N° 79
Décembre

http://piednoir.net

Les Bords de la SEYBOUSE à HIPPONE
1er décembre 2008
jean-pierre.bartolini@wanadoo.fr
LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD
se trouve dans la page: La Seybouse,
Les dix derniers Numéros : 69, 70, 71, 72, 73, 74, 75, 76, 77, 78,
  Mon Dieu       
de Mme Zahra Summer
EDITO

7ème anniversaire de la Seybouse !


    Chers Amis,

    La sortie de ce Numéro 79 de la " Seybouse ", fête le septième anniversaire de la création officielle de cette gazette si chère à votre cœur comme vous me l'écrivez dans vos messages. Cette Gazette est la continuation et le complément du Site de Bône la Coquette.

    Avant de faire un petit historique je dois vous annoncer une nouvelle. Mauvaise dans un sens mais qui maintenant me laisse de glace au point même d'en rire. Au cours de ce mois de novembre, le site " seybouse.info " a été fermé par son hébergeur et à l'heure actuelle aucune explication ne m'a été fournie. Bien entendu, comme ce n'est pas la première fois que cela arrive, j'ai basculé sur l'hébergement de secours.
    Sans préjuger des causes réelles de la fermeture du site par l'hébergeur, je dois tenir compte des menaces et des pressions de " soit disant " P.N. qui m'annonçaient qu'ils feraient tout ce qu'ils pourraient pour me faire " fermer ma gueule " même si cela devait passer par la fermeture de mes sites.

    Au cours de ces années, la Gazette a été un des liens de notre mémoire sur Internet. Elle y est adulée par des milliers de visiteurs mensuels de par le monde car elle apporte un enrichissement de la mémoire tout en la préservant grâce à sa diffusion sur la toile.

    La palette des visiteurs est très large : bien sur il y a les communautés d'exilés d'Algérie dont en particulier les Bônois qui reconnaissent leur ville et région ; il y a les Algériens d'avant 1962 ainsi que ceux de l'après 1962 qui découvrent des aspects de notre vie en Algérie ; il y a des descendants de ressortissants de pays qui ont participé à l'enrichissement de notre chère Algérie par l'apport d'immigrés au cours de la longue histoire de ce pays ; il y a les établissements scolaires de tous nivaux et de tous pays qui y trouvent une matière contribuant à la connaissance de cette mémoire ; il y a aussi des organismes d'état français aussi bien que des organismes internationaux ; Bien sur sans oublier les pilleurs sans scrupules qui occultent l'origine de leurs " commissions " pour faire " un commerce " sur notre mémoire alors que d'autres plus honnêtes demandent des autorisations avant de se servir illégalement.

    Bien entendu, il y a les négationnistes de notre passé et de l'œuvre de nos ancêtres. A la limite, ils sont plus respectueux de la Seybouse que certains Pieds-Noirs qui n'hésitent pas à la dénigrer ainsi que son humble créateur parce qu'ils ne suivent pas la pensée unique. Tout cela fait partie d'une règle établie pour tout organe de presse ou de diffusion bénévole comme la Seybouse. Donc acceptons-le et faisons comme d'autres : jetons à la corbeille tout le négatif improductif.

    Au départ de cette Gazette, je pensais qu'elle ne dépasserait jamais 10 pages imprimées car j'avais élaboré un projet avec des limites parce que je ne voulais pas me laisser gagner une fois de plus par le travail et l'enthousiasme. Certains N° spéciaux ont atteint les 100 pages….
    C'est vrai, qu'à l'heure actuelle, les limites du début sont très largement dépassées. Elles ont été franchies sans regrets, pour le bonheur et par l'enthousiasme des visiteurs, vous mes Amis. Je tiens particulièrement à vous en remercier ainsi que pour l'énorme quantité de vos gentils messages auxquels je ne peux malheureusement pas toujours répondre. Ceci est la seule et la meilleure récompense. La preuve indiscutable de cette réussite est le nombre de visites mensuelles: de quelques centaines les premiers mois à des centaines de milliers actuellement. (Des pics à 500000)

    Au-delà de la récompense personnelle de prime abord, je ne peux oublier tous les rédacteurs qui ont contribués à la Seybouse ainsi que tous ceux qui collaborent à l'enrichissement quantitatif et qualitatif de cette Gazette par l'envoi de documents. Et dans ces lignes, je tiens à les féliciter et à les remercier de tout mon cœur, car ils montrent que notre mémoire est bien vivante et qu'il faut la conserver par tous les moyens. Il faut aussi la diffuser sur le net qui est le seul outil gratuit mis à la disposition de tous, sans sectarisme ou clanisme. Nous devons en être fiers, sans forfanterie et sans faire de l'autosatisfaction car il reste encore beaucoup à faire, soyons-en conscients.
    Certes au fil du temps, sept ans c'est long, des rédacteurs sont devenus moins présents pour diverses raisons personnelles et il faut tenir la distance. J'espère que cela incitera des lecteurs à devenir de nouveaux rédacteurs afin que notre mémoire perdure.

    Dés lundi, je rachèterai un autre hébergement et je me demande s'il ne faut pas que je me retourne vers l'étranger. Et pourquoi pas l'Algérie, car en définitive il y a plus de tolérance qu'en France signatrice de la convention des droits de l'homme et garante du droit à la liberté d'expression. Ce serait le coup de bâton pour mes détracteurs et une bonne partie de rigolade.

    Chers Amis, faisons en sorte que ce 7ème anniversaire soit suivi par de nombreux autres et pour cela, continuons à fouiller dans toutes les mémoires que sont les souvenirs des parents et ancêtres, les photos, toutes sortes de documents, les archives et diffusons les. La diffusion contribue grandement à la connaissance et reconnaissance de notre mémoire et à celle de l'œuvre accomplie par nos ancêtres en Algérie. Continuons ce travail qui est aussi une œuvre dédiée à nos parents et grands parents. Nos enfants et petits enfants nous en serons reconnaissant car il leur sera grandement bénéfique.

    Malgré les difficultés et bâtons dans ses rouages, ce N° est sorti, je vous invite à le parcourir.

Longue vie à La Seybouse
Qui coule comme un long fleuve tranquille
Et laisse dans la sale bouse
Toutes les basses attaques infantiles

Jean Pierre Bartolini          

        Diobône,
        A tchao.


500.000 francs !!
Dévalisez T... et votez contre F...
N° 10 de mars 1951, page 10
de M. D. GIOVACCHINI
Envoyé par sa fille

  
        Tel était le titre d'un tract qui fut distribué en période électorale. Tel était également notre but et notre programme.
        On nous rendra justice en admettant que nous n'avons pas mal réussi.
        Très gentiment, avec toutes les précautions nécessaires, nos adversaires nous ont fait tenir cette jolie petite somme, toute en billets de mille et de cinq cents, prêts à servir dans la cavalerie de St-Georges.

        Nous nous excusons auprès de l'intermédiaire humblement. Ce n'est pas lui que nous voulions jouer, mais il était moral de donner une bonne leçon aux corrupteurs.
        Dans sa réunion de la rue Garibaldi, F... sous l'impérieuse pression de P..., voulut démentir le fait. Il dit que tout cela n'était qu'imposture et manoeuvre électorale, Avouer c'était se couvrir de ridicule. Mais aujourd'hui tout le monde est convaincu que F... et T... nous ont comblé.
        F... pleure aujourd'hui son bel argent.

        Qu'il se console en pensant qu'il a servi à faire du bien autour de nous.
        Nous avons préféré le réserver pour de bonnes oeuvres, ou pour soulager quelques misères bien discrètes.
        Et nous sommes prêts à présenter à Robert B..., à l'Abbé H..., et à un socialiste, la liste complète avec adresses précises des heureux bénéficiaires.

        Il nous faut cependant faire une humble confession publique. Nous avons gardé 50.000 Francs pour nous offrir un voyage aux frais de ces Messieurs.
        La Cannebière et Montmartre ont connu l'histoire. On a bien ri, même dans des antichambres ministérielles.
        Gageons qu'ils se laisseront encore prendre !

***
 

L'ASSASSINAT
DU Lt DE VAISSEAU DE KERGUERN
BÔNE son Histoire, ses Histoires
Par Louis ARNAUD

        La colline de Saint-Augustin, ainsi nommait-on la colline sur laquelle se dresse aujourd'hui la superbe basilique construite par le Cardinal Lavigerie en l'honneur du grand Evêque d'Hippone, a toujours été un lieu de pèlerinage et d'excursion.
        Dès les premiers temps de l'occupation française, les vestiges des anciennes citernes qui servaient à l'alimentation d'Hippone en eau potable, étaient représentées comme étant les restes d'un monastère dans lequel aurait vécu le grand philosophe chrétien.
        C'est à cause de cette croyance, très répandue chez les indigènes de la région, que fut élevé, en l'année 1842, sur le flanc du coteau, un peu au-dessus de ces vestiges, un autel de marbre blanc, surmonté par une statue de Saint-Augustin coulée dans le bronze des canons turcs de la Casbah.
        Cet autel entouré d'une haute grille de fer circulaire est communément appelé le tombeau de Saint-Augustin.
        Ce " tombeau ", qui ne fut jamais celui du grand Evêque et qui ne fut même pas un tombeau, ne recèle aucune relique sacrée. Ce ne fut, comme cela vient d'être dit, qu'un simple autel élevé par Monseigneur Dupuch, premier Evêque d'Alger et premier et unique successeur, alors en terre algérienne, du célèbre Evêque d'Hippone, à la mémoire de son illustre prédécesseur.
        Saint-Augustin qui était mort à Hippone en 430, avait été enterré dans sa basilique, qui, contrairement à ce qu'on a cru, pendant longtemps, se trouvait au pied de la colline et non pas, par conséquent, sur ses flancs.
        Ses restes, trois cents ans plus tard, avaient été transportés à Pavie, où la trace du tombeau qui les contenait avait même été perdue, et ce n'est qu'un millénaire plus tard que ce tombeau fut retrouvé et entouré, dès lors, de la plus grande vénération.
        C'est à Pavie, en mars 1842, que Mgr Dupuch, qui avait été prier sur ce tombeau, conçut le projet de ramener à Hippone, sinon les restes tout entiers de celui qui y était mort en l'année 430 de notre ère, du moins une partie de ces restes.
        Ainsi fut transféré, le 12 octobre 1842, en grande pompe, à Bône, dans la pauvre Eglise, du bas de la rue Louis-Philippe, l'urne du bras droit de Saint-Augustin.

        Tous les voyageurs qui passaient à Bône ne manquaient pas d'aller jusqu'à la colline de Saint-Augustin. Les premiers, ceux du début de la présence française en ces lieux, parce qu'ils croyaient retrouver les vestiges de la Basilique du Grand Docteur de l'Eglise dans les ruines imposantes des citernes d'Hadrien ; puis, plus tard, les autres, instruits sur la véritable signification de ruines, y venaient, en pèlerinage et en touristes, à la fois, pour se recueillir dans les lieux qui inspirèrent le philosophe de " Confessions " et jouir de l'admirable panorama que l'on découvre du haut de la Colline.


Ruines d'Hippone (Partie des citernes d'Hadrien), qui étaient considérées
comme les vestiges du Monastère de Saint-Augustin
(D'après un dessin de 1232)

        Le 11 décembre 1846, Alexandre Dumas et son fils étaient de passage à Bône, revenant de Madrid, où avaient été célébrées les cérémonies du mariage du Duc de Montpensier.
        Alexandre Dumas était accompagné par son nègre Maquet, naturellement, et par les peintres Girod et Boulanger, celui-là même qui fit son portrait en Circassien.
        Le journal " La Seybouse " qui notait, dans son numéro du 14 décembre 1846, le passage de ces éminentes personnalités des Lettres et des Arts, ajoutait " Ces Messieurs ont à peine passé quelques heures dans notre Ville, mais le peu de temps qu'ils ont consacré à visiter les sites pittoresques et les ruines de nos environs ont suffi pour leur inspirer un intérêt très sympathique pour ce pays. M. Boulanger a dessiné les ruines d'Hippone. M. Girod a reproduit le point de vue admirable du bassin de la Ville, pris de la Colline, au-dessus du monument élevé à Saint-Augustin ".
        Soixante ans plus tard, l'Académicien Louis Bertrand brossera dans son " Saint-Augustin " le plus saisissant tableau des mêmes lieux et du même horizon.

        Entre temps, en 1880, Pierre Loti, oui n'était pas encore Académicien, n'étant que l'Enseigne de Vaisseau Julien Viaud, profita d'une visite de l'escadre française pour aller jusqu'à Hippone, ce qui lui a permis de noter clans son " Journal intime" à la date du 8 mai :
        " L'après-midi passée dans la campagne ombreuse et fleurie. Vu le tombeau de Saint-Augustin et les ruines d'Hippone : des débris de voûtes antiques dans un lieu tranquille et solitaire, sous l'épaisse verdure des oliviers et des platanes.
        " Partout des enchevêtrements de plantes folles, de cactus, de liserons roses... Et toujours la pluie qui tombe d'un ciel du Nord ".

        Les visites de l'Escadre française étaient fréquentes alors. C'était chaque fois l'occasion de fêtes et réceptions fastueuses ; les cols bleus des marins et les galons d'or des officiers mettaient de la joie dans les rues et du souffle patriotique dans les coeurs.
        Les officiers de marine ne manquaient jamais d'aller jusqu'à la Colline de Saint-Augustin. Ils y allaient par groupes, sur des chevaux loués ou en voitures de place. Mais certains, les mystiques, les solitaires, partaient isolément à pied, pour accomplir, ce qu'ils avaient l'air de considérer comme un pèlerinage en un lieu saint.
        Le Lieutenant de Vaisseau, de Kerguern, était un de ceux-là.

        Cette année. en 1882, deux ans après la promenade qu'avait notée l'Enseigne, Julien Viaud, dans son journal, l'officier breton, mystique et solitaire, s'en était allé, dans la campagne radieuse, vers ces lieux de verdure sur lesquels planait la grande ombre de Saint-Augustin.
        Sur la route poudreuse, ses galons d'or rutilaient sous le soleil et la chaîne de sa montre, en or également, ajoutait à leur éclat.
        Les lieux étaient déserts après le vieux pont romain qui passe sur la Boudjimah...
        Quelques heures plus tard, une dame qui se trouvait dans le jardin de sa villa, à l'angle que forme la route du Ruisseau d'Or avec celle de Sidi-Brahim, vit arriver vers elle, un homme sans veste et sans chaussures, la chemise déchirée et tachée de sang, qui se traînait péniblement.
        C'était le Lieutenant de Vaisseau de Kerguern, qui conta à ceux que Madame Chaubron avait appelés, pour porter secours avec elle au blessé, la désolante et sanglante aventure qui lui était arrivée.
        Alors qu'il était seul, au milieu des citernes, il avait été sauvagement agressé par trois indigènes qui l'avaient frappé de leurs boussadis et dépouillés de sa montre et de son argent, le laissant pour mort sur le sol.

        Il avait pu, cependant, retrouver assez de forces pour se relever et se traîner jusqu'à la villa où on venait de l'accueillir avec tant d'empressement et de compassion.
        Il eut la force, avant d'expirer à l'hôpital, de donner de suffisants détails sur le signalement de ses trois assassins qui purent ainsi être arrêtés assez rapidement.
        Cet ignoble et lâche assassinat eut un énorme et douloureux retentissement dans la Ville, dont la population aimait tout particulièrement la Marine.
        Longtemps après, le souvenir de l'atroce martyre subi par l'infortuné Lieutenant de Vaisseau était encore aussi vivace qu'aux premiers jours, et sans doute, dans certains foyers de vieux Bônois, évoque-t-on encore parfois la lâche cruauté des trois assassins.
        Les trois misérables comparurent devant la Cour d'Assises de Bône qui siégeait, depuis peu, dans le nouveau Palais de Justice de la Place de l'Eglise.
        L'un d'eux avait en sa possession, au moment de son arrestation, la montre en or de l'infortuné officier de Marine.
        Leur attitude, au cours du procès, fut cynique et odieuse, non seulement ils reconnurent leur abominable forfait, mais ils s'en glorifièrent en insultant la mémoire de leur victime et la France.
        Ils furent tous les trois condamnés à la peine de mort.
        Et, chose peu commune dans les annales de la Justice criminelle, ils furent tous les trois guillotinés le 8 juillet 1882, alors qu'il n'y avait eu qu'une seule victime, contrairement à la règle de la Loi du Talion.

        Ce fut, dans la Ville, un événement sensationnel que cette triple exécution que l'opinion publique avait unanimement approuvée et même réclamée.
        Les exécutions capitales avaient lieu alors, à Bône, sur l'emplacement de l'ancien marché aux bestiaux, c'est-à-dire à la suite du Square Randon, à l'endroit actuelle occupé par la caserne des Gardes Mobiles.
        Ce marché aux bestiaux était situé en dehors des remparts, dont on peut encore voir des vestiges dans le mur qui soutient la grille du Square, tout le long du Boulevard des Généraux Morris.
        La foule, dès minuit, garnissait le sommet des remparts. Au moyen d'échelles apportées, des centaines de gens étaient placés là, comme au spectacle, attendant en causant et riant, l'arrivée du tombereau du service des ordures qui amenait les condamnés de la prison en suivant les Allées Guynemer, que l'on appelait alors les Allées Randon.
        Au petit matin, dans l'aube naissante, en cette fin de nuit que viennent timidement effleurer les premiers rayons de soleil, les trois têtes de ces misérables, le rictus et l'insulte encore sur les lèvres, roulèrent l'une après l'autre dans le même panier.
        L'horreur du châtiment, si grande et si réelle fut-elle, ne parvint pas, cependant, à effacer la douloureuse émotion qui s'était emparée de la population en apprenant l'affreux destin du Lieutenant de Vaisseau de Kerguern dont le massacre à quelques centaines de mètres de la Ville paisible, tout près de ces oliviers, symboles de la Paix, et dans cette atmosphère de complète sécurité, avait été comme une riposte sanglante et barbare à la devise du Grand Berbère Chrétien : " Amare Amati ".

*******


A l'Aube de l'Algérie Française
Le Calvaire des Colons de 48
                                       Par MAXIME RASTEIL (1930)                                       N° 24

EUGÈNE FRANÇOIS
Mon ancêtre

Quoi de plus louable que de partir à la recherche de ses ancêtres !
Découvrir où et comment ils ont vécu !
La Bruyère disait : " C'est un métier que de faire un livre. "
Photo Marie-Claire Missud
J'ai voulu tenter l'expérience de mettre sur le papier après la lecture d'un livre sur "les Colons de 1848" et le fouillis de souvenirs glanés dans la famille, de raconter la vie de ce grand homme, tant par sa taille que par sa valeur morale, de ce Parisien que fut Eugène FRANÇOIS né à Meudon en 1839, mort à Bône en 1916.
Tout a commencé lors de l'établissement d'un arbre généalogique concernant le côté maternel de notre famille : arrivé à notre ancêtre : qu'avait-il fait pour qu'une "Rue" de ma jolie ville de "Bône la Coquette", porte son nom dans le quartier de la Colonne Randon ?
Tout ce que j'ai appris, j'ai voulu le faire découvrir tout simplement comme d'autres ont écrit sur nos personnalités et grandes figures Bônoises !
Pour qu'aujourd'hui, on n'oublie pas ce qui a été fait hier !...
Marie Claire Missud-Maïsto

DEUXIÈME PARTIE
1830-1848

L'ARRÊT DU 27 SEPTEMBRE 1848
ET LE PROVISOIRE


         Comme suite au décret précédent, un arrêté émanant du général de La Moricière, ministre de 14 Guerre, interviendra quelques jours plus tard, le 27 septembre, dans le but de préciser les conditions d'admission des citoyens désireux de s'expatrier pour l'Algérie, soit comme cultivateurs, soit comme ouvriers d'art.
         A l'appui de leur demande, les uns et les autres devront fournir des pièces authentiques de leur nationalité, de leur âge, de leur profession, de leur moralité et de leur aptitude physique.
         Nul chef de famille ou célibataire, prévoit le Ministre, ne pourra être recruté au delà de 60 ans. En vue de faciliter le service des groupements, des départs et des embarquements, choque famille recevra un livret constatant le signalement et l'état-civil des membres qui la composent.

          Une autre disposition indique que les colons seront transportés aux frais de l'Etat, eux et leurs effets mobiliers, depuis le lieu de leur résidence jusqu'à celui de leur destination ; et enfin l'article 6 contient ce détail engageant :
         " Un membre délégué par la Commission assistera au départ de chaque convoi qui comprendra, autant que possible, les colons à grouper dans la même commune. Les convois seront accompagnés par un fonctionnaire civil ou militaire qui aura mission d'assurer le bien-être des émigrants pendant toute la durée du voyage ".

          Par contre, à l'article 7 on pouvait lire une disposition à laquelle sûrement les enrôlés parisiens ne prêtèrent pas toute l'attention désirable, car il en devait résulter pour eux, à l'origine, les plus cruels déboires. En voici le libellé :
         " Immédiatement après leur arrivée en Algérie, les colons cultivateurs ou ouvriers d'art seront provisoirement installés sous la tente ou dans les baraques préparées pour les recevoir et mis en mesure de commencer leurs travaux "

          Hélas ! Combien devait se prolonger ce provisoire-là? Les promoteurs des colonies agricoles de 1848 ont-ils pu se croire à l'abri de toute responsabilité derrière ce texte fragile et ambigu?
         Dans la quasi certitude où ils étaient que le temps et la main-d'oeuvre leur feraient défaut pour mettre debout les installations projetées, ils ont prévu, quoi? La tente militaire ou le baraquement. Et ce dernier n'existant pas, c'est sous le " marabout " que les colons parisiens seront condamnés à coucher avec leur smala le premier soir de leur atroce arrivée à Mondovi - et combien d'autres soirs à la suite, - car nul n'ignore qu'en matière administrative, chez nous, c'est le provisoire qui dure le plus.

          Ce sera donc sous la tente à soldats, hâtivement dressée, au déclin du jour de la saint Ambroise, que nous retrouverons, le 8 décembre 1848, la famille du charpentier-appareilleur François (Gabriel) partageant ce refuge précaire avec d'autres personnes du convoi venu de Bône à travers la grande plaine sans ponts et sans routes, recouverte de piquants, de marais et d'immonde broussaille.

          Immense sera leur déception et plus désolée leur surprise. Ces braves gens ont déjà beaucoup souffert dans leur interminable trajet de Paris à Marseille, à bord des bateaux plats aux fâcheuses promiscuités, ainsi que sur la vieille frégate poussive qui a mis cinq jours de navigation pour les débarquer sur la côte algérienne. Et pas la moindre baraque pour les recueillir ! Etait-ce là l'aboutissement rêvé de leur voyage? Une tente militaire. Un point, c'est tout.
         Au fait, l'auteur de l'arrêté ministériel du 27 septembre ne l'a-t-il pas prévu? C'est un document d'Etat qui a toute sa force et toute sa vigueur.
         Le Gouvernement le peut donc invoquer à son profit et en opposer le texte aux malheureux qui réclament.

          Défense pitoyable et inhumaine, car, dans l'ensemble, ces premiers débarqués parisiens de 48 ne sont pas, à proprement parler les " quarante-huitards " turbulents dont on a voulu débarrasser au plus tôt le pavé de la capitale.
         Les barricades des journées révolutionnaires ne les ont certainement pas vu, accourant des Sections, faire le coup de feu dans les faubourgs, et ils ne semblent pas avoir contribué beaucoup, pour leur part, à chasser Louis-Philippe afin d'assurer le triomphe des thèses d'émancipation politique, philosophique ou sociale de Louis Blanc, de Thiers et de Ledru-Rollin.
         Epris de liberté française, cela ne fait aucun doute, mais des exaltés, des révoltés, des émeutiers redoutables? C'est folie que de propager une pareille erreur.


A SUIVRE       
Merci à Thérèse Sultana, et Marie-Claire Missud/Maïsto, de nous avoir transmis ce livre de Maxime Rasteil qui a mis en forme les mémoires de son arrière grand-père Eugène François.
Elle a aussi écrit un livre sur lui.
J.P. B.

Le NOËL DE LA POSTE
Envoyé Par Michèle Raphanel



     Il était une fois un homme qui travaillait au Bureau de poste.
     Son travail consistait à traiter le courrier qui était mal adressé ou dont les adresses étaient inexistantes.

      Un jour, il eut à traiter une lettre adressée d'une main tremblante à Dieu.
     Comme il ne pouvait pas la traiter, il pensa trouver une adresse de retour à l'intérieur.
     Il l'ouvrit et lut :
     - Cher Dieu, Je suis une vieille veuve de 93 ans, qui vit sur une très petite pension.
     Hier quelqu'un m'a volé ma sacoche. Il y avait 100 euros à l'intérieur, c'était le seul argent qui me restait jusqu'à mon prochain chèque de pension. Dimanche prochain, ce sera Noël, et j'avais invité deux de mes vieux amis à souper.
     Sans argent, je suis maintenant incapable d'acheter de la nourriture pour les recevoir. Je n'ai pas de famille qui puisse m'aider, vous êtes maintenant mon seul espoir. S'il vous plaît pourriez- vous me venir en aide? Sincèrement,

      Le travailleur postal fut très touché.
     Il montra la lettre à tous ses confrères du bureau de Poste.
     Chacun d'entre eux mit la main à sa poche et donna quelques euros.
     Après avoir fait la tournée du bureau, il avait amassé 96 euros.
     Fier de son coup, il en mit le contenu dans une enveloppe et la fit livrer à l'adresse de la vieille dame.

      Pour le reste de la journée, tous les employés ressentaient un bien être intérieur d'avoir contribué à un beau geste de générosité.
     Noël vint à passer et quelques jours plus tard, une autre lettre apparut, adressée à Dieu, encore écrite par la vieille.
     Tous les employés s'attroupèrent autour du bureau de l'homme alors qu'il ouvrait la lettre.
     Il était écrit:
     - Cher Dieu, Comment pourrais-je vous remercier pour tout ce que vous avez fait pour moi ? Grâce à votre geste de générosité et d'amour, j'ai pu recevoir dignement mes deux amis en leur préparant un magnifique repas de Noël. Ce fut une très belle journée et j'ai avoué à mes amis que si la chose a été rendue possible, c'est grâce à vous et au beau cadeau que vous m'avez fait.
     Au fait, il manquait 4 euros sur le montant. J'ai bien peur que cela ait été volé par ces sales cons d'employés malhonnêtes du Bureau de Poste.



 UNE VILLE ALGERIENNE
Par Renée Augier de Maintenon
BONE 1915, IMPRIMERIE CENTRALE (A VAPEUR), A.-M. MARIANI
N° 7             

UNE VILLE ALGERIENNE
Pendant la guerre
1914-1915

Notice publiée sous le patronage
Du Syndicat de la presse de l'Est Algérien

Vendu au profit de la Croix-Rouge
de l'Oeuvre des Envois aux Soldats de l'Afrique du Nord
de l'Oeuvre des Prisonniers de Guerre

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Chapitre VI
Les Bônoises et la Guerre
Nos Pauvres. -- Nos Soldats. -- Nos Blessés.

        Presque toutes les provinces françaises sont représentées dans notre hôpital. Nous avons des,
        Bretons au teint clair, aux yeux bleus qui sont silencieux et rêveurs, d'exubérants Méridionaux qui parlent en faisant de grands gestes et dont la gaieté expansive fait douter du lieu où ils sont... Nous avons des Basques, des Gascons, des Normands et des Parigots ; chacun apportant la note originale de sa province, tous différents par le caractère, tous semblables par leur courageuse endurance.
        Mais nous n'avons pas que des enfants de la Métropole, et les coloniaux sont nombreux.
        D'abord deux marabouts soudanais : Mossi, qui ressemble à un faune de bronze avec ses longs yeux légèrement bridés, son nez busqué, sa bouche arquée superbement meublée, sa barbiche en pointe. On cherche ses cornes.
        Je n'aimerais pas à le rencontrer seule au coin d'un bois, par exemple!
        Moussa, le pitre de la salle 4 dont tout le monde s'amuse et qui s'amuse de tout. Celui-là a une mâchoire formidable, une bouche inquiétante qui engouffrerait sans effort un petit pain de deux sous tout entier. Sûrement, il fut anthropophage avant d'être soldat de la République.
        Il y a Kodo le Sénégalais à la physionomie fine et douce, a l'air mystique, qui murmure, du matin au soir, ses prières. MoMo Bangara, que les bords fleuris de la rivière de Konakry ont vu naître et que j'ai surpris, esquissant avec un rare talent, un pas de bamboula nègre, sous l'oeil amusé de ses compagnons.
        Tampon, le compatriote de Béhanzin, nous arriva à moitié raidie par la mort ; il est aujourd'hui gros, gras, tout luisant de santé.

        Le Guadeloupéen Nélifox me fait toujours penser à la fameuse histoire du tambour créole. " Tambou... oulez " commande un chef nègre au tambour de sa compagnie, mais le tambour reste impassible.
        Tambou... oulez " ordonne avec plus de force le Martiniquais galonné. Même silence obstiné de la part du tambour. Alors de toute sa voix et avec un grand geste résigné : " Monsieur Tambou…oulez " clame l'émule de Toussaint Louverture. Un roulement sonore, brillamment exécuté, se fait alors entendre. Le tambour a compris, -son chef aussi.
        Nelifox est de la race du tambour antillais.
        Mon coeur de vieille coloniale s'intéresse à. tous ces grands enfants sauvages que la civilisation n'a pas encore déformés. Exception doit être faite cependant pour un Soudanais cultivé. Parfaitement. L'espèce est rare, mais elle existe. Sidi. bey, un grand gaillard Bambara, noir comme l'Erèbe et les sept péchés réunis, parle très purement notre langue, l'écrit correctement, se montre d'une politesse raffinée envers les darnes, d'une exigence autoritaire envers les infirmiers qui le soignent.
        Catholique sans trop de conviction, c'est un citoyen conscient de ses droits qu'il fait valoir à tous propose: " Nous avons la peau noire, mais notre sang est rouge, comme celui des blancs, et comme eux, nous le versons sans compter pour la France ! " s'écrie-t-il dés qu'on résiste à ses exigences; - car il en a - dame: on est civilisé ou on ne l'est pas i
        Connaissant leurs différents pays, je puis consoler un peu mes pauvres exilés que le souvenir de la terre natale hante comme une obsession et qui se sentent perdus dans cette Algérie qu'ils connaissaient à peine de nom avant la guerre.
        J'évoque devant le Sénégalais : Dakar. Saint-Louis, son beau fleuve, Guet'n dâr, la plage aux crabes monstrueux.
        J'exalte devant les Antillais le charme ensorcelant de leurs jolies compatriotes, les plaisirs savoureux des pêches aux écrevisses faites dans la rivière claire à l'ombre de verts tamarins.
        Nous avons de longues conversations, Elibaté, le Bourbonnais mélancolique, et moi. Ses yeux s'éclairent d'une joie orgueilleuse lorsque je vante, en présence de ses camarades, les beautés sans nombre de son île merveilleuse : Citaos, perdu dans la splendeur de ses glaciers éternels. Salazie s'endormant au bruit de ses fraîches cascades. Saint-Denis assise au bord des flots bleus, riant parmi ses jardins embaumés.
        Pour nos Soudanais j'ai trouvé autre chose. Ne connaissant pas leur pays, je ne puis leur en parler, mais au fond de ma bibliothèque j'ai découvert un manuel de Bambara, et, grâce à lui, chaque matin j'obtiens un succès toujours renouvelé lorsque entrant dans ma salle je les salue d'un grave, I-ni so-go-ma, ou leur sert un de ces proverbes étranges que mon cerveau a bien du mai à retenir.
        Depuis la découverte de ce bienheureux petit livre, j'ai grandi de six pieds dans l'estime de mes Africains " Et Madamou ! " comme ils m'appellent, est auréolée à leurs yeux du prestige d'un manitou.

        Cinq Turcs prisonniers nous arrivèrent par le premier convoi, le corps percé en écumoire, infectes, infectant, On les mit dans une salle à part où ils furent soignés consciencieusement, mais strictement, sans douceur exagérée, ni gâteries intempestives.
        Nos Français grondaient un peu lorsque, sur leurs brancards, on transportait les osmanlis dans la salle de pansement.
        Aujourd'hui les rires et les cigarettes s'échangent entre ces ennemis d'hier. Nos petits soldats n'ont pas la rancune tenace.
        L'un des prisonniers est mort, les quatre autres sont pleins de vie; reconnaissants des soins qu'ils ont reçus, ils mettent la main sur leur coeur et disent ; " Français, camarades - Boches, y a pas bon ! A Ce sont les seuls mots de notre langue qu'ils connaissent.
        Très naturellement, les Bônoises s'ingénièrent pour adoucir le plus possible le sort de nos chers blessés. Elles n'eurent qu'à écouter la tendre pitié de leur âme et nos petits soldats reçurent tout ce qui pouvait leur être utile ou agréable.

        La " Société des Dames réunies " fut fondée.
        Ces dévouées Françaises vinrent apporter chaque semaine, à nos humbles héros, en même temps qu'un réconfort moral, des dons de toutes sortes choisis avec une tendre sollicitude, offerts avec une maternelle bonté.
        Grâce à un labeur incessant, à des soins attentifs, à une compréhension très large de leurs devoirs, à leur douceur:et à leur charme, les Femmes de France firent de l'Hôpital auxiliaire 102, un paradis pour nos blessés et, j'en suis sûre, beaucoup etc ces pauvres enfants, petits paysans simples, naïfs, placés dans ce décor d'une élégance insoupçonnée de leur candeur, soignés par de jolies et fraîches jeunes filles que la blancheur des voiles poétisait encore, eurent l'illusion, dans la torpeur, ou l'exaltation de la fièvre, d'être transportés au céleste séjour.
        Pour ceux qu'un sort néfaste fit tomber aux mains de nos barbares ennemis et qui, dans cette Germanie inhumaine, féroce, souffrent de maux si complexes et si durs, une Alsacienne, une femme de bien, à l'âme haute, au coeur vibrant d'un patriotisme touchant, fonda l'Œuvre des Prisonniers de Guerre et, généreusement, lui consacre, avec une modestie bien rare, son temps, sa peine, son dévouement, ses forces. Je pourrais ajouter: et lui sacrifie sa santé.

        Bône a donc eu, plus peut-être que beaucoup de villes de France, ses " visions de guerre : " Mobilisation, bombardement, campement de troupes, convois de blessés, crise économique. Elle pleure aujourd'hui, avec une fierté douloureuse, ses enfants morts pour la Patrie, et c'est avec un légitime orgueil qu'elle inscrit sur son livre de gloire, le nom de ses héros chaque jour plus nombreux. Notre 'ville est également fière de ses filles qui, fidèles à leur tâche, conscientes de leurs devoirs, fermes dans la tourmente, inébranlablement confiantes dans un avenir victorieux, méritent si pleinement le beau nom de Femmes françaises, symbole en ces heures angoissantes, de tant d'admirables vertus.
        Enfin, comme toutes les cités algériennes, Bône s'est montré depuis le début des hostilités digne, en tous points, de sa noble mère la France. Elle à su allier au courage héroïque, déployé par ses fils sur les champs de bataille la douce compassion de ses femmes dont l'humanité bienfaisante a, dans la mesure du possible, atténué, ici, les cruautés de cette guerre inexorable imposée par le sanguinaire teuton.

        Cette guerre, tous les Français sous quelques ciels qu'ils vivent, l'ont accepté fermement et sont inébranlablement résolus à tenir énergiquement jusqu'au bout, jusqu'à la victoire finale, éclatante et certaine, jusqu'à la paix glorieuse qui souhaitons-le en terminant cette étude, ne se feront pas trop attendre.

Septembre 1915

* * *
FIN

Collégien à MASCARA
(Souvenirs d'un ancien élève musulman)
par M. Boualem LAOUFI
Trait d'Union N° 46, janvier 2000

        Certes, MASCARA était la capitale du vin portant son nom, avec ses caves dans les villages environnants, MASCARA était la grosse garnison des chasseurs d'AFRIQUE et de Légionnaires, la cité de l'EMIR ABDELKADER et le bastion TURC tenant le TELL oranais.
        MASCARA, pour moi, était aussi la ville aux deux collèges, de jeunes filles et de garçons, ouverts aux jeunes Mascaréens, bien entendu, mais à nous les jeunes du Sud, de Tiaret et sa région, Palat, Trumelet, Martinprey, de Saïda, de Géryville, d'Aïn Séfra, Colomb-Béchar et Kenadza.
        Aux jeunes dont les parents pouvaient supporter les frais de pension, mais aussi, aux jeunes, plus nombreux, qui étaient boursiers de l'Etat, du département (ORAN) ou de la commune d'origine. Jeunes de toutes confessions et de toutes conditions, respectueux de leurs professeurs, avides de savoir et pourquoi pas, ambitieux. Leurs héros étaient le Docteur SCHWEITZER, le Père de FOUCAULT, GANDHI et Lord Mountbatten, Alain MIMOUN, Herzog et Lachena, Irène et Joliot CURIE, le Père RIQUET et ses sermons, JOUVET et COCTEAU, Marcel AMROUCHE et MOULOUD FERRAOUN, ROBLES, DARUI et BEN BAREK et tant d'autres et pourtant les "Médias" - et heureusement - n'étaient pas ce qu'ils sont aujourd'hui !

         Leurs professeurs avaient pour noms : Mme CONSTANTIN, Mme GEMINI l'une et l'autre respectées, la première pour sa gentillesse et la seconde par sa sévérité naturelle, mais avec un coeur énorme.
        Monsieur TAHAR, érudit en latin comme en arabe, dont nous n'avions appris l'appartenance au Parti de Ferhat ABBAS, les Amis du Manifeste, qu'après son élection au Conseil de la République (Le sénat de la 4ème).
        C'est lui qui nous a appris et commenté le classement, comme monument historique, par Monsieur NAEGELEN, Gouverneur Général de l'Algérie en 1948, de l'enceinte de la ZAOUÏA de MAHIEDDINE, père de l'EMIR ABDELKADER, l'inauguration du monument commémoratif de CACHEROU avec la fameuse phrase de l'EMIR sur l'entente des deux peuples appelés à vivre ensemble et réaliser de grandes choses.
        C'était en somme, ce que préconisait alors Ferhat ABBAS, l'élite musulmane et les gens de bonne volonté de tous bords, avant que les extrémistes n'aient tout démoli. Hélas !

         Je n'oublierai pas M. BENAMOUR, M. BOUYAKOUB, pas toujours chanceux avec ses expériences de physique - chimie. Mais, lui aussi, pouvant remplacer le professeur de latin ou d'arabe à la demande.
        C'est bien lui, qui lors de la distribution des prix, avait eu l'honneur de faire le discours d'usage. Il avait pris comme sujet : l'atome. Je crois bien que le courant n'était pas bien passé entre le conférencier et l'auditoire, tant le sujet était nouveau à l'époque.
        Enfin M. LEVY, jeune professeur de lettres, latin et grec, nous subjuguait par ses citations. Je garde un impérissable souvenir de ses commentaires sur l'oeuvre de Vigny "Servitude et grandeur Militaire" et pour cause.
        Il m'a fait l'honneur de conserver une de mes dissertations sur le choix du métier, celui des "Armes" bien entendu.

         De tous ces professeurs cités, et j'en oublie, le dernier que j'aie pu rencontrer, a été Mlle GEMINI alors que j'étais en garnison à ELBORDJ en 1957. Lors d'une liaison à MASCARA,

         J'avais rencontré deux de mes anciens camarades de classe, SEBBANE Ali et PEREZ Jean de Thiersville et notre pensée a été de rendre visite à cette grande DAME à la retraite, qui avait marqué tant de ses élèves ; elle savait faire partager sa passion des Maths ; en effet, il n'y avait que peu de traînards dans ses classes.
        C'est avec un énorme bouquet de fleurs que nous l'avons revue, son émotion était à son comble et notre joie respectueuse aussi. Nous nous sentions encore sous son emprise, je le répète, combien sévère d'apparence, mais pleine de sérénité.

         C'est le dernier souvenir que je garde de MASCARA, qui a été aussi dans mes jeunes années, la sous-préfecture avec ses activités culturelles et sportives que pourraient lui envier tant de sous-préfectures de l'hexagone.
        C'est ainsi que, nous, collégiens, avons pu adhérer au ciné-club, l'un des premiers en Algérie, sous l'égide de Maître VAUGIEN et Maître AMOUYAL, que nous pûmes voir et apprécier Micheline OSTERMEYER, championne olympique et pianiste virtuose, au théâtre municipal.
        MASCARA, sous-préfecture avec ses deux équipes de football : Le GALLIA et l'AGSM, équipes souvent adverses, mais ayant tenu en échec l'équipe de ROUBAIX, finaliste et vainqueur de la Coupe de France, en tournée en Algérie, avec des noms prestigieux à l'époque : FRUTUOSO, JERUSALEM et surtout DA RUI.
        Les héros de ces deux équipes étaient les frères RUEDA, JORRO, DJAKER, GAUCHER et mon camarade Dédé SALVA, jeune espoir d'alors, tout comme mon "cousin" Norbert SERRANO.
        Je ne puis énumérer la réussite de tant de mes camarades de MASCARA, dans l'enseignement, la fonction publique ou la politique, mais je me plais, souvent de citer celle, combien exemplaire, de René DIAS, camarade de classe de seconde et première.
        Originaire de la région d'ARZEW, d'un milieu fort modeste, il assumait les fonctions de surveillant tout en étant élève, pour payer sa pension.
        Jamais, il n'a eu de problèmes avec les élèves internes ou externes, tant la solidarité avait joué entre nous. René DIAS est aujourd'hui Général de brigade. Que de chemin parcouru depuis ; que de volonté et de rage de réussir !
        Bravo René, bravo à tous et merci à nos maîtres et peut-être à bientôt à certains d'entre nous, mes camarades.

Boualem LAOUFI (4ème -1ère) de1946à1950.     

Sans approuver tous les jugements de l'auteur, je trouve intéressante cette chronique communiquée par notre collègue M. A. CIANFARANI. Elle prouve en effet l'empreinte indélébile des enseignants d'Algérie sur leurs élèves et l'extraordinaire brassage des cultures auquel nous participions. Que de souvenirs chez cet "Ancien" !
J'ajouterai, pour actualiser ces propos, que j'ai eu, voici quelques semaines (fins septembre 1999 au Festival du Film Algérianiste à Nîmes), l'occasion et le plaisir d'échanger quelques souvenirs avec Alain MIMOUN, Micheline OSTERMEYER et Heda FROST. Comme le temps passe !
Le Secrétaire de l'Amicale.     
**********

ADIEU ... MARTHE.
Trait d'Union N° 46, janvier 2000
Par Marcelle CHAMAILLOU

"Les chants désespérés sont les chants les plus beaux ..." mais
"... l'Espérance est chevillée au cœur de l'Homme."

        Puisqu'il faut quitter cette terre,
        Un jour ou l'autre, brouillard ou pluie,
        Ou soleil caressant sans bruit
        Les mille roses éphémères ...

        Puisqu'il faut ne plus voir le ciel,
        Ni sentir la brise ailée,
        Ni caresser la tourterelle,
        Ni cueillir le brin de muguet ...

        Puisqu'il faut qu'on abandonne
        Le rire des enfants heureux,
        La musique que j'affectionne,
        Les livres à l'accueil chaleureux ...

        Et puisqu'il faut lâcher la main
        De ceux qu'on aime et qui vous aiment,
        Et s'en aller dans un lointain
        Qui me pose un mauvais problème.

        A mes enfants, à mes amis,
        A ma terre si familière,
        A mes fleurs bruissantes d'abeilles,
        A mes arbres où nichent les pies,

        Je dis adieu, le cœur navré,
        Car je suis simple locataire :
        On m'expulse, le bail terminé,
        Sans préavis et sans manière ...

        Et, pourtant, j'aurais bien aimé
        Réentendre la flûte enchantée
        Ou une valse de Chopin
        Par le violon de Menuhin.

        Mais je ne puis rien demander.
        Tout a été réglé d'avance :
        Le temps et l'heure, la traversée,
        Comme marche de transhumance,

        Vers les fameux verts pâturages
        Promis aux hommes, en héritage,
        Tout là-bas, au bout du voyage
        Que j'accomplirai sans courage ...

        La tristesse s'empare de mon âme
        Je ne suis plus rien qu'une flamme
        Qui brille, diminue et pâlit
        Et se consume dans la nuit.



ANECDOTE
Envoyé par M. Christian Camilleri

A Bône le 7 mai 1945
de " Combat "
(Dépêche de Constantine du 8 mai 1945)

        - Avec une joie délirante, Bône a accueilli la nouvelle de la capitulation inconditionnelle de l'Allemagne, partout des groupes qui saluaient la victoire par des acclamations. La foule, massée devant la mairie, qui avait arraché les journaux du noir, attendait avec une impatience frémissante le carillon des cloches et les salves des canons.

        Bône était en fête et célébrait le triomphe des alliés. L'allégresse de la population tout entière se manifesta dès I'annonce par radio de la capitulation de l'Allemagne.
        Une incroyable animation se créa sur l'instant. Les fenêtres se couvrirent des trois couleurs et ce soir M. André Sens-Olive publia l'appel suivant à la population :

        " Amis bônois, enfin la nouvelle tant attendue nous parvient, la guerre est finie. Le cessez le feu a retenti et si les cloches sonnent et le canon tonne, c'est d'allégresse. La victoire est à nous, le Boche a mordu définitivement la poussière, le grand Reich allemand n'existe plus; les tyrans, les oppresseurs, les bourreaux de l'humanité ont disparu ; le monde respire. Plus de tueries, plus d'assassinats.
        La paix va renaître. Illuminez et pavoisez largement vos demeures. Réjouissez-vous. Le jour de gloire est arrivé. Joignez-vous en foule aux manifestations patriotiques qui se dérouleront ce jour dans la dignité et l'amour de la patrie. Tous à 15 h. 30, place Marchis. Ce soir, grand bal populaire sur le cours Bertagna.
        Gloire immortelle à tous les combattants français et alliés. Vivent les Alliés, vive la France, vive la République. "

Le maire : A. Sens-Olive.        

        Demain mardi, à partir de 16 h. 30, des cérémonies se dérouleront en ville. Un cortège, comprenant toutes les sociétés, tous les groupements, les enfants des écoles, la population se formera place Marchis et se rendra au monument aux morts où un hommage solennel sera rendu aux enfants de Bône morts pour la patrie. Au cours de la cérémonie pendant la minute de recueillement, des salves d'artillerie accompagneront l'hommage aux héros. Puis le cortège se reformera et se rendra cours Bertagna où aura lieu une grande réunion durant laquelle le président de la France combattante, le président des anciens combattants, le maire de Bône, le sous-préfet prononceront des allocutions. Après quoi, les enfants des écoles uniront leurs voix dans le chant de victoire.
        Le soir, des bals populaires sont prévus sur le cours Bertagna. Et ainsi, toute la population bônoise fêtera dans un élan unanime la fin de la guerre, la victoire, le triomphe, l'écrasement de l'Allemagne.

(Bône, de notre correspondant particulier, 7 mai 1945).        


" L'AFRIQUE ROMAINE"
L'ECOLE REPUBLICAINE : 6ème Numéro Spécial
MENSUEL MAI 1957

                                         Envoyé par M. Daniel Dardenne                                       N°4

L'ORGANISATION ROMAINE
DANS LE SUD ALGERIEN

COMMENTAIRE DES GRAVURES

          B) RUINES D'UN FORTIN DU " LIMES GEMELLENSIS "
(dont le quartier général était à Gemellae).

          La double enceinte apparaît nettement sur la photographie aérienne, pourtant, le fort est entièrement recouvert aujourd'hui par les sables ; son enceinte extérieure est absolument invisible au sol.
          Bel exemple de la contribution de la photographia aérienne dans la recherche archéologique.
          GERELLAE Un camp et une ville des confins sahariens aujourd'hui ensevelis sous les sables.

          La Ville.
          Mon étude sur le " limes ", dit M. BARADEZ, me conduisit à Gemellae. J'y aboutissais en restituant pas à pas son réseau routier... Le camp dont la partie la plus visible correspond à El Kasbat m'apparaissait comme occupant la partie centrale d'une vaste agglomération entourée d'une enceinte continue de murailles qui se développent encore sur plus de 2.000 mètres de longueur. Je pouvais reconstituer le plan général de cette ville, avec ses voies, ses insulae (1) sa ceinture fortifiée, ses nombreuses tours, ses portes, son amphithéâtre et plusieurs de ses temples. Au Sud de l'enceinte, je constatais que des ruines s'étendaient de façon presque continue sur une surface presque aussi considérable...

          Le Camp.
          Quant au camp lui-même, je constatai immédiatement sa ressemblance frappante avec le grand camp de Lambèse, la partie centrale (EI-Kasbat), pour les Arabes n'était autre que le praetorium (2).
          A vrai dire, ma déception fut immense en foulant les sables de Gemellae. Je compris alors seulement comment mes illustres devanciers n'avaient pu voir que si peu de choses là où j'avais, d'avion, dressé un plan complet. II me fallut ce plan pour retrouver les repères précis permettant de limiter exactement, au milieu des mornes étendues de sable, les points particuliers qu'il fallait fouiller...
          L'énorme quantité de sable nivelant Gemellae, recouvre sans doute la clé de bien des mystères et, malgré une moisson exceptionnelle, je sais que j'ai seulement effleuré ce site archéologique...
          Mais je n'ai pas cru devoir attendre le résultat de nouvelles fouilles pour décrire ce que nous avons déjà découvert du camp construit sous Hadrien dans le Sud, avant le grand camp de LAMBESE, et de !a ville de Gemellae aujourd'hui oubliée dans le Sahara, où siégea le Commandement d un des plus importants secteurs du " limes " de NUMIDIE (3).

          C) LE MUR DU FOSSATUM.


          " Au premier plan, le mur du fossatum établi à contre-pente et cachant la trace du fossé qu'il doublait, plus loin, tour avancée.
          La muraille est faite de pierres brutes ou encore de pierres roulées pouvant provenir du lit d'un oued... Dans certaines zones rocheuses, il semble parfois qu'aucun fossé n'ait été creusé et que seule dut exister cette muraille de pierres en superstructure... Le tracé du fossatum et le choix de l'emplacement des tours sont parfaits, aucun point n'échappe à la surveillance, les tours sont tantôt sur le bord est et tantôt sur le bord ouest du fossatum.
          Le fossatum représente seulement un élément du " limes " ; il consiste ordinairement en un fossé creusé à contre pente, large de 4 à 10 mètres, doublé d'un mur en pierres sèches ;aux changements de direction ou de pente, s'élève une tour de défense, de guet ou de signalisation.

          L'expression " fossatum africae " est fournie par un texte : une Constitution de 409 conservée par le Code théodosien. Les historiens l'avaient appliquée à la Séguia bent El-Krass, fossé est-ouest observé sur 60 km au Sud de BISKRA et de l'oued Djedi, parallèlement à celui-ci.
          Le Colonel BARADEZ a découvert d'autres fossés réunissant des coupures naturelles et s'étendant au total sur une longueur de 750 kilomètres (la distance de BORDEAUX à GENEVE).
          Les principaux éléments du fossatum, en dehors de celui couvrant GEMELLAE, et découverts grâce à la photo aérienne, sont situés :
          - entre METLAOUI et NEGRINE (Ad Majores),
          - le long de l'oued EL-KANTARA, puis de celui-ci à TOBNA,
          - autour du Massif de BOU-TALEB, au Nord Est du HODNA.

          La construction du fossatum se situe entre l'époque d'Hadrien (117-138) et la Tétrarchie de Dioclétien (293), mais tout porte à croire que le long élément couvrant le camp de GEMELLAE date, comme ce dernier, de l'Empereur Hadrien et remonte à 126-132.
          L'effondrement du " limes " comme celui de toute l'Afrique Romaine se produisit au Vème siècle avec l'invasion des Vandales.

((1) Ilots de maisons.
(2) Quartier général et ses dépendances (temple, trésor, magasins. etc...).
(3) J. BARDEZ - Revue Africaine Tome XCIII (1949).

* * *
A SUIVRE

LE CORBEAU ET LE LAPIN
Envoyé par Henri Lunardelli



     Un corbeau sur un arbre perché
     Ne foutait rien de la journée.
     Un lapin voyant le corbeau
     L'interpella et lui dit aussitôt:
     Moi aussi, comme toi, puis je m'asseoir
     Et ne rien foutre du matin jusqu'au soir?
     Le corbeau lui répondit de sa branche:
     -Bien sûr, ami à la queue blanche,
     Dans l'herbe verte tu peux te coucher
     Et ainsi de la vie profiter.
     Blanc lapin s'assit alors par terre,
     Et sous l'arbre resta à ne rien faire,
     Tant et si bien qu'un renard affamé,
     Voyant ainsi le lapin somnoler,
     S'approcha du rongeur en silence,
     Et d'une bouchée en fit sa pitance.

      Moralité :
     Pour rester assis à ne rien branler
     Il vaut mieux être très haut placé .…



LES FÊTES LITURGIQUES DE
SAINT AUGUSTIN A BÔNE
Paru sur l'ECHO N°20, janvier 1982, envoyé par Mme Pagano
PIETE ET FOLKLORE

              Il était gros, il était gras, grand, ventripotent, et portait opulente barbe noire. Il n'avait rien d'un ascète, aimant bien boire et bien manger. Et pourtant c'était un saint homme, le Père MIZZI, un de ces gens d'Eglise qui vous attire à la prière ; peut-être parce qu'ils ne cachent pas leur désir de profiter des richesses terrestres mises à leur disposition par le Créateur. Malgré le ventre qui gonflait la soutane, il était vif, alerte, solide, proche de la soixantaine, il vieillissait allègrement sur sa colline d'Hippone, dans sa basilique.

              Sa colline, sa basilique ? Bien sûr. N'y était-il pas le maître après Dieu - maltais venu de la Valette. Il s'était vu confier par l'ordre des Augustiniens, la garde de la Sainte Relique (le cubitus droit du premier évêque d'Hippone). Avec l'aide d'un autre Augustinien, le Père MIZZI cultivait un petit jardin attenant à son presbytère, mais les maraîchers d'alentour lui fournissaient viande, légumes, volailles, vin pour la messe et autres usages.
              A vrai dire, le Père MIZZI vivait à longueur d'année dans l'attente des Fêtes Liturgiques de Saint Augustin. Elles se situaient dans la dernière semaine d'août.
              Pendant huit jours, la Basilique d'Hippone devenait le Haut Lieu de la Chrétienté. Toute la Hiérarchie méditerranéenne était présente à ce rendez-vous aoûtien. Son Excellence l'Archevêque de Carthage, Primat d'Afrique, s'y trouvait en noble compagnie, l'Archevêque d'Alger, les Evêques de Constantine et d'Oran, le Père Supérieur du Sahara et autres éminences portant parfois le chapeau cardinalice : et puis des archiprêtres, des chanoines, des curés, des abbés qui, tout en honorant saint Augustin, essayaient de faire leur cour à leurs supérieurs.

              La vieille traction avant du Père MIZZI cédait respectueusement son garage à la confortable limousine du Primat d'Afrique, tandis que le Père BORG et toute sa smala, quittant leur restaurant des Allées Guynemer, prenaient possession des cuisines du presbytère et, pour quelques jours les Saintes Huiles avaient une odeur de boeuf rôti et de dinde farcie.

              Le Père MIZZI, la soutane plus couleur de poussière que jamais, s'affairait au milieu de ses hôtes pour leur éviter les mille soucis d'un logis trop exigu. Il avait tant à faire qu'il en oubliait la génuflexion devant le Sacré Cœur, butant sur un évêque, bousculant une bonne sœur, mais gardant la tète froide, car il n'oubliait pas qu'il était responsable de tout l'ordonnancement de la fête. Malgré tout il débordait de joie, de fierté, et que Dieu lui pardonne, une bouffée d'orgueil lui montait à la tète, car il avait fini par croire, le bon Père MIZZI, que la Saint Augustin, c'était sa fête à lui. Certes, durant cette semaine liturgique, il y avait temps pour la prière, le recueillement, les oraisons et les prônes. Mais aussi les moments qu'on passait à table : par la grâce des maltais du voisinage et d'ailleurs. La chair était fine, capiteux les vins, pétillant le champagne. Et comme les convives n'étaient pas pressés par le temps entre Grand Messe et Vêpres, et comme le vin était d'abondance, on oubliait au dessert protocole et hiérarchie. Et si les petits curés n'allaient pas jusqu'à taper sur le ventre de leur chanoine, ils ne se gênaient pas pour partir en grands éclats de rire et raconter quelques bonnes histoires qui n'avaient rien d'ecclésiastiques.

              Il arriva que le vénérable Monseigneur LIENARD, fatigué par le long voyage qui sépare Tunis d'Hippone, entrât en douce somnolence. Mais seuls les avertis savaient qu'il dormait : ses sourcils broussailleux, sa barbe de nonagénaire enfouissaient dans leur blanche toison sa sieste d'après-midi.
              Mais irrespectueux les petits abbés continuaient sans baisser le ton, à honorer Dieu pour ses bontés culinaires.
              Les journées liturgiques atteignaient leur sommet le dimanche. Monsieur François, chanoine du Sacré Coeur de Constantine, en était le grand ordonnateur. Le matin étaient conviés à la Grand Messe ceux qu'on englobe dans le terme pratique d'autorités civiles et militaires. Le Bachaga CHERIFI CHERIF, cravate de Commandeur de la Légion d'honneur apparente, se faisait un devoir d'assister à cette messe solennelle. La barbe mise à part, il ressemblait comme un frère au Père MIZZI, même corpulence, même démarche.

              L'Augustinien accueillait le Musulman sur le parvis et c'était un spectacle émouvant que cette masse bicolore, burnous rouge et soutane noire, pétrifiée par l'accolade fraternelle devant la Maison de Dieu.
              Les pèlerins arrivaient de Bône et de sa région, mais aussi du Constantinois et de l'Algérois, parfois même de l'Oranais et de la Tunisie. Ils devaient venir de loin pour rassasier leur âme d'une cure de jouvence augustinienne.
              Le carillon joyeux de la Basilique sur le coup de trois heures annonçait le début des Vêpres. Du presbytère sortaient les prélats en tenue d'apparat. Tout juste cinquante mètres séparaient la cure de la basilique. Mais ce court chemin était parcouru lentement, laissant à la foule le soin de se placer en double haie. Le Primat d'Afrique, mitré d'ors, ouvrait la marche, frappant les pavés de la crosse, tel un tambour major qui marque la cadence.


              Les fêtes liturgiques s'achevaient en apothéose dans l'après-midi du dimanche par la traditionnelle procession. Elle se formait tout en bas de la colline, près de la statue de sainte Monique serrant dans ses bras son amour de Chérubin. Cent mètres plus haut était érigé un reposoir sur le socle même d'un gigantesque Saint Augustin de pierre : un hectomètre tout juste suffisait au vénéré saint pour passer de la prime enfance à l'âge adulte.
              Tandis que la procession cheminait dans la côte, les "Ave Maria" succédaient aux "Credo" et les "Notre Père" aux "Je vous salue Marie", soutenus par les puissants haut-parleurs. Monseigneur MIZZI, plus suant que jamais, allait, venait, d'un bout à l'autre du défilé, chef d'orchestre à la danse de Saint Guy. Parfois, mon Dieu, pardonnez-lui, il interrompait un chant liturgique d'un tonitruant "Allez, allez, plus vite".

              Le lendemain de ces fastes journées, lorsque son dernier hôte avait quitté Hippone, le père MIZZI rangeait sa mitre, mais pendant quelques jours encore sa barbe cachait mal le sourire d'un homme heureux ; sans doute, du haut du ciel, saint Augustin lui adressait un grand merci céleste.


Jean PERONI

MŒURS ET COUTUMES DE L'ALGÉRIE
  1853                     Par LE GÉNÉRAL DAUMAS                            N° 3 
Conseiller d'Etat, Directeur des affaires de l'Algérie
TELL - KABYLIE-SAHARA

AVANT-PROPOS.
  
Appeler l'intérêt sur un pays auquel la France est attachée par les plus nobles et les plus précieux liens, faire connaître un peuple dont les moeurs disparaîtront, peut-être un jour, au milieu des nôtres, mais en laissant, dans notre mémoire, de vifs et profonds souvenirs, voilà ce que j'ai entrepris. Je ne me flatte pas d'avoir les forces nécessaires pour accomplir cette tâche, à laquelle ne suffirait pas d'ailleurs la vie d'un seul homme; je souhaite seulement que des documents réunis, avec peine, par des interrogations patientes, dans le courant d'une existence active et laborieuse, deviennent, entre des mains plus habiles que les miennes, les matériaux d'un édifice élevé à notre grandeur nationale.
Général E. Daumas

LE TELL
III.
De la civilité puérile et honnête chez les Arabes.

              Le mot salamalek, que nous avons pris aux Arabes, suffit à montrer combien les musulmans tiennent aux formules d'urbanité, de quel prix ils estiment cette monnaie courante de la politesse qui, suivant le mot d'un gentilhomme français, est celle qui colite le moins et rapporte le plus.
              Personne, en effet, mieux qu'un Arabe, ne sait entourer son abord de ces caresses de langage qui facilitent l'accès et préparent un accueil gracieux et favorable; personne ne sait mieux se conformer aux exigences respectives des positions sociales, en traitant chacun suivant son rang.

              On vous donne ce qu'on vous doit et rien de plus, mais rien de moins.
              Tout est gradué, tout aussi est, en quelque sorte, réglementé et fait l'objet d'une théorie traditionnelle dont les préceptes sont répétés avec soin par les pères et pratiqués par les enfants avec l'attention qu'ils accordent respectueusement à toutes les leçons de la sagesse des ancêtres.
              Il est sans doute inutile de déduire tout au long le prologue du code de la politesse, ces litanies interminables de formules toujours les mêmes que les égaux se renvoient mutuellement et imperturbablement lorsqu'ils se rencontrent :
Jusqu'à midi.
Bonjour.
Que ton jour soit heureux.
Depuis midi.
Bonsoir.
Que ton soir soit heureux !
A toute heure.
Sois le bienvenu !
Sois sur les compliments! Comment va ton temps? Comment es-tu?
Comment es-tu fait?
Les enfants vont bien?

              Il est une nuance moins marquée moins connue, qu'on ne saisit pas tout d'abord, quand on n'a pas une grande habitude des usages arabes. Je veux parler du détour au moyen duquel les Arabes s'informent de l'état de la femme de leur interlocuteur.
              La nommer, fut-elle à la mort, serait une haute inconvenance, aussi l'intérêt qu'on veut lui témoigner se manifeste par des désignations indirecte, par des allusions.
Comment vont les enfants d'Adam?
Comment va la tente? Comment va ta famille? Comment vont tes gens? Comment va l'aïeule?

              Toute désignation trop claire éveillerait la jalousie; il a donc vu ma femme, il la commit donc, qu'il s'inquiète d'elle?

              Dans la conversation les formules pieuses, le nom du prophète surtout, interviennent fréquemment; mais il peut se trouver parmi ceux que l'on salue des gens d'une religion étrangère, et par conséquent ennemie; pour ne pas blesser ces personnes, qu'après tout il faut ménager, par des souhaits auxquels elles n'accorderaient aucune valeur, pour ne pas, d'un autre côté, compromettre des mots sacrés en compagnie d'infidèles, la formule est plus vague, plus générale.
Ou dit par exemple :
Salam dla kali. Salut à mes gens.

              Toutefois vous trouverez de nombreux fanatiques dont la conscience farouche et timorée ne s'accommode pas d'un pareil compromis, et qui se croiraient damnés s'ils n'établissaient pas une séparation bien marquée entre eux-mêmes et des mécréants.

              Ceux-là, quand ils entrent dans une réunion où se trouvent des chrétiens ou des juifs, ne manquent jamais de dire :
Salam dla hhal esalam. Salut aux gens du salut!
Salam dla men tabaa el hhouda. - Salut à ceux qui suivent la religion !
              On comprend néanmoins que dans les pays soumis à notre domination, la prudence fait taire le fanatisme, et qu'on ne se hasarde pas à froisser des gens qui pourraient faire payer assez chèrement une impolitesse.
              Quand on aborde un israélite, un membre de cette population si longtemps et si rudement asservie et persécutée par les sectateurs de l'islam, un lapidé, en un mot, pour employer leur propre expression, si on consent à lui adresser la parole le premier, si l'on croit devoir être gracieux avec lui, on lui dit :
Allah yaïchek Que Dieu te fasse vivre!
Allah yaounck. Que Dieu te soit en aide!
              Et ce simple mot qui est une politesse exceptionnelle accordée à un juif, serait une insulte pour un musulman.

              L'étiquette officielle est rigoureuse, chaque signe en est noté scrupuleusement.
              L'inférieur salue son supérieur en lui baisant la main s'il le rencontre à pied, le genou s'il le trouve à cheval.

              Les marabouts et les tolbas, les hommes de la religion, à quelque titre qu'ils lui appartiennent, savent concilier la fierté qu'au fond du coeur ils ont pour la sainteté de leur caractère, l'orgueil de leur caste avec leur pieuse humilité.
              Ils retirent vivement la main, mais ne la dérobent au baiser qu'après que le simple fidèle s'est mis en posture de le donner.
              Ils se prêtent à une respectueuse accolade et se laissent effleurer des lèvres, la tète ou l'épaule. C'est une caresse qui ne se sent pas de la superbe des salutations qu'exigent les puissants de ce monde.
              Quand un inférieur à cheval aperçoit sur sa route un homme tout à fait considérable, il met pied à terre de loin pour lui embrasser le genou.
              Deux égaux s'embrassent sur la figure, ou s'ils ne sont pas liés se touchent légèrement la main droite et chacun se baise ensuite l'index.

              Quand passe un chef, tout le monde se lève et salue en se croisant les mains sur la poitrine. C'était le signe (le respect que l'on accordait à l'émir Abd-el-Kader.
              En outre, dans les grandes occasions, une entrée triomphale, le retour d'une heureuse et longue expédition, ce que nous appellerions enfin une cérémonie publique, dans tout ce qui est prétexte à fantasia, les femmes et les jeunes filles poussent avec ensemble des cris de joie sur un toit aigu qui ne manque pas d'un certain charme.
              Un Arabe ne passera jamais devant une réunion de ses égaux ou supérieurs sans dire :
Eçalam ou Alikoum. Que le salut soit sur vous !
On lui répond toujours :
Alikoum Eçalam. Sur vous soit le salut.
              Ces mots sont prononcés d'une voix grave et solennelle qui fait contraste avec notre habitude de nous aborder en riant.

              Demander à quelqu'un de ses nouvelles d'un ton léger, presque narquois, le saluer à l'étourdie, prendre une attitude qui ne soit pas en harmonie avec cette sérieuse parole : Que le salut (de Dieu) soit sur vous, parait aux Arabes la chose la plus choquante tin monde; ils ne tarissent pas en reproches sur cette façon d'agir :
              C'est donc bien risible, disent-ils, de demander à son parent ou son ami : comment vous portez-vous?

              En été, l'on ne peut saluer un supérieur le chapeau de paille (medol) sur la tête.
              Quand on passe rapidement devant des étrangers qu'on veut saluer, on met la main sur le coeur.
              Quelquefois une conversation sur la paix, la guerre, etc., est soudainement interrompue par un retour subit, voici les formules avec lesquelles on s'aborde :
Comment es-tu? Comment va ton temps? Ta tente va bien?
              Et, après avoir épuisé ce vocabulaire, on reprend la conversation au point à peu près où elle était restée.
              Ces alternatives de causeries avec intermèdes de politesses se renouvellent à diverses reprises et se multiplient en raison de l'amitié qu'on porte à l'interlocuteur ou de la longueur du temps de l'absence.

              Quand un éternuement se produit devant vous, dites :
Nedjak Allah. Que Dieu vous sauve.
et l'on vous répondra :
Îiahmek Allah. Que Dieu vous donne sa miséricorde.
              L'éructation n'est pas une grossièreté; elle est permise comme chez les anciens Espagnols, à qui sans doute la domination arabe avait laissé ce souvenir.
              Quand arrive, ce qui chez nous serait un grave accident, ce qui chez eux n'est qu'un indice de prospérité, de large satisfaction, d'appétit, l'auteur dit avec sang-froid :
L'hamdoullah. Je remercie Dieu.
Sous - entendez : Qui m'a donné assez de bien pour remplir mon ventre.
Allah iaatik-saha. Que Dieu te donne la santé lui est-il répondu sur le même ton calme.

              Avant de manger on invoque Dieu, voici la formule employée pour cette invocation.
Au nom de Dieu,
0 mon Dieu, bénissez ce que vous nous donnez à manger, et quand ce sera consommé, reproduisez-le.

              C'est de la main droite qu'on doit se servir pour manger et pour boire, et non de la main gauche, car le démon mange et boit de la main gauche.
              Un homme bien élevé ne boit pas en restant debout, il faut qu'il soit assis.
              Quand une personne boit devant vous, n'oublie pas de lui dire après qu'elle a fini :
Saha (ta santé) (sous-entendu Dieu te donne).
on vous répondra :
Allah iselmek. Dieu te sauve.
              Il ne faut boire qu'une fois, et h la fin du repas. La boisson n'est pas faite pour augmenter, entretenir ou faire revenir l'appétit. Dès qu'on a soif on est rassasié ; l'on boit et le repas est terminé.
              A table on ne doit pas se servir d'un couteau.
              On se lave les mains avant de manger, on se les lave encore après le repas ; on se rince la bouche avec soin, sinon on passe pour tilt homme mal élevé.
              Le Prophète a recommandé de ne pas souffler sur la nourriture.

              Il est de très mauvais ton de s'observer en mangeant. De la part du mitre de la tente, remarquer la lenteur ou la promptitude avec laquelle mangent ses hôtes, est une inconvenance qui peut lui attirer des répliques un peu vives, et des railleries qui ne manquent pas de porter coup.
              A voir l'acharnement avec lequel tu déchires et fais disparaître ce mouton, on dirait que de son vivant il t'a donné des coups de cornes, disait à un pauvre diable de noble origine, mais devenu pauvre, un chef puissant qui le régalait.
              A voir tes ménagements et ta lenteur, on dirait que sa mère t'a servi de nourrice, répondit l'Arabe, regardant un dîner reproché comme une injure.
              Celui qui reçoit ne doit pas rester debout, il faut qu'il donne l'exemple en s'asseyant le premier.
              L'hôte que vous recevez ne s'avisera jamais de donner des ordres à vos domestiques.
              On évite scrupuleusement de cracher dans les lieux propres.

              Un homme qui a ce que nous appelons de la tenue, qui est soigné dans sa mise, et qui tient à se conformer aux préceptes de la bonne compagnie, et chez les Arabes, la bonne compagnie est celle qui s'honore d'être pieuse jusque dans les plus petits détails, coupe ses moustaches à hauteur de la lèvre supérieure, et ne laisse que les coins.

              On évite ainsi de salir ses vêtements en mangeant.
              Un homme comme il faut fait raser ses cheveux souvent, une fois par semaine; il fait soigneusement rafraîchir sa barbe, qui est taillée en pointe, et ne néglige jamais de se couper les ongles.
              Un Arabe entre dans une compagnie, salue, parle à son tour, et s'en va sans rien dire.
              Il ne fait d'adieu que lorsqu'il est sur le point d'entreprendre un voyage.
              Les seuls Arabes qui dérogent à cette coutume sont ceux-là qui nous connaissent; ils ont, dans notre fréquentation, contracté l'habitude d'adresser des adieux après une visite, une rencontre, mais il ne faut pas regarder comme impoli celui qui néglige de le faire.
              Quand un Arabe se met en voyage, eût-il omis des choses importantes, ne le rappelez jamais : ce serait, d'après ses idées, lui porter malheur.
              A propos de voyage, je dirai que l'émir Abd-el-Kader ne contrevenait jamais à l'usage universel, qui veut que lorsqu'on va monter à cheval pour une longue excursion, la femme, une négresse ou bien un domestique jette un peu d'eau sur la croupe et les pieds de la monture. C'est un souhait à la fois et un heureux présage. Quelquefois, c'est le cafetier qui jette du café sur les pieds des chevaux.

              A ce même ordre d'idées appartient la superstition qui fait qu'on regarde une averse au départ comme de bon augure. L'eau est toujours la bienvenue dans un pays où souvent elle manque. De là aussi ce souhait fréquent:
Chabirek Khodeur, que ton éperon soit vert.
              On l'adresse aux hommes du pouvoir; c'est leur dire : prospère et sois propice comme l'eau est propice à la moisson et aux troupeaux.
              On sait de combien de circonstances minutieuses, insignifiantes pour nous, les Arabes font des pronostics infaillibles de bonheur et de malheur; je ne parlerai point de ces préjugés superstitieux, j'en ai déjà signalé quelques-uns ailleurs.

              Mais ce que, sous peine de lasser la patience la plus indulgente, il serait impossible de dérouler tout au long, c'est la kyrielle des remerciements, des souhaits, des prières et des sollicitations que prodigue ce peuple souple, liant, abondant en amabilités verbeuses, lorsqu'il veut en venir à ses fins, demander un service, implorer une grâce, solliciter une faveur, écarter une importunité sans blesser l'importun.
              Ainsi veut-on se débarrasser, avec politesse, d'un demandeur fatigant, et sans qu'il puisse répliquer un seul mot, on l'écoute avec attention, puis on lui répond en mettant en avant le nom de Dieu :
Va-t'en, il n'y aura que du bien, Dieu te l'apportera. ( ldjiblek eurby.)
              Un bon musulman ne saurait douter de la munificence de Dieu.
              Quand il aura tiré de vous ce qu'il voulait, si les positions respectives changent, s'il n'a plus besoin de vous, si les rôles sont intervertis, l'homme naguère humblement pressant vous répondra brièvement par le vieux dicton :
C'est mon cheval qui te connaît
Moi je ne te connais plus.

              Mais, en attendant, qu'il soit vis-à-vis d'un ami, d'un chef, d'un sultan, ou d'un protecteur quelconque à ménager, l'Arabe saura, si l'on veut tolérer l'expression, amadouer son homme. Jamais les paroles mielleuses ne lui manqueront.
              Ne faut-il pas, en bon et franc Arabe, mettre en pratique le sage proverbe des aïeux :
Baise le chien sur la bouche jusqu'à ce que tu en aies obtenu ce que tu veux.
              Ils sont nombreux les baisers à donner au chien, les compliments à faire au corbeau qui tient un fromage, et je sais plus de cent phrases différentes depuis :
Que Dieu augmente ton bien, jusqu'à :
Que ton ventre n'ait jamais faim,
à mettre en regard de notre éternel et monotone :
" Dieu vous assiste " et " Dieu vous le rende. "
Que Dieu te sauve !
Que Dieu te récompense avec du bien !
Que Dieu te couvre!
Que Dieu se rappelle tes parents!
Que Dieu te fasse gagner !
Que Dieu te fasse mourir avec le témoignage et beaucoup de bien !
Que Dieu te fasse mourir sur un lit de soumission!
Que Dieu te rende comme un poisson savonné, qu'on prend, mais qui s'échappe!
Que celle qui t'a fait en fasse encore cent !
Dieu te l'apportera.
Dieu nous l'ouvrira cette porte.
Par la figure de Dieu !
Je suis entré chez toi par Dieu !
Monseigneur, je suis ton serviteur.
Monseigneur, je suis ton chien.
Monseigneur, fais-moi cette grâce et cette grâce sera dans ma tête.
Par ton amour-propre et l'amour-propre vaut cent.
Ah monseigneur! que Dieu te compte parmi les amis du Prophète !
Que Dieu te fasse mourir dans la guerre sainte!
Il faut que tu penses à moi, je suis nommé avec toi et avec Dieu, je suis une plume de tes ailes.
Tu es le couteau et moi la chair, tranche comme tu voudras. Je n'ai que toi et Dieu!
J'ai patienté, mais le sabre est arrivé jusqu'à l'os.

              On pousse la politesse plus loin encore; on ne s'en tient pas aux paroles, et l'on sait flatter par (les actes.
              Dans une course de chevaux, un kaïd et un puissant aga se trouvaient en présence ; le kaïd fit tous ses efforts pour se laisser battre, il y réussit. Quiconque connaît l'amour-propre d'un Arabe pour la réputation de son cheval, appréciera la grandeur de son sacrifice.
              La course finie, l'aga dit au kaïd : Ton cheval est excellent, tu l'as retenu, ce n'est pas possible autrement. - Ah! monseigneur, répondit le kaïd avec un air de bonhomie, jamais, dans mon pays, le cheval d'un kaïd n'a battu celui d'un aga. "
              Entre Arabes, ces gracieusetés se payent de la même monnaie, c'est-à-dire avec des paroles; mais quand elles nous sont adressées à nous autres chrétiens, nous ne nous y attendons guère, et pouvons nous y laisser prendre, tandis que, non seulement nous ne devrions pas faire un grand fond sur ces compliments, nais nous devrions les regarder comme un avertissement de méfiance.
              Il faut nous rappeler l'intolérance ombrageuse de ce peuple, où la première loi religieuse est la recommandation de la guerre sainte, et c'est la continuer pour son compte personnel, cette guerre qui est l'entrée la plus sûre du paradis, que de lutter privément contre un chrétien avec toutes les armes que Dieu fournit. Que sera-ce donc si l'intérêt s'en mêle et vient à l'appui de la piété?
              Il existe bien quelques exceptions, mais elles sont rares, et le mieux, en définitive, est de se tenir toujours sur ses gardes.

              Je n'ai parlé jusqu'à ce moment que des protestations et des compliments ; chez un peuple qui en est aussi prodigue, ce sont des paroles de peu de valeur. En est-il de même des serments ?
              Jusqu'à quel point engagent-ils celui qui les prononce?
Par Dieu le puissant.
Par la bénédiction de Dieu.
Par l'entourage de Dieu.
Par la tête du Prophète de Dieu.
Par la croyance de Dieu.
Que ma religion soit un péché!
Que je ne sois pas un musulman !
Que le Prophète ne me pardonne pas !
Que Dieu me maudisse comme ma femme!
Que Dieu vide ma selle !
Que Dieu me laisse entre deux cavaleries!
Que je devienne amoureux de ma soeur sur le tombeau du Prophète!
Que Dieu m'enterre droit comme un juif!
Que je témoigne avec mes pieds!
Que Dieu me fasse porter une casquette !
Par Dieu qui ne dort ni ne rêve.
Que Dieu me fasse perdre le témoignage au moment de ma mort!
Demain ; jour du jugement, Dieu kadi et les anges seront témoins.
Par le serment de Dieu et celui de Brahim (Abraham), le chéri de Dieu.
Par notre seigneur Hamet ben Youceuf, maître de Milianah qui a un lion pour cheval et un serpent pour bride.
Un Arabe prudent et qui garde une arrière-pensée, évitera de prononcer ces paroles sacramentelles devant des témoins. Appelé devant la justice où les caractères religieux et civils sont confondus, il serait forcé de s'exécuter ou bien il faudrait recourir à la ressource de se faire relever par quelque Taleub. Il est, il est vrai, facile d'en trouver qui ne soient pas très scrupuleux et qui vous indiquent un biais, mais il en coûte toujours quelque présent.

              Malgré la propension des Arabes aux compliments, aux flatteries de tout genre à toute occasion, il serait maladroit, en entrant dans une tente de vanter un cavalier, un enfant, un cheval, eu disant seulement : Oh ! quel beau cheval, quel bel enfant, quel admirable cavalier! sans ajouter :
Que Dieu les préserve de tout malheur !
Que Dieu allonge son existence!

Allah itoueul aamrou, etc.
              On serait sans cela considéré comme un envieux, qui cherche à porter la perturbation et le malheur dans la famille, à jeter un sort; à lancer le mauvais oeil: AAIN.
              Quand on se doute qu'un AAIN a été jeté sur un homme ou sur un animal, on va trouver des tolbas ou des femmes qui passent pour savoir eu débarrasser au moyen de certaines pratiques, ou bien encore de quelques paroles sacramentelles.
              L'aaïn est un acte d'envie secrète et invincible et peut être jeté par un ami tout comme par un ennemi.
              De même encore il faut faire intervenir le nom de Dieu toutes les fois que vous parlez de l'avenir; ainsi, ne dites jamais devant des Arabes : demain il fera beau temps, demain je ferai ceci ou cela, sans ajouter :
An cha Allah. S'il plait â Dieu.
              Cette omission suffirait à vous déconsidérer, car personne ne peut connaître l'avenir qui est tout entier dans les mains de Dieu.

              En un mot jamais un Arabe n'entreprend une course, une chasse, ne procède à un acte quelconque, le plus ordinaire même, sans prononcer.
Besem Allah! Au nom de Dieu!
              Ce perpétuel retour vers Dieu donne, si je ne me trompe, aux phrases les plus banales du dialogue arabe, un ton touchant, un accent pénétré qui est plus remarquable encore dans certaines circonstances solennelles.
              Ainsi, lorsqu'on aborde une personne dont le deuil tout récent a été causé par la mort d'un homme, les phrases les plus usuelles sont :
              Elargis ton intérieur, nous (levons tous mourir. Dieu seul est éternel.
              La mort est une contribution frappée sur nos têtes, nous devons tous l'acquitter, il n'y a là ni faveur ni injustice.
              Si Dieu n'avait pas inventé la mort, nous ne tarderions pas à nous dévorer les uns les autres.
              Dès le jour où il était dans le ventre de sa mère, sa mort était écrite chez Dieu.
Il avait fini son temps.
              Les compliments de doléance pour la mort d'une femme sont les suivants :
Tiens ton âme, Dieu remplace les pertes.
Nous ne sommes que de la poterie, et le potier fait ce qu'il veut.
C'était écrit chez Dieu, c'était tout ce qu'elle avait à vivre.
Remercie Dieu : elle t'a laissé tes enfants déjà grands.

              On cherche à consoler un blessé par des phrases du genre de celle-ci :
Tu es bien heureux, Dieu t'accorde une blessure dans la guerre sainte: il t'a marqué pour ne pas t'oublier.

              A un malade on dit :
Ne te chagrine pas, les jours de la maladie seront comptés chez Dieu.
Comment vas-tu? la maladie, c'est de l'or : ce ne sera rien, Dieu te guérira.
Courage, tiens ton âme, ta couleur est bonne: s'il plait à Dieu, bientôt tu seras debout.

              La compassion que l'on témoigne à un camarade qui a reçu la bastonnade ne va pas sans un peu de raillerie, et l'on glisse toujours quelque gaillardise dans les paroles qu'on lui adresse; ainsi :
Patience, la trique est faite pour les hommes et non pour les femmes.
Souviens-toi que les hommes sont faits pour la trique, pour l'amour, pour la misère, pour le chagrin, pour toute espèce d'accident. Qu'importe? cela ne doit pas les empêcher, la vingt-quatrième nuit du mois, à l'heure où règne la plus profonde obscurité, quand les chiens sont endormis , d'entrer chez leurs maîtresses, alertes et fiers , quand bien même l'eau tomberait du ciel comme une corde: c'est à cela qu'on reconnaît les jeunes gens.

              Enfin quand un homme a fait une perte d'argent, qu'un esclave lui a été enlevé, la politesse commande de lui dire :
Ne te chagrine pas, Dieu t'en apportera un plus luisant. Dieu te couvrira de tes pertes.
Si Dieu allonge ton existence, tes richesses s'augmenteront.

              Comme pour les salutations, les souhaits, les adieux, il est certaines formules arrêtées pour les félicitations.

              Pour un succès de guerre:
Remercions Dieu pour la victoire, qu'il fasse triompher notre seigneur et le rende toujours victorieux!
Que Dieu rende notre seigneur un chagrin pour ses ennemis !
Que Dieu rende notre seigneur une épine dans l'oeil de son ennemi !
Que Dieu fasse triompher les soldats de Mohamed !

              Pour une mariage :
Que Dieu vous accorde des temps heureux et prolonge votre existence!
Dieu fasse qu'elle remplisse ta tente!

              Enfin pour la naissance d'un enfant mâle : Que l'enfant vous soit heureux !
              Comme je l'ai dit en commençant, les règles de la politesse, de l'étiquette sont invariablement fixées; le code des relations sociales est connu de tous, du dernier paysan, comme du plus illustre d'entre les Djouad : il en résulte cette véritable dignité de manières que personne ne refuse aux Arabes; il en résulte aussi un niveau général d'urbanité que personne ne dépasse guère, au-dessous duquel il est peu de gens qui se tiennent.
              Tandis que chez nous il y a des gens bien ou mal élevés, de bon ou de mauvais ton, les Arabes, sous ce rapport, se ressemblent tous ; chacun d'eux tient son rang et conserve ce respect de lui-même qui est recommandé par ce proverbe :
Ne jouez pas avec les chiens, ils se diraient vos cousins.

              Cette dignité de manières n'est pas seulement extérieure ; elle provient d'une autre source encore que des préceptes dont ils sont imbus.
              Quand vous voyez un Arabe de la plus basse classe, de la plus infime position se présenter avec assurance, tète haute, et le regard fixé dans les yeux de celui qu'il aborde, fut-il sultan, pacha, Kalifa, soyez convaincu qu'il n'y a pas là seulement de la vanité personnelle ; il y a celte fierté légitime en quelque sorte de l'homme qui croit en Dieu et qui le sait au-dessus de nous à égale distance du puissant et du faible, et regardant du mélitte oeil le cèdre et l'hysope.
              Cette assurance est remarquable dans nos assemblées. Dans nos nombreuses réunions, un Arabe isolé n'est jamais intimidé; jamais l'embarras ne lui fait commettre une gaucherie ; jamais sa position de vaincu, de dépendant ne le trouble et ne l'humilie. Il y a, au contraire, toujours une arrière-pensée bien dissimulée de dédain. Soumis et suppliant, il est toujours, dans son esprit, supérieur à vous de toute la distance qui sépare le sectateur du Prophète de l'adorateur du morceau de bois.

              En dehors même de cet orgueil de croyant, il est un autre sentiment qui l'anime et qui est éminemment philosophique et religieux.
              Certes, il ne méconnaît ni la splendeur de la richesse, ni la grandeur de la puissance, ni les agréments du luxe et du faste; mais, en entrant dans les palais de nos rois , en contemplant les merveilles étalées à ses yeux , en comparaissant devant ces hommes qu'entourent tous les prestiges, il se dit d'abord: Dieu, qui dispose de tout sur la terre aussi bien que dans le ciel, pouvait me combler, moi, de toutes ces faveurs. J'aurais loué Dieu ; je dois le louer encore, car ma part est la meilleure. Ils ont leur paradis sur cette terre qui est une auberge d'où l'homme entre et d'où l'homme disparaît en quelques heures. Moi, le paradis m'attend après ma mort, et le paradis, c'est l'éternité.

              Malheureusement pour eux, à cette croyance ferme , invincible, toujours présente, ne se joint pas une pensée de solidarité. Ils ont la foi, non la charité. Ils sont partout, eu haut comme en bas, profondément égoïstes.
              Deux causes ont produit cet égoïsme si fatal aux musulmans. La première est la conviction qu'être malheureux sur la terre, c'est être déshérité de Dieu ; c'est, sinon avoir mérité son infortune, au moins être hors d'état d'en sortir par soi-même ou par ses semblables. Tous les efforts pour empêcher son bras de s'appesantir sont de vaines tentatives contre Dieu. Une commisération trop vive est une récrimination contre sa volonté.
              L'anarchie est venue en aide à ce fatalisme. Chacun était en danger, chacun dut songer à soi.

              Cet état moral peut se représenter par un dicton répandu dans toutes les contrées que nous dominons:
El habouba dj'at Fel Belad
La peste est arrivée dans le pays ;
0 mon Dieu, fais qu'elle épargne ma tribu ;
La peste est arrivée dans ta tribu ;
0 mon Dieu, fais qu'elle épargne mon douar ;
La peste est arrivée dans ton douar ;
0 mon Dieu, fais qu'elle épargne ma tente! La peste est dans ta tente;
0 mon Dieu, fais qu'elle épargne ma tète!
Il n'est pas besoin de tirer des inductions et de chercher au fond de semblables paroles. C'est une confession naïve et complète; c'est la nature prise sur le fait.

A SUIVRE

MON PANTHÉON DE L'ALGÉRIE FRANÇAISE
DE M. Roger BRASIER
Créateur du Musée de l'Algérie Française
Envoyé par Mme Caroline Clergeau

Il vint en Algérie en 1935 sous les ordres de maréchal Clauzel

De 1837 à 1839, il est consul à Mascara auprès de l'Emir Abd El Kader

Le général La Moricière lui confie la gestion des Bureaux arabes dans La Province d'Oran

Bugeaud le charge des Affaires indigènes pour toute l'Algérie

         MELCHIOR-JOSEPH-EUGÈNE
         DAUMAS

Le commandant Daumas, par Roubaud
Né en Suisse, le 4 septembre 1803 -Mort à Coublence (Gironde), en 1871.

En Avril 1850, Directeur des Affaires Algériennes au Ministère de la Guerre, Général de Division (14 janvier 1833), Sénateur (12 août 1857), Ecrivain

Après une étude approfondie de la langue arabe, il se distingue par une connaissance de la société arabe. De 1844 à 1869, il publiera de nombreux ouvrages concernant les moeurs et coutumes de l'Algérie, la Kabylie, le Sahara.

Porteuse d'eau

Danses folkloriques dans le Sud algérien

Un artisan algérien

Intérieur arabe en Algérie

Joueurs de dominos

A SUIVRE

Hommage aux Spahis Algériens
Envoyé par M. Francis Josse

          1er novembre 2008 : Le Peloton des Spahis du Nord * (Le Burnous - La Gandoura) a salué la mémoire de trois Spahis auxiliaires algériens et des MPLF maghrébins (tirailleurs, goumiers, travailleurs coloniaux, etc.) tombés au champ d'honneur lors des combats pour la défense de Lille en octobre 1914 et inhumés sur place dans le carré militaire. Cette manifestation s'est déroulée en présence des plus hautes autorités civiles et militaires, d'une importante délégation de la communauté musulmane de Lille de Monsieur Abdelmoula SOUIDA, sociologue et président de l'Association Mémoria- Nord ainsi que de nombreux citoyens reconnaissants.

           Cet hommage aux combattants de l'héroïque et malheureuse défense de Lille a été, comme chaque année, un moment intense de recueillement.

          Aux ordres des capitaines GARCIN et RAYNAUD, les 3ème et 4ème escadrons de Spahis auxiliaires algériens, soit 300 sabres, se sont illustrés dans les combats de Tournai, d'Orchies, de Douai et de Lille.

          Le carré militaire du cimetière du Sud compte 226 tombes de fantassins territoriaux (5ème, 7ème et 8ème), de Chasseurs à cheval (6ème et 20ème), de douaniers (du bataillon cycliste formé en 1914), des soldats belges et russes, de quelques "inconnus", d'un civil - Alexandre SALEZ - "tué d'une balle au front sur les remparts de la Porte d'Arras alors qu'il faisait le coup de feu avec les soldats le 12 octobre 1914" et d'une trentaine de MPLF de confession musulmane confiés pour toujours à la terre du cimetière du Sud.

          Chacun, à sa manière et selon ses croyances, a pu prier pour leur repos éternel. La prière musulmane a été dite par un imam de l'association Mémoria - Nord devant l'assemblée émue.

          Cette cérémonie figure au calendrier des manifestations établi par le Comité d'Entente des Associations Patriotiques de Lille. De nombreux présidents d'associations avec leur drapeau ont répondu à l'appel. Rendez-vous est pris pour l'an 2009.

Capitaine (H.) Francis JOSSE Délégué Régional du Burnous et de La Gandoura.

* Le "Peloton des Spahis du Nord" est une structure informelle, un réseau plutôt, d'une centaine d'anciens Spahis des départements du Nord et du Pas de Calais, de toutes origines et de toutes générations, avec lesquels je suis en contact. Certains sont adhérents du Burnous, d'autres de La Gandoura, ou d'autres associations, etc.
A Maubeuge, par exemple, il y a douze anciens spahis dont trois porte-drapeaux !
Photo M. Francis Josse
Photo M. Francis Josse


LE BAR
De M. Gaëtan Dalaut


En sortant du travail, est - ce par destinée ?
L'ouvrier s'arrête, bien souvent, dans les bars,
Les tous petits cafés, loin des grands boulevards,
Prendre l'apéritif, et, deux fois par journée,

C'est le même rite tout au long de l'année
Car les hommes boivent bien plus que les buvards.
Entré seul, s'il trouve des compagnons bavards,
Chacun, c'est la règle, payera sa tournée.

L'anisette est reine des consommations,
Inéluctable objet des réclamations,
Et dans les grande verres de liqueur blanche ou floue

A saveur et parfum plaisants, ensorceleurs,
Devant le tenancier qui le flatte ou le loue,
Il noiera ses soucis, ses chagrins, ses douleurs.



L'Album de souvenir à offrir
pour les fêtes de fin d'année


          L'Algérie qu'évoquera cet album ne sera pas celle des spécialistes en tout genre. Pas celle des politologues, ni des sociologues ; pas celle des géographes, encore moins celle des historiens. Ce sera notre Algérie, notre douce Algérie - un mythe, un fantasme sans doute, une sorte de fable, mélange de mémoire et d'immagination, de vérité et d'affabulation, que nous portons tous au fond de nous.
          C'est donc aux sens que font appel ces pages ; les sens ne mentent pas, ce sont eux qui nous laissent les souvenirs les plus impérissables, qui redessinent au mieux les contours du pays perdu _ je veux dire celui de l'enfance, car c'est bien de cela qu'il s'agit d'abord : l'Algérie de notre enfance
          Bruits, images fugaces, couleurs... Nous voudrions que, au delà des lieux communs dont l'Algérie d'antan est affligée, le lecteur puisse retrouver dans ces pages tout ce dont sont faits les premiers souvenirs : le rythme d'une vie sereine, un brutal coucher de soleil sur la mer, le souffle du vent dans la montagne, des odeurs qui prennent à la gorge et qui ne s'oublient plus, une musique peut-être, un premier baiser, et bien évidemment, comme toujours, des souvenirs d'école, des souvenirs de jeux, des types et des scénes vus on ne sait plus trop quand, ni où...
          L'auteur n'est pas natif d'Algérie. Qu'importe, nous avons tous une Algérie au Coeur. Et avec elle nous ne cessons de dialoguer. Les hommes et les femmes de "là-bas", nous les avons croisés, ces cris et ces mouvements, nous les avons tous perçus, c'est sur, quelque part, au pays de notre enfance. Désormais tout cela fait écho en nous, et nous sommes faits de tout cela, à jamais marqués de la douce Algérie.

Auteur(s) : Guy Dugas
Éditeur : Sélection du Reader's Digest
Genre : BEAUX LIVRES
Présentation : Broché
Date de parution : 02/10/2008
ISBN : 9782709819862
Dimensions : 27X30 cm Poids : 1540 g
EAN : 9782709819862
Pour Commander: http://www.alapage.com/-/Fiche/Livres/9782709819862/LIV/doux-souvenirs-d-algerie-guy-dugas.htm?id=16531228075825&donnee_appel=GOOGL

"La Trilogie"
de Jocelyne Mas


J'ai le plaisir de vous faire connaître ma "Trilogie".

Mon premier livre : «Il était une fois… ma ville, Alger la Blanche», a été primé au 33° concours international littéraire des « Arts et Lettres de France ».

Un deuxième livre : « Chez nous, en Algérie, la Méditérranée était au nord» aux éditions "Bénévent"

Un troisième livre vient de paraître : " De la Côte Turquoise à la Côte d'Azur" , "Pêle-mêle d'ici et de là-bas".

Site internet :
http://www.jocelynemas.com

Bon de Commande
http://www.jocelynemas.com/
divers/commande.pdf

Contact par Email :
jocelyne.mas@gmail.com


MESSAGES
S.V.P., lorsqu'une réponse aux messages ci dessous peut, être susceptible de profiter à la Communauté, n'hésitez pas à informer le site. Merci d'avance, J.P. Bartolini

Notre Ami Jean Louis Ventura créateur d'un autre site de Bône a créé une rubrique d'ANNONCES et d'AVIS de RECHERCHE qui est liée avec les numéros de la seybouse.
Pour prendre connaissance de cette rubrique,
cliquez ICI pour d'autres messages.
sur le site de notre Ami Jean Louis Ventura

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De M. Gilbert Quaranta-Greck

Chers amis,
Le viens de créer un blog consacré aux cimetières de Souk-Ahras en particulier
Je vous invite à le visiter http://thagaste.blogspot.com
Bien amicalement, Gilbert Quaranta-Greck
Site Web: http://www.thagaste.com
adresse : enfants.thagaste@neuf.fr

De M. Pierre Jarrige

Chers Amis
Voici trois Diaporamas sur les Aéronefs d'Algérie. A vous de les faire connaître.
Diaporama 1
Diaporama 2
Diaporama 3
Pierre Jarrige
Site Web:http://www.aviation-algerie.com/
Mon adresse : pjarrige@orange.fr

DIVERS LIENS VERS LES SITES


M. Robert Antoine et son site de STAOUELI vous annoncent la mise à jour du site au 1er novembre.
Son adresse: http://www.piednoir.net/staoueli
Nous vous invitons à visiter la mise à jour.
Le Staouélien

M. Gilles Martinez et son site de GUELMA vous annoncent la mise à jour du site au 1er novembre.
Son adresse: http://www.piednoir.net/guelma
Nous vous invitons à visiter la mise à jour.
Le Guelmois

M. Abdou Labbize vous invite à découvrir son site sur l'Algérie
Son adresse: http://www.labbize.net/
De magnifiques images à découvrir et qui font rêver.

cliquez ICI pour d'autres messages.

Le baptême de l'air
Envoyé par J. C. Pagano

         Un type décide de faire son baptême de l'air.
         Il se rend dans un aéroclub et demande à un pilote :
         - Voilà... J'aimerais faire mon baptême de l'air mais je voudrais un vol à sensations, pas les petits vols pépères que vous réservez aux touristes !

         - Pas de problème, si vous êtes amateur de sensations fortes, vous allez en avoir !

         Le type et le pilote montent donc dans un petit avion. L'avion prend de la vitesse... Il roule de plus en plus vite mais ne décolle pas !
         Il fonce droit sur un arbre ! Au dernier moment, le pilote tire sur le manche et l'avion décolle en frôlant les branches de l'arbre...

         Le pilote entend son client assis derrière lui dire :
         - Ça, je m'y attendais...

         L'avion a maintenant pris de l'altitude. Comme le type ne semble pas avoir eu peur au décollage, le pilote tente la figure de la 'feuille morte'. Il coupe le moteur de l'avion et ce dernier chute vers le sol. L'avion part en vrille, le sol se rapproche de plus en plus vite et au dernier moment, le pilote remet les gaz et tire sur le manche !
         L'avion fait un rase-mottes et reprend de l'altitude...

         - Ça, je m'y attendais aussi !

         Enervé, le pilote bascule l'avion sur le dos. Il vole ainsi un petit moment puis enchaîne les loopings. Lorsqu'il termine ses acrobaties, le pilote entend le type dire :

         - Ça, par exemple, je ne m'y attendais pas...

         Comme le client a enfin eu les sensations fortes demandées, le pilote pose le petit avion en douceur.

         Après avoir atterri, il dit à son client :
         - J'ai cru que je n'arriverais jamais à vous faire peur !
         - Vous n'arrêtiez pas de dire " ça, je m'y attendais ! "

         - Écoutez bien ! dit le type. Quand j'ai dit " ça, je m'y attendais ! " au moment du décollage, c'est parce que j'ai pissé dans mon pantalon tellement j'ai eu peur ! Ensuite, quand l'avion a chuté vers le sol, j'ai dit " ça, je m'y attendais ! " parce que j'ai chié dans mon pantalon tellement j'ai eu peur !

         Par contre, quand vous avez volé sur le dos et fait les loopings à l'envers, tout est remonté dans le col de ma chemise, et ça, je ne m'y attendais pas...!!!!!!!!!
        




Vous venez de parcourir cette petite gazette, qu'en pensez-vous ?
Avez-vous des suggestions ? si oui, lesquelles ?
En cliquant sur le nom des auteurs en tête de rubrique, vous pouvez leur écrire directement,
c'est une façon de les remercier de leur travail.

D'avance, merci pour vos réponses. ===> ICI


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