrophe de Malpasset.Les attentats sont toujours là à l'approche de Noel...La rubrique Alger politique a un mauvais titre retenons plutot Alger deci de là .Je me suis retenu dans la rubrique "à travers Alger "pour ne pas vous ensevelir sous les arbres de noel ,comme quelque année précédente! Beaucoup d'images pour le sport et dans la mode je ne saurais choisir entre robe ballon ou culotte de cheval?
            Je ne pouvais pour la pub oublier la "maison de la datte". En coup de coeur ceux du journal et en bonus encore notre ( parce que c'est nous qui l'avons trouvé) pétrole!!!
            Bonne lecture

Voir la suite du dossier sur :
donville-decembre1959.pdf


Un petit complément de décembre
donville-panorama-algerie1959.pdf

donville-cinquantenaire-univ.pdf



Algérie
par Uzay Bulut 15 décembre 2019 Envoyé par M. H. Jolivet

La Persécution des Chrétiens se Poursuit Ininterrompue


           « [Une] loi de 2006 stipule que tous les cultes non-musulmans doivent être pratiqués dans des bâtiments spécifiques et désignés. Mais depuis l'entrée en vigueur de cette loi, le gouvernement algérien n'a désigné aux chrétiens aucun lieu de culte spécifique. » - William Stark, directeur régional de International Christian Concern (ICC), à Gatestone.

           « Les lois algériennes sur le blasphème empêchent les chrétiens de partager leur foi de crainte qu'une simple conversation ne soit considérée comme blasphématoire et utilisée contre eux. » - Open Doors, 2018.

           Malheureusement..., même le pape François édulcore le sort de ses coreligionnaires dans ce pays d'Afrique du Nord ... « La période de paix à laquelle il fait référence n'est pas très claire » - Bethany Blankley, Patheos, 2018.

           Les chrétiens continuent d'être persécutés par le gouvernement algérien. A la mi-octobre, trois églises ont été fermées et leurs fidèles expulsés par la police. Photo : basilique Notre-Dame-d'Afrique à Alger, l'une des églises les plus célèbres d'Algérie. (Source image : Damien Boilley / Flickr / Wikimedia Commons)

           Les chrétiens d'Algérie ont beau ne représenter qu'un pour cent d'une population majoritairement musulmane, ils continuent d'être une cible pour le gouvernement algérien. A la mi-octobre, trois églises ont été fermées autoritairement et leurs fidèles expulsés.
           William Stark, directeur régional de International Christian Concern (ICC), a déclaré à Gatestone que ces fermetures d'églises s'inscrivaient dans une vaste campagne lancée il y a deux ans contre les lieux de culte chrétiens.

           Selon Stark, ICC- Algérie a recensé 12 églises fermées par les autorités algériennes depuis janvier 2019 :
           « La fermeture des trois dernières églises est très inquiétante, car elle intervient quelques jours après un sit-in pacifique organisé par des membres de l'Eglise Protestante d'Algérie (EPA) - une association qui regroupe l'ensemble des églises protestantes – contre cette politique de fermeture d'églises. La décision des autorités de fermer ces églises ne peut être considérée que comme une mesure de représailles.
           « Les manifestants protestent contre la loi de 2006 qui stipule que tout culte non musulman doit être pratiqué dans des bâtiments spécifiques et désignés. Mais depuis l'entrée en vigueur de cette loi, aucun lieu de culte chrétien n'a été désigné par le gouvernement algérien. »
           Selon ICC, l'une des églises fermée de manière autoritaire - le temple Plein Evangile de Tizi-Ouzou, qui compte environ 1 000 membres - est la plus grande d'Algérie. Son pasteur principal, Salah Chalah, dirige également l'EPA.
           Le pasteur a échoué dans toutes ses tentatives de rencontrer les représentants du gouvernement. Une descente de police dans son temple lui a valu des coups de matraque.

           Stark expliqua à Gatestone :
           « La simple existence d'une minorité chrétienne semble attenter à l'identité musulmane de la nation algérienne. Les persécutions qui frappent cette petite minorité non-conforme qui projette une autre image de l'identité algérienne n'ont rien pour étonner. »

           L'article 2 du chapitre I de la constitution algérienne stipule que « l'islam est la religion de l'État ».
           Le Rapport 2018 du Département d'État américain sur la liberté de religion dans le monde, précise, concernant l'Algérie :

           « Le prosélytisme non-musulman est un crime ... Les médias ont fait état d'accusations portées par les autorités contre cinq chrétiens de la province de Bouira. Trois de ces chrétiens appartiennent à la même famille et sont accusés d'avoir « incité un musulman à changer de religion » et d'avoir pratiqué le culte chrétien en un lieu non autorisé. Le 25 décembre, le tribunal de Bouira a acquitté les cinq personnes. Mais en mars, un tribunal de Tiaret a condamné deux frères chrétiens qui transportaient plus de 50 Bibles dans leur voiture. Le Procureur a déclaré que les accusés projetaient d'utiliser ces Bibles aux fins de prosélytisme. Les deux frères ont plaidé que ces Bibles étaient destinées à être utilisées dans l'église, mais ils ont été condamné à une amende de 100 000 dinars (790€). En mai, un autre tribunal a infligé trois mois de prison ferme et une amende de 100 000 dinars à un prêtre et un fidèle mis en examen pour prosélytisme...

           « ... Des inconnus ont vandalisé deux cimetières chrétiens, brisant des pierres tombales et saccageant des tombes. Des individus ayant des pratiques religieuses autres que l'islam sunnite ont affirmé avoir subi des menaces et être en butte à l'intolérance, y compris dans les médias ».

           Open Doors, un groupe de veille sur la persécution des chrétiens, a récemment rapporté que,
           « Au cours de la dernière année, de plus en plus d'églises ont été fermées en Algérie. Parallèlement, certains convertis au christianisme ont publiquement fait état de leur nouvelle foi, ce qui a provoqué une réaction violente des familles musulmanes et réveillé l'intolérance de la société, y compris chez les proches des convertis. L'Etat a également ajouté à cette pression : les lois restrictives qui règlementent le culte non musulman et interdisent la conversion et le blasphème, exposent les chrétiens à un risque extrême ...

           « Les lois algériennes sur le blasphème empêchent les chrétiens d'exprimer leur foi. Ils savent qu'une simple conversation peut fonder une accusation de blasphème. En Algérie, la loi interdit d'« ébranler la foi » d'un musulman ou d'user d'un quelconque moyen de séduction « pour convertir un musulman à une autre religion. Les chrétiens souffrent également de harcèlement et de discrimination dans leur vie quotidienne. Les familles de convertis et leurs voisins font pression pour les ramener aux normes islamiques et aux rites musulmans ... »

           Aucune des persécutions évoquées ci-dessus ne diminuera tant que les chrétiens occidentaux, en particulier les dirigeants d'église, ne sommeront pas Alger de revenir à la raison. Malheureusement, Bethany Blankley, analyste politique sur Fox News Radio, a expliqué en décembre 2018 dans Patheos, que même le pape Francis édulcore le sort de ses coreligionnaires dans ce pays d'Afrique du Nord. A propos des remarques du pontife lors d'une messe de béatification qui avait lieu à Oran, en Algérie, Blankley écrit :

           « Malgré des siècles de violence, le message du pape a été que les chrétiens et les musulmans d'Algérie "ont été victimes de la même violence pour avoir vécu fidèlement et respectueusement leurs devoirs de croyants et de citoyens sur cette terre bénie. C'est pour eux aussi, que nous prions et exprimons notre reconnaissance ».
           « Il a ajouté que tous les Algériens sont les héritiers du grand message d'amour lancé par saint Augustin d'Hippone et qui s'est poursuivi avec le martyre d'hommes et de femmes, "qui tous ont cherché à faire progresser leur aspiration à vivre ensemble en paix". Cette période de paix à laquelle le pape fait référence manque singulièrement de précision ».

Uzay Bulut, journaliste turque, est Distinguished Senior Fellow du Gatestone Institute.
https://fr.gatestoneinstitute.org/15297/algerie-persecution-chretiens



HOMMAGE A LA MÉMOIRE
DE JOSEPH HATTAB-PACHA …
par M. Louis Albertelli Envoyé par M. J.P. Ferrer


           Le 20 octobre 2009, voilà un peu plus de dix ans, nous avons perdu un ''Grand Frère'', JOSEPH HATTAB- PACHA, combattant héroïque, qui consacra sa vie à défendre l'Algérie Française, sa ''Vraie Patrie''.
           Rappelons que Joseph fut le dernier descendant d'Hussein Dey, représentant turc ayant régné à Alger, jusqu'au 5 juillet 1830. Joseph, né dans une famille cosmopolite d'ascendances diverses espagnole, kabyle, juive, turque a toujours résidé au sein de la Casbah d'Alger, où il était reconnu comme un bienfaiteur, pour les secours multiples, qu'il prodiguait aux habitants les plus modestes, les plus humbles de ce quartier musulman…
           Anne Cazal, ‘’Sœur de combat’’ de Joseph, se trouva si souvent associée à ses actions patriotes, qu’elle put retracer, dans le détail, les faits héroïques de son "Frère de combat'' dans son ouvrage intitulé: "JOSEPH HATTAB-PACHA PRINCE DE LA CASBAH" (imprimerie-SRIFeuille–31240-L’UNION)… Un ouvrage qui rappelle, la conduite courageuse...voire héroïque de Joseph durant différents événements capitaux, qui devaient déterminer l'avenir de l'Algérie Fançaise... Joseph s'y était bravement engagé, pour tenter d'éliminer le "TERRORISME" …celui que perpétrait criminellement le FLN sur les populations civiles d'Algérie, souvent sans défense, mais aussi, le "TERRORISME" politique, mis en œuvre, dès Mai 1958, par le général De Gaulle... Car les "MANIPULATIONS POLITIQUES'' que le ce ‘’général sans étoile’’ exerça en Algérie, visaient à s'imposer par l'intrigue et la menace dans sa course au pouvoir …Elles rappelaient bien celles, qu'il avait déjà pratiquées durant la période de 1939-45… et qui furent clairement démasquées par le député HENRI DE KERILLIS, dans son livre «DE GAULLE DICTATEUR»(1)
           A partir de l'ouvrage précité d’Anne Cazal, illustrant le courage patriote de Joseph, je résumerai trois de ses actions vouées à la défense de l'Algérie française... les deux dernières s'opposant fermement et courageusement aux manœuvres dangereuses du général De Gaulle, qui considérait l'Algérie Française comme son ‘’tremplin d'accès au pouvoir’’… un ‘’tremplin’’ qu'il élimina dès son arrivée à la Présidence de la République… sans aucune pitié, pour les populations de toutes confessions, qu’il finit par livrer à la vindicte criminelle du FLN… DES MILLIERS DE MORTS…
           DES CRIMES CONTRE L’HUMANITÉ TOUJOURS PAS RECONNUS PAR LA FRANCE !…

           LE 2 OCTOBRE 1956 :
           La ville d'Alger se trouve meurtrie. Anne canal commente : «… dans la douleur des derniers attentats terroristes du FLN, qui avait fait exploser, le 30 septembre, des bombes meurtrières au cœur de la ville, faisant au Milk-Bar et à la Cafétéria des dizaines de personnes, dont de nombreux jeunes gens et enfants, gisant mortes ou mutilées à vie dans la folie et la fumée de ses déflagrations aveugles… »
           Et Joseph a ses yeux «…encore remplis des spectacles d’épouvante qu’il a observés l’avant-veille à l’hôpital Mustapha: des enfants aux membres arrachés, aux yeux brûlés… Des jeunes étudiants de ses amis qui, à la cafétéria, riaient, flirtaient et vivaient un bonheur fragile, juste avant que les éclats de verre éparpillés par le souffle de l’explosion ne labourent leur visage radieux comme autant de rasoirs acérés, les transformant en masques horrifiants...»
           Joseph a contacté les services de sécurité « … révolté par tant d'abominations … Il s’est porté volontaire auprès des Renseignements Généraux… » pour une mission dangereuse : tenter de localiser le groupe terroriste criminel, soupçonné de s'être réfugié dans la Casbah...

           Dans ce quartier d’Alger qu’il connaît bien, le 2 octobre 1956, vers six heures du matin, Joseph vient de détecter le lieu où se trouverait le groupe de criminels : «... quand, soudain, un cylindre métallique et glacé s'applique sur sa nuque. Il tressaille, tourne la tête et, au même moment, il a l'impression que celle-ci explose, dans un fracas de fin du monde, et il s'écroule inanimé sur les pavés.
           Joseph Lounès Hattab-Pacha vient de tomber, au service de la France, et victime de son devoir… La face contre terre, il ne peut plus bouger. Ses yeux sont ouverts et fixes. Il sent couler abondamment de sa joue droite, un liquide poisseux et chaud… » La population de la Casbah est en émoi… Transporté à l’hôpital Mustapha Joseph «… ne sent rien mais il entend : « À la morgue !… Il voudrait hurler : « Non, je ne suis pas mort ! »… Là se trouve déjà «...celui qu’il appelait son père spirituel, Raymond Laquière, maire et conseiller général de Saint Eugène, Président de l’Assemblée Algérienne, qui l’avait formé à la politique, immédiatement prévenu de l’attentat, attendait anxieux et blême… Laquière essuyait une larme … alors, Joseph dans un spasme de tout son être, un effort de volonté surhumain, parvint à baisser ses paupières écarquillées. Il entendit alors le Président Laquière hurler : « Il est vivant, bande d’abrutis, il a fermé les yeux !...Immédiatement, on l'entoura …son pouls, qui n'était plus palpable, se remit à battre lentement…» Mais il resta paralysé plusieurs semaines, luttant contre le désespoir de ne pouvoir parler… Et son premier mot fut répété plusieurs fois : «...libre, libre, libre… » Il exprimait ce qu’il avait toujours été : libre de cœur et d'esprit… Et puis ce fut, durant plusieurs mois, sa rééducation fonctionnelle, au cours de laquelle il fit preuve d’une volonté inébranlable, qui stupéfiait ses médecins... il finit par recouvrir la presque totalité de ses mouvements… car «… Il resterait toute sa vie handicapé du côté droit, ayant des difficultés énormes pour tous les mouvements de précision, pour écrire notamment…Mais sa voix, sa harangue, sa fougue, il les avait totalement retrouvés. En admiration devant son intelligence ses qualités de tribun et sa ferveur patriotique, le Président Laquière rêvait de faire de lui un homme politique écouté crédible, pour défendre l’Algérie française… »
           Durant le reste de sa vie, Joseph put répondre, parfaitement aux espérances de ce "père spirituel", qui croyait en lui!…
           Ce mois d'octobre 1956 avait été tragique, pour notre Frère de combat...

           LE 13 MAI 1958 :
           «…Sous l'égide du Président Laquière, Joseph collabora, le 9 mai 1958 à une réunion avec quelques personnalités, dont le colonel Thomazo, afin d'organiser, le magnifique soulèvement du 13 mai. Le Colonel demanda au PrésidentLaquière, en son nom, comme en celui de plusieurs officiers supérieurs dont certains généraux, de prendre la tête de la manifestation prévue pour le 13 mai. Le Président Laquière interrogea Joseph du regard et, devant son approbation muette, il donna son accord. »
           Rappelons que cette manifestation, au monument aux morts du forum d'Alger, devait rendre hommage aux trois soldats français qui venaient d'être lâchement fusillés par l'ALN en Tunisie…(2)

           Le général De Gaulle n'ignorait pas ce projet de manifestation du 13 mai 1958… son antenne du RPF à Paris, le tenait régulièrement au courant, des "événements d’Algérie" et lui permit même d'être en contact avec le Président Bourguiba de la République tunisienne…
           Ce fut donc, en temps opportun, que De Gaulle envoya à Alger son "observateur ", Léon Delbecque, qui se trouva bien présent à la manifestation du le 13 mai…
           En quête de pouvoir, De Gaulle n’hésitait donc pas d'utiliser tous les expédients d’un «candidat politique» déterminé à réaliser, dès que possible, son projet d’accession à la Présidence de la République française…
           Le 13 mai 1958, à 16 heures, une foule importante d’Algérois en colère s’était recueillie, au Monument aux morts du Forum d’Alger, rendant hommage à la mémoire des trois soldats français, fusillés par l'ALN en Tunisie…
           Face à l’immobilisme d'un gouvernement français indécis, se révélant impuissant à favoriser les actions efficaces de son armée, la colère éclata parmi la foule des manifestants, qui décidèrent d’investir les locaux du Gouvernement Général d’Alger… Ce fut une révolte patriote contre un Pouvoir républicain laxiste, continuant de laisser prospérer, les attaques criminelles du FLN...

           Après le recueillement de plusieurs milliers de personnes au monument aux morts, la colère de la foule contre ses gouvernants, allait se manifester… Pierre Lagaillarde, Joseph Hattab-Pacha et des centaines d'autres patriotes décidèrent d'investir les locaux des bâtiments du Gouvernement Général d'Alger… ce qu'ils réussirent, malgré l'opposition de plusieurs assauts des CRS. Ainsi, des centaines de manifestants– entre autres, Pierre Lagaillarde et Joseph– s'engouffrèrent dans les locaux du Gouvernement Général d'Alger…Anne Cazal rappelle: «...la foule entonnait « la Marseillaise » et « le Chant des Africains …une nouvelle bastille venait de tomber !… » Dans les lieux-même de la représentation de la République… Les généraux Massu et Salan les rejoignirent ensuite, pour tempérer les actions des manifestants… et même tenter, en vain, de les évacuer… et Anne souligne, notamment, l'immixtion latente d'un représentant du général De Gaulle : «…toute la nuit, Joseph Hattab-Pacha discuta avec Pierre Lagaillarde, le général Massu et bien d'autres… parmi eux s'immisça Léon Delbecque, qui depuis quelques mois, raccolait à Alger toutes les bonnes volontés pour ramener au pouvoir Charles De Gaulle, seul garant, d'après lui, de l'Algérie française… Joseph s'y opposa fermement : « Comment-dit-il- pourrait-on faire confiance à l'immigré de Londres qui n'a jamais servi autre chose que ses propres ambitions et qui n'a pas hésité à immoler quantité de Français, de façon atroce, à son orgueil ?…» Cette limpide opposition de Joseph à la proposition d'intervention du général De Gaulle allait lui valoir, un peu plus tard, la vindicte violente d'un " Dictateur refoulé" «...Dans la journée du 14 mai, des Comités de Salut Public (CSP) furent alors formés en présence des généraux Salan et Massu… Le Président Laquière fut nommé Président du CSP de Saint Eugène, et Joseph était élu Président de la Casbah d’Alger… »
           Anne signale,alors, l'intervention réfléchie de Joseph : « Lorsque nous avons appris que Delbecque avait l’intention de faire appel à De Gaulle- en réalité il s’agissait bien de greffer un coup d’état sur notre révolte patriotique-nous nous sommes inscrits, le lendemain, le Président Laquière et moi-même, pour prendre la parole au balcon du Gouvernement Général »…


           Le 15 mai au matin 15 Mai au matin, le général Salan prononça son discours sur le balcon du Gouvernement Général. Pour apporter les preuves de ses liens indéfectibles à «la terre d'Algérie » il évoqua «…son fils mort, à Alger en 1943 et enterré au Clos Salembier. Joseph, à ses côtés, en reçut un coup au cœur. On est sincère quand on évoque de tels faits ! Salan ne trahirait jamais l'Algérie française, il en était certain... «La victoire, c'est la seule voie de la grandeur française » poursuivait Salan: «... je suis donc avec vous tous. Vive la France ! Vive l'Algérie française!»… Mais alors qu’il s’apprêtait à quitter balcon, il y fut ramené par Delbecque, qui veillait, et qui l’implora : « Crier : Vive le général De Gaulle, mon général !… » et ému par son discours, mécaniquement «… Salan se retourna pour crier : «...et vive le général De Gaulle !... »
           Juste après–signale Anne «… le Président Laquière et Joseph, devaient s’adresser à la foule massée sur le forum: « ...nous voulions expliquer notre désaccord sur l'appel à Charles De Gaulle et en donner les raisons car nous étions certains que lui donner le pouvoir équivalait à faire le deuil de l'Algérie Française...» précisait Joseph… Or lorsqu’ils apparurent sur le balcon du Gouvernement Général : «... Trahis dans notre intention par l'un des nôtres, dès nos premiers mots les micros furent coupés, ce qui prouve bien la mise en place, même avant la prise du Gouvernement Général, des hommes liges de De Gaulle ... Le titre de Président du Comité de Salut Public nous fut retiré, à l'un comme à l’autre. Et c’est là que, pour me remplacer, les thuriféraires de De Gaulle n’ont rien trouvé de mieux que d’aller chercher M. El Madani, qui n’était ni d’Alger, ni encore moins de la Casbah et qui, ancien repris de justice, avait fait de la prison, pour escroquerie et pour proxénétisme… »

           Dès lors, Joseph et le Président Laquière comprenaient que «la stratégie de sabotage de l'Algérie Française du clan gaulliste se trouvait déjà enclenchée... Certes, l’armée n’aimait pas De Gaulle et les Français d’Algérie non plus. Il gardait au cœur souvenir détestable des magouilles de 1942 pour le pouvoir et la gloire, alors que l’armée d’Afrique se sacrifiait pour délivrer la France… »
           Et Joseph de rappeler : « Le Président Laquière et moi-même avons, d’ailleurs, été les premières victimes de Charles De Gaulle puisqu’à son arrivée, en juin 1958, pour s’assurer que rien ne filtrerait des raisons de notre opposition, nous avons, tous deux, été arrêtés et placés en garde à vue pendant trois jours. »
           … Or la vindicte du général De Gaulle se prolongera, lorsque celui-ci apprit que Joseph Hattab-Pacha allait se présenter aux prochaines élections municipales...

           DE GAULLE S’OPPOSE À L’ÉLECTION DE JOSEPH MAIRE DE LA CASBAH :

           Joseph rappelle : «… Deux mois avant les élections municipales de 1959, je fus convoqué par téléphone par Monsieur Bozzi, Secrétaire Général de la Préfecture d'Alger. Il me déclara que: «… j'étais encore très jeune…il me conseilla, amicalement, de ne pas me présenter aux élections municipales… » –Joseph–qui avait alors 30 ans ?… Joseph poursuivit : «… je n'avais pas envisagé, jusque-là, de me présenter à ces élections, mais à partir de l'instant où cette révélation avait été faite, je ne pouvais que me porter candidat, ajoutant que s'il n'y avait en ma faveur, qu'une seule voix, la mienne, personne ne pourrait me l'a retirée… » Joseph se présenta donc aux municipales et «… malgré les pressions exercées sur les musulmans de la Casbah d'Alger… les fouilles vexatoires, les menaces, le retrait de mon bulletin qu'on déchirait devant eux… » Joseph fut élu Conseiller Municipal… et se présenta «…contre M. El Madani (dont on avait dû «blanchir le casier judiciaire pour la circonstance)… «…et ce fut alors une véritable mascarade affichée contre moi par les officiers de S.A.S qui venaient ouvertement intimider les Conseiller Municipaux… alors que s’exprimaient des…les protestations du public contre les agissements des officiers de S.A.S. de plus en plus véhémentes… J'ai donc été élu Maire du deuxième arrondissement (Casbah)…il s'agissait là d'une circonscription très populeuse dont la démographie d'environ 200 000 administrés était largement excédentaire et correspondait, en importance, à une grande ville de métropole…»
           Mais là ne s’arrêta pas la hargne du général De Gaulle envers Joseph… après la conspiration gaulliste de la ‘’fusillade des barricades’’, le 24 janvier 1960, Anne Cazal évoque la vengeance criminelle du général De Gaulle : «… à la suite de rapports mensongers produits par les services du général De Gaulle, Joseph Hattab Pacha devait être suspendu de ses fonctions de maire, après avoir été arrêté et molesté au point d’être presque défiguré pour lui faire avouer l’endroit où s’était réfugié Ortiz (3) … Et Joseph rappelle : «… A la fin des Barricades, je fus arrêté, emmené passé à la question, puis interné au camp de Béni-Messous. Trois jours après, on m’hospitalisait, à cause des sévices endurés, mais toujours en garde à vue, et on me suspendait de mes fonctions de maire… »
           …Or « De Gaulle dictateur » continua son bradage, à tout prix, de l’Algérie française et de ses habitants, alors que notre Armée s’était totalement rendue maître de la guerre contre le FLN, réfugié aux frontières du Maroc et de la Tunisie…
           « Tremblez tyrans, vous êtes immortels ! »… et De Gaulle en fut un… le Diable a ses fidèles !…
           Nos prières vont à Joseph qui s’est sacrifié pour l’Algérie Française…

           HOMMAGE À TOI JOSEPH !… Toujours vivant dans notre Mémoire.

           (1) Titre du livre du Parlementaire Henri de KERILLIS (LA DÉFENSE RÉPUBLICAINE–octobre 1945) interdit de diffusion en France par le général De Gaulle. Un livre dévoilant les intrigues, les mensonges, et les manœuvres abjectes et criminelles du général De Gaulle, durant la période de la Deuxième Guerre mondiale…
           (2) Il fut dévoilé plus tard, que ces soldats prisonniers furent assassinés lâchement par l’ALN, bien avant la fausse déclaration annonçant qu’ils furent fusillés…
           (3) Fervent Patriote de l’Algérie Française

Louis ALBERTELLI


J'ACCUSE...

           J'accuse Charles De Gaulle d'avoir, volontairement et sciemment, violé la Constitution Française dont il était le garant.. .
           J'accuse Charles De Gaulle d'avoir abusé la Nation française en transformant une victoire en défaite et en lui présentant les revendications d'une minorité de terroristes comme l'expression de tout un peuple...
           J'accuse Charles De Gaulle, Président de la République Française et Chef suprême de son Armée, d'être resté passif devant l'assassinat de milliers et de milliers de citoyens français de toutes confessions..
           J'accuse Charles De Gaulle d'avoir donné l'ordre d'abandonner, après les avoir désarmés, les Harkis à la vindicte des égorgeurs du FLN qui ont perpétré le génocide de plus de cent cinquante mille de ces soldats français...
           J'accuse Charles De Gaulle d'avoir donné ordre aux officiers français, témoins de meurtres en séries, (innombrables boucheries telles que celle d'Oran, le 5 juillet 62, qui a fait plus de 3.000 morts français) de n'intervenir pour personne, même en danger de mort...
           J'accuse Charles De Gaulle d'avoir porté atteinte à l'intégrité du territoire national en bradant les départements français d'Algérie à un mouvement terroriste vaincu sur le terrain, et en lui abandonnant, non seulement une population qui souhaitait rester française, mais aussi tous les soldats métropolitains tombés entre les mains barbares...
           J'accuse Charles Gaulle du chaos de l'Algérie et du déclin de la France !
           J'accuse également, comme étant ses acolytes, tous ceux qui se sont égarés avec lui dans cette impasse mortelle où souffrent et meurent, tous les jours, des hommes:
           Vous, Messieurs les porteurs de valises du FLN, issus des partis socialiste et communiste, vous qui avez aidé l'ennemi de la France à s'armer pour combattre et tuer nos jeunes soldats français, je vous accuse d'être de vulgaires collaborateurs, passibles de la peine de mort...
           Et vous, Monsieur le Président de la République, Messieurs les membres du gouvernement, Messieurs les députés, Messieurs les sénateurs, Messieurs les membres du Conseil Constitutionnel, par votre silence, vous devenez, vous-mêmes, face à l'Histoire, ses complices...
           Quant à vous, Messieurs les journalistes, témoins silencieux des faits, à l'époque, vous mériteriez aussi d'être au banc des accusés puisque vous n'avez même pas honoré les deux principes fondamentaux de votre charge : le respect de l'expression de la démocratie et l'expression de la Vérité.

           En effet, Messieurs les journalistes, la France a remporté une victoire militaire écrasante sur le FLN, vous l'avez tu, à l'époque et certains d'entre vous le taisent encore. . .
           Des milliers de jeunes soldats français, des appelés de vingt ans, ont donné leur vie pour que vive l'Algérie Française, vous l'avez tu à l'époque, et certains d'entre vous le taisent encore...

           Des hommes, des femmes, de jeunes enfants, des vieillards, ont été ignoblement sacrifiés pendant des jours, des mois, des années, par des terroristes relevant d'une barbarie tellement bestiale qu'aucun mot ne saurait la décrire, vous l'avez tu à l'époque, et certains d'entre vous le taisent encore…
           Messieurs les journalistes, tous les martyrs que je viens d'évoquer ont le droit d'être vengés, aujourd'hui, tout comme l'ont été ceux de la Shoa, hier... Il est temps de cesser de vous prêter à la dénaturation. Il est temps d'exprimer enfin la vérité historique.

           Charles De Gaulle mérite, même à titre posthume, d'être poursuivi devant le Tribunal de l'histoire, et condamné comme l'ont été les artisans et les complices de l'holocauste juif et comme sont aujourd'hui, poursuivis et condamnés les tyrans, devant le Tribunal Pénal International !
           C'est à vous tous, Messieurs, que je lance, aujourd'hui, ce pathétique appel : Ouvrez enfin les yeux ! Sortez de votre égarement ! ayez le courage de reconnaître la vérité historique et de stigmatiser les vraies responsables de la décadence de la France et du chaos de l'Algérie !

           C'est à ce prix-là, et à ce prix seulement, que notre hymne national aura, à nouveau, un sens, et que le drapeau tricolore pourra, désormais flotter sans tache sur un pays en paix avec lui-même..



Discours de M. le Général Dubois

11 novembre 2019

       Aujourd’hui, 101ème anniversaire de l’armistice du 11 novembre 1918. Après un désastre humain comme celui que nous venions de subir, il était espéré que ce serait la « der des der ». Nous savons depuis ce qu’il en fut. La guerre est malheureusement inséparable de l’histoire des hommes. Il faut rester lucide ; nous ne ferons jamais l’économie d’une défense, et jamais l’économie des sacrifices nécessaires quand notre survie en tant qu’individu et nation est en jeu.
       Si tu veux la paix, prépare la guerre disaient les Romains. Sage conseil, mais qui n’a pas empêché la civilisation romaine de disparaitre agressée à l’extérieur et rongée de l’intérieur par l’invasion, parfois consentie, de populations exogènes étrangères à sa culture. N’est-ce pas ce que nous subissons actuellement ?
       Il ne sert à rien de s’engager avec des forces dérisoires dans des conflits extérieurs sur des territoires immenses, où parfois l’intérêt national est difficilement discernable, si dans le même temps on tolère, voire on favorise, chaque année, l’immigration de centaines de milliers d’individus dont la culture est antagoniste de la nôtre, et parmi lesquels se recrutent les grands délinquants voire les terroristes de demain.
       Nous sommes-nous habitués à apprendre chaque semaine les agressions au couteau, les dégradations de biens, les vols, les incendies volontaires, les guet-apens criminels tendus aux policiers et aux pompiers, dans de plus en plus d’agglomérations, même les plus modestes ? Nous sommes-nous habitués à tolérer que des territoires entiers échappent à l’autorité de la république ? Nous sommes-nous habitués à attendre le prochain massacre inévitable comme on attend le mauvais temps ? Nous sommes-nous habitués à entendre les commentaires lénifiants de la presse et, trop souvent, de ceux qui nous dirigent, minimisant toujours les faits, les attribuant anonymement à des détraqués mentaux, voire à des « jeunes » qui sont en fait des voyous dans le meilleur des cas, des bandits le plus souvent? En disant cela on stigmatise ainsi toute la jeunesse française. Pourtant, qui fait tant parler d’elle en mal ? La jeunesse de la Lozère ou celle des quartiers nord de Marseille ou de St-Denis?
       Devant une situation qui empire vite, de plus en plus de voix, des maires surtout, s’élèvent pour demander encore plus de policiers. Je pense que là n’est pas le problème principal. Certes les forces de l’ordre manquent de moyens, financiers surtout, mais leurs effectifs, rapportés à la population, sont dans la bonne moyenne des pays comparables au nôtre. Nous n’avons pas globalement de problème de police ; gendarmes et policiers remplissent bien leur mission. On peut augmenter leurs effectifs tant qu’on voudra, ça ne changera pas grand-chose si nous ne réformons pas notre justice. Là est notre problème ! Nous avons surtout un énorme problème de justice : des lois, des règles inadaptées, des moyens insuffisants et, trop souvent, des juges dont l’option politique sert de fil directeur à leur action. Le laxisme est partout et une action timorée entraine le découragement des policiers lassés d’arrêter toujours les mêmes que la justice remet dans la rue après leur avoir tiré les oreilles. Même les peines de prison ferme ne sont plus exécutées dans bien des cas.

       Il y a plus de 5 ans maintenant que le président d’alors nous a dit que nous étions en guerre. On ne fait pas la guerre avec des règles du temps de paix. Pendant des années on nous a attendris avec les valeurs de la république qui nous obligeaient à accueillir toute la misère du monde. Maintenant on invoque sans cesse l’état de droit pour s’interdire d’arrêter les futurs assassins avant qu’ils nous assassinent. En guerre certaines règles peuvent être nécessaires et temporairement gênantes ; pour les malfaisants surtout d’ailleurs. Mais que préfèreront les Français ? Etre un peu gênés ou tout à fait morts ?
       Les plus anciens se souviendront d’une époque où la France vivait une existence normale. Pas sans soucis bien sûr, mais rien qui ne puisse trouver de solution avec les outils à disposition de la république. Les lois et les moyens étaient adaptés à une situation où les contrevenants, surtout les plus violents, étaient une minorité. On ne parlait pas de religion. Mais ça, c’était avant l’intrusion de l’Islam dans notre existence. Il ne sert à rien de le nier. On feint de différencier l’Islam-religion de l’Islam politique, alors que c’est une idéologie tout d’un bloc qui ne reconnait que la loi de Dieu y compris dans la vie de la cité. Ce sont les islamistes qui font la lecture correcte du Coran. Certains Musulmans qui nous ont rejoint acceptent sincèrement nos règles de vie sociale et politique; à ceux-là il faut dire qu’ils sont les bienvenus et les protéger car ils sont menacés. Mais ils sont très minoritaires. On me dira que la masse des Musulmans est pacifique. Sans doute ; mais les événements sont toujours le fait de minorités agissantes, et la masse pacifique n’a aucune importance. Elle finit toujours par suivre, par indifférence, par peur ou par adhésion. La majorité des Allemands, des Russes et des Chinois aussi était pacifique. Cela n’a pas empêché les massacres nazi et communiste.
       Après un silence constant et des dizaines d’années de laxisme, nos chefs font semblant de prendre conscience de ces problèmes. On annonce des décisions, mineures, qui paraissent bien dérisoires au regard de la gravité de la situation; rien qui autorise un espoir raisonnable. Nous continuons à marcher vers l’abime. La difficile vie côte à côte va se changer en face à face comme le redoutait l’ancien ministre de l’intérieur, qui ouvrait tardivement les yeux. Le désastre va se consommer car nous sommes incapables de montrer qui commande en France, et nous laissons la porte grande ouverte à une invasion qui est la première cause de nos soucis sécuritaires et existentiels. Il faut bien comprendre que si nous cessons de commander dans notre propre pays, il faudra commencer à obéir à d’autres. A ce train-là, dans quelques décennies, on pourra inscrire le mot « Fin » sur l’histoire de France.
       Peut-être chercherez-vous le lien entre l’hommage rendu aujourd’hui à nos anciens et à leur sacrifice, et les soucis que je viens d’exprimer ; un peu vivement sans doute car c’est dans ma nature ; mais je sais qu’ils sont partagés par de plus en plus de Français. Ce lien est simple : ils ont tout risqué pour la défense de leur patrie, honneur à eux, et je me désole de constater que nous en regard, nous nous abandonnons lâchement à une lente invasion qui à terme sera sans retour, sans même avoir vraiment le réflexe de lutter.
       J’emprunterai ma conclusion à André Frossard. Extrait de son ouvrage « Excusez-moi d’être Français ». « Un pays ne meurt pas d’une culbute militaire, ou alors la France aurait cessé de vivre depuis longtemps. Un pays ne meurt pas d’une faillite financière, d’une déconfiture matérielle, d’une révolution ou d’une guerre civile. Rien de tout cela n’atteint le cœur d’une nation. Nous avons fait l’expérience de tous les genres de désastres que le destin peut offrir aux pauvres humains, et nous savons qu’aucun d’eux n’est irrémédiable.
       Mais on met un pays en danger de mort quand on tente de le faire agir contre son honneur, contre sa foi, contre la conscience que Dieu, les siècles et la raison lui ont formée. »

       C’est exactement ce qu’on est en train de faire.
Général Roland DUBOIS       

       Discours prononcé au carré militaire du cimetière de St Rémy les Chevreuse à l’occasion de la cérémonie du 11/11 / 2019


L'AVENTURE, C'EST L'AVENTURE !
De Hugues Jolivet


Le Banquier qui voulait être Roi

      
       Il fêtera, bientôt, trois ans de mandature,
       Le Jupiter terrestre, de petite stature.
       Il traite ses sujets avec désinvolture,
       Mène sa propre vie, celle de l'aventure !

       Il est, depuis l'enfance, gâté par la nature,
       Fils bourgeois de province, de tendance immature,
       Qu'une femme plus âgée séduit, aime et capture,
       Lui ôtant, à jamais, toute progéniture !

       Ses études sérieuses fournissent des ouvertures
       Dans le Monde des Finances, sésame pour son futur !
       Désigné par ses pairs à la candidature
       De Monarque - Président, reçoit l'investiture.

       Pour tracer le chemin, use des impostures.
       Aux candidats sérieux, creuse leurs sépultures,
       Aux futurs électeurs, promet la nourriture
       De lendemains qui chantent ! Pain sec sans confiture !

       Un joli mois de Mai, il franchit en voiture
       Le portail du Palais, concrétise la rupture
       Qui l'isole du peuple et de la pourriture,
       Pour jouir du Pouvoir et de ses fioritures !

      

       Il est Chef des Armées, mais, par son inculture
       De l'art de la guerre, provoque une fracture :
       Du Chef d'Etat Major, il snobe la droiture.
       Ce dernier démissionne, car rejette l'injure !

       Président de la France, en renie sa culture.
       Doit-il être, de ce fait, jugé pour forfaiture ?
       Il ne pense qu'à paraître, faire la couverture
       De tous les magazines présents en devanture !

       Nantis les retraités ? Des pensions miniatures
       Pour affronter, chaque jour, la pire conjoncture,
       Alors qu'à l'Elysée on remplace les tentures
       Car la Première Dame exècre leur texture !

       Il déteste les couleurs, ne peut voir en peinture
       Les gilets jaunes hurlants. Recourt aux Préfectures
       Qui rétabliront l'ordre, la loi, sa dictature,
       Pour que la France rejette ces viles caricatures !

       La réforme des retraites, son actuelle aventure,
       Soulève la colère de toutes les créatures
       Des régimes spéciaux et de la quadrature
       D'un cercle infernal? Quelle déconfiture !

       La Patrie est malade, lui manque une ossature
       Qui l'exonère, alors, de toute contracture !
      


Hugues Jolivet         
Le 8 décembre 2019          

A SUIVRE



Lettre d'information - Décembre 2019
postées sur le site de l’Association de Soutien à l’Armée Française (ASAF)

www.asafrance.fr
Envoyée Par l'ASAF
Urgence stratégique

       Les chefs d’état-major ont été récemment auditionnés par les deux Commissions de la Défense de l’Assemblée nationale et du Sénat. Combien de Français ont eu connaissance de leurs propos ? Hélas, aucun de ces chefs ne semble avoir été sollicité par les grands médias pour s’exprimer devant les Français sur les menaces et enjeux stratégiques, la singularité militaire et les exigences opérationnelles. C’est d’autant plus surprenant que notre pays est en guerre et qu’on enterre régulièrement ses soldats morts au combat pour la France.
       Tous ont exposé leurs préoccupations. Elles doivent être connues non seulement de quelques dirigeants politiques mais aussi du plus grand nombre de Français qui ne peuvent se plonger dans le compte-rendu des différentes auditions. C’est l’objet de cette lettre d’information et de sensibilisation.

       Menaces
       Elles ne cessent de se diversifier, de se combiner et de muter en des formes nouvelles. Elles se signalent par une hausse importante des dépenses d’armement dans le monde.
       Sur certains théâtres d’opérations, l’armée de l’Air se heurte à des tentatives destinées à lui interdire l’espace aérien ce qui l’oblige à disposer de capacités de neutralisation des défenses antiaériennes plus performantes. Sur et autour de notre territoire national, nos forces font face à des menaces directes telles que la présence plus fréquente d’aéronefs et de sous-marins étrangers dans des zones situées à proximité de nos côtes et de notre espace aérien.
       Sans que cette liste soit exhaustive, il y a la menace que font peser les groupes terroristes, et l’utilisation, pour le moment à l’étranger, de drones difficiles à détecter et à neutraliser. Ces menaces sont combinées avec des actions médiatiques et psychologiques visant à fragiliser la cohésion et la résilience de la Nation.

       Ressources financières
       En 2015, le budget consacré aux Armées atteignait le seuil catastrophique de 1,5 % du PIB et, sans sa stabilisation provoquée par les attentats, il devait se réduire encore jusqu’à 1,3 % du PIB.
       Cette chute mortelle était ininterrompue depuis 1980, année où la part du PIB atteignait 3 %, et ce malgré les crises pétrolières de 1975 et 1978. Ces réductions drastiques ont conduit à un affaiblissement considérable de notre armée occulté par la plupart des responsables politiques de tous bords. Cette baisse était d’autant plus pénalisante pour nos forces conventionnelles, celles qui font la guerre, que la dissuasion nucléaire devait être préservée et que les opérations extérieures se multipliaient.
       Cela s’est traduit par un vieillissement des matériels dont les principaux avaient entre 30 et 50 ans d’âge. Les stocks de munitions étaient réduits à la portion congrue et l’infrastructure, qui ne disposait plus de crédits suffisants pour l’entretien élémentaire, ne cessait de se délabrer.
       Dans ces conditions, la très récente remontée des crédits budgétaires qui a pour objectif d’atteindre le seuil de 2 % du PIB en 2025 (soit celui de l’année 1990) ne pourra, au mieux, que combler une partie des lacunes, d’autant que deux nouvelles dimensions de la Défense doivent être davantage prises en compte : la cyberdéfense et le spatial qui deviennent des domaines vitaux pour notre pays.

       Matériels
       La Marine, qui commence à bénéficier de capacités de frappes à longue distance par des missiles de croisière, souffre cependant de ne pas disposer d’un nombre suffisant de bâtiments lui permettant de contrôler notre zone économique exclusive (ZEE) de plus de 11 millions de km2 (la 2e du monde).
       L’armée de Terre utilise encore en opération des VAB qui ont plus de 40 ans d’âge et elle ne peut aligner plus d’une quinzaine d’hélicoptères au Sahel, pour couvrir une superficie équivalente à 10 fois celle de la France !
       Notre industrie d’armement se doit d’être puissante et doit donc exporter. C’est non seulement pour des raisons économiques et technologiques mais aussi parce qu’il vaut mieux connaître les armes qui pourraient un jour nous être opposées que celles vendues par d’autres pays.

       Les ressources humaines
       Mais la force d’une armée repose avant tout sur la qualité de ses personnels, qui est liée à leur recrutement, leur formation, leur expérience, leur cohésion et leur moral, mais aussi sur le soutien dont fait preuve la Nation à l’égard de ses soldats. Leur mission est unique ; elle consiste à donner la mort, et à la recevoir le cas échéant, au nom du peuple français pour assurer sa protection, garantir l’intégrité du territoire et défendre ses intérêts stratégiques.
       Notre armée a donc besoin d’hommes et de femmes plaçant le service du pays au-dessus des intérêts personnels et acceptant la perspective du sacrifice suprême. Mais que deviendrait une armée si elle ne se sentait pas soutenue par le pays, pire, si elle se sentait trahie par ses dirigeants ?

       En conclusion
       2020 verra le 80e anniversaire de la défaite de 1940. Sachons tirer les leçons des deux décennies qui l’ont précédée : une démographie insuffisante liée aux immenses pertes de la Grande Guerre, des alliances illusoires, une confiance excessive dans la sécurité collective fondée à l’époque sur la Société des Nations, un refus de voir, de dénoncer et d’agir vite et fort contre la menace nazie, mais aussi une baisse prolongée des budgets de Défense et une impossible remontée en puissance car trop tardive, une absence d’industrie de Défense puissante et de délais suffisants pour transformer du matériel et des hommes en armée cohérente et forte.
       Mais peut-être et avant tout, à cette époque régnaient chez un grand nombre de Français cette lassitude, ce doute, ce sentiment oublié que la liberté était le fruit d’un combat permanent que leurs aïeux avaient su mener et qu’il leur revenait de poursuivre…
       Que 2020 soit une année de prise de conscience, de mobilisation et de redressement de la France par tous les Français ! C’est notre vœu le plus cher.
LA RÉDACTION de l’ASAF
www.asafrance.fr


LIVRE D'OR de 1914-1918
des BÔNOIS et ALENTOURS

Par J.C. Stella et J.P. Bartolini


                            Tous les morts de 1914-1918 enregistrés sur le Département de Bône méritaient un hommage qui nous avait été demandé et avec Jean Claude Stella nous l'avons mis en oeuvre.

             Jean Claude a effectué toutes les recherches et il continu. J'ai crée les pages nécessaires pour les villes ci-dessous et je viens d'ajouter Petit, Clauzel, Gelât Bou Sba, Héliopolis, des pages qui seront complétées plus tard par les tous actes d'état civil que nous pourrons obtenir.

             Vous, Lecteurs et Amis, vous pouvez nous aider. En effet, vous verrez que quelques fiches sont agrémentées de photos, et si par hasard vous avez des photos de ces morts ou de leurs tombes, nous serions heureux de pouvoir les insérer.

             De même si vous habitez près de Nécropoles où sont enterrés nos morts et si vous avez la possibilité de vous y rendre pour photographier des tombes concernées ou des ossuaires, nous vous en serons très reconnaissant.

             Ce travail fait pour Bône, Aïn-Mokra, Bugeaud, Duvivier, Duzerville, Herbillon, Kellermann, Millesimo, Mondovi, Morris, Nechmeya, Penthièvre, Randon, Kellermann et Millesimo, va être fait pour d'autres communes de la région de Bône.
POUR VISITER le "LIVRE D'OR des BÔNOIS de 1914-1918" et ceux des villages alentours :

CLIQUER sur ces adresses : Pour Bône:
http://www.livredor-bonois.net

             Le site officiel de l'Etat a été d'une très grande utilité et nous en remercions ceux qui l'entretiennent ainsi que le ministère des Anciens Combattants qui m'a octroyé la licence parce que le site est à but non lucratif et n'est lié à aucun organisme lucratif, seule la mémoire compte :

http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr
                         J.C. Stella et J.P.Bartolini.
 


NOUVELLES de LÁ-BAS
Envois divers

Tebboune : « Le recours à l’importation se fera à titre exceptionnel »

Envoyé par Robert
https://www.tsa-algerie.com/tebboune-le-recours-a-limportation-se-fera-a-titre-exceptionnel/

Par TSA Algérie par Riyad Hamadi le 22/12/2019

Le président Abdelmadjid Tebboune veut réduire les importations et protéger la production nationale. Le chef de l’État l’a dit aux chefs d’entreprise ce dimanche lors de l’inauguration de la foire de la production nationale d’Alger.

             Le ton a été donné au pavillon des produits agroalimentaires. Sur place, M. Tebboune a souligné sur la nécessaire protection de ces produits, faisant savoir que les accords commerciaux, notamment avec l’Union européenne prévoient des clauses permettant la prises de mesures de protection du produit national.

             Sans tarder, il a annoncé la couleur. Le chef de l’État a fait état en effet de « l’interdiction de l’importation des fruits et légumes durant leur saison ». Pour lui, « le recours à l’importation se fera à titre exceptionnelle dans le cas où la production national n’arrive pas à satisfaire la demande du marché local ».
             Soulignant l’impératif d’accorder davantage d’intérêt à l’activité de stockage et refroidissement des produits agricoles au regard de son rôle dans la régulation du marché, M. Tebboune a évoqué la création d’une société spécialisée en la matière au niveau des ports et aéroports.
             Lors de sa visite aux pavillons des industries pharmaceutiques, le président de la République a appelé le Groupe public Saïdal à augmenter sa part dans le marché national de 30 à 40% au minimum, affirmant l’impératif d’accorder la priorité à la couverture des besoins nationaux en termes de médicaments de base notamment ceux ayant trait à la santé maternelle et infantile.
             « Nous espérons voir Saïdal reprendre sa place sur le marché national et être plus entreprenant », a-t-il poursuivi se disant « prêt à encourager le Groupe à réaliser cet objectif.
             Le président Tebboune, a mis en avant son soutien et son encouragement aux projets productifs nationaux par des avantages et des incitations en contrepartie de la création de postes d’emploi.
             Les incitations fiscales et les avantages accordés par l’État (fonciers, crédits et autres) doivent avoir une contrepartie, à savoir la création d’un nombre important de postes d’emploi, a fait savoir le président de la République lors de l’inauguration de la 28e édition de la Foire de la production nationale.

             « Il faut réduire le taux du chômage et ceci ne peut se faire qu’à travers de véritables projets productifs créateurs d’emploi et non de ‘richesse illusoire’, a-t-il soutenu, selon le compte rendu de l’agence officielle.
             Affirmant que « 2020 sera une année différente pour les opérateurs économiques à la condition de s’engager à élargir leurs activités, à redynamiser l’économie nationale et à créer des postes d’emploi, M. Tebboune a souligné l’impératif d’encourager l’exportation du produit national.
             La promotion de l’exportation du produit national est l’unique voie de parvenir à la diversification de l’économie nationale et à la sortie de la dépendance aux hydrocarbures, graduellement, a-t-il estimé, ajoutant dans ce sens, « nous avons appris à acheter au lieu de vendre. à importer au lieu d’exporter… Nous ne pouvons continuer ainsi, la tendance doit changer ».
             L’Algérie tente de réduire ses importations depuis 2014, en raison de la baisse des recettes en devises, conséquence de la chute des prix du pétrole. Depuis cinq ans, les réserves de change du pays ne cessent de se reculer et devraient avoisiner les 50 milliards de dollars fin 2020, et les autorités ont pris de nombreuses mesures pour réduire la facture des importations, sans succès.
             Durant les neufs mois de 2019, le déficit commercial de l’Algérie a fortement augmenté pour atteindre 5,22 milliards de dollars contre un déficit de 3,16 milliards de dollars à la même période en 2018, selon les chiffres des Douanes, publiés via l’agence officielle.
             Les exportations algériennes ont atteint près de 27,21 milliards de dollars durant les neuf premiers mois 2019, contre 31,07 milliards usd à la même période de l’année dernière, soit une baisse de -12,43%, indiquent les statistiques provisoires de la direction des études et de la prospective des Douanes (DEPD).
             Les importations ont, pour leur part, atteint près de 32,43 milliards usd, contre 34,23 milliards, enregistrant également une baisse de moins de 5,27%.
Riyad Hamadi           


Sa cueillette bat son plein à Bouira
L’arbouse (issisnou) ou le fruit de l’ivresse

Envoyé par Marie


Liberté Algérie   l Par M. R. Bourahla - 0912/2019

D’un goût particulier, l’arbouse, qui oscille entre l'acidulé et le sucré, est extrêmement bénéfique pour la santé.

        Le fruit est vendu par les cueilleurs entre 100 et 130 DA la barquette de 500 grammes.

        La Kabylie recèle en son sein une multitude d’arbres fruitiers qui demeurent méconnus du grand public et, de fait, sous, sinon non exploités. Parmi cette flore, on retrouve l’arbousier, appelé “issisnou” en kabyle. En ce mois de novembre, la wilaya de Bouira, notamment la vallée des Ath Yaâla à l’est et celle de Beni Khalfoun à l’ouest, connaissent une production record de ce fruit des bois, l’arbouse, à la couleur rouge écarlate et au goût succulent. En effet, pour partir à la quête de l’arbousier et ses fruits aux allures de fraises — ce qui lui a valu le nom d’arbre à fraises —, nous avons opté pour le piedmont de Tikjda et les hauteurs de la commune de Kadiria. Ces deux maquis, respectivement à l’est et à l’ouest de Bouira, disposent d’un climat humide et d’un sol sablonneux, qui permettent à l’arbousier d’offrir des fruits bien en chair et un goût des plus exquis, mais qui, à forte dose, fait tourner les têtes jusqu'à l'enivrement. D'où son appellation de fruit de l'ivresse.
        Dans la vallée de Beni Khalfoun et plus précisément à Tala ou Ghanim, relevant de la commune de Kadiria, l’arbouse (isisnou) fait la fierté de la population locale. Cette dernière estime que leur produit est le meilleur du pays. Certains villageois affirment que l'arbouse de Tala ou Ghanim a acquis une réputation locale et même nationale. “Des commerçants de Blida, d’Alger et même de l'Oranie viennent s'approvisionner ici, car notre arbouse possède un goût et une texture uniques”, se vante Smaïl, un jeune homme d'à peine 25 ans et qui s'est spécialisé dans le commerce de ce fruit des bois. Rencontré aux abords du CW48 qui relie Bouira à Tizi Ouzou, via Tizi Gheniff, en passant par la vallée des Beni Khalfoun, il a accepté de nous servir de guide dans notre quête.
        Au détour de la route qui mène vers la localité de Beggas, située à 850 m d'altitude, ce jeune homme à la démarche nonchalante, mais au regard scintillant, nous conduira vers une sorte de ravin. “Nous y voilà ! Du sisnou en veux-tu en voilà !”, dit-t-il, fier de nous montrer l’abondance du fruit. Une vaste étendue s'offre à nous, où l'arbousier côtoie avec une certaine harmonie des oliviers parfois bicentenaire.
        Cet arbre de la famille des éricacées d'environ 1,50m de haut, présente une allure générale assez gracieuse. Doté d'un tronc assez court et relativement tortueux, avec des lamelles d'écorce étroites et pendantes qui s'exfolient. Notre accompagnateur s'empressera de nous inviter à cueillir quelques baies bien mûres. “C'est la période idéale, elles sont bien mûres, juteuses et sucrées à souhait”, a-t-il tenu à préciser. Une fois en bouche, ce fruit recouvert de sortes de petits reliefs pointus, à la chair molle et relativement farineuse, possède un effet des plus addictifs. Interrogé à propos de la récolte de cette saison, Smaïl l'a qualifié d'excellente. “Nous avions une bonne pluviométrie, des températures relativement douces et nous avons été épargnés par la grêle et la gelée, les pires ennemis de ce fruit”, a-t-il expliqué. S'agissant de la cueillette, elle s'effectue, selon lui, de manière traditionnelle.
        “Nous avons une dizaine d'ouvriers saisonniers, qui cueillent délicatement chaque fruit, car il est très sensible et peu aisément s'abîmer.”
        Ce commerçant, très entreprenant, arbore fièrement son carnet de commandes, lequel, selon ses dires, explose littéralement. “Nous avons des commandes de Chlef, Aïn Defla et même de Témouchent. Quand je vous dis que le sisnou de Tala ou Ghanim a une sacrée réputation, ce ne sont pas des paroles en l'air !” Pour ce qui est du prix, il est, selon Smaïl, abordable, puisqu'il est vendu à 130 DA la barquette de 500 grammes.
        “Notre seul souci c'est le transport, car ce fruit est très fragile et ne se conserve pas très longtemps. Au maximum une semaine après sa cueillette. Il m'est arrivé de perdre toute un chargement car le transporteur a mis beaucoup de temps à arriver à destination”, nous a-t-il confié.

        Une richesse à portée de main
        Si pour Smaïl, le sisnou représente une activité professionnelle à part entière, pour d'autres, il s'agit d'un “petit extra”, pour arrondir leurs fins de mois. Ainsi du côté des communes d'El-Esnam et Bechoul, plus précisément dans la vallée des Ath Yaâla, des régions berbérophones de Bouira, des écoliers, ou bien encore des étudiants, proposent ce fruit sur les abords de la RN33.
        Dimanche dernier, lors de notre virée sur les lieux, les accotements de cette route qui mène vers Tikjda, des cageots remplis de ce fruit bordaient le chemin.
        “C'est 100 DA la barquette !”, dit d'un ton ferme un jeune vendeur croisé à l'intersection menant vers la localité de Semmache, relevant de la commune voisine d’El-Adjiba.
        Contrairement à Smaïl, ce jeune prénommé Mustapha est un étudiant en 1re année de droit et profite de la saison de la cueillette pour mettre un peu de beurre dans ses épinards. Point d'ouvriers à sa charge, et encore moins de tracasseries administratives.
        Il se sert pour ainsi dire à la source, puisque les marquis des Ath Yaala regorgent d'arbousiers sauvages. “Cette année, il y en a à profusion. C'est pour cela que le prix est bas”, a-t-il argumenté.
        Mais comment lui et ses camarades se partagent cette “manne”, d'autant plus que chacun se considère comme commerçant. “C'est simple ! Chacun de nous à son propre territoire que nous avons délimité au préalable. Le mien s'étend de cette intersection jusqu'à cet arbre”, en pointant du doigt un peuplier distant d'une cinquantaine de mètres en contrebas.
        Soudain, un véhicule immatriculé en France s'arrête. À son bord, une famille composée de quatre personnes : deux jeunes filles et leurs parents.
        Ce sont des émigrés originaires de Béjaïa, venus passer les vacances de la Toussaint au Cnlst de Tikjda. Le père de famille, visiblement très intéressé par ce fruit, s'exclamera : “Oh cela fait des années que j'en ai pas mangé !”, avant de demander le prix. Il tente de marchander. Mais ce fut peine perdue devant l'inflexibilité de Mustapha. “C'est 100 DA la barquette, je suis désolé monsieur”, lui a-t-il rétorqué avec aplomb.
        Finalement, ce touriste à qui ce fruit lui rappelle son enfance, selon ses dires, repartira avec une demi-douzaine de barquettes dans le coffre.

        Gare à l’excès !
        Outre son goût particulier, qui varie entre l'acidulé et le sucré, ce fruit rouge est extrêmement bénéfique pour la santé. En effet, il a été scientifiquement prouvé qu'il est riche en vitamine C, et qu'il recèle un puissant un anti-inflammatoire et un antiseptique. D'ailleurs, il est très utilisé dans les “potions” de grands-mères contre les bobos du quotidien. Cependant, comme toute bonne chose, issisnou peut être dangereux à forte dose. En effet, comme nous l'ont indiqué la plupart de nos interlocuteurs, ce fruit consommé en quantité peut donner des maux de tête et engendrer une légère perte de conscience. Puisqu'il contient une substance semblable à celle qui contribue à la fermentation, il agit sur le métabolisme comme le ferait une liqueur.
        Les fruits dits de montagne, à l'instar de l'arbouse, sont toujours à la quête d'un label pour qu'ils puissent être protégés.
        Les autorités locales avaient affiché en 2016, sous l'impulsion de l'ex-wali de Bouira, Mouloud Cherifi, une certaine volonté de redynamiser le secteur de l'agriculture de montagne. “Notre wilaya possède un potentiel non négligeable en matière d’arboriculture, et nous ambitionnons de la fructifier et la sortir du stade restreint du verger familial”, avait soutenu l'ancien wali.
        Pour sa part, le directeur des services agricoles (DSA) de Bouira, Ganoun El-Djoudi, a indiqué que des propositions ont été faites au ministère l'Agriculture et du Développement rural dans le but de relancer cette culture. Depuis, rien ou presque n'a été entrepris.
R. B.           


Ahmed Gaïd Salah est mort

Envoyé par Louis
https://www.liberte-algerie.com/actualite/ahmed-gaid-salah-est-mort-330771

par liberté Algérie, par Ali Boukhlef 24/12-2019 ,

Le chef d’état-major de l’anp a succombé hier à une crise cardiaque

           Ahmed Gaïd Salah à l’investiture du président Abdelmadjid Tebboune jeudi dernier.

           La présidence de la République a annoncé le décès du chef de l’armée “à 6 heures du matin”, tandis que le ministère de la Défense a précisé que la disparition du général était “brutale”. Il avait 79 ans.
           Ce qui n’était qu’une rumeur tôt dans la matinée d’hier — par le biais notamment de journalistes et activistes établis à l’étranger — a vite été confirmé de manière officielle. D’abord par la télévision publique, puis de manière solennelle, par le biais d’un communiqué de la présidence de la République qui annonce, dans la foulée, la désignation de Saïd Chengriha, comme chef d’état-major par intérim. Fait exceptionnel pour le décès d’un chef militaire, le chef de l’État décrète un deuil national de trois jours.
           La durée est de sept jours pour les militaires qui perdent ainsi leur chef. “C'est là une douloureuse et tragique épreuve pour l’Algérie qui fait ses adieux en cette période — et subitement —, à un commandant militaire aux qualités de Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense nationale, Chef d'état-major de l'Armée nationale populaire, le moudjahid qui s'est montré fidèle au serment dans une conjoncture des plus difficiles que le pays a eu à traverser”, écrit le président Abdelmadjid Tebboune. “L'Algérie perd, en cette douloureuse circonstance, l'un de ses vaillants héros qui est resté jusqu'à sa dernière heure fidèle à son parcours riche en grands sacrifices qu'il n'a eu de cesse de consentir depuis son adhésion, dès son jeune âge, aux rangs de l'Armée de libération nationale (ALN) au sein de laquelle il a gravi les échelons en tant que soldat, officier puis commandant moudjahid, loyal à sa patrie et à son peuple”, note, de son côté, le ministère de la Défense nationale dans un communiqué de condoléances.
           Ironie de l’Histoire, Ahmed Gaïd Salah est parti trois jours seulement après avoir assisté, en maître de cérémonie, à l’installation d’Abdelmadjid Tebboune comme président de la République, élu lors de la dernière élection présidentielle, le 12 décembre dernier. Ses partisans évoquent “un départ après le devoir accompli”. Mais sa disparition va certainement marquer l’histoire de l’Algérie.

           Binôme de Bouteflika
           En plus d’être le chef de l’armée qui a occupé le poste de chef d’état-major durant 15 ans, Ahmed Gaïd Salah n’était pas qu’un chef de l’armée. Relativement effacé durant le deuxième et troisième mandats d’Abdelaziz Bouteflika, il a occupé le terrain politique durant la dernière moitié du mandat de l’ancien chef de l’État. Depuis février dernier, le vieux général, l’un des derniers chefs de l’armée issus de l’Armée de libération nationale (ALN), est même devenu le personnage central de la vie politique du pays. L’homme a longuement soutenu l’ancien président de la République dans sa quête d’un cinquième mandat avant de se retourner contre lui lorsque Saïd Bouteflika avait tenté de l’évincer du poste de chef d’état-major.
           Depuis la démission forcée d’Abdelaziz Bouteflika en avril dernier, Ahmed Gaïd Salah s’est imposé comme le maître de jeu et gardien du système. Tout en évitant d’utiliser la force militaire contre les manifestants, il s’est employé à neutraliser les opposants du système et à accompagner le régime dans un processus électoral laborieux. Tout en se montrant comme “accompagnateur” du “peuple”, Ahmed Gaïd a protégé les autorités en place jusqu’à l’organisation de l’élection présidentielle du début décembre.

           Pour garder une présence médiatique sans se départir de sa tenue de combat, Ahmed Gaïd Salah sillonnait le pays en visitant, parfois plusieurs fois par mois, les régions militaires où il prononçait des discours où il alternait les menaces contre les opposants et des ennemis qualifiés de “bande” et des mots plus avenants à l’endroit du mouvement citoyen. Il décochait des flèches contre “une bande” et donnait des instructions à des forces de sécurité, y compris celles qui ne dépendaient pas de ses compétences.
           Cette débauche d’énergie a fini par avoir raison du général. Ses ennuis de santé sont devenus légion.
           Il a été victime d’un malaise cardiaque lors d’un déplacement à Oran, en octobre dernier. Après quelques jours de convalescence, l’homme a repris son bâton de pèlerin. Ahmed Gaïd Salah, natif d’Aïn Yagout en 1940, a passé l’essentiel de sa vie dans les forces armées. Après avoir intégré l’ALN en 1958, il a poursuivi sa carrière dans l’armée en gravissant les échelons. En 1993, il a été nommé chef de la 3e Région militaire avant d’être désigné, une année plus tard, au poste prestigieux de chef des Forces terrestres. En 2004, Ahmed Gaïd Salah échappe de peu à la retraite pour lequel le destinait son chef de l’époque, le général-major Mohamed Lamari.
           En pleine bataille politique pour s’adjuger un deuxième mandat, Abdelaziz Bouteflika le nomme chef d’état-major de l’ANP. Les deux hommes se font alors le serment de se protéger mutuellement. Le général s’occupe de l’institution militaire et le chef de l’État s’occupe du reste. Fait inédit : il est nommé, en mai 2013, “vice-ministre de la Défense nationale” tout en gardant son poste de chef d’état-major. Le pacte n’a été rompu qu’en avril dernier, lorsque Saïd Bouteflika avait tenté d’évincer le chef de l’armée. Profitant de la mobilisation populaire, Ahmed Gaïd Salah pousse Abdelaziz Bouteflika à la démission et fait arrêter, quelques semaines plus tard, son frère.
           Le décès de l’homme, qui a notamment éclipsé l’ancien chef de l’État par intérim Abdelkader Bensalah, ouvre certainement une nouvelle page pour l’histoire du pays. Il reste, désormais, à savoir comment les nouveaux chefs de l’armée vont se comporter avec le nouveau président de la République.
          
Ali Boukhlef                      


Il y a quatre ans disparaissait le dernier “fils de la Toussaint”

Envoyé par Xavier
https://www.liberte-algerie.com/actualite/ait-ahmed-lhomme-qui-a-predit-le-sursaut-revolutionnaire-de-la-jeunesse-330663


 Liberté Algérie - Par Karim Kebir - 23/12/2019

Aït Ahmed, l’homme qui a prédit le sursaut révolutionnaire de la jeunesse

           Ses funérailles, sans pareilles, dans l’histoire de l’Algérie, furent à la mesure du personnage et de son parcours : grandioses. Hocine Aït Ahmed, dont nous célébrons aujourd’hui la quatrième année de la disparition, aurait, à n’en pas douter, rêvé, lui, l’opposant historique à l’ordre instauré par l’armée des frontières à l’été 1962, et dont nous subissons encore les contrecoups, d’assister aujourd’hui à cette formidable séquence historique qu’est en train de vivre le pays depuis l’émergence du mouvement révolutionnaire en février 2019.
           Pour ce combattant au long cours, entamé à l’âge de 16 ans et durant 70 ans, que le régime a toujours classé en tête de ses ennemis, le contrat passé entre le peuple algérien et la direction politique ayant mené à l’indépendance “a été rompu par la force de manière unilatérale par les militaires” et devait être “ renégocié par la réhabilitation du politique” , rappelait encore, il y a quelques années, le journal Le Monde. Le temps a-t-il sonné pour cette renégociation ?
           En tout cas, dès l’éclatement du Printemps arabe, en 2011, Hocine Aït Ahmed, qui n’a pas cessé durant toutes ses années d’exil et ses séjours en Algérie de plaider la cause de la carte démocratique face à un régime irrémédiablement sourd et réfractaire à toute idée d’ouverture, avant de devoir, cette année 2019, affronter un tsunami populaire réclamant un changement radical du système et un recouvrement de la liberté, pressentait la résurrection du peuple, particulièrement la jeunesse, en faveur d’un changement pacifique.
           “Il y a des moments de l’Histoire que l’on regrette d’avoir eu à vivre, les dérives sanglantes des années 1990 et 2000 font partie de ces moments douloureux. Mais il y a des moments qui peuvent être formidables à vivre. Aujourd’hui, qui a commencé avec le Printemps de Tunis, fait partie de ces moments où les femmes et les hommes d’un pays sont appelés à donner le meilleur d’eux-mêmes.
           Notre pays ne fait pas exception”, disait-il dans une lettre adressée au conseil national de son parti. “(…) faire partie du mouvement de l’Histoire ne signifie pas copier mécaniquement ce qui se passe chez les voisins.
           On ne peut faire l’Histoire en négligeant son histoire. Et notre histoire récente a montré les limites sanglantes des aventures que l’on engage la fleur au fusil et que l’on termine sur un champ de ruines. Ce moment est un moment important. Important pour la construction d’une alternative démocratique à l’échec autoritaire”, ajoutait-il.

           Dans une lecture, sans doute prémonitoire des événements, il souligne encore : “À cet effet, je ne soulignerai jamais assez que le génie populaire algérien, inspiré, non par la peur comme veulent le faire croire certains, mais par la sagesse et l’éternel esprit de résistance, saura inventer les voies et moyens d’un changement pacifique. Ce fameux fighting spirit a illuminé le mouvement national et nous tient toujours debout.”
           Même si l’Algérie est aujourd’hui orpheline d’un homme de son envergure, il reste que les idées qu’il a semées, les combats qu’il a menés ont balisé le chemin de la liberté à des générations qu’incarne, par certains égards, la maturité de la jeunesse qui s’est soulevée dès février contre un système qui a spolié cette liberté.
           Une jeunesse pour laquelle, il a constamment plaidé de faire confiance, car capable à ses yeux de relever les défis et de construire, non seulement l’Algérie, mais tout le Maghreb, un autre idéal pour lequel il a milité. “Laissons à notre jeunesse les moyens de s’accomplir. C’est à elle qu’il revient de bâtir le Maghreb du troisième millénaire”, disait-il en 1998 à Paris.
Karim Kebir                      


Le processus a pris 6 ans

Envoyé par Martin
https://www.liberte-algerie.com/est/le-fromage-bouhezza-doum-el-bouaghi-labellise-330402


 Liberté Algérie - Par B. NACER - 23/12/2019

Le fromage “Bouhezza” d’Oum El-Bouaghi labellisé

           La Commission nationale de labellisation s’est réunie le 5 du mois en cours au niveau du ministère de l’Agriculture, du Développement rural et de la pêche pour statuer sur la demande de labellisation du fromage du terroir Bouhezza, déposée par l’association Imessenda pour la protection de la dénomination fromage Bouhezza d’Oum El-Bouaghi.

           “Cette réunion est l’aboutissement d’un processus technique et réglementaire lequel a pris 6 ans, le produit a été labellisé après délibération de ladite commission en présence du ministre de l’Agriculture”, a indiqué à Liberté Messaili Samir (membre de l’association et rapporteur du sous-comité spécialisé auprès de la CNL). Selon la même source, “le fromage Bouhezza est le seul fromage affiné d’Algérie, produit dans la région d’Oum El-Bouaghi, il est produit dans une outre (aglilm n’Bouhezza) ou chekoua de Bouhezza préparée et traitée spécialement par le sel et le genièvre”.

           Il expliquera que “le fromage Bouhezza est préparé à base de lait suivant une méthode très ancienne consistant en le salage, l’égouttage et l’affinage qui sont, à la différence des autres fromages, un processus continu et simultané, pour une durée minimum de 30 à 40 jours pouvant aller jusqu’à 5 à 7 mois, il est consommé en tartines ou ajouté à plusieurs plats traditionnels”.

           La même source a, par ailleurs, précisé qu’“après la signature de l’arrêté ministériel d’octroi du signe de qualité et sa publication au Journal officiel de la RADP, il sera procédé à son enregistrement auprès de l’Institut national algérien de propriété industrielle (Inapi)”.
B. NACER                      

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De M. Pierre Jarrige

Chers Amis
Voici les derniers Diaporamas sur les Aéronefs d'Algérie. A vous de les faire connaître.
    N° 130                                                       N° 131
    PDF 131                                                   PDF 132
    N° 132                                                       PDF 132A
    N° 133                                                       PDF 133
    N° 134                                                   PDF 134 Pierre Jarrige
Site Web:http://www.aviation-algerie.com/
Mon adresse : jarrige31@orange.fr

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Chez la coiffeuse...
Envoyé par Monique
       Une dame est en train de se faire coiffer.
       Pour tuer le temps pendant la coupe, la coiffeuse entame la conversation :
       - Vous avez prévu quelque chose pour les vacances ?
       - Oui, on part à Rome avec mon mari
       - Quelle idée ! C'est sale, ça pue, c'est moche ! Et vous y allez comment ?
       - En avion avec ALITALIA
       - Quelle idée ! Ils sont toujours en retard, le service est minable, il y a une hôtesse pour 100 passagers... Et vous descendez où ?
       - À l'hôtel Astoria.
       - Quelle idée ! C'est surfait, le service n'est plus ce qu'il était, c'est hors de prix, ça sent le moisi, le personnel est nul. Et vous avez prévu quoi ?
       - On va visiter la Ville Éternelle, puis surtout le Vatican.
       - Quelle idée ! Vous verrez le palais, certes, mais c'est un miracle si vous apercevez le Pape à son balcon, et de là où vous serez, vous verrez une tache blanche dans le meilleur des cas…

       Le mois suivant, la dame retourne faire rafraichir sa coupe.
       La coiffeuse qui la reconnait entame la conversation :
       - C'est bien vous qui êtes allée à Rome ?
       - Oui
       - Alors, c'était comment ? Pas trop déçue ?
       - Franchement non ! Bien au contraire
       - Ah bon ?
       - Déjà, l'avion : service parfait, personnel aux petits soins: on n'a pas senti qu'on décollait, ni même qu'on atterrissait, on y était déjà. - ça alors ...
       Et l'hôtel ?
       - Fabuleux : il venait d'être refait à neuf, le personnel était charmant, et pour fêter la rénovation ils nous ont offert 2 jours de plus !
       - Hé bien, vous avez eu de la chance ! Et le Vatican ?
       - On a eu droit via l'hôtel à une visite de l'intérieur du Palais.
       - Ben vous êtes vernis, vous ! Et le Pape au balcon, vous l'avez aperçu ?
       - Mieux encore ! À la fin de la visite, son secrétaire personnel nous a interpellés, mon mari et moi et nous a dit que Sa Sainteté avait décidé de proposer un entretien privé à un couple chaque jour.
       C'est sur nous que c'est tombé !
       - Incroyable, et comment ça s'est passé ?
       - On a eu un entretien privé de 30 minutes en tête à tête.
       Je me suis agenouillée pour lui baiser la main selon le protocole...
       - ça alors ! Et ensuite ?
       - Il m'a gentiment passé la main sur la tête.

       - Et que vous a-t-il dit ?
       - Il a juste dit :

       "Mais qui vous a fait cette coupe de m.....??? "



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Notre liberté de penser, de diffuser et d’informer est grandement menacée, et c’est pourquoi je suis obligé de suivre l’exemple de nombre de Webmasters Amis et de diffuser ce petit paragraphe sur mes envois.
« La liberté d’information (FOI) ... est inhérente au droit fondamental à la liberté d’expression, tel qu’il est reconnu par la Résolution 59 de l’Assemblée générale des Nations Unies adoptée en 1946, ainsi que par les Articles 19 et 30 de la Déclaration universelle des droits de l'homme (1948), qui déclarent que le droit fondamental à la liberté d’expression englobe la liberté de « chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit ».

Dis-moi Grand-Père,                   
                    Dis-moi Grand-Mère
Envoyé Par Jean Louis


          Dis-moi pourquoi Grand-père, je te vois si souvent
          Te retrouver avec des Amis ?
          Vous parlez toujours d'un pays lointain
          Avec des mots et de gestes.

          Dis-moi Grand-père, de l'église au cimetière,
          Du monument aux Morts où je vous vois
          Déposer des fleurs sue une stèle en pierre,
          Quelle en est la raison, au fond de toi ?

          Dis-moi Grand-père, vous chantez souvent les " Africains "
          J'ai entendu dire que vous étiez " Pieds-Noirs ".
          Et pourtant, si j'ai vu une larme à vos yeux souvent,
          Je n'ai jamais remarqué que vous aviez les pieds noirs !

          Dis-moi Grand-Mère, pourquoi j'aime tant ta cuisine ?
          Couscous, Paella et notamment le délicieux potaré, sont pour moi un régal.
          Et si les noms des gâteaux que tu me prépares,
          Sont dans une langue inconnue, quel régal !

          Dis-moi Grand-Mère, tu m'apprends des mots, des chants,
          Dans une langue qui n'est pas celle de Papa,
          Que toute la famille et les Amis aiment à entendre,
          Pourquoi Grand-Père, Grand-Mère, votre regard est triste quand vous parlez de là-bas ?
Merci Grand-Père
Merci Grand-Mère.

                                        Sandrine Buzzone


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