Alors Maintenant, que Fait-On ?

Par Albert Soued, écrivain, pour www.nuitdorient.com
Paris le 15 janvier 2015.
Envoyé par M. Pierre Barisain
Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde ... ( Albert Camus)

"Est-il concevable que 1,6 milliards de personnes puissent penser qu’ils doivent tuer les autres membres de l’humanité, qui compte sept milliards de personnes aux fins de pouvoir vivre?…"

Comment a-t-on réformé le culte de Ba'al de la Carthage punique ou la cosmologie maya assoiffée de sang ?

          La marche républicaine de la nation, de la République à la Nation, du 11 janvier 2015 à Paris, restera dans les annales de l'Histoire comme la marche de la liberté contre la terreur et la barbarie.

          Pour qu'elle devienne réellement une date historique, il faudrait qu'elle soit suivie d'une politique cohérente et de mesures efficaces, aussi bien dans le monde musulman qu'en France et en Occident.

          La plupart des spécialistes du Moyen Orient et de la police française ont clairement dit que si on ne nommait pas la cible, toute action serait vaine, "ajoutant au malheur du monde" comme disait Albert Camus.

          Faute de désigner l'ennemi, on ne pourra pas l'éliminer. L'ennemi n'est pas le terrorisme qui est un moyen utilisé par l'ennemi pour effrayer et affaiblir.

          L'ennemi, c'est l'Islam radical

          Pour être plus précis, l'Islam radical est aujourd'hui constitué de plusieurs entités, émanant du Moyen Orient, qu'on peut nommer sans trembler.

          Tous les tueurs musulmans du monde entier se revendiquent de l'une ou l'autre de ces entités, bien qu'elles apparaissent au profane sous l'apparence d'une nébuleuse.

          Un état arabe, les Emirats Arabes Unis ou EAU, a dressé une liste de 85 organisations terroristes dangereuses. Les Etats-Unis et l'Europe ont aussi leurs listes.

          Toutes ces milices, ces officines, associations ou groupuscules agissent au nom de l'Islam du début, celui des ancêtres, pur et dur. Or cet Islam est celui du Jihad armé et conquérant, cherchant à rétablir le Califat mondial.

          Et l'Arabie sunnite, comme la Turquie qui n'est pas arabe, et comme l'Iran shiite qui n'est pas arabe non plus, cherchent à rétablir le Califat, d'une manière ou d'une autre, apparemment pacifiquement.

          Or l'Arabie est la patrie du wahabisme, une doctrine de l'Islam pur et dur, avec une police des mœurs et tutti quanti. Le wahabisme a été diffusé depuis la fin de la dernière guerre mondiale dans des milliers de mosquées, d'écoles et de centres communautaires musulmans à travers le monde. Le wahabisme peut dévier vers le jihad armé. La plupart des terroristes du 11/9 étaient wahabites. Le wahabisme a donné naissance à al Qaeda.

          L'Egypte a été le berceau de la Confrérie des Frères Musulmans qui diffuse un Islam pur et dur, que certains appellent "salafisme". L'Egypte, qui est d'abord égyptienne avant d'être arabe, a failli sombrer récemment dans le salafisme totalitaire. Mais Abdel Fattah al Sissi, un Egyptien véritable, a eu raison de Mohamed Morsi, le Frère Musulman.

          La Confrérie rayonne dans le monde entier à travers des milliers d'organisations caritatives et humanitaires. Mais certaines associations se revendiquant de la Confrérie ont dévié vers le jihad armé, aussi bien au Moyen Orient qu'en Afrique ou en Asie. Exemple: l'Etat islamique (ou Isis ou Daesh).

          La Turquie laïque s'est réislamisée depuis 13 ans, avec Erdogan qui a pris le pouvoir. La Turquie été le Centre du dernier Califat, au sein de l'empire ottoman. Elle a sans doute gardé une nostalgie de cette grandeur passée. Le président Erdogan joue un jeu double dangereux, celui de l'Islam radical et celui de l'Otan et de l'Occident. Erdogan a contribué à la renaissance de l'Etat islamique, en acceptant son existence, pour le moins.

          L'Iran a une doctrine apocalyptique, appelée "shia'h", concurrente de la voie tracée de la "sunna", depuis la succession du prophète Mahomet. Depuis que des religieux extrémistes ont pris le pouvoir en 1979, l'Iran cherche à dominer le Moyen Orient.

          Ses méthodes sont simples, la subversion et la déstabilisation, non pas directement, mais via des satellites implantés dans des pays clés que l'Iran finance et arme.

          L'Iran des ayatollahs a créé le Hezbollah au Liban sud et les Brigades al Qods, qui est la Légion Etrangère iranienne, en Syrie et en Irak. L'Iran a installé dans les communautés shiites expatriées des cellules dormantes, qu'on trouve partout dans le monde, prêtes à agir. Rappelez-vous les attentats meurtriers à Paris des années 80. A Gaza, l'Iran a satellisé le Hamas, par les armes et l'argent fournis.

          Comment peut-on empêcher un Musulman, ou un converti, apparemment pacifique, qui se radicalise sous l'influence de l'une ou l'autre de ces organisations, groupuscules ou doctrines, de nuire ?

          L'Islam peut et doit se réformer

          La solution la plus logique et la plus efficace est que l'Islam puisse se réformer de l'intérieur. Et c'est possible, puisque le président égyptien Sissi l'a préconisé, il y a à peine 2 semaines.

          Voici donc un extrait du discours historique que tous les démocrates du monde musulman attendaient, prononcé le 28 décembre 2014, au Caire, à l’université théologique d’Al Azhar, là même où Obama était venu en juin 2009 prononcer un discours, inspiré par les Frères Musulmans, qui a mis le feu aux poudres pendant 5 ans :

          «Nous devons révolutionner notre religion….Est-il concevable que 1,6 milliards de personnes puissent penser qu’ils doivent tuer les autres membres de l’humanité, qui compte sept milliards de personnes aux fins de pouvoir vivre?… Je dis ces mots ici à Al Azhar, devant cette assemblée d’ulémas…Tout ce que je vous dis, vous ne pouvez pas le comprendre si vous restez coincé dans cet état d’esprit. Vous devez sortir de ce que vous êtes pour être en mesure d’observer et de réfléchir dans une perspective plus éclairée. Je dis et répète que nous sommes face au besoin d’une révolution religieuse. Vous, les imams, êtes responsable devant Dieu. Le monde entier, je le répète, le monde entier attend votre prochain mouvement … car la communauté des croyants est ravagée, détruite ; elle est perdue, et elle l’est à cause de nous ».

          Et s’adressant directement au grand cheikh d’Al-Azhar,Abdel Fatah al Sissi conclut ainsi "Le monde entier attend de vous entendre". Ce qui veut dire que la patience du Président ne sera pas sans limites et qu’il faudra réformer ou céder sa place à d’autres théologiens plus aptes à la modernité.

           Le president egyptien Al-Ssissi à al Azhar nous devons revolutionner notre religion/

           Al-Azharsous le feu des critiques

          De nombreux spécialistes et penseurs musulmans, notamment égyptiens, sont d'avis de rendre caduc "le Coran de Médine", qui viole les droits de l’homme, et de ne retenir que "le Coran de la Mecque". Cela nécessite l’interdiction en Occident du Coran sous sa forme actuelle.

          Les responsables de la religion musulmane doivent en outre reconnaître la liberté religieuse, y compris la liberté de changer de religion, de quitter l’Islam sans risquer d'y perdre la vie, comme apostat.

          L'Occident doit considérer tout Musulman comme un être responsable et majeur

          Il faut finir avec la peur de l'autre et des mots, avec l'apaisement inutile et aveugle, avec la faiblesse servile et honteuse, avec la désinformation consciente ou non.

          La plupart des observateurs raisonnables souhaitent que :
          - tout musulman engagé, d'une manière ou d'une autre, dans le jihad armé soit expulsé.

          - les prêches dans les mosquées et l'enseignement dans les écoles coraniques soient intégralement publiés et connus du public.

          - le Renseignement soit sérieusement renforcé et réorganisé au niveau des zones où on applique la loi musulmane ou sharia'h, au niveau des prisons et au niveau de l'internet

          - soient considérés comme des délits les propos de haine raciale, l'apologie du terrorisme, ainsi que l'application de fatwas non-conformes au droit du pays.

          - les journalistes soient formés pour distinguer entre information objective, propagande et idéologie ou intérêts personnels.

          Je crois qu'on n'est pas tout à fait sorti de l'auberge.